Depuis que tu avais commencé à enseigner, c’était bien la première fois que tes élèves étaient venus te voir pour savoir quand ils pouvaient passer à ton bureau avec leurs questions. Ton bureau était généralement toujours ouvert quand tu y étais mais ces derniers temps, tu y avais passé moins de temps que d’habitude. Tu avais enchaîné les sorties, les dîners entre amis et obligations diverses qui avaient empêchés tes élèves de venir te voir avec leurs questions. Tu t’étais donc rattrapé aujourd’hui en passant plusieurs heures d’affilées dans ton bureau à les recevoir un par un en corrigeant des devoirs quand aucun ne se présentait. Même si enseigner devant une classe te plaisait, les moments plus intimes avec tes élèves quand ils venaient te poser des questions étaient ce que tu préférais. C’était des moments où tu apprenais à les connaître, eux et les ambitions qu’ils avaient pour l’avenir. Il était de suite plus simple pour toi de retenir leur prénom et leur visage quand tu les avais reçus une fois dans ta bureau. Les yeux fixés sur la pendule en face de toi, tu savais que tu allais devoir bientôt partir si tu ne voulais pas être en retard pour ton repas avec Liam. Ton vieil ami t’avait proposé de passer à l’université pour te parler de quelque chose d’important sur lequel il voulait ton avis mais tu avais préféré le convier à un repas au restaurant car en ce moment, le temps que tu passais dans l’enceinte de l’université était compté entre les différents projets que tu menais, l’encadrement de tes élèves et les éléments administratifs. Ton élève n’ayant pas fini son monologue, tu lui proposais de le continuer en t’accompagnant jusqu’à ta voiture. Tu l’écoutais avec le plus d’attention possible et fus soulagé qu’il te laisse enfin la parole quand vous quittiez le bâtiment qui abritait ton bureau. Tu répondis à ses craintes et tu essayais de le rassurer sur les idées qu’il avait pour le prochain projet en lui faisant bien comprendre qu’il devait faire attention et ne pas trop laisser son imagination s’envoler pour ne pas être complètement hors sujet. Il sembla content de ta réponse et tu lui souhaitais une bonne soirée avant de quitter le campus. Heureusement, étant un membre de l’équipe éducative, tu pouvais te garer sur le campus sans problème ce qui te permettait de le quitter plus vite que les dizaines de minutes de marches qu’il t’aurait fallu sinon.

Une trentaine de minutes plus tard, tu arrivais devant le restaurant où Liam devait déjà t’attendre. En poussant la porte de ce dernier, tu ne fus pas surprise de le trouver sur une banquette, une verre devant lui à t’attendre. Jetant un regard sur ta montre, tu vis que tu n’étais cependant pas en retard. Liam te fit signe de le rejoindre et tu ne te fis pas prier. « Alors, tu as enfin du temps à accorder pour ton vieil ami ? » Tu laissais échapper un petit rire à ces paroles avant de prendre place en face de lui. Il était rare que tu mettes autant de temps à lui accorder un créneau cependant mais vu qu’il souriait, il ne semblait pas trop t’en vouloir. « Je ne te savais pas aussi susceptible Taylor. » Lui dis-tu sur le même ton taquin. Le serveur ne tarda pas à arriver avec les cartes pour vous permettre de choisir ce que vous alliez manger et il en profita pour vous demander ce que vous vouliez boire : « Pour moi ça sera juste un verre de ce que tu me sers depuis tout à l’heure et ça sera quoi pour toi Marius ? La première tournée est pour moi ! » Amusé, tu regardas le vin qui se trouvait dans le verre de ton ami avant de dire au serveur : « La même chose s’il vous plaît. » Il se mariera certainement bien avec les plats sur la carte, tu veilleras à commander un plat qui ne clasherait pas trop avec en tout cas. Tu te plongeais ensuite dans le menu, attendant que Liam prenne la parole. Il t’avait dit qu’il avait un sujet dont il voulait te parler et vous vous connaissiez assez bien pour ne pas tourner autour du pot pendant des heures. « Dis-moi, ça va comment Rüya au niveau des cours ? Je la sens un peu distraite en ce moment, mais je n’ose pas trop lui demander. » Tu levais la tête étonné du sujet de conversation. Tu avais aperçu Rüya plus que vu cette dernière en ce moment mais tu n’avais rien remarqué de particulier. Peut-être que le fait que tu ne l’aies pas beaucoup vue était alarmant en soi mais tu n’avais pas eu le temps de te poser la question encore. « Elle continue d’assister aux miens et rends son travail. Je l’ai pas beaucoup vue ces derniers temps, j’ai été occupé de mon côté mais je pensais que tout allait bien. Qu’est-ce qui s’est passé ? » Demandas-tu curieux à ton ami. C’était la première fois depuis que les deux travaillaient ensemble que tu entendais autre chose que des éloges sur la jeune femme. Le serveur revint quelques minutes plus tard prendre votre commande et tu commandais le plat que tu avais repéré sur la carte avant de demander à Liam : « C’est de Rüya que tu voulais me parler ? » Tu fronçais les sourcils parce que tu trouvais que c’était un peu exagéré mais après tout pourquoi pas ?


@Liam Taylor

Quand tu avais rencontré Liam, il était encore étudiant alors que tu commençais ta carrière de professeur. Les cinq années qui vous séparaient étaient anecdotiques aujourd’hui mais cela n’avait pas toujours été le cas. Tu avais trouvé en Liam un très bon ami mais surtout, un ami qui avait les mêmes rêves et les mêmes ambitions que toi. Ce n’est pas tous les jours que tu pouvais partager ton amour pour l’histoire de l’art et pour les sujets académiques avec quelqu’un. Liam était la personne qui avait rempli ce rôle dans ta vie, c’était donc un plaisir de partager ces moments ensemble quand vous arriviez à trouver du temps pour vous voir. Vos emplois du temps n’étaient pas toujours très bien synchronisés mais pour l’instant vous aviez fini par trouver une solution. C’est toi qui avais un peu repoussé cette rencontre ces derniers temps avec ton emploi du temps chargé. Et Liam ne manqua pas de te le faire remarquer, tu n’en attendais pas moi de ton ami. « Oh, tu sais en ce moment il y a pas mal de choses qui changent en ce moment, il ne faut pas m’en vouloir. » Tu ne lui en voulais nullement de te taquiner, vous l’aviez toujours fait l’un envers l’autre. Tu ne pus t’empêcher de remarquer que Liam venait de te dire que pas mal de choses étaient en train de changer pour lui en ce moment, des changements dont tu n’avais pas eu vent car pour toi, Liam avait toujours la même vie que lors de votre dernière rencontre. S’il voulait te parler de changements dans sa vie, tu allais te faire un plaisir de l’écouter. Ces changements étaient-ils professionnels ? Personnels ? Dans les deux cas, cela t’intéressait et le fait que votre relation ne soit pas purement professionnelle faisait que vous pouviez parler librement l’un avec l’autre. Liam ne connaissait pas tous les détails de ta vie et de ton histoire, loin de là mais il en connaissait assez pour te comprendre et cela suffisait à tes yeux.  « Des choses qui changent tu dis ? Qu’est-ce qui change pour toi en ce moment ? » Lui demandas-tu curieux. Tu n’étais pas idiot, tu n’allais pas laisser passer une opportunité de questionner ton ami. « Est-ce que c’est un changement de type promotion ou plutôt de type rencontre d’une jeune femme ? » Questionnas-tu en levant un sourcil. Ce n’était pas tellement ton genre de te montrer curieux de cette manière mais quelque chose te disait que Liam avait besoin d’être un peu poussé avant qu’il ne te dise ce qu’il en retournait. Car vos rencontres n’étaient jamais des rencontres de courtoisies. Il arrivait que vous vous croisiez au musée ou à l’université et là, c’était un hasard mais les rencontres au restaurant ou dans des bars étaient de manière générale motivées. Liam aborda ensuite un sujet que tu ne pensais pas aborder ce soir en te parlant de Rüya. Tu ne pensais pas parler de la jeune femme que tu connaissais depuis des années avec ton ami mais après tout elle était devenue son assistante, c’était normal qu’il t’en parle. Il te demanda si tu avais remarqué quelque chose d’étrange dans son comportement et cela n’avait pas été le cas. Toutefois, tu étais le premier à reconnaître que tu avais été assez distrait ces derniers temps avec Colleen en particulier, tu n’avais peut-être pas fait très attention. « Rien de trop grave pour le moment. Je la trouve surtout beaucoup plus distante, moins rigoureuse dans le travail qu’elle effectue. » Tu laissais échapper un petit : « Hum. » La surprise était totale pour toi. Si Liam te le faisait remarquer, quelque chose te disait qu’il devait avoir vu des choses depuis quelques temps déjà. Pour ta défense, tu passais beaucoup moins de temps avec Rüya que lui et elle ne te devait pas les mêmes comptes. Mais s’il y avait une qualité que tu avais toujours admiré chez la jeune femme, c’était son ambition et son besoin de bien faire. Le serveur revint vers vous et vous commandiez tous les deux vos plats avant de pouvoir retourner à votre conversation. Tu ne pus t’empêcher de demander à Liam si c’était de Rüya qu’il voulait te parler car si c’était le cas, la situation était peut-être plus grave que ce que tu pensais. « Pas vraiment, mais je voulais quand même t’en parler parce qu’elle ne m’a jamais habitué à ce genre de situation. » Tu le vois marquer une pause et hésiter alors que tes sourcils se froncent. Quel genre de situation ? Qu’est-ce que cela voulait bien dire ? Ton air perplexe dû le convaincre qu’il devait développer car il ajouta : « J’ai passé ma soirée à réorganiser toute une collection qui a été mal étiquetée, mal rangée aussi. Si ça ne s’était passé qu’une fois ou deux, ça ne serait pas si grave que ça, mais ça dure depuis deux ou trois mois maintenant, ça devient redondant. » Deux ou trois mois ? La situation durait depuis aussi longtemps ? Non, tu n’avais rien remarqué de ton côté mais il fallait que Liam parle à Rüya si quelque chose n’allait pas. Elle était intelligente et comprenait vite, si quelque chose n’allait pas, il fallait la mettre de suite au courant pour qu’elle se rende compte qu’elle était en train de faire n’importe quoi. Protéger les gens inutilement n’était pas un comportement que tu recommandais, même quand il concernait tes proches. Si Rüya voulait réussir, elle devait être prête à tout entendre, même les critiques et les reproches. Passant une main sur ton visage, tu poussais un soupir. C’était toujours délicat quand on te faisait ce genre de retours et que tu avais été celui qui avait poussé Liam à embaucher ta protégée. « Deux-trois mois tu dis ? Tu lui en as parlé ? » Finis-tu par demander à ton interlocuteur. Cela te semblait la meilleure chose à faire et tu étais certain que Liam y avait pensé. « Cela est étonnant en effet … J’irai la voir pour m’assurer qu’il ne lui ait rien arrivé ces derniers temps. » Rüya était certes ton élève mais avant cela, elle était avant tout cette gamine que tu avais guidée dans ces études depuis des années. Alors tu pouvais te permettre d’avoir ce genre de conversation avec elle.


@Liam Taylor

Si Liam t’avait proposé de vous retrouver pour un repas au restaurant, il était évident qu’il voulait te parler d’un sujet ou de plusieurs sujets d’ailleurs. Votre lien reposait sur le principe simple qui était de ne pas se voir pour rien. Vos emplois du temps ne vous le permettaient pas de toute manière et il arrivait que vous vous croisiez à l’université mais vous ne vous voyiez pas juste pour vous voir comme cela pouvait être le cas avec d’autres personnes de ton entourage. Donc si Liam t’avait invité à le rejoindre autour d’un repas, c’est qu’il avait quelque chose à te dire. Et il ne tarda pas à laisser sous-entendre qu’il était pas mal occupé en ce moment donc tu n’hésitais pas à rebondir sur cette confession pour le faire parler. Vu ta relation avec Liam, cela pouvait toucher à tout et tu ne savais pas vraiment quelle question lui poser. Tu lui laissais le choix de te répondre ce qu’il voulait pour lancer cette conversation et il fit le choix de te parler de sa famille : « En réalité ça serait pas mal long à expliquer, mais si je devais commencer par quelque part, ça serait la famille. Je fais tout pour qu’on puisse de nouveau avoir notre relation entre frère qu’on avait par le passé, mais le mensonge, les secrets rongent le peu qui reste de lien entre nous… C’est compliqué. » La première chose que tu notais dans son affirmation c’est qu’il ne faisait que commencer par le sujet familial. Tu gardais dans un coin de ton esprit qu’il y aura d’autres sujets à aborder plus tard au cours du repas qui pourront toucher à son boulot ou à sa vie amoureuse peut-être ? Tu n’en savais rien, l’opportunité d’en parler se présentera sans doute. En tout cas au niveau familial, s’il y avait bien une personne qui pouvait comprendre ce que c’était que d’évoluer dans une famille dysfonctionnelle, c’était bien toi. Liam avait le rôle de Beth, il semblait être celui qui voulait que tout le monde se retrouver et puisse former une famille quand tous les autres savent que c’est impossible. Ou que c’est possible mais pas comme avant, les choses ne peuvent jamais redevenir comme avant. Par contre, il y avait une différence entre les Warren et les Taylor, c’est que chez les Warren, il n’est pas question de secrets. Le mauvais linge sale est clairement étendu à la vue de tous les membres de la famille, la question est plutôt de savoir comme vous alliez tous pouvoir vivre avec ce linge sale à vos fenêtres. Liam avait une tâche plus difficile car les secrets venaient miner sa fratrie, des secrets qu’il ne pouvait donc pas éviter. « Est-ce que tu as considéré qu’il était sans doute impossible que les choses redeviennent comme avant ? » Lui demandas-tu. Tu savais que c’était brutal mais tu n’avais jamais eu peur de dire à Liam le fond de ta pensée. Et dans ce cas-là, il ne voulait peut-être pas l’entendre. Avant qu’il ouvre la bouche pour répliquer, tu ajoutais : « Ma famille est tout aussi dysfonctionnelle que la tienne à la différence que ce qui nous ronge sont nos choix passés et pas nos secrets. Est-ce que plutôt que de chercher à faire revenir un passé qui n’est plus, tu ne devrais pas plutôt essayer de te concentrer sur ce que son devenus tes frères et construire une nouvelle relation sur ça ? » C’était facile à dire bien entendu mais tu avais appris à tes dépens que chercher à retrouver un passé mystifié n’était pas une bonne idée. « Malheureusement, tu ne pourras pas forcer tes frères à se confier mais tu peux essayer de créer de nouveau de la confiance entre vous pour leur permettre de s’appuyer sur toi quand ils en auront besoin. » C’était ce que tu faisais avec Tommy ou du moins ce que tu essayais de faire. Tu n’avais pas la potion magique pour lutter contre les secrets des autres mais il fallait peut-être prendre le problème sous un autre angle. Liam te parla ensuite de Rüya et des problèmes qu’il rencontrait avec elle. Dire que tu étais surpris était un euphémisme. Tu avais présenté Rüya à Liam quand il t’avait parlé de se mettre à la recherche d’une assistante et cela avait de suite fonctionné entre eux pour ton plus grand plaisir. Jamais tu n’avais pensé que Liam viendrait te dire que la jeune femme ne fournissait pas le meilleur travail en ce moment. Surtout que tu ne comprenais pas pourquoi alors que tu n’avais vu aucune différence dans son comportement. « Non, je n’ai pas envie de la braquer. Enfin, je voulais d’abord voir ça avec toi avant de lui en dire un ou deux mots. Je suis désolé de te demander ça, je sais que ça doit être bizarre pour toi, mais je ne t’en aurais pas parlé si je n’avais pas trouvé une solution. Je sais que j’aurais dû lui en parler bien avant, mais j’avais peur qu’elle se renferme sur elle-même. J’ai pensé du coup que tu serais peut-être celui qui trouverait mieux les mots. » Ah … Donc Liam ne lui avait pas parlé du problème qu’elle rencontrait. Tu ne pensais pas que c’était une très bonne idée de ton côté. Enfin, tu pouvais comprendre qu’il ne veuille pas la braquer mais passer par toi et ne pas lui parler directement n’était pas une excellente idée à tes yeux. Qu’il s’inquiète et veuille que tu lui parles aussi, ça tu n’avais pas de mal à le comprendre. « Je lui en parlerai mais tu devrais toi aussi lui en parler. Elle est grande et elle te doit des comptes. Si elle ne remplit pas son contrat, il faut le lui dire. Je ne suis pas sûre qu’elle le prenne beaucoup mieux si c’est moi qui lui mentionnes que tu m’as parlé de ses problèmes au travail. » Fis-tu remarquer à Liam. Mais tu comprenais très bien qu’il veuille que tu lui parles et tu ne comptais pas te défiler non plus. « Mais sois tranquille je lui en parlerai aussi et je te tiendrai au courant. » Tu ne savais pas quand par contre, il faudra que tu vois quand Rüya sera disponible. Et si elle ne l’était pas, tu lui rendras une petite visite surprise. Tu n’aimes pas voir Liam dans cette situation et tu comptes bien l’aider à régler le problème s’il y en a un. Tu espérais que c’était une erreur d’inattention due à un manque de sommeil mais tes espoirs étaient souvent réduits à néant. Pour détendre un peu l’atmosphère, ton ami te demanda : « Sinon, alors qu’as-tu de beau à me raconter ? On parle de moi depuis tout à l’heure, mais j’ai envie de savoir ce que mon vieil ami a de croustillant sous la dent. Alors cette mignonne petite gueule a quelqu’un dans sa vie ? » Tu secoues la tête en souriant. Tu en comprends pas pourquoi ce sujet finit toujours par revenir sur la table. Tes amis sont en train de devenir plus insistant que ta mère et cela est un vrai exploit ! Ils ne te veulent que du bien, tu n’en doutes pas mais malgré tout, tu ne peux t’empêcher d’hésiter quant à ta réponse. « Non, je n’ai personne dans ma vie. J’ai rencontré quelqu’un mais … Je sais pas. Laissons faire le temps, nous verrons bien. » Dis-tu en haussant les épaules. « Et toi alors ? » Ne pus-tu t’empêcher de lui retourner la question. Vos vies étaient bien trop semblables pour que vous ne soyez pas de très bons amis. « Mais sinon, je m’envole la semaine prochaine pour une conférence à Perth avec un collègue. J’en remplace une autre qui a dû annuler car son fils est malade donc cela va m’occuper un petit peu. Des projets sur le feu de ton côté ? » Lui demandas-tu curieux.


@Liam Taylor

Les problèmes familiaux, tu connaissais ça très bien. Les Warren n’ont jamais été une famille où il faisait bon vivre. Il y avait toujours des histoires, des rancoeurs, tout cela développé par la compétition malsaine que vos parents avaient jugé bon d’instaurer entre vous alors que vous grandissiez. A ce jour, tu n’avais toujours pas compris ce qu’ils cherchaient à accomplir avec cette méthode éducative car malgré les efforts répétés de votre mère et de Beth, vos relations ne s’amélioraient pas beaucoup avec les années. Pas autant que tu l’aurais aimé cependant. Il avait donc fallu accepter que vous ne formeriez jamais une belle et grande famille, qu’il serait difficile pour toi de pouvoir compter sur ta famille que tu prenais toujours avec des pincettes. Tu t’étais entouré de bons amis à la place, sur lesquels tu étais certain de pouvoir compter cette fois. « Je ne sais pas, à vrai dire je ne pense pas que ce soit impossible. Enfin, je ne sais pas, je pense qu’il y a surtout un gros problème de communication entre nous. Bien évidemment qu’on ne pourra pas vraiment avoir ce qu’on avait il y a une éternité de ça maintenant. Mais aujourd’hui à part se retrouver pour des repas de famille, il n’y a plus vraiment de moments que l’on passe ensemble. Enfin, ça commence à un peu changer depuis que j’ai décidé de prendre les choses en main et de leur faire bouger les fesses. Maintenant ce que j’espère c’est qu’on puisse continuer sur cette bonne voie. Je sais très bien que l’on me cache encore certaine chose, mais pour le moment j’arrive à passer par-dessus sans vraiment m’en soucier. » Tu écoutais ton ami se confier avec attention. Des problèmes de communication et des secrets … Personnellement, tu étais le premier à ne pas tout raconter de ta vie à ta fratrie. Tu ne leur faisais pas assez confiance pour le faire et tu étais certain que c’était la même chose pour eux. Toute information un peu personnelle pouvait se retourner contre toi à l’avenir et ce n’était pas ce que tu cherchais. A tes yeux, il était important que chacun puisse garder son jardin secret mais pour Liam, cela semblait être la source de leurs problèmes familiaux. « J’ai cette chance de ne m’être pas vraiment froissé avec chacun de mes frères, alors je me suis dit que j’étais sûrement le plus à même de remplir cette tâche alors que notre fierté nous empêche sûrement de faire le premier pas à chaque fois. » Tu vois l’espoir se cacher derrière les paroles de ton ami et tu as l’impression d’entendre parler Beth. Tu lui avais souvent demandé pourquoi elle s’acharnait autant à vouloir vous réconcilier avec Tommy et ramener Scarlett vers vos parents alors que c’est quasiment impossible. Vous ne formerez jamais la famille que Beth aimerait avoir et tu espères qu’elle l’a compris même si tu en doutes. Tu souhaites à ton ami plus de réussite que vous, ça c’est certain mais il ne pourra pas forcer ses frères à se confier et il faudra qu’il accepte sur le long terme de ne pas tout savoir. Tu avais appris que des fois, c’était bien mieux de rester dans l’ignorance. « Tu sembles déterminé alors je ne peux que te souhaiter bonne chance. L’une de mes soeurs a pris ce rôle dans notre famille et je pense que cela fait plus de dix ans qu’elle vit déception après déception. Alors essaie mais n’en attend pas trop non plus d’accord ? » Ta situation familiale, tu y avais souvent pensé et tu avais fini par arriver à la conclusion suivante : « Des fois il vaut mieux accepter que la situation actuelle est le mieux que vous puissiez faire plutôt que de forcer des ententes qui feront éclater des disputes encore plus fortes. » Toutes les tentatives de Beth s’étaient soldées en grosses disputes avec Tommy, des disputes qui vous avaient menées à vous éloigner un peu plus. Aujourd’hui, cela allait mieux mais ce n’était pas ta soeur qui accomplissait ce miracle, c’était ta nièce. Et peu importe les améliorations de votre relation, tu doutais arriver à construire une réelle relation fraternelle avec Tommy, tu te contenterais très bien d’une relation cordiale.

Liam te parle ensuite de Rüya et tu es très surpris de ce qu’il te raconte. Tu lui promets de discuter avec la jeune femme mais ce n’est pas parce que tu vas lui parler que lui ne doit pas le faire. Tu comprends qu’il ne veuille pas la blesser mais si elle fait mal son travail, il a besoin de le lui dire. « Merci en tout cas, je te promets que je vais faire l’effort de lui en parler de mon côté. C’est plus par inquiétude pour elle-même que pour le travail au musée, j’ai l’habitude en ce moment de faire des heures supp et d’avoir une surcharge de travail.  » Liam et toi étiez tous les deux de gros bosseurs donc tu ne doutais pas qu’il ne comptait pas ses heures non plus. Mais s’il avait pris une assistante, c’était pour ne pas avoir à faire toutes ces heures supplémentaires et pouvoir se reposer sur elle. S’il fallait repasser derrière chacune de ses tâches, autant qu’il les fasse directement lui-même. Ayant tout dit sur ce sujet, tu ne le relançais pas et tu laissais la conversation se tourner vers vos vies sentimentales. Tu n’as pas envie de trop t’avancer de ton côté, tu préfères rester prudent sur ce qu’il se passe avec Colleen. Ne pas le définir permet d’enlever une pression de vos épaules et vous permet de construire quelque chose sans vous préoccuper de ce que peuvent penser les autres. Votre relation vous appartient de toute manière, à vous et à personne d’autre. « Quand il y a un " mais " il y a toujours quelque chose d’intéressant à en dire derrière, crois-moi.  » Oh tu n’en doutais pas ! Tu avais des choses intéressantes à dire sur Colleen et ce n’était pas que tu n’avais pas confiance en Liam, au contraire. C’est juste que pour l’instant, tu préférais ne pas en parler du tout. « C’est déjà intéressant et ça a le potentiel de le devenir encore plus je pense cependant, je préfère être prudent et rester réaliste, tout cela ne tient qu’à un fil. » Colleen pouvait rencontrer une autre personne, un autre homme qui lui plairait plus que toi et elle pouvait se désintéresser de toi. Ou alors ne rencontrer personne et simplement se lasser. Les possibilités étaient multiples et comme d’habitude, tu avais du mal à croire en toi. « Tu crois qu’il est possible d’avoir des sentiments pour plusieurs personnes ? Ça ne m’était jamais arriver avant, je ne me souviens pas avoir été autant partagé par le passé. » S’il y a une chose que tu as compris au fil des années en écoutant le récit de la vie sentimentale de tes amis et puis des amis de ces amis dont tu entendais parler à l’occasion, c’est que rien n’est impossible. Tu es surpris d’apprendre que Liam est partagé car tu ne savais même pas qu’il était attaché à une jeune femme. « Je pense que tout est possible sur ce terrain-là alors si c’est ce que tu ressens, c’est possible. Je te souhaite bon courage pour gérer tout ça. » Tu ne connaissais pas les détails de la situation et peut-être ne les connaitras-tu jamais mais tu doutais que cela allait être facile à gérer pour Liam. Toi, tu avais déjà du mal à gérer tes sentiments pour une femme alors deux à la fois …

« Une conférence sur quel thème ? On en vient aussi à ce que je voulais vraiment aborder comme sujet ce soir. » Tu avais presque oublié qu’il y avait un sujet dont Liam voulait te parler. Mais avant qu’il le fasse, tu répondis à sa question. « Une conférence sur l’art antique et les dernières découvertes en Europe. ce n’est pas ma spécialité mais ma collègue avait déjà fait une grosse partie du boulot. » Elle avait eu la gentillesse de te donner ses préparations. Toutefois, ce n’était pas le sujet principal, ce sujet c’était celui que voulait aborder Liam. Tu te redressais sur la banquette et te mis en position d’écoute très attentive. Cela sembla pousser ton ami à commencer son récit : « J’ai reçu un mail il y a quelques semaines de ça. Au début c’était simplement pour me demander l’autorisation de publier l’une de mes recherches dans une revue archéologique de l’Université de Cambridge. C’est sans surprise que j’ai tout de suite accepté bien sûr. Mais j’ai ensuite été contacté pour un poste d’intervenant dans leur université. On pourrait même me proposer un poste de professeur au sein de leur établissement si tout se déroulait bien. Mais pour ça je devrais tout quitter, je ne sais pas vraiment où j’en suis. Moi qui étais un adepte du travail sur le terrain, je le quitte de plus en plus pour me diriger sur quelque chose de plus rangé. On ne parle pas de n’importe quelle université là, c’est ce qui me fait le plus hésiter. » Un poste à Cambridge, rien que ça … Ce n’est pas une offre d’emploi qui arrive tous les jours dans votre boîte mail. C’est un peu comme quand l’Ecole des Beaux Arts de Paris t’avait contacté. A part qu’à cette époque, tu ne cherchais qu’une chose, quitter Brisbane. Alors tu n’avais pas hésité plus d’une seconde à prendre cette offre. Pour Liam, c’était plus compliqué. Ce n’était pas un homme qui voulait enseigner à la base et Cambridge c’était l’autre bout du monde. « Félicitations ! Rien que de recevoir cet offre c’est la preuve d’une superbe carrière, tu peux être fier de toi. » Tu avais des collègues qui aimeraient recevoir ce type d’offres mais tu sais déjà qu’ils n’en recevront jamais. Ce n’était pas un choix de vie à prendre à la légère et tu comprenais pourquoi Liam voulait ton avis. « Avant toute chose, peu importe l’université, il faut que tu saches si enseigner te plaît et si tu te vois faire cela et presque uniquement cela pendant plusieurs années. » Il aura forcément une petite partie terrain mais bien moins importante que celle qu’il pourrait espérer. Enseigner était pour toi une évidence, une vocation mais c’était un métier particulier et pas pour tout le monde. « Quand je suis parti travailler à Paris, j’avais besoin de quitter Brisbane alors cette offre est tombée au bon moment. Mais si tu vas à Cambridge, il faut te dire que tu ne mettras les pieds en Australie que deux fois par an au mieux. Je ne laissais qu’une famille en miette derrière moi et quelques amis, est-tu prêt à laisser ton entourage à Brisbane ? » Tu ne pouvais t’empêcher de penser aux deux jeunes femmes mentionnées plus tôt mais la question était bien plus générale. S’il refusait, une occasion pareille ne se représenterait peut-être pas mais accepter juste parce que c’était Cambridge n’était peut-être pas non plus la meilleure idée.


@Liam Taylor

If you’re walking down the right path and you’re willing to keep walking, eventually you’ll make progress.

C’est compliqué pour moi de choisir les bons mots, la bonne façon d’exprimer nos problèmes afin que Marius comprenne bien les enjeux de ce que je cherche à faire. Je ne dis pas qu’il ne peut pas comprendre bien au contraire, il a lui aussi vécu quelque chose de plus ou moins semblable avec ses frères et sœurs, mais chaque famille est un peu unique à sa façon. Ce n’est pas parce que ça ne marche pas pour l’une que ça sera forcément voué à l’échec. Pourtant je sais qu’il peut m’aider, je cherche peut-être avant tout à ce qu’on me soutienne, à ce qu’on approuve ma façon de faire afin que je puisse garder la motivation de continuer, je ne sais pas… mais le simple fait d’avoir quelqu’un d’extérieur à tout ceci qui m’écoute, me fait déjà beaucoup de bien et je ne remercierais jamais assez Marius et Ginny pour ne pas s’enfuir à chaque fois que j’aborde le sujet. Je l’écoute, je l’écoute me répondre et je ne lui coupe pas la parole, il m’a laissé me justifier alors c’est à son tour. Je comprends sa façon de voir les choses, je ne connais pas tellement la famille de Marius, même si je les ai déjà croisés à l’occasion, mais si ce qu’il me dit est vrai, je comprends pourquoi pour lui je suis peut-être un peu trop positif dans toute cette histoire. Il y a à peine cinq qui nous sépare, mais pourtant j’ai toujours l’impression qu’il a une avance sur moi sur la maturité. « Je ne me fais pas trop de faux espoirs, mais j’ai ce sentiment que chacun d’entre nous le désir aussi, que ce soit moi ou mes frères on veut tous se retrouver comme avant, il faut simplement qu’on arrive à passer outre les non-dit et les mensonges. » Je peux comprendre qu’on ne se dise pas tout, mais qu’Amos rejette ma main à chaque fois que j’ai essayé de l’aider quand ma nièce est décédée, le mal-être que peut ressentir Chad alors qu’il ne désire pas en parler et Zach qui reste enfermer à Kilcoy et nous en veut sûrement secrètement d’être partis. Tout ça ce sont tout de même des choses que partagent des frères non ? « Une chose est certaine, je ne pense pas pouvoir tenir dix ans, je suis quelqu’un de très entêté et de persévérant, mais je ne veux pas non plus perdre du temps si jamais je me trompe et que personne ne veut vraiment qu’on retrouve notre innocence quand on était jeune. » Un léger rire s’échappe alors, dernière confession sur ce sujet. Je vois bien que ça le travaille un peu, que ça doit probablement lui rappeler des mauvais souvenirs, alors il vaudrait peut-être mieux partir sur un autre sujet moins délicat.

Un sujet moins délicat j’ai dit ? C’est un échec de ma part alors. Comment ça j’essaie de dévier du réel sujet qui m’a amené à l’inviter ici ? Par chance on ne s’y attarde pas vraiment non plus, j’ai au moins réussi à faire passer le petit message et la petite demande d’aide, il connaît mieux Rüya que moi, je m’étais dit qu’il aurait peut-être des réponses là où je n’en avais pas, mais il est tout autant que moi dans l’inconnu et ça ne me rassure pas plus que ça. « On penserait presque m’entendre quand tu parles. » Ce rire là je ne le retiens pas et il est sincère. J’ai l’impression qu’on a vraiment plus de points communs qu’on ne le pense. Je suis le premier moi aussi à éviter de trop m’avancer sur tout ce qui est vie sentimentale et ma question ne vient qu’étayer mes propos. Il est déjà compliqué pour moi de reconnaître de m’attacher à quelqu’un aussi fortement, pour moi ce genre de sentiment n’est jamais pris à la légère, que j’aime une personne ce n’est jamais vraiment à moitié, mais est-ce que c’est vraiment le bon mot " aimer  " ? mais en plus de ça quand ce sont deux femmes qui hantent mes nuits ça vient encore un peu plus compliquer le tableau. « Je ne sais pas si c’est de la chance dont je vais avoir besoin, mais par contre de quelques verres pour prendre la bonne décision, ça c’est certain ! » Je commande un autre verre de vin rouge au serveur alors qu’un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Je suis peut-être prêt à lui en parler alors que Marius me parle d’une conférence à laquelle il va participer d’ici quelques jours.

C’est avec les bras croisés et l’assiette vide que je me lance dans mon monologue, que je lui avoue tout, qu’il n’y a pas qu’entre deux femmes que je suis partagé, mais aussi entre le fait de rester à Brisbane ou de faire évoluer ma carrière à Cambridge en tant que professeur. Les compliments de Marius me touchent beaucoup et il est vrai que c’est une preuve que je suis doué pour ce que je fais, que mon travail intéressait bien plus de personnes que je pouvais bien le penser et c’est ce qui m’effraie un peu aussi, je ne pensais pas que ce genre de proposition arriverait aussi rapidement alors que je ne suis sorti du cursus scolaire que depuis une décennie. Je le laisse une fois de plus parler, j’écoute ce qu’il a à me dire tout en buvant une autre gorgée de ce délicieux vin. Il est professeur à l’université, il sait forcément comment ça se passe. Savoir si je veux enseigner… C’est la toute la problématique, je ne sais pas si je suis capable de le faire qui plus est dans une prestigieuse université comme Cambridge. « Je ne sais pas vraiment… Je n’ai jamais vraiment enseigné, certes j’anime des conférences, mais c’est tout de même bien différent. Enseigner c’est ouvrir des portes aux élèves, leur donner envie d’aller plus loin. Et si je n’en étais pas capable ? » C’est à ce moment précis que je regrette de ne pas avoir eu beaucoup de doutes jusqu’à maintenant, je n’ai pas cette habitude et ça me stresse encore un peu plus. Marius m’a confirmé ce que je savais déjà, partir pour Cambridge c’était tout laisser derrière moi, ma famille, mes amis, Diana, mais aussi Chloe… Laisser ma vie que j’ai menée, que j’ai construite jusqu’à aujourd’hui. Mais est-ce que cette offre ne serait tout simplement pas qu’une autre étape ? « Si je partais, ça serait comme une trahison à la confiance que j’ai enfin réussi à gagner venant de mes frères. Ça serait aussi quitter une ville que je n’ai peut-être pas envie de quitter ? » Comme l’a dit Marius, il avait ce désir, ce besoin de quitter Birsbane et c’est pour ça qu’il n’avait pas hésité à accepter l’offre, mais qu’en serait-il aujourd’hui, est-ce qu’il serait prêt à faire le même sacrifice ? « Est-ce qu’aujourd’hui tu serais prêt à refaire la même chose ? Est-ce qu’à ma place tu serais prêt à tout laisser derrière toi pour accepter cette offre ? » Sa réponse ne sera probablement pas la même que celle que je donnerai, mais je me sens bien trop perdu et influencé pour donner une réponse objective qui me convienne parfaitement. « Est-ce que dans ma situation tu serais prêt à tout plaquer pour partir vivre une aventure que tu n’auras jamais expérimentée ? Tout plaquer pour un autre aspect de ta passion que tu n’as encore jamais pensée à faire ? »

Toutes les familles sont différentes, aucune n’est la même. Chaque famille se compose d’un groupe d’individus aux personnalités uniques qui font que, en se mélangeant, cela amène à des situations uniques. Donc tu ne pouvais pas comprendre les dynamiques de la fratrie de Liam. Pas quand elle se composait en plus uniquement d’hommes. C’était déjà une configuration bien différente de la tienne où vous étiez aussi quatre enfants mais deux de ces derniers étaient des femmes. Tu ne savais pas si une configuration était mieux que l’autre mais même si tu connaissais Liam depuis des années, tu n’avais jamais rencontré sa famille, même pas par hasard au détour d’une soirée ou d’une occasion. Alors les conseils que tu lui donnais étaient un peu vides et généraux parce qu’il était le seul à savoir comment gérer cette situation particulière. Toi, tu n’en savais rien. En regardant ta propre famille, tu ne pus t’empêcher de te demander si Tommy ou même Scarlett avaient réellement envie de créer de vrais liens. Peut-être le faisaient-ils uniquement pour Beth ou pour Moïra ? Tu n’en savais rien. Le plus triste était sans doute que dans votre cas, il était question de créer des liens et pas d’en recréer comme c’était le cas dans la fratrie Taylor. « Je ne me fais pas trop de faux espoirs, mais j’ai ce sentiment que chacun d’entre nous le désir aussi, que ce soit moi ou mes frères on veut tous se retrouver comme avant, il faut simplement qu’on arrive à passer outre les non-dit et les mensonges. » Et toi, tu maintenais qu’il ne pouvait pas forcer ses frères à se confier. Il pouvait essayer de créer un climat de confiance mais pas plus que cela. Mais il avait raison, tant qu’il y aura mensonges et non-dits, il ne pourra pas ressouder la fratrie, cela sera impossible. Liam jouait à un jeu d’équilibriste et tu espérais sincèrement qu’il arriverait sur l’autre plateforme en un seul morceau même s’il risquait de faire quelques chutes sur le chemin. Est-ce que Beth avait ce même sentiment que c’était ce que vous vouliez tous ? Tu n’en savais rien et tu espérais pour elle que ce n’était pas le cas car tu ne pensais pas qu’une chose pareille existait dans votre famille. « Une chose est certaine, je ne pense pas pouvoir tenir dix ans, je suis quelqu’un de très entêté et de persévérant, mais je ne veux pas non plus perdre du temps si jamais je me trompe et que personne ne veut vraiment qu’on retrouve notre innocence quand on était jeune » Tu souris légèrement au rire qui s’échappa des lèvres de ton ami. Non, il valait mieux qu’il tourne la page et qu’il crée une relation avec chacun de ses frères plutôt que d’essayer de les réunir s’ils ne le voulaient pas. Tu ne savais pas où Beth trouvaient la force de cette détermination mais tu l’admirais beaucoup pour cela. Elle finira par craquer, tu n’en doutes pas et tu sais qu’à ce moment-là, il faudra que tu sois là pour la soutenir, il faudra que vous soyez tous là pour la soutenir. « Si tu penses qu’ils le veulent aussi, laisse-leur encore quelques chances. Vous arriverez forcément quelque part. Peut-être pas là où tu voulais vous amener mais quelque part. » Les efforts de Liam allaient payer d’une manière ou d’une autre. Après tout, même si ce n’était pas ce que Beth avait en tête, tu reparlais à Tommy et tu parlais à Scarlett ce qui était un énorme pas en avant vu votre point de départ. « Et n’essaie pas de réconcilier tout le monde, laisse-les régler leurs problèmes entre eux tous seuls. » Les tentatives de Beth avaient toujours été vaines. Finalement, c’était Tommy et toi, seuls qui aviez trouvé comme une entente. Bon, Beth avait certainement joué à un rôle pour convaincre Tommy de te laisser une chance mais la suite, c’était vous qui l’aviez écrite. Vous étiez encore bien loin d’une relation fraternelle normale mais disons que désormais elle était cordiale.

Le sujet de Rüya étant mis sur le côté, Liam t’interroge sur ta vie amoureuse. Immédiatement, ta rencontre avec Colleen te vient à l’esprit mais il est plus sage pour tout le monde que tu ne t’étales pas trop sur ce sujet. Pour toi parce que tu n’avais pas envie de te faire des idées et que tu préférais voir comment les choses se passaient et pour ton ami parce que tu n’avais pas envie qu’il pense que soudainement, tout allait devenir parfait pour toi. Aucune histoire ne l’était et s’il se passait quelque chose avec Colleen, tu doutais que cela soit facile. « On penserait presque m’entendre quand tu parles. » Si cela amusait Liam, tant mieux. Il avait raison, vous aviez une manière d’envisager votre vie amoureuse qui était similaire et c’était sans doute pour cela que Liam ne chercha pas à te poser plus de questions que ça. A la place, il te parla de son hésitation à lui, entre deux demoiselles qui lui faisaient tourner la tête. « Je ne sais pas si c’est de la chance dont je vais avoir besoin, mais par contre de quelques verres pour prendre la bonne décision, ça c’est certain ! » Prendre une décision de ce genre après quelques verres de vin ? Non, tu doutais fortement que cela soit une très bonne idée. Mais Liam devait le savoir de toute manière, tu n’avais pas besoin de le lui rappeler. Alors qu’il commandait un autre verre de vin, tu lui demandais : « Tu veux en parler ? » Tu n’étais pas certain d’être le mieux placé pour l’aider à ce sujet mais au moins, tu pouvais l’écouter ce qui était déjà quelque chose si c’était ce qu’il cherchait.

Le sujet principal qui le travaillait toutefois n’était pas sa famille ou sa vie amoureuse mais bien sa vie professionnelle. Tu aurais dû t’en douter, c’était dans ce contexte que vous vous retrouviez habituellement. Votre carrière était importante pour tous les deux et face à une opportunité telle que celle qui se présentait à Liam, tu n’étais pas surpris qu’il se tourne vers toi. Tu n’étais pas étonné que Cambridge cherche à le recruter. Liam avait été un très bon élève et son parcours professionnel avait prouvé que c’était un très bon élément dans son milieu. Mais l’enseignement n’avait jamais semblé l’intéresser plus que cela en dehors des quelques conférences et interventions qu’il avait pu faire au fil des années à l’université et dans le monde. Malheureusement pour lui, tu ne pouvais pas lui dire ce qu’il devait faire, ce n’était pas ton rôle. Une fois cela dit, tu pouvais toutefois essayer de lui poser les bonnes questions pour qu’il trouve les réponses qu’il cherchait. La plus évidente à tes yeux reposait sur son envie d’enseigner qui allait peut-être devenir le cœur de son métier. « Je ne sais pas vraiment… Je n’ai jamais vraiment enseigné, certes j’anime des conférences, mais c’est tout de même bien différent. Enseigner c’est ouvrir des portes aux élèves, leur donner envie d’aller plus loin. Et si je n’en étais pas capable ? » Pour toi, l’enseignement avait été une évidence. Tu n’avais jamais eu à te poser la question. Mais c’était un métier particulier qui demandait de la patience et de l’altruisme. Il fallait être capable de repérer les bons et les mauvais élèves et d’essayer de les amener à réaliser les meilleurs travaux possibles en fonction de leur potentiel. « Je pense que tu en serais capable mais il faut pour cela que tu en aies envie. Cela fera appel à d’autres compétences que celles que tu as développées jusqu’ici mais s’il y a une chose dont je suis certain c’est que c’est un métier dans lequel tu ne t’ennuies jamais. » Parce que tous les élèves sont différents, parce qu’ils évoluent avec leur temps et qu’en quinze ans d’enseignement, tu avais vu les élèves changer. Cela te forçait toi aussi à te renouveler et à ne pas t’appuyer sur tes acquis. « Si je partais, ça serait comme une trahison à la confiance que j’ai enfin réussi à gagner venant de mes frères. Ça serait aussi quitter une ville que je n’ai peut-être pas envie de quitter ? Est-ce qu’aujourd’hui tu serais prêt à refaire la même chose ? Est-ce qu’à ma place tu serais prêt à tout laisser derrière toi pour accepter cette offre ? Est-ce que dans ma situation tu serais prêt à tout plaquer pour partir vivre une aventure que tu n’auras jamais expérimentée ? Tout plaquer pour un autre aspect de ta passion que tu n’as encore jamais pensée à faire ? » Tu n’étais pas à la place de Liam et tu n’y serais jamais. Tu ne connaissais pas sa situation familiale, pas assez pour lui dire de tout plaquer. Et tu ne connaissais pas ses sentiments pour les deux demoiselles qui faisaient chavirer son cœur. Alors tu ne pouvais pas répondre à cette question. Parce que depuis que tu étais rentré à Brisbane, tu avais juré de ne plus en partir et tu réalisais que tu n’avais de toute manière pas envie d’en partir. Tu avais fait tes preuves, tu avais eu tes aventures à l’autre bout du monde, il était temps de te poser. « Si je recevais cette offre aujourd’hui, je ne partirai pas. » Dis-tu d’un ton qui ne laissait pas de doutes. « Mais ça c’est moi. J’ai déjà eu cette expérience d’enseignement à l’étranger et j’ai envie de voir ma nièce grandir. Je n’ai pas envie d’abandonner tout le monde une nouvelle fois. » Tu ne voulais pas qu’il se serve de ton expérience pour prendre sa décision. Tu pousses un léger soupir avant de passer tes mains sur ton visage. « S’expatrier, c’est une aventure. Magnifique car tu vas vivre des choses fabuleuses mais une aventure qui a des conséquences. Il n’y aura jamais une situation où il n’y aura que des avantages. Alors il te faut peser les avantages et les inconvénients pour voir lesquels ressortent gagnants. » Ce n’était peut-être pas la meilleure manière de faire mais ton cerveau rationnel aurait fait cela. « La seule chose qu’il faut que tu t’assures c’est que quant tu repenseras à ce choix dans dix ans, tu ne regrettes pas une seule seconde d’avoir pris la décision que tu vas prendre. » Parce que vivre avec ce genre de regrets, ce n’était pas bon du tout.


@Liam Taylor

If you’re walking down the right path and you’re willing to keep walking, eventually you’ll make progress.

Liam savait qu’il ne perdrait pas son temps en parlant de ses problèmes familiaux avec le Warren. Il le connaissait depuis bien assez longtemps pour savoir que son avis était toujours avisé même s’il pouvait parfois diverger du sien. Il ne connaissait pas vraiment la famille Taylor ni même leurs problèmes alors ses conseils se basaient surtout sur sa propre expérience personnelle avec ses frères et sœurs, mais après tout c’est cet avis de l’extérieur, cet avis qui ne serait pas biaisé par des liens avec Amos ou Chad qui pourrait influencer Marius que le Taylor recherchait. Il n’était pas stupide Liam, il savait qu’il ne passerait pas sa vie à essayer de recoller les morceaux, si ses frères ne lui montraient pas ne serait-ce qu’un petit signe qu’ils le désiraient eux aussi il arrêterait tout, il passerait à autre chose. D’une certaine manière il cherchait aussi à trouver un moyen de garder cette motivation au maximum et il espérait avoir en Marius des conseils, une approbation qu’il l’aiderait à la garder. Il est son ainé de seulement quelques années et pourtant c’est comme si pour Liam il était toujours ce tout nouveau prof qui arrivait à l’université et qui était comme un mentor pour lui. « Je le sais. Ils ne le disent pas explicitement, mais quand je suis présent entre eux j’ai l’impression que tout est calme, que nos problèmes sont loin derrière nous. » Liam le sentait, il ne restait plus grand-chose pour que sa quête arrive à son terme, mais après de multiples rendez-vous qu’ils s’étaient donnés à trois il avait l’impression que la situation stagnait et il avait peur que tous les efforts qui avaient été fournis jusqu’à maintenant ne servent à rien. Liam retient à peine un sourire quand Marius lui donne un autre conseil, il avait raison, s’il pouvait être l’ancre à laquelle se raccrocher pour se rapprocher, il n’était pas non plus la solution à lui seul pour tous les problèmes. Certaines choses devaient se régler entre eux et ça ne regardait pas vraiment Liam et il le savait, il pouvait seulement être celui qui arbitre le jeu. « J’ai déjà essayé une fois, ça n’a pas marché. Aujourd’hui j’ai très bien compris que je ne pouvais pas être la solution miracle pour tous les mots. » Liam ne voulait pas non plus saouler son ami avec toutes ses histoires de famille, surtout que de ce qu’il pouvait remarquer il devait lui aussi en avoir de son côté alors il préféra changer une nouvelle fois de sujet après celui de la famille et de Rüya afin de partir sur quelque chose de plus simple et sans prise de tête.

Il se doutait bien que le Warren lui retournerait la question et il se demanda bien trop tard pourquoi il avait commencé à se lancer sur le sujet des amours. Était-il si indécis que ça pour aborder le sujet qui l’a réellement amené à proposer un restaurant à son ainé ? Connaissant le métier de Marius il se doutait déjà de ce qu’il allait bien pouvoir lui dire, mais des mots sont toujours plus forts que des suppositions. « Tu veux qu’après mes problèmes familiaux je t’emmerde un peu plus avec de relations intimes ? » Liam se mit à rire, bien trop facilement grâce à l’alcool, mais il s’arrêta presque aussitôt secouant par la même occasion sa tête. Ils pouvaient bien être de très bons amis, ce n’étaient pourtant pas vraiment le genre de sujet qu’ils avaient l’habitude de mettre sur la table. « Tu veux un autre verre ? C’est moi qui paie. » Liam demanda au serveur qui passait à côté d’eux de leur resservir un autre verre. Il savait qu’il en aurait bien besoin, parce qu’il allait enfin arrêter de tourner autour du pot et de lui confier ce qui l’empêche de fermer les yeux ses dernières nuits.

L’alcool aida Liam à dénouer sa langue et il faisait part de tous ses doutes au Warren. Ce n’était clairement pas une offre qu’il prenait à la légère et il savait très bien ce que pouvait représenter Cambridge dans le domaine de la recherche et dans son parcours professionnel, qui viendrait dire à une personne qui a enseigné dans cette prestigieuse université qu’il n’a pas les compétences dans son domaine ? Personne. Liam posait peut-être un peu trop de questions à la suite, mais c’était une manière pour lui de montrer à quel point le doute s’est installé dans sa tête. Il se frotta légèrement les yeux, continua d’écouter Marius. Il commençait déjà à réfléchir à ce qu’il écoutait, réfléchir aux conséquences que pourraient avoir une telle prise de décision sur sa vie. « Depuis quand je flippe devant l’inconnu ? » Un énième sourire vint se dessiner sur ses lèvres, lui qui était toujours près à partir dans une nouvelle aventure dont il ne connaissait jamais vraiment la fin de l’histoire. Il s’était toujours dit qu’être prof ce n’était pas simplement enseigner, c’était aussi développer l’esprit critique des élèves et tant d’autre chose. Il ne voulait pas que l’échec de ses élèves soit dû à ses propres échecs en tant que professeur. « J’ai peur que la provenance de la proposition ne biaise mon jugement. » Liam est quelqu’un avec un certain ego il ne faut pas l’oublier, alors savoir qu’une prestigieuse université s’intéressait à son profil ça le flattait, peut-être un peu trop. Il devait donner une réponse rapidement, mais sa tête lui disait de prendre son temps de réfléchir. « En réalité je suis déjà parti quelques temps m’isoler. En Grèce pour tout de même continuer de travailler ou au Népal où je suis parti une grosse année pour fuir les emmerdes. Est-ce que ça m’a vraiment aidé ? peut-être, est-ce que je me retrouve dans la même situation aujourd’hui ? Je ne sais pas. Est-ce que je dois le prendre comme une occasion de m’enrichir d’un point de vue humain ou professionnel ou d’avoir de nouveau le choix de fuir les histoires trop compliquées, je ne sais également pas, peut-être que c’est un mélange des deux. » Liam se ressert de nouveau un verre alors que le serveur avait laissé la bouteille sur la table. « Une chose est certaine, on m’aurait fait cette proposition quelques années plus tôt je pense que je n’aurais pas hésité ne serait-ce qu’un instant. » Après une gorgée, Liam rattrape le regard du Warren. « Tu en as toi des regrets ? »

Sur ses relations fraternelles, tu ne sais pas exactement ce que Liam attend de toi. La famille Warren est bien loin d’être un exemple alors tu doutais pouvoir lui être d’une grande aide. Tu as arrêté d’espérer quoi que ce soit du point de vue familial parce que c’était bien mieux ainsi et qu’au moins, tu n’étais pas déçu si rien n’arrivait mais tu étais agréablement surpris quand quelque chose de positif se produisait. Depuis ton départ précipité pour Paris, tu avais perdu le soutien de Beth et c’était la seule personne dans cette fratrie de laquelle tu n’avais jamais été proche. Vous commenciez à renouer des liens mais ils étaient si fragiles que tu sentais bien que le moindre faux bas les briserait aussitôt. Donc non, tu n’étais pas un optimisme de nature et encore moins quand cela touchait à ta famille. « Je le sais. Ils ne le disent pas explicitement, mais quand je suis présent entre eux j’ai l’impression que tout est calme, que nos problèmes sont loin derrière nous. » Tu hoches la tête. Tu aimerais que cela soit le cas avec tes frères et soeurs mais en général, vous vous retrouviez chez vos parents, dans la maison familiale où tous vos maux avaient commencé. Donc non, cela n’arrivera pas pour vous, encore plus quand votre mère semblait chercher à vous monter les uns contre les autres. Tu avais esquivé cette tentative la dernière fois et surpris tout le monde, en particulier toi-même, quand tu avais pris la défense de ton frère cadet. Mais ce repas familial semblait bien loin maintenant. Quand tu fis remarquer à Liam qu’il valait mieux qu’il ne cherche pas à réconcilier tout le monde, il te dit : « J’ai déjà essayé une fois, ça n’a pas marché. Aujourd’hui j’ai très bien compris que je ne pouvais pas être la solution miracle pour tous les mots.  » Très bien, s’il le savait, il courait moins à sa perte. Tu hochais la tête en guise de réponse car tu n’avais pas d’autres conseils à lui apporter. Malheureusement, il n’y avait que lui et les situations dans lesquelles il voyait ses frères qui pourraient l’aider et jouer en sa faveur. Mais Liam était sur une pente bien plus positive que la tienne donc tu étais plutôt optimiste pour lui. Par la suite, il aborda plutôt vaguement le sujet de ses amours ce qui te fit le questionner à ce sujet et le fit rire de son côté : « Tu veux qu’après mes problèmes familiaux je t’emmerde un peu plus avec de relations intimes ? » Il est vrai que ce n’était pas un sujet que vous abordiez souvent, vos conversations étaient plus tournées vers l’art et votre boulot mais cela ne voulait pas dire qu’il fallait l’exclure totalement. Tu haussais les épaules avant de lui répondre : « Si tu as besoin d’en parler, tu peux le faire. Ne t’y sent pas obligé cependant. » Car s’il y avait un sujet sur lequel tu avais encore moins de conseils à donner que le premier, c’était bien les sujets intimes. Toi qui fuyais toute relation depuis des années, tu te voyais mal donner des conseils à Liam. Le visage de Colleen apparut dans ton esprit et un léger sourire vint se dessiner sur tes lèvres. La belle anglaise avait su réveiller un intérêt chez toi que tu pensais mort mais il était bien trop tôt pour se prononcer sur ce que l’avenir vous réservait. Pour l’instant tu apprenais à la connaître, c’était bien suffisant. « Tu veux un autre verre ? C’est moi qui paie. » Tu regardes le tient qui est encore à moitié plein et même s’il ne l’avait pas été, ta réponse aurait été la même. « Non merci ça va, c’est gentil. » Ce n’est rien contre Liam et tu apprécies qu’il souhaite t’offrir un verre mais tu n’en prends toujours qu’un depuis que tu as traversé une période difficile avec l’alcool, tu as vite appris que ne pas en prendre du tout était bien plus compliqué que n’en prendre un, socialement parlant en tout cas.

Vous en venez ensuite au sujet qui tracasse Liam et qui l’a fait t’appeler et t’inviter à dîner. Tu ne t’attendais pas du tout à ce qu’il t’annonça. Une place pour aller enseigner à Cambridge, ce n’était pas rien … Ce n’était donc pas surprenant que ton ami se sente pris au dépourvu et ne sache pas trop quoi en penser. Il écouta attentivement tes conseils et te dit un sourire ironique sur les lèvres : « Depuis quand je flippe devant l’inconnu ? » Tu laissais échapper un petit rire amusé. Toi, tu n’étais pas surpris de cela. Si Liam avait eu dix ou quinze ans de moins, il ne se serait pas posé une seule seconde la question, tu en étais persuadé. Mais avec l’âge arrivent de nouvelles priorités et de nouvelle façon de voir les choses. « C’est l’âge, la vieillesse te guette. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil pour le taquiner. Lui ne s’arrêta pas sur ta mauvaise blague et enchaîna : « J’ai peur que la provenance de la proposition ne biaise mon jugement. » Le fait qu’il prononce cette phrase en disait déjà beaucoup pour toi. Car cela sous-entendait que si ce n’était pas Cambridge qui lui faisait cette proposition, il ne l’aurait peut-être même pas considérée. Car pour Liam, ce n’était pas juste changer de pays, c’était changer de profession un peu aussi. « En réalité je suis déjà parti quelques temps m’isoler. En Grèce pour tout de même continuer de travailler ou au Népal où je suis parti une grosse année pour fuir les emmerdes. Est-ce que ça m’a vraiment aidé ? peut-être, est-ce que je me retrouve dans la même situation aujourd’hui ? Je ne sais pas. Est-ce que je dois le prendre comme une occasion de m’enrichir d’un point de vue humain ou professionnel ou d’avoir de nouveau le choix de fuir les histoires trop compliquées, je ne sais également pas, peut-être que c’est un mélange des deux. Une chose est certaine, on m’aurait fait cette proposition quelques années plus tôt je pense que je n’aurais pas hésité ne serait-ce qu’un instant. » Ces paroles confirmaient donc bien ce que tu pensais. Les attaches qu’il avait désormais à Brisbane rendaient ce départ bien moins évident qu’auparavant. Il était logique qu’avec le métier qu’il avait eu, Liam ait voyagé et habité dans plusieurs coins du monde. Il avait apprécié l’expérience mais ne semblait pas très enthousiasmé par celle qui se présentait. « Tu n’as pas l’impression que le fait que tu cherches si fort à trouver des arguments pour ne pas aller à Cambridge t’a déjà donné la réponse ? » Pour toi, c’est le genre d’opportunités qui te donne des étoiles dans les yeux si tu as vraiment envie d’y aller. Les seules questions qui se posent sont alors comment mettre en place ce transfert pour ne heurter personne et que la famille suive s’il y en a. « Tu l’as dit toi-même, si c’était l’University de Manchester qui t’avait appelé, on serait en train d’avoir cette discussion ? » Tu levais un sourcil à cette question car tu pensais en connaître la réponse. « Tu as le droit de dire non à Cambridge Liam, personne ne te le reprochera. » Peut-être que finalement, c’était ça qu’il avait besoin d’entendre. « Tu en as toi des regrets ? » Sa question te prit de cours et tu te figeais, ton verre près de tes lèvres. Tu reposais ensuite ce dernier sur la table avant d’y réfléchir. Avais-tu des regrets ? A quarante-trois ans, tu étais censé en avoir non ? « Professionnellement ? Pas vraiment. J’ai attrapé toutes les opportunités que l’on m’a donné, je suis reconnu dans mon domaine et à l’université. J’espère pouvoir un jour prendre la tête du département des arts de l’université. J’aurais pu faire autre chose, j’aurais pu ouvrir une galerie, j’aurais pu travailler dans un musée mais j’ai toujours voulu enseigner avant tout. » Finis-tu par dire. « Dans ma vie personnelle par contre, les regrets s’empilent sans relâche. » Dis-tu en baissant les yeux et en buvant une gorgée de ton verre.


@Liam Taylor

If you’re walking down the right path and you’re willing to keep walking, eventually you’ll make progress.

C’est la simplicité de chacune de leurs discussions qui faisait que Liam aimait bien se retrouver parfois simplement autour d’un verre avec Marius. Ils se connaissent bien, se sont très rapidement liés d’amitié ensemble et pourtant il n’y a jamais eu ce principe de jugement de l’autre qui traînait dans les parages et c’est tout ce que demande Liam quand il parle avec quelqu’un. Bien évidemment qu’avant que Liam ne sorte de son doctorat Marius n’y allait pas avec le dos de la cuillère avec ce premier et ça lui allait très bien, il faut dire qu’avec sa séparation avec Leslie le jeune homme s’était un peu laissé aller et a presque perdu sa place de majeur de promo. Ils n’ont peut-être que cinq ou six ans d’écart et pourtant pour le conservateur c’était comme si toute une vie les séparer quand il voyait la différence de maturité qui pouvait parfois les séparer. Il a été son mentor fut un temps et si aujourd’hui leur métier à tous les deux était tout aussi respectable l’un que l’autre, Liam a toujours cette impression d’avoir cet aura quand il discute avec Marius, c’est probablement pour ça qu’il a voulu qu’il soit le premier à être au courant et à qui il allait demander conseil par rapport à la proposition de l’université de Cambridge – en dehors de Chloe qui s’était faufilé dans son lit le soir-même de la réception du mail -. C’est aussi sûrement pour ça que le sujet des relations un peu plus personnelles arrive sur la table. Le Taylor l’avait déjà emmerdé avec ses problèmes familiaux et il hésite un peu à continuer sur ce point-là aussi, qu’est-ce qu’allait penser Marius de lui après ? À part qu’il soit un chieur à avoir des problèmes sur n’importe quel sujet qu’il engage en conversation. « Je ne me sens aucunement obligé, c’est surtout pour éviter que tu veuilles te pendre par la suite, parce que si j’ai des doutes sur ce que je dois faire avec mes frères, j’en ai encore plus sur ce point-là. » Liam se met à rire légèrement alors qu’il amène son verre jusqu’à ses lèvres, un verre qui est bien trop vide à son grand étonnement. Il propose alors une nouvelle tournée au Warren avant d’en commander finalement qu’une seule pour lui. Liam ne boit jamais vraiment beaucoup, sauf quand il sort ou qu’il cherche à trouver ses mots pour expliquer sa situation, l’alcool l’aide à se détendre. « Deux femmes, deux opposés et je ne sais pas quoi faire encore une fois. » Ironique quand on connait Liam et quand on sait que ce n’est pas vraiment sa priorité de chercher absolument à se caser avec quelqu’un ou même d’avoir une relation tout simplement. Ces deux dernières lui sont un peu tombées dessus sans qu’il ne s’aperçoive vraiment de ce qui se passait ou alors il aurait déjà pris une décision bien plus tôt avant de trop s’attacher. « Tu peux me croire quand je te dis que je n’ai rien cherché de tout ça pour le coup. Mes relations avec mes vieilleries et mes livres ça m’allait très bien aussi. » Il esquisse un sourire alors qu’il prend une nouvelle gorgée. Il sait qu’il ne pourra pas se défiler très longtemps et que malgré le grand intérêt que trouve Marius à parler des femmes entourant Liam – quoi, c’est faux ? -, il faudra bien qu’il parle de la réelle raison du pourquoi de cette invitation au restaurant.

« Tu peux parler, tu as dépassé la quarantaine, j’ai encore beaucoup de temps avant que ça ne m’arrive. » Faux, c’est l’année prochaine mon cher Liam et tu commences déjà sûrement cette fameuse crise que traverse les hommes à cet âge-là. Il continue l’historien et il précise, il se justifie sur pourquoi il est si partagé entre le fait de sauter dans le premier avion direction l’Angleterre ou de directement renvoyer un mail en disant qu’il n’est pas intéressé. Si leurs familles sont bien différentes, tout comme leur approche des relations intimes, ils ont une approche à peu près identique du parcourt professionnel, ils se sont tous les deux consacrés à ça corps et âme au fil des années. Alors, il écoute très attentivement son mentor parler, des mots qui peuvent peut-être paraître évidents à certains, mais pour quelqu’un qui est un peu perdu comme Liam c’est difficile de bien se rendre compte de tout y compris de l’interprétation de ses doutes. « Tu n’as peut-être pas tort, mais quand j’y pense je n’étais pas tellement destiné à me poser dans un musée aussi et c’est parce que c’est le Queensland Museum qui m’a fait la proposition que j’ai hésité et dont j’ai finalement pris la décision d’accepter. » Il ne contredit pas son ami le Taylor et ce qu’il dit est très intéressant et il gardera tout de même ça en tête, mais il se devait aussi de préciser qu’il avait déjà eu ces doutes par le passé au moment où il a un peu plus quitté le terrain pour un métier où il passe un peu plus de temps derrière un bureau. « Et c’est bien pour ça que c’est à toi que je demande conseil aujourd’hui. Je suis désolé si ça te fait un peu chier, mais j’avais vraiment besoin d’en parler à quelqu’un qui pouvait me comprendre. » S’il y a quelque chose de Liam déteste bien c’est d’emmerder les autres alors il espère sincèrement que ce ne soit pas le cas avec le Warren. « Monsieur Warren a donc des choses à dire sur ce sujet aussi, mais que se passe-t-il ce soir ! Tu m’as écouté tout à l’heure, alors si jamais tu te sens le besoin d’en parler, mon oreille est là pour toi ! »

Les peines de coeur, c’était quelque chose avec qui tu pouvais sympathiser. Par contre les histoires de coeur un peu complexe, c’était difficile pour toi d’avoir un avis. Ta vie amoureuse à toi s’était résumée à une grande déception qui avait empêché quoi que ce soit dans le futur de prendre réellement forme. Tu enchainais les relations mortes dans l’oeuf, voilà pourquoi tu te montrais extrêmement prudent avec Colleen. Tu ne pouvais pas parler de relation d’ailleurs, vous passiez du temps ensemble et ce temps-là t’était cher mais il n’était pas question de relation ce qui te permettait de respirer un peu mieux. Tu avais peur que dès que le mot serait posé, si un jour il l’était bien entendu, cela fasse s’écrouler le château de cartes. C’était peut-être idiot mais tu avais une capacité d’autodestruction assez étonnante. Liam semblait de son côté préoccupé par ses histoires de coeur ce qui t’étonnait un peu parce qu’il n’était pas le genre d’homme à en faire tout un plat. Cela signifiait donc que c’était sérieux, assez pour qu’il t’en parle à demi-mot. « Je ne me sens aucunement obligé, c’est surtout pour éviter que tu veuilles te pendre par la suite, parce que si j’ai des doutes sur ce que je dois faire avec mes frères, j’en ai encore plus sur ce point-là.  » Un sourire amusé vint accompagner son rire. Pour toi, les histoires de familles et les histoires de coeur étaient aussi compliquées, elles ne faisaient juste pas appel aux mêmes ressources. Dans ton cas les deux étaient entremêlées de telle manière que chercher à les dissocier ne servait strictement à rien. « Deux femmes, deux opposés et je ne sais pas quoi faire encore une fois. Tu peux me croire quand je te dis que je n’ai rien cherché de tout ça pour le coup. Mes relations avec mes vieilleries et mes livres ça m’allait très bien aussi. » Tu hoches la tête, si votre nez pouvait rester dans les bouquins, ce serait bien plus simple mais en même temps, cela serait bien solitaire. En ne faisant rien, ton ami s’était retrouvé avec deux femmes qui le courtisaient ? Tu étais impressionné il fallait le reconnaître. « Quand on nous dit que ça nous tombe dessus sans que l’on s’y attende, on devrait moins rire car c’est souvent très vrai. » Tu n’avais rien vu venir avec Colleen et tu avais découvert que tu prenais un malin plaisir à te laisser charmer par la demoiselle. C’était agréable ces petits jeux, ce flirt qui existait entre vous mais surtout, cette confiance que vous construisiez. « Malheureusement je doute être de bon conseil quand il s’agit des sujets du coeur. Essaie de ne pas trop te prendre la tête, des fois la réponse se présente à nous naturellement, avec le temps. » Tu ne savais pas si ce serait le cas avec Liam mais tu savais que s’il intellectualisait trop les choses, il risquait de tout gâcher et de les perdre toutes les deux. Des fois, il fallait jouer à l’instinct. A ta petite taquinerie sur son âge, Liam te répondit : « Tu peux parler, tu as dépassé la quarantaine, j’ai encore beaucoup de temps avant que ça ne m’arrive. » Tu ne peux t’empêcher de lever un sourcil, un sourire amusé dessiné sur tes lèvres. Vous saviez tous les deux que c’était faux mais tu lui dis : « Si vivre dans le déni te fait du bien, be my guest. » Tu levais ton verre désormais vide pour toaster à cela. Tu n’avais jamais eu aucun problème avec ton âge et vieillir ne te faisait pas peur.

Liam te confia ensuite ce qui le tracassait et sans grande surprise c’était un sujet professionnel. Une opportunité qu’il ne se voyait pas refuser alors que c’était ce qu’il semblait vouloir faire malgré tout. Toute cette hésitation, tous ces doutes, ils étaient là parce que Liam ne se voyait pas partir. C’était le genre d’opportunités que l’on attendait toute une vie dans ton métier et nombreux de tes collègues auraient accepté dans la minute, peu importe qu’ils aient à déplacer leur famille à l’autre bout du monde. « Tu n’as peut-être pas tort, mais quand j’y pense je n’étais pas tellement destiné à me poser dans un musée aussi et c’est parce que c’est le Queensland Museum qui m’a fait la proposition que j’ai hésité et dont j’ai finalement pris la décision d’accepter. Et c’est bien pour ça que c’est à toi que je demande conseil aujourd’hui. Je suis désolé si ça te fait un peu chier, mais j’avais vraiment besoin d’en parler à quelqu’un qui pouvait me comprendre. » Cela ne te faisait pas chier comme semblait le penser Liam. Tu comprenais que ton ami ait besoin d’en parler avec quelqu’un qui comprendrait, quelqu’un qui pourrait lui donner sa vision des choses tout en connaissant vraiment les différentes variables à prendre en compte. Ses doutes sont tout à fait justifiés et tu les comprends mais au final, il sera le seul qui pourra choisir et savoir ce qui était le mieux pour lui. « Tu ne m’embêtes pas Liam. Je te donne mon analyse de la situation mais ce n’est peut-être pas la bonne. Si tu sens que tu as besoin d’un nouveau défi, de quelque chose de tout à fait nouveau, ce poste est une mine d’or. Mais peut-être que pour une fois l’appel de Brisbane est trop fort. » Dis-tu en haussant les épaules. Et tu ne le jugeras pas pour cela. Si une offre comme celle-ci t’arrivait aujourd’hui, tu hésiterais avant de la décliner très certainement. Il était fini le temps où tu courrais après des postes mondiaux, tu ne pouvais plus faire ça à ta famille. « Monsieur Warren a donc des choses à dire sur ce sujet aussi, mais que se passe-t-il ce soir ! Tu m’as écouté tout à l’heure, alors si jamais tu te sens le besoin d’en parler, mon oreille est là pour toi ! » Voulais-tu te confier sur tes regrets ? Tu n’en étais pas certain. Surtout qu’à tes yeux, cela n’apportait pas grand chose de ruminer le passé, tu l’avais appris à tes dépens plusieurs années plus tôt. « J’aurais pu mieux faire avec ma famille, j’aurais dû mieux faire. J’aurais pu éviter d’envenimer la situation avec mon frère, m’intéresser plus à ma plus jeune soeur et mieux soutenir mon autre soeur mais je n’ai rien fait de tout cela. » Non, à la place tu n’avais vu que tes problèmes, que ta douleur parce que sur le moment, c’était tellement fort que tu n’arrivais pas à prendre cela en compte.


@Liam Taylor

If you’re walking down the right path and you’re willing to keep walking, eventually you’ll make progress.

Ils n’avaient pas vraiment l’habitude de s’engager sur ce genre de conversation les deux historiens, malgré une amitié qui date depuis un bon moment maintenant et une grande confiance, Liam s’était toujours dit que ça ne ferait qu’embarrasser son homologue qui avait sûrement autre chose à faire que de l’écouter s’étendre sur ses peines d’amours aussi peu nombreuses furent-elles. Il se contentait la plupart du temps de lui demander des conseils par rapport à leur travail respectif qui s’entremêle régulièrement ou tout simplement de parler de la pluie et du beau temps. Ce qu’il ne savait pas le Taylor c’est qu’il allait devoir se faire pardonner après avoir peinturluré la crush de son ami au paintball quelques semaines plus tard avec leur participation au Race of Australia. « M’en parle pas. Après tu me diras, je me fais peut-être un peu trop de films. » Le rire de Liam était franc, il apporta la coupe de vin à ses lèvres avant d’en boire une énième gorgée. Sa relation avec la Cohen était la plus compliquée et la plus indécise, il ne savait même pas vraiment s’il y avait quoique ce soit de partagé alors qu’avec Diana c’était comme si le destin les avait mis sur la route de l’un et l’autre. Comme s’il n’y avait rien à faire, même après s’être perdu de vue après l’accident ils ont trouvé le moyen de se retrouver, de se revoir sans que ça soit planifié et plus ils passent du temps ensemble, plus le Taylor commence à ressentir cette petite chaleur qu’il n’a que trop peu ressenti au fil du temps comme le sait très bien le Warren. « Ça c’est la phrase d’un mec qui essaie de se convaincre lui-même, on ne me la fait pas à moi Marius. » C’est un nouveau rire qui s’échappe tout naturellement, parce que sur ce point-là ils ont encore une fois beaucoup en commun Marius et Liam. C’est peut-être d’ailleurs pour cette raison qu’ils n’ont jamais vraiment parlé des leurs histoires de cœur, ils savent très bien que l’autre sera rarement d’une grande aide sur ce point-là spécifiquement, il allait tout de même tenir compte de ce que son mentor lui à dit, c’était toujours ça de gagné. « Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles, ce n’est pas comme s’il me restait à peine un an avant de passer cette barre. » Le Taylor leva son verre à son tour avant de le terminer d’une traite. Au moins tous ces sujets et tous ces verres lui auront permis de gagner un peu de temps avant de parler de ce qui lui tourmentait le plus sa petite tête. Un sujet dont il était dans les premiers à en entendre vraiment parler. Il l’a bien évoqué à demi-mot avec ses frères, mais rien de précis alors que Chloe était la seule à en connaître tous les tenants et aboutissants étant venue passer une soirée avec Liam le soir-même où il a reçu ce fameux mail.

C’est le CV professionnel du Warren qui a amené Liam à le rencontrer ce jour-là, en dehors du fait que son avis compte beaucoup pour lui aussi. Il ne voulait pas trop en parler autour de lui, ses frères lui diraient assurément de partir sans même le penser vraiment et ses parents allaient tout faire pour le retenir à Brisbane sachant qu’ils digèrent encore le fait qu’il ne soit plus au ranch à travailler avec eux. « Ça ne peut pas être pire que ma famille qui ne me dira jamais ce qu’ils pensent vraiment. Au moins avec toi je sais que je peux compter sur ta franchise et ton expérience. » Il n’en demandait pas beaucoup le Taylor. En dehors du fait d’être rassuré quant au fait que ça ne serait pas assimilé à une fuite, il avait aussi tout de même besoin de savoir si les motivations qui le pousseraient vraiment à partir étaient valables ou non. Ça ne serait pas non plus pour toute la vie – pas au début en tout cas-, mais ça resterait tout de même une grosse étape dans sa carrière professionnelle. Une carrière qu’il n’a jamais vraiment mis au premier plan sans pour autant la négliger et il est là son problème. S’il était carriériste il ne se serait même pas posé la question, mais ce n’était pas vraiment son cas. « Il est toujours plus simple de s’en vouloir après quand on a la tête un peu plus au repos. Crois-moi je sais de quoi je parle. » Le téléphone du Taylor se mit à sonner, il y avait un problème avec un chargement qu’ils attendaient au musée. Il regarda rapidement sa montre alors que les minutes passèrent beaucoup trop vite. Un chargement à une heure aussi tardive ? Ce n’est même plus un problème ou un simple petit retard à ce niveau. « Je suis désolé, je vais devoir partir, un problème au musée, mais t’inquiètes tu peux prendre un autre verre, c’est moi qui invite. Encore merci pour tes conseils, je te tiendrai au courant de la décision que j’ai prise sans faute. » Il était vraiment content de cette discussion Liam, il n’avait pas encore vraiment pris sa décision, mais ça l’aidera à coup sûr pour remettre un peu d'ordre dans ses pensées. Il quitta la table avant d’aller voir le serveur et de lui demander l’audition sans oublier de lui demander de servir un dernier verre au Warren afin de le remercier de lui avoir accordé de son temps.

FIN.