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 i'll be there for you (keith)

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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyMar 2 Juin 2020 - 18:09

Jacob regarde la porte qui mène à la chambre de Keith. Il n’est pas sûr de ce qu’il va trouver derrière celle-ci : on lui a décrit l’étendue de ses blessures, mais personne ne peut sonder ce qui se passe dans le crâne de quelqu’un. Il y a deux mois, les rôles étaient inversés. Deux mois d’intervalle, des souffrances différentes : un mal-être similaire. Quand c’était Jacob de l’autre côté de la porte, il n’avait envie de rien. Il voulait que ses blessures – aussi minimes soient-elles – aient raison de lui. Pour ne jamais avoir à quitter ce lit, pour ne jamais avoir à affronter le monde, à affronter les regards larmoyants de tous ses proches une fois l’annonce faite. Il ne voulait pas, il ne pouvait pas. Mais il a été poussé vers la sortie : par Yasmine, et par Keith. C’était inattendu, presque un rêve. Une main tendue, une épaule sur laquelle se reposer, un bulldozer détruisant tous les murs qui se construisaient sur son passage. Keith n’était qu’un collègue d’Olivia, aux yeux de Jacob. Qu’un homme de plus travaillant avec sa femme. Et pourtant, c’est lui qui avait fait de son mieux pour le sortir au plus vite d’ici, pour l’aider à ne pas sombrer une fois rentré à la maison. C’est lui qui l’avait motivé à aller aux séances de rééducation, qui lui avait réappris l’amour du sport, qui lui avait fait comprendre les enjeux. C’est grâce à lui qu’il peut se tenir debout, aujourd’hui. C’est grâce à lui qu’il n’a pas baissé les bras dès le départ, qu’il a fait tous ces efforts pour paraître fort, fier. Et aujourd’hui, c’est au tour de Jacob. C’est à son tour de lui tendre sa main, son épaule, et de se préparer à casser des briques dans tous les sens. C’est à son tour, parce que aujourd’hui, c’est Keith qui est hospitalisé, c’est Keith qui a besoin de personnes sur qui compter. Si Jacob avait un deuil à guérir en plus de ses blessures, Keith, lui, a une trahison. Il a eu vent de ce qu’il s’est passé, et il sait déjà qu’il ne posera pas de questions indiscrètes à ce sujet-là. S’il veut lui en parler, il le fera de lui-même. Si Jacob est là aujourd’hui, c’est pour lui faire comprendre qu’il l’aidera à sortir de ce lit et qu’il l’aidera une fois en dehors, coûte que coûte. Il toque quelques coups, il sait qu’il ne dort pas : il a croisé une infirmière qui sortait de la chambre à son arrivée, qui l’a autorisé à rentrer. Après avoir signifié sa présence, il ouvre la porte et entre dans la chambre. Ça lui fait tout drôle de revenir dans l’hôpital, à chaque fois qu’il franchit les portes vitrées, il se sent mal à l’aise. Ça ne lui échappe pas aujourd’hui. Il referme la porte derrière lui et se rapproche du lit. Tu sais que si tu voulais te reloger, ça aurait été plus simple de faire appel à moi ? Une blague sur son métier d’agent immobilier, parce que Jacob sait que ça ne sert à rien de dramatiser. Ce qu’il s’est passé était grave, trop grave pour qu’il ne puisse mettre de mots rassurants là-dessus. Et il sait que lui, pour June, il préférait qu’on oublie le sujet et qu’on le fasse penser à autre chose. C’est ce qu’il s’applique à faire, même s’il se doute que tout le monde ne fonctionne pas de la même manière que lui et que peut-être que Keith a seulement envie de faire sortir tout ce qu’il ressent au fond de lui. Comment tu vas ? Demande-t-il, quand même. Non pas par politesse, mais parce que l’un a vu l’autre dans le pire des états, alors ils savent tous les deux qu’ils peuvent se faire confiance. Il n’y a qu’eux dans la pièce, et si tout n’est qu’une question de fierté, ce n’est pas Jacob qu’il faut craindre.

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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyMer 10 Juin 2020 - 14:59


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Je regardais le plateau repas que le personnel soignant venait de poser à côté de moi d’un air totalement dégoûté. C’était probablement de la mauvaise foi ou le contre-coup de la situation actuelle, mais je n’avais plus d’appétit. Je préférais me morfondre au fond de mon lit, feignant de dormir à chaque fois que la porte s’ouvrait. Je prétextais des douleurs pour avoir un surplus de morphine et je ne vivais qu’aux traves des songes ou plutôt de ces cauchemars qui me hantaient. Elle avait tiré. Oui. J’avais senti la balle déchirer ma peau, fendre l’air et irradier de douleur chacun de mes membres. Je n’avais pas cillé le premier coup, ayant simplement le temps de m’apercevoir que deux autres coups avaient été tirés. Je revoyais ma main pleine de sang et mon corps flancher, venant heurter le sol. Mes pensées s’étaient brouillées et la voix que j’avais entendu m’avait semblé être celle de ma défunte belle-mère. Je savais pertinemment que ce n’était pas le cas et j’étais incapable de trouver la véritable personne qui en était à l’origine. Parce que mes songes n’étaient que flous artistiques. Et que mon envie se trouvaient être ailleurs que dans la volonté de s’en sortir.

S’il y avait une palme du pire patient de l’hôpital, je pense que celle-ci me reviendrait sans aucune hésitation. J’avais passé comme consigne – si le terme passer était le plus adéquat – que je ne souhaitais aucune visite. Parce que premièrement je n’étais pas en état, deuxièmement, je n’étais pas visible, troisièmement, je préférais être seul surtout quand j’étais de mauvaise humeur. Mis à pied à la suite de ma déposition qui n’était qu’un tissu de mensonges avec lequel je m’enterrerais sans état d’âme. Révoqué. Les mots sonnaient comme un glas et le dossier trônait toujours sur la table de chevet vers laquelle je tournais parfois la tête pour me rappeler ce que j’avais perdu et ce que je ne retrouverais jamais : ma mobilité, mon âme d’enfants et mon rêve. Trois balles pour trois cibles. Elle aurait dû me toucher en plein cœur, et d’une seule balle, cela aurait solutionner tellement de choses ! C’était ce que j’étais en train de penser quand la porte s’ouvrit pour laisser passer la tête d’une infirmière que je renvoyais dans les roses si tant est que ce fade bâtiment ait un parterre à son pied. « Si vous ne pouvez pas me rendre ce que j’ai perdu, ne perdez pas votre temps et faites demi-tour ! » crachais-je violemment tandis qu’elle faisait demi-tour sans se faire prier, m’arrachant un soupir las en entendant les coups sur la porte. J’allais hurler une fois de plus jusqu’à ce que j’aperçoive la tête de Jacob apparaître dans l’encadrement, m’arrachant un léger soupir face à sa boutade. « Oh ben je me demandais si tu faisais dans le mortuaire, j’ai eu un doute, j’ai évité ! » ripostais-je de but en blanc, la voix lasse.

Je connaissais Jacob depuis des années de visuel mais depuis peu nous nous étions rapprochés dans des circonstances que j’aurais préféré ignorer. Il y a peu les places étaient inversées et c’était moi qui me tenais debout à sa place pour tenter de lui faire remonter la pente. A la différence c’est que je ne voulais pas m’en sortir. J’aurais préféré y rester et éviter de me faire sortir d’ici plutôt que de me retrouver diminué. Comportement purement égoïste que je ne pouvais pas avouer à autrui. C’était en parti pour cela que je refusais les visites. Et à en croire la présence de Jacob face à moi, les consignes avaient dû être oubliées par le personnel. Mais à quoi bon le blâmer lui qui avait fait l’effort de se déplacer ? Je grimaçais en entendant sa question qui n’avait qu’une seule et unique réponse valable : mal. « Ça va, merci de t’en inquiéter » mentis-je donc en trouvant cette solution comme étant celle de repli pour éviter toute une leçon de morale sans fin. Et pourtant en croisant son regard, je compris que ma réponse ne lui convenait probablement pas. « Comment veux-tu que j’aille ? Alors que je viens de perdre ma coéquipière, mes capacités physiques et mon travail ? » lui demandais-je froidement en attrapant avec difficultés le dossier, grimaçant de douleur pour venir le jeter sur lui sans force, le tout en étant essoufflé. Même me voir diminué était une véritable torture psychologique. Je finissais par soupirer longuement, lui montrant le fauteuil qui se trouvait dans le coin d’un signe de tête. « Je suppose que même si je te dis de partir, tu ne le feras pas… Donc assieds-toi au moins… Comment tu vas toi ? Tu as bonne mine… » tentais-je de détourner la conversation pour éviter de parler de moi. Je tentais de me redresser avec difficultés, sentant les points de sutures tirer sur ma chair à chaque mouvement que j’intimais, puis je voyais le plateau posé sur le côté, voulant justifier le fait que je ne mangeais rien en remettant en doute la qualité du service. « Les repas sont horribles… » murmurais-je comme si cela pouvait expliquer en partie le fait que le plateau n’ait pas été touché. « Tu pourras te faire un doggy-bag… » ironisais-je même si le cœur n’y était pas. Car j’étais un piètre menteur, et encore plus quand il s’agissait de me cacher de moi-même. Car malgré tout, ces sombres pensées m’effrayaient… Et mon incapacité à les prononcer également. Et même si Jacob était probablement le mieux placé pour m’aiguiller, je restais celui qui voulait l’aider et non le contraire. Fierté mal-placée ? Probablement oui… En attendant les rôles étaient inversés, et j’allais devoir m’adapter.



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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyDim 14 Juin 2020 - 20:37

L’hôpital est un monstre. Une bête féroce qui accueille innocemment ses victimes en son sein. Jusqu’au moment où elle referme ses dents sur une poignée de celles-ci, incapables de s’en sortir. Certains quittent les lieux plus amochés qu’auparavant. D’autres n’avaient rien et repartent détruits psychologiquement. On ne trouve rien de bon, à venir ici. Jacob le sait depuis quelques semaines, désormais. Il ne le sait que trop bien, il a pourtant accepté de revenir. Faire marche arrière, fermer les yeux sur ses soucis pour les ouvrir sur ceux de l’homme qui est devenu son ami. Un ami, une main tendue : quelqu’un dont il a eu besoin, dont il aura besoin, qui a malheureusement besoin de lui. Et Keith ne le reconnaîtra pas, tout comme Jacob l’a refusé. Mais il était têtu à l’époque, et le blond saura l’être à son tour. Il toque, il entre, il s’exprime. Une blague qui est sûrement mal placée, mais qui a pour but de cerner l’état d’esprit dans lequel est Keith. Oh ben je me demandais si tu faisais dans le mortuaire, j’ai eu un doute, j’ai évité ! Il a raison de lui répondre de la sorte, Jacob le sait. Il ne relève pourtant pas et lui demande comment il va : mauvaise idée, encore une fois. Ça va, merci de t’en inquiéter. Mensonge. Comment veux-tu que j’aille ? Alors que je viens de perdre ma coéquipière, mes capacités physiques et mon travail ? Il hausse ses épaules et regarde le fauteuil qu’il vient de lui montrer de la tête. Je suppose que même si je te dis de partir, tu ne le feras pas… Donc assieds-toi, au moins… Comment tu vas toi ? Tu as bonne mine… Il fait bonne figure, mais Jacob ne va pas bien. June est décédée il y a peu de temps. Trop peu de temps pour affirmer qu’il va bien. Trop peu de temps pour paraître heureux à l’extérieur – à l’intérieur aussi, d’ailleurs. Trop peu de temps pour mettre des mots sur son état sans mentir, sans penser qu’il mentira durant le reste de ses jours. J’avance. Dit-il simplement, et c’est un début. Il tente d’aller de l’avant, mais Olivia reste sur place, Olivia va parfois même à reculons. Et il n’a pas l’intention de la laisser sur le côté, alors il tente d’aller à son rythme. Son deuil est une véritable épreuve qui lui prend presque toute son énergie. Physiquement, je vais mieux. Et tu sais grâce à qui ? Toi. Alors non, je ne vais pas m’en aller. Et sur ces mots, il s’assoit dans le fauteuil. Tu peux l’espérer au plus profond de toi-même et même me haïr, mais tu finiras par aller mieux. Par te relever. Il se pince les lèvres car il hésite, mais pourtant, il doit le dire. Tu n’es pas mort. Personne ne l’est. Tout peut encore s’arranger pour toi. Contrairement à son cas à lui, qui s’avère définitif : la mort ne reprend jamais ce qu’elle prend, et la douleur qu’elle laisse reste à jamais, elle aussi. Les repas sont horribles… Un aveu, pour justifier qu’il n’a pas touché à son repas, qu’il est toujours sur le côté au lieu d’être dans son ventre. Il secoue son visage. J’ai été ici quelques jours et j’ai mangé sans mourir d’une intoxication. Si tu voulais un cinq étoiles, il fallait le demander avant. Il fronce ses sourcils, il a toujours l’attrait du paternel : l’habitude d’être respecté, écouté. Tu pourras te faire un doggy-bag... Il soupire et se lève pour se rapprocher de l’assiette. Mange, ou je te fais manger. Et il est sérieux. Et Keith est diminué : il n’aura pas d’autre choix que de lui obéir. Ça t’aidera pour ton rétablissement, ton corps ne peut pas encaisser et se remettre si tu ne lui donnes pas l’énergie dont il a besoin. Ou je peux aller te chercher quelque chose dehors, si tu préfères. Il a le temps de faire un détour par une épicerie. Il le regarde droit dans les yeux, il ne veut pas de « non » catégorique à toutes ses propositions. Celui qui décide, dans cette chambre, c’est Jacob. Parce que l’infirmière aura beau être appelée pour le faire dégager, vu comme il lui a parlé avant qu’il n’arrive, elle ne viendra pas à sa rescousse en courant. Qu’est-ce que tu préfères ? Il s’inquiète pour lui, il devrait être reconnaissant. Il y a au moins une personne pour qui il compte sincèrement, bien qu’ils soient unis par ce lien amical que depuis quelques semaines. Est-ce que tu sais quand tu vas sortir ? Il change de sujet. Parce que je vais t’aider à remonter la pente. On a inversé les rôles et crois-moi, ça m’aurait plu que ça n’arrive jamais. Je préférais te haïr d’être aussi sûr de toi que d’être celui qui devient le grand détesté. Il hausse ses épaules. Mais je suis là, et je vais t’aider. Alors tu sors quand, tu le sais ? Que je sache quand est-ce que l’on pourra commencer ta rééducation. Ils iront au centre tous les deux, et feront le nécessaire tous les deux. Comme pour les blessures de Jacob.

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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyLun 15 Juin 2020 - 18:53


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J’étais le plus mal placé pour faire remarquer à Jacob que son côté têtu ne fonctionnerait pas. Car il était exactement en train de reproduire ce que j’avais pu faire pour lui, à l’époque où il s’était retrouvé dans un accident de voiture et où sa petite fille nous a quitté. Je le faisais autant par acquis de conscience, que par empathie pour cet homme que je connaissais pour être le mari d’une de mes collègues. Il était parfois plus simple d’avancer et d’avouer des choses à des gens qui nous semblent inconnus et qui prennent le temps d’écouter sans nous juger. C’était cette épaule et cette oreille que je lui avais apportées pendant des mois et jusqu’à ce que les rôles soient inversés. Pourtant je ne supportais pas l’idée qu’il veuille me rendre la pareille. Piqué dans cet égo surdimensionné et étriqué. Les raccourcis avaient vite été faits. Je ne voulais pas être impotent, et l’admettre rendrait les choses réelles. Pour autant, je ne faisais pas en sorte que cela ne soit plus le cas. Je me laissais abattre, et remplaçais ma joie de vivre habituelle par un cynisme dérisoire. Cela ne m’enlevait pas ma répartie habituelle, et Jacob en fit les frais dès son arrivée. Je pensais qu’un accueil si chaleureux – douce ironie – lui aurait fait prendre les jambes à son cou. Mais en vain et il confirma mes pensées en s’installant dans le fauteuil auparavant montré, que j’aurais préféré voir vide. J’haussais un sourcil en l’entendant me dire qu’il allait physiquement mieux ce qui laissait penser que le moral n’était pas au beau fixe. Et je compris rapidement qu’il était en train de transposer les rôles. « Jacob… » le suppliais-je presque, les yeux clos. Je savais que nos situations étaient pour autant totalement différentes, ne pouvant imaginer ce qu’était de perdre son enfant. Ses mots me le confirmèrent. Et je ne pouvais lui répondre que j’étais comme mort, n’ayant plus de raisons réelles de vivre. Car ce serait un manque de respect total que d’agir de la sorte. « Et comment veux-tu que cela s’arrange ? Je vivais pour mon métier que je ne peux plus exercer, j’avais pour passion les sports de combat que je ne peux plus exercer, et j’étais fou amoureux de la femme qui m’a tiré dessus et pour laquelle j’ai massacré la plupart de mes relations ! » lui dis-je en toute honnêteté, ma voix se brisant un peu plus au fur et à mesure. « Je ne te haïrais pas, parce que ce que tu tentes de faire pour moi est honorable Jacob. Mais je préfèrerais que tu uses ton énergie à te remettre en selle plutôt qu’à tenter de m’aider… » lui avouais-je de façon totalement détachée.

Je soupirais en le voyant froncer les sourcils, pur réflexe paternel tandis qu’il m’intimait de manger sans me laissait d’autres choix. Tel un enfant, je lui offrais ma plus belle mine renfrognée, me retournant pour ne plus l’avoir dans mon champ de vision, le tout avec difficultés avant de grimacer par la douleur que le mouvement venait de déclencher. Je finissais par reprendre ma position, l’observant longuement. « Je n’ai pas faim, vraiment… » tentais-je de le convaincre en observant mon assiette qui trônait toujours à côté de moi. « Ne t’embête pas… Je vais manger une cuillère histoire de te montrer ma bonne foi puis après tu diras que c’est bien d’accord ? » lui demandais-je en appuyant sur la télécommande pour redresser mon lit, avant de rapprocher le plateau, un air de dégoût me prenant à l’approche de l’odeur. Je jouais avec les coquillettes sans beurre, sans sel et sans goût qui trônaient dans mon assiette, avant de redresser le regard vers lui. « Je suis censé partir en centre de rééducation… Mais je n’ai pas encore fait le dossier. J’espérais rentrer chez moi surtout… » lui avouais-je en prenant ma première fourchée de pâtes. « Je trouve que le rôle te va bien pourtant… Toi et ton air sérieux… » tentais-je d’ironiser en déglutissant difficilement. « Je n’ai pas de date, mais je te dirais quand je rentrerais chez moi… » conclus-je en soupirant, reposant ma fourchette sur le plateau. « Jacob… on ne peut pas aider quelqu’un qui ne le veut pas… » lui fis-je remarquer, bien conscient que ces mots prononcés étaient surtout un appel au secours détourné. J’hésitais quelques instants, m’imaginant rejoindre le centre avec Jacob, faire passer ces moments sous forme d’amusement et avancer de la sorte. Mais je n’étais pas prêt psychologiquement à l’accepter. Ni même à me projeter dans mon futur alors que tout autour de moi venait de s’écrouler. « Je te ferais un signe… Pas de la main en tout cas, mais un signe… » me moquais-je, usant de l’auto-dérision comme arme fatale. « Pour l’instant, le personnel médical va devoir me supporter, même si j’essaie de me faire virer, je ne réussis pas je crois… » lui avouais-je en continuant de manger. Après tout l’appétit vient en mangeant et c’est ce qui était en train de se passer. « Tu ne bosses pas aujourd’hui pour venir dans cet endroit sordide ? » lui fis-je remarquer, en faisant une moue hésitante. « Je préfèrerais être au bord de plage à boire une bière Copeland… dis moi, pour quelle raison tu serais prêt à trahir Olivia ? » lui demandais-je subitement, conscient que la situation envisagée dans ma question était différente de celle que j’avais traversé moi-même. Mais j’avais besoin de comprendre pourquoi cela s’était passé. Et je savais pertinemment que je n’aurais jamais de réponses exactes, la commanditaire ayant disparu de la surface de la terre. Tout comme je souhaitais le faire actuellement.




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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyJeu 16 Juil 2020 - 18:22

Selon Jacob, les malheurs s’abattent sur certaines personnes pour leur prouver à quel point elles étaient heureuses, autrefois. Pour leur montrer qu’elles ne chérissaient pas assez ce qu’elles avaient, et qu’elles doivent faire mieux, la prochaine fois. Pour lui-même, il doute fortement qu’une prochaine fois verra réellement le jour, comment réussir à être heureux sans le fruit de ses entrailles, sans la chair de sa chair ? C’est impossible. Mais il pense sincèrement que Keith le peut. Il ne connaît pas tous les détails de son histoire, il ne les connaîtra probablement jamais, mais il l’a dit et il n’hésitera pas à le répéter : personne n’est mort, là-bas. Il a pris un coup, un sacré coup, mais il est capable de s’en relever. Il est capable d’avancer. Il est capable du meilleur après avoir vécu le pire, contrairement à l’agent immobilier qui ne peut plus rien y faire. Et comment veux-tu que cela s’arrange ? Je vivais pour mon métier que je ne peux plus exercer, j’avais pour passion les sports de combat que je ne peux plus exercer, et j’étais fou amoureux de la femme qui m’a tiré dessus et pour laquelle j’ai massacré la plupart de mes relations !  Je ne te haïrais pas, parce que ce que tu tentes de faire pour moi est honorable Jacob. Mais je préférerais que tu uses ton énergie à te remettre en selle plutôt qu’à tenter de m’aider… Les certitudes que Jacob a pourraient presque disparaître en l’entendant. Mais il est bien trop sûr de lui-même pour renoncer dès les premiers instants et si Keith a un égo trop important pour ne pas vouloir être vu dans cet état, Jacob en a également un, et il se refuse de ne pas être une bonne épaule sur laquelle s’appuyer. Tu sais ce qu’on dit, n’est-ce pas ? Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Je ne vais pas me concentrer sur moi-même et te laisser de côté, ce n’est pas dans ma nature. Et il pense que ça, l’homme en face de lui le sait déjà. Ils ne sont pas intimes, ils ne le seront peut-être jamais réellement, mais il l’a vu sous son véritable jour, plus que n’importe qui : il l’a vu faible, au bord de la crise, et il l’a aidé. Il l’a aidé alors qu’il ne lui devait rien, il l’a aidé alors qu’il ne connaissait que sa femme, pas lui. Il a pris de son temps, de son énergie et de sa bonne volonté pour l’aider, lui. Qui serait-il aujourd’hui s’il refusait de faire la même chose ? Comment se regarder dans un miroir, dormir paisiblement ? Il en serait incapable.

Et pour débuter, il l’invite à manger. Non, il l’oblige à le faire ; il prend un ton autoritaire, tel le père qu’il est – ou qu’il était. Je n’ai pas faim, vraiment… Il pense que s’il voyait la scène d’un point de vue extérieur, ça le ferait sourire, de le voir aussi peu volontaire. Lui, ce grand gaillard, ce lieutenant qui impose tant de respect qui agit comme le ferait une fillette. Sauf qu’il n’est pas spectateur mais bien acteur et que son visage ne caractérise que son mécontentement à l’aide de ses sourcils froncés. Ne t’embête pas… Je vais manger une cuillère histoire de te montrer ma bonne foi puis après tu diras que c’est bien d’accord ? Il inspire profondément, comme s’il hésitait sur la réponse. Mmmh, fais ça, et on verra bien. Il sait qu’une seule cuillère ne le pourra pas le satisfaire. Ni lui, qui tente de le faire manger, ni Keith, qui a besoin de plus de ça pour que son organisme fonctionne correctement et se soigne. Pour le moment, il se contente de remuer les pâtes dans son assiette, et Jacob préfère détourner le regard pour ne pas lui arracher des mains et lui enfoncer dans la bouche.  Je suis censé partir en centre de rééducation… Mais je n’ai pas encore fait le dossier. J’espérais rentrer chez moi surtout… Encore un point qu’il n’apprécie pas. S’il ne va pas en centre de rééducation, il ne se remettra jamais correctement. C’est d’une logique imparable, et Keith est un homme intelligent. Il le sait tout aussi bien que Jacob, voire même mieux, puisqu’il a sûrement déjà eu une ribambelle de collègues qui sont passés par ces centres-là après une mission trop risquée. C’est son tour, aujourd’hui, et même s’il ne pourra plus pratiquer les sports et le métier qu’il aime, il se donnera les moyens d’avoir une vie meilleure si son corps se maintient. S’il le laisse à l’abandon, il peut dire adieu à tout un tas de choses. Tu l’as quelque part ici, le dossier ? Ou il faut le demander à une infirmière ? Il croise son regard, et il n’a même pas besoin de dire la suite que Keith sait déjà. Je vais t’aider à le remplir et l’envoyer pour toi. Que tu le veuilles ou non, tu iras là-bas. Si ce n’est qu’une question de motivation, je peux être là pour t’y emmener à chaque fois, jusqu’à ce que tu te déplaces par toi-même, de bonne foi. Il hausse ses épaules, convaincu. Jacob… on ne peut pas aider quelqu’un qui ne le veut pas… Avec Olivia, il le sait mieux que personne. Elle non plus, elle ne répond pas aux signaux qu’il lui lance. Elle non plus, elle ne veut pas qu’on l’aide, qu’on la sauve. Il sait très bien qu’il est incapable de l’aider, incapable de la faire penser à autre chose. Elle ne veut pas de lui – pour l’instant, il l’espère – et il ne peut rien y faire. Je le sais très bien, ça, qu’il dit finalement, sauf que tu le veux, au fond de toi. Tu ne le sais juste pas encore et tu me remercieras, plus tard. Même si je ne fais pas ça pour être gratifié. Je te ferais un signe… Pas de la main en tout cas, mais un signe… Cette réflexion fait sourire Jacob, qui aime bien l’autodérision de Keith, malgré tout. Il préfère qu’il l’utilise de cette manière en acceptant son sort que de se rabaisser en se pensant n’être plus capable de quoi que ce soit. Pour l’instant, le personnel médical va devoir me supporter, même si j’essaie de me faire virer, je ne réussis pas je crois… Tu ne bosses pas aujourd’hui pour venir dans cet endroit sordide ? Il regarde sa montre un instant. Je dois te rappeler que je suis le patron ? Je bosse quand je le décide et aujourd’hui, j’ai décidé d’être là. Il lui sourit, ça se veut rassurant. Ça m’étonnerait que tu réussisses à te faire virer d’ici. Je pense que les flics sont des patients ignobles mais les pires ce sont les médecins eux-mêmes, alors… puisque tu n’es pas un chirurgien renommé, tu garderas ta place dans le coin. Il lui fait un clin d’oeil, puis lui fait un signe de la tête vers son assiette. T’avais pas faim, hein ? Il ironise, assez fier tout de même de l’avoir vu engloutir presque tout son plat. Il a préféré attendre avant de lui faire la réflexion car vu le personnage, il serait capable de s’arrêter de manger juste pour le contredire. Je préférerais être au bord de la plage à boire une bière Copeland… dis moi, pour quelle raison tu serais prêt à trahir Olivia ? Il le regarde longuement, et il comprend sa question. Tu ne pourras jamais transposer ta relation avec ta coéquipière sur ma relation avec Liv, tu sais. Il dit ça, seulement pour commencer. Pour June, sans aucune hésitation. Et je pense que si tu lui poses cette question, elle te répondra la même chose. Pour June, on aurait été capable de tout. Et je doute qu’il y ait une June à vous, entre toi et ta coéquipière, donc je ne sais pas pourquoi elle a fait ça… mais je pense qu’on a tous au fond de soi un point de non-retour, quelque chose qui nous oblige à faire quelque chose que l’on ne souhaiterait pas forcément. Il essaie de protéger l’image qu’il a lui-même de la femme dont il dit être fou amoureux, de protéger ses sentiments. Ce serait triste qu’il pense sincèrement qu’elle ait fait ça par volonté pure et dure, qu’elle avait tout prémédité depuis le début et qu’elle voulait simplement se débarrasser de lui dès le départ. Il y a forcément quelque chose qui s’est immiscé dans la relation, peu importe quoi, il y a un truc qui cloche, qui a cloché, qui clochera toujours.

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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyMer 29 Juil 2020 - 21:09


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C’est qu’il était têtu ce Jacob. J’avais beau lui demander par tous les moyens de lâcher l’affaire, j’avais l’impression d’avoir face à moi un pitbull : plus je demandais, plus il insistait ! C’est qu’il devait être habité par une intime conviction que ma situation était rectifiable, si forte qu’elle l’obnubilait là où moi je ne broyais que du noir. C’était un tel contraste que cela en devenait presque épuisant. Pourtant j’avais encore la force de nier en bloc, de trouver les arguments qui faisaient qu’il ne pouvait plus prétendre le contraire, mais tel un débat d’entre-deux tours, notre ping-pong verbal m’avait l’air incessant. Et l’entendre me répondre par des citations usées par leur éternelle utilisation n’arrangeait en aucun cas mon agacement. « Garde donc ta rhétorique pour autrui. J’en ai assez entendu pour aujourd’hui. Tu comptes faire quoi par la suite ? Me dire que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ? Qu’il faut tomber pour mieux se relever ? Je les ai déjà toutes eu Jacob. Toutes sans exception. A croire que ce genre d’argument est inébranlable. Mais je vais te dire une chose. C’est que tout peut être compromis. Même ces répliques à deux balles. » répondis-je d’un ton alliant subtilement lassitude, mélancolie et amertume. Je décidais d’accéder à sa demande, commençant à manger tel un enfant que l’on venait de réprimander. Je soupirais d’une manière synchrone à la respiration que venait de prendre Jacob qui se montrait peu persuasif quant à l’acceptation de ma proposition. « Dis le, si ça te désespère plutôt que de le montrer… » rajoutais-je avant de secouer la tête à sa question. « Normalement, le service d’administration devait me le faire passer… sauf que pour l’instant je n’ai rien… » avouais-je presque satisfait de n’y être pour rien cette fois-ci. « Ne t’embêtes pas avec ce dossier… Franchement ça ne vaut pas le coup… Et si vraiment je dois le faire, ils s’en occuperont pour moi. » Sous-entendu le personnel hospitalier. Car là où Jacob avait raison, c’était sur mon manque de motivation. « Tu ne vas pas venir à chaque fois quand même… Tu as un boulot et une femme Jacob… Mais je te remercie pour ton intention… » dis-je de façon ferme pour ne pas lui laisser la possibilité de poursuivre sur ce terrain.

J’admettais également que je n’avais pas envie que l’on m’aide, au cas où mon attitude ne lui aurait pas permis de le comprendre. Et même là, face à l’inéluctable, il réussissait à me prouver le contraire, ou vouloir me le faire entendre. Mon visage se baissa et je ne supportais plus d’affronter son regard. Venait-il de toucher la corde sensible ? Parce qu’à force de persuasion, il venait de faire plier chacun des parapets que j’avais tenté d’ériger sur son chemin. Qu’il était en train d’atteindre l’armure que je consolidais depuis des années. Et d’un coup, un seul, il s’apprêtait probablement à la faire s’écrouler. Mes mains se serrèrent autour des draps et sans m’en rendre compte, des larmes coulèrent en silence. Adieu la fierté si tant est que j’en ai encore un tant soit peu. Et les filets se transformèrent en torrent que je tentais de contenir tant bien que mal, montrant en réalité mon véritable visage. « Je sais que tu ne fais pas ça pour les remerciements… » avouais-je le tout entrecoupés de soubresauts. Inconsciemment je voulais justifier ce bad-trip par la fatigue accumulée. Mais à quoi bon vouloir se chercher des excuses ? Mes larmes repartirent de plus belles sans que je ne m’en rende compte, ne les contrôlant pas. Et même sa tentative d’humour ne me permit pas de reprendre le dessus. Il m’accorda un simple répit de rire, secouant la tête avant de renifler tel un gosse. Bien sûr que si j’avais faim, mais mon esprit m’avait crié le contraire. « Au coin ? Vraiment ? » tentais-je d’une ironie qui sonnait fausse. J’essuyais mes larmes d’un revers de la main mais elles furent vite remplacées par de nouvelles, silencieuses cette fois-ci. Comme un appel à l’aide. Cette bouteille que l’on jette à la mer avec une lueur d’espoir au fond du cœur. Le temps pour lui de réfléchir et de répondre à cette question que je venais de lui poser. Il parlait de sa fille. Et il en parlait sans s’effondrer. Peut-être qu’un jour moi aussi je finirais par évoquer Andréa sans peine et avec contenance. « J’aurais du le voir ce point de non retour… » répondis-je dans un murmure, déglutissant avec difficultés. « J’étais son coéquipier, j’aurais du m’en apercevoir… Mais je n’ai rien vu venir… » Et je m’en voulais. Pas parce que j’étais passé à deux doigts – ou trois balles – de la mort non. Parce que j’avais manqué à mon devoir amical, et à ma loyauté. « Tu sais, la nuit, je la revois me tirer dessus. Son regard était vide de sentiments… » avouais-je à voix basse. « Comment peut-on tirer sur un être que l’on a soit disant estimé sans ressentir la moindre peine Jacob ? » lui demandais-je comme si ce dernier pouvait m’apporter une réponse à cette question. La seule personne qui le pouvait avait disparu de la ville. « Merci… » finis-je par lui dire. Court, clair mais concret. Je n’étais pas en état de faire plus long et connaissant Jacob, il n’en éprouverait pas le besoin. Je regardais les alentours à la recherche d’un mouchoir pour sécher ces larmes inattendues. « Je sais ce que tu vas penser, c’est petit de voir un homme pleurer. » J’anticipais la potentielle évocation du stéréotype. Parce que je savais très bien que si mon père avait été là, c’est quelque chose qu’il m’aurait balancé au visage. « Tu pourras faire comme si tu n’avais rien vu… » lui demandais-je sans grande assurance.



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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyMer 16 Sep 2020 - 2:51

Garde donc ta rhétorique pour autrui. J’en ai assez entendu pour aujourd’hui. Tu comptes faire quoi par la suite ? Me dire que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ? Qu’il faut tomber pour mieux se relever ? Je les ai déjà toutes eu Jacob. Toutes sans exception. A croire que ce genre d’argument est inébranlable. Mais je vais te dire une chose. C’est que tout peut être compromis. Même ces répliques à deux balles. Il comprend la réaction de Keith. Il la comprend mieux que n’importe qui puisque, lui aussi, il a eu droit à toutes ces remarques-là. On lui avait dit que le temps guérissait tout, que ça finirait par aller. Et même si face aux autres il semblait mieux accepter ces discours que Keith, au fond de lui-même, il rêvait de pouvoir les envoyer bouler comme il le fait actuellement. Car au décès de June, il savait déjà qu’il ne s’en remettrait pas, que ça n’allait pas le rendre plus fort, qu’il n’irait jamais mieux. Il savait que toutes ces promesses étaient faites dans le vent et qu’un bon nombre de ces personnes n’allaient pas rester à ses côtés pour s’assurer qu’elles se vérifient. Là est la différence entre Jacob et Keith, entre ces gens-là et Jacob. Lui, il compte rester aux côtés de l’ancien lieutenant, jusqu’à ce qu’il mette une raclée à ses nouveaux démons, jusqu’à ce qu’il achève son combat. Ensemble, ils iront plus loin, quoi qu’il en dise, quoi qu’il en pense. Tu as raison. Il admet, finalement, qu’il y a une part de vérité dans ses dires. Tout peut être compromis, c’est vrai. Même l’échec vers lequel tu as l’air de vouloir courir. Si je te dis que ça peut s’arranger, c’est que ça s’arrangera. Parce que, encore une fois, s’il doit comparer son accident et la fusillade de Keith, il peut s’en remettre. Comme pour Jacob, ce qu’a vécu Keith est une fracture et il doit faire son deuil de cette amitié. Mais il peut accepter son sort, aller de l’avant. Des gens peuvent entrer dans la vie de quelqu’un et en sortir des années plus tard. Des enfants, c’est plus compliqué, plus douloureux, et même si Jacob ne veut pas se plaindre pour calmer les angoisses de Keith, c’est là où il veut en venir quand il lui dit que ça ira. Dis-le, si ça te désespère plutôt que de le montrer… Jacob hausse un sourcil face à cette remarque. Si je dois te dire tout ce qui me désespère dans cette histoire, on n'en a pas terminé, tu sais. Et là, il ne parle pas que de Keith et de son comportement, il parle de son ancienne équipière, de l’hôpital, de tout le monde : parce que ça n’est pas juste, et que ce qui n’est pas juste désespère forcément l’agent immobilier. Finalement, Jacob lui demande pour le dossier à remplir, et Keith se débarrasse de ce problème en lui avouant qu’il ne l’a pas. Normalement, le service d’administration devait me le faire passer… sauf que pour l’instant je n’ai rien… Ne t’embête pas avec ce dossier… Franchement ça ne vaut pas le coup… Et si vraiment je dois le faire, ils s’en occuperont pour moi. Il n’a pas envie d’abandonner mais il le fait quand même. Tant pis pour le dossier, si l’équipe en charge de Keith doit le remplir, ils le feront convenablement. Et sinon, Jacob reviendra exprimer son désespoir et sa colère face aux médecins, pour que ce soit fait. Il lui dit cependant qu’il sera là pour l’y accompagner, autant que nécessaire, jusqu’à ce que le besoin ne se fasse plus ressentir. Tu ne vas pas venir à chaque fois quand même… Tu as un boulot et une femme Jacob… Mais je te remercie pour ton intervention… Le ton de Keith montre à Jacob qu’il ferait mieux de ne pas répondre, d’accepter. Mais Jacob ne subit pas les ordres des autres, s’il veut continuer, il continue. Ma femme a moins besoin de moi que tu ne le penses, et je suis le patron. Je viendrai quelques fois, alors, si tu préfères. Et si les tons doivent se raffermir pour que l’autorité passe, Jacob y met du sien : le père qu’il était a toujours ces mécaniques-là et sait se faire respecter, même si avec June, il n’a jamais eu l’occasion de l’emprunter – et heureusement, il l’aurait sincèrement regretté aujourd’hui.

Et finalement, l’ambiance change dans la pièce. Keith baisse le visage, le regard. Il y a quelque chose de différent dans son esprit, Jacob le ressent avant d’apercevoir les larmes couler le long de ses joues. Il ne dit rien à ce sujet-là, parce que n’importe qui a le droit de perdre ses moyens, à n’importe quel moment. Surtout dans un lit d’hôpital, d’ailleurs. Surtout après une telle trahison. Surtout après de tels évènements. Keith a le droit de craquer, et Jacob a l’obligation de se taire, de le respecter. Je sais que tu ne fais pas ça pour les remerciements… Et l’agent immobilier est content qu’il l’ait compris. Il ne fait pas ça pour être gratifié de quoi que ce soit, il ne le mérite pas, et ce fut pareil pour Keith quand c’était lui aux côtés de Jacob. Les deux hommes se doivent ça, l’un à l’autre, sans savoir d’où provient ce lien si fort, sans savoir se l’expliquer. Au coin ? Vraiment ? Jacob hoche sa tête de haut en bas, dans un geste lent. Au coin, oui, si tu ne manges pas assez. Pour en revenir à ce sujet-là, une dernière fois, et tenter de poursuivre dans l’ironie de son camarade. Mais très rapidement, le sujet redevient sérieux et Keith lui demande pour quelle raison il aurait pu trahir Olivia. Il trouve la raison assez rapidement : June, et il le dit à l’ancien lieutenant, en essayant de comparer du mieux qu’il le peut avec ce qu’il vient de vivre. C’est difficile, mais des connexions peuvent se faire dans toutes les relations du monde, aussi uniques soient-elles. J’aurais du le voir ce point de non retour… J’étais son coéquipier, j’aurais du m’en apercevoir… Mais je n’ai rien vu venir… Il le laisse poursuivre, car il semble avoir d’autres choses à dire, et qu’il vaut mieux ne pas le couper dans cet élan. Parler, ça aide à la guérison, qu’on le veuille ou non. Les psychologues n’existent pas pour rien. Tu sais, la nuit, je la revois me tirer dessus. Son regard était vide de sentiments… Comment peut-on tirer sur un être que l’on a soit disant estimé sans ressentir la moindre peine Jacob ? Il hausse ses épaules, il ne sait pas comment répondre à cette question. Lui n’aurait jamais pu tirer sur qui que ce soit, encore moins quelqu’un qui a tant compté pour lui, peu importe la raison. À part pour June, mais encore une fois, il n’y a pas de June pour eux. Je ne sais pas, il avoue, mais un jour tu auras des réponses à tes questions. Ça viendra, j’en suis sûr. Lui aussi, il se demande encore pourquoi lui, pourquoi ce soir-là, qui était le chauffeur de l’autre voiture. Lui aussi attend une multitude de réponses, et elles finiront tôt ou tard par arriver. Merci… Ce mot, il l’entend mais il n’y répond pas. Volontairement. Car « de rien » ne veut rien dire. Car « pas de quoi » n'aurait aucun sens. Un silence y répond bien mieux. Je sais ce que tu vas penser, c’est petit de voir un homme pleurer. Tu pourras faire comme si tu n’avais rien vu… Il fronce les sourcils à ces mots-là. Mon père dirait qu’un homme ne doit pas pleurer, pas moi. Il n’est pas comme son père, du moins, pas sur tous les aspects. Tu as le droit de pleurer, si ça te fait du bien, ça ne fait pas de toi quelqu’un de faible, bien au contraire. Plus tu sais montrer tes faiblesses, plus tu es fort, finalement. Il se rapproche de Keith. Et j’irai jusqu’au bout du vice et te confirmant que tu peux, que tu as le droit, que ça fait du bien. Il attraperait presque sa main, mais ils n’en sont pas à ce stade-là, très clairement. Un sourire rassurant se dessine sur les lèvres de Jacob alors qu’il se recule à nouveau pour ne pas trop empiéter sur son espace privé, déjà qu’il est là sans son accord. Contrairement à elle, tu montres tes sentiments, elle ne t’aura pas enlevé ça, au moins. Et de ça, il peut en être fier.

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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyJeu 8 Oct 2020 - 23:02


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J’étais rude et probablement de mauvaise compagnie. Je faisais tout ce qui était dans mon possible pour faire fuir l’homme qui venait de me rendre visite. Parce que je voulais rester seul. C’était bien plus simple pour me morfondre et m’apitoyer sur mon sort. Et c’était d’autant plus simple quand je voulais me murer dans un lourd silence. Mes pensées frôlaient parfois la noirceur de mon âme. Parce que la notion de temps ne faisait que m’enfoncer dans les méandres de la fragilité de la situation. Parce qu’il était compliqué d’admettre que la vie était parfois plus rude pour d’autres personnes quand la seule chose que j’acceptais de voir n’était que la fin de cette vie que j’avais idéalisé. Toucher la réussite, toucher le bonheur et s’apercevoir que tout n’est qu’illusion. J’avais été stupide de croire que tout le travail acharné que j’avais fourni me permettait de croire à l’immortalité de ce que j’avais acquis. Il n’avait suffi que d’une seconde pour tout perdre. Ma vie, mes rêves et ma propre personne. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même, une fade image emplie de rengaine que je n’hésitais pas à renvoyer à Jacob. C’était gratuit. Immérité. Mais je n’avais pas la force de réfléchir à la bienséance et le poids de mes mots. Je crachais ma colère, la déversant à toute personne voulant m’approcher. Comme si je voulais être haï autant que je me haïssais d’y avoir trop cru. A son honnêteté et à l’amour que je lui portais. Et même si Jacob admettait que j’avais raison, ce dernier tentait de retourner mes propres mots pour confirmer ses pensées à lui. Je grimaçais face à l’exercice qu’il effectuait, voulant lui faire comprendre que cela ne prenait pas sur moi. « A la différence, c’est que toi tu as cet espoir qui te permet d’affirmer cela. Moi, je ne l’ai plus. » lui fis-je remarquer dans un soupir. Et si je devais faire la liste de tout ce que j’avais perdu ces derniers temps, par ma faute ou par celle d’Andréa, je pourrais y passer probablement la journée. Mais la discussion serait sans fin. Car je connaissais Jacob. Je l’avais découvert quand les places étaient inversées. Et je savais que sa force de caractère faisait de lui quelqu’un d’obstiné. Et je ne voulais pas l’affronter sur ce terrain quand moi-même je ne voulais pas démordre de ma position. Il réussit pourtant à me faire esquisser un demi-sourire. Un sourire triste, mais un geste que je n’avais plus effectué depuis longtemps. « Ça tombe bien, je vais être cloué à ce lit pendant de longues semaines. » lui fis-je remarquer tandis que ma main venait appuyer sur la pompe à morphine, geste qui était fait maintenant par pure habitude.

J’avais réussi à le dissuader de s’occuper du dossier d’entrée dans le centre de rééducation. Non sans mal, mais il semblait avoir compris que ce n’était pas nécessaire pour lui de se charger de ce genre de banalités. J’aurais voulu qu’il lâche aussi facilement l’affaire sur d’autres points. Pourtant son ton s’était fait plus sévère. Et non, il n’abandonnerait pas l’idée de venir m’accompagner à mes futures séances de rééducation. Comme s’il devait s’assurer que je ferais le nécessaire pour retrouver mon état d’antan. Et non il n’abandonnerait pas non plus l’idée de me faire manger. Je pouvais bien lui accorder ce point là et je me pliais à l’exercice, avec plus de difficulté que je ne l’avais imaginé. Pourtant je le faisais. Je voulais bien lui montrer ma bonne foi, lui prouver qu’il n’avait aucune raison de s’inquiéter et espérer que ces quelques preuves seraient suffisantes pour lui faire décider de quitter la chambre. En vain. Je profitais même de sa présence pour vider mon sac. Parce que j’avais des choses à dire que je n’avais pas dit à toute cette flopée de psychologue qu’ils m’avaient envoyé jusqu’à lors. Une autre de mes lubies. Celle de voir quand eux-mêmes en auront assez de se relayer au pied de mon lit et abandonneraient. J’espérais que cela marche également sur Jacob. Et pourtant, il m’écouta, il répondit à mes questions et il en arrivait même au point de vouloir me rassurer. Encore. « Un jour. Cette incertitude me rendrait presque dingue… » avouais-je pour lui faire comprendre que cette notion de temps m’était détestable actuellement. « En attendant, il faudrait que je me reconstruise sur ces sables mouvants ? Avec ces doutes et ces craintes… De la voir revenir, achever ce qu’elle a commencé ? Ou pire, de finir de détruire le peu que j’ai encore… » repris-je avant de craquer.

Des larmes qui coulaient sans que je ne puisse les retenir plus longtemps. La fatigue de réfléchir en permanence. De ne pas me reposer et de ressentir la douleur même sous morphine. Celle de ces nerfs qui ont été malmenés ces dernières semaines, ces derniers mois voir peut-être ces dernières années. J’aurais pu en avoir honte. Je m’en excusais même. Mais je ne contrôlais pas. Je ne pouvais pas. J’avais besoin de relâcher la pression. Et la réaction de Jacob me surprit même, m’obligeant à relever les yeux rougis dans sa direction. « Plus je suis fort ? Tu as fait une liste de phrases toutes faites avant de venir non ? » demandais-je subitement avant d’hausser les épaules. « J’aurais pu lui montrer mes sentiments, peut-être n’aurait-elle pas tiré… » admettais-je en finissant par essuyer mes larmes du revers de la main, me frottant le visage pour tenter de reprendre contenance. « Plus tu montres tes faiblesses, plus tu t’exposes à la souffrance Jacob. » repris-je enfin. « Heureusement que chaque personne pense différemment, les discussions seraient ennuyeuses finalement… » dis-je en haussant les épaules. « Je peux te demander un service ? » Ma question était subitement posée, comme si je profitais de l’instant où l’idée me traversait l’esprit pour la poser. « J’aurais besoin de quelques affaires chez moi… Et… J’ai coupé les ponts avec toutes les autres personnes… Dirons-nous que j’ai été plus dur avec elles que je ne l’ai été avec toi à ton arrivée… Je peux te laisser les clés et te demander de me les ramener ? » demandais-je en espérant qu’il accepte. « Mais n’en profite pas pour tenter de vendre ma maison… » Une pointe d’humour qui passait par là aussi étonnement que cela puisse paraître. Peut-être que ça non plus, elle ne me l’avait pas enlevé.



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Message(#)i'll be there for you (keith) EmptyVen 11 Déc 2020 - 20:52

À la différence, c’est que toi tu as cet espoir qui te permet d’affirmer cela. Moi, je ne l’ai plus. Le problème avec Keith, c’est qu’il part défaitiste et refuse d’ouvrir les yeux sur le reste. Jacob le faisait aussi, après son accident. Il faisait mine de rien devant les autres, continuait d’aller travailler et d’être lui-même mais, intérieurement, il avait peur de tout et ne croyait plus en rien. Alors s’il est maintenant capable de dire ces choses-là à son ami, c’est bel et bien parce qu’il pense avoir raison, qu’il trouve ses pensées justes, ses mots correctement choisis. J’ai fait au mieux pour me le reconstruire, cet espoir. Il affirme, il soutient le regard du brun et ne démordra pas. Pour le moment tout te paraît insurmontable, infranchissable. Pour le moment t’as perdu tout ce que tu avais et tu n’as plus aucune raison de te lever le matin. Pour le moment seulement, Keith. Il essaie d’aller dans son sens et de lui faire comprendre que toutes les émotions par lesquelles il passe actuellement, il a eu le déplaisir de les ressentir lui aussi, de vivre avec un petit bout de temps – et finalement, au fond, elles sont toujours présentes et agressives mais ça, il vaut mieux ne pas lui confier. J’arrête d’insister mais je reste sur ma position et j’ai hâte du jour où je vais pouvoir te dire que je te l’avais dit. Parce qu’il a raison, parce qu’il le sait, parce que Keith porte des œillères et n’aura pas la capacité d’ouvrir les yeux en grand avant un bon moment. Et Jacob sera là pour le soutenir, peu importe s’il essaie de le repousser : le blond lui rappelle qu’il est le patron et que sa femme n’a pas besoin de lui constamment. Il reviendra le voir, encore et encore, jusqu’à ce qu’il se remette sur pied et que ces ondes négatives le quittent. Il s’en sortira, qu’il le veuille ou non. Ça tombe bien, je vais être cloué à ce lit pendant de longues semaines. Tu vas donc devoir me supporter de longues heures durant ces longues semaines. Commence déjà à prier. Qu’il prie pour que ça passe vite. Ou pour que ça passe tout court. Pour que tout ne devienne qu’un lointain souvenir, qu’une vieille épreuve surmontée avec brio.

Un jour. Cette certitude me rendrait presque dingue… Et encore une fois, il ne peut que le comprendre. Je ne peux pas te promettre une date dans l’espoir que ça arrive réellement ce jour-là. Je peux simplement te dire que ça arrivera, un jour, oui. L’effet qu’a cette affirmation sur Keith ne fait pas plaisir à Jacob, il n’aime donc pas le répéter une seconde fois mais il le faut, pour qu’il l’imprime, qu’il l’imprègne. En attendant, il faudrait que je me reconstruise sur ces sables mouvants ? Avec ces doutes et ces craintes… De la voir revenir, achever ce qu’elle a commencé ? Ou pire, de finir de détruire le peu que j’ai encore… Là, il ne peut pas réellement le comprendre. Jacob a tout perdu le jour de son accident et la seule personne à l’origine de ce drame était lui-même – il a totalement oublié qu’il y avait un autre conducteur dans l’accident et que celui-ci a lâchement pris la fuite après l’impact. De ce fait, il est incapable de comprendre ce qui tiraille à ce point Keith. Tu as peur ? Il demande, finalement. Elle est recherchée pour ce qu’elle a fait, non ? Elle ne pourra plus t’atteindre. Il le dit comme s’il le savait alors que finalement, lui non plus n’a pas de réponse, ignore ce que l’avenir lui réservera. Il veut le rassurer mais ne sait pas s’y prendre et pour ça, il s’en veut à lui-même. Tout le monde peut se reconstruire, peu importe avec la base avec laquelle il part. Et crois-moi, je suis loin de l’avoir fait pour l’instant alors quand je te dis ça c’est bien parce que j’y crois. Sinon on serait dans le même état, là.

Et quel état. Il le voit pleurer et ça lui fait de la peine pour lui. Pas de le voir s’exposer ainsi mais de le savoir au bord du gouffre à ce point-là, de ne plus avoir la force de lutter, de garder la face. Plus je suis fort ? Tu as fait une liste de phrases toutes faites avant de venir non ? Il secoue son visage. Ce qu’il dit sort de son cœur, pas des pseudos psychologues qui inondent Internet. J’aurais pu lui montrer mes sentiments, peut-être n’aurait-elle pas tiré… Plus tu montres tes faiblesses, plus tu t’exposes à la souffrance Jacob. Il se pince les lèvres face à cette vérité que Keith pense détenir. Heureusement que chaque personne pense différemment, les discussions seraient ennuyeuses finalement… Oui. Il dit, simplement. Sauf que tu te trompes. Tu t’exposes à la souffrance pendant un temps mais tu te vides d’un poids. Moi, je n’ai pas su le faire. Et je ne pense pas que je vais y arriver un jour. Tout reste à l’intérieur, rien n’arrive à sortir. Et je sais que ça explosera un de ces jours, alors que toi, tu fais le vide. Il hausse ses épaules. On est différents, rendez-vous dans deux ans pour voir lequel de nous deux a finalement pété un câble. Il lui donne un rendez-vous dans le futur, loin. Il leur donne un but à tous les deux, en même temps : se prouver à l’un et à l’autre qu’ils avaient raison, tous les deux, que chaque personne fonctionne différemment. Je peux te demander un service ? Son regard répond à sa place : oui. J’aurais besoin de quelques affaires chez moi… Et… J’ai coupé les ponts avec toutes les autres personnes… Dirons-nous que j’ai été plus dur avec elles que je l’ai été avec toi à ton arrivée… Je peux te laisser les clés et te demander de me les ramener ? Mais n’en profite pas pour tenter de vendre ma maison… Un sourire se dessine sur les lèvres de Jacob alors qu’il hoche son visage. Oui, bien sûr. Tu as besoin de quoi ? Et ça se trouve où, chez toi ? Histoire que je ne retourne pas tout dans tous les sens. Il est ravi de pouvoir lui rendre un service, c’est en quelque sorte un pas en avant que fait Keith vers lui, lui prouvant qu’il peut accepter son aide, peu importe le motif. Et promis, je vais faire un effort pour ne pas la vendre mais si jamais j’ai une proposition trop intéressante, je ne peux rien te garantir. Il rigole, évidemment. Il lui tend la main pour avoir les clés, Keith les lui donne en lui indiquant tout ce dont il a besoin. Jacob accepte sa mission et quitte la chambre du brun quelques minutes après, pour aller chercher ce dont celui-ci a besoin. Voilà leur amitié, maintenant : il va s'occuper de lui, jusqu'à ce qu'il aille mieux.

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