| | | (#)Dim 10 Mai 2020 - 19:57 | |
| sixtine & hassan peace of mindNow if you're feelin' kinda low 'bout the dues you've been paying, future's coming much too slow and you want to run but somehow you just keep on stayin', can't decide on which way to go. I understand about indecision but I don't care if I get behind, people livin' in competition, all I want is to have my peace of mind. ☆☆☆ 2020, MARS. De la cinquantaine d’élèves que comptait l’amphithéâtre commençait à s’élever un brouhaha discret, mais continu. Le genre qui résonnait tout au fond de votre oreille comme un acouphène, et auquel vous tentiez de ne pas prêter attention jusqu’à qu’il ne soit simplement plus possible d’en faire abstraction. Même l’imparable technique d’Hassan pour retrouver un brin de silence, laquelle consistait à s’interrompre au milieu d’une phrase pour faire relever le nez des élèves de l’écran de leur ordinateur ou de la discussion qu’ils entretenaient avec leur voisin de table, et ainsi récupérer leur attention, ne suffisait plus à dompter la concentration de son audience qui doucement s’effilochait à mesure que l’après-midi déclinait. Un coup d’œil à sa montre lui indiquant dix-huit heures quarante-neuf, le professeur avait donc décidé de leur faire grâce – à eux autant qu’à lui – des onze minutes restantes et annoncé qu’ils en resteraient là pour aujourd’hui. La seconde suivante ce fut comme si un troupeau de pachydermes s’était subitement mis en éveil, et grimaçant de ce nouveau coup envoyé à son début de migraine Hassan avait lentement secoué la tête, et tendu la main vers sa besace pour en sortir sa bouteille d’eau – l’amphithéâtre n’avait aucune fenêtre, mais il était suffisamment tard pour qu’il n’ait pas à s’inquiéter de rompre son jeûne avant la tombée de la nuit. Il était rare qu’il dispense un cours à une telle heure, même le plus concentré des étudiants voyait son attention grignotée par la fatigue quant arrivait l’heure du dîner, mais contraint d’assister à une conférence dans le cadre de ses obligations vis-à-vis d’Amnesty International la semaine précédente il n’avait pas eu d’autre choix que de reporter le cours que cela lui faisait manquer, et la fin de journée s’était avérée être la seule option pour s’assurer à la fois de trouver une salle libre et la présence d’une majorité des étudiants, qui plus tôt dans la journée devaient déjà faire acte de présence auprès d’autres professeurs. Il avait bien dénombré quelques absents, que d’autres impératifs ou la bonne excuse que cela représentait avaient empêché d’assister au cours, mais la majorité avait joué le jeu et le reste saurait bien se débrouiller pour rattraper le cours d’une autre manière – en cela, la magie de l’informatique avait révolutionné les habitudes estudiantines. Il y en avait une néanmoins qu’Hassan avait été presque surpris de compter parmi les présents. Et alors qu’elle s’apprêtait à suivre le reste du troupeau pour quitter les lieux et rejoindre – probablement – Spring Hill et les quartiers de son aîné, l’enseignant l’avait interpelée d’un « Mademoiselle Smith, je peux vous voir quelques instants ? » et l’avait suivi des yeux avec attention tandis qu’elle redescendait l’une des allées pour rejoindre l’estrade. Si Camil ne l’avait pas un jour glissé au milieu d’une conversation, jamais le brun n’aurait déduit de sa propre initiative le lien de parenté qui unissait l’une de ses élèves à son ami ; Smith était un nom sommes toutes commun, et Sixtine et lui ne se ressemblaient pas vraiment. Ou tout du moins ils n’avaient pas cet air de famille caractéristique que l’on attribuait généralement aux frères et sœurs … Les mystères de la génétique. Malheureusement pour la jeune femme, et bien qu’Hassan n’ait pas pour habitude de ne pas traiter tous ses élèves sur un même pied d’égalité, il y avait fort à parier que ses absences récurrentes en cours n’auraient pas autant retenu l’attention du professeur s’il avait ignoré son lien de parenté avec Camil, et c’était précisément à ce sujet qu’il souhaitait s’entretenir avec elle. « Vous me voyez agréablement surpris de votre présence aujourd’hui. » avait-il commenté à peine l’avait-elle rejoint, sans une once d’ironie dans la voix. Il lui semblait en effet important de pointer d’abord le positif avant d’en venir au … moins positif. « Malheureusement, on ne vous a pas beaucoup vue en cours le mois dernier, et sauf erreur de ma part je n'ai toujours pas reçu votre dernier devoir … une raison à cela ? Quelque chose que je devrais savoir ? » Il était prêt à lui accorder le bénéfice du doute le cas échéant, bien conscient par ailleurs que ses cours ne représentaient qu’une matière secondaire dans le cursus de l’étudiante, mais n’avait pas poussé ses investigations suffisamment loin pour savoir si elle brillait par son absence dans d’autres matières ou si elle choisissait simplement ses priorités.
Dernière édition par Hassan Jaafari le Mer 13 Mai 2020 - 19:35, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 10 Mai 2020 - 23:22 | |
| sixtine & hassan peace of mindNow if you're feelin' kinda low 'bout the dues you've been paying, future's coming much too slow and you want to run but somehow you just keep on stayin', can't decide on which way to go. I understand about indecision but I don't care if I get behind, people livin' in competition, all I want is to have my peace of mind. ☆☆☆ Cours de géographie politique, 16h, un vague mercredi de mars. Sixtine était assise dans les premiers rangs, et ce n'était pas pour rien: elle avait intensément besoin de rattraper du retard. Oh, les cours qu'elle avait loupé avaient été copiés auprès de l'une des autres têtes de classe qu'elle-même depuis longtemps, et la blonde avait prit le temps de relire, de faire des recherches, de surligner et même de faire des fiches de révision. Alors, en soi, elle n'avait pas tant de retard que cela dans son apprentissage du cours de M. Jaafari. Une perfectionniste comme elle l'était, cependant, ne pouvait en aucun cas se permettre de garder des lacunes; la meilleure méthode pour être certaine d'avoir bien compris les différentes notions d'un cours loupé restait de suivre aussi consciencieusement que possible le suivant qui, sans aucun doute, réutiliserait les notions des prises de notes précédentes. Ainsi, pendant les quatre heures du cours de géographie politique, Sixtine ne s'était jamais arrêtée. Elle tapait toujours plus vite sur les touches de son ordinateur, ayant même le temps d'écouter les explications complémentaires du professeur lorsqu'une main se levait en plein de milieu de l'amphithéâtre pour demander des précisions. Sa prise de note était finalement très belle, comme à son habitude: structurée avec titres et sous-titres, passages surlignés, titres d’œuvres référencées correctement soulignés, mots et concepts posant question et qui nécessiteraient des recherches personnelles écrits en gras. Non, vraiment, la jeune femme était satisfaite de cette journée pour le moins productive. Même pendant la pause café accordée par l'enseignant - qui, il faut le dire, ne devait plus en pouvoir de parler au bout de deux heures - Sixtine n'avait pas bougé de son poste, profitant du temps accordé pour vérifier que tout était au point, et checker deux-trois mails professionnels, aussi. Elle avait remercié d'un regard une camarade de promotion - celle à qui elle avait emprunté les cours - de lui ramener une belle tasse d'or noir, qui fut apprécié à sa juste valeur. Je te revaudrai ça, avait promit la benjamine des Smith. Et ce que Sixtine jurait, Sixtine respectait, tôt ou tard. Pourtant, malgré son comportement somme toute exemplaire, la jeune femme eut la surprise d'être interpellée par son professeur alors que tous les autres étudiants fuyaient déjà avec pour ligne de mire des occupations bien moins contraignantes et épuisantes pour leurs cerveaux que la géographie politique. Elle leva les yeux vers lui, sincèrement étonnée. Que lui voulait-il ? Il était bien rare qu'Hassan Jaafari demande à quelqu'un de venir le voir à la fin d'un de ses cours. Certains jetèrent un coup d'oeil curieux, d'autres même s'arrêtèrent dans leur course vers la porte de sortie, mais tous finirent par quitter les lieux, comprenant bien que la conversation à venir ne les concernait aucunement. J'arrive monsieur, répondit poliment la blonde. Elle rangea son ordinateur qui avait bien chauffé ce jour dans sa pochette, ainsi que son câble d'alimentation. Puis, elle rejoignit son enseignant, descendant les quelques marches qui les séparaient. L'homme ne mâcha pas ses mots, et ce dès l'introduction qu'il voulut assez subtile, au final, tout était dit. Je suis toute aussi ravie d'être présente à votre cours, répliqua Sixtine d'un ton se voulant déférent, mais où l'impertinence pointait. Elle avait bien compris où il voulait en venir, mais elle le laissa exposer sa réflexion et la question qui en découlait. Il voulait connaître la raison de ses précédentes absences, du mois de février. Il était vrai qu'elle n'était venue qu'à la première de ses séances; toutes les autres, au nombre de quatre ou cinq, elle les avait loupées, ainsi que quelques autres matières tombant sur les mêmes jours. Elle arqua un sourcil, dubitative. Mes absences sont toutes dûment signalées et justifiées auprès de l'administration; on ne vous en a pas fait part ?Cela pouvait être une erreur administrative de la part des secrétaires, un simple oubli de communication, car Sixtine avait toujours veillé à rendre compte de ses absences. Pour plusieurs raisons: déjà, pour ne pas être embêtée par la direction. Elle avait beau être à un niveau universitaire, les étudiants avaient un minimum de comptes à rendre à leur hiérarchie. Deuxième raison, pour ne pas être la cible éternelle de stupides ragots. Il y en avait, bien évidemment; mais au moins, le fait qu'on la voie entrer au secrétariat dédié les lendemains de ses absences permettait de faire taire certaines mauvaises langues. Enfin, troisième et pas la moindre des raisons, le fait de se retrouver dans ce genre de position inconfortable. Je suis navrée s'il y a eu un souci de communication entre les instances de l'université, mais je peux vous assurer que je ne "sèche" pas vos cours, insista la blonde d'une voix un peu raide, qui dissimulait une gêne certaine. Sixtine tenait à sa réputation, et ce même auprès des professeurs. Connue comme une élève très dynamique pour son implication au sein de la vie étudiante, elle l'était aussi pour son application dans les différentes matières étudiées depuis plus de deux ans; pas de raison que cela change lors de sa troisième année d'études. Mais surtout, au final, ce qui ne plaisait pas à la jeune femme dans cette situation, c'était ce à quoi Hassan la renvoyait. Ses absences, bien que justifiées au regard de l'administration universitaire, qui tairait le motif par secret professionnel et confidentialité de la vie privée de ses étudiants, avaient été assez nombreuses en février, il faut l'avouer. Et le motif réel n'était connu que d'elle-même. Son frère lui-même ne savait pas qu'elle avait loupé plus de cinq journées de cours. Elle ne voulait pas le mettre au courant. Il n'était pas habituel pour elle de cacher des choses à Camil, et elle en ressentait une certaine culpabilité. Pourtant, elle savait faire le bon choix. Elle avait même demandé à la fille dont elle était la plus proche dans sa promotion - toujours sa fameuse donatrice de cours loupés - de la couvrir, en faisant croire qu'elle avait dormi chez elle deux nuits, ce qui lui avait donné un prétexte auprès de son frère pour qu'il ne s'inquiète de son absence en leur foyer pendant trois jours consécutifs. Non, vraiment, la blonde s'était donné du mal pour cacher son secret, et surtout, surtout, qu'il ne remonte pas aux oreilles de Camil. Quant au dernier devoir, rebondit la jeune femme en baissant la tête, signe de contrition, je vous avoue l'avoir totalement oublié. Je suis désolée. Je peux vous le rendre dès demain, si vous le voulez. Nuit blanche garantie, mais peut-être que ça la sauverait d'un 0, et de potentielles questions supplémentaires de la part de M. Jaafari. Pourvu que son professeur ne soit pas curieux au point de l'inciter à lui en révéler plus. D'autant qu'elle ne savait pas vraiment qui il était dans la sphère publique, s'il connaissait des amis - ou des rivaux - de Camil, ce qui ne serait pas si étonnant au vu de la popularité de son frère, et du niveau social de M. Jaafari. Pourvu qu'il ne l'oblige pas à lui dire. Lui avouer qu'en février, lors d'examens routiniers à l'hôpital dans le cadre du suivi de son syndrome de Li-Fraumeni, les médecins avaient cru voir quelque chose d'étrange. Qu'ils l'avaient fait revenir quelques jours plus tard, et que leurs sourcils s'étaient de nouveaux froncés. Qu'en urgence, on lui avait demandé de prévoir trois jours la semaine suivante pour une hospitalisation plus que nécessaire. Que la blonde s'était débrouillée pour que cela tombe sur des jours d'université. Qu'une biopsie avait été réalisée. Que choc que Sixtine avait ressenti n'avait eu d'égale que la détermination s'étant emparée d'elle une fois qu'elle eut repris ses esprits. Verdict: tumeur maligne entre les vertèbres lombaires L2 et L3.
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| | | | (#)Lun 8 Juin 2020 - 19:39 | |
| Bien qu’il ait dû se résoudre à abandonner cette activité annexe au regard du peu de temps libre dont il disposait, déjà partagé entre sa casquette de professeur et celle de consultant pour ABC, le temps qu’il accordait auprès du service pédiatrique du Saint Vincent et du club de rugby de Logan City, et ses obligations envers Amnesty International, Hassan avait beaucoup appris des deux années passées à dispenser des cours de soutien dans le lycée où lui-même avait été élève par le passé. Enseigner à des lycéens et enseigner à des étudiants étaient finalement deux exercices bien différents, les premiers n’avaient pas forcément demandé à être là quand les seconds étaient supposés avoir choisi le domaine de leurs études, et si dispenser des cours à une poignée de lycéens en décrochage avait été une source d’apprentissage pour lui aussi, il en avait surtout mesuré sa chance de n’avoir le reste du temps affaire qu’à une audience ayant sciemment fait le choix d’être devant lui. Il y avait bien quelques habitués de l’école buissonnière, des premières années pas toujours certains d’avoir fait le bon choix d’orientation, des élèves suffisamment doués pour parvenir – et c’était rangeant – à s’en sortir sans être particulièrement assidus, mais preuve en était que malgré l’horaire tardif et le cours reporté à un créneau inhabituel, la majorité des élèves qu’il attendait ce soir-là avait répondu présente. Et parmi eux même la jeune sœur de Camil, ayant pourtant fait mentir les généralités en brillant par son absence à de nombreuses reprises en ce début d’année scolaire. Avec sur le visage un brin de suspicion, la blonde s’était néanmoins exécutée sans broncher lorsqu’enseignant l’avait alpaguée à la fin du cours, et autorisée la juste dose d’impertinence pour rétorquer « Je suis toute aussi ravie d'être présente à votre cours. » avant que la suite ne lui rende un air plus sérieux. La jeune femme était en dernière année, à ce niveau les absences se remarquaient bien plus que dans l’immense troupeau des premières années, et sans qu’elle ne le sache le fait d’avoir Camil pour frère la rendait plus visible que la moyenne aux yeux de son professeur. « Mes absences sont toutes dûment signalées et justifiées auprès de l'administration; on ne vous en a pas fait part ? » Penchant la tête sur le côté avec un brin de perplexité, il lui avait fait grâce de toute forme supplémentaire de sous-entendu et s’était contenté de répondre « J’ai bien peur que non, sans quoi je ne vous poserais pas la question. » avec franchise. Loin de lui l’idée de remettre en doute la parole de son élève, d’autant plus que la chose était facilement vérifiable auprès de l’administration … Quand bien même cette dernière ne semblait pas avoir rempli sa tâche dans la totalité. « Je suis navrée s'il y a eu un souci de communication entre les instances de l'université, mais je peux vous assurer que je ne "sèche" pas vos cours. » Laissant échapper un vague soupir, non pas dirigé contre son élève mais bien contre le service administratif, contre lequel Hassan ne cessait de trouver des raisons de pester depuis qu’il fréquentait cette université, il avait à nouveau secoué la tête et affirmé « C’est bon, je vous crois. Ça ne serait pas la première fois qu’une information se perd entre les différents maillons de la chaîne. » Et probablement pas la dernière non plus, mais préférant ne pas avoir l’air inutilement médisant le brun avait gardé cette dernière réflexion pour lui. « Quant au dernier devoir, » avait finalement repris l’élève, « je vous avoue l'avoir totalement oublié. Je suis désolée. Je peux vous le rendre dès demain, si vous le voulez. » Demain ? Elle aurait plutôt eu intérêt à déguerpir dès à présent et à s’armer de courage et de caféine si elle espérait pouvoir tenir un délai aussi court et malgré tout rendre quelque chose de correct. Et la vérité, c’est qu’il n’avait probablement pas plus envie de corriger quelque chose de bâclé qu’elle d’y passer la nuit, alors après quelques secondes de réflexion l’enseignant avait fini par trancher. « Ça ira pour cette fois-ci. Mettons cela sur le compte de votre absence justifiée. » Avant de lui laisser le temps de se réjouir néanmoins il avait ajouté « Cela dit il va quand même falloir que vous me rendiez quelque chose pour garder le même nombre de notes que vos camarades. Je vous ferai parvenir un sujet par email d’ici demain, à me rendre pour la semaine prochaine. » Bien qu’il ne s’agisse pas réellement d’une négociation, il avait questionné du regard dans l’attente de l’approbation de la jeune femme. Et par acquis de conscience, sans doute proposerait-il le dit sujet comme rattrapage aux élèves dont la note s’avérait problématique – s’il y en avait. Reste que justifiées ou non, les absences à répétition de la jeune femme intriguaient Hassan en ce qu’elles ne cadraient pas avec le portrait studieux et appliqué que lui en dressait Camil, et un peu hasardeusement l’enseignant avait repris « J’ai cru comprendre que vous aviez aussi beaucoup à faire au cabinet de la mairie. » en tentant toutefois de ne pas avoir l’air inquisiteur. Elle se demanderait peut-être comment il le savait, auquel cas il n’avait pas l’intention de mentir, mais ce n’était pas là où il voulait en venir en premier lieu. « Ce n’est pas un reproche que je vous fais. Je comprends qu’à votre âge on commence à s’impatienter un peu de la fin de ses études, et à réfléchir à son avenir. » Machinalement, il faisait tourner sa bouteille d’eau entre ses doigts. « Mais il serait dommage de commencer à perdre de vue l’objectif de votre diplôme alors que vous n’avez jamais été aussi près de l’obtenir. »
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| | | | (#)Lun 8 Juin 2020 - 20:35 | |
| sixtine & hassan peace of mindNow if you're feelin' kinda low 'bout the dues you've been paying, future's coming much too slow and you want to run but somehow you just keep on stayin', can't decide on which way to go. I understand about indecision but I don't care if I get behind, people livin' in competition, all I want is to have my peace of mind. ☆☆☆ Heureusement pour elle, M. Jaafari n'avait jamais fait partie de ces enseignants trop à cheval sur les manquements de leurs élèves, quand bien même il n'acceptait pas les absences ou les travaux non-rendus à répétition, bien sûr. Certains, à sa place, n'auraient même pas cherché à comprendre le pourquoi du comment, et auraient tout simplement été auprès du directeur pédagogique pour se "plaindre" de la non-présence de Sixtine à leurs cours, tout en lui mettant un zéro bien pointé sur le devoir manquant. Non, parmi tous, mieux valait que ce soit cet homme-là qui n'avait pas reçu correctement l'information que l'administration aurait dû lui délivrer, plutôt qu'un autre. La blonde leva les yeux au ciel lorsqu'il lui annonça qu'effectivement, c'était bien parce qu'il n'en avait pas du tout entendu parler qu'il venait la consulter. Bande d'incompétents. Heureusement qu'elle ne se comportait pas ainsi à la mairie de Brisbane, sans quoi, même avec la protection de son frère - qui de toute façon, aurait su se montrer assez exigeant pour ne pas laisser passer n'importe quelle bévue - elle aurait fini par être jetée sur les roses. Franchement, il y avait vraiment des planqués dans les bureaux... En plus, ce n'était pas comme si elle avait signalé une absence, mais bien plusieurs, et particulièrement répétées en ce début d'année universitaire ! Sur les deux autres déjà accomplies, elle n'avait été que très peu à l'hôpital, juste les examens de routine, s'élevant à deux ou trois journées annuelles, dont elle arrivait toujours à en caser au moins une sur ses temps de congés. Il avait fallu que ce soit sur la plus compliquée que les secrétaires fassent mal leur boulot. Enfin bref, le mal était fait, il ne restait plus qu'à désamorcer la situation. Hassan Jaafari fit finalement le choix de croire ses allégations, et les yeux de la demoiselle s'agrandirent sous le soulagement: Merci pour votre compréhension. De toute façon, au moindre doute, il n'aurait qu'à aller vérifier auprès des instances concernées; il ne se risquait donc pas à grand-chose en acceptant de la croire. Toujours plus surprenant, l'homme déclina même que Sixtine passât la nuit à plancher sur le devoir qu'elle avait totalement oublié de lui rendre, mais lui proposa plutôt de lui envoyer un sujet le lendemain, qu'elle aurait à lui rendre la semaine suivante. La blonde, si ça avait été dans sa nature, en serait restée bouche bée - ou bien béante, quoique c'était vachement moins classe quand même - mais ça aurait été mal la connaître. Plus que satisfaite, mieux qu'heureuse encore de ne pas avoir à sacrifier à nouveau des heures de sommeil pour rattraper ses absences, elle en sautilla de joie. Sixtine avait toujours eu du mal à retenir ses expressions faciales et corporelles lorsqu'elle ressentait une émotion vraiment forte; elle avait dû apprendre à se contrôler au fur et à mesure des années pour maintenir un visage de façade, nécessaire lors de certaines occasions. Celle-ci n'en était pas tout à fait une cependant, alors elle ne se retint qu'à moitié. Un large sourire illumina son visage, qui jusque-là avait été assez fermé. L'étudiante avait consciente de sa chance, et de l'opportunité que lui offrait le professeur; elle ne risquait pas de s'essayer à négocier la moindre miette, le jeu n'en vaudrait clairement pas la chandelle et même, de sa propre opinion, elle aurait trouvé cela indécent. Merci beaucoup Monsieur ! Je vous le rendrai au jour dit sans faute. Dans son élan de joie, elle faillit lui dire "ça fait du bien d'avoir quelqu'un de compréhensif face à soi", mais elle s'en abstint au dernier instant; le but n'était pas non plus d'en dire trop, loin de là même. La blonde aurait voulu profiter de ce qui semblait être la fin de cette conversation pour saluer son enseignant et prendre la poudre d'escampette. Pourtant, elle fut retenue dans son action par les propres paroles de M. Jaafari. L'étudiante posa sur le bureau le plus proche d'elle - celui de son professeur, donc - sa pochette d'ordinateur, en prenant garde à ne pas toucher celles de son interlocuteur bien sûr. Elle fronça les sourcils, pas vexée mais pas si loin, surtout intriguée qu'il glisse sur ce terrain en fait. Pensez-vous que je ne suis pas capable de tenir ma double-licence et mon alternance à la fois ? Il était bien connu de ses camarades comme de ses anciens professeurs que Sixtine était un bourreau de travail, et ce malgré la preuve contraire que semblaient donner ses absences depuis ce début d'année. Aucun ne se serait risqué à faire une telle suggestion, mais Hassan n'était son enseignant régulier que depuis cette année. Elle l'avait déjà eu dans un cours, deux ans plus tôt, mais sur une option plus ponctuelle en comparaison de cet enseignement-ci. Une petite étincelle tilta dans le cerveau de la jeune fille: comment savait-il qu'elle travaillait à la mairie ? Il ne semblait pas lui en avoir parlé un jour. Et surtout, comment pouvait-il avoir idée de la masse de travail qu'elle y abattait ? C'était bien trop précis pour ne pas éveiller la suspicion de la blonde, qui ne se priva pas de lui poser la question, avant de s'avancer à lui dire quoi que ce soit d'autre. Comment êtes-vous au courant du poste que je tiens à la mairie, Monsieur ? Il ne me semble pas que nous en ayons déjà discuté. Par la suite de leur entretien, cependant, l'homme lui assura que ce n'était en rien un reproche mais il lui conseilla de rester concentrée sur ses études, de ne rien lâcher, ce qui pouvait arriver à l'aube de la troisième année, qui pouvait parfois sembler interminable pour certains étudiants. C'est gentil de vous en faire pour moi, mais je ne perds rien de vue. Je compte même poursuivre sur un master l'année prochaine, argumenta Sixtine d'un air qui se voulait à la fois neutre et rassurant. Elle ajouta même pour appuyer sa démonstration: Le problème ne vient pas de la mairie. Bien que mon cursus et mon emploi soient très prenants, j'adore ma filière et y consacrer beaucoup de temps, à l'un et à l'autre, me convient. Sans vraiment le réaliser, elle avait cependant commencé à dévoiler son jeu. Il y avait bel et bien un souci, une anguille sous roche. Une raison concrète à ses absences à la fac, qui puisse en plus être justifiée auprès des instances de celle-ci, mais qui n'était pas d'ordre professionnel. Des cases se cochaient au fur et à mesure de leur conversation, sans même qu'elle ne le veuille. Et d'autres critères allaient continuer d'allonger la liste des probabilités d'Hassan bien malgré elle. Depuis qu'elle s'était levée pour le rejoindre, l'étudiante ressentait une certaine lassitude. Les médecins l'avaient prévenue: l'un des premiers symptômes physiques de son cancer serait la fatigue. Elle pouvait même se considérer chanceuse d'en avoir été avertie, et de ne pas avoir du subir ces caractéristiques sans avoir idée de leur provenance. En effet, ce sarcome avait été décelé assez tôt, grâce au suivi régulier qu'elle subissait. Il s'agissait en réalité d'un type de cancer peu connu, ce qui aurait donc nécessité d'autres recherches avant de cibler là-dessus dans un cas autre que le sien. L'accablement qu'elle ressentait était ponctuel, et ne devrait pas durer trop longtemps. Pourtant, cet état de grâce, ces moments épisodiques n'étaient pas voués à le rester ; on l'avait prévenue que petit à petit, les épisodes de lassitude se généraliseraient, même si elle pourrait sembler globalement en forme aux yeux du monde pendant un moment encore. Après la fatigue, une anorexie, de la fièvre et des douleurs risquaient de se développer. En quelques semaines ou en quelques mois, selon l'évolution du crabe. Dans tous les cas, elle serait vite fixée, vu qu'elle avait un second examen fin juin. Puis-je y aller Monsieur ? demanda Sixtine, voulant quitter cet entretien avant qu'il ne remarque quoi que ce soit. L'asthénie la prenant commençait à faire trembler ses jambes, et même ses mains, une qu'elle tenait posée sur sa sacoche d'ordinateur, l'autre serrée dans son dos.
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| | | | (#)Lun 6 Juil 2020 - 7:12 | |
| Elles étaient doubles, les raisons qu’avait Hassan de ne pas mettre en doute la parole de son élève dans ce cas précis. D’abord il connaissait Camil, sa rigueur et son exigence dans le domaine professionnel – il n’aurait jamais fait embaucher sa petite sœur au cabinet de la mairie si elle n’avait pas été quelqu’un de sérieux, il avait trop à y perdre. Ensuite, ses propres déboires avec l’administration de l’université ne dataient pas d’hier, et les erreurs commises en leur nom ces dernières années n’étaient plus que des excuses qu’il saisissait inconsciemment au vol pour continuer de nourrir un agacement certain envers eux. Il ne leur pardonnait pas les difficultés faites durant son propre arrêt de travail, leurs relances incessantes pour obtenir un papier égaré par leurs soins, leurs justificatifs réclamés à plusieurs reprises faute d’être capables de communiquer d’un bureau à l’autre … Il ne leur pardonnait pas ce jour où il avait dû se déplacer en personne, amoindri par la maladie, affaibli par les traitements, à devoir se soumettre au regard d’une poignée de personnes qu’il aurait souhaité de jamais croiser dans un tel état alors même qu’il s’était refusé à se montrer ainsi à Joanne. Alors entre leur fiabilité et la bonne foi d’une parente de Camil ? La question ne se posait même pas, et la proposition qu’il lui faisait de lui donner une chance de rattraper le devoir qu’elle n’avait pas su lui rendre remettait selon lui les compteurs à zéro. Semblant s’en satisfaire pleinement, la petite blonde était sur le point de prendre congés lorsqu’au dernier moment Hassan avait été pris d’un doute et avait repris la parole « Pensez-vous que je ne suis pas capable de tenir ma double-licence et mon alternance à la fois ? » Elle paraissait un peu pincée qu’il puisse l’envisager, et suffisamment attachée à ce détail pour n’avoir relevé le reste que quelques instants plus tard « Comment êtes-vous au courant du poste que je tiens à la mairie, Monsieur ? Il ne me semble pas que nous en ayons déjà discuté. » Ils n’en avaient jamais discuté en effet, mais loin de se sentir dos au mur pour autant l’enseignant s’était contenté de dodeliner la tête et de hausser vaguement les épaules en répondant « Je suppose que j’ai dû l’apprendre de la bouche de quelqu’un d’autre. » sans que cela ne soit véritablement un mensonge, après tout. Et au fond qu’elle ait une activité à côté de ses études n’était pas tant le souci, après tout lui-même avait travaillé en parallèle d’une grande partie de ses études supérieures afin de ne pas compter uniquement sur sa bourse et de pouvoir participer à hauteur presque égale aux frais de l’appartement qu’il occupait avec son frère. Lorsqu’elle avait repris d’un ton assuré « C'est gentil de vous en faire pour moi, mais je ne perds rien de vue. Je compte même poursuivre sur un master l'année prochaine. » il s’était contenté d’hocher la tête, toutefois interpellé lorsqu’elle avait ajouté « Le problème ne vient pas de la mairie. Bien que mon cursus et mon emploi soient très prenants, j'adore ma filière et y consacrer beaucoup de temps, à l'un et à l'autre, me convient. » et soulevé aussitôt d’autres questions pour succéder à celles dont elle venait de fournir la réponse. Car si le problème ne venait pas de la mairie, il semblait bel et bien exister … Et en même temps ce n’était ni son rôle ni sa place de chercher à en savoir plus, aussi s’en était-il tenu à acquiescer et à lui répondre « Dans ce cas je compte sur vous pour me rendre votre devoir en temps et en heure la semaine prochaine. » d’un ton conciliant. Estimant l’avoir retenue suffisamment longtemps et ne doutant pas qu’elle devait avoir des choses à faire – Dieu sait que lui-même en avait – il n’avait donc pas objecté lorsqu’elle avait poliment demandé « Puis-je y aller Monsieur ? » bien que d’un air un peu las. « Allez-y oui, je ne veux pas vous mettre en retard. » Et peu importe là où elle prévoyait de se rendre. Éteignant le vidéoprojecteur avant de le débrancher, il s’était toutefois étonné de ne pas la voir tourner les talons aussi sec et avait à nouveau posé les yeux sur elle « Je peux faire autre chose pour vous ? » sans obtenir de réponse. Sans que la jeune fille ne semble même l’avoir entendu en réalité, le visage subitement plus pâle et l’attitude plus chancelante, Hassan fronçant les sourcils et questionnant cette fois-ci d’un ton plus concerné « Est-ce que ça va ? Vous n’avez pas l’air bien … » Mais il était tard, certains élèves avaient passé toute leur journée en amphithéâtre s’il en croyait les quelques bribes de conversations qu’il avait saisi ici et là durant la pause, alors peut-être était-elle simplement fatiguée … ou peut-être pas.
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| | | | (#)Lun 3 Aoû 2020 - 11:23 | |
| sixtine & hassan peace of mindNow if you're feelin' kinda low 'bout the dues you've been paying, future's coming much too slow and you want to run but somehow you just keep on stayin', can't decide on which way to go. I understand about indecision but I don't care if I get behind, people livin' in competition, all I want is to have my peace of mind. ☆☆☆ Réponse bien trop vague pour être totalement honnête, et pas assez crédible pour tromper la vigilance de Sixtine. Celle-ci, par respect envers la figure d'autorité de son professeur - il s'agit de la fac tout de même, pas de la relation entre un enseignant et un élève dans un lycée de seconde zone - se retint d'hausser un sourcil dubitatif et clairement moqueur, mais elle n'en pensa pas moins. D'ailleurs, la blonde ne comptait pas garder cela pour elle, et pour clarifier la situation, elle répondit à la demie-vérité par une question qui ne souffrirait d'aucune entourloupe : Est-ce-que le quelqu'un en question est mon frère, Camil Smith ? Le connaissez-vous ? De la réponse que son interlocuteur lui ferait découleraient bien des choses. L'étudiante ne comptait pas de base se confier à qui que ce soit, et encore moins à un de ses professeurs, n'y voyant pas d'intérêt ni de raison particulière de le faire. Or, si Hassan se trouvait lié à l'aîné des Smith, ce serait encore plus dissuasif pour l'alternante. Hors de question que la moindre bribe d'information puisse parvenir aux oreilles de son frère sans que ce ne soit voulu par elle-même. Totalement dans le contrôle, Sixtine, et d'autant plus en ce qui pouvait concerner son syndrome de Li-Fraumeni. Elle expliqua cependant sa question un peu abrupte ensuite : Je ne veux pas empiéter sur votre vie privée, Monsieur. Cependant, je place Camil au-dessus de tout, alors quand j'ai quelqu'un dans mon entourage qui potentiellement le connait, je préfère le savoir. Je ne veux pas que le moindre mal l'atteigne par une bévue qui serait de mon fait. Elle sourit avec un peu plus de douceur à Hassan. Si la blonde pouvait se montrer ambitieuse, têtue, un peu sèche parfois et bien des choses encore, l'amour le plus pur irradiait de ses mots comme de son être chaque fois qu'elle parlait de Camil. La petite blonde de près de vingt ans de moins que lui cherchait juste à le protéger. Leur conversation aurait pu s'arrêter là, après qu'ils aient vu ensemble les modalités du devoir que Sixtine aurait à rendre la semaine suivante. Malheureusement, car ça aurait été bien trop simple ainsi, la blonde se sentit plus mal qu'elle ne l'avait été ce dernier quart d'heure. Elle était capable de se contenir, de cacher ses ressentis assez aisément au besoin, mais elle n'en était pas moins humaine, et certaines limites resteraient à jamais les mêmes pour n'importe quel être vivant. Alors, même quand Hassan lui permit de partir, elle ne bougea pas. Elle l'aurait voulu pourtant, la petite Smith. Elle s'en retrouvait cependant incapable, comme pétrifiée. Son teint pâlissait à vue d'oeil alors qu'un accablement insurmontable, comme si on lui avait mis le poids du monde sur les épaules, semblait vouloir la mettre au sol. Sixtine entendit à peine son professeur s'inquiéter d'elle, et ne le comprit pas tout à fait. Il me faudrait... une chaise, s'il-vous-plaît, souffla-t-elle. Désormais, elle ne pouvait plus masquer ses tremblements, devenus trop violents, et si la station debout se prolongeait trop longtemps, ce serait la chute. D'ailleurs, la jeune femme n'attendit pas qu'Hassan lui amène l'objet demandé, sentant qu'elle ne tiendrait pas, même deux secondes de plus. Des petites étoiles noires commençaient à tisser un voile ténébreux devant ses yeux, signe évident qu'elle avait trop tiré sur la corde. La demoiselle se laissa choir sur le rebord de l'estrade sur laquelle se trouvait le bureau professoral, contre lequel elle reposa d'ailleurs son dos. La bavarde Sixtine ne pipa mot les secondes qui suivirent, ne sachant pas trop combien de temps elle laissa filer d'ailleurs, trop occupée à reprendre ses esprits. Quand, enfin, elle recouvra une certaine lucidité, que la connexion avec l'instant présent se refit, que les étoiles sombres eurent disparut, elle ne put empêcher quelques larmes de monter à ses yeux. Elle aurait voulu les retenir, mais ne le put pas; deux ou trois, maigre perte, roulèrent sur ses joues d'albâtre. Ses yeux bleus se levèrent vers le visage basané d'Hassan. Ne dites rien à Camil. S'il-vous-plaît. Peu importait au final, en cet instant, qu'il le connaisse véritablement ou non. Seule compterait sa parole, son honneur. De la réponse de l'homme, et de la sincérité de celle-ci, dépendraient les confessions à venir. Il avait le choix. Soit il ne se sentait pas de garder pour lui ce qui s'était produit à l'instant, et ce serait bien le peu qu'il saurait. Soit il promettait de ne rien dire, mais il se retrouverait sûrement en possession d'un secret qui le mettrait en porte-à-faux vis-à-vis de son ami. Cruel dilemme, mais dont Sixtine ne démordrait pas.
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| | | | (#)Lun 12 Oct 2020 - 20:47 | |
| Si de temps à autres Camil évoquait bien sa jeune sœur en présence d’Hassan, le fait qu’elle vive sous le même toit que lui la rendant partie intégrante de son quotidien et de ses préoccupations, la famille n’était pas un sujet de conversation sur lequel les deux hommes s’épanchaient particulièrement et pour cette raison le brun n’en connaissait que très peu au sujet de la jeune femme. Et quelque part il préférait, car si ne pas mélanger travail et vie personnelle était un principe de base il devenait toujours plus difficile à tenir lorsque l’on en savait trop. Tant qu’elle suivrait ses cours, Hassan préférait donc encore que Sixtine ne reste qu’une élève parmi tant d’autres, peu importe les liens qu’il pouvait entretenir en dehors des murs de l’université avec son aîné. Mais peut-être coutumière du fait que l’aura de Camil la précède, la blonde avait questionné sans détour « Est-ce-que le quelqu'un en question est mon frère, Camil Smith ? Le connaissez-vous ? » dès les premiers soupçons, et justifié presque aussitôt de ce ton toujours très formel « Je ne veux pas empiéter sur votre vie privée, Monsieur. Cependant, je place Camil au-dessus de tout, alors quand j'ai quelqu'un dans mon entourage qui potentiellement le connait, je préfère le savoir. Je ne veux pas que le moindre mal l'atteigne par une bévue qui serait de mon fait. » Avant de répondre il avait pris le temps de la réflexion, par principe, mais au fond le fait qu’il connaisse Camil n’était pas non plus un secret et il n’entendait pas changer sa manière de considérer son élève au prétexte qu’elle ait ce détail en sa possession. « Effectivement, je connais votre frère. Mais nous sommes tous les deux tombés d’accord sur le fait que ça ne devait pas interférer lorsque vous êtes dans ma salle de classe, et il n’y pas de raison pour que cela change. » La voilà donc rassurée, du moins le supposait-il, et puisqu’il ne l’avait à la base alpaguée que pour obtenir des explications sur ses absences et devoirs non rendus il n’entendait pas la retenir plus longtemps maintenant que le mystère était – plus ou moins – éclairci. Le pourquoi des absences ne le regardait pas et qu’elles soient justifiées auprès de l’administration universitaire lui suffisait. Contre toute attente la jeune femme n’avait pourtant pas bougé, laissant d’abord croire à l’enseignant qu’elle avait autre chose à lui demander avant que son teint soudainement pâle ne le force à demander si elle se sentait bien. D’une voix presque aussi blanche que son teint, elle avait demandé « Il me faudrait ... une chaise, s'il-vous-plaît. » dans un souffle, et à défaut d’en avoir une sous la main dans cet amphithéâtre il l’avait saisie par le bras et faite asseoir sur le bord de l’estrade d’où il dispensait ses cours. Prise de tremblements, elle avait demeuré ainsi plusieurs minutes durant lesquelles Hassan s’était retrouvé partagé entre l’envie d’appeler les secours et celle de ne pas prendre pour plus grave que ça ne l’était ce qui ressemblait à un simple malaise vagal. Dans l’entre deux, il s’était contenté de poser un genou à terre pour se mettre à sa hauteur et de lui saisir la main le temps qu’elle se calme et retrouve ses esprits. Se gardant de tout commentaire lorsque des larmes s’étaient mises à rouler sur ses joues, il avait simplement saisi sa sacoche pour en sortir un paquet de mouchoirs qu’il lui avait tendu. « Ça va aller ? » Elle reprenait un peu de couleurs, ce qui était déjà une chose. « Vous avez mangé aujourd’hui ? » Elle ne serait pas la première – et probablement pas la dernière – des étudiantes à sauter un repas, et fouillant à nouveau dans ses affaires il en avait sorti une barre de céréales qu’il gardait pour les fringales inopinées et la lui avait tendue au moment où elle reprenait la parole en séchant ses larmes. « Ne dites rien à Camil. S'il-vous-plaît. » Les sourcils Hassan s’étaient froncés, et quand bien même il arguait quelques minutes auparavant ne pas vouloir mélanger les deux, l’idée de passer cela sous silence lui paraissait subitement un brin inconsciente. « Vous êtes certaine de ne pas vouloir l’appeler pour qu’il vienne vous chercher ? Ce serait plus prudent que de rentrer seule. » Et à dire vrai, lui-même serait rassuré de la savoir ramenée à bon port par autrui. « Ça vous arrive souvent, de vous sentir mal comme ça ? »
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| | | | (#)Sam 17 Oct 2020 - 21:42 | |
| sixtine & hassan peace of mindNow if you're feelin' kinda low 'bout the dues you've been paying, future's coming much too slow and you want to run but somehow you just keep on stayin', can't decide on which way to go. I understand about indecision but I don't care if I get behind, people livin' in competition, all I want is to have my peace of mind. ☆☆☆ Alors qu'elle venait de s'asseoir, tremblante, la blonde repensa à ce que son professeur lui avait dit quelques minutes plus tôt. Lorsqu'elle l'avait questionné sur ses liens potentiels avec son aîné, si connu à travers Brisbane. Hassan lui avait expliqué que oui, il connaissait son frère mais que non, ceci ne devait pas influer sur sa manière de se comporter avec elle - pas de favoritisme ni d'attitude négative - en tant que professeur, la jeune femme retint un rictus. Bien sûr, l'homme avait raison et cette option semblait être la plus raisonnable, celle permettant qu'il puisse le mieux s'en sortir en ayant un Smith d'un côté et une deuxième de l'autre. Cependant, l'objectivité totale et complète n'était pas possible, tout simplement parce qu'ils étaient humains, et que l'être humain est de par nature subjectif. Il croit, pense, agit en fonction d'autrui et de lui-même; selon la nature du sujet, l'impartialité pouvait devenir tout simplement impossible. Or, cette fois-ci, elle serait tout à fait improbable. Si Hassan était un ami proche et véritable de l'ex-directeur du cabinet du maire, alors il n'aurait qu'une envie après cette scène : accourir auprès de lui pour tout lui raconter. Ou l'appeler. Bref, rien qui ne pourrait arranger la blonde. Les larmes roulèrent sur ses joues sans qu'elle ne le veuille, ne pouvant qu'aggraver son cas aux yeux de son professeur; après tout, il était rare qu'un étudiant craque devant un membre du personnel universitaire. Réalisant bien que, quoi qu'il en soit, elle ne s'en tirerait pas à si bon compte, les neurones de la blonde se mirent à carburer. Elle ne connaissait pas spécialement son professeur, et il lui semblerait tout à fait incongru de lui parler de son cancer juste révélé. Mais la laisserait-il partir sans en avoir plus, et tout en promettant de ne rien dire à Camil ? En tout cas, le premier réflexe qu'il eut fut de lui présenter un paquet de mouchoirs, et s'en rendant compte une ou deux secondes après qu'il lui eu tendu, Sixtine le remercia d'un sourire. Elle prit délicatement l'emballage de plastique fin et en sortit un de ces carrés de papier doux et fin. Oui... Je crois que c'est passé, Elle le passa rapidement sur ses joues, tamponna la base de ses paupières inférieures, le coin interne de ses yeux. Elle rangea ensuite le tissu dans sa poche de jean et tendit au quarantenaire le reste du paquet qu'il lui avait gentiment donné. Elle refusa cependant la barre de céréales qu'il lui tendait d'un geste poli de la main. Je n'ai pas faim, merci. La blonde ne manquait pas de manger correctement, et son côté orthorexique, s'il la poussait parfois à manger un peu trop peu ou l'empêchait de faire preuve de flexibilité dans sa diète alimentaire - d'ailleurs, la gourmandise que lui tendait Hassan était plus une hérésie qu'autre chose à ses yeux - ne l'avait jamais mise en situation de faiblesse. Bien au contraire; la blonde, plus qu'active, prenait garde à toujours manger assez pour avoir assez d'énergie. Ses nombreuses activités requéraient d'avoir des réserves dans lesquelles taper. Avant même que son professeur puisse proposer quoi que ce soit, elle le pria de ne rien dire à Camil sur ce qu'il venait de se passer. Absolument rien ne devait filtrer. Elle maudit sa faiblesse; pourquoi avait-il fallu que cela lui arrive ici et maintenant, devant un proche de son aîné !? Le Destin se foutait bien de sa gueule tiens. La blonde fronça les sourcils lorsque l'homme à ses côtés se permit d'insister sur la nécessité d'appeler le plus vieux des Smith. Non, ce n'est vraiment pas la peine. Il n'a pas besoin de me voir comme ça, pensa-t-elle en son for intérieur. Elle devrait gagner en prudence, dans les mois à venir; si jamais sa tumeur se développait - et ce devait être le cas, car comparé à seulement un mois plus tôt, quand elle avait été découverte, des effets se faisaient déjà sentir - elle en aurait de plus en plus, des épisodes de défaillance comme celui-ci. Ce fut justement l'objet de la deuxième question d'Hassan. Saurait-elle le convaincre d'un simple épisode de malaise dû à un surplus de travail ? Elle écarta l'hypothèse d'une simple pensée; le brun était loin d'être bête, il ne se laisserait pas mener en bateau, surtout pas après ce qu'il venait de se passer. De plus, la "baby Six" ressentait le besoin de parler. Oui, Charlie savait déjà, elles avaient passé une soirée à en discuter, et l'étudiante lui avait servi d'alibi pour les quelques nuits passées hors du loft de Spring Hill... Alors qu'elle se trouvait en réalité à l'hôpital. Mais Charlie était maman, et la blonde ne voulait pas la solliciter de trop. Se laisser aller auprès d'Hassan était prendre un sacré pari, très risqué. Saurait-il tenir sa langue ? Elle ne saurait le dire; elle ne le connaissait clairement pas assez pour cela. Privilégierait-il sa loyauté et son amitié envers Camil, ou respecterait-il son choix de tout lui cacher ? Tant pis, elle verrait bien. La demoiselle aviserait en fonction de sa réaction. Ses mains se joignirent sur ses genoux, les doigts de sa main droite enserrant son poignet gauche. Elle prit une inspiration, profonde. Celle-ci se bloqua un instant au travers de sa gorge, avant qu'elle ne lâche finalement la bombe. Mes rendez-vous médicaux, le mois dernier... Ils ont révélé que je suis malade. J'ai un cancer. Elle releva aussitôt les yeux envers Hassan. Ses pupilles brillaient de la plus embrasée des déterminations, ses sourcils légèrement plissés marquant sa volonté. Bien qu'encore un peu pâle, elle avait reprit quelques couleurs et ses traits étaient tendus. Elle explicita de nouveau sa pensée, son voeu, son unique demande auprès de son professeur. Camil ne doit pas savoir.
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| | | | (#)Sam 14 Nov 2020 - 19:04 | |
| S’il avait proposé d’appeler Camil par facilité, Hassan n’était que moyennement surpris que la jeune femme ait aussitôt chassé cette option de la conversation, secouant la tête d’un air las et assurant « Non, ce n'est vraiment pas la peine. » d’un ton que l’enseignant trouvait pourtant tout sauf convaincant. La faute sans doute au fait que malgré ses prétentions, la petite blonde n’avait pas fait le moindre geste pour chercher à se remettre debout, et semblait au contraire profiter encore un peu de ce que la gravité avait à lui offrir en termes d’équilibre. Sans aller jusqu’à déranger le frère de la jeune femme si elle ne le souhaitait pas, il ne lui était pour autant pas envisageable de la laisser repartir sans l’absolue certitude qu’elle regagnerait son domicile sans encombre, aussi avait-il proposé « Alors laissez-moi au moins appeler un taxi pour vous ramener. Je serais plus tranquille. » dans l’espoir d’un compromis. Se serait-il donné autant de mal si elle n’avait pas été la sœur de l’un de ses amis ? Lui seul avait la réponse à cette question, mais lorsqu’au bout de quelques secondes de réflexion elle avait ramené ses genoux contre elle et les avait enserrés de ses bras, il avait compris que son projet le plus immédiat n’était pas de quitter cet amphithéâtre et s’était pour sa part assis sur le rebord de l’estrade, prêt à lui laisser le temps nécessaire pour se remettre de ses émotions. Jamais pourtant ne se serait-il imaginé qu’elle retiendrait sa respiration pour mieux jeter dans la mare un pavé de taille à les éclabousser tous les deux : « Mes rendez-vous médicaux, le mois dernier... Ils ont révélé que je suis malade. » Malade ? « J'ai un cancer. » Cette simple phrase, mais lourde de tout ce qu’elle impliquait sans le dire, avait fait se réveiller la chair de poule sur les bras de l’enseignant. La seconde qui avait suivi s’était étirée pendant ce qui avait eu l’air d’une éternité que seul un sifflement désagréable ponctuait, et le regard brouillé de la jeune femme à nouveau s’était levé dans sa direction, grave. « Camil ne doit pas savoir. » Évidemment. Évidemment que de tous les chemins à emprunter la jeune femme avait opté pour celui-ci, animée par un désir de préservation de l’entourage qu’Hassan ne connaissait que trop bien mais dont il n’aurait jamais soupçonné se retrouver un jour de l’autre côté du miroir. « Quel type de cancer ? » Oubliant pour un temps la retenue et la distanciation dont il était supposé faire preuve, il avait malgré tout le ton calme de ceux bien conscients que « j’ai un cancer » n’était que la partie immergée d’un iceberg dont la finalité était bien plus complexe. « Écoutez … Je ne dirai rien à Camil, parce que ce n’est pas quelque chose que je devrais faire à votre place, mais … » Mais il ne mentirait pas par gité de cœur, pour commencer, bien que ce ne soit pas là où il souhaitait en venir dans l’immédiat. « Mais il finira bien par se douter de quelque chose, vous vivez sous le même toit. » Et Joanne elle aussi aurait fini par s’en douter, s’il n’était pas parti. Mais Camil n’était pas Joanne et Sixtine n’était pas Hassan, les liens du sang n’étaient pas ceux du mariage, et l’entêtement du politicien à l’égard de sa sœur n’était plus à démontrer (ni à remettre en question). « Plus vous attendrez plus ce sera difficile … et plus vous prenez le risque qu’il l’apprenne d’une autre manière. » avait-il repris, d’un ton qui se voulait prudent. Par quelqu’un qui penserait bien faire, par quelqu’un qui ne penserait pas qu’elle puisse voir gardé pour elle un tel secret … Ou pire. « Et puis on a besoin de sa famille dans ces moments-là. Je sais que vous avez envie de le protéger, mais repousser l’inévitable de vous rendra service ni à lui ni à vous … » Sa santé, ses études, son emploi à la mairie de la ville, les susceptibilités de son frère … C’était beaucoup de choses à ménager et à mener de front pour une seule personne, et quand bien même la force mentale de quelqu’un ne se mesurait pas à son apparence, les épaules de la blonde lui semblaient tout à coup bien frêles pour supporter autant de pression dans une période où elle aurait tout intérêt à se ménager.
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| | | | (#)Lun 4 Jan 2021 - 20:46 | |
| sixtine & hassan peace of mindNow if you're feelin' kinda low 'bout the dues you've been paying, future's coming much too slow and you want to run but somehow you just keep on stayin', can't decide on which way to go. I understand about indecision but I don't care if I get behind, people livin' in competition, all I want is to have my peace of mind. ☆☆☆ La jeune femme lança un regard presque amusé si ce n'est désabusé à Hassan lorsqu'il lui demanda de le laisser appeler un taxi. La croyait-il si peu consciente de ses propres limites ? La blonde avait en horreur d'être prise en pitié et si ça avait été dans ses moyens, jamais elle ne se serait laissée aller devant lui comme ça venait d'être le cas. Elle ne pouvait cependant pas le rabrouer; d'une, même s'il connaissait Camil, il restait avant tout son professeur, et de deux, il ne pouvait juste pas savoir de quel bois elle était faite. Quoique, s'il connaissait bien son grand frère, il devait se douter que la plus jeune ne serait pas non plus du genre à quémander de l'aide. Ainsi, sa réponse fut aussi reconnaissante que ferme, compromis entre son tempérament de feu et l'empathie d'Hassan. Merci, c'est gentil de votre part mais je suis capable de le faire moi-même. Elle ne rentrerait ni à pieds, ni en transports en commun dans son état et ce bon gré mal gré; au moins était elle un minimum réaliste. Il ne fallut pas beaucoup plus longtemps pour que la blonde lâche la bombe. Elle aurait voulu le garder pour elle-même, mais son intuition lui soufflait que l'homme ne la laisserait pas s'en tirer à si bon compte, et... Peut-être que son coeur avait poussé sa raison à moins freiner des quatre fers. Merde. Je viens de faire quoi, là ? Les mots étaient sortis si vite qu'elle avait à peine eu le temps de s'en rendre compte; d'où sa précision venue bien rapidement après, comme quoi elle refusait que Camil en entendît jamais parler. La jeune femme soupira lorsque l'universitaire poussa un peu plus loin le sujet. En d'autres circonstances, elle lui aurait fait comprendre que ça ne le concernait certainement pas, mais là, quitte à avoir sauté les deux pieds dans le plat... Une tumeur entre deux vertèbres. Simple, net, concis. Si elle pouvait éviter de trop s'étendre dessus, ça l'arrangeait tout autant. Toutes ces années, elle avait évité au maximum la maladie orpheline dont elle était atteinte, n'en parlant quasiment jamais, faisant le strict nécessaire en termes de rendez-vous, et vivant sa vie à fond. Sauf qu'elle se trouvait désormais dans une situation où ce choix de se taire ne serait pas toujours possible. Chose que lui rappela d'ailleurs Hassan. La blonde leva un regard sans appel vers lui, alors qu'il insinuait que vivant ensemble, elle ne saurait cacher son état éternellement. Je suis au courant, merci. Oups. Un peu trop sèche, sûrement. La blonde se rattrapa aussitôt. Pardon. Je suis un peu... Perdue ? Agacée ? Triste ? Enragée ? Tous les mots pourraient convenir, en soi. Elle laissa donc sa phrase flotter, sans fin véritable, laissant tout loisir au brun d'interpréter comme il le voudrait son silence. Elle écouta le reste de la diatribe d'Hassan sans le couper. Il semblait être plein de bonnes intentions, et la blonde lui était reconnaissante de soucier ainsi de son cas, et de celui de son frère par la même occasion. Je me débrouillerai. Merci en tout cas. Se sentant mieux, la jeune femme rechercha sur son portable les numéros de taxis qui pourraient venir la chercher. Elle grimaça en relevant les yeux sur le quarantenaire. Désolée que vous ayez assisté à ça. Bordel qu'elle détestait la faiblesse, surtout la sienne. Exigeante, Sixtine ? Si peu. Dans tous les cas, maintenant que se mettre debout ne lui semblait plus être une épreuve - c'était déjà chose faite - elle ne comptait pas traîner plus que nécessaire. Si vous êtes d'accord, je vous laisse mon numéro. Je pourrais ainsi vous prévenir si jamais il y a un souci. Sixtine pensait notamment à Camil en disant cela. La blonde connaissant bien le caractère orageux de son frère, elle anticipait les choses des années à l'avance avec lui. Or, si son professeur tenait sa langue et que pour une raison ou une autre, le politicien venait à l'apprendre, autant dire que ça chaufferait pour son matricule. La moindre des choses pour Sixtine serait alors de ne pas laisser l'homme dans la plus complète surprise d'un Smith de près de deux mètres de haut lui tombant dessus, n'est-ce-pas ? Ou bien, dans une autre perspective, la jeune femme pourrait toujours téléphoner à Hassan si elle avait un quelconque problème. En réalité, elle ne l’appellerait jamais pour cela, mais si ça pouvait tranquilliser la conscience de Jaafari... Pourquoi pas.
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| | | | (#)Jeu 11 Fév 2021 - 19:09 | |
| Hassan garderait bien évidemment ce fait-là pour lui, mais d’avoir appris le secret de la jeune femme lui faisait de la peine pour elle. Rien à voir avec de la pitié, celle qu’il n’avait lui-même que trop vue dans les yeux des quelques proches à qui il n’avait pas tourné le dos lorsque sa santé lui avait fait défaut … Non, il avait de la peine d’imaginer la violence de la gifle qu’avait dû recevoir la sœur de Camil lorsqu’un autre lui avait annoncé « Une tumeur entre deux vertèbres. » sans doute de manière toute aussi abrupte, parce qu’il n’y avait pas mille façons d’annoncer ce genre de nouvelles et que la plus directe avait au moins le mérite d’être la moins ambigüe. De quelle hauteur tombait-on, au juste, d’être trahi par sa propre santé à un âge aussi jeune, à un âge où l’on pensait encore avec insouciance être immortel ou presque ? Elle seule avait la réponse, sans doute, elle était propre à chacun et si Hassan entendait le besoin de gérer la chose à son rythme et selon ses propres termes, il s’était senti le devoir de souligner la pente glissante sur laquelle elle s’engageait à vouloir maintenir Camil dans l’ignorance. Elle ne faisait que repousser l’inévitable … « Je suis au courant, merci. » Prise à rebrousse-poil, la blonde s’était ravisée aussitôt du sarcasme qui lui avait échappé. « Pardon. Je suis un peu ... » Elle n’avait pas terminé sa phrase, mais ni ell3 ni Hassan n’en avaient eu besoin, et chassant la chose d’un vague geste de la main l’enseignant avait assuré « Ce n’est rien. » sans intention de lui en tenir rigueur. Il ne se voyait pourtant pas ne pas plaider la cause de son ami, se sachant désormais pris entre deux feux et n’imaginant que trop bien qu’elle pourrait être la réaction de l’américain en apprenant l’état de santé de sa sœur, ainsi qu’en apprenant qu'Hassan l’avait sciemment passé sous silence. Reste qu’une promesse restait une promesse, et devant l’entêtement de Sixtine il n’avait pas eu d’autre choix que de battre en retraite. « Je me débrouillerai. Merci en tout cas. » Pianotant un instant sur l’écran de son téléphone portable, elle avait relevé les yeux vers lui « Désolée que vous ayez assisté à ça. Si vous êtes d'accord, je vous laisse mon numéro. Je pourrais ainsi vous prévenir si jamais il y a un souci. » Ayant retrouvé un peu de ses couleurs ainsi que l’équilibre qui lui avait un temps fait défaut, elle s’était remise debout tandis qu'Hassan, prudemment, acquiesçait à la proposition. « Ne vous excusez pas. Et bien sûr, n’hésitez pas à en faire usage. » Il doutait pourtant qu’elle le fasse. Probablement parce qu’elle partageait avec Camil ce tempérament propre aux individus qui s’évertuaient à n’avoir besoin de personne. Et parce que ce n’était pas sa place à lui, au fond … Il n’espérait pas tant qu’elle le contacterait que le fait qu’elle ne tarde pas à décider de se confier à son frère. C’était de lui dont elle avait besoin, quand bien même elle n’en avait peut-être pas encore entièrement conscience … Et il n’y avait bien qu’elle qui soit en mesure de changer cet état de fait. Leurs numéros échangés Hassan s’était contenté, lui, de la suivre du regard jusqu’à ce qu’elle quitte l’amphithéâtre ; Il était resté songeur quelques minutes, assaillis par tout un tas de pensées sans forcément de rapport les unes avec les autres, puis il avait quitté les lieux à son tour en soupirant.
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