Il est naturel qu'une mère se fasse un sang d'encre pour son enfant lorsque celui-ci, âgé de seulement quelques mois, ne cesse de pleurer à cause d'une forte fièvre qui ne voulait pas redescendre. C'est le cas de cette jeune femme qui est arrivé avec son fils. C'est vers Alice qu'elle s'est tournée vu qu'elle passait par là. Elle l'a bien vu, l’inquiétude dans son regard. Elle l'a alors guidé vers l'accueil puis à demander à ce que quelqu'un du service pédiatrique vienne s'occupe de cet adorable bébé aux joues et yeux humides. Le temps passe et Alice voit cette femme qui attend patiemment, assise sur une chaise. Elle hésite Alice, elle hésite puis elle y va, avec un sourire bienveillant. Elle s’assoit à côté d'elle, fait de son mieux pour la rassurer. Elles se mettent à parler, elle apprend que cette femme s'appelle Eirean et qu'elle vient d'Irlande. Elle est bien loin de chez elle pour sûre. Elle apprend ensuite qu'elle est venue ici pour voir le père de son enfant, son ex-mari, un français qu'elle a rencontré à Galway il y a de ça trois ans et qui vivait en Australie avant de venir en Irlande pour ensuite repartir. Alice fronce légèrement les sourcils en entendant ça. Elle ne peut s'empêcher de poser quelques petites questions, sa curiosité avait de toute façon d'ores et déjà prit le dessus. La femme n'a pas l'air d'avoir de mal à en parler et elle donne le nom de cet homme. Et en entendant ce nom, Alice à l'impression que son cerveau fait un court circuit. Devrait-elle croire cette femme ? Pouvait-elle la croire ? Bien sûr qu'elle le peut, elle ne peut pas avoir tout inventer et ne savait certainement pas que l'infirmière à qui elle était en train de parler était l'ex-copine de son ex-mari. Alice, elle ne sait pas quoi faire alors elle sourit et s'excuse en disant qu'elle doit retourner travailler. Elle se lève et s'éloigne rapidement. Trop de pensées se bousculent dans sa tête, trop d'émotions aussi, de la peine, une certaine colère envers celui qui l'a quitté et qui, dans la même année, a épousé une autre femme. Il fallait qu'elle pense à autre chose, qu'elle s'occupe l'esprit, qu'elle oublie.

Le mieux pour ça, c'est qu'elle fasse son travail alors elle vogue de chambre en chambre, là où on a besoin d'elle. Se précipite à l'entrée lorsqu'un homme victime d'un grave accident de la route fait son entrée sur un brancard. Elle cherche de l'action jusqu'à ce qu'elle n'en trouve plus, jusqu'à ce que son bip retentisse, lui demandant de se rendre à l'accueil. Et lorsqu'elle arrive, son premier réflexe et de jeter un œil vers les chaises, là où l'irlandaise était il y a de ça plus d'une heure mais elle ne la voit pas, elle est partit et c'est tant mieux. Elle pourra au moins passer le reste de la journée tranq... "Monsieur Murphy est là pour que tu lui retire les fils de suture. Box 3." Merde...

Elle se racle la gorge, resserre sa queue de cheval. Contrôle toi Alice, contrôle toi. Elle y va, vers ce box dans lequel ils ont vécu leurs "retrouvailles". Elle y va et entre, force un sourire à peine visible. "Martin." Elle ne lui accorde aucun regard, elle a déjà prononcer son nom, c'est assez. Elle approche une chaise, s'assoit en répétant le même scénario que la dernière fois en rapprochant le petit chariot métallique d'elle. "Comment va ta main ? Pas trop de douleur depuis ?" Elle reste professionnelle, parle de ce dont il faut parler alors que son cœur lui dit, lui crie de l'insulter, de lui faire comprendre qu'elle sait, de lui faire voir à quel point elle a mal. Elle lui fera savoir en temps voulu, si elle arrive à se retenir. Et ça, ce n'est pas gagné.


@Martin Murphy  

Ce fût une semaine assez compliquée. Non seulement à cause de ma rencontre avec Alice, qui, je dois le dire, n'a rien arrangée et à fait resurgir de vieux souvenirs (et vieilles émotions aussi), mais aussi et surtout à cause d'un mal plus profond. Ce mal n'est pas seulement moral, mais il est surtout physique. Des douleurs diffusent dans mes membres, des courbatures assez importantes dans le dos et la nuque et surtout, et c'est ce qui m'embête le plus : un manque de force général mais surtout concentré dans mon bras gauche. Je met tout cela sur le dos de la fatigue due à mes insomnies, au fait que mes journées de travail sont relativement longues et stressantes, le fait que ce soit mon épaule luxée en 2012 et qui me donne encore aujourd'hui du fil à retordre ainsi que le fait que j'ai eu plusieurs réunions avec les Sea Shepherd cette semaine. Mes journées furent donc longues et mes nuits courtes.

Tout cela se voit sans doute sur mon visage car la secrétaire médicale avait du mal à croire que je ne venais que pour qu'on retire les fils de ma blessure à la main. Elle voulait déjà m'envoyer dans un autre service, j'ai du insister sur le fait que j'ai simplement passé une mauvaise nuit et elle a fini par me dire de m'installer dans le box #3. Je me suis traîné à cet endroit où j'ai retrouvé mon ex-copine et me suis laissé choir sur la chaise dans un lourd soupire.

Et c'est là que je me trouve actuelle, à me jurer de me poser en revenant et de faire une bonne sieste, même si elle dur jusqu'à demain matin, lorsque le rideau s'ouvre sur Alice. Je relève mon regard sur elle et m'apprête à lui offre un sourire mais suis bien trop surprit par le ton froid et sec qu'elle utilise. Ce n'est pas dans ses habitudes, elle qui respire la joie de vivre et qui la transmet à quiconque la regarde et lui parle. Non. C'est, sans décrocher un sourire ni même le regarder, qu'elle pousse le chariot métallique, tire une chaise et s'installe en face de moi. Attrapant ma main que je lui donne avec plaisir, elle reste très professionnelle et me pose des questions d'usage.

 «Je ..hum, non ça va. Pas de douleurs » répondais-je en secouant doucement la tête  « J'ai massé et hydraté la cicatrices tous les jours à l'huile de coco, j'ai l'impression que ça a pas mal aidé. En tout cas ça commence à gratter, ce qui est bon signe»  affirmais-je alors qu'Alice retire le bandage pour arriver au pansement  « C'est mon collègue Swann qui m'a refait le pansement avant hier. Il a bien gérer, pas vrai ?» je tente de faire la conversation mais j'ai l'impression que tout ce que je dis ne fais aucun sens et commence à ressentir un certain malaise face à Alice qui est toujours muré dans un silence.

@Alice Tirel

Elle fait comme si rien n'était, du moins elle essaie et ça n'a pas l'air de vraiment porter ses fruits au vu de l'expression de Martin lorsqu'il la voit arriver. Elle est sûre d'avoir aperçue un début de sourire sur son visage avant qu'elle n'ouvre la bouche pour laisser entendre sa voix froide, quelque chose de rare, d'inhabituel.  «Je ..hum, non ça va. Pas de douleurs » Elle hoche la tête en observant sa main et en enlevant soigneusement le bandage.  « J'ai massé et hydraté la cicatrices tous les jours à l'huile de coco, j'ai l'impression que ça a pas mal aidé. En tout cas ça commence à gratter, ce qui est bon signe» Elle lui accorde un rapide regard avant de reporter son attention sur sa main. "Ça a dû grandement aider oui. L'huile de coco est très efficace, tu as bien fait d'en utiliser." Il s'y connait aussi après tout. Elle pose ensuite ses yeux sur un pansement parfaitement poser.  « C'est mon collègue Swann qui m'a refait le pansement avant hier. Il a bien gérer, pas vrai ?» Elle force un sourire, légèrement pincé. "Il l'a parfaitement fait oui." confirme-t-elle avant d'enfin se munir d'une petite paire de ciseau à bouts pointues. Elle s'approche un peu plus pour observer les quatre nœuds qu'elle va devoir couper un par un.

"J'ai rencontré une femme tout à l'heure..." Elle n'arrive pas à s'en empêcher. Elle engage la conversation, conversation que Martin ne s'attend certainement pas à avoir. Mais elle doit le dire, elle doit lui dire. "Elle est venu avec son bébé, elle avait peur pour lui, faut dire qu'il avait une forte fièvre et que ça peut être risqué pour les bambins." shlack, premier nœud coupé. "Elle était tellement nerveuse que j'me suis assise avec elle pour la rassurer un peu en attendant qu'elle ait des nouvelles. Et on a parler d'elle. Elle vient d'Irlande et elle est venue rejoindre son ex-mari." shlack, deuxième nœud. "Son fils s'appelle Elliot, il est incroyablement mignon. Elle a dit qu'il ressemble déjà à son père." shlack, troisième nœud. "Elle a épousé le père de son fils en 2017, un franco-allemand, comme toi." Sa main se crispe légèrement sur la paire de ciseaux.  "Elle s'appelle Eirean." shlack, dernier nœud coupé soudainement avant qu'elle ne vienne poser brusquement les ciseaux sur le chariot et enfin, son regard rencontre le siens. "Peut-être que ton ex-femme aurait fait mieux que ton collègue pour ton pansement, non ?" Elle le fixe sans bouger d'un poil. Ça y'est, c'est lancé. Et elle se fait un malin plaisir à venir tapoter - légèrement fort - la plaie fraîchement cicatrisée avec une boule de coton propre, sans le quitter du regard. "Tu comptais me le dire un jour ? Que t'as un fils ?" Comptait-il lui dire qu'il a épousé une femme même pas un an après leur rupture, qu'il a eu un enfant avec elle ? Comptait-il lui dire que leur relation n'était apparemment pas aussi importante pour lui que pour elle, comptait-il lui expliquer plus en détail la raison de leur rupture. N'avait-elle pas été assez pour lui ? N'avait-elle pas fait ce qu'elle pouvait pour qu'ils soient heureux ?

@Martin Murphy  

Si je m'attendais à être au bord de la crise d'angoisse en faisant face à Alice, je ne serait sans doute pas venu. Et pourtant c'est bel et bien le cas lorsqu'elle reprend la parole après avoir complimenté le travail de Swann. Elle me parle d'une rencontre avec une femme qui était nerveuse et paniqué à cause de la fièvre de son fils. En soit, c'est normal, ce n'est pas comme si c'était quelque chose de rare ici, à l'hôpital. Je me demande pourquoi elle me demande ça, mais Alice ne me laisse pas le temps d'ajouter quoique ce soit qu'elle continue à nouveau, tout en coupant le bandage. Cette femme serait arrivé d'Irlande pour rejoindre le père de son fils, Elliot -adorable prénom au passage- qui lui ressemble déjà beaucoup. Mes sourcils se froncent d'avantage encore, d'incompréhension cette fois, alors qu'Alice reprend que cette femme s'est marié en 2017 à un franco allemand comme moi

 « Je ...» commençais-je mais me tais lorsque ma respiration se bloque brusquement à l'évocation du prénom de mon ex-femme. Si au début le doute aurait pu plané quant à l'identité du père de cet enfant, il est clair et net que là, avec ces informations + ce prénom, le doute n'est plus possible : il s'agit de moi.

Mes yeux s'écarquille, mes sourcils s'arquent et les battements de mon cœur s'accélère brusquement tandis qu'Alice s'énerve en me demandant si je comptais lui annoncer un jour que j'avais un fils.  «Non, je, ce ... » je suis stoppé dans mon début d'explication lorsqu'une douleur aiguë me traverse la main alors que l'infirmière tapote la plaie avec un coton imbibé de lotion désinfectante.  « Je ne pouvais pas te l'annoncer parce que j'étais même pas au courant. Je ...» je fronce les sourcils  «Attend, t'es vraiment sûre du prénom ? Je veux dire ... » je soupire doucement

 «Je me suis effectivement marié en 2017, mais c'était en décembre et on s'était séparé plusieurs mois avant. Tu vas pas m'en vouloir d'avoir refait ma vie, non ? » je darde mon regard sur Alice  « Tu l'as sûrement aussi fait toi-même» que j'assume alors que ça peut aussi totalement être faux.  « Mais ...un fils ?» je fronce à nouveau les sourcils  « Y a du avoir une erreur» dis-je en secouant la tête  «On s'était mis d'accord avec Eirean. Je connaissais son désir d'avoir des enfants, mais elle a totalement accepté le fait que je n'en veuille pour rien au monde » je me redresse  « C'est pour ça qu'on s'est séparé, je l'ai libéré des chaînes du mariage parce qu'elle mérite le bonheur de fonder une famille. Mais non, c'est impossible je ...PUTAIN MAIS FAIT GAFFE MERDE !» m'exclamais-je lorsque les gestes de la jeune femme se font bien moins doux qu'ils ne devraient l'être et je retire vivement ma main  « J'y peux rien si ça te frustre tant ...» à comprendre : soit professionnelle, putain.

@Alice Tirel

 «Non, je, ce ...  Je ne pouvais pas te l'annoncer parce que j'étais même pas au courant. Je ...» Elle le fixe toujours, bien qu'elle ne peut cacher la légère surprise en entendant sa réponse. Il ne sait dont pas qu'il a un fils ? Il n'était pas au courant ? Cette femme lui aurait caché sa grossesse ? Ou bien n'était-elle pas au courant de sa grossesse lorsque Martin à quitté l'Irlande ? Il le savait, désormais, et il ne l'a malheureusement pas apprit d'une bonne manière. «Attend, t'es vraiment sûre du prénom ? Je veux dire ... » Elle fronce légèrement les sourcils. Bien sûr qu'elle est sûre du prénom. Certaine.  «Je me suis effectivement marié en 2017, mais c'était en décembre et on s'était séparé plusieurs mois avant. Tu vas pas m'en vouloir d'avoir refait ma vie, non ? » Si. Bien sûr que si. Parce qu'il est allé vite, beaucoup trop vite.  « Tu l'as sûrement aussi fait toi-même.» Elle essaie de se contrôler, vraiment. "Je n'ai pas refais ma vie la même année que notre rupture, non. J'ai attendu." Mais elle ne dit pas qu'elle ne l'a pas refaite non plus. Elle aurait pu mais grande romantique qu'elle est, persuadée que Martin était certainement l'homme de sa vie, elle se disait qu'il allait revenir dans plusieurs mois. Mais ces mois se sont transformés en années et elle a finit par presque l'oublier, presque. Elle a attendu que son cœur cesse d'avoir mal dès qu'elle pensait à lui. « Mais ...un fils ?  Y a du avoir une erreur. On s'était mis d'accord avec Eirean. Je connaissais son désir d'avoir des enfants, mais elle a totalement accepté le fait que je n'en veuille pour rien au monde. » C'est vrai qu'il l'avait évoquer, une fois, qu'il ne voulait et ne voudra probablement jamais d'enfant. Elle aurait pu le quitter ce jour là mais elle s'est dit qu'il changera d'avis au fil du temps.  « C'est pour ça qu'on s'est séparé, je l'ai libéré des chaînes du mariage parce qu'elle mérite le bonheur de fonder une famille. Mais non, c'est impossible je ...PUTAIN MAIS FAIT GAFFE MERDE !» Elle sursaute à cet haussement de voix soudain, se rend compte qu'elle appuyait trop fort, plus fort que ce qu'elle pensait. Il retire rapidement sa main et elle soupire, baisse légèrement la tête.  « J'y peux rien si ça te frustre tant ...»

C'est la phrase, l'accusation de trop. Elle relève doucement la tête vers lui, la seule différence, c'est que ses yeux brillent désormais, des larmes menaçant de déborder. "Frustrée ? FRUSTRÉE ?!" Elle se redresse elle aussi, balance le bout de coton à la poubelle. "Je ne suis pas frustrée, je suis blessée, tu peux le comprendre, non ?" Elle s'approche de lui, le pointant d'un doigt accusateur mais en baissant d'un ton tout de même, ne voulant pas attirer l'attention des patients, infirmiers et médecins qui étaient de l'autre côté du rideau. "Tu ne peux pas me blâmer de t'en vouloir. On est resté un an ensemble sans avoir aborder une seule fois le sujet d'un mariage et toi, quelques mois après notre séparation, tu épouses une femme que tu as fréquentés pendant moins d'un an!" Contrôle perdu, elle a essayé mais c'était trop, beaucoup trop pour elle. Sa main en tremblote légèrement. "Tu as décidés de partir alors qu'on s'aimait. J'ai respectée ton choix et j'ai continuée à t'aimer, longtemps." Son doigt vient se poser sur son torse qu'elle vient alors tapoter, les yeux rivés sur les siens. "Je croyais que ça signifiait quelque chose ce qu'on a vécu ensemble, ça signifiait quelque chose pour moi mais pour toi, tu..." Des larmes viennent alors perler sur ses deux joues légèrement rougis par la colère, la peine. Sa voix tremble elle aussi, sa gorge se serre, ses dents aussi. Elle a mal. Tellement mal. Jamais elle n'a été dans cet état auparavant, pas avec lui. "Pour que tu tournes la page aussi rapidement, c'est que ce n'était rien pour toi." Elle détourne son regard et fait un pas en arrière. Elle n'arrive plus à le regarder, elle ne veut plus. "T'as été marié. J'ai quelqu'un." Faux. Même si c'était le cas, ça ne serait rien comparé à ce qu'elle a pu vivre avec lui. Elle renifle légèrement et vient passer sa main sur ses joues pour essuyer ses larmes. "On a qu'à tout oublier. J'ai qu'à tout oublier puisque apparemment, c'est chose faite pour toi." Elle attrape un emballage contenant un bandage et le pose sur le dessus du chariot métallique. Elle se recompose comme elle peut, se tient droite et remet ses cheveux en place. "Met un bandage et garde le plusieurs jours. Faudra que tu laisses ensuite ta cicatrice à l'air sauf si tu fais quelque chose de trop manuel, tu pourras réutiliser de l'huile de coco pour bien nourrir la peau et pour éviter qu'elle ne tiraille." Elle regarde ailleurs en lui parlant puis tourne les talons. "Si tu ressens une douleur d'ici une semaine, revient et quelqu'un d'autre s'occupera de toi." Parce que elle, elle ne pourra pas. Elle attrape le rideau et l'ouvre, s'essuie rapidement les yeux. Quelques regards se tournent vers elle mais elle les ignore, elle veut juste s'éloigner, le plus rapidement possible.


@Martin Murphy