down to the bottom.  
 

Quand tu commences à t'excuser auprès d'un tabouret, c'est qu'il est l'heure d'arrêter. Non pas que t'ai forcément envie, mais tu le sais. Le barmaid aussi. Et Halstead également. C'est pas si souvent que vous vous retrouvez, mais chaque fois c'est plutôt mémorable. Enfin pour toutes les personnes qui ne sont pas toi, plus exactement. Dans ton cas, tu finis bien souvent la gueule en vrac avec quelques trous de la soirée et dans ton compte en banque. Faut croire que l'alcool donne l'impression d'être sacrément plus riche. T'as arrêté de compter les verres à partir du cinquième, à quoi bon se faire du mal ? T'auras tout le temps de regretter tes mauvais choix en consultant l'état de tes finances plus tard. Pour le moment, tu profites. Au début, vous avez discuté des dernières sorties de jeux et des attentes qui en découlent, puis la soirée continuant, c'est parti sur un barathon. Presque à chaque endroit, vous êtes tombés sur des connaissances et t'as eu la bonne idée de leur taxer des verres pour Kieran et toi. Bien sûr, il a fallu promettre de leur offrir de quoi boire la prochaine fois, échange de bons procédés quoi. Encore quelque chose que tu auras le temps de regretter bien plus tard.

Les heures défilent à la même vitesse que ta démarche se fait de moins en moins droite. Un rien te fait rire et chaque mot prononcé prend deux fois plus de temps à sortir. Former une simple phrase est devenu un calvaire, avoir une ligne de pensées cohérente est quasiment impossible. Mais t'arrives quand même à défier Halstead deux ou trois fois pour descendre quelques bonssons cul-sec. Tes gestes sont tellement approximatifs que ta veste et ton jean en boivent au moins autant que toi. Et c'est le genre de truc qui te fait marrer. Tu sais pas vraiment quand le dernier barmaid vous a demandé de sortir. Peut-être quand t'as commencé à bousculer deux-trois types qui n'ont pas eu l'air d'apprécier... T'es pas vraiment sûre, c'est flou. L'heure... T'es sûre d'avoir regardé ta montre y a environ trois secondes mais t'as déjà oublié. La plupart des bars sont en train de fermer pour la nuit, signe qu'il est déjà bien trop tard et que tu devrais songer à rentrer. En toute honnêteté, tu sais même pas vraiment par où repartir tant l'alcool altère tes sens et te désoriente complètement. C'est pas bien grave, t'es habituée à pas rentrer et à passer le reste de la soirée à décuver sur un banc ou même sur la plage. Le genre de truc dont tu te soucies au dernier moment de toute façon. Pour l'instant, tu rigoles bien avec Kieran. T'as même commencé à lui lancer des petits défis y a quelques minutes (ou heures, c'est relatif.) Des jeux d'enfants inconscients, rien de bien méchant. Hurler au beau milieu des rues qui sont majoritairement désertées, dessiner des âneries au marqueur sur des fenêtres ou des murs... « J'parie que tu peux même pas toucher ! » Et c'est comme ça que tu te retrouves à te servir d'un panneau de signalisation en tant que bouclier pendant qu'il lance des trucs ramassés par terre, bref. Tu fais pas vraiment attention au bruit que vous générez et t'es à peu près sûre que Kieran non plus. Les lumières qui s'allument et les regards mauvais qu'on vous lance en revanche... Après avoir esquivé un énième projectile, tu lâches un « Woohoooo ! » en levant les bras, faisant tomber ton bouclier au sol dans un grand fracas métallique. Tu ris une nouvelle fois et il faut t'y reprendre à plusieurs reprises avant de réussir à le ramasser. Avec de nouveaux gestes approximatifs, t'essaies de t'en débarrasser en le jetant sur le côté. Problème, ça entre en collision avec une portière de voiture (Pourquoi elle est là, sérieux ?) dont l'alarme se met à retentir dans la rue. Tu grimaces et tu regardes Kieran. « J'crois on devrait partir ! » que tu gueules pour couvrir le bruit causé par l'alarme du véhicule. Si le voisinage n'avait pas encore appelé la police, c'était désormais une certitude.

JESSALYN & KIERAN ⊹⊹⊹ When you get back on a Saturday night And your head is caving in, Do you look like me, do you feel like me, Do you turn into your effigy ? Do you dance like this ?

(SPRING HILL, QUEENSLAND POLICE). « Il faut de tout pour faire une planète, il me faut ta galaxie pour faire la mienne. »

Euh. Naaaan. Attendez, j’recommence.

« Le vrai amour c’est de garder une personne qui a peur de perdre quand elle te perd que tu la gardes après avoir lutté pour la garder quand tu l’as perdue. ».

... J’vous jure, ça a du sens. Non ?

« L’amour c’est comme des champignons, quand vous tirez sur un canard, vous avez peurs des toasts ».

Je suis sûr que c’est presque ça.

Sinon, j’peux dire triste. Ouais, carrément que je peux dire triste. Je cherchais un... merde, comment ça s’appelle déjà ? Vous savez, les trucs que les gens mettent en dessous de leur photo sur les réseaux sociaux pour attirer du like ? Rah, je le sais, pourtant. Là, l’ensemble de mots qui mis à la suite ça donne une idée ! C’est facile pourtant !  C’est pas une phrase, naan, parce qu’une phrase ça a un sens qu’on prétend hautement philosophique, donc ça change forcément de catégorie, voyez, genre comme les torchons et les serviettes, vous avez les phrases et les citations. UNE CITATION BORDEL, c’est ça ! Ouais. Pourquoi j’en parlais déjà ? J’sais plus. Et puis je vois la tête de Kieran digne d’un chien qui pensait aller au parc pour découvrir qu’en fait la destination c’est chez le véto et là, ça me revient. La tristesse qu’on disait, hein ? Ouais, voilà, c’est ça. Je voulais juste l’illustrer de façon jolie, grave profonde, parait que vous aimez bien ça, vous, les lecteurs, quand c’est bien écrit. Moi j’en sais rien. Là, franchement, j’en sais plus grand-chose à dire vrai, je crois même que j’ai oublié mon nom. Ah, non, c’est vrai, j’en ai pas. Mais j’aurais pu l’oublier si j’en avais un, hein.

Celui que j’ai pas oublié, par contre, c’est celui de la fautive. La punk à roulettes, là, le modèle réduit à crête qui sautille partout et qui enchaîne les verres comme le nombre Pi enchaîne les chiffres. Ouaaaaais, je vous vois, là, qui doutent de mes capacités à me souvenir de son prénom, comme si je pouvais oublier un truc aussi gros alors que Jessica est responsable de l’alcoolémie de Kieran. Et le mien surtout, hein, parce que le petit au pire je m’en fous, on se fait un petit signe avec son estomac pour qu’il y laisse tous les tord-boyaux qu’il a bu ce soir et il repart comme si de rien n’était. Au pire, il prend un doliprane et il est bon pour la soirée. Moi, par contre, c’est plus compliqué quand j’suis dans un état pareil : déjà parce que pour vomir il faudrait avoir une bouche – ouaaaais je vois là, qui pensez bien fort « naaan mais t’as celle de Kieran » mais si j’ai décidé en 2020 d’être une conscience libre et indépendante qui veut faire exercer ses droits, HEIN Y’A QUOI Y’A UN PROBLEME T’VEUX TE BATTRE ?

Oh. Mes excuses.

C’est vrai qu’il y a un problème parce que j’comprends bien qu’il y ait une vraie demande à lancer des études quant à savoir si le port d’un pantalon en polyestère, en coton ou en laine peut affecter la vie des rats (me regardez pas comme ça, bande d’ignorants, et tapez « Ahmed Shafik » sur Google), mais qu’il y a beaucoup moins de fonds qui sont distribués pour les droits des consciences, petites voix dans la tête, ami imaginaire, petit diable sur l’épaule (définissez-moi comme vous préférez hein), quant au fait de parvenir à créer une bouche à l’intérieur même d’un autre humain. Une boucheption en quelque sorte, parce que ce serait à voir comme une bouche qui serait à l’intérieur d’une bouche, c’est pas fantastique ?

Je suis un génie.

Un peu comme Jerilynn qui, sans le vouloir, à trouver le meilleur moyen de divertir Kieran en ce sombre jour où ses pensées l’envahissent plus que de raisons, ne faisant qu’accentuer sa détresse. Ouais, j’étais Emo dans une autre vie et je maîtrise l’art du teasing comme personne.

Mais pourquoi je le fais déjà ? Ouais, y’a une raison sous-jacente, hein. Laissez-moi juste le temps de la retrouver, mais elle existe, si si.  

Boh. Tant pis, hein, tant qu’on me ressert un shot. Et qu’on en sert à son genou droit, il est un peu trop épargné par rapport au reste et il fait soif, comme on dit, hein. Oui, c’est 3h du matin et je parle comme un beauf, ça vous dérange, vous voulez vraiment qu’on se batte pas vrai ?! C’est à peu de chose près ce qu’il a dit au barman qui les a foutu dehors, sous les termes propres au Kieran bourré (ou est-ce moi qui parle ?) : « Ziva, fais pas ton gaitupor, dresse pas un mur entre nous, y’a mon keussa là-dedans, j’en ai besoin espèce de teubi. » J’ai pas compris non plus, vous en faites pas.

Ce qu’il faut retenir, c’est que ça a pas fonctionné, parce qu’il est bien dans la rue avec Jessalythe, nouvelle recrue de la circulation routière australienne vu le sens unique qu’elle a dans les mains (sans mauvais jeu de mots) et qu’il essaie de péniblement viser. Vous voyez les lanceurs de poids quand ils se concentrent avec leur prise, bras tendu, narine ouverte, pour être sûrs d’envoyer le boulet où il faut ? Bah c’est pas du tout ça. « Téma un peu ça. » Il dit, plein d’assurance, ramassant divers objets (et tous autant d’infections) par terre pour les envoyer vers Jessaetie. Prise bien en main, il se concentre, le regard digne des meilleurs westerns, parce que c’est une histoire entre lui et ce panneau de signalisation et un seul en ressortira vainqueur. Il chauffe son bras, il est prêt, il a attendu ça toute sa vie. Il prend son élan, s’apprête à faire la pleine démonstration de sa suprématie. Son bras se tend, le projectile s’en détache, retombe dix-centimètres plus loin, à peu près au même niveau que la tête de Kieran qui a perdu l’équilibre dans la bataille. Une fois, deux fois, on passe d’une canette à un vieux journal chiffonné à un emballage de sex-toys en plastique, tout ce qu’il trouve devient arme, et tout arme devient la raison de ses chutes. « Mais c’toi là, tu restes immobile, bouge. » Il doit faire genre il est sur un bateau qui tangue et pas elle ? C’quoi c’t’arnaque ? « J’crois on va se faire rotca. » Il rigole alors qu’il attrape la main de Jesalte pour courir au même rythme, s’écraser aussi au même rythme quand il pense pouvoir partir sur la droite pour semer la police imaginaire alors que sa droite se résume à des blocs d’immeuble. Le béton, ça fait mal au nez, kids, n’essayez pas chez vous. « JESS ON FAIT QUOI, ON FAIT QUOI, MOI J’SAIS PAS LES CHOSES QU’IL FAUT FAIRE QUAND Y’A DES TRUCS COMME CA POUR ÉVITER LES TRUCS QUI VOUS NOUS ATTIRER DES CHOSES. » Il panique. Send help. Lui, il est novice dans le domaine de la gueule de bois – ou plutôt, ça fait cinq ans qu’il s’est pas autorisé à boire suffisamment pour voir les petits @Auden Williams en robe rose et perruque blonde autour de lui. Jesalaem doit mieux gérer l’alcool, ‘fin regardez sa coupe de cheveux, c’est forcément le résultat d’une bonne cuite, elle maîtrise. « REGARDE LA-BAS. » Il agite son bras et avance un peu. « ‘’Chantier interdit à toute personne non-autorisée’’. Mais c’est quoi l’autorisation dans une vie hein ? Tu vois si moi j’te donne l’autorisation tu peux entrer, et si toi tu me donnes la tienne, je peux entrer tu vois, moi je pense que ça marche comme ça sinon ils mettraient plein d’articles de loi pour faire peur aux gens mais s’ils le font pas c’est qu’ils veulent pas faire peur aux gens donc normalement c’est autorisé d’aller parce que sinon ce serait mieux protéger si vraiment c’était interdit et puis de toute façon j’ai lu dans la constitution qu’on pouvait pas interdire des trucs qui sont pas sympas avec les droits de l’être humain et là c’est un droit à se cacher qu’on a alors il faut qu’on se déc... » Il s’interrompt pour reprendre son souffle avant de manquer de tomber dans les pommes. Un chantier, des sirènes qu’il jurerait entendre à l’autre bout du continent (oui oui, c’est possible, faut juste bien doser le mélange rhum/absinthe pour y arriver), un besoin d’échapper à son sort, c’est un peu le principe de la soirée, mais surtout l’excuse facile pour se justifier hein ?

Ah, oui, je m’suis interrompu, plus haut. Le souci si je suis bourré autant que Kieran, c’est que j’ai pas de bouche. Mais surtout, j’suis pas en mesure d’essayer de le contrôler, l’gamin. En roue libre, ouais. Et j’suis même pas désolé (ici vous imaginez la tête de Joey quand il manque le gâteau au chocolat de sa conquête après lui avoir promis qu’il y toucherait pas). Ouais. Même pas désolé.

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Vous êtes insupportables, carrément insolents. Des gamins bruyants que le barmaid se fait un plaisir de foutre à la porte. Ca t’apprendra ça, Oxton. Tu le sais comment t’es quand t’as trop bu. Un rien provoque ton hilarité et autant dire que tes éclats de rire sont pas des plus discrets. Plusieurs fois, t’as commencé à parler à des gars plus baraqués que toi, les bousculant un peu parce que tu t’esclaffes de ta propre blague. Tu les confonds un peu, chaque fois tu penses avoir à faire à Kieran. Chaque fois tu te trompes, tu t’excuses et éclate de rire parce que c’est putain de drôle quand même. Alors le gérant vous vire, allant même jusqu’à vouloir confisquer les clés de ta voiture. Tu lui postillonnes presque à la tronche alors que tu clames les avoir perdues. T’es tellement éclatée que t’as carrément oublié le plus important. T’as pas de permis, donc pas de caisse. « Ziva, fais pas ton gaitupor, dresse pas un mur entre nous, y’a mon keussa là-dedans, j’en ai besoin espèce de teubi. » c’est Kieran qui gueule et t’as rien pigé. Ton regard se teinte de doute et d’incrédulité tandis que le sens des mots n’atteint jamais ton cerveau. Tu réprimes un hocquet disgracieux et tu lèves l’index vers Pedro le barmaid (ou quel que soit son nom.) « O-ouais, tout pareil ! » faut virer cette brique que t’as sur la langue Jess. Articuler quand tu causes c’est plutôt pas mal il paraît.

Pffft. Qu’importe, vous avez mieux à faire que de perdre du temps avec Pedro le rabat-joie. Les gens pas drôles comme ça putain. Tu leur foutrais des paires de claques (avant de te faire rétamer parce que t’as aucune cohérence dans tes mouvements, c’est assez triste à voir…) Alors vous voilà, Kieran et Jessalyn, ivres comme des russes, à ramasser tout ce qui traine au sol. Toi t’as un bouclier trop stylé et tu t’imagines déjà mille scénario de films avec. Captain America avec son étoile bleue là, il fait pas le poids face à toi. Kieran lance des trucs, t’as même oublié que c’est toi qui lui a demandé. Tu glousses quand il arrive pas à jeter un objet et il s’en offusque. « Mais c’toi là, tu restes immobile, bouge. » tu secoues la tête de gauche à droite, un peu trop fort. Ca tourne un peu ces histoires. « C’pas m-moi ! hocquet. L’sol y m’fait bouger ! » quel enfoiré ce sol… Il vous aide pas.

L’alarme. Ca t’éclate les tympans. Tu peux pas les enlever ?

« J’crois on va se faire rotca. » il t’attrape par la main et vous courrez. C’est un miracle que vous arriviez à faire plus de dix mètres comme ça, dans la mesure où vous vous rentrez dedans et que vos pieds ne sont nullement coordonnés. Ca relève du miracle divin là, clairement. L’alarme stridente de la voiture se fait plus lointaine, et putain tu sais pas comment vous êtes allé aussi vite. « JESS ON FAIT QUOI, ON FAIT QUOI, MOI J’SAIS PAS LES CHOSES QU’IL FAUT FAIRE QUAND Y’A DES TRUCS COMME CA POUR ÉVITER LES TRUCS QUI VOUS NOUS ATTIRER DES CHOSES. » il vient de gueuler à quelques centimètres de toi et tu clignes des yeux en mettant une main sur une oreille, comme si ça pouvait atténuer le bruit. Tu grimaces en le fixant d’un regard vitreux. « FAUT QU’ON S’CACHE OU Y POURRONT PAS N’TROUVER ! » effectivement, gueuler comme ça va sûrement vous aider. Tu scannes les environs à la recherche d’un endroit correct. La benne là ? Nan, mauvaise idée. « REGARDE LA-BAS. » tu tournes brusquement la tête, un peu trop vite d’ailleurs, et tu tangues le temps de reprendre ton équilibre, tu manques de lui rentrer dedans quand il passe à côté de toi. « ‘’Chantier interdit à toute personne non-autorisée’’. Mais c’est quoi l’autorisation dans une vie- [...] -humain et là c’est un droit à se cacher qu’on a alors il faut qu’on se déc... » ton cerveau a déconnecté complètement. Tu lui as attrapé le bras et tu l’as entraîné sur ledit chantier pendant qu’il faisait du bruit avec sa bouche. Tu jurerais qu’il a dit des phrases, mais t’as juste rien compris. Tu vois un autre panneau avec marqué dessus “Port du casque obligatoire” Ah merde, t’as pas de casque. Tu crois encore tenir le bras de Kieran, mais t’es pas sûre. Tu t’arrêtes devant un préfabriqué et tu colles ta face contre la fenêtre. Là ! Des casques ! T’essayes d’ouvrir, mais c’est fermé. « Mais c’marqué obligatoire comment on fait s’on peut pas l’prendre ? » tu râles et tu t’énerves sur la poignée. Qui est le con qui ferme les portes à clé sérieux ? C’est quoi cette lumière rouge et bleue sur la surface du préfab ? « HA ! » tu t’exclames. Denis Brogniart serait si fier de toi. En plus tu sais construire une cabane, si c’est pas beau tout ça. Mais bref. « Cache toi ! » que tu siffles à Kieran en essayant de grimper sur une caisse pour atteindre le toit du préfabriqué. Tu vas tellement te casser la gueule vu ton état. Sans parler que c’est pire que la benne cette cachette que tu vises là.

J’ai pas l’habitude d’être torché et Kieran non plus, j’crois que ça se ressent dans notre compartiment. Comportement. Aucun de nous ne fait son travail ; je tiens pas debout et lui ne réfléchit pas correctement. Ah non. C’est vrai, c’est l’inverse. Mais donc, je réfléchis pas et il tient pas debout, voilà, c’est ça. Et c’est peut-être surprenant qu’on en soit là, lui et moi, mais ne dit-on pas que l’alcool resserre les liens ? Voilà, on va dire que c’est un moyen pour nous de solidifier ce qu’on a ensemble, Kieran, comme si le fait que je vive en toi ce soit pas assez solide ahah.

C’est un peu tendancieux, non ? Ouais. Bon, tant pis, je suis bien dans lui, enfin l’hospitalité est pas toujours au top, donc je mets un 9/10, mais je recommande quand même. C’est parfois vide, donc c’est reposant, après c’est sûr que c’est pas toujours évident de supporter Kieran, mais il suffit de le coller devant une bande-dessinée pour qu’il s’occupe, il est pire que les enfants de 5 ans.

M’enfin, c’est pas le sujet. On peut remercier l’ectoplasme à roulettes pour nous avoir permis de passer ce moment entre bro (et on remercie pas le loup-garou à la graisse de renoncule aka Pedro le barman pour refuser de leur servir des verres, alors qu’ils en ont bien besoin, hein). Enfin, Jessaine et lui, mais aussi lui et moi. Ouah, ça fait beaucoup de gens qui ont besoin de boire, j’en perds le compte.

D’ailleurs, pourquoi il avait besoin de boire, Kieran, à la base ? Ça faisait cinq ans qu’il avait réduit sa consommation d’alcool, j’étais plutôt fier de ce traîne-potence, parce que je suis pas archi fan de l’effet que me fait l’alcool, mais bon, maintenant je me dis que c’est con parce que c’est vachement cool. Comment ça, je m’éloigne du sujet ? Ouais, pardon, chers lecteurs, bande de bulldozer à réaction, pas foutus de me laisser introspecter sur le sens de ma (non-)vie plus de deux secondes.

Résumé en phrase, c’est juste que Kieran devait se marier aujourd’hui.

Avec Méduse, ce jus de poubelle, celle-là même, oui m’sieurs, dames. Alors bon, il a passé la journée à pleurer rouler en boule dans son lit (nan, j’exagère pas), moi je l’ai passé à faire la danse de la joie dans mon coin d’esprit qui m’est alloué. La sorcière est morte, vive la sorcière. Bon, Kieran il est pas dans le même délire, lui c’est plutôt « ma vie est foutue je vais me suicider avec le double de la dose limite de cannelle que l’être humain peut ingérer », mais, je juge pas (si). Ce qu’il faut retenir, c’est que je suis content que Jezabel lui ait changé les idées pour un soir, parce que je pense pas que j’aurais été aussi efficace.

« Cherche pas d’excuses, espèce de mitrailleur à bavette. » Il râle alors qu’il essaie toujours de viser Jessamine, parce qu’il est évident qu’elle bouge trop et que c’est pour ça qu’il n’arrive pas à la viser. Oui, oui, il le sait parce que dans une autre vie il était champion d’athlétisme et le lancer de poids n’avait pas de secret pour lui, je vous assure. Bon... ça continue de tanguer et peut-être que le sol, ce concentré de moules à gaufres, est effectivement fautif.

Autant que cette alarme, cette espèce de chouette mal empaillée, qui vient leur éclater les tympans. Et c’est la panique, parce qu’il ne sait pas ce qu’il doit faire, Kieran. ET OUI JE SAIS QUE C’EST NORMALEMENT À MOI DE L’AIDER MAIS JE SAIS PAS NON PLUS QUOI FAIRE. EXPLIQUEZ-MOI POURQUOI JE HURLE ALORS QUE PERSONNE M’ENTEND ? Kiki est plus réactif que moi vu qu’il s’empare de la main de la jeune femme et qu’il la tire avec lui comme si elle était une vulgaire branche qui l’empêche de poursuivre son chemin. Sans délicatesse, donc, hein, c’est ce qu’il faut comprendre. L’idée elle est bonne que sur le papier, parce qu’ils se rentrent dedans et il est un peu con, Kieran, parce qu’il a peut-être pas mal, mais moi je vous assure que ça fait pas du bien et que j’ai l’impression d’être une balle de flipper malmenée de tous les côtés entre les deux ivrognes. Ouais, je sais, je le suis aussi, mais moi je compte pas, j’existe pas vraiment. Comment ? Ça veut dire que je suis pas censé avoir mal ? Ah ouais. Ouais, maintenant que vous le dites, c’est vrai que j’ai pas mal, en fait. Mais je suis sûr que Kieran a mal, lui, ce macchabée d’eau de vaisselle, alors ça compte quand même. « MAIS COMMENT QU’ON FAIT PARCE QU’UNE BONNE CACHETTE ON PEUT PAS LA TROUVER NOUS NON PLUS. » C’est logique, pardi ! Comment ils peuvent trouver la cachette adéquate, alors que celle-ci est supposée être si parfaite qu’à première vue ils ne devraient pas la trouver ? Vous voyez le truc ? Et là, Kieran a un éclair de génie auquel je ne suis pas habitué venant de cet astronaute d’eau douce, alors qu’il voit un chantier. Il babille et comme souvent y’a pas de bouton stop sur l’imbécile, alors j’écoute plus depuis longtemps (et je crois que Jessica non plus).

« JE SAIS PAS JESS JE SAIS PAS. » Il hurle toujours, parce qu’il est paniqué, COMMENT QU’ILS FONT ??? Comment sont-ils supposés respecter les règles s’il n’y a pas d’accès aux casques ? Il comprend pas et moi non plus ! C’est quoi ce bordel, expliquez-moi ?! « Peut-être que si on tape dessus... » Bonne idée ! C’est normal, c’est moi qui la lui est soumise. Et il tape, Kieran, avec une pierre ramassée avec difficultés (à comprendre, en essayant pendant deux minutes de l’attraper dans le vide avant de réussir à s’en saisir) sur la serrure, mais ça fonctionne pas, ça fait juste plus de bruit et c’est con, parce que forcément ça va attirer du monde. Mauvaise idée ! C’est la sienne, hein. « OUI. » Qu’il rétorque à Jessian, motivé à se cacher.

Bon, il a pas tout à fait compris que « cache toi » n’est pas la même chose que « bouge pas » vu que justement, sa contribution consiste à rester immobile et à ne plus bouger, ni même respirer jusqu’à ce qu’il reprenne son souffle dans une grande inspiration. Ouaiiiis, mais au moins, il est introuvable, là, non ? Et il entend Jess qui se casse la gueule à côté de lui, alors il s’empresse de bouger pour l’aider. « Attends je t’aide ! » Qu’il verbalise d’ailleurs, des fois qu’elle se demanderait quand même ce que c’est ces deux mains posées sur ses fesses depuis deux minutes et qui essaie de la soulever. Merci pour l’information, Kieran. Il a plus l’impression d’aider un Cyrano à quatre pattes qu’une jeune femme souple et gracieuse, mais soit, ses fesses (et Jess, il suppose) ont réussi à atteindre le toit du préfabriqué. Dans d’autres circonstances, il serait probablement mort de honte d’avoir dû la toucher à cet endroit, mais là, il s’en rend pas du tout compte et Dieu merci, parce que je vous le dis, je le connais assez pour savoir qu’il nous aurait fait une crise cardiaque le gamin, et que Jess aurait dû traîner son corps sur des dizaines de kilomètres. Ou alors elle l’aurait laissé à son sort, au milieu de la rue, afin qu’il soit bouffé par des porcs épics mal embouché. Y’en a en Australie ? Y’a autre chose que des bêtes qui essaient de vous tuer en Australie, en fait ? « ATTENDS-MOI JESS. » Il hurle alors que la jeune femme n’a pas bougé, tendant ses mains dans le vide et les agitant comme s’il applaudissait pour des sourds. Ah oui, attraper le bord du préfabriqué ce serait bien, oui. Il essaie de sauter pour l’atteindre, mais c’est peine perdue et il tombe lourdement sur le dos, de toute sa grâce et de son plus beau « woooAAAAAAAHHHH » au moment de l’impact. Les alarmes deviennent de plus en plus fortes et il comprend pas trop, Kieran, parce qu’il n’a pas augmenté le volume sonore sur son téléphone pour entendre aussi bien. « Tends tes bras, Jess !! » Qu’il demande en agitant les siens, avant de soupirer. « MAIS TENDS LES PLUS. » Pourquoi est-ce qu’ils sont pas extensibles, hein ? Elle pourrait faire un effort quand même. « Ok je me cache ! » Qu’il répond alors avec deux trains de retard, tournant en rond sur lui-même pendant deux minutes en cherchant dans quelle direction aller. Et il voit la benne, dans laquelle il essaie de sauter sans grand succès, si elle voulait bien arrêter de bouger, aussi. Il s’y accroche, comme une moule à son rocher, mais il arrive pas à se donner l’impulsion nécessaire pour se faire basculer au milieu des ordures et quand il essaie, il glisse lentement le long de la benne avant de s’écrouler au sol. Alors il se glisse sous celle-ci, avec difficulté, la tête qui dépasse légèrement pour surveiller les ennemis aux alentours. Une minute, deux, peut-être dix et finalement la grande question :

« On se cache de qui en fait ? »

down to the bottom.  ft. @kieran halstead  
 

C’est compliqué de marcher droit, vraiment compliqué. Tout tourne et tu chancelles un peu. Courir c’est vraiment vraiment une idée de merde. A chaque pas, t’as l’impression que le sol va se dérober sous tes pieds et que ta face va aller rencontrer le bitume. T’auras sûrement un peu de mal à te rappeler pourquoi t’as la gueule aussi en vrac et des bosses un peu partout. Tu détestes vraiment cette sensation. C’est à se demander pourquoi tu persistes à continuer de boire encore et encore, tout ça pour te retourner la tête et regretter tous tes choix de vie une fois l’effet euphorisant passé. Halstead et toi, vous courrez sans destination, dans l’unique but d’échapper à des poursuivants que vous avez sûrement imaginé. Si ça se trouve, c’est un chien errant qui vous court après avec l’espoir de trouver un peu de réconfort (ou pour vous bouffer les mollets parce que ça fait des semaines qu’il a rien avalé ?). Ou alors, c’est un chien envoyé par les services secrets et qu’il cherche à vous interpeller parce que vous avez assisté malgré vous à quelque chose qui hantera à jamais votre subconscient. D’ailleurs c’est sûrement lui qui a appelé la police, certainement pas le vacarme que t’as causé quelques minutes plus tôt en lançant des trucs au sol ou sur ton bouclier de fortune. Ou l’alarme.

Votre seule solution c’est de trouver une cachette digne de ce nom. Un endroit où vous allez pouvoir vous faire oublier et réfléchir sérieusement sur tous vos choix de vie. Mais d’abord, il faut échapper au gouvernement. Tu sais vraiment pas pourquoi ils en ont après vous, tu vois vraiment aucune raison qui fait que vous vous retrouviez traqués comme des animaux en fuite. Il faudra sûrement aller chercher des réponses sur le darknet ou un truc du genre. Faire appel à un hacker pour effacer vos tronches des dossiers de personnes recherchées mortes ou vives. Mais plus tard, pour l’heure, faut vraiment vous planquer. Et vite. La seule cachette potable que tu vois, c’est au dessus du préfabriqué. Du coup t’essayes, tu sautes sur place, bras tendus vers le haut. Et très étonnement, ta petite taille ne te permet pas d’atteindre le haut de l’endroit. (Qui ça étonne ?) Mais tu lâches pas l’affaire, c’est ta seule chance d’échapper à tes poursuivants. « Attends je t’aide ! » c’est ton acolyte qui vole à ta rescousse et d’un coup, tu te sens grandir. Tes prières ont fini par payer, t’as l’impression de te sentir pousser des ailes d’un coup. Et avec bien des difficultés (et surtout une chance insolente et un coup de main de la part de Kieran), tu réussis à te hisser dessus. Tu prends un instant pour reprendre ton souffle et tu fixes les étoiles, allongée un peu trop proche du vide. Si t’as le malheur de rouler un peu sur le côté, tu tombes. Bim. Et tu meurs sûrement. Et le gouvernement aura gagné. Et vous aurez fait tout ça pour rien. « ATTENDS-MOI JESS. » Oh, c’est vrai, faut que tu l’aide aussi, sinon il va se faire dévorer par les araignées géantes envoyées par le gouvernement ! Il te faut un certain nombre d’efforts pour t’allonger sur ton ventre et te mettre dans une position ou tu risqueras pas de tomber. T’entends Kieran gueuler et tu lâches un très dramatique « NooOoOooon ! »  alors qu’il tombe lourdement sur le sol. A ce rythme, il va se faire attraper et vous allez avoir des problèmes. Tu tends tes petits bras vers lui pour essayer de l’aider, mais c’est à peine si vos doigts s’effleurent. (Le manque de coordination flagrant y est pour beaucoup dans cette histoire.) « Vienzavec moi si tu veux vivre ! » que tu dis en articulant bien peu. T’as l’impression d’avoir bouffé un sachet de farine tant ta bouche est pâteuse. « Tends tes bras, Jess !!  » « C’que je fais ! » C’est dans ces moments que tu te dis qu’avoir des super pouvoir élastiques ça serait pas mal. Même si c’est clairement pas le choix que tu ferais si on te demandait ton avis. « MAIS TENDS LES PLUS.  » qu’il s’insurge. « Ils sont au maxxxx ! » c’est vrai quoi, qui a des bras aussi courts ! Va falloir aller faire une réclamation aux responsables et fissa. Tu peux les sentir se rapprocher, si Kieran se planque pas vite, il va se faire attraper. « Ok je me cache ! » et le voilà parti vers une benne un peu plus loin. Il fait des trucs que tu comprends pas, essayant d’aller dedans pour finalement se retrouver en dessous. La physique fonctionne bizarrement ce soir, y a pas à dire. Toi, t’es toujours sur ton toit, bras ballants pendus dans le vide. Les alarmes, les sirènes, chaque bruit te martèle le crâne et t’as l’impression que tu vas mourir. C’est à cause de la 5G ça, machination et complot de la part des grandes instances. Ils sont dans vos têtes. (Bon, la position dans laquelle t’es avec le sang qui te monte à la tête n’aide sûrement pas non plus.) « On se cache de qui en fait ? » tu clignes des yeux, un peu incertaine de ce que tu dois répondre. Qui est le véritable ennemi, dans tout ça ? « Les arai-ptiliens. Ou l’ASIO. Sûrement l’deux. » c’est forcément un coup des services super secrets de la défense d’Australie. Ils doivent collaborer, c’est sûr. T’as de nouveau un hoquet et c’est le moment que tu choisis pour ramener tes bras et t’allonger face contre le préfabriqué. Il est frais, ça fait du bien.

Tu couines un peu lorsque tu vois le faisceau d’une lampe torche parcourir le bas de ta cachette. Tu retiens ton souffles lorsque t’entends des voix qui se rapprochent. Tu viens plaquer ta main contre ta bouche pour couvrir les éventuels sons qui pourraient en sortir. Impossible qu’ils te voient ici. Ton regard est fixé sur la poubelle de Kieran et tu sais pas si lui aussi les a vu. Du coup tu lui fais signe pour lui montrer.



Win : C’est un miracle mais les agents de police ne viennent pas tout de suite dans votre direction, quelque chose (un animal ?) a attiré leur attention au loin et ce n’est ni toi ni Kieran. How lucky.
So close : Le mouvement semble avoir attiré l’oeil d’un policier qui s’approche de votre zone. T’as tout juste le temps de rouler sur le dos pour éviter le faisceau de sa lampe torche qui vient éclairer le haut du préfabriqué.
Fail : T’es carrément repérée, alors que t’avais le bras levé, tu te prends la lumière de la lampe torche dans la tronche. Tu te figes en regardant le policier qui te fixe durement. « J’en ai un ! » qu’il gueule à son collègue qui s’empresse de rappliquer.

Si vous voulez mon avis (bon okay, je sais que vous l’avez pas demandé, mais je vous en fais cadeau, n’oubliez pas de me remercier), le concept de se cacher porte bien son nom : c’est complètement con. Le principe d’une cachette, c’est d’être introuvable, alors expliquez-moi comment il serait possible pour Jessamy et Kieran de réussir à trouver celle qui pourrait leur empêcher d’échapper au gouvernement (c’est bien ça, qu’ils fuient, hein ?). Et t’es gentil Kieran, mais ça sert à rien de t’énerver contre moi parce que j’arrive pas à activer un cheat code qui pointerait en flèche lumineuse la cachette idéale – crois-moi que ce serait bien plus aisé si c’était le cas, hein. Remarquez, est-ce que le gouvernement, au lieu de poursuivre deux âmes (presque) innocentes et tout aussi (peu) pures, ne pourrait pas investir leur argent dans de nouvelles technologies de la sorte, des cheat IRL, ce serait absolument fantastique et pour sûr ils seraient enfin appréciés des citoyens. Imaginez un peu le truc : vous vous baladez dans la rue et une flèche lumineuse s’active pour vous informer du chemin à prendre, de la cachette idéale ou, revoyons les ambitions à la baisse, d’une merde de chien à éviter, ce serait pas formidable ? Oui. Comment ça, c’est pas le sujet ? Ouais. Aussi. Pour l’heure, c’est sûr que si nous étions dans un jeu vidéo, celui-ci se caractérisait par ses lag, parce qu’au niveau coordination motrice, on peut clairement pointer du doigt les difficultés des deux ivrognes. Trois ? Voyez, le souci c’est que je sais pas si je compte dans le lot vu que je n’apparais pas physiquement dans le même lot, ah ah, ma vie est formidable.

Pour l’heure, Jessaya et Kieran ont surtout l’air de deux sims incapables d’avancer parce qu’il y a une assiette posée par terre devant eux, à la différence que lorsque le premier s’énerve effectivement contre celui qui est derrière ses faits et gestes (moi, donc, si vous n’avez pas suivi), je peux lui tirer un doigt d’honneur imaginaire en guise de réponse. Pas de bras, pas de chocolat, gamin. Enfin, en l’occurrence, c’est plutôt, pas de sobriété, pas de capacités, alors que ses mains sur les fesses de Jess essaient difficilement de pousser celle-ci en sécurité. Oui, oui, on parle désormais de sécurité parce que les gens qui sont à leurs trousses, c’est sûr qu’ils sont pas leurs amis, vous avez déjà vu des films dans votre vie ? Clairement, ils savent quelque chose qu’ils ne devraient pas savoir et le gouvernement sait qu’ils savent cette chose qu’ils ne sont pas supposés savoir. Dingue. Jessina enfin en sécurité, c’est à son tour de l’être, mais... je crois qu’elle a oublié quelque chose, la gamine, trop occupée à regarder les étoiles (mais on peut pas lui en vouloir, je reconnais que la Croix du Sud est particulièrement en beauté, ce soir). Ce qui est moins beau, c’est la manière dont le dessinateur s’écroule au sol, mais pour sa défense, il n’a jamais bien été gracieux. Et puis, Jessie n’est pas d’une grande aide avec ses bras d’enfant qui n’a jamais grandi, qu’est-ce qu’il est supposé faire avec ça ? La scène est d’ailleurs ridicule, lui qui agitent ses grands doigts pour attraper les miniatures de Jesaias, c’est peine perdue, même lorsqu’il râle pour qu’elle fasse d’efforts. C’est vrai ça, c’est elle qui a des petits bras, c’est à elle de trouver comment régler le problème, il peut pas faire grand-chose pour elle à cet instant. « Mais tends-les au max du max alors !! » Il râle, parce que la notion est importante, ils sont au max, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas au max du max et c’est là toute la différence (comment ça, mauvaise foi ? Connait pas).

Il abdique lorsque les méchants se rapprochent (oui, il ne les connaît, mais pour sûr, ils sont méchants, c’est certain) et la panique s’empare de lui : où est-ce qu’il peut se cacher dans pareille situation ? La benne à ordure lui semble être l’idée idéale, c’est bien ce qu’ils font dans les films, pas vrai ? Bon, l’idée, c’était surtout d’aller à l’intérieur, discrétion garantie (et odeur en prime, bien sûr), mais il a surtout l’air d’un paresseux accroché à son arbre et incapable de bouger lorsqu’il tente de se glisser dans la benne. Try again. C’est bien aussi, dessous, regardez, dans The Walking Dead, c’est bien de se glisser dessous la poubelle qui a sauvé Glenn (bon, pas pour longtemps, soit), donc ça devrait inévitablement l’aider aussi, nan ? J’en suis pas vraiment sûr quand Jessey ose enfin nommer le véritable ennemi. Un regard à droite, un regard à gauche ; il ne faudrait pas que les murs les aient entendus. Mais ils ne bougent pas, ils n’ont pas l’air de réagir alors on peut considérer qu’ils sont safe (pour l’instant...). Normal, ce ne sont pas les ennemis comme je viens de le dire (suivez un peu, sérieusement). Les ennemis, ce sont les... arai-ptiliens. Vous allez me dire, c’est quoi ? Je vais vous répondre, j’en sais rien. Mais j’imagine qu’il s’agit d’une nouvelle catégorie d’ennemis et on peut imaginer qu’il s’agit d’un ennemi encore pire que Thanos, le Joker, Negan, Lex Luthor et Magneto réunis. Il ne s’agit pas d’araignées. Il ne s’agit pas de reptiliens. Il s’agit des ARAIPTILIENS. En d’autres termes, la descendance de Mark Zuckerberg. Ouaaaaais, les gars, là vous visualisez mieux la merde dans laquelle ils se sont foutus, pas vrai ? « On est mal, Jess, on est très très mal. » Oui, car pour en revenir à cette histoire de cachette, comment voulez-vous qu’il se sente en sécurité alors qu’il est PAR TERRE. C’est-à-dire le terrain de jeu des araignées et des reptiles. Encore, ça aurait été des arai-aves, là, il se serait dit, chouette, des araignées qui volent, je suis sauvé. Bah mon petit gars, sauvé, tu ne l’es pas du tout, hein. Et il est presque déjà en larmes à l’idée de s’imaginer attaqué par des serpents à huit pattes et l’image est vraiment pas belle du tout (CHASSE LA DE NOTRE ESPRIT, KIERAN JE T’EN SUPPLIE).

La suite est digne des plus grands thrillers, alors que l’ennemi se rapproche, que le silence devient roi et que leur respiration est inexistante. Dans l’idée, dans la réalité, l’ennemi est bien moins impressionnant, le silence est tout relatif et la respiration de Kieran n’a jamais été aussi saccadée. Il s’avance légèrement pour apercevoir la scène et lorsque le faisceau lumineux éclaire la cachette de Jess ; c’est comme si c’était la sienne qui est découverte alors qu’il essaie de reculer et se cogne lamentablement la tête contre la benne à ordure, faisant résonner celle-ci. Aussi vide que ton cerveau, tiens.

Win : Il faut faire diversion et vite, Kieran se saisit d’une pierre à côté de lui et l’envoie à l’autre bout de la rue, le bruit attire l’attention du policier qui fait demi-tour.
So Close : Ah... le bout de rue, c’est pas de ce côté, il envoie la pierre en bas de la cachette de Jess et elle est à nouveau en danger (tu vois la petite musique quand Slender Man se rapproche ? Bah c’est pareil).
Fail : Coordination motrice au top, il envoie la pierre dans ses dents. En plus d’avoir mal à la tête. Et en plus d’être repéré et sorti de sa cachette. Best night ever.

@Jessalyn Oxton

down to the bottom.  ft. @kieran halstead  
 

C’est sûrement un nouveau record cette soirée. Tant au niveau des boissons ingurgitées que des exploits accomplis en cette belle soirée. Dans ton for intérieur, tu sais déjà que le lendemain va être particulièrement compliqué. D’ailleurs le verras-tu seulement, ce fameux lendemain ? Rien n’est moins sûr. Surtout pas après que les services secrets vous aient réduits au silence à tout jamais ! Mais Kieran et toi, vous êtes bien plus malins et agiles qu’eux. Grimper en hauteur pour vous planquer n’est pas si difficile que ça (tu trompes personne, c’était un véritable enfer, t’es à peu près sûre que tu vas plus pouvoir rien faire après ça.) T’essaies d’aider Kieran à venir avec toi, vraiment, tu donnes tout ce que t’as. Tu déploies tes bras comme jamais, t’es même sûre d’avoir pris quelques centimètres dans la tentative, ça sera toujours ça de gagné, hein ? « Mais tends-les au max du max alors !! » c’est peine perdue, il est foutu et vous le savez tous les deux. « Maaaaaaais ils sont pas extensibles ! » tu siffles en essayant tout de même. Avec un peu de chance, ils s’agrandiront juste assez pour qu’il puisse les attraper et que vous soyez tous les deux sauvés. C’est à peine si vos doigts se frôlent. A moins que ça ne soit l’air que vous brassez dans vos amples mouvements inutiles.

C’est foutu. Terminé.

Vous essayez au mieux de jauger la situation, rien à faire. Ca marchera pas comme ça. Il essaie d’aller se planquer plus loin, du côté d’la poubelle. C’est pas l’endroit que toi t’aurais choisi, mais faute de mieux, c’est probablement préférable plutôt que de rester à découvert là où les hommes en noir pourront le trouver et l’emmener. Tu tentes de le prévenir, tu sais pas s’il t’a entendue. Tu sais à peu près où il est mais c’est pas pour autant que t’as un visuel direct sur lui. Putain. Vous venez de commettre la pire erreur de débutant au monde et vous vous en êtes même pas rendus compte. Enfin si, mais trop tard du coup. Dans votre malheur, vous avez tout de même la chance que ça ne soit pas un serial killer qui vous poursuive. Sinon là, vous étiez mal barrés et le tueur se serait chargé de vous chacun votre tour. D’ailleurs t’es à peu près sûre que si quelqu’un doit survivre à cette situation, c’est Kieran. Parce que c’est un homme, parce qu’il est blanc. Et toi t’es la meuf un peu marginale et tu sais d’avance que ton personnage meurt dans ce genre de film. Par acquis de conscience, tu jettes un coup d’oeil par dessus ton épaule pour vérifier que Ghost Face est pas derrière toi. Tout va bien. Tu te doutes qu’il s’agit des services secrets, y a pas d’autre explication. « On est mal, Jess, on est très très mal.  » tu l’entends de loin, bien. Au moins est-il toujours vivant. « Non Kieran ! » que tu dis. Toujours allongée sur ton toit, tu lèves un bras, pointant un doigt très solennel vers le ciel étoilé. De là où il se trouve et avec la perspective, t’es même pas sûre qu’il puisse voir quoi que ce soit. « F’pas perdre espoir okay ?! » tu sais pas si tu veux le rassurer lui ou si c’est toi que t’es en train de convaincre. « Si on a plus ça alors on a plus rien ! » c’que tu dis là, ça te donne presque envie de pleurer tellement c’est beau. « Rien du touuuut ! » que t’ajoutes dans un murmure étouffé alors que ta main vient se plaquer contre ta bouche lorsque le faisceau lumineux vient éclairer ton endroit. Putain. T’espères qu’ils t’ont pas vue. Une nouvelle fois, tu tournes la tête, risquant un regard vers le bas. Tu sais qu’ils sont tout proches. Tu sais qu’ils ne vont pas tarder à vous trouver, sauf si vous avez de la chance. T’as entendu un boum et ça a résonné fort. Tu sais pas ce que c’était, mais t’es sûre que ça vient de là où Kieran est caché. L’un des gars s’avance d’ailleurs dans sa direction. Tu comprends pas trop ce qui se passe, mais tu sais qu’il est découvert. « Hé y en a un là ! » gueule l’un des agents. T’écarquilles grand les yeux et tu sais pas quoi faire. Ils vont l’attraper !

Alors que tu les vois encercler ton ami, tu fais ce que toute personne sensée ferait.

Tu te lèves (dans un équilibre très précaire), et tu gueules pour attirer leur attention. « Vous nous attraperez jamaiiiiiis ! » t’as rien à lancer, sinon tu leur aurais balancé un truc pour appuyer ton propos. A la place, y en a un qui t’éclaire avec sa lampe torche et t’as de la lumière en plein dans la tronche. « C’est quoi ce bordel ? » tu lèves tes deux main, majeurs tendus dans leur direction, et tu prends la fuite vers l’arrière du préfabriqué sur lequel t’es perchée. T’es sûre que ta brillante action va laisser à Kieran l’opportunité de fuir. (Parce que les policiers sont forcément des imbéciles qui vont tous se ruer vers toi en le laissant seul, bien sûr.)

T’as pas vraiment prévu le fait que tu vas devoir sauter en bas et que ta motricité te le permettra pas. Tant pis. T’en entends un ou deux gueuler, tu discernes leurs pas hâtifs et tu te retrouves devant le vide. C’est pas le moment de foirer.

Win : Assez étonnamment, tu réussis à ne pas tomber. Tu sais pas comment t’as fait, t’es même la première surprise par cet exploit. Tu titubes un peu quand même, toujours pas stable sur tes appuis, mais tu perds pas plus de temps pour partir en courant vers une autre cachette (seulement vu que tu gueules toujours pour attirer leur attention, ils vont sûrement pas tarder à te retrouver, accompagnés par Kieran en prime. Le traître, il bossait pour eux depuis tout ce temps !)
So close : T’as voulu sauter. T’as vraiment voulu. A la place, t’es suspendue au rebord et tu touches pas le sol. Les policiers sont déjà en bas, lampes braquées sur toi, attendant juste que tu descendes de là. Soudainement, tu lâches et tu te retrouves les fesses à terre. Ils ont plus qu’à venir te ramasser.
Fail : C’est un échec total, t’atterris la face la première sur le sol. En plus d’avoir le souffle coupé, tu peux même plus bouger. C’est qu’une question de secondes avant qu’ils ne viennent te ramasser. Tu les entends déjà rire et se moquer.

Et en fond sonore, My Heart Will Go On de la merveilleuse Céline commence à jouer.

C’est à peu de chose près l’ambiance musicale adaptée à la situation, alors que malgré tous leurs efforts, jamais leurs doigts n’arrivent à s’entrelacer. Ils se rencontrent, se frôlent, mais ce n’est pas suffisant pour que leurs deux âmes soient sauvées : l’un d’eux va inévitablement périr dans cette séparation forcée et la rencontre manquée entre leurs mains fait office d’adieu. Ils savaient dès le début de cette intense soirée qu’il y aurait une fin (probablement parce qu’après la soirée, vient le matin, puis la mi-journée, l’après-midi et enfin la soirée à nouveau, certains appellent cela le cycle de la vie, j’appelle ça une fin).

Finalement, quand on y pense, ça a toujours été une histoire temps. C’est presque philosophique balancé ainsi, mais ne vous méprenez pas, la réflexion s’arrête-là : la question du temps est surtout lié à un timing bien foireux, il n’y a aucune interprétation à la Dark à se faire (Jessika et moi-même – ou devrais-je dire Kieran ? Je ne sais plus, on ne sait plus rien dans ce monde – sommes suffisamment alcoolisés pour que le temps soit relatif. Là-aussi c’est philosophique, non ? Je sais plus ce que je voulais dire, mais je sais que ça un rapport avec le temps, qui pour l’occasion n’est pas de l’argent – ce serait bien, ceci dit, mais j’ai toujours trouvé que cette expression n’avait aucun sens. Non, le temps n’est pas de l’argent, sinon nous serions dans une société à la In Time et je crois que personne ne veut ça ; même si pour l’occasion il aurait été capable de sacrifier des précieuses heures – années ? – de vie pour échapper aux forces de l’ordre. Peut-être même qu’à deux, ils auraient obtenu un bon prix, mais ça, ils ne le sauront jamais puisqu’ils sont dans la réalité, une réalité qui n’est pas altérée et c’est bien le souci. Ils sont dans leur continuum, il n’y a pas de voyage dans le temps qui soit possible, ni d’arrangement avec les forces de l’ordre qui sont à leurs trousses – qu’est-ce qu’ils ont fait, d’ailleurs, à part libérer ces panneaux de signalisation condamnés à une vie de solitude et d’enchaînement au sol, ainsi qu’explorer une zone en travaux qui n’a probablement pas vu âme qui vive depuis... la fin de l’après-midi, soit trois heures tout au plus ? On néglige souvent les sentiments de la nature – ou l’urbanisme – autour de nous, mais eh, eux aussi ont besoin d’amour, vous savez. Ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent pas s’exprimer à proprement parlé qu’ils n’ont pas de cœur et... bref, vous m’avez compris, merci d’être venu à mon tedxtalk.

« F’pas perdre espoir okay ?! Si on a plus ça alors on a plus rien ! Rien du touuuut ! » Putain, Jessie, c’est si beau, si profond. Il faut être à la hauteur, Kieran, alors que j’active ses souvenirs à la recherche d’une citation inspirante, d’une scène qui le ferait réagir, type Cercle des Poètes disparus. Allons, Kieran, tu peux le faire. Garde espoir d’un jour meilleur, d’un miracle de dernière minute qui empêcherait la police de vous attraper. L’univers est votre allié, il est à vos côtés et ça ne changera pas tant que vous vous accrocherez à lui ; il ne faut pas cesser de croire parce que ne plus croire c’est le début d’un manque de croyance qui amène à la perte de la croyance et quand on a plus de croyance, on a plus d’espoir. La vérité vaincra et reprendra ses droits face aux reptiliens – un jour, oui. Pas aujourd’hui, ceci dit.

Son alliée manque d’être découverte, acte manqué ou véritable stupidité, peu importe la réponse le résultat est le même et... PUTAIN CA FAIT MAL KIERAN, JE TE RAPPELLE QUE T’ES PAS TOUT SEUL LA-DEDANS. Sa tête a heurté la benne en voulant se cacher et lkhgjkfhkgjh BORDEL CA FAIT MAL qu’on m’achève SVP PUTAIN c’est horrible je souhaite pas LFDFH BORDEL J’AI MAL, J’AI MAL, J’AI MAAAAAAAAAAAAAL. Kieran, je sais que tu veux me faire taire MAIS BON SANG CA FAIT MAL, JE L’AI DIT QUE CA FAISAIT MAL ? BAH CA FAIT MAL. « Hé y en a un là ! » MAIS POURQUOI IL HURLE LUI LA ET POURQUOI MOI AUSSI JE HURLE JE ME FAIS MAL A LA TÊTE TOUT SEUL, JE VOUS AI DIT QUE J’AVAIS MAL ? Bon. Calmons-nous, essayons du moins. Kieran, t’es foutu. C’était un plaisir de te côtoyer, même si t’es quand même un peu chiant sur les bords, mais eh, je t’aime bien quand même et...

Okay, okay, ce coup sur la tête m’a vraiment achevé. Pourquoi je lui fais mes adieux alors qu’au pire, il finit en prison et par conséquent je serai définitivement son meilleur pote ? Au mieux, c’est une petite réprimande et il est libre dans l’heure. Il abdique, ne voulant pas aggraver son cas – il a entendu dire que les prisons des reptiliens n’étaient pas tendres avec les gens aux yeux bleus et il aime beaucoup le concept de voir, Kieran. « Vous nous attraperez jamaiiiiiis ! » Et ta sauveuse intervient, Kieran, alors que son regard se perd sur elle et qu’on peut y voir des millions de paillettes (ou la lente mort de ses neurones suite à cet abus d’alcool, au choix selon si le film de la scène appartient au genre romantique ou drame). « C’est quoi ce bordel ? » « ELLE S’APPELLE JESSALYN. » Jessalyn ! Punaise, c’est ça. Attendez... elle est pas en train de le lâcher, quand même, alors qu’elle court dans la direction opposée ? Après tout ce qu’ils ont vécu (à peu près trois heures de beuverie et trente minutes d’errance en ville), après toutes les choses qu’ils ont traversées (un coup de foudre à sens unique pour une benne et un préfabriqué), après tout ce qu’ils ont surmonté (leur incapacité à coordonner leurs gestes), elle ne va quand même pas fuir devant la bataille ? Alors c’est ça, il est condamné à se faire avaler par les reptiliens sans un dernier regard, sans un dernier regard. Sacrifié à l’aube de sa vie, tel le héros qu’il n’a jamais cru pouvoir être... finalement, la perspective est séduisante et il a un petit sourire sur les lèvres, Kieran, quand il réalise que son jour de gloire est arrivé et... QU’EST-CE QU’ELLE FOUT À LUI VOLER SON MOMENT Y’A PAS DE PLACES POUR DEUX HEROS A CET INSTANT. Surtout si elle meurt, elle est pas sérieuse, c’était à lui d’y rester ! « J’espère que la caméra embarquée a pu filmer tout ça. » SA MORT ? « VOUS DEVRIEZ AVOIR... » honte, mais Jessalyn tousse au même moment, rendant son discours de révolte bien peu crédible quand je l’aide à se reprendre aussitôt : « ... faim, vous devez avoir faim à force de parcourir tous ses kilomètres toute la nuit, comment vous tenez ? » Il questionne, alors que sur le ton de la confidence, il murmure : « J’ai vu un chat au bout de la rue quand vous êtes arrivés, si vous devez reprendre des forces... on aura qu’à dire qu’il était errant. » Un clin d’œil en prime, il est certain qu’avec ce bon plan, il vient de sauver leurs peaux auprès des reptiliens. Pourtant, à l’unanimité, les deux flics se marrent et si l’un deux file vers Jess, l’autre essaie de le faire sortir. « NON, VOUS NE M’AUREZ PAS, JE NE DEVIENDRAI PAS L’UN DES VÔÔÔTR... » La révolte est de mise quand il se fait tirer par les pieds d’un côté de la benne et que ses mains s’accrochent à l’autre... mais c’est sale, c’est glissant et il ne veut même pas savoir si c’est à cause de la pisse, d’une toute autre sécrétion humaine ou simplement le matériau de la poubelle, mais il lâche très vite : « ... ouais, bon, okay, si vous insistez. » Il soupire alors que le flic l’aide à se relever et qu’il manque de s’assommer une seconde fois en perdant l’équilibre, S’IL TE PLAIT KIERAN NE ME FAIS PAS CA. « Allez, en route. »

« TOOOOOOOOOOOOOOOOOOOM. » Ses mains bien accrochées aux barreaux de la cellule, l’alcoolémie redescendue un tout petit peu (vraiment un tout petit petit peu), Kieran affiche un sourire des plus victorieux, alors qu’avec son air stone, il ressemble surtout à un imbécile. Il est plus qu’heureux de voir sa sœur, même si les conditions ne semblent pas adéquates – on ne tarde pas à le comprendre quand on voit le regard de Sawyer et que je lui murmure de rattraper le coup, sans avoir la moindre idée parce que, franchement, qu’il fasse un peu le sale boulot, moi j’ai juste envie de pioncer. « Tom. » Il reprend son sérieux, conscient du savon auquel il ne va pas s’échapper, son front qui vient se coller contre les barreaux. « Tooooom. » Petite moue sur le visage, yeux dignes du chat potté, il fait même l’effort de se laisser légèrement glisser le long des barreaux. Pour l’effet attendrissant, on repassera ; difficile de trouver mignon sa lèvre qui ne glisse pas et dévoile ses gencives, sans parler de ce nez qui remonte si bien qu’il est le parfait sosie de Voldemort.

win : personne ne vomit, bingoooo (mais ce serait pas drôle).
so close : c'est jessalyn qui lâche l'affaire en premier et qui retapisse la cellule.
fail : c'est kieran qui craque le premier, sur les chaussures de sa sœur, c'est un homme mort.

@Jessalyn Oxton, @Sawyer Harding

Sawyer ouvrit paresseusement un œil en entendant une vibration sur sa table de chevet. Encore endormie, elle tendit machinalement sa main vers son portable professionnel pour le porter à son oreille. « Harding ? » A cette heure-ci, elle n’avait pas vraiment la foi de perdre du temps avec de quelconques allô, bonsoir, et une présentation complète de sa personne. Cela faisait bien longtemps que le travail n’avait pas eu à la joindre à une heure aussi tardive. Ou à une heure aussi matinale - à ce stade-là elle ne savait plus trop quel terme employer-. « Quoi ? » Elle était parvenue à s’asseoir dans le lit, se sentant de plus en plus réveillée à chaque seconde qui passait. Travailler au sein de la police avec ses avantages et ses inconvénients. Un des inconvénients ? La possibilité de se faire réveiller au beau milieu de la nuit pour une urgence occasionnellement glauque concernant l’un de ses dossiers. Un des avantages ? La possibilité de se faire réveiller au beau milieu de la nuit pour une urgence…familiale. C’était une évidence pour ses collègues et elle : s’ils avaient vent de quoique ce soit concernant un membre de la famille de l’un des leurs, ils avertissaient le principal concerné immédiatement. Et c’était exactement ce qui était en train de se passer à ce moment précis pour Sawyer qui était cette fois-ci aussi énervée et réveillée qu’elle n’était endormie encore quelques secondes auparavant. « J’y crois pas…J’arrive. Merci. » Elle avait sauté du lit, s’était rhabillée en vitesse et avait attrapé ses clés pour se mettre en route direction le commissariat de police. Ses doigts étaient crispés sur le volant alors que sa colère continuait de monter lentement mais sûrement. Elle savait parfaitement ce que cette journée représentait pour Kieran et elle avait fait l’erreur de le considérer suffisamment mature pour ne pas faire n’importe quoi malgré les circonstances. De ce qu’elle avait compris, il n’était pas le seul impliqué dans l’histoire, mais cela n’excusait en rien les bribes de péripéties qu’on venait de lui rapporter et l’état dans lequel il se trouvait vraisemblablement toujours. Sawyer avait hésité à lui proposer de passer la journée avec lui. Mais il n’était plus un enfant…et surtout, il devait savoir qu’elle n’avait jamais porté son ex-fiancée dans son cœur. Avoir sa grande sœur qui désapprouvait cette relation à ses côtés en cette journée ne l’aurait certainement aidé en aucune manière. Mais cela aurait-il vraiment pu être pire que ce qui était finalement en train de se produire ? Elle était trop énervée pour y songer, et trop occupée à imaginer le sérieux savon qu’elle s’apprêtait à passer à son petit frère. Ce genre d’idioties, on y avait encore droit quand on était adolescents. Kieran était censé être un adulte responsable, or il semblait avoir passé sa soirée à vouloir prouver très précisément le contraire.
Arrivée au poste, elle avait claqué la portière de sa voiture sans ménagement et s’était dirigée d’un pas décidé vers l’accueil. Une personne qu’elle avait déjà eu l’occasion de croiser à quelques reprises ne tarda pas à la rejoindre pour lui expliquer plus précisément la situation. L’expression de Sawyer se faisait de plus en plus dépitée à chaque seconde. Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle entendait. « C’est le moment où je précise que c’est pas mon frère biologique ? Je suis vraiment super désolée pour lui. Pour eux… » Elle en était à s’excuser à la place de son frère et d’une parfaite inconnue au beau milieu de la nuit.
On l’amena finalement à la pièce dans laquelle se trouvaient les deux acolytes, tous deux ayant l’air résolument finauds derrière les barreaux de la cellule. Elle aurait pensé qu’à ce stade-là ils auraient au moins cessé de faire les malins mais Kieran semblait déterminé à lui prouver le contraire à l’aide d’un tonitruant :  « TOOOOOOOOOOOOOOOOOOOM. » Son visage resta impassible pendant un temps, ne daignant pas montrer la moindre note de compassion. Puis ses sourcils finirent par se froncer, son regard se fit assassin et ses traits reflétèrent soudain une sévérité qui présageait du pire. Elle s’approcha de la cellule alors que Kieran continuait de se donner en spectacle en se collant aux barreaux et en n’arrangeant pas franchement son cas. Elle s’attendait à beaucoup de choses, mais pas à ce qu’ils régurgitent les excès de leur soirée sur ses chaussures. Sawyer fit un pas en arrière, trop tard. Ses lèvres se pincèrent alors qu’elle menaçait d’exploser. Si les personnes présentes se demandaient à quoi pouvait ressembler une bombe à retardement, ils en avaient présentement une devant les yeux. Elle jeta un nouveau regard meurtrier à l’intention de son frère, et observa la jeune femme qui l’accompagnait et qui ne semblait pas dans un meilleur état que lui. Puis elle fit demi-tour, sans un mot. Elle revient à peine quelques minutes plus tard, armée d’un rouleau d’essuie-tout. Elle fit signe au policier de lui ouvrir la cellule pour qu’elle puisse y entrer, ce qu’il fit sans un mot, probablement conscient qu’il valait mieux ne pas froisser Sawyer davantage encore. Une fois dans la cellule, elle se posta devant son frère, retira ses chaussures et les attrapa pour les lui coller assez brutalement dans les bras, en même temps que l’essuie-tout. Elle n’avait pas cherché à épargner le T-shirt de son frère qui se retrouva irrémédiablement touché par le vomi au moment de la collision. De toutes façons, ledit T-shirt semblait déjà recouvert d’un certain nombre de substances dont elle préférait ignorer la source. On aurait dit qu’il s’était littéralement roulé par terre.
Toujours aussi sérieuse, Sawyer fixa Kieran avant de lui déclarer d’un ton sec et froid : « Frotte Cendrillon. » Et elle daigna finalement s’intéresser à l’autre personne dans la cellule. Elle l’observa d’un œil inquisiteur avant de se diriger vers elle. Elle savait pertinemment que son frère était suffisamment grand pour faire ses erreurs seuls, mais il ne faisait aucun doute que cette jeune femme avait certainement pesé dans la balance plus que de raison. Aussi Sawyer n’employa pas plus de pincettes qu’avec son frère quand elle lui demanda : « Je peux savoir qui tu es exactement ? » Il n’y avait absolument aucune raison pour que son frère soit le seul à subir ses foudres. Elle allait les répartir très équitablement entre les deux protagonistes de l’histoire, et les faire regretter leur soirée. Elle allait s’assurer que malgré tout l’alcool qu’ils avaient pu boire cette nuit, ils se souviendraient bien le lendemain matin de ce qui était en train de se jouer à ce moment très précis.
Alors qu’elle cherchait encore le meilleur moyen de leur faire regretter leurs excès, son œil fut rapidement attiré par un objet qui se trouvait dans la poche de la blouse du policier posté près de la porte. Elle abandonna la cellule quelques secondes pour s’approcher de lui et demander plus ou moins agréablement : « Il est indélébile ? » Le policier hocha simplement la tête, craignant visiblement le caractère imprévisible de l’inspecteur qui lui faisait face. « Parfait. » Elle s’empara sans ménagement du feutre qui l’intéressait et retourna auprès des accusés dans la cellule. Elle déboucha le capuchon et attrapa le menton de son frère pour immobiliser son visage. Ils avaient voulu vivre une soirée mémorable ensemble ? Elle allait s’assurer qu’on sache bien que ces idiots étaient un fabuleux duo.

ils sont pas prêts   :