Si voir ma photo dans ce magasine a été une sacré épreuve, qu'affronter le regard de mes camarades de scène et de Charles en est un autre, savoir que mon père ne me parle plus reste la pire de toutes. Je le mérite amplement, je sais que j'ai merdé et il a absolument tous les droits du monde de m'en vouloir. Nous avons beau avoir une relation forte lui et moi, il reste quelqu'un de rancunier et a besoin de temps avant d'avoir le courage de pardonner à nouveau. Parfois même, il n'accepte plus les gens revenir dans sa vie pour une simple erreur qu'ils auraient commis. Qu'en est-il donc de moi ? Serait-il capable de ne plus me parler pour le reste de sa vie ?

Mais, alors que j'étais entrain de faire des recherches pour savoir si oui ou non une adoption peut être annulée, je me rends compte que ça fait plus de 48h que j'ignore les messages de Loan. Si déjà j'ai perdu l'amour de mon père, je peux au moins sauver celui de mon copain, non ? J'ai décidé de finalement répondre à son dernier message, l'invitant à une sortie pour le lendemain, ce qu'il accepte sans conditions ! Ce soir là, je me suis donc couché bien plus soulagé et le cœur bien plus léger, me permettant ainsi de passer une bonne nuit, reposante et énergisante. En me réveillant le lendemain je n'ai qu'une seule hâte : retrouver Loan, ses bras et son sourire, si bien que je lui demandé carrément d'avance notre horaire de rendez-vous.

C'est donc ainsi que je le retrouve à 11h devant l'entrée du Lone Pine Koala Center. Lorsque je m'immobilise devant les grilles et que mon regard se pose sur Loan qui arrive dans la foulée, c'est un doux sourire qui s'affiche sur mon visage avant que je fait un pas vers lui, plaquant directement mes lèvres sur les siennes.  « Je suis tellement désolé de ne pas avoir répondu à tes messages» dis-je en me reculant d'un pas  « Je ne t'ignorais pas hein. C'est juste que ...» je pince les lèvres, le regard fuyant  « J'avais l'esprit ailleurs et ...enfin bref» je désigne l'entrée d'un coup de tête  « On y va ?» Sans plus hésiter, Loan attrape ma main -geste que j'accepte avec bonheur- et nous entrons donc à l'intérieur du centre.

 « Mon père me parle plus» que j'annonce sans plus tarder, sachant pertinemment que Loan meurt d'envie de connaître les raisons de mon silence mais qu'il n'ose pas me poser la question directement  « Je lui ai dit des choses ...ignoble et dégueulasse la dernière fois qu'on s'est vu» je prend une profonde inspiration  «J'ai appris la vérité sur la mort de mon frère » Et je lâche deux bombes en une ! La première : le fait que je ne sois pas enfant unique. La deuxième : que ce même frère soit décédé.  «Je lui ai dit que la vérité n'arrive que maintenant, 9 ans après seulement parce que je ne suis 'que' son fils adoptif » Jamais deux sans trois, non ? C'est avec la troisième bombe que je relève un des secrets que je garde le plus enfoui en moi à côté de ma survie au tsunami: que je sois adopté. Après ces dernières paroles, je laisse le silence retomber entre nous, laissant ainsi tout le temps dont Loan a besoin de digérer toutes ces informations que je viens de lui présenter sur un plateau d'argent.

@Loan Severide

Voir la photo de Clément sur la couverture d’un magazine aurait dû être une immense fierté. Voir la photo de Clément en couverture pour une sombre affaire de prise de stupéfiant m’a plutôt fait l’effet d’une énorme claque. Pourtant, je ne me suis pas empressé de le questionner. Je l’ai laissé gérer les choses à son rythme, lui donnant tout l’espace dont il avait besoin. Bien entendu, la nouvelle a fait le tour de la troupe, tout le monde donnait son avis, tout le monde voulait amener sa petite touche à l’histoire. Je me suis mis des œillères, refusant de participer à ce genre de conversation sur le dos de mon copain. Clément, c’est enfermer dans sa bulle et j’ai laissé faire, mais j’ai fini par envoyer un message. Je veux bien qu’il est besoin de temps, mais je m’inquiète et je ne pouvais pas rester silencieux, je me devais de lui faire savoir que j’étais présent pour lui. Je n’ai aucune réponse, même après plusieurs messages. Je ne voulais pas insister, je ne voulais pas être ce petit-ami chiant, mais son silence a commencé à sérieusement m’inquiéter pour être honnête. Jusqu’à hier soir où il a fini par me proposer une sortie que j’ai accepté avant même d’avoir lu entièrement son message. Le rendez-vous était donné, on allait se revoir. Enfin.

Clément est déjà sur place lorsque j’arrive et je m’empresse de le rejoindre. Il a l’air bien et le fait qu’il m’embrasse directement me rassure plus que de raison. Je profite légèrement de son baiser avant que le jeune homme s’excuse profusément. « C’est rien, tu avais besoin de temps. » Et je ne lui en voudrais jamais pour cela. D’ailleurs, je lui souris tendrement avant d’attraper sa main. J’ai décidé, cette journée sera une bonne journée.

Enfin, c’était avant que Clément commence à me balancer bombe après bombe. Il s’est pris la tête avec son père. D’accord, je l’entends. Il m’apprend qu’il a un frère, mais que ce dernier est décédé il y a près de dix ans. D’accord… Et soudainement, comme pour finir en beauté, il m’apprend qu’il a été adopté. C’est beaucoup de nouveauté d’un coup. Tellement que je me retrouve silencieux et que seulement mes doigts se resserrent autour de la main de Clément pour lui signaler que j’ai bien tout entendu. Je ne sais pas sur quoi me concentrer en premier avant de repenser à son père. Je sais que c’est important pour lui. Je comprends la réaction de mon copain, apprendre la vérité des années après, je comprends qu’il est pu vriller. On continue de marcher, mais je ne veux pas faire comme si de rien était, je tire un peu sur son bras pour qu’il s’arrête et que nos regards se croisent. « Tu voudrais lui dire quoi à ton père, maintenant que c’est un peu redescendu. » Peut-être qu’il a besoin de se mettre les idées au clair avant d’envisager une nouvelle rencontre avec son papa pour apaiser les choses. « Dis tout ce que tu gardes, je t’écoute. » Je prendrais tout Clément, la colère, la tristesse, tout. Je sais qu’il n’aime pas parler de lui, mais j’ai la sensation qu’en ce moment, c’est nécessaire qu’il explose. « Si tu veux pas, on continue notre chemin. » Je n’insiste pas. Je lui offre toutes les possibilités.

ça y est j'ai choqué Loan. Je l'ai perdu. Il ne voudra sans doute plus jamais me parler et c'est la fin. Voilà tout ce qui passe par mon esprit irrationnel alors que mon copain met plusieurs secondes avant de reprendre la parole. Ces secondes qui me semblent être des minutes et ces minutes qui me donnent l'impression d'être des heures, pendant lesquelles je commence à me faire de nombreux scénarios tous plus horrible les un que les autres avant que Loan ne finisse par s'arrêter pour m'obliger à me tourner vers lui. Plongeant son regard père maintenant que tout est descendu.

Je baisse le regard et déglutit, alors que mon copain ne me pousse à tout lui dire.  « Que je suis désolé» soufflais-je  « Et que je m'en veux tellement et amèrement» je prend une profonde inspiration  «Mais je sais qu'il ne m'écoutera pas, que je peux lui donner toutes les excuses du monde, il ne pourra pas me pardonner cet affront. Je ... » je me passe une main sur le visage puis me recule et m'adosse contre le muret.

 «J'ai merdé, t'imagine même pas comment  » je croise mes bras  «Ce ...C'était le soir où ont été prise les photos qu'on a trouvé dans tous les magasines people du pays » je pince les lèvres  «C'est mon père qui m'a sorti de là, j'ai passé la pire nuit de ma vie et le lendemain je ...on en a parlé, évidemment. » je dévie le regard, le portant sur la cage dans laquelle se trouve une famille de Koala  « Il m'a dit que mon frère Stephen est décédé suite à une prise trop importante de drogue et » je secoue la tête et soupire  «En fait il est décédé dans un accident de voiture qu'il a causé lui-même et a entraîné deux autres occupants de l'autre voiture avec lui » je déglutis et me gratte le coude gauche  «Et il y avait donc des drogues en jeu, mais j'étais pas au courant. Du coup j'ai osé dire à mon père qu'il ne m'a rien dit juste parce que je n'étais pas son 'vrai' fils » je ferme les yeux et me pince l'arrête du nez en soupirant.  «Quel con, sérieux ... »

Je secoue la tête puis relève mon regard sur Loan  «Il faut savoir aussi que ça ne fait que 3 ans que je sais que j'ai été adopté  » je prend une profonde inspiration  «J'ai apprit ça parce que ma mère biologique est entré en contact avec moi le 25 décembre 2017. Et même si ça ne change rien au fait que j'ai eu une vie merveilleuse et que mes parents adoptifs sont et resteront mes vrais parents, j'ai passé plusieurs semaines pour me remettre de ce choc et je pensais que ça allait tout remettre en question.  » je pose mon regard sur Loan et lui adresse un petit sourire  «Donc voilà tu sais tout sur moi et ... »

Je fronce légèrement les sourcils  «Ah ben écoute tant qu'à en être aux confidences et révélations de secrets, j'ai aussi été en Thaïlande pour Noël 2004  » je laisse l'information remonter au cerveau du jeune danseur  « Oui, exactement à la station balnéaire qui a été touchée et ravagée par le tsunami. Si tu t'es demandé d'où me venait la cicatrice sur la cuisse c'est le résultat d'une rencontre entre ma jambe et une tôle de voiture lorsque la deuxième vague nous a atteint de plein fouet » j'hausse les épaules  «J'ai eu la chance d'avoir ma mère avec moi et on a mit 9 jours à retrouver mon père et mon père. On a tous survécus mais à un prix assez conséquent » je baisse à nouveau le regard  «Ma mère est passée par plusieurs phases de dépression, mon frère s'était les drogues, mon père le travail et moi je me suis réfugié dans la danse et le théâtre qui étaient la meilleure thérapie  » je conclue mes paroles en fermant les yeux et en prenant plusieurs profondes inspiration pour calmer mes palpitations cardiaques.

@Loan Severide

On n’est jamais réellement préparé à avoir ce genre de conversation. Clément voulait me parler du conflit avec son père et voilà qu'il me donne toutes les informations nécessaires pour bien comprendre la relation entre le père et le fils. Il me donne bien plus encore. Des informations que je prends le temps de digérer avant de dire quelque chose. Je veux bien faire, je veux montrer à Clément que je m'intéresse réellement à lui. Alors je lui donne le choix, parler afin de réellement vider son sac ou prétendre que rien de tout cela n'était arrivé et remettre la conversation à plus tard.

Il choisit de parler Clément et je comprends qu'il en avait réellement besoin. Alors on se met dans un coin, on oublie que l'endroit n'est pas propice à ce genre de révélations. Je me concentre exclusivement sur les paroles du jeune homme et mes doigts viennent automatiquement se lier aux siens lorsqu'il dit s'en vouloir d'avoir eu cette dispute avec son papa. Il explique alors, la situation, ce qu'il a appris sur la véritable raison de l'accident qui a coûté la vie à son frère aîné et les mots qui ont dépassé sa pensée. Une nouvelle fois, je resserre mon étreinte autour de sa main. Juste pour lui dire que je suis là, que je l'écoute attentivement. Il m’apprend alors connaître la vérité sur son adoption que depuis quelques années seulement. « Tu as dit ça sous le coup de l'émotion, je suis persuadé que ton père sait que tu ne pensais pas tout ça... » Je n'ai jamais vu Clément en compagnie de son père, je ne connais que ce que Clément a bien voulu me raconter, mais un père sait ce genre de chose non ? Il a probablement compris que son fils a agi sous le coup de la colère et du poids de la révélation. J'ose l'espérer en tout cas...

Mais il ne s'arrête pas là mon petit ami. Il souhaite me faire une dernière révélation à son sujet. Et ces quelques mots me laissent sans voix. Thaïlande. Noël 2004. Le tsunami. Merde... Ils ont vécu une épreuve qui me paraît inimaginable et pourtant Clément raconte tout cela avec une aisance déconcertante. Il a survécu à une telle épreuve à seulement dix ans. Il conclut et il devient fébrile face à moi. Tout en douceur, je viens poser mes deux mains sur ses joues. Mon regard se plonge dans le sien alors que je viens effleurer ses lèvres avec les miennes. Juste ça. Avant de le prendre dans mes bras et de le serrer longuement. Mon souffle glisse sur sa nuque et non loin de son oreille. « Je t'aime. » Et ça on ne se l'était encore jamais réellement dit tous les deux, mais c'est bel et bien ce que je ressens après tout ce qu'il vient de me dire. « Et je suis fier de toi. » Ça aussi, c'est important.

Un nouveau baiser léger sur sa joue et je me recule pour que nos regards se croisent à nouveau. « Laisse un peu de temps à ton père, mais dis-lui tout ce que tu viens de me dire. Il est pas trop tard, je suis sûr qu'il comprendra. » Je lui souris tendrement et reste proche de lui, le sentant encore bien faible. « Comment tu te sens ? »

Je savais bien qu'un jour ou l'autre je devrais parler de tout cela à Loan. C'est une étape à franchir si je souhaite que notre couple continue d'exister sur la durée. Ce n'est pas agréable, c'est une discussion de laquelle je me passerais bien, mais je sais aussi parfaitement que notre relation ne peut pas évoluer s'il y a ce genre de secret entre nous.

Alors je parle, lui révèle tous mes secrets. Je lui explique que j'ai été adopté ainsi que les circonstances du décès de mon frère et je vais même plus loin en lui parlant du tsunami qui a marqué le premier grand tournant dans notre vie. A la fin de mon récit, je me sens fébrile, le cœur battant bien plus fort qu'avant. Loan ne parle pas, il reste silencieux pendant ce qui me semble être des longues heures. Je ne peux pas l'en blâmer, il doit sans doute digérer toutes les informations que je viens de lui fournir.

Ce n'est qu'au bout de longues secondes, que mon copain reprend la parole. Et ce qu'il dit balaye tous les poids possible de mes épaules, rendant mon cœur plus léger. C'est un doux sourire, soulagé et heureux, qui s'affiche sur mes lèvres alors que le jeune danseur vient me prendre dans ses bras, rajoutant à un « je suis fier de toi » à son précédant « je t'aime ».

La tête enfouie dans le creux de sa nuque, mes mains viennent se refermer derrière son dos et je le sers contre moi. Doucement et amoureusement.  «Moi aussi » dis-je en me relevant légèrement mon visage  «Moi aussi je t'aime » je me redresse, plonge mon regard dans celui de mon copain puis, posant ma main sur sa joue, je décide de sceller nos lèvres en un doux baiser, emplie d'amour et de sincérité.

Après plusieurs secondes de bonheur, Loan fini par se reculer et, sans lâcher ma main, m'explique que je devrais dire à mon père tout ce que je lui ai dis là, qu'il n'est pas trop tard et qu'Allan me comprendra.  «J'espère » soufflais-je en hochant légèrement la tête avant d'hausser les épaules lorsqu'il me demande comment je vais  «Je sais pas » avouais-je  « Heureux parce que t'es là, angoissé par ce que je t'ai dit, triste à cause de mon père, effrayé par mon avenir dans la northlight, motivé pour monter notre projet» je dévie le regard  «Et en même temps je suis en total 'aaaw' devant tous ces petits koala » mon sourire revient doucement sur mes lèvres  « Mais ça va aller hein, j'ai juste besoin d'un peu de temps» Ce disant, je retourne le prendre dans mes bras, bien décide profiter encore cette proximité pendant quelques minutes, le temps que ma tempête émotionnelle ne passe.

@Loan Severide

Jamais je ne l’avais autant serré dans mes bras. Jamais je n’avais été aussi spontané et sincère quand notre relation semble encore si récente, mais ses aveux forcent à l’admiration, ne font que confirmer tout ce que je savais déjà ressentir pour lui. Là, au milieu de ce zoo, un peu éloigné de la foule, je tente de le rassurer. En rien, ce qu’il vient de me dire va me faire fuir, bien au contraire. Après tout ce qu’il a traversé, je ne peux qu’être fier de lui. Et quand il vient murmurer à mon oreille, ce sont quelques petits mots qui ont toute leur importance, je me sens frissonner de la tête aux pieds. On avait besoin de cela tous les deux. Juste se dire les choses un peu. Je profite de son baiser autant qu’il voudra bien. Mes mains serrées sur ses hanches pour lui rappeler que je suis là, que je ne le laisse pas. L’important, c’est qu’il est eu assez confiance pour se confier à moi et maintenant, c’est qu’il trouve le courage d’aller parler à son père. Ce ne sera pas simple, mais je pense que c’est nécessaire pour eux deux. Ils ne peuvent pas se laisser sur une telle conversation cela n’engendra que des regrets. « Prends le temps dont tu as besoin et après, tu pourras aller lui parler. » S’il refuse de le faire, je ne serais pas celui qui va insister. Il doit le faire à son rythme à sa manière. « En attendant, on va aller voir les petits koalas. » Pour lui changer les idées, pour qu’il se sente encore un peu mieux. Et c’est comme ça qu’on a passé le reste de l’après-midi tous les deux, tel deux gamin lâcher dans un zoo à s’extasier devant tous les animaux.