J’ai toujours envié son humilité, en tout cas je ne l’ai encore jamais vu se vanter de ce qu’elle pouvait bien réaliser au travail ou même en dehors de ce dernier. C’est un trait de caractère que j’admire beaucoup chez les gens, la modestie se perd tellement de nos jours et j’en suis l’un des premiers exemples. Je ne suis pas encore au niveau de ceux qui crient sur tous les toits dès qu’ils arrivent à mettre un pied devant l’autre, mais je dois avouer que ça procure tout de même un petit sentiment de satisfaction plus exacerbé. Marius peut vous en parler, c'est la première personne à qui j’ai confié le petit secret de mon recrutement par l’université de Cambridge. Je me contente alors de seulement quelques mots et d’un sourire encourageant. « Il ne faut jamais cesser de croire en soit et toujours regarder plus loin encore. Regarde, c’est comme ça que d’un simple petit chercheur en histoire je gère aujourd’hui la section conservation du Queensland Museum. » Comment ça je ne fais pas preuve de modestie ? Je sais très bien que Diana réagira à mes mots et j’y compte bien, parce qu’en soi ce que je viens de dire est vrai. À partir du moment où tu commences à perdre foi en ce que tu fais ça devient beaucoup plus compliqué pour atteindre tes objectifs, j’en ai fait les frais à l’université.  « Je sais ce que tu te dis là avec tes petits yeux. Tu ne crois quand même pas…. Qu’elle voulait que…. Nan, pas possible. » Je réfute d’un mouvement de la tête alors que je me souviens maintenant que mon aîné m’avait déjà dit que j’étais une merde pour repérer quand j’attire une femme. Enfin là elle devait avoir quoi ? vingt ans ? Je pourrais presque être son père à cette gamine. De mon côté j’essaie de rattraper le coup, on a longtemps pris des nouvelles, mais il est vrai que depuis quelques temps entre les articles, les nouvelles collections, les conférences, j’oublie trop de choses importantes et la première est de prendre des nouvelles de mes proches, mes ami.e.s. Ce n’est pas faute d’y penser, je me le dis tous les jours, Liam pense à prendre des nouvelles, Liam ce n’est qu’un message tu dois bien avoir une ou deux minutes pour le faire, mais à chaque fois j’ouvre un nouveau mail entre temps et c’est reparti pour plonger dans le travail. « Pour me faire pardonner, je te propose de sortir un soir, je ne te dis pas où, mais je suis certain que ça te fera plaisir. » Je reste volontairement vague, le but d’une surprise c’est de garder le secret jusqu’au bout non ? Je lui tends la main avec un large sourire attendant patiemment sa réponse. On s’engage par la suite à une course contre la montre afin de récupérer mes documents qui s’étaient envolés après une bourrasque imprévue. C’est comme si le destin avait finalement décidé de nous emmerder aujourd’hui, enfin surtout moi visiblement. Quand ce n’est pas le destin qui vient m’embêter, c’est le karma. Me voilà maintenant l’heureux possesseur d’une feuille totalement déchirée…. Je commence par remettre de l’ordre dans mes cheveux en les passant derrière mes oreilles alors que ce petit sourire malicieux de la jeune femme m’envoie le signal : bien fait pour toi. « Je te trouve magnifique comme ça, ça te va vraiment super bien, mais vraiment. » Bien sûr je n’arrive pas une fois plus à garder mon sérieux et je pouffe de rire, le mien se mélangeant avec le sien, j’aurais cherché vengeance à sa place c’est clair. Je récupère une feuille qui s’était logée sur ma tête et je la secoue dans tous les sens en signe de paix et de drapeau blanc. « Pardon le karma, je veux retrouver ma chance d’avant s’il vous plait. » Je rapproche mes mains et fait semblant de prier tout en fermant les yeux, énième provocation que j’aurais pu faire à ma mère. Je lui laisse avec plaisir le soin de parcourir les lignes qui sont encore lisibles alors que l’on peut enfin reprendre une conversation sans interruption. « Je ne te connaissais pas une passion par la mythologie gréco-romaine. Ne prends pas trop la grosse tête parce que ton prénom se rapproche beaucoup d’une certaine Diane a.k.a Artémis. » Je n’avais jamais vraiment fait le rapprochement jusqu’à maintenant et je ne sais même pas vraiment pourquoi ça m’est venu comme ça en tête, mais j’étais plutôt fier de moi-même si un gosse de dix ans aurait pu le faire lui aussi. Super historien n’est-ce pas ? Je vous jure que j’ai le diplôme. La question de Diana réussit à m’arracher un sourire, il est vrai que je vais être amené à être plus présent dans le complexe universitaire. Ma mission ne durera pas non plus une éternité, mais ça serait l’occasion de rattraper le temps perdu. « Pour tout te dire, j’ai normalement au moins deux séances par semaine. Je n’ai pas vraiment la période en tête, mais ça va sûrement s’étaler sur deux, trois ou peut-être quatre mois. » J’hausse les épaules alors que je n’ai pas vraiment l’information, il suffirait qu’un trop de travail arrive au musée pour que je sois réquisitionné là-bas et que j’annule par la même occasion mes séjours à l’université. « Mais si tu veux, j’ai proposé une initiative au musée après un voyage en Europe. On va organiser un weekend où le musée sera ouvert toute la nuit, il y aura beaucoup moins de monde et ça sera plus calme si jamais ça t’intéresse. » Ma proposition n’a rien à voir avec la précédente, mais on ne sait jamais, si elle est comme moi elle pourrait s’intéresser à tout et rien et ça me donnera l’occasion de lui faire découvrir mon espace de travail alors que je connais déjà le sien. Ma salade terminée, j’entame ce petit gâteau que j’ai préparé la veille, une vraie merveille si vous vous posez la question ! « T’en veux ? Je te promets que ce n’est pas empoisonné. » Je me mets de nouveau à rire comme un gamin, plissant les yeux alors que je lui tends un morceau.

Liam était vraiment content de la réponse de la jeune femme. Il avait organisé ce futur rendez-vous sur le tas sans vraiment y réfléchir pensant que la jeune femme serait occupée dans son travail et aurait donc refusé sa proposition. Une chose était certaine, le cerveau de Liam tournait déjà à plein régime pour trouver une idée qui sorte ne serait-ce qu’un tout petit peu de l’ordinaire. Il ne lui fallut que quelque seconde pour trouver et pour ça il lui fallait que le bon temps commence à un peu plus se montrer. « Parfait, je suis sûr que tu ne le regretteras pas, je vais tout faire pour. » Il ne se rendait sûrement pas vraiment compte – comme à son habitude – que ce qu’il était en train de proposer pouvait s’apparenter à un rendez-vous galant ou à l’extrême opposé, une proposition digne d’un psychopathe. Cependant, Liam était très loin d’être le genre de personne à avoir des arrière-pensées de ce genre et Diana devait bien le savoir et c’était sûrement pour ça qu’elle n’avait pas vraiment hésité à approuver sa proposition. Liam serra la main de la jeune femme comme une promesse qu’ils venaient de sceller. Liam ne pouvait pas s’empêcher plus longtemps d’être sérieux, surtout en repensant au travail qu’il allait devoir fournir en plus pour réécrire une partie de ses recherches. C’était une manière pour lui de ne pas se laisser abattre par cette malheureuse déconvenue qui venait de lui arriver. Liam à la limite de la provocation joignit ses mains, puis ouvre un œil à la réponse que lui lance Diana. Malgré des parents ultra pratiquants, Liam et ses frères n’ont jamais vraiment cru en une entité qui serait au-dessus de tout le monde et dont il ne pouvait avoir aucune preuve de son existence. « On ne sait jamais, au point où j’en suis. » Liam n’arriva pas à retenir ce sourire de petit con fier de sa blague qui pourtant, est loin d’être bonne. Ils en revinrent au planning de l’historien qui était plus que bien rempli entre les conférences, son travail au musée et les galas organisés en nombre à cette période de l’année. Liam lui fit une nouvelle proposition qui ne correspondait pas vraiment à sa première idée comme il lui avait proposé un peu plus tôt, mais il se gardait ça pour plus tard de toute façon. « Toutes et même plus encore. On va dire que mon poste me permet en autre d’avoir accès à tout ce qui pourrait correspondre aux coulisses du musée et crois-moi il y a tout autant à voir et même peut-être plus encore. » Comment ça Liam ventait au maximum sa place de conservateur ? Il pesait ses mots quand il disait que c’était tout aussi intéressant que le musée en lui-même, c’est dans ces parties du musée interdites au public que l’on retrouve certaines des pièces le plus rares qui sont en train d’être restaurées. La conversation avançait sans que Liam ne fasse vraiment attention à l’heure, de son côté il n’avait rien de prévu, sa journée à l’université était terminée et il comptait surtout rattraper les semaines de séances qu’il a loupées avec Chad, ce dernier allait d’ailleurs ne pas se faire prier pour bien le faire chier comme il le faut comme à son habitude et ce n’était pas ce gâteau préparé la veille qui pouvait arranger la musculature de l’historien qui commençait petit à petit à dire sayonara pour laisser place à ce petit ventre qui pouvait parfois le complexer. « Merci, on va dire que c’est ma petite passion cachée de faire à manger ou même la pâtisserie. Je dois t’avouer que je n’avais encore jamais essayé de faire moi-même une recette et de ne pas en suivre une. Ça me fait plaisir de voir que ça reste bon ! » Liam ne retint pas une fois de plus son léger rire alors qu’il se mettait à son tour à déguster sa petite préparation. Le bruit de son téléphone venait de les arracher à la dégustation et Liam se doutait que ça mettrait sûrement fin à leur petite entrevue improvisée. Elle n’avait pas vraiment à s’excuser de devoir partir, Liam croisait les doigts depuis le début du déjeuner pour que ce ne soit pas le sien qui se mette à sonner. « Ne t’inquiète pas, mais n’oublie pas que la prochaine nouvelle étoile doit porter mon nom ! Si c’est un astéroïde qui fonce sur la Terre je peux m’en passer, je ne veux pas qu’on donne mon nom à la chose qui a exterminé notre civilisation !» Liam déconnait une fois de plus et il se retrouvait finalement tout seul devant le reste de son gâteau et se posa cette question existentielle qu’il ne mit pas très longtemps à en trouver la réponse. « Bon que vais-je faire de toi ? C’est qu’il en reste pas mal là. » Il regardera autour de lui, personne à l’horizon, la plupart des élèves étaient déjà retournés en cours ou à la bibliothèque. Il goba le reste d’une seule bouchée avant de lui aussi se lever de la table avant de se diriger vers le parking afin de rejoindre son frère un peu plus tard.