Ce matin là, Spencer m'avait demandé de gérer la boutique toute seule. Il avait dû se rendre sur les lieux d'un prochain mariage afin de voir réellement ce que la mariée désirait. Je m'étais donc très rapidement retrouvé toute seule dans la boutique, enfin, je n'étais pas entièrement seule vu que son chat me tenait compagnie. En général, s'était plutôt calme mais, comme par hasard aujourd'hui il avait eu foule et j'avais couru dans tout les sens pour offrir le meilleur service à chaque clients. Il fallait le dire clairement mais, j'adorais quand il fallait s'activer rapidement. Au moins, ainsi je n'avais pas le temps de m'ennuyer et je jonglais entre les conseils, les emballages de bouquets et la conceptions de ceux-ci. Ce n'est que vers onze heures quarante-cinq, lorsque le flot diminua, que je réalisais qu'il allait être temps de fermer la boutique pour le repas. Cependant, il n'était pas question de quitter la boutique sans donner un coup de balais et ranger un peu les bacs de fleurs éprouvé par la matinée. Je me réservais donc le petit quart d'heure restant pour ranger convenablement les lieux. Une fois satisfaite de mon travail, je tournais la petite affiche sur la porte et je donnais un tour de clé en quittant les lieux. J'avais deux heures devant moi pour me reposer et manger. J'avais rarement eu une matinée comme celle-ci et je me demandais pourquoi soudainement tout le monde voulait des fleurs, enfin, je n'allais pas me plaindre ça m'avait permise de m'occuper et surtout de faire rentrer de l'argent dans la boutique. Je me dirigeais vers le restaurant du quartier où j'avais finalement pris mes habitudes sur la pause déjeuner. J'entrais dans l'établissement avant de croiser la serveuse qui m'indiqua la table que je prenais régulièrement. J'étais fière de pouvoir travailler et d'avoir eu la chance de tomber sur Spencer. Je m'installais avant de prendre la carte entre les mains. Aujourd'hui, j'avais envie de changer de plat et je n'avais pas encore eu l'occasion de faire tout le tour de la carte, ce qui était un bon point pour le restaurant. Mon regard dévia alors sur le visage d'une jeune femme. Je ne m'y pas longtemps à me souvenir où je l'avais rencontré. Je profitais qu'elle regard dans ma direction pour lui faire un léger signe de main. On s'était rencontré au parrainage d'arbres mais, je ne savais pas si elle allait se souvenir de moi.
Helena sortit du lycée le sourire aux lèvres : sa réunion s’était bien déroulée. Elle avait rencontré le directeur de l’école ainsi que plusieurs professeurs pour leur demander si l’association pour laquelle elle travaillait pouvait faire une intervention au sein de l’école. Depuis plus d’un an, Helena était coordinatrice au sein d’un service civique. Son métier consistait à encadrer des jeunes en difficulté de 16 à 22 ans, majoritairement en décrochage scolaire. Pendant plusieurs mois, ils travaillaient sur des projets en groupe et, individuellement, réfléchissaient à leur avenir. La jeune femme les aidait à trouver une formation, le cas échéant un job, en adéquation avec leurs envies, pour qu’ils puissent terminer leur scolarité ou s’insérer dans la société. Parfois, elle devait vraiment lutter, ces jeunes ayant perdu tout repère, et devait parfois jouer à la mère de famille ou à l’arbitre, donnant un cadre avec des horaires à respecter, des missions simples à accomplir, et distribuant des bons ou des mauvais points. Une intervention dans un lycée était un pas important pour l’association, puisque certains jeunes en difficulté, qui n’auraient pas encore totalement abandonné l’école, pourraient découvrir le principe du service civique. Le recrutement pour l’année prochaine pourrait ensuite commencer.
Helena consulta sa montre, voyant qu’il était presque midi. Elle n’était pas dans le quartier de l’association, mais près de son domicile. Elle pensa un instant à rentrer chez elle, mais se rappela que son frigo était désespérément vide. Elle s’arrêta alors au restaurant du coin, qu’elle avait plus souvent l’habitude de fréquenter le soir. Une serveuse installa la jeune femme à une table et lui tendit la carte. Helena se perdit dans la contemplation du menu, qu’elle connaissait pourtant par cœur. Peut-être plutôt une suggestion, du coup ? Elle réfléchissait toujours en reposant la carte, quand son regard croisa celui d’une jeune femme. Elle lui sourit, tout en se demandant d’où elle la connaissait, quand les souvenirs la percutèrent : c’était Love, la jeune femme croisée un dimanche matin, lors d’une opération visant à planter des arbres. Mince. Helena se souvenait parfaitement de cette journée, et l’embarras se lisait sur son visage. Elle aurait eu envie de disparaître sous la table, mais c’était trop tard : Love lui adressait un signe de la main. Helena se leva, hésitante.
« Bonjour Love. Vous êtes seule ? Je peux m’installer avec vous ? »
Quand la jeune femme lui répondit, Helena prit place.
« Je vous dois des excuses pour mon comportement le jour de notre rencontre. »
La brunette semblait sincèrement gênée.
« Je n’aurais pas dû vous enlever Hari alors que vous étiez en pleine conversation, je n’aurais pas dû me servir de lui comme faux petit-ami, et je n’aurais pas dû vous laisser ainsi de côté. Et je n’aurais pas dû faire de scandale … Ce n’est pas du tout mon style, habituellement, mais … hum … à circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles ? »
Helena semblait toujours embarrassée, plusieurs jours plus tard. Il fallait dire qu’elle n’oublierait pas ses retrouvailles avec Auden de si tôt. Et elle espérait ne jamais avoir à revivre ça un jour.
Assise à la table sur l'heure du déjeuner, je regardais en direction d'une jeune femme. Je ne mis pas longtemps à me souvenir de l'endroit où je l'avais rencontré. Helena, on avait participé ensemble à un parrainage pour planter des arbres. Une très belle initiative auquel j'avais pris plaisir à participer, bien que j'avais préféré en partir rapidement en voyant l'ex petit-ami d'Isaac avec son époux. La nouvelle m'avait frappé et j'avais été également surprise d'apprendre que Helena était son ex. Dans ce genre de moment, j'avais l'impression que Brisbane était une ville toute petite. Je faisais signe à la jeune femme afin de la saluer et pourquoi pas qu'on déjeune ensemble. « Bonjour Love. Vous êtes seule ? Je peux m’installer avec vous ? » Je lui souriais tout en lui indiquant la chaise avec un geste de main. "Bonjour Helena ! Installez-vous, ça me ferait plaisir !" Elle m'avait fait une très bonne impression lors de notre rencontre et j'étais contente de pouvoir déjeuner avec quelqu'un pour une fois. « Je vous dois des excuses pour mon comportement le jour de notre rencontre. » Un peu surprise je secouais doucement la tête, elle n'avait pas besoin de s'excuser. J'aurais parfaitement pu réagir comme elle en découvrant mon ex petit-ami, bien que le seul que j'avais été devenu mon ami. « Je n’aurais pas dû vous enlever Hari alors que vous étiez en pleine conversation, je n’aurais pas dû me servir de lui comme faux petit-ami, et je n’aurais pas dû vous laisser ainsi de côté. Et je n’aurais pas dû faire de scandale … Ce n’est pas du tout mon style, habituellement, mais … hum … à circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles ? » Je refermais le menu que je posais sur la table avant de plonger mon regard dans le sien et de lui sourire. "Vous n'avez pas à vous excuser...Je vous assure ! Hari ne m'appartient en aucun cas." Je riais légèrement. "Et puis, j'ai cru comprendre que c'était plutôt délicat comme retrouvaille..." Je ne voulais pas me mêler des affaires des autres, tout ceci ne me concernait en rien. « Je vous dois au moins un déjeuner ! » Je secouais mes mains un peu gêné qu'elle pense devoir me payer mon repas. "Oh non ! Je vous assure que ce n'est pas la peine...En réalité je ne suis pas partie par rapport à votre dispute...Votre ex petit-ami, a dit qu'il était marié...Et la femme qu'il a épousé est l'ex de mon ami d'enfance. Je n'ai pas eu l'occasion de la rencontré souvent mais, elle a beaucoup fait souffrir mon ami et je ne me sentais pas à l'aise de rester..." J'avais ramassé Isaac à la petite cuillère et j'avais maudit intérieurement cette femme qui lui avait brisé le coeur. J'avais quitté le parrainage pour éviter de faire un scandale, un seul était surement bien suffisant. "Alors qu'est-ce que vous voulez manger...D'ailleurs on pourrait peut-être se tutoyer à présent ?!" Je lui lançais un nouveau sourire. Elle avait l'air vraiment sympa et j'avais envie d'apprendre à la connaître.
Helena s’assit à l’invitation de Love et lui présenta des excuses pour son comportement lors de l’opération de plantation d’arbres. La belle brune balaya ses excuses, lui apprenant la vraie raison de son départ : la femme d’Auden était l’ex de son meilleur ami. Helena se figea un instant. Elle rêvait d’en savoir plus sur cette mystérieuse femme qui avait réussi à assagir Auden, ou du moins à lui faire accepter l’idée du mariage. Mais était-ce raisonnable ? Au diable le raisonnable ! On parlait d’Auden, tout de même, et quand on parlait de lui, Helena pourrait trouver toutes les excuses du monde. Après tout, il l’avait tellement brisé, qu’elle méritait au moins des informations, non ? La jeune femme tenta d’interroger discrètement Love, mais la discrétion n’était pas son trop fort.
« Et hum … Comment s’appelle-t-elle, cette mystérieuse femme ? Vous la connaissez ? Comment est-elle ? Que fait-elle dans la vie ? Savez-vous depuis combien de temps elle est avec Auden ? »
La brunette eut un rire gêné. Elle avait enchaîné les questions sans même s’en rendre compte.
« Je suis désolée, ce n’est certainement pas l’idée du siècle de vouloir en apprendre plus sur elle, mais j’avoue avoir été un peu bouleversée par mes retrouvailles avec Auden … C’est qu’il a beaucoup compté pour moi. Nous avons été ensemble pendant 4 ans, une relation très … intense et compliquée. Et du jour au lendemain, il a disparu, sans aucune explication. Son départ m’a énormément affecté, c’est peu de le dire. Et le revoir a ravivé des souvenirs douloureux. Bref … »
Helena était restée assez vague sur sa relation avec Auden, mais pour une première entrevue avec Love, c’était déjà beaucoup. Ça semblait simple et naturel de se confier à la jeune femme, sans doute parce qu’elles ne se connaissaient pas, mais également parce qu’elle semblait très sympathique. Helena lui sourit quand Love proposa qu’elles se tutoient.
« Bien sûr ! Avec grand plaisir ! »
Elle se replongea un instant dans l’étude du menu et opta pour une salade roquefort, pommes et noix. Elle l’avait déjà goûté, et savait que c’était une valeur sûre. Elle testerait des nouvelles choses une prochaine fois.
« Hum, une salade ! Et toi ? »
La jeune femme appela ensuite le serveur pour qu’elles passent commande. Helena se concentra ensuite sur Love. Les questions lui venaient naturellement, étant de nature curieuse et sociable.
« Tu es en pause déjeuner ? Tu fais quoi dans la vie ? Tu travailles dans le quartier ? Tu vis dans ce coin ? »
Une nouvelle fois, Helena avait fait se succéder les questions rapidement. Sa spontanéité l’empêchait souvent de garder pour elle ce qu’elle avait dans la tête. Un de ses défauts qui avait eu le don d’exaspérer Auden, d’ailleurs … Comme beaucoup d’autres, au passage.
Le serveur apporta leurs plats, les posant sur la table. Helena attaqua sa salade, mais le sujet de son ex lui avait quelque peu coupé l’appétit, et elle chipota rapidement dans son assiette.
Helena avait prit place en face de moi. Elle avait jugé bon de s'excuser pour son comportement au parrainage d'arbres. Je ne la tenais en aucun cas responsable de mon départ, car j'étais partie pour la seule raison que la présence de l'ex petite amie de Isy me dérangeait. Je ne voulais rien avoir à faire avec elle pour le bien de mon ami. Il était hors de question de jouer les copines simplement parce que nous nous étions croisées de temps à autres dans la maison du Jensen. « Et hum … Comment s’appelle-t-elle, cette mystérieuse femme ? Vous la connaissez ? Comment est-elle ? Que fait-elle dans la vie ? Savez-vous depuis combien de temps elle est avec Auden ? » Je levais un sourcil plutôt surprise de cette interrogatoire, qui il fallait bien le reconnaître semblait tout à fait en règle. "Elle s'appelle Ginny McGrath...je ne la connais pas plus que ça, car je ne traînais jamais longtemps dans les parages quand elle était présente." Je souriais légèrement. "Honnêtement, tu attends clairement une réponse sincère de ma part ? Je suis loin d'être la mieux placé pour te donner mon avis sur elle...Elle a fait du mal à mon ami d'enfance. En revanche, ce que je peux te dire c'est qu'elle ne voulait pas se marier, il semblerait que c'était à la limite de la phobie, mais il faut croire que les phobies se soignent parfaitement..." oui j'étais amer, oui je n'avais toujours pas digéré le mal qu'elle avait pu faire à Isy, mais il était bien entendu hors de question que je formule clairement mon avis à voix haute. "Un conseil Helena, ne t'approche pas trop et tourne la page de cette relation...je sais que mon conseil peut te paraître un peu simpliste, mais si tu ne veux pas souffrir c'est surement la meilleure des choses à faire."Je souriais à la brune ayant parfaitement conscience que cette rencontre l'avait ébranlé au plus haut point. « Je suis désolée, ce n’est certainement pas l’idée du siècle de vouloir en apprendre plus sur elle, mais j’avoue avoir été un peu bouleversée par mes retrouvailles avec Auden … C’est qu’il a beaucoup compté pour moi. Nous avons été ensemble pendant 4 ans, une relation très … intense et compliquée. Et du jour au lendemain, il a disparu, sans aucune explication. Son départ m’a énormément affecté, c’est peu de le dire. Et le revoir a ravivé des souvenirs douloureux. Bref … » Elle n'avait pas eu vraiment besoin de le formuler pour que je le comprenne, mais le mieux dans ce genre de relation, qui avait fini par devenir toxique c'était surement de tourner la page et de fuir. Bien entendu, j'étais surement pas la mieux placé pour donner ce genre de conseil. Je demandais alors à Helena ce qu'elle allait prendre pour le repas. « Hum, une salade ! Et toi ? » Est-ce qu'elle faisait partie de ce genre de femmes qui faisaient très attention à leur poids ? J'aimais manger et j'avais des difficultés à ne commander qu'une salade pour le repas. "Et bien, je pense que je vais prendre leur escalope milanaise avec des frites." Je souriais légèrement, j'aimais tellement manger qu'en général, je mangeais tout et n'importe quoi au risque de finir obèse plus tard. « Tu es en pause déjeuner ? Tu fais quoi dans la vie ? Tu travailles dans le quartier ? Tu vis dans ce coin ? » Cette fois je me mettais à rire, décidément cette jeune femme ne prenait pas de pincette lorsqu'elle avait des questions en tête. Ce qui dans le fond, me semblait être une très bonne chose, la vie était trop courte pour s'ennuyer avec des savoirs vivre. "Et bien, je suis fleuriste et la boutique est fermée sur l'heure du midi donc, en général je mange ici ou il m'arrive parfois de rejoindre mon ami à l'hôpital pour qu'on puisse prendre notre pause repas ensemble. Sinon je vis dans le quartier de Toowang...Et toi alors ? Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?" J'attrapais la serviette que je posais sur mes genoux avant de commencer à déguster mon plat. Curieuse d'en apprendre plus sur Helena.
Helena avait interrogé Love sur la femme d’Auden, les questions s’enchainant sans qu’elle ne semble pouvoir les arrêter. C’était une curiosité malsaine, elle était consciente, mais elle avait tellement souffert.
« Elle s’appelle Ginny McGrath...je ne la connais pas plus que ça, car je ne traînais jamais longtemps dans les parages quand elle était présente. Honnêtement, tu attends clairement une réponse sincère de ma part ? Je suis loin d'être la mieux placé pour te donner mon avis sur elle...Elle a fait du mal à mon ami d'enfance. En revanche, ce que je peux te dire c'est qu'elle ne voulait pas se marier, il semblerait que c'était à la limite de la phobie, mais il faut croire que les phobies se soignent parfaitement... »
La jeune femme se figea.
« He bien, à croire que les mêmes phobies peuvent se combattre à deux … Auden aussi ne supportait pas le mariage. Pire, il ne supporterait l’engagement en règle générale. On est resté ensemble 4 ans, il n’a jamais pu avouer qu’on était un couple. Quand on sortait, je ne pouvais pas l’embrasser ou le tenir la main. Il se sentait … jugé. Si même reconnaître qu’on était ensemble était compliqué, alors le mariage … »
Helena soupira un instant et écouta attentivement les recommandations de Love.
« Un conseil Helena, ne t'approche pas trop et tourne la page de cette relation...je sais que mon conseil peut te paraître un peu simpliste, mais si tu ne veux pas souffrir c'est surement la meilleure des choses à faire. »
Helena lui adressa un sourire triste. Elle appréciait la franchise de Love, et se dit à ce moment-là qu’elles pourraient être de grandes amies, si la belle brune ne mâchait pas ses mots dès le départ.
« Je sais, ne t’inquiète pas. Je ne suis plus intéressée par Auden, je ne veux absolument pas le reconquérir. Pour autant, je ne sais pas si on peut dire que j’ai tourné la page. Peut-on tourner la page quand on n’a aucune explication ? Quand l’homme qu’on aime disparait du jour au lendemain ? J’aurais aimé savoir pourquoi à l’époque … Mais ça va passer, il me faut peut-être juste encore un petit peu de temps. »
La jeune femme lui sourit. Elle aimait manger léger à midi pour ne pas être tentée par une sieste l’après-midi. Elle avait rapidement tendance à piquer du nez. Et puis, elle était assez à cheval sur le principe des 5 fruits et légumes par jour. Et enfin … Auden lui avait coupé l’appétit, comme tant de fois. Elle s’était voulue rassurante avec Love, la vérité c’est qu’elle n’avait en effet pas tourné la page, et qu’elle en était toujours au même endroit qu’il y a 4 ans : même appartement, même célibat, même vie misérable … Elle aspirait pourtant à tellement mieux. En plus, elle avait maintenant 31 ans, et sentait son horloge biologique s’agiter : elle devait trouver un homme, rester en couple avec lui assez longtemps pour être certain qu’il s’agissait du bon, puis tenter de faire un enfant. Ce n’était pas demain la veille qu’elle fonderait la famille qu’elle souhaitait.
Leurs plats arrivèrent et Helena chipota dans sa salade en écoutant Love parler de sa vie.
« Ton ami c’est ton coloc, c’est ça ? L’ex de Ginny ? »
Helena essayait de suivre.
« Il est médecin ? C’est impressionnant ! Fleuriste, c’est magnifique. Tu peux admirer la beauté des plantes toute la journée, et sentir leur doux parfum. Tu fais ça depuis longtemps ? Tu aimes le contact avec les clients ? »
La jeune femme était toujours aussi curieuse.
« Je vis seule, à Fortitude Valley. Et je suis coordinatrice dans un service civique. J’encadre des jeunes en décrochage scolaire et je les aide à trouver une formation qui leur ferait envie et leur permettrait de faire la paix avec les études. »
L'interrogatoire d'Helena me semblait plutôt malsain et je n'étais pas certaine que ça puisse l'aider. J'avais la sensation qu'elle avait besoin de tourner la page et d'avancer bien que je me doutais parfaitement que quelque chose était encore présent. J'étais loin de me douter de ce qui s'était produit entre elle et ce fameux Auden. J'expliquais donc à Helena les quelques détails dont Isy m'avait informé suite à sa rupture avec Ginny. Je n'étais jamais vraiment resté longtemps en la compagnie de cette femme et dans le fond, je n'avais jamais vraiment eu envie d'en apprendre d'avantage sur elle. « He bien, à croire que les mêmes phobies peuvent se combattre à deux … Auden aussi ne supportait pas le mariage. Pire, il ne supporterait l’engagement en règle générale. On est resté ensemble 4 ans, il n’a jamais pu avouer qu’on était un couple. Quand on sortait, je ne pouvais pas l’embrasser ou le tenir la main. Il se sentait … jugé. Si même reconnaître qu’on était ensemble était compliqué, alors le mariage … » J'étais soudainement surprise d'apprendre ce qu'elle avait vécu. C'était triste de ne pas pouvoir s'afficher avec celui dont on était folle amoureuse et c'était plutôt vexant de devoir faire profil bas. Au vu de la description que faisais Helena, on avait l'impression qu'il avait tout simplement honte d'elle, ce qui n'était clairement pas de l'amour. Je préférais donc mettre en garde la brune et lui indiquer de rester loin d'eux et de tenter de tourner la page pour son bien être. Il m'avait apparût évident qu'il valait mieux être loin plutôt que de jouer à un jeu malsain. « Je sais, ne t’inquiète pas. Je ne suis plus intéressée par Auden, je ne veux absolument pas le reconquérir. Pour autant, je ne sais pas si on peut dire que j’ai tourné la page. Peut-on tourner la page quand on n’a aucune explication ? Quand l’homme qu’on aime disparait du jour au lendemain ? J’aurais aimé savoir pourquoi à l’époque …Mais ça va passer, il me faut peut-être juste encore un petit peu de temps. » Son envie d'avoir des réponses était totalement légitime et je pense que j'aurais parfaitement pu agir de la même façon. J'étais triste pour elle qu'elle puisse vivre une situation aussi douloureuse alors qu'elle avait réellement l'air d'une personne très sympathique et agréable. Il fallait croire que les bonnes personnes n'avaient jamais le droit au respect. Helena changea alors de conversation et voulu savoir où je vivais et ce que je faisais dans la vie, un nouvel interrogatoire qui me fit sourire tandis qu'elle trifouillait dans son assiette de salade. Je lui expliquais donc les raisons de ma présence dans ce quartier et également où je vivais. « Ton ami c’est ton coloc, c’est ça ? L’ex de Ginny ? » Je hochais la tête affirmativement, s'était surement pas simple de tout suivre. « Il est médecin ? C’est impressionnant ! Fleuriste, c’est magnifique. Tu peux admirer la beauté des plantes toute la journée, et sentir leur doux parfum. Tu fais ça depuis longtemps ? Tu aimes le contact avec les clients ? » Je terminais ma bouchée. "En réalité, il est infirmier pas médecin..." Je souriais doucement avant de boire une gorgée d'eau. "Je fais ça depuis que j'ai dix huit ans...J'ai eu un soucis de santé qui m'a obligé à stoppé pendant un moment...C'est pour cette raison aussi que je vis en colocation, car je ne pouvais plus m'offrir le luxe de vivre seule dans un appartement." Je ne préférais pas rentrer trop dans les détails de mon arrêt de travail et puis ce n'était certainement pas la chose qu'on pouvait balancer aussi simplement que la météo. Je demandais donc à la jeune femme ce qu'elle faisait comme métier et où elle vivait. J'étais curieuse moi aussi d'en apprendre plus sur elle. « Je vis seule, à Fortitude Valley. Et je suis coordinatrice dans un service civique. J’encadre des jeunes en décrochage scolaire et je les aide à trouver une formation qui leur ferait envie et leur permettrait de faire la paix avec les études. » J'étais admirative de son travail. "C'est un super métier ! Tu dois te sentir tellement chanceuse de pouvoir leur offrir tout ça ! Heureusement qu'il y a des personnes comme toi...Ils ont beaucoup de chance." C'était honorable de sa part et j'avais toujours eu beaucoup de respect pour les personnes capable d'aider leur prochain, surtout lorsqu'on voyait le comportement de certaines personnes. "Tu as toujours vécu à Brisbane ?"
Helena décida qu’il était temps de refermer le sujet Auden, du moins pour ce repas. Elle aurait tant aimé clore définitivement ce chapitre dans sa vie, mais leur relation et leur rupture l’avaient trop impacté. La jeune femme espérait seulement que bientôt viendrait le moment où elle se souviendrait d’Auden et de leurs années ensemble comme d’un lointain souvenir qui ne lui briserait pas le cœur. Elle savait bien que cela finirait par arriver, et cela lui redonnait un peu de courage. Après tout, Helena avait toujours été d’un naturel optimiste.
Elle se concentra ainsi sur Love, qu’elle était ravie d’avoir retrouvé par hasard dans ce restaurant.
« - En réalité, il est infirmier, pas médecin … - Je suis toujours impressionnée par les métiers en lien avec le médical, voir la souffrance physique, parfois psychologique, des gens, les soigner … Et supporter tout ce qu’il doit voir. Je n’aurais jamais pu me lancer là-dedans ! »
Love parle ensuite de son métier de fleuriste et de son passé.
« Un souci de santé ? J’espère que ça va mieux. »
Helena avait froncé les sourcils, visiblement inquiète. Les deux jeunes femmes faisaient seulement connaissance, pourtant la brunette qui était dotée de beaucoup d’empathie se préoccupait déjà de Love. Elle n’osa cependant pas insister et espéra simplement que ce n’était pas trop grave.
« Tu me donneras l’adresse de la boutique. Je passerai bien voir la décoration et les magnifiques créations. Tu fais aussi des bouquets et des aménagements floraux ou c’est réservé au boss ? »
La jeune femme rigolait. Elle était sortie pendant presque un an avec un fleuriste, Spencer, et se souvenait du temps important qu’il investissait dans la boutique, entre les commandes, les livraisons, les bouquets, la décoration, les événements particuliers, et tout le côté administratif du magasin.
« Tu as toujours été attirée par les fleurs ou tu as un jour été tentée par un autre métier ? »
La conversation s’orienta ensuite vers le travail d’Helena en tant que coordinatrice dans un service civique. Celle-ci sourit en évoquant son job.
« C’est vrai que c’est intéressant, et varié. J’essaie de créer un lien de confiance avec les jeunes pour les aider à surmonter leurs problèmes et à se concentrer sur leur avenir. Je leur fais découvrir des formations et des professions. Ce matin, j’ai rencontré le directeur d’un lycée pour tenter d’avoir un stand à leurs prochaines portes ouvertes, pour faire découvrir le service civique. Peut-être qu’avec un peu de chances, des décrocheurs scolaires, ou leurs parents, pourraient avoir l’idée de nous contacter. »
Pendant qu’Helena chipotait toujours dans sa salade, la conversation initiale lui ayant coupé l’appétit, le dialogue se poursuivait facilement avec Love. Elle semblait, comme Helena, d’un naturel avenant, sympathique et curieux.
« Tu as toujours vécu à Brisbane ? »
La jeune femme sourit en pensant à sa famille.
« Toujours ! J’ai grandi ici avec mon frère et ma sœur. Notre père avait un stand d’auto tamponneuses à la fête foraine. C’est désormais mon frère qui le tient. Je suis passionnée par les voyages, je rêverais de découvrir le monde, les autres cultures, … Mais pour l’instant, je n’ai pas eu cette chance, et je dois me contenter de lire des bouquins sur les autres pays. Qui sait, un jour peut-être. »
Il était apparût évident que Helena avait souffert de sa relation avec Auden et plus exactement la disparition soudaine de cet homme. J'avais du mal à comprendre comment on pouvait aussi simplement faire du mal à son prochain, mais l'être humain n'avait plus rien de surprenant pour moi. J'avais mis en garde la brune ne voulant pas qu'elle se fasse de mal plus que de raison avec ce type qui était maintenant marié. La conversation s'orienta donc naturellement vers des sujets un peu plus lambda à savoir nos quartiers d'habitations, nos métiers et autre petits détails qui permettaient de faire plus ample connaissance. J'expliquais donc à la jeune femme que j'étais fleuriste et que j'habitais dans le quartier de Toowong en compagnie de Isy. « Je suis toujours impressionnée par les métiers en lien avec le médical, voir la souffrance physique, parfois psychologique, des gens, les soigner … Et supporter tout ce qu’il doit voir. Je n’aurais jamais pu me lancer là-dedans ! » Je souriais légèrement à sa réaction. Elle était naturelle et semblait dire ce qu'elle pensait sans se soucier du reste. C'était le genre de personne devenu rare et qui s'avéré souvent être des êtres en or.
J'expliquais ensuite à Helena que j'étais fleuriste depuis l'âge de dix-huit ans et au lieu de donner la véritable raison de mon arrêt, j'indiquais avoir eu un soucis de santé. « Un souci de santé ? J’espère que ça va mieux. » Un peu surprise par sa réaction, je hochais juste légèrement la tête. Je n'avais pas vraiment envie de m'étendre sur le sujet et ce n'était à mon sens pas le moment de lui avouer que j'avais été violé, laissé pour morte dans une ruelle de Brisbane et que par la même occasion j'avais perdu mon bébé. Je me reprenais et je lui lançais un sourire. Peut-être qu'un jour si, on était amené à devenir de véritables amies, je pourrais me permettre de lui dire. « Tu me donneras l’adresse de la boutique. Je passerai bien voir la décoration et les magnifiques créations. Tu fais aussi des bouquets et des aménagements floraux ou c’est réservé au boss ? Tu as toujours été attirée par les fleurs ou tu as un jour été tentée par un autre métier ? » Je buvais une gorgée d'eau et tout en reposant mon verre je lui lançais "C'est une boutique un peu plus haut dans l'avenue...Pour l'instant Spencer préfère que je me concentre sur la boutique...Donc je fais les bouquets et autre compositions floral tandis qu'il travaille sur les commandes des clients." C'était compréhensible de la part du Lynch de vouloir s'investir pour ses clients et dans le fond ça m'allait parfaitement. "J'ai toujours voulu travailler dans le monde des plantes...depuis toute petite ! En vérité, ça me rappelle ma maman...Je passais énormément de temps avec elle au jardin..." Bien que depuis la mort de mon frère elle n'allait plus vraiment dans le jardin et ce petit lien entre nous avais fini par mourir.
Je changeais de conversation voulant m'orienter vers la jeune femme et apprendre à la connaître un peu plus. Je lui demandais donc quel était son métier et j'étais fasciné par ce qu'elle faisait. Cela devait être tellement gratifiant de pouvoir venir en aide. « C’est vrai que c’est intéressant, et varié. J’essaie de créer un lien de confiance avec les jeunes pour les aider à surmonter leurs problèmes et à se concentrer sur leur avenir. Je leur fais découvrir des formations et des professions. Ce matin, j’ai rencontré le directeur d’un lycée pour tenter d’avoir un stand à leurs prochaines portes ouvertes, pour faire découvrir le service civique. Peut-être qu’avec un peu de chances, des décrocheurs scolaires, ou leurs parents, pourraient avoir l’idée de nous contacter. » Une fois encore cela confirmé mon ressentie par rapport à la jeune femme. Je lui demandais ensuite si, elle était de Brisbane. « Toujours ! J’ai grandi ici avec mon frère et ma sœur. Notre père avait un stand d’auto tamponneuses à la fête foraine. C’est désormais mon frère qui le tient. Je suis passionnée par les voyages, je rêverais de découvrir le monde, les autres cultures, … Mais pour l’instant, je n’ai pas eu cette chance, et je dois me contenter de lire des bouquins sur les autres pays. Qui sait, un jour peut-être. » On disait que la vie était courte, mais elle était bien assez longue pour voyager et voir du pays, je remarquais cependant son petit air triste. « Et toi ? Native de Brisbane ? »
Je secouais doucement la tête. "Non ! Je suis de Laidley...J'ai grandis et j'ai vécu une partie de ma vie là-bas...Bien que dix-huit ans c'est une toute petite partie." Je riais légèrement. "Cependant, je me plait beaucoup ici et je ne pense pas que je retournerais un jour dans ma ville d'enfance...Ce sont des souvenirs bien trop douloureux qui sont présent là-bas...Bien qu'il y en a aussi ici." Je souriais légèrement pour la rassurer et qu'elle ne s'inquiète pas. "Tu vas prendre un dessert ?" J'avais remarqué qu'elle n'avait quasiment pas touché à sa salade et j'étais curieuse de savoir si, elle était un peu plus sucré que salé.
Helena ne voulait plus parler d’Auden. Elle voulait tourner la page, que ce soit lors de ce déjeuner ou dans sa vie en général. Elle n’avait d’ailleurs toujours pas décidé si elle était reconnaissante pour les moments passés avec le jeune homme, ou si elle aurait aimé ne jamais le rencontrer … La conversation s’orienta naturellement vers les vies des jeunes femmes, et Helena, spontanée, rebondissait sur chaque information transmise par Love. Alors qu’elle buvait un peu d’eau, elle s’étouffa à la mention de Spencer. Elle toussa un instant, tenta de retrouver une respiration calme et d’ordonner ses pensées.
Helena se prit un instant la tête entre les mains, semblant réfléchir rapidement. Elle esquissa finalement un sourire gêné en regardant à nouveau Love.
« On est sortis ensemble. Mon Dieu, tu vas croire que j’ai 50 ex … Ce n’est pas le cas, pas du tout ! Mais c’est vrai que je ne suis pas réellement chanceuse en amour … Spencer et moi sommes restés plusieurs mois ensemble, jusqu’à ce qu’il rompe avec moi en décembre dernier, selon lui parce que … Hum non, c’est ton boss, je ne vais peut-être pas m’étendre là-dessus. Quoiqu’il en soit, c’est ma dernière relation en date, et Spencer était très important pour moi. On ne s’est pas encore revu, mais le jour où ça arrivera, je t’épargnerai le drama des retrouvailles avec Auden. Je pense que Spencer et moi, on pourrait peut-être redevenir amis … Ce sera sans doute étrange au début, mais on avait un bon feeling. »
Helena souriait en pensant à son ex. Visiblement, elle avait plutôt bien digéré cette rupture, et n’en voulait pas, ou du moins n’en voulait plus, à Spencer. Il était également évident que leur amitié était importante pour elle, et qu’elle aimerait le retrouver un jour, quand ils seraient prêts tous les deux.
La curiosité de la jeune femme fut à nouveau piquée par l’évocation des fleurs et de la mère de Love.
« Alors on peut dire que fleuriste était réellement ta vocation. C’est super si ça te rappelle ta mère, ça doit être des chouettes souvenirs. »
Love évoqua ensuite sa ville natale, Laidley, tout en précisant qu’elle ne désirait pas y retourner. Helena fronça les sourcils.
« Je sais qu’on ne se connaît pas du tout, ou pas beaucoup. On commence simplement à s’apprivoiser. Mais si tu veux détailler les souvenirs de Laidley, ou les soucis de santé que tu as évoquée avant, tu peux. On m’a toujours dit que j’étais très douée pour écouter les gens. »
Le sourire d’Helena était franc et sincère.
Elle se plongea ensuite dans la lecture de la carte des desserts, Love l’ayant questionné sur la suite de sa commande.
« Hum, je pense que oui. J’adore le sucré, surtout le chocolat ! Hum … Gaufre au nutella ! Et toi ? »
Le trouble causé par Auden était a priori derrière elle, pour l’instant.
Helena me faisait l'impression d'être le genre de personne incroyable ! Celle qui respire la joie de vivre et qui vous apporte toujours le sourire. J'étais plutôt contente de pouvoir passer le déjeuner avec elle. La conversation s'était naturellement orienté vers nos vies et nos métiers. Helena semblait curieuse d'en apprendre plus sur mon métier de fleuriste et surtout, elle avait envie de savoir où je travaillais. Je lui avais donc parlé de la boutique de Spencer, il m'avait laissé ma chance et j'en serais à jamais reconnaissante au jeune homme, en plus, on s'entendait plutôt bien. Je me redressais alors que la brune se mettait à tousser. Est-ce que j'avais dis quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je compris bien vite ce qui était entrain de se passer. « Spencer ? Spencer Lynch ? Ton patron, c’est Spencer Lynch ? » Je hochais doucement la tête, est-ce qu'il avait quelque chose d'important à savoir sur lui ? Helena était née et avait grandit à Brisbane, mais j'étais tout de même surprise de voir qu'elle le connaissait. "Est-ce que ça va ?" Demandais-je un peu inquiète en la voyant prendre sa tête entre ses mains. Est-ce qu'il était dangereux ? Pourtant, il m'avait fait une très bonne impression et n'avait jamais montré de l'animosité envers moi. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? C'est alors que Helena lâcha le morceau, c'était tout simplement son ex petit-ami. Je souriais légèrement alors qu'elle s'inquiétait de ce que je pouvais penser. Il fallait dire que la situation avait plutôt des airs comique. A croire que nous étions liées d'une façon ou d'une autre. Plus elle parlait de Spencer et plus j'avais l'impression d'y voir une petite flamme au fond de ses yeux. Etait-il possible qu'elle soit encore amoureuse ? Je n'avais pas le temps de lui dire quoi que ce soit, qu'elle rebondissait déjà sur l'affinité que j'avais avec les fleurs et les souvenirs que cela pouvait évoquer dans mon esprit. « Je sais qu’on ne se connaît pas du tout, ou pas beaucoup. On commence simplement à s’apprivoiser. Mais si tu veux détailler les souvenirs de Laidley, ou les soucis de santé que tu as évoquée avant, tu peux. On m’a toujours dit que j’étais très douée pour écouter les gens. » Je secouais doucement la tête, "Il n'y a rien à évoquer...Je suis contente d'être partie de Laidley et je ne compte pas y retourner...Une partie de moi est morte là-bas et c'est mieux que j'en reste loin." Je souriais légèrement bien que l'évocation de cette partie de moi morte, faisait remonter des souvenirs triste et le manque. Je soupirais légèrement alors que la serveuse venait nous demander si on souhaitait un dessert. « Hum, je pense que oui. J’adore le sucré, surtout le chocolat ! Hum … Gaufre au nutella ! Et toi ? » Je réfléchissais un instant "Une pêche melba !" Je regardais la serveuse s'éloigner avec nos assiettes. "...Je suis désolé si j'ai pu te paraître un peu brusque...En réalité, mon frère est mort dans un accident de la route...On était très proche, très fusionnel...Sa mort m'a anéantie et a détruit notre famille...Après ça, ma mère n'allait plus dans le jardin, elle ne sortait plus de la maison...Mon père a tenté de garder la tête haute pour l'honneur de la famille et pour aussi ramener de l'argent...Le climat n'était pas super alors quand j'ai pu enfin partir faire mes études ailleurs, je n'ai pas hésité. Bien sur, Brisbane a aussi son long de mauvais souvenirs, mais c'est différent de Laidley." Je ne savais pas très bien pourquoi je racontais tout ça, peut-être parce qu'elle avait réussi à me montrer qu'une part de moi pouvait lui faire confiance.
Helena était un peu gênée d’évoquer Spencer avec Love. Pas parce qu’il s’agissait de Spencer, ou parce qu’elle apprenait seulement à connaître Love, mais parce qu’en un seul déjeuner, il avait été questions de deux anciens petits copains de la jeune femme. Certes, elle avait eu plusieurs déceptions amoureuses … pas mal même, pour être honnête. Mais avait-elle pour autant collectionné les hommes ? Elle ne le croyait pas, et espérait que sa nouvelle amie ne pense pas ainsi. Quant à Spencer, elle se dit que son rapprochement avec Love pourrait être, dans quelques temps, l’occasion de le revoir. Il était son ex le plus récent, et nul doute qu’elle souffrait encore quelque peu de leur rupture. Néanmoins, il devait être un de ceux qui avait été le plus honnête avec Helena. Pour une fois, elle n’était pas tombée sur un petit dealer de drogue ou un homme qui avait peur de l’engagement. Spencer voulait la même chose qu’elle, et sa gentillesse était sans faille. Pour autant, s’il voulait comme elle une relation sérieuse, Helena n’avait pas été la bonne. Et ça, elle pouvait le comprendre. Elle ne lui en avait donc pas voulu quand il avait rompu, car elle en avait compris les raisons. Ho, elle avait eu mal, c’était évident, car pour elle, il aurait pu être le bon. Mais au final, et avec un peu de recul, elle s’était rendue à l’évidence : il avait eu raison de mettre un terme à leur histoire. La jeune femme n’était donc pas contre l’idée de le revoir, se rappelant à quel point l’ami qu’il avait été pendant leur relation lui manquait.
La conversation revint ensuite sur Love et, après la commande du dessert, celle-ci s’ouvrit davantage à Helena.
« ...Je suis désolé si j'ai pu te paraître un peu brusque...En réalité, mon frère est mort dans un accident de la route...On était très proche, très fusionnel...Sa mort m'a anéantie et a détruit notre famille...Après ça, ma mère n'allait plus dans le jardin, elle ne sortait plus de la maison...Mon père a tenté de garder la tête haute pour l'honneur de la famille et pour aussi ramener de l'argent...Le climat n'était pas super alors quand j'ai pu enfin partir faire mes études ailleurs, je n'ai pas hésité. Bien sur, Brisbane a aussi son long de mauvais souvenirs, mais c'est différent de Laidley. »
Helena ne put s’empêcher de poser un instant sa main sur celle de Love en la regardant tristement.
« Je suis sincèrement désolée. Je ne voulais pas ranimer de mauvais souvenirs en évoquant ton passé et ton enfance. Je ne peux qu’imaginer la douleur que tu as dû ressentir, et la peine qui doit toujours t’accompagner aujourd’hui. Je ne sais pas comment je m’en relèverai, s’il arrivait quelque chose à mon frère Dimitri. Il a toujours été là pour moi, c’est un peu mon ange gardien … Non, je ne sais pas ce que je ferai sans lui. »
Elle lui adressa un sourire triste.
« Tu as quand même toujours des contacts avec tes parents ? Tu les vois toujours ? »
Le monde était petit, cette simple phrase prenait à présent tout son sens. Je réalisais que Helena était bien plus proche de moi que j'aurais pu l'imaginé. Il avait d'abord eu Auden qui sortait avec l'ex de Isaac, mon ami d'enfance et homme dont j'étais follement amoureuse. Et maintenant Spencer mon patron. Chacun avait son histoire, mais s'était plutôt drôle comme situation. Bien entendu, je n'avais nullement l'intention de la juger et chacun était libre de faire ses expériences avec plusieurs hommes. J'aurais sans doute eu plusieurs relations si, je n'avais pas connu ce viol. Mais pour l'heure, je n'avais pas envie de parler de ça. Je ne connaissais pas encore bien Helena pour me confier et je ne voulais pas qu'elle puisse en parler avec Spencer. En revanche, je lui expliquais que mon frère avait trouvé la mort dans un accident de bus. Faisant ainsi voler en éclat le foyer famille et tout ce que je connaissais. C'était pour cette raison que je ne retournais pas à Laidley si souvent et que j'évitais au maximum d'appeler mes parents. Je regardais la main de la jeune femme qui venait de se poser sur la mienne et je lui souriais doucement. « Je suis sincèrement désolée. Je ne voulais pas ranimer de mauvais souvenirs en évoquant ton passé et ton enfance. Je ne peux qu’imaginer la douleur que tu as dû ressentir, et la peine qui doit toujours t’accompagner aujourd’hui. Je ne sais pas comment je m’en relèverai, s’il arrivait quelque chose à mon frère Dimitri. Il a toujours été là pour moi, c’est un peu mon ange gardien … Non, je ne sais pas ce que je ferai sans lui. » Je secouais doucement la tête "Ne t'inquiète pas, on ne peut jamais savoir ce que les gens ont vécu et c'est normal d'aborder l'enfance. Oh tu as un grand frère ? Ils ont tendance à être protecteur." Je souriais doucement me souvenant de mon frère qui était souvent sur mon dos. "En tout cas, profite à fond !" On mesurait la chance qu'on avait seulement quand nous l'avions perdu et il fallait profiter à fond chaque jours. J'étais tout de même un peu menteuse, car je ne profitais pas de mes parents comme il se devait. « Tu as quand même toujours des contacts avec tes parents ? Tu les vois toujours ? » Je haussais les épaules alors que la serveuse apportait nos desserts. "Oui j'en ai toujours, mais je ne les vois pas aussi souvent que je devrais...L'ambiance est tellement particulière que, je me sens vite mal à l'aise...Je ne leur dis pas tout non plus, je préfère pas les inquiéter ou même les embêter avec des futilités. Je sais que je devrais faire un effort, mais j'ai l'impression que ça n'a aucun intérêt pour eux de connaître certains détails de ma vie actuelle." Je souriais tristement avant de commencer ma glace. "Et toi alors...Tu as combien d'écart avec Dimitri...C'est ça ?" Je souriais cette fois plus joyeusement ne voulant pas casser l'ambiance avec mes soucis.
Helena s’en voulait d’avoir mis les pieds dans le plat et d’avoir ravivé de mauvais souvenirs. C’était tout elle : à force de poser 50 questions et d’insister sur tel ou tel sujet, elle finissait par déterrer des choses qui auraient dû rester enfouies. La jeune femme adressa un sourire triste à Love, lui caressa la main quelques secondes avant de reprendre la sienne pour avaler son dessert.
« Ne t’inquiète pas, on ne peut jamais savoir ce que les gens ont vécu et c’est normal d’aborder l’enfance. Oh tu as un grand frère ? Ils ont tendance à être protecteur. En tout cas, profite à fond ! »
Helena se détendit un peu et son visage afficha un sourire tendre à l’évocation de son frère.
« Protecteur, c’est en effet un des mots qui doit le mieux décrire Dimitri ! »
Elle ne put s’empêcher de rigoler.
« En même temps, j’ai eu grandement besoin de cette protection. Je me suis déjà fourrée dans pas mal d’histoires … particulières. J’ai eu plusieurs copains pas très recommandables également, et je ne parle pas d’Auden ! Heureusement, Dimitri était là. Il m’a toujours sorti des mauvaises passes, il est toujours venu me porter secours, peu importe le jour ou l’heure. »
La brunette s’était laissé emporter par son amour pour son frère, un sujet dont elle pourrait parler pendant des heures, sans même imaginer qu’elle pourrait blesser Love de parler ainsi de sa relation fraternelle. Soudain, elle percuta et s’excusa.
« Je suis désolée, je ne voulais pas être impolie. J’ai tendance à m’emporter quand on aborde Dimitri … Je suis sincèrement désolée pour ta perte. Et puis … si tu as besoin d’un peu de protection, je suis sûre que je peux tenter de m’assagir pour laisser un peu de temps libre à mon frère et lui demander de veiller un peu sur toi. »
Son sourire était franc et sa proposition plutôt sérieuse : elle était persuadée que son frère serait avide d’aider Love et de la protéger s’il la rencontrait. La conversation dévia sur les parents de Love, mais cette dernière y mit rapidement un terme pour revenir à Dimitri.
« Et toi alors … Tu as combien d’écart avec Dimitri … C’est ça ? »
Helena sourit en comptant sur ses doigts, devant réfléchir un instant.
« Presque 10 ans. C’est une sacrée différence, pourtant on a toujours été très proches ! »
La conversation fut interrompue par la sonnerie du téléphone d’Helena. Celle-ci revint à la réalité en voyant l’heure s’afficher sur son écran, avec le nom de sa responsable. Elle s’excusa et décrocha, échangeant quelques mots avec son interlocutrice.
« Je suis désolée, je crois que je vais devoir y retourner. Je pense que tu dois aussi aller rouvrir le magasin bientôt, sinon j’en connais un qui ne sera pas content ! »
Helena termina son dessert en quelques bouchées et tendit son téléphone à Love.
« Ecris-moi ton téléphone et ton adresse, si tu veux bien. Je pense qu’on se reverra vite ! »