Tu vois sa tête qui pivote vers toi après ta proposition. Qu’est ce que j’ai dit?   « Quand tu parles de bouger, tu penses à quoi ? » Ton tour de pas être sûr de ce qu’elle a en tête, mais vous vous êtes pas compris, ça c’est certain. « Je ne sais pas si je suis assez motivée pour aller quelque part. À vrai dire, je suis debout depuis six heures. Donc je préférerais rester un peu ici et puis rentrer chez moi.  » « Nan je voulais juste dire partir d’ici. » Et par extension rentrer chacun chez soi. T’avais bien compris depuis que vous avez quitté le bar que c’était la fin de la soirée. Qu’elle a sûrement pas le loisir comme toi d’avoir ses propres horaires de boulot car tu es ton propre patron. Ca c’est vraiment un truc auquel tu remercies l’univers tous les jours. T’aurais jamais cru être capable d’avoir un vrai métier qui te plaît. Par dessus le marché tu t’es monté ton petit business tout seul doucement doucement. L’argent qui t’es tombé du ciel suite à tes parties de poker a aidé complètement à cette finalité. Tu joues encore un peu de temps en temps, mais t’es plus du tout dans le besoin niveau argent. C’est juste pour le fun. Sienna s’est installée par terre alors que toi t’es parti dans tes pensées. Elle a donc envie de rester un peu plus longtemps ici. Tu comprends.   « Assieds-toi si tu veux. » C’est vrai que déjà que t’es grand de base, si toi t’es debout et elle assise, t’auras l’air d’un géant.

Tu t’asseois pas loin d’elle. Vous êtes légèrement dans l’obscurité ici, dans un parking. C’est assez étrange comme coin pour squatter à une heure pareille de la nuit, mais t’aimes bien. Tu le dis pas mais tu as l’impression de sentir la présence de Avery. Y’a les paroles d’une chanson que t’as écrit pour tous les gens que tu as perdu qui te viennent en tête. Tu aurais été avec quelqu’un d’autre tu te serais laissé aller à les chantonner. Tu laisses le silence vous envelopper parce que tu te dis qu’elle doit penser à son frère, qu’elle est peut être même en train de lui parler dans sa tête. Tu penses à lui, tu lui parles, tu penses à Rosa, à ta mère, et tous ceux que tu as perdu qui t’étais cher. Tu brises le silence après un moment. « J’aime le calme du milieu de la nuit. Pas un bruit. Comme si on pouvait entendre les morts en tendant bien l’oreille. »

Spoiler:

« Nan je voulais juste dire partir d’ici. » Elle hocha la tête. Quelques secondes plus tard, Jordan vint s’asseoir à quelques centimètres et le silence était de retour dans ce petit endroit avec la fresque murale à leur gauche. De savoir que ce dessin était à ses côtés, Sienna se sentait enveloppée par l’aura invisible de son frère. Comme si elle pouvait sentir ses bras l’enserrer chaleureusement pour lui apporter tout le réconfort dont elle avait besoin. Ça lui arrivait de temps en temps, mais elle mettait ça sur le compte de son imagination débordante ou sur l’illusion du deuil. Elle croyait l’entendre des fois, mais elle se disait qu’elle était folle. Elle persuadée qu’il l’aidait dans ses prises de décisions. C’était peut-être vrai ce qu’on disait. Que ceux qui nous quittent ne nous quittent pas vraiment. Qu’ils sont là, quelque part, qui nous observent avec bienveillance, qu’ils prennent soin de nous de là où ils se trouvent. Elle espérait qu’il soit fier d’elle, du plus profond de son coeur. Elle a trimé depuis son décès, elle a pas la meilleure des vies. Mais elle a tout fait en pensant à lui. « J’aime le calme du milieu de la nuit. Pas un bruit. Comme si on pouvait entendre les morts en tendant bien l’oreille. » Sienna ne répondit pas. Les jambes rapprochées à sa poitrine, elle était bien trop pensive pour se rappeler que Jordan était à côté d’elle. Penser à Avery, croiser quelqu’un qui le connaissait, voir sa signature, c’était peut-être trop d’un coup pour elle. Dans un deuil, on se sent parfois fort, assez endurant pour surmonter chaque vague de tristesse. Mais ces vagues de tristesses étaient imprévisibles, elles nous submergeaient d’une seconde à l’autre sans qu’on puisse faire quoi que ce soit pour les arrêter. Elle sentait les larmes monter, elle se levait avec lenteur. «  Merci en tout cas d’avoir fait vivre Avery dans cette discussion, et merci pour m’avoir mener ici. Je pense qu’il est temps de rentrer pour moi demain je travaille. J’te souhaite une bonne soirée. » Elle lui fit un petit signe de la main et ne lui laissa pas le temps de répondre parce que si elle parlait un plus, elle allait éclater en sanglots. Sienna lui tourna le dos, et rentra chez elle. Sa silhouette se fondait dans la pénombre pendant que son visage était déjà inondé de larmes.

Tu as les yeux perdu vers le ciel, tu captes pas sa position qui est assez repliée sur elle même. Elle ne répond pas à ta phrase mais t’es pas surpris, ni dérangé. Le silence parle pour vous là. Peut être qu’elle a envie d’entendre les morts elle aussi. Tu aurais bien voulu mettre de la musique dans tes oreilles pour agrémenter le tout. Parce que souvent tu as l’impression qu’ils te font passer des messages au travers des chansons qui passent en aléatoire. Mais pas là, tu restes dans le silence, te disant bizarrement que ça serait manquer de respect à Sienna si tu t’enfermais avec tes écouteurs et tes sons. J’aurai mis qu’un écouteur. Quand même. Bien qu’elle ne puisse pas voir, tu sais pas, tu le sens pas là. Le silence est bien aussi de toute façon. Ca fait du bien du calme au lieu de toujours entasser ton cerveau de bruits. Tends l’oreille, tu vas peut être réellement les entendre. Mais tout ce que tu perçois c’est Sienna qui est en train de se relever. «  Merci en tout cas d’avoir fait vivre Avery dans cette discussion, et merci pour m’avoir mener ici. Je pense qu’il est temps de rentrer pour moi demain je travaille. J’te souhaite une bonne soirée. » Vu sa précipitations, tu ne cherches pas à la suivre. « Bonne soirée. » Tu veux bien croire qu’elle a besoin d’être seule après ces nouvelles informations. Ces marques dans ce mur qui sont directement lié à son frère. Tu te demandes quand tu le reverras Avery. Lui, Rosa, et tous les autres. Ils doivent bien s’éclater tous ensemble de l’autre côté. T’espères bien qu’il y a quelque chose et quelque chose de mieux si possible. Histoire que la mort soit plus douce que la vie. Faire un bout de chemin avec tous ces gens que t’aimes qui ne sont plus là. Un jour futur, mais pas aujourd’hui.