| AMOS & GREG #3 ► YOU CAN COUNT ON ME LIKE 1,2,3 |
| | (#)Lun 1 Juin 2020 - 14:11 | |
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You can count on me like 1, 2, 3
Je n’ai pas pris la peine de prévenir la globalité de mon entourage de mon accident de voiture : je n’en ai pas eu le temps. À peine me suis-je réveillé que ma vie a explosé en mille morceaux. Sarah a tenté de récupérer ses droits d’épouse devant l’œil désabusé d’une Raelyn à terre et, après cet incident, ma seule obsession fut de nous rabibocher elle et moi. J’ai jusqu’à oublier de prévenir Chad et, quoique j’aurais aimé avancer l’excuse que ce n’était pas nécessaire, que ma mère s’en chargerait, la vérité, c’est que je n’ai pas jugé la situation assez urgente que pour mettre en branle la mécanique des coudes. Il n’est pas le seul que j’ai laissé de côté. Greg n’a pas eu l’honneur d’être prévenu assez tôt pour me rendre visite à l’hôpital. Et, malgré que je m’en sente coupable, tandis que je fixe depuis près d’une heure ma bouteille sans oser y toucher, mais crevant à petit feu sous le joug de l’envie, d’un désir presque incoercible, j’ai fait fi de mon sentiment de lui avoir manqué de respect pour lui adresser un message. Je crois sans me méprendre qu’il ressemblait à un appel à l’aide, une bouteille dans la mer dans Gaza, car il s’est affolé, certes, mais il a promis qu’il viendrait au plus vite. Dans son langage, ça sous-entend dans les dix minutes, si bien que je ne fus pas étonné qu’on frappe sitôt à la porte de mon bateau. Au contraire, je m’en suis trouvé rassuré, presque rasséréné, comme si à présent, plus rien ne m’était impossible, pas même reconquérir le cœur de celle que j’ai blessée malgré moi. « Je savais que je pouvais compter sur toi. » ai-je claironné en lui offrant une étreinte toute masculine dont je ne suis pas friand habituellement. Je ne suis pas réputé pour être un homme tactile. Ces embrassades m’ont pourtant fait du bien au détriment de la douleur de ma côte. Une fois encore, je la néglige. À ce rythme, il me faudra des mois pour récupérer ma pleine mobilité, mais qu’à cela ne tienne, je suis tout simplement heureux d’avoir un peu de soutien. « Je suis désolé. J’aurais dû te prévenir, mais je ne suis pas resté à l’hôpital de toute façon. Sarah est en ville et elle a provoqué ce que j’appellerais une véritable catastrophe. Elle est venue à l’hôpital. Elle m’a appelé mon amour s’il te plaît. Et, je te le donne en mille. Rae était là. Je suppose que tu devines la suite. » Elle est partie. Elle s’est enfuie et moi, je rampe dans l’espoir de la récupérer. « Et, comme si ce n’était pas suffisant, on me colle un psychologue dans les pattes, à cause de la crise de Sarah et de mon taux d’alcoolémie aussi, je crois… » Faux ! J’en suis certaine et je rectifie. Il n’y a pas de manque de mensonges qui tiennent entre ce vieil ami et moi. « Enfin, non, c'est aussi pour ça, je le sais. J’ai dépassé les plafonds. » Et ça m’arrive bien plus souvent qu’à mon tour de prendre le volant complètement ivre.
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| | | | (#)Mar 2 Juin 2020 - 21:15 | |
| Le coup de fil que je reçois est loin de me faire plaisir. Si voir le nom de l’émetteur avait laissé un sourire illuminer mon visage, ce qu’il m’annonça derrière me l’arracha immédiatement. Pourquoi ne m’avait-il pas prévenu plus tôt ? Depuis combien de temps était-il sorti de l’hôpital ? Que s’était-il passé ? L’accident avait-il été causé par sa faute, ou par un connard qui avait bu ou qui regardait son téléphone au volant ? J’avais quitté le boulot plus tôt alors que j’y étais volontairement resté pour terminer les quelques paperasses de chef (repoussées depuis bien trop longtemps), et j’avais atterri chez Amos en moins de vingt minutes. « Je savais que je pouvais compter sur toi. » Il me serre dans ses bras et je lui rends son étreinte en prenant le soin de ne pas trop le presser contre moi. Je lui en veux de ne m’avoir rien dit, mais là n'est pas le sujet. D'autant que je sens qu’il s’en veut aussi : il est pas très câlin Amos, et pour qu’il m’en offre un, c’est qu’il a vraiment dû voir sa vie défiler devant lui, ou qu’il est très content de me voir. Ca aurait été un chien, je suis sûr que j’aurais vu sa queue s’agiter frénétiquement. C’est sa douleur qui cesse nos embrassades, et je me recule alors pour mieux l’observer pendant qu’il s’excuse. Il a quelques ecchymoses au visage, un plâtre, et il a pas l’air en forme à en croire ses cernes, mais il tient au moins debout. « Sarah est en ville et elle a provoqué ce que j’appellerais une véritable catastrophe. Elle est venue à l’hôpital. Elle m’a appelé mon amour s’il te plaît. Et, je te le donne en mille. Rae était là. Je suppose que tu devines la suite. » Mes yeux s’écarquillent pendant qu’il m’explique ses peines, Sarah est venue le voir ? Evidemment qu’elle est venue lui rendre visite, elle doit être dans la liste de personnes à contacter en cas d'urgence, elle est toujours sa femme après tout. Enfin, elle l’est, n’est-ce pas ? L’histoire du divorce n’a toujours pas avancé ? Il me l’aurait dit sinon. Elle a dû voulu marquer son territoire en voyant la jolie blonde, quand elle veut un truc la Sarah, elle lâche difficilement le morceau… « Je suppose que t’avais rien dit à Rae concernant ton divorce ? T’as pas écouté mes conseils, hein p’tit con ? » que je demande, à moitié sérieux à moitié en riant. Il ne prend pas la peine de répondre à ma question, enchaîne à toute vitesse sur le fait qu'il doive voir un psy. Il a besoin de parler le vieux apparemment. « Bon, laisse moi rentrer avant qu’on puisse parler de tout ça en étant assis confortablement. » que je finis par dire en signifiant d'un coup de menton qu'on sera mieux à l’intérieur de son bateau. Je retire mes godasses, me dirige vers une des chaises qui traîne et l’invite à s'asseoir lui aussi quand bien même je ne suis pas chez moi. « Bon, va falloir que tu m’expliques tout ça là, c’est pas jojo ta vie mon vieux. » affirmais-je en riant. « Déjà, pourquoi t’as eu un accident de voiture ? Qu’est-ce qui s’est passé ? » J’espère vraiment que c’est pas parce qu’il était bourré qu’il a failli crever. Pour qu’on lui colle un psy à cause de son taux d’alcoolémie, c’est qu’il doit y avoir un sacré problème. Je l’aurais vu venir quand même, non ? C’est pas parce qu’on se boit une bouteille de vin à deux qu’il est alcoolique ? Ni quand on se resserre trois ou quatre fois du whisky quand on se fait nos soirées entre couilles ? « Et ensuite… SARAH EST VENUE ? Oh mon pauvre. Ca a dû être la merde totale avec Rae. Elle s’est barrée ? Vous en avez reparlé ? T’es sorti depuis quand de l’hosto ? » Je garde les questions sur l’alcool pour plus tard, on y viendra bien assez vite.
@Amos Taylor |
| | | | (#)Mer 3 Juin 2020 - 15:27 | |
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Prétendre que je suis heureux qu’il ait fait si vite n’est qu’un euphémisme. Sa présence balaie ma solitude et je reprends peu à peu espoir. Il a toujours été de bons conseils, Greg. L’aurais-je écouté que je n’en serais pas là, à rompre avec mon pseudo-vœu de silence en crachant mes problèmes sans prendre le temps de respirer. J’ai jusqu’à oublier de l’inviter à entrer et il me rappelle à l’ordre, gentiment, davantage pour mon confort que pour le sien et non sans m’avoir détaillé au préalable. « Ouais. Je sais. Je ne suis pas beau à voir. » Manière moins vulgaire d’admettre que j’ai une sale gueule. Je l'ai constaté. Je me suis enfin regardé dans un miroir et j’ai détesté ce que j’ai vu. « Ouais. Désolé. Entre. Je te proposerais bien un truc à boire, mais je t’avoue que si tu pouvais le faire toi, ça m’arrangerait. » ai-je ensuite déclaré, penaud et terriblement mal à l’aise. Sa question, à propos de Raelyn, je ne l’élude pas. Je vais lui répondre autrement que par un hochement de la tête. Mais, j’attends. J’attends qu’il s’installe et de retrouver mon souffle maintenant que je suis avachi dans mon sofa. « Pas jojo. C’est le moins qu’on puisse dire, puis que tu as raison, je ne le lui avais pas dit. Et, je sais… je sais que tu m’avais prévenu, mais j’ai cru que je gérais. » Tellement bien que j’ai la sensation d’avoir tout perdu. Les chances d’être pardonné se résument aujourd’hui à une note largement en dessous de la moyenne, à moins d’un miracle. « Alors, ce qui s’est passé. J’ai eu Sarah au téléphone qui m’a confirmé qu’elle ne divorcerait pas. J’ai paniqué. Je suis allé picoler, dans un bar, ce qui ne m’arrive jamais, jamais dans ce genre d’endroits. » C’est très rare et j’ai besoin qu’il acquiesce au nom de ma conscience, mais ça ne changerait rien. Je bois beaucoup, je le sais. J’ai accepté mon alcoolisme récemment, certes, mais il s’est imposé avec une telle violence que je m’en sens de plus en plus coupable. « Puis, je me suis dit que je devais le dire à Rae avant que ça n’explose. J’ai pris la route. On m’a coupé la priorité et… » J’ai jeté un œil vers moi, un regard qui déclare : voilà le résultat. « Et ensuite oui ! Elle est venue, oui ! Mais, pas pour moi. Au téléphone, je lui ai dit que j’avais rencontré quelqu’un, parce que Rae et moi, on est plus qu’une liaison, tu sais. » ai-je confessé, revenant sur notre dernière conversation. Greg l’avait pressenti avant moi. À ma façon d’être, il a compris d’emblée que j’étais fou de cette fille. Aujourd’hui, nul doute qu’il saisira mes angoisses à pleine main et qu’il me proposera une solution pour arranger les choses. C’est un séducteur, mon compatriote. Il sait y faire avec les femmes, quoique je maintiens que Rae n’a rien de comparable avec le conformisme de ses congénères. « Elle m’a appelé mon amour, devant Rae. Elle a glissé sa main dans mes cheveux. Le grand jeu quand on sait que ça fait trois ans qu’elle m’a jeté. » Je n’en souffre plus, mais son comportement est d’une telle hypocrisie que j’en serre la mâchoire de rage. « Et, Rae, ben, elle est partie, en me demandant de plus la contacter. Une fois. Elle ne l’a pas répété devant l’ascenseur. Je suis sorti hier et j’ai campé sur son palier pour en parler oui. Mais, j’ai surtout parlé tout seul. J'avais prévu de rester toute la nuit, mais j'ai bien compris que ce n'était pas utile et, dans l'absolu, j'avais pas envie que les voisins me fassent enfermer.» J’ai soupiré d’anxiété face à cette vérité : je n’ai pas été invité à entrer.
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| | | | (#)Sam 6 Juin 2020 - 2:13 | |
| « Je sais que je peux être salaud sur les bords, mais je vais certainement pas boire devant toi alors que t’essaies apparemment de te sevrer ? » Sa proposition pour boire un verre aurait habituellement été acceptée, voire même pas proposée puisqu’il m’aurait directement servi au moment même où j’aurai posé mon cul sur la chaise, mais la situation avait apparemment changée. J’ai toujours du mal à me dire qu’il fait partie des mecs à qui on colle l’étiquette d’alcoolo, j’arrive toujours pas à me dire que je suis passé à côté de ça. Il confirme mes hypothèses sur le fait qu’il n’ait absolument rien dit à sa blonde, mais j’en suis franchement pas étonné. Et puis il enchaîne sur les raisons de son accident, il m’explique tout ce qui s’est passé depuis le début. J’ai de la peine pour lui, il est en train d’emprunter une pente glissante et il a fallu que ce soit ce putain d’accident de voiture qui me le montre, parce que j’ai pas été foutu de remarquer tout ça par moi-même. Il pensait qu’il gérait, je me doutais qu’il avait du mal à sortir la tête hors de l’eau, mais je ne me doutais pas qu’il était carrément en train de couler. Beaucoup d’informations sont à encaisser d’un coup, je l’ai rarement vu parler autant en si peu de temps. Je l’écoute avec attention, tentant de taire les voix qui me disent que j’ai une part de responsabilités dans tout ça parce que j’ai rien vu venir, et quand il m’annonce être resté un moment à déblatérer tout seul sur le pallier de Rae, ça me fend encore plus le cœur. Un verre de whisky aurait définitivement été le bienvenu. Il soupire après avoir terminé ses explications, et je sais pas si c’est l’accident ou l’abattement qui le secoue autant, mais il a l’air épuisé. « Pourquoi est-ce que Sarah s’entête autant… J’ai l’impression qu’elle est devenue méchante, qu’elle sait qu’elle n’a plus aucune chance avec toi alors elle t’isole pour que tu n’aies plus d’autre choix que de revenir vers elle. » Je commence par là, je suppose que de l’incendier sur son taux d’alcoolémie au volant ne servirait à rien. Il doit le savoir qu’il a merdé sur ce coup, que le fait qu’on lui ai coupé la priorité n’était certainement pas la seule raison qui l’a mené à l’hôpital. « Est-ce que tu veux que j’essaie de lui parler ? Je sais pas si elle m’écoutera, mais peut-être que je peux essayer de la raisonner un peu ? » On n’a pas été hyper proches Sarah et moi, mais on s’entendait bien sur pas mal de points. « Et concernant Rae… Je pense qu’il faut que tu lui laisses du temps et de l’espace aussi. Elle doit avoir besoin de digérer un peu les choses, ça fait beaucoup d’un coup. » Le ‘tu vois je te l’avais dit’ menace de sortir, mais j’arrive à le retenir de justesse. « Imagine le choc qu’elle a dû avoir… Laisse passer une semaine au moins, laisse lui le temps de respirer. Peut-être même qu’elle reviendra vers toi. » que je me tente à lui dire parce que j’ai peur qu’il ne se remette pas de cette rupture, mais au fond je comprendrais la blonde si elle cherchait à couper tout contact. Il lui a quand même caché être marié et en instance de divorce, et son ex débarque comme une fleur à lui donner des surnoms affectueux et à faire comme si de rien n’était. Perso, j’aurai fui ce mec comme la peste moi. Mais je sais qu’Amos ne voulait pas mal faire, au contraire, je pense même qu’il aurait plutôt cherché à faire le moins de dégâts possible, et que pour lui, faire le moins de dégâts, c’était de cacher le maximum de choses. « Mais ça va aller vieux, je te le promets que ça va aller. » que je finis par lui dire en me penchant exagérément en avant pour lui donner une petite tape affectueuse sur son plâtre.
@Amos Taylor |
| | | | (#)Dim 7 Juin 2020 - 19:10 | |
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Me sevrer ? Qui a dit que j’en étais arrivé là ? Si j’accepte d'être devenu, avec le temps, un alcoolique, je ne suis pas prêt à ce que les derniers de mes proches m’abordent comme tels, me regardent comme si j’étais malade. Alors, je me renfrogne et me défends aussitôt. « Me sevrer de quoi ? J’ai picolé, ouais, mais ça arrive à tout le monde d’oublier quelles sont ces limites. Je ne suis pas alcoolo, Greg. » À moins plus qu’aux autres cependant, mais je ne renchéris pas. J’insiste, au contraire, pour qu’il remplisse deux verres. « Vas-y, sers-nous, s’il te plaît. » Parce que j’aurai bien besoin que l’ami Johnnie me tienne par la main pour me réconforter de m’être pris les pieds dans la mélasse que je brasse depuis des mois à présent. J’en fais l’étalage non sans perdre l’équilibre. Moi qui, habituellement, suis toujours sobre et pondéré, qui maîtrise le geste comme le timbre, je suis transi et l’inquiétude transpire désormais par tous les pores de ma peau. Je ne crains pas Sarah en tant que personne. Je redoute que son sentiment d’échec et de trahison ne la pousse dans ses retranchements et qu’elles commettent l’erreur irréparable de me faire la guerre. Dans ces conditions, il ne restera plus rien de ce que fut notre histoire, car je prendrai les armes et je suis tenace. Plus qu’elle. Elle, elle verse dans la sournoiserie. « Méchante ? Non ! Elle nous fait surtout un gros caprice. Je pense que son ego était flatté que je continue à lui courir après et maintenant que ça ne m’intéresse plus, elle réalise que… » Que j’ai des émotions ? Que j’ai signé pour être à ses côtés, mais pas pour ramper perpétuellement à ses pieds ? « Que je suis passé à autre chose et elle a peur. » ai-je ponctué d’un haussement d’épaules. Je suis assommé par l’accident, par les faits, par la douleur et par l’absence de Raelyn à mes côtés, mais je demeure cohérent malgré tout. « Et tu lui diras quoi ? Qu’il faut qu’elle me laisse vivre ma vie ? Ça ne sert à rien. Tu sais comme elle est têtue. » Sur la fin, quand j’étais lassez de me comporter en adulte, lorsque j’étais appesanti par la perte de ma fille, nos disputes tournaient souvent en règlement de compte. « Tu vas perdre ton temps. » Et il lui est précieux, autant qu’à moi sur l’heure, car je n’ai jamais eu autant besoin de conseils qu’aujourd’hui. Mon couple, celui auquel je tiens, et non celui sapé par le temps, est sur le point d’exploser. J’ai besoin d’agir, d’ajouter une nouvelle pierre à l’édifice d’une future – du moins, j’espère – réconciliation. Mais, Greg, il ne l’entend pas de cette oreille et je jauge, en silence, le bien-fondé de la proposition. « Revenir vers moi. J’en doute. Justement à cause du choc. Tout ce qu’elle voit, c’est que je lui ai menti. » Et, ce ne sera ni la première ni la dernière fois. « Et, je l’ai fait, sciemment, j’ai dit mon ex-femme. Je m’en souviens, mais… officieusement, elle l’est. » Je n’attends pas qu’il acquiesce. J’aspire à ce qu’il soit dans le bon et j’ai soupiré. « Et, je suis pas certain. Je suis pas certain que ça ira mieux. Greg, qu’est-ce qu’on risque pour ivresse au volant ? » Car ils m’ont envoyé un psy, qu’Olivia est intervenue, mais que j’ignore dans quelle mesure elle arrivera à m’éviter le pire. Et, ça aussi, ça tend mes nerfs.
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| | | | (#)Lun 15 Juin 2020 - 23:51 | |
| Face à mon scepticisme quant à nous servir des verres d’alcool, Amos s’est braqué. Je crois qu’il a du mal à assumer le fait qu’il ait besoin d’alcool, que c’est un alcoolique. Il m’ordonne même de faire le service, et je sais pas trop comment réagir. Est-ce qu’on doit donner de l’alcool à un alcoolique en demande ? Non, certainement pas. Mais il vient de sortir de l’hôpital et j’ai pas envie qu’il se ferme à moi, j’ai peur que ce soit justement pire. Alors je m’exécute, sors deux verres de whisky et nous en sers deux doigts. Que je sois là ou pas de toute façon, les bouteilles sont présentes. Et si Rae ne compte pas venir pour lui botter le cul et le forcer à arrêter, il sombrera certainement tout seul. Je me promets que c’est la dernière fois qu’on fait ça, et je me promets aussi de venir le voir aussi souvent que possible pour voir où en est son état. « Méchante ? Non ! » Elle en a pourtant l’air, à vouloir contrôler son ex et à faire sa petite scène devant sa blonde. « Elle nous fait surtout un gros caprice. Je pense que son ego était flatté que je continue à lui courir après et maintenant que ça ne m’intéresse plus, elle réalise que… Que je suis passé à autre chose et elle a peur. » Evidemment qu’elle a peur. Elle a déjà perdu sa fille, elle perd maintenant définitivement son mari en signant les papiers. J’acquiesce en trempant mes lèvres dans le breuvage ambré. Savoir que j’ai un verre dans les mains suffit à m’apaiser. Il va peut-être falloir que je surveille ma consommation moi aussi. « Et tu lui diras quoi ? Qu’il faut qu’elle me laisse vivre ma vie ? Ça ne sert à rien. Tu sais comme elle est têtue. Tu vas perdre ton temps. » Je m’humecte les lèvres avant de répondre, je sais que ma réponse ne va pas lui plaire, mais si ça peut l’aider, autant le faire. « Je sais qu’elle est têtue. Et mon vieux, je suis de ton côté, tu le sais ça ? » Commencer par ce genre de phrase ça annonce rarement quelque chose de bon derrière. « Mais je pense qu’elle m’écoutera. Peut-être plus que toi. Tu étais son mari après tout, c’est normal qu’elle ne veuille rien entendre de ta part, elle préfère se murer dans sa version des choses en se victimisant pour te garder près d’elle. Et ça marche, tu culpabilises. Regarde ton état. Regarde comment tu t’es mis à cause de tout ça. » Je me doute que son divorce n'est pas la seule cause, mais il en fait grandement partie. « Elle s’est confiée plus d’une fois à moi en ce qui concernait votre couple. Je ne m’étendrais pas sur ce sujet, mais je sais qu’elle écoutait mes conseils. Peut-être que je peux lui faire entendre raison. Tu penses pas ? » Je me risque à lui confier tout ça parce que j’ai l’impression qu’il a besoin d’aide mais qu’il ne sait pas comment la trouver. Sarah s’était vraiment tournée vers moi quand elle ne savait plus comment gérer Amos, quand il se refermait sur lui-même et qu’elle n’avait aucune idée de surpasser ce silence. Je ne suis sans doute pas la référence, mais je suppose qu’elle n’avait personne à qui demander. J’ai toujours été proche de lui après tout. Le sujet s’embraye sur Rae, j’essaye de lui dire que ça va s’arranger, mais je le vois presque désespéré lorsqu’il me répond. « Officieusement elle l’est, oui… » Je ne sais pas quoi lui répondre, je ne peux rien lui promettre, je ne la connais pas cette Rae, je ne sais pas comment elle réagira. Amos est le seul qui puisse vraiment avoir les réponses qu’il attend. « Est-ce que tu penses qu’il faut insister pour que tu puisses t’expliquer ? Le temps ne changera rien ? Laissez-vous au moins quelques jours, non ? » J’hésite un instant avant de lui répondre pour l’alcool au volant, et puis je me dis que de toute façon il l’aura bien vite sa réponse. « Ca dépend de combien tu avais dans le sang, Amos. Au mieux t’as quelques points qui sautent et une amende, au pire on te retire ton permis. » J’espère au moins qu’il n’a tué personne dans son accident. « Tu es le seul à t’être retrouvé à l’hosto ? » Autant demander.
@Amos Taylor |
| | | | (#)Mer 17 Juin 2020 - 2:09 | |
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Alors, ça y est, nous y sommes, Sarah et moi. Nous avons atteint ce stade où nos amis respectifs devront faire un choix entre elle et moi, celui décevant où nous ne nous contenterons pas de nous déchirer en tête à tête, mais au cours duquel nous blesserons au passage nos proches. L’idée m’a dérangée et j’ai grimacé mon désarroi. « Je sais que tu l’es. Je… suis désolé qu’on en soit arrivé là. J’aurais dû ouvrir les yeux plus tôt. Signer plus tôt. » J’avance des excuses, sincères, et dans ma tête, je m’insulte. Je me traite d’idiot, de bougre d’âne. J’ai tout gâché et la culpabilité qui en découle est presque insoutenable. Elle l’est bien plus que cet étrange aveu de la part de Greg. Je me moque qu’elle puisse lui accorder plus de crédit qu’à moi. Dans les faits, je suis devenu l’ennemi, l’homme adultère, le type avec lequel elle a gâché sa jeunesse. Elle peut le penser. Je ne serai pas loin d’être en partie d’accord. En revanche, je suis surpris d’apprendre qu’elle s’est servi de mon ami – le mien – comme d’un confident. « Elle t’a parlé ? A propos de moi ? Et c’est maintenant que tu me le dis ? » ai-je lancé abasourdi, les yeux agrandis par l’hébétude. Il y brille une pointe de curiosité malsaine également. Qu’a-t-elle dit pour ternir mon image, cette harpie ? Qu’a-t-elle rapporté ressentiment ? « Et tu ne veux pas t’étaler ? » Je grogne, mais ça n’a rien de méchant. Nous nous chamaillons souvent Greg et moi. Ça fait partie de notre mode de communication, mais ce soir, je ne suis pas certain d’avoir la force de lutter même si j’ajoute : « Tu sais que tu en as trop dit ou pas assez, là ? Question rhétorique. Il sait et je le connais. Il ne s’épanchera pas, pas même sur les conseils qu’il lui aura distribué. « Ouais. Tu peux y aller. De toute façon, je n’ai plus rien à perdre » Je lâche prise d’un revers de la main en oubliant ma côte douloureuse. « Mais, je veux un compte-rendu… » Parce qu’il est de mon côté. Ce sont ses mots, pas les miens, et j’ai besoin de ses conseils. Nous ne nous comprenons pas toujours, mais il l’avait anticipée cette catastrophe. Aurais-je trouvé le courage de suivre la voie qu’il a dictée pour moi concernant Raelyn, je n’en serais pas là. Certes, nous nous serions sans doute quereller. Elle aurait probablement mal vécu mon mensonge puisqu’il aura perduré dans le temps. Mais, je crois également qu’elle ne s’en serait pas formalisée grâce à l’honnêteté. Et aujourd’hui ? Comment sauvez cette histoire ? « Non ! Je pense que je lui ai tout dit et que tu as raison. » Déclaration à honorer d’une croix dans du beurre. « Je vais la laisser respirer. Je vais… » Prendre le risque qu’elle me quitte en priant pour qu’elle n’en fasse rien et qu’elle arrive à me pardonner. Cette parenthèse, je l’utiliserai à essayer de réparer mes conneries. « Ils m’ont pas donné mon taux. Mais, je t’ai dit, ils m’ont envoyé un psy. Et, j’ai déjà reçu un message vocal d’une assistante sociale. Je crois que ça pue pour moi. » Et rien que d’y penser, mon cœur s’agite. J’ai des palpitations liées à l’anxiété d’être privé de conduire ou de me retrouver derrière les barreaux. « Oui ! L’autre n’avait pas grand-chose d’après ce que m’a dit l’infirmière. Il est ressorti le soir même. Mais, j’étais pas en tort, Greg. C’est pas normal qu’on ne le fasse pas chier. C’est lui qui m’a grillé la priorité. C’est pas à cause de l’alcool cet accident. » Mais, dans ce cas, pourquoi n'ai-je pas touché à celui qu'il m'a servi au préalable ?
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| | | | (#)Jeu 18 Juin 2020 - 0:34 | |
| J’insiste sur le fait d’être du côté d’Amos quand bien même je m’entendais vraiment bien avec Sarah. Amos reste mon ami d’enfance, celui avec qui j’ai grandi, je ne le trahirai jamais. Mais quand Sarah a eu besoin de mon aide, quand elle a eu besoin de mes conseils parce qu’elle s’est perdue et qu’elle avait surtout peur de perdre la vie de famille qu’elle avait, j’ai répondu présent à son appel. Je l’ai fait pour elle, mais je l’ai surtout fait pour Amos, et pour Sofia. Parce que ça le concernait directement lui, parce qu’elle était allée voir ailleurs et qu’elle avait peur de la réaction d’Amos si elle le lui disait. J’ai essayé de la guider pourtant, j’ai essayé de la pousser à se confier à lui, c’était pas à moi de le faire. Je sous-entend que je peux potentiellement peser sur la décision finale de Sarah, que je l’ai déjà conseillée, et quand bien même elle n’a pas fait ce que j’avais préconisé (elle est aussi têtue qu’Amos, à écouter mes conseils et à les considérer mais à ne jamais les appliquer), elle m’avait tout de même écouté. « Elle t’a parlé ? A propos de moi ? Et c’est maintenant que tu me le dis ? » J’acquiesce d’un mouvement de tête. J’ai dit que je ne voulais pas m’étaler. « Et tu ne veux pas t’étaler ? » Non. Tel un enfant à qui on demande s’il a commis une bêtise, je secoue la tête pour dire non avant de me réfugier derrière mon verre d’alcool. « Tu sais que tu en as trop dit ou pas assez, là ? » Haussement d’épaules. A croire que j’ai perdu la parole au moment où il m’a posé toutes ces questions. Comment lui annoncer que Sarah l’a trompé et qu’elle ne lui en ai jamais parlé ? Enfin, c’est ce que je suppose, qu'elle ne lui ai rien dit. Amos n’aurait jamais accepté une telle trahison. Est-ce que c’est justement le moment de lui avouer tout ça ? A quoi ça rime ? Comment ça pourrait l’avancer de toute façon que je le lui dise ? Ca risque surtout d’envenimer encore plus la situation. Si je parviens à faire entendre raison à Sarah, c’est certainement pas en trahissant sa confidence, ni en remettant de l’huile sur le feu pour que Amos aille l’incendier. « Ouais. Tu peux y aller. De toute façon, je n’ai plus rien à perdre » Je relève les yeux en sa direction. Il a compris que je ne peux rien dire, et que je n’allais sans doute rien dire, même s’il sait que je suis et que je resterai toujours de son côté. « Mais, je veux un compte-rendu… » Un compte-rendu, oui, mais c’est quand même moi qui y mettrais ce que je voudrais dedans. « Deal. Je la contacterai au plus tôt, et tu seras informé de ce qui s’est dit. T’as rien à me cacher, hein ? Rien qui pourrait t’incriminer et qui me ferait passer pour un con devant elle ? » Je sais pas vraiment ce qui pourrait le descendre au plus bas que le fait qu’il n’ait pas vraiment parlé de Rae à Sarah, ni qu’il n’ait parlé de son divorce à Rae, ni qu’il m’ait confié être alcoolique, mais je demande au cas où. Il m’annonce ensuite avoir tout dit à la blonde, que de lui laisser le temps est la meilleure solution. « Elle a toutes les informations maintenant. C’est à elle que revient le choix de te donner une seconde chance ou non. Tu peux plus rien faire alors, à part attendre. » que je m’autorise à lui dire, une dernière fois. Plus, ça relèverait presque de la morale, et je suppose qu’il n’a pas besoin de ça, que ce soit sur ce sujet, ou sur celui de son taux d’alcoolémie au volant. Il a peur de perdre son permis, de se retrouver en taule. Il a peur parce qu’on lui a foutu un psy sur le dos et qu’on ne lui a pas dit grand-chose à ce propos. Au moins, il n’avait tué personne. Toutes les personnes de l’accident étaient vivantes, lui compris. J’aurais vraiment mal vécu de le perdre. Après mes parents, mon meilleur ami ? Tous ceux que j’aime dans un accident de voiture ? Non, décidément ça aurait fait un trop plein. « Que tu sois en tort ou pas, ils s’en foutent. Tout ce qu’ils retiennent, c’est que t’avais bu. Et c’est pas bon pour toi. Va falloir que tu leur montres que tu veux te racheter Amos, ils vont pas te lâcher. Surtout si t’as un psy sur le dos. » Il enchaîne décidément toutes les merdes. Lui qui avait pourtant l’habitude d’avoir une vie rangée et tranquille, ça a bien changé depuis qu’il est sur Brisbane.
@Amos Taylor |
| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 3:52 | |
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You can count on me like 1, 2, 3
C’est une bombe qu’il me lance au visage. Elle est vétuste, ne menace plus de me blesser si elle explosait, mais elle a le mérite de chatouiller ma curiosité. De quoi lui parait-elle Sarah ? Elle s’est plaint, très bien, mais à quel propos ? A-t-elle confié mes problèmes d’alcool ? Ceux que mon récent accident met en lumière ? Je l’interroge, mon ami, mais il ne semble pas décidé à me répondre. IL grimace, hausse les épaules, gonfle les joues, mais aucun mot ne quitte la barrière de ses lèvres. Il m’offre l’image, sans le son et de guerre lasse, j’ai abandonné. J’ai proposé au contraire un autre deal qu’il a accepté : me rendre compte de sa prochaine discussion avec Sarah. « Elle ne sait rien. Pour le bateau, elle sait pas. Je compte sur toi pour rester discret. » Car, si elle et moi nous lancions dans une quelconque guerre, c’est là qu’elle frappera, la bougresse. Elle n’hésiterait pas trente seconde si elle ne tentait pas de s’en prendre ouvertement à Raelyn. Dans un cas comme dans l’autre, je ne le lui pardonnerais pas cependant. « A part ça, rien à cacher. Rien qu’elle ne saurait déjà ou qu’elle a récemment découvert. » Celle qu’elle considère comme ma maîtresse, par exemple. Moi, je réfute cette appellation, mais j’ai l’impression d’avoir peu d’alliés sur la question. Toutefois, je prends le nouveau conseil de mon ami avec sérieux, conscient que j’aurais dû le faire plus tôt : rien de tout cela ne serait arrivé. « Et j’attendrai. » ai-je conclu en haussant les épaules. Ai-je seulement le choix ? « Je le lui ai promis. Quand je suis allé voir Rae. » Camper devant sa porte serait le terme le plus juste. « Elle m’a demandé ce que j’attendais d’elle et je lui ai dit que j’avais besoin qu’elle m’entende, que j’avais envie qu’elle me pardonne et je lui ai dit qu’elle pouvait prendre tout son temps. Je sais que c’est pas son genre. » Ou, si ça l’est, je n’ignore pas que je suis un privilégié et qu’elle tient à moi, sa peine en attestant. « Mais, j’ai tellement peur qu’elle me balade malgré elle. Et je m’en veux tu sais. Je m’en veux de lui avoir fait du mal. » Sans doute ne soupçonne-t-il pas à quel point. Tout comme il n’a aucune idée de mon angoisse à l’idée que l’on m’enlève le permis. « Tu sais ? Mon amie ? Ancienne militaire ? Olivia ? Je sais qu’elle est intervenue pour alléger les conséquences de mon accident. J’espère que ça sera suffisant. » J’en doute. Je ne suis pas idiot. J’aurais pu tuer quelqu’un ce soir-là, non pas à cause de ma conduite, mais parce que j’étais complètement ivre. « Par leur montrer que je veux me racheter, tu entends quoi, Greg ? » AA ? Abstinence ? Cure de désintox ? Quoi ? Je suis suspendu à ses lèvres désormais. « Et toi ? On parle que de moi depuis que tu es arrivé et tout ça me fait gravement flipper. La fille du dating. Comment elle s’appelle déjà ? Noa ? C’est ça ? Tu l’as revue finalement. » L’histoire lavera mes idées noires à l’eau de javel quand ma nervosité est à son comble.
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| | | | (#)Mer 1 Juil 2020 - 14:11 | |
| Il a compris que je ne m’étendrai pas sur ce que Sarah m’a confié, il a compris et il a alors opté pour une autre stratégie : obtenir un compte-rendu détaillé de ce qui se dira quand je l’appellerai. Je lui demande alors quelles informations peuvent être sensibles aujourd’hui en dehors du fait qu’il soit avec sa blonde, mais apparemment, il l’a vraiment laissée en dehors de toute sa vie sur Brisbane. Elle n’avait certainement aucune idée de l’existence de Rae, elle n’a aucune idée qu’il a acheté un bateau et qu’il a trouvé un boulot, qu’il cherche donc à refaire sa vie. Se bornait-elle à ce point pour ne vouloir ouvrir les yeux sur le fait que son mari ne veuille plus l’être, ne veuille plus d’elle, plus de son ancienne vie ? Je hoche la tête à tout ce qu’il me dit, je ne suis pas toujours très doué en ce qui concerne les mots, mais je ferai en sorte de ne pas faire de gaffe. Amos ne pourra pas supporter une autre crise de la part de Sarah, ça risque d’être compliqué.
Lorsque le sujet dérive sur Rae, le Taylor semble plus raisonnable, il a l’air de vouloir prendre mon avis en compte cette fois-ci. « Pour une fois, t’as pas été trop con, ça va. » que je finis par lui dire en ricanant. « Elle va revenir, ta tête de couillon va trop lui manquer, j’suis sûr. » parce que je suis certain que même s’il l’a blessée, il doit compenser ailleurs : quand il donne de son temps et de son cœur Amos, c’est rarement superficiel. Mais Raelyn n’est pas sa seule source d’angoisse, il a aussi peur des conséquences de son accident. En même temps, fallait pas conduire bourré. « Il faut que tu leur montres que tu vaux mieux qu’un mec qui prend la route avec je sais pas combien de gramme dans le sang, que malgré tes 43 ans, tu sais être raisonnable et responsable. Et donc… » je sais qu’il ne va pas apprécier la suite de ma phrase, mais il faut bien que quelqu’un le lui dise, « va certainement falloir que t’ailles dans des réunions pour alcooliques par exemple, que tu suives assidûment tes séances chez le psy, et que tu fasses preuves de bonne volonté en te foutant dans un centre de désintox. » En une seule phrase, j’avais sans doute sorti tous les mots qu’il ne voulait pas entendre.
"Et toi ? On parle que de moi depuis que tu es arrivé et tout ça me fait gravement flipper. »
J’étais venu pour lui de base, parce qu’il est mal en point et qu’il est plâtré à n’en plus pouvoir marcher, et j’aurais dû m’étendre sur ma vie ? Il me fera toujours marrer celui-là. « La fille du dating. Comment elle s’appelle déjà ? Noa ? C’est ça ? Tu l’as revue finalement. » Evidemment qu’il revient à elle, qu’il cherche à en savoir plus. Je me frotte la barbe avant de boire une gorgée du liquide ambré. « Ah, ouais, Noa. » Rien que le fait de faire semblant de ne pas me souvenir d’elle suffit à me trahir. Je n’avais pas oublié Noa, mais ça me faisait peur tout ça. « On s’est revu en avril, ça s’est bien passé. » On a passé un très bon moment au resto, puis au lit, il n’y a pas de doute, il y a vraiment de l’alchimie entre nous. « Mais je ne l’avais pas recontactée parce que je pensais revoir Alexis à l’exposition de Grace et Lola. » Pour être ‘clean’ soit disant, au cas où Alexis voudrait encore de moi. A quel moment est-ce que j’étais devenu aussi accroché à elle ? N’est-ce pas plutôt à l’image du couple que nous formions à l’époque ? N’est-ce pas plutôt ce confort que j’aurais voulu retrouver ? « D’ailleurs je t’ai vu en coup de vent, t’es pas resté très longtemps dis-moi, j’ai à peine eu le temps de reprendre un verre de vin que t’avais disparu. » Et d’ailleurs, pourquoi ne m’avait-il même pas dit qu’il y serait, à l'exposition ? Avait-il peur que je rencontre sa jolie blonde ? « Mais du coup Noa ouais je l’ai revue y’a quelques semaines, c’était… Intéressant. » Je suis sûr qu’il comprend où je veux en venir. « Je sais pas trop où j’vais avec elle, on verra bien, elle a l’air patiente. » Et un poil à fond sur moi, vu la vitesse à laquelle elle avait pardonné mon silence. « Surtout si je suis accepté à Race of Australia, t’sais le truc à la TV là, on a les réponses la semaine prochaine. » Parce que si je pars pendant 5 semaines, est-ce qu’elle m’attendra toujours malgré tout ça ?
@Amos Taylor |
| | | | (#)Lun 27 Juil 2020 - 1:49 | |
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You can count on me like 1, 2, 3
Qu’il ait détenu des secrets appartenant à Sarah et qu’il n’ait pas jugé bon me les confier me déplaît au plus haut point. Et, pourtant, je n’insiste pas. Je n’ai pas envie qu’il s’imagine que la jalousie parle pour moi. Je n’en ressens plus envers mon épouse. Ce sentiment est tout dévoué à Raelyn tant elle occupe une place prépondérante dans mon quotidien et dans mon coeur. Je ne peux me résoudre à la perdre à cause des fantômes de mon passé et, de mes aveux du jour, c’est tout ce qu’il y aura à retenir et non cette curiosité qui remet surtout en question mon amitié envers Greg. Pourquoi a-t-il attendu tant d’années avant de cracher ce morceau ? Pourquoi s’est-il posé en tant que confident auprès de ma future ex-partenaire ? Ont-il parlé de moi ? Toutes ces questions me taraudent parce que j’aspirais de sa part à de l’honnêteté pleine et entière, de la confiance également et qu’il semblerait qu’il n’ait pas trouvé en lui assez d’abnégation que pour honorer ce serment d’amitié. Qu’à cela ne tienne, s’il souhaite intercéder en ma faveur auprès de mon ex (future-ex), ce sera sous conditions, les miennes, à savoir : tout me dire cette fois.
Est-ce que j’ai prévu de le questionner sur mon passé ? Non ! Je maintiens qu’il ne m’intéresse plus à moins que la donne ne change. Je ne suis pas fervent défenseur de l’adage qui prétexte que jamais je ne boirai l’eau dans la fontaine. Au contraire, je ne me serais pas pointé chez Raelyn pour m’asseoir devant sa porte et attendre qu’elle entende mes excuses. J’aurais juré être trop fier pour de tels comportements. La bonne blague ! Je suis à l’inverse en train de mendier, non pas des conseils, mais des assertions susceptibles de me remonter le moral. « Oui ! J’espère. Je me le souhaite.» ai-je donc conclu sur le sujet, haussant les épaules, arguant que Greg a le chic pour être là quand j’en ai besoin. Il a trouvé les mots concernant ma complice. Moins au sujet de mon accident. « Et je sais l’être. Tu sais bien que je peux. Je n’ai pas besoin d’aller au AA pour le savoir et je ne vois pas en quoi ça pourrait les aider. Je ne suis pas alcoolique. » ai-je insisté, conscient qu’à force d’enfoncer le clou, je sème le doute dans l’esprit de Greg. Et, est-ce bien grave puisque je déchiffre dans son regard qu’il est déjà persuadé que, si je n’avais pas des problèmes avec la boisson, je n’en serais pas là, à baliser dans mon sofa, un verre à la main pour soigner mes angoisses, dans le plâtre et avec d’énormes difficultés à respirer. Je n’en serais pas là à m’offusquer qu’il me parle de centre de désintox « Un quoi ? Tu es sérieux, là ?» J’écarquille des yeux ronds comme des soucoupes et je dois lutter pour ne pas me lever et le jeter à la porte. Je sais qu’il est indélicat. Il est nanti d’un don pour me foutre en rogne, mais quoique je puisse le mentir - ça fait un moment que je me suis moi-même rangé dans la case des malades - je ne serai pas hypocrite par accès d'excessivité. Aussi ai-je modifié le cap du train de notre conversation. Je m’intéresse à lui : me concernant, le sujet est clos.
Suis-je concentré sur l'entièreté de son récit ? Pas tout à fait. Mais, je m’y applique parce que ses histoires sont légères et qu’elles sont efficaces pour me changer les idées. Je m’emploie à brosser le portrait de sa conquête sur base de ce que j’entends et je me dis qu’elle a l’air chouette, cette fille. Sympa et pas prise de tête. N’est-ce pas exactement le genre de femme qu’il lui faut ? À quel moment j’ai raté l’information qu’Alexis comptait toujours au point qu’il renonce à une potentielle conquête à transformer en relation sérieuse à l’aide de patience ? « Stop, attends ! Tu es en train de me dire que tu attendais Alexis ? Tu sais que je me souviens très bien t’avoir demandé si tu es guéri d’elle. Et je me rappelle parfaitement que tu m’as dit oui, que c’était de l’histoire ancienne. J’ai raté un truc ? » L’a-t-il revue d’ailleurs ? « He oui. J’y étais oui. Pour Lola. Je n’ai pas fait le rapprochement que Grace était cette Grace-là. Et donc, c’était sympa avec Noa, tout ça. Et, maintenant ? En admettant qu’elle t’attende. C’est quoi cette émission de télé ? » me suis-je enquis sans trop comprendre le but d’une telle inscription.
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| | | | | | | | AMOS & GREG #3 ► YOU CAN COUNT ON ME LIKE 1,2,3 |
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