| | | (#)Lun 25 Mai 2020 - 22:25 | |
| Elle est belle quand elle rage. Quand elle grogne au point de même pas avoir besoin de lever le petit doigt pour que les clients bien lourds qui bavent un peu trop sur le comptoir comprennent que c'est la fin que c'est last call, que la soirée peut continuer ailleurs et leur nuit avec. Elle est incroyable aussi Scarlett, parce que dans les faits, elle avait aucune expérience en rien qui puisse toucher de près ou de loin les tâches qu'elle a au DBD depuis qu'elle y bosse, depuis une éternité ; et pourtant rien ne paraît. Rien ne paraît tant elle a l'air d'être à l'aise ici bien plus que nulle part ailleurs, et que je suis un putain de chanceux de l'avoir dans l'équipe sans que mon caractère de con et mes blagues qui valent pas mieux l'aient découragée de moi et de tout ça y'a bien longtemps déjà.
« Honey I'm home! » que je scande, que je hurle, ma silhouette qui traverse les derniers piliers de bar qui commencent tranquillement à se presser vers la sortie quand moi je fais ma grande entrée. Elle s'est occupée de la fermeture ce soir parce que j'avais des trucs à finaliser pour la comptabilité du café, et après, ça a été mission ravitaillements à travers tous les commerces encore ouverts de la ville pour lui apporter de quoi se mettre sous la dent, en mode sucré et en mode salé, une fois son quart de boulot terminé. Elle pourra pas dire que je pense pas à elle. « Et Scarrrrr j'ai des cadeaux. » mais là, la seule chose qu'elle doit se dire, c'est qu'elle veut prendre une douche et dormir. La pauvre elle cumule les heures depuis un moment, y'a Deklan qui a décidé qu'il s'essayait à une relation de couple et on le voit plus du tout depuis des jours tant il roucoule le parfait amour ; et en vrai ça m'arrange, parce que la rage de tout le staff est décuplée contre lui, pas contre moi. Pas contre le Matt marié qui roucoule lui aussi, mais qui roucoule hors des heures de travail. Ça m'évite d'avoir l'air trop amoureux même si je le suis et que je m'en cache pas, et surtout parce que ce soir y'a discussion à avoir à propos de ça entre Scarlett et moi.
Mes pas précipités finissent par aboutir de l'autre côté du comptoir, mon sourire à deux balles bien haut bien grand sur mes lèvres. « Et j'ai une grosse annonce à te faire, c'est sérieux. » j'aime pas étirer le mystère, et je sais qu'elle aime pas elle non plus. Mais si elle veut pas qu'on parle des choses sérieuses ce soir et qu'elle préfère qu'on s'empiffre de bouffe en regardant des navets à la télé jusqu'à ce que mort s'en suive, ça me va aussi. Du coup, je propose un exit plan en plus de lui tendre son burger d'entrée. Le burger plat principal encore sagement à attendre dans son sac. « Soit on en discute ce soir, soit on en discute demain quand on cuve notre cuite. » qui dit burger bien gras dit bière bien froide. Les pintes que je nous sers d'office, heureux comme un con de passer les prochaines heures avec elle et rien qu'elle. Comme avant. |
| | | | (#)Jeu 4 Juin 2020 - 10:38 | |
| Les corvées de fermeture du bar avaient pour Scarlett une saveur particulière. Passé minuit, elle n'avait plus besoin de montre pour se faire une idée de l'heure, et n'avait qu'à jeter un œil condescendant à ceux qui revenaient inlassablement toutes les semaines. Sur la petite terrasse, les plus téméraires s'échauffaient déjà pour la suite d'un programme qu'elle ne leur enviait que parce que la fatigue avait commencé à entamer sa propre motivation. Leurs aboiements n'avaient d'égal que l'intensité qu'ils mettaient dans leurs discours racoleurs, mais tous les autres étaient encore assez sobres pour les rembarrer dans l'indifférence. A l'intérieur c'était une autre paire de manche. L'air était lourd et gonflé d'euphorie. Scarlett n'en pouvait plus de devoir jouer des coudes pour se frayer un chemin entre tous ces corps à la démarche saccadée. Des verres avaient été renversés, quand d'autres avaient tout simplement échappé des mains de leur propriétaire trop ivre pour faire preuve de ses entières capacités motrices. Celui-là elle l'avait foutu dehors, en insistant fortement auprès de ses amis pour les voir déguerpir en taxi. Elle avait fait le pied du grue à l'entrée du bar, les mains sur les hanches pour aggraver cet air réprobateur avec lequel elle les fixait. Matt avait déserté le bar pour s'adonner à des tâches barbantes de patron. Il n'avait eu qu'à prononcer le mot comptabilité pour la convaincre de tenir la boutique toute seule sans le moindre scrupule. C'était bien dans ces moments qu'elle se complaisait très bien dans son rôle de serveuse multitâche, aussi apte à préparer des cocktails qu'à servir des tables ou encore à faire le vigile devant la porte entrebâillée. Franchement, Matt était plus chanceux de l'avoir qu'elle ne profitait d'être dans ses petits papiers, et ce serait sans doute une information qu'il pourrait déduire de son laborieux calcul des charges du café. Après avoir brutalement rallumé les lumières, Scar entreprit de changer radicalement de style et lança à plein régime une symphonie de Mozart. Le genre de supplice que sa mère avait infligé à tous ses enfants, parce qu'une belle éducation nécessitait de toute évidence des cours de solfège et une impeccable maîtrise d'un quelconque instrument classique. Désormais, ces notes revêtaient à ses oreilles des allures de délivrance. Certains s'amusaient avec elle en défilant lourdement jusqu'à la sortie dans ce qu'ils considéraient sans doute être une imitation de ballet. Tant que c'était bon enfant elle ne leur accordait pas le moindre coup d’œil complice. En revanche pour virer les enclumes échouées au fond du bar il fallait plus que la stridulation des cordes d'un violon. « ALLEZ ON SE CASSE, DERNIER RAPPEL AVANT DE FIGURER AU WALL OF SHAME ! » beugla-t-elle par-dessus la musique qui emplissait les basses. Son avertissement ne suscita qu'un mouvement de tête amorphe de la part de celui qui dormait sur une table. « Je vous jure qu'après vous avoir arraché votre dignité je vous traînerai par la peau du cul jusqu'à la sortie. Vous m'avez vue ou quoi ? C'est pas vos 70 kilos qui vont me faire peur. » alerta-t-elle une dernière fois tandis qu'elle s'affairait avec le balai. Le pauvre garçon ouvrit un œil timide, et se releva tout aussi mollement avec le soutien d'un ami qui, à en juger par son remontage de braguette, était sorti à la hâte des toilettes sans prendre le temps d'honorer les règles sanitaires de base. Matt débarqua en fanfare derrière elle, et Scarlett se retourna aussitôt sur sa silhouette enjouée. Comment faisait-il pour être si dynamique à cette heure de la nuit ? Il avait intérêt à ne pas avoir menti sur ses activités, parce qu'elle lui ferait payer d'avoir conté fleurette à des étudiantes dans son dos pendant qu'elle s'était acharnée à la tâche. Et à en juger par les efforts qu'il avait déployés en victuailles pour l'amadouer, elle n'était pas loin du compte. Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour le rejoindre en sautillant au niveau du comptoir pour farfouiller dans les sacs. « Tu lis dans mes pensées sérieux. Je mourais d'envie d'un TimTam. » le bénit-elle en sortant la friandise de son emballage. Matt lui tendit un burger, et elle avait hoché des épaules pour s'excuser d'être trop goinfre pour s'encombrer des étapes d'un repas. Il avait eu l'air sérieux d'un coup, si bien qu'elle fronça les sourcils sans attendre de la suite. « Merde ça y est. Je savais que ça allait arriver un jour. Je suis virée c'est ça ? » se lamenta-t-elle après avoir manqué avaler de travers. « C'était pour ça les TimTam... mais vas-y, arrache le pansement d'un coup. » renchérit-elle avec juste assez de grandiloquence pour réduire ses soupçons à des sarcasmes. |
| | | | (#)Ven 5 Juin 2020 - 14:41 | |
| Elle hurle et eux ils tremblent, ils tremblent tous et c'est un spectacle duquel je me lasserai probablement jamais. Mes yeux sont brillants et mon sourire est immense, j'ai l'air du type le plus niais en ville et elle sera la meilleure pour s'en moquer dans cette vie dans les prochaines sans que j'ai le moindrement besoin d'en douter une seule seconde.
« Tu lis dans mes pensées sérieux. Je mourais d'envie d'un TimTam. » le truc avec Scarlett, c'est que je la connais par coeur et que l'inverse est toute aussi vraie. Probablement que si on avait été suspicieux des illuminatis ou d'un autre truc de con genre on aurait presque pu penser qu'on était des doubles envoyés sur Terre façon clones pour la dominer en bons robots possédés. Ouais, j'avoue, j'ai mis en boucle les pires films de sci-fi dans le bureau quand les chiffres commençaient à me rendre fou, j'ai lancé l'intégrale des Terminator entre deux factures à compiler. Ce qui reste de mon cerveau et des quelques neurones survivants - déjà qu'ils sont pas nombreux de base - à vif, ce sont mes référents à ce qui jouait sur grand écran. Ma danse de la victoire sert à rien mais elle me fait rire, et pendant que la brune se goinfre ce sont sa pinte comme la mienne que je remplis d'une nouvelle cuvée de bière préparée dans l'annexe. C'est une sûre à la framboise, elle a une couleur rubis pétant et elle est meilleure encore que toutes celles que j'ai bien pu faire dans le même style. Scar va l'adorer - et elle aura 100% de chances d'être distraite quand je pique sa dernière bouchée de TimTam au risque et péril de ma vie.
Elle snobbe le burger, je fausse l'air outré. « Merde ça y est. Je savais que ça allait arriver un jour. Je suis virée c'est ça ? » c'est pas professionnel d'éclater de rire quand elle lâche se bombe, c'est pas valable de penser que c'est la raison pour laquelle je veux lui parler aussi. Elle le sait aussi bien que moi qu'elle a sa place ici à la vie à la mort si elle le veut - ou jusqu'à ce qu'elle arrive plus du tout à m'endurer. « C'était pour ça les TimTam... mais vas-y, arrache le pansement d'un coup. » « Si tu pars d'ici, qu'elle comprenne déjà et d'office que c'est pas d'un potentiel et improbable renvoi dont on va parler, ça veut dire qu'il va falloir que je mette une perruque brune et un short en jeans moulant à Deklan sinon la moitié de la clientèle du DBD qui vient que pour toi viendra plus jamais. » à moi de geindre, à moi de me lamenter, à moi de mordre dans le burger qu'elle tient toujours sans la lâcher des yeux une seule seconde.
La première gorgée de bière c'est juste pour me dire encore une fois à quel point je suis un brasseur impeccable. La seconde gorgée c'est pour me laisser le temps de rassembler les meilleurs mots diplomates pour lui expliquer la chose. Mais finalement, la diplomatie part, parce que de toute façon, entre elle et moi, c'est la franchise qui compte, et ce sont les vrais mots pour les vraies choses qui comptent tout autant. « Lily va emménager éventuellement, en haut. » avec son chat, ses chats, nos chats, maintenant. Et si je sais déjà que Scarlett vise de se prendre un autre appartement depuis peu, qu'elle en parle ouvertement et qu'elle a des envies de grandeur et de liberté, n'en reste que ça me serre le coeur que l'annonce amène avec elle la discussion que je redoute bien plus que toutes les autres. On était bien en coloc - mais je suis bien, en mari, aussi.
Dernière édition par Matt McGrath le Sam 27 Juin 2020 - 14:43, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 24 Juin 2020 - 7:06 | |
| Leur amitié fonctionnait si bien parce que Matt n'avait pas en lui la moindre pulsion conflictuelle. Elle avait à peine le temps de titiller sa fierté qu'il attisait aussitôt les drames potentiels à grand renfort de justifications niaises et maladroites. Ce ton si candide et sincère qui avait le don de l'énerver chez les autres, mais qui faisait tout son charme à lui. Loin d'être frustrée, elle se prenait souvent au jeu et ne rechignait jamais à renchérir, au cas où elle tomberait sur un mauvais jour. Avait-il seulement des mauvais jours ? Sans doute, mais il était bien meilleur comédien qu'elle pour épargner aux autres ses humeurs massacrantes. En tout cas, les fois où il s'était énervé sur elle se comptaient sur les doigts d'une main, et très certainement dans un contexte où elle était trop alcoolisée pour s'en souvenir. Matt était assez désintéressé pour offrir à ses amis un repas à peine mérité sans arrière pensée. Il ne devait à Scarlett pourtant rien d'autre que son salaire. Après tout, elle ne faisait que son travail. Et elle aimait trop jouer de ses convictions pour tourner la situation en sa faveur, comme si cette récompense lui était due, sans s'encombrer des manières que leur mère s'échinait à leur rappeler à chaque repas de famille. Elle avait aussitôt fouillé dans les sacs, boudant par la même occasion le repas que Matt lui avait tendu avec un air affecté. Il avait ce même regard que lors de leurs rituels de dégustation pour renouveler la carte du bar. Totalement le genre à guetter la moindre réaction pour se délecter de la satisfaction de l'autre, tandis que Scarlett s’empiffrait goulûment. Comme d'habitude il visait juste, et la jeune femme était assez authentique en sa compagnie pour le gratifier de la plus infime manifestation de son appréciation. Des sons orgasmiques aux exclamations approbatrices. Matt désamorça ses craintes en explosant de rire, et elle regretta presque qu'il ne fasse pas durer le suspense. Pour une fois qu'elle tendait le bâton pour se faire battre. L'explication ne tarda pas. Scarlett trouva même la menace alléchante, et les idées fourmillaient déjà dans son esprit. « Tu sais quoi c'est une excellente idée. Faudra qu'on switch tous nos apparences un de ces jours. Parce que je VEUX voir Deklan en femme fatale. » Elle ne doutait pas que Matt était aussi absurde qu'elle dans ses projets pour approuver sa proposition. Sans forcément relever les compliments masqués sous ce vernis d'humour elle enchaîna avec le salé, au risque qu'il ne dévore le burger qu'il lui avait gracieusement apporté. Presque à l'unisson ils avaient reposé leur pinte, après avoir poussé un soupir appréciateur. Cette bière plairait autant aux femmes qu'à ceux qui aimaient l'ivresse pernicieuse. Celle qui vous tapait dans le front d'un coup sans crier garde. « Je valide. » dit-elle pour combler le silence de leur appétit consumé. Matt le meubla à son tour, et même si c'était une annonce à laquelle ils s'attendaient tous les deux, l'entendre de vive voix l'avait submergée d'une vague de mélancolie. Scar était triste. Résignée mais triste de devoir le quitter, et de tirer un trait sur cette vie de couple platonique à laquelle elle s'était finalement accommodée. « C'est comme ça que tu me largues ! » s'étonna-t-elle avec affectation. Elle ne feignait pas tant la surprise qu'elle déformait sa déception. « J'ai 2 jours pour faire mes valises c'est ça ? » renchérit-elle non sans faire écho à la mise en demeure de son dernier propriétaire, aussi soudaine qu'impérieuse. Matt se décomposerait sans doute sous le coup de la culpabilité. C'était tout ce qu'elle espérait, parce qu'en vérité cette nouvelle n'était une surprise pour personne, et parce qu'elle avait déjà prospecté depuis qu'elle avait constaté, avec amertume, que ce mariage improbable était voué à durer. « Tu vois j'étais pas si loin avec cette histoire de TimTam. Il y a toujours anguille sous roche. » |
| | | | (#)Sam 27 Juin 2020 - 15:15 | |
| « Tu sais quoi c'est une excellente idée. Faudra qu'on switch tous nos apparences un de ces jours. Parce que je VEUX voir Deklan en femme fatale. » « Je veux ton look je serais L'ENFER dans ton jeans moulant celui qui est déchiré tu sais lequel les gars sifflent quand tu le mets c'est lourd. » et je suis sûr de sûr que j'aurais un cul encore plus fabuleux si c'était moi qui le portait, elle le sait sûrement déjà. Après, faudrait que je vois comment fermer le truc, probablement que je le lui déchirerais dramatiquement et que ça serait ça le véritable enfer. Qu'il faudrait que je mise sur un oeil charbonneux et un trait de rouge à lèvres pour distraire l'attention ailleurs et et et et - Matt sérieux t'es vraiment en train de te demander comment réussir ton angle de mascara comme il faut?
La bière qu'elle descend aussi vite et bien que moi, là par contre, on est à égalité. Je les compte plus les pintes partagées depuis le début, depuis toutes ces années. « Je valide. » et malgré tout son avis reste l'un des plus importants - si ce n'est celui qui l'est le plus. Elle sait exactement ce que les clients veulent ici, elle sait exactement ce qui passe et ce qui passe pas sur le menu. Et elle sait aussi parfaitement comment me dire de me la fermer quand je pars sur une idée de merde que tout le monde encense mais qu'elle voit foncer droit vers le mur à la seconde où je l'assume pas encore totalement tant que j'ai pas eu sa bénédiction.
Elle sait tout Scarlett, et sûrement qu'elle savait déjà un peu ça. « C'est comme ça que tu me largues ! » ma paume vient se caler sur mon torse au niveau du coeur, mime un éclat violent et des tas de morceaux qui s'envolent avec. Jamais j'oserais même penser la larguer, elle qui me colle aux baskets autant que je colle aux siennes. C'est à la vie, nos conneries. « J'ai 2 jours pour faire mes valises c'est ça ? » ça par contre, ça me brise vraiment le coeur, parce que ça me ramène direct au moment où elle s'est retrouvée sans rien à cause de son proprio de merde. Si elle peut ne jamais vivre une telle merde à nouveau je dormirai mieux. Et c'est probablement pour ça que je me jure d'office et de suite que quoi qu'il arrive ensuite, jamais je la laisserai se faire traiter de la sorte encore. Ni par moi ni par personne. « Tu vois j'étais pas si loin avec cette histoire de TimTam. Il y a toujours anguille sous roche. »
« Tu prends tout le temps qu'il faut. Je te le dirai pas deux fois. » si ma voix a l'air catégorique c'est qu'elle l'est réellement - elle peut prendre des mois à étirer sa présence avant de partir, jamais je lui en voudrai ou la forcerai. Même si je sais qu'elle cherchait déjà, même si je sais qu'elle ferait jamais rien volontairement pour bousiller les choses avec Lily, je veux aussi qu'elle sache que c'est pas une mise à la porte pure et dure. La discussion devait seulement être lancée. « On pourrait même faire les râleurs à aller visiter d'autres appartements ensemble. Je sortirai un max de blagues nulles à tes potentiels colocataires rien que pour voir si ils ont le bon genre d'humour. » aka le mien.
Les pintes que je remplis, docile. « Personne va tolérer que tu laisses la pinte de lait vide au frigo aussi bien que moi. Tu sais ça. » les conneries que j'énumère, que j'égraine. « Tu veux habiter seule, ou avec d'autres? » c'est pas mes affaires et elle aura tous les droits de me le dire, mais depuis quand y'a une limite quelconque entre nous deux? |
| | | | (#)Mar 21 Juil 2020 - 16:58 | |
| Son enthousiasme avait été contagieux, et sans surprise Matt adhéra à son idée. Scar s'esclaffa en le visualisant affublé de ses vêtements. Encore une fois elle aurait été vexée que n'importe qui d'autre se charge de son maquillage. « Ce jean t’aplatirait les fesses, cherche pas. » charria-t-elle en l'imaginant porter un plateau à bout de bras, trop fier de parodier son rôle de serveuse malhabile. Il ne fallait en tout cas pas beaucoup d'expérience pour se permettre de l'incarner une soirée. « Cela dit, vu ta passion pour porter mes vêtements, tu devrais peut-être te reconvertir sur la scène drag. McGrasse, ton nom est déjà tout trouvé. » Nul doute qu'il avait déjà l'attitude et la répartie nécessaires. Quoiqu'il en soit, elle avait bien flairé l'entourloupe. Même Matt déployait les meilleurs stratagème pour lui passer de la pommade. Il était d'ailleurs bien plus doué que n'importe qui pour taper dans le mile. Scar s'appliqua à prendre la nouvelle à la légère, même si paradoxalement elle grossissait le trait de sa déception. Ce n'était certainement pas parce qu'elle s'y était résignée que la jeune femme était attachée au changement. Elle le voyait plutôt comme une fatalité qui lui collait à la peau. Le résultat inéluctable d'un caractère capricieux et volage qu'elle aimait pousser à l'excès. Personne d'assez avisé n'aurait pu croire qu'elle chérissait en fait secrètement les jalons de sa vie d'adulte. Ces rares victoires qui faisaient d'elle une personne émérite aux yeux de la société, et de sa famille par extension. Matt lui avait offert la plupart de ces accomplissements. Il lui avait proposé un emploi qu'elle estimait, malgré ce que pouvaient laisser croire ses vociférations intempestives, et lui avait même procuré un toit quand elle en avait eu besoin. Ce qui n'était qu'une affaire de semaine s'était étiré sur des mois, mais personne ne s'en plaignait vraiment. C'était devenu un sujet qu'ils avaient tacitement décidé de ne plus aborder, comme si le destin avait finalement fait ce choix à leur place. Scar lui exprimait rarement sa reconnaissance. Non pas par pudeur, mais parce qu'il était trop humble pour entendre à longueur de journée à quel point il était indispensable à sa vie et à sa réussite. Elle se contentait donc d'être présente et fidèle à leur amitié. C'était sa récompense... ou sa malédiction. A vrai dire, Matt n'aurait pas grand-chose à dire pour l'évincer de sa vie, car elle était bien assez lucide concernant l'asymétrie de leur relation. Parfois elle avait véritablement l'impression de n'être qu'une sangsue qui s'accrochait à lui pour lui pomper son triomphe. Arriverait-elle même un jour à réussir quelque chose par elle-même ? Sans un coup de pouce de son plus vieil ami ? Matt changea de ton, et elle réalisa alors que le temps de l'ironie était terminé. Il était si candide parfois qu'elle ne pouvait se résoudre à rester caustique et provocatrice. Sa mine doucereuse se changea en moue. La rétrospective de leur vie commune se jouait dans son esprit sur un fond de musique burlesque. C'était du moins ce que témoignait son regard perdu dans le vide. « Je plaisante ! » avoua-t-elle avec un peu trop d'entrain pour que ce soit sincère. « Puis c'est pas avec le mobilier que j'ai collecté que ça prendra du temps. » avait-elle ajouté, un peu amère de constater qu'elle ne possédait pas beaucoup plus que quelques valises de fringues. Sans doute alarmé par une désillusion qu'elle avait du mal à dissimuler, Matt se lança dans l'inventaire des quelques points positifs de cette annonce. Elle devait avouer que la perspective était séduisante, même si elle aurait préféré faire des visites à ses côtés sans l'épée de Damoclès d'un véritable déménagement au-dessus de sa tête. Elle trouvait bien plus amusante l'idée de jouer les couples en quête d'un nouvel appartement que de se voir accompagnée par simple charité. « Tu rêves McGrath, si quelqu'un rit à tes blagues je saurai au contraire que c'est le moment de fuir pendant que vous faites des battles de rots. » C'était tout à fait faux. Elle avait besoin de quelqu'un qui ne s'offusque pas de ce genre de réaction naturelle de la part d'une femme. Et elle savait qu'il comprendrait qu'au fond c'était une façon tout à fait orgueilleuse d'admettre qu'elle acceptait son aide une fois de plus. « Rien que pour ça je devrais habiter seule... » répondit-elle à sa remarque sur le fond de lait qu'elle laissait au frigo par flemmardise plutôt que par courtoisie. « Mais je crois que je me suis fait à la colocation. Ce serait un peu trop brutal de me retrouver toute seule d'un coup. » conclut-elle, pensive. « Et du coup tu vas emménager avec Lily ? Grosse étape. » avait-elle affirmé, bien consciente qu'ils avaient franchi les étapes dans un ordre tout à fait aléatoire. « C'est quoi la prochaine ? La perruche ? » Elle n'aurait pas osé parler d'enfants. Matt en était déjà un. - Spoiler:
@Matt McGrath sorryyy pour le délai
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| | | | (#)Sam 25 Juil 2020 - 19:19 | |
| Elle est belle quand elle joue à être sérieuse mais qu'elle l'est pas vraiment. Elle l'est encore plus quand elle me rappelle à quel point les concours de rots sont à eux seuls ma raison de vivre. « Tu rêves McGrath, si quelqu'un rit à tes blagues je saurai au contraire que c'est le moment de fuir pendant que vous faites des battles de rots. » « Tu seras pas capable de fuir tu vas vouloir repartir avec la couronne j'te connais sale fourbe. » parce que de nous deux, elle a toutes ses chances même dans une guerre hypothétique. J'ai arrêté de compter le nombre de victoires qu'elle a eues au beer pong aussi, un peu parce qu'elles étaient trop nombreux surtout parce que mon égo s'en remettrait jamais du décompte final. « Rien que pour ça je devrais habiter seule... » blablabla et mes yeux roulent sur leur socle et ma langue se tire sans même que je ne la force. Ça se fait naturellement, de se moquer l'un de l'autre. Autant que d'être toujours, toujours là pour elle, quoi qu'il arrive.
« Mais je crois que je me suis fait à la colocation. Ce serait un peu trop brutal de me retrouver toute seule d'un coup. » « Ou tu te prends un chat. »
D'ailleurs, parlant de chats. « Et du coup tu vas emménager avec Lily ? Grosse étape. » « Yepppppp.» grosse étape en effet. Première fois que j'habite avec une fille pour vrai, première fois que je suis marié aussi. J'arrive pas encore à le croire et Scar le sait aussi bien que moi. On s'était pas déjà juré qu'à quarante ans si on avait personne ça serait elle et moi contre le monde devant l'autel? Je sais plus. « C'est quoi la prochaine ? La perruche ? » « On s'essaie à avoir une plante en commun là.» un truc avec des tas de fleurs et avec tout autant de feuilles de toutes les couleurs. Pour le moment (depuis un peu moins de 43h du coup), on s'en sort même bien. « Et elle a des chats. » d'où la proposition plus tôt, parce qu'apparemment je deviens un crazy cat boy, à ce qu'il paraît.
« J'suis flippé de fou que tu l'aimes pas. » ça sort après une énième pinte finie ça, et une autre que je remplis pour moi, et pour elle avant ça. « J'ai quel âge en vrai? On est pas au lycée, c'est pas comme si tu l'autorisais pas à s'installer avec toi à la table à la cafétéria. » c'est pas comme si l'approbation de Scarlett allait changer quoi que ce soit. Ou alors, est-ce que ça changerait tout?
- lalalalaaaa:
pas de soucis du tout voyons
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| | | | (#)Mer 12 Aoû 2020 - 7:12 | |
| Scar n'était pas dupe ; elle était le meilleur pote idéal, et le récent mariage de Matt avait achevé de la convaincre que c'était ainsi qu'il la considérait. Cette entente lui convenait, et si le jeune homme mettait un point d'honneur à ne jamais se dénaturer aux yeux des autres, elle pouvait quant à elle affirmer qu'elle n'était véritablement elle-même que lorsqu'elle était en sa compagnie. Il y avait toujours une certaine pudeur avec sa famille, des cachotteries destinées à lui épargner leur moralité constante. Si Matt se gênait rarement pour la juger, c'était le plus souvent par le prisme des sarcasmes et autres barrières sémantiques qu'ils érigeaient par respect, mais surtout parce que l'expérience leur avait appris que leurs avis ne valaient pas moins que ceux des autres. Si Beth tenait tant à comprendre son attachement pour le café et son modeste statut de serveuse polyvalente, elle n'avait qu'à prendre le temps d'écouter ne serait-ce que cinq minutes les éloges que Matt était capable de formuler à son encontre. Scar avait assez été rabaissée dans sa vie pour pas s'imposer en plus les contraintes d'une hiérarchie toxique. A défaut d'être compétente elle était loyale, et elle était aussi lasse de constater que sa sœur, pour ne nommer qu'elle, n'était toujours pas capable de l'appréhender aussi bien que ses amis. Ce déménagement, quoiqu'il lui brisait un peu le cœur, ne lui apparaissait pas du tout comme l'amorce d'une séparation. Matt serait toujours présent pour elle, et il n'avait plus aucune preuve à lui apporter depuis bien longtemps. Si ce n'était pas du déni, leur discussion avait quand même vocation à dissimuler une déception qu'elle espérait réciproque. Scar n'avait pas envie de s'appesantir sur des sentiments dont Matt était déjà au courant, et leur ton plaisantin l'avait bien vite démontré. Elle appréciait particulièrement qu'il soit capable de la visualiser dans un contexte que d'autres estimeraient dégradant. Qu'il soit capable de la traiter comme son égal alors qu'il lui était supérieur sur de nombreux niveaux. « Meh. » avait-elle répondu en hochant les épaules pour ne pas totalement démentir ses talents les moins gracieux. Matt avait protesté avec le même degré de maturité, si bien que de l'extérieur on aurait pu croire à une conversation de bac à sable. « Pourquoi je ferais ça ? » rétorqua-t-elle avec un dédain non dissimulé à l'idée d'adopter un chat. Scarlett n'avait jamais été une fan d'animaux, mais elle ne trompait personne. Elle appartenait clairement à cette catégorie de personnes qui, quoique réticentes au départ, finissaient par devenir bien plus gâteuses face à un chat qu'à un enfant. Des plantes et des chats. Matt semblait être devenu adulte d'un coup, et elle avait senti comme un poignard s'enfoncer dans sa poitrine. « Ben, elle a des chats... » avait-elle répondu un peu fataliste, lorsqu'il lui avait exposé ses craintes de voir les femmes de sa vie se vouer une guerre froide. Scar en doutait peu, car elle partait avec un sacré paquet de préjugés, et qu'elle était encore trop farouche pour se défaire de ses premières impressions. Et qu'elle la foutait dehors, accessoirement. « J'aurais dit 12 ans à vue de nez. D'ailleurs qu'est-ce que tu fous dans un bar ? » plaisanta-t-elle, foncièrement satisfaite que Matt soit assez attentionné pour prendre en compte ses opinions. Jill ne pouvait pas vraiment se vanter d'avoir fait la même chose en se précipitant dans cette relation limite tolérable avec Bailey. Même si son avis seul ne pesait pas dans la balance, Matt avait au moins la décence de lui faire miroiter le contraire. « Je suis juste contente pour toi, Matt. On a toujours été là pour supporter nos idées les plus délirantes. Pourquoi un mariage ne pourrait pas se faire juste sur un coup de tête finalement ? Tant que ça vous convient. » Cela lui coûtait de le dire, mais elle serait bien hypocrite de lui opposer les dispositions sacrées du mariage alors qu'elle continuait de se battre contre les opinions religieuses de sa mère. « Et j'ai hâte de la rencontrer. » Mensonge, mais elle lui devait bien quelques fausses bonnes intentions en retour. « Puis, tant qu'elle me remplace pas ici, moi ça me va. » conclut-elle en avalant avec appétit la dernière bouchée de son burger. |
| | | | (#)Sam 29 Aoû 2020 - 19:25 | |
| « J'aurais dit 12 ans à vue de nez. D'ailleurs qu'est-ce que tu fous dans un bar ? » « Ta gueule c'est pas parce que j'ai la taille d'un gamin de 12 ans que j'en ai l'âge. »
Mon air faussement outré et mes mots faussement piquants me vaudront fort probablement une claque, un soupir, un roulement d'yeux et une claque encore, pour bien fermer le bal. Ce serait mentir de dire que chacune de ses attaques autant physiques que verbales envers moi ne sonne pas comme la plu douce des déclarations. Vraiment con que je puisse être donc, d'autant vouloir la faire sortir de ses gonds que de tenter expressément chaque jour qui passe de calmer les milliers de boules de feu qui naissent en elle. C'est une dynamique bien complexe qu'on entretient depuis toujours entre nous deux, et je me suis jamais fait chier à tenter de l'expliquer : c'est juste comme ça qu'on fonctionne, et qu'on va éternellement fonctionner. Ça nous va.
« Je suis juste contente pour toi, Matt. On a toujours été là pour supporter nos idées les plus délirantes. Pourquoi un mariage ne pourrait pas se faire juste sur un coup de tête finalement ? Tant que ça vous convient. Et j'ai hâte de la rencontrer. »
Qu'elle prenne le temps de dire tout ça fait un bien fou. J'ai l'air du grand imbécile qui fout tout en l'air le sourire aux lèvres, mais la vérité est toute autre : je veux vraiment faire les choses bien avec Lily. J'ai pas envie que ça soit une autre histoire qui s'effrite entre deux cocktails trop forts pour souligner mes flops, ou un autre cas duquel Scarlett me mettra en garde avant, pendant et après le processus. Non, avec la Keegan devenue McGrath y'a vraiment plus, je sais qu'il y a plus. Et que Scar le comprenne et l'apprivoise, juste ça, c'est exactement ce dont j'ai besoin pour inspirer une bonne dose de confiance en le fait que je ferai pas tout merder encore une fois. Elle y croit presque même autant que moi.
« Puis, tant qu'elle me remplace pas ici, moi ça me va. »
Ça, ça pique. Parce que Lily ou pas, sa place à la Warren, elle est moulée rien que pour elle. Personne ne peut lui voler, personne ne peut la remplacer, et si c'est de ça qu'elle a peur pour le moment, alors je passerai des mois entiers à lui hurler aux oreilles d'un côté et de l'autre du bar ceci : « Jamais de la vie. Y'a qu'une Scarlett et si tu me demandes, c'est bien assez souffrant comme ça. » qu'elle lise entre les lignes. Mon bras passe autour de ses épaules, ma main l'ébouriffe une ultime fois avant de piquer sa pinte pour que j'en récolte la dernière gorgée. Y'a qu'une Scarlett. Et ça me suffit.
- aloha lolita:
si t'as envie on peut doucement conclure et voir pour en ouvrir un actuel, y,a du drama à expier
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