« Le fou copie l'artiste, et l'artiste ressemble au fou.»
“Il n’y a que ceux qui échouent qui chutent.” Une phrase qui ne manqua pas de faire glousser l’Adams. La chute est bien souvent péremptoire pour l’ascension. Très rare sont les individus à connaître une vie faite uniquement de succès et il était peu probable que la vie de cet Auden échappe à la règle. L’orgueil humain était si mirifiant et l’étudiant en savait quelque chose. Il se classait particulièrement bien dans la catégorie des faux humbles. La gloire et le rêve, des choses si vaporeuses. Comme si l’histoire n’allait que dans un sens. Curieux personnage qu’est ce Auden, à n’en point douter il était bien plus qu’un simple mirage dans un désert.
“Elles sont bien accueillies parce qu’elles coûtent cher. Ce qui coûte cher les amuse, ils exhibent tout de partout sans se soucier de savoir dans quel sens l’oeuvre est supposée être exposée. Ils ne sont pas mon problème.” L’artiste répond au propos du major de promo. Sa phrase lui fait apparaître un sourire sur son visage. Ils n’avaient pas tort dans le fond et toute la tragédie du créateur se constituait dans le fait qu’une fois l’oeuvre vendue, il n’en était plus le maître. Un personnage comme lui devait forcément connaître quelques incartades avec le moule uniformiste qu’imposait la société et la bien-pensance de certaines figures aisément offensante mais là n’était pas le souci. “Tu dois pas m’emmener faire mon petit discours, à tout hasard ? T’es à chier, en responsable des élèves-je-sais-pas-quoi.” “On va y aller justement. Et je prends le compliment.” Il fallait croire que l’invité de marque appréciait finalement avoir une nounou, lui qui aurait eu le temps de s’échapper trois ou quatre fois durant la petite visite.
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Le duo arrive en retard sans surprise. Chacun prend place là où il doit se trouver. Bien évidemment le Williams fait son show, après tout il était le roi de la scène mais ce n’était plus le souci de Simon. Lui était bien trop heureux de voir l’animal se déchainer dans des propos tantôt intéressants, tantôt ineptes. A n’en point douter c’était un bon orateur, un tribun. Toutefois, le personnage était bien trop clivant pour en tirer quoique ce soit de réellement intéressant. Son discours en faisait un magnifique Janus jouant avec les opposés. Malgré les épines qu’il mettait, cet homme semblait avoir meilleur fond que ce qu’aurait pu croire le rejeton de patricien. Cela était dithyrambique à voir. Cette excentricité était-elle un rempart faisant désormais partie intégrante d’Auden ou était-ce tout autre chose. Il ne s’attarderait pas trop dessus, cela serait perdre du temps sur une question futile. Présentement, le vingtenaire souhaitait ne plus le croiser de si tôt. L’exubérance restait quelque chose qu’il n’appréciait que trop peu et finalement cela restait quelque chose d'inacceptable. Assis au premier rang, comme bien souvent, il se leva lorsque le plébéien eut finit sa larmoyante conclusion.
Simon ne s’attendait certainement pas à recevoir une dernière diatribe de son partenaire de l’après-midi. “Tu vois : libéré de tes obligations. Et j’ai même pas tué qui que ce soit. Belle journée, non ?” “Grandiose même je dirais. J’aimerai dire que l’on ne se reverra jamais, mais le destin apprécie l’ironie. Je te souhaite une bonne fin de journée”.
La journée fut finalement plus divertissante que prévue mais elle n’en restait pas moins amer pour Simon. Tout ce temps perdu pour les révisions il allait bien devoir y rattraper d’une manière ou d’une autre et cela ne serait pas ce soir. La pression de cette rencontre avait été bien présente et lourde à porter. Finalement il pouvait conclure qu’elle était malvenue.
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