Aujourd’hui, j’ai prévu d’aller nettoyer les plages de Brisbane. Je fais trop de choses en une journée, j’ai dû dormir 4 ou 5 heures cette nuit. Mais ça me tenait à coeur de passer par là quand j’ai appris qu’il y avait des groupes de gens qui se rejoignaient pour garder de belles plages respectueuses de l’environnement. Ca me rend joyeuse d’y aller. Je marche depuis 20 bonnes minutes dans les rues de la ville et je commence à voir la mer apparaître au loin. La mer me terrifie, mais me fascine aussi. J’ai toujours rêvé d’apprendre à faire du surf, et Brisbane serait la ville parfaite pour ça. Mais j’ai peur des fonds marins, alors je n’ai jamais osé franchir le pas. J’en ai parlé avec Liam, et il a dit qu’il me donnerait des cours. Déjà, là, je ne suis pas sereine quand à ce qu’il va se passer. Il ne sait pas que les fonds marins me font peur, peut-être que je devrais le lui dire.

Quelques minutes plus tard j’enlève mes chaussures et les pose dans un coin de la plage, un coin que je peux garder en visuel, je ne suis pas sûre que je pourrais rentrer à pied sans mes chaussures, mais j’adore laisser mes orteils jouer avec les grains de sable. Je repère déjà des gens qui nettoient et je souris. J’aime cette ambiance d’entraide, je sens que ces gens vont être adorable mais je ne veux pas m’imposer. Et je repère un visage connu un peu plus loin sur le sable. Matt. Matt l’ex d’Allie, celui avec qui je m’entendais bien mais qui a disparu du jour au lendemain presque en même temps que ma soeur. Celui qui était là le jour où Peter est revenue dans ma vie avant de disparaitre après avoir su pour le mariage avec Léo. Ce Matt là. Et je souris parce que j’ai l’impression de ne pas l’avoir vu depuis une éternité. “Matt !” Je lui fais un signe de la main avant de m’approcher.

“Matt !” relaxe Matt, relaxe dude, ça va aller, tout va bien aller, inspire et surtout oublie pas d'expirer.
« Heeeeyy Molly. »

Mon sourire essaie de relaxer lui aussi. Ma tête entière si vous me demandez, quand ma mâchoire grincerait presque et que mes paupières battent le rythme en mode crise presqu'épileptique. Pourtant elle est cool Molly, elle est sympa, elle m'a toujours fait rire du temps où elle était avec Pete et y'a pas plus chill qu'elle. Mais elle est aussi la soeur d'Allie, et avec elle revient évidemment les derniers souvenirs du passage - du retour - chaotique de la Oakheart dans ma vie. Mon corps en entier qui ralentit chacun de ses mouvements en voyant la brune qui réduit la distance entre nous deux. Elle est si heureuse de vivre, me suggérant peut-être à tort qu'elle est pas là pour m'empaler avec la tige de la pince à déchets qu'elle tient à bout de bras, encore moins pour me noyer dans le sable artificiel d'une plage qui l'est toute autant.  

« Ça va? » alors, j'avoue, je suis fourbe. Je fais la conversation, je tente de tâter les différents éléments qui pourraient dénoter si elle est là en paix, si c'est bel et bien un drapeau blanc que j'entends dans sa voix cristalline ou si c'est un arrêt de mort qu'elle augure.

Lily est un peu plus loin à refaire le monde, mon sac de déchets déborde tant on a été efficaces aujourd'hui. Y'a Scar qui fait la lourde avec Dek à quelques mètres de nous. C'est le DBD en entier ou presque est éparpillé partout autour à faire du bénévolat pendant la seule journée de congé qu'on a en commun depuis des années on dirait. Et si mon attitude de papa qui ne l'est pas vraiment - ça, ça me serre le coeur pour dix milliards de millions de raisons que je ravale, le plus rapidement possible - n'en reste que mes prunelles sont entièrement et totalement dédiées à Molly.

Je me rapproche du brun, grand sourire aux lèvres. Il a l’air stressé Matt. Pourtant, il devrait savoir qu’Allie me parle très rarement de ses histoires de coeur. Elle veut toujours me préserver, elle ne veut pas que je haïsse les gens parce que j’ai toujours la gentille positive naïve de la famille. Tout le monde essaie toujours de me préserver de tout ce qui peut bien se passer de moche dans le monde et je les laisse faire même si je finis toujours par apprendre la vérité à un moment ou à un autre.

Et je n’ai rien à reprocher à Matt, mon sourire est rassurant quand je me rapproche à distance raisonnable du McGrath. Je ne sais pas ce qu’il en est de notre relation. Est ce qu’on est ami ? Ou de simple connaissance et on ne devrait plus se fréquenter parce qu’on a Allie en commun. Je ne sais pas où me mettre et tout à coup je suis gênée de m’être approchée de lui aussi instinctivement. Je danse d’un pied à l’autre en regardant mes orteils s’enfoncer dans le sable en remettant une canette dans la poubelle que Matt tient entre les mains. Il s’est retourné si vite qu’elle est tombée. Est ce qu’il est gêné de me voir ? Ou alors il ne voulait pas me voir. Et je me fais toute petite parce que je ne veux pas le gêner, je ne vais pas non plus qu’il se sente obligé de me parler parce que je suis arrivée comme un cheveux sur la soupe.

Il me demande si je vais bien et mon cerveau arrête de tourner à 1000 à l’heure quelques secondes alors que je me concentre sur la réponse. “Oui je vais bien, j’arrive un peu en retard j’ai marché depuis le refuge.” Je me justifie pour meubler la conversation parce que j’avoue que je ne sais pas vraiment quoi faire d’autre. “Et toi ça va ? Ca faisait longtemps qu’on s’était pas croisé.” Longtemps, j’étais venue le voir au DBD il y a quelque temps, et j’avais vu que Pete était revenu. Et je n’avais même pas eu le temps de discuter avec le McGrath.

La pauvre cocotte elle a presque l'air autant mal à l'aise que moi et direct, d'office, je réalise que finalement on est pas plus mal l'un que l'autre que l'un contre l'autre. Elle a sa petite voix Molly, celle dont elle usait quand elle passait au DBD entre la dernière fois et la fois qui date de sa rupture d'avec Pete. La même petite voix qui demandait des nouvelles avec le regard fuyant et le trémolo avec, elle qui voulait clairement savoir si lui il était là, si elle, elle en avait le droit. J'ai jamais pris position dans leur relation et encore moins dans leur rupture, et tout me porte à croire qu'en ce moment, Molly tente de faire pareil en ce qui concerne Allie et moi. Elle le sait probablement pas mais le poids qu'elle me retire des épaules rien qu'en me regardant en souriant vaut tout l'or du monde. Une journée ou deux sans gérer de drame lié à mon passé, juste ça, c'est déjà immense.

“Oui je vais bien, j’arrive un peu en retard j’ai marché depuis le refuge.” « Wait, c'est pas à Redcliffe le refuge? T'as prévu rentrer chez toi en marchant aussi? » Matt le bon samaritain, Matt le grand con serviable qui pense déjà à qui parmi nous rentre dans le coin de son boulot ou de son appartement pour l'y déposer si elle en a besoin. Elle peut très bien y retourner à pied c'est une grande fille et elle a tous les droits, n'en reste que je sais déjà que Dek va au nord de la ville et Scarlett au sud, je m'assure donc mentalement de valider direct le pseudo besoin pour la caler en sécurité dans une voiture advenant la demande tout à l'heure. Il est lourd, mon cerveau de grand frère protecteur envers la Terre entière.

Et le traditionnel ça va qui passe tout en douceur, là. Pour vrai, ça va vraiment. “Et toi ça va ? Ca faisait longtemps qu’on s’était pas croisé.” longtemps comme dans t'as eu le temps de te marier, j'ai eu le temps de me marier, on a eu le temps de briser des coeurs et de briser les nôtres ouais. Longtemps comme ça. « Ça va. » et un sourire en coin, un. « Et ouais ça fait longtemps, je pensais presque que t'avais plus envie que je garde ton cocktail éponyme sur la carte. » elle a un cocktail secret à son nom que je lui ai fait une fois quand on disait de la merde elle et moi en attendant Pete. On lui avait concocté une recette particulière et ça faisait partie de la carte secrète des verres que seuls les initiés connaissent - et elle, fût un temps, elle faisait partie de la famille. Si vous me demandez, elle en fait encore partie, sa place est à elle et à personne d'autre.

Je suis contente d’être là, d’avoir prévu de garder mon après-midi pour nettoyer ces belles plages de Brisbane. Ca me fait prendre l’air, voir de la nature et du monde. Je ne pensais pas tomber sur une tête connue. C’est pour ça que j’ai pratiquement foncé vers Matt, que je suis arrivée avec le plus grand des sourire parce que j’étais contente de le voir. J’ai fait ça avant de réfléchir bien évidemment. Parce que, Matt et moi, c’est compliqué. On représente tous les deux les fantômes de nos passés respectifs. Passés qui sont étroitement corrélés. Il est le meilleur ami de Pete depuis toujours, je suis la petite soeur de son ex.

On ne parle pas de tout ça, de tout ce qui nous a gêné. De tout ce dont on devrait parler parce que les sujets sont importants, tout ce qu’on gardera pour nous pendant un long moment encore. Donc on commence avec les questions randoms, les réponses qu’on étire en rajoutant le plus de mots possibles pour que les blancs soient moins longs. Pour trouver des moyens de renchérir et poser de nouvelles questions et meubler tant qu’on le peut. Je parle du refuge, de comment je vais et il fait pareil. “Heuuu oui j’ai pas ma voiture, je comptais rentrer chez moi à Fortitude. J’aime bien marcher tu sais et je veux pas déranger qui que ce soit.” Je continue de sourire, il me connait Matt, il sait comment je suis et comme je serai sûrement toujours.

Il me fait rire, j’ai l’impression que l’ambiance se détend un peu, que le poids sur mes épaules s’enlève juste un peu. Et on est propulsé des années en arrière quand tout allait bien, quand rien était compliqué et qu’on vivait nos années étudiantes. “Tu l’as gardé ?” Mon sourire s’agrandit et il y a sûrement la petite lueur de malice qui brille au fond de mes yeux. “J’ai jamais goûté ce cocktail. Pense à m’inviter une fois pour que je puis le juger.” Je hoche la tête et commence à ramasser des déchets. On est là pour ça après tout.

“Heuuu oui j’ai pas ma voiture, je comptais rentrer chez moi à Fortitude. J’aime bien marcher tu sais et je veux pas déranger qui que ce soit.”
« Tu déranges personne, c'est moi là qui dérange DEKKKKKKKKK?! »

Ma voix porte, évidemment qu'elle porte, quand je passe ma vie à gueuler comme un déchaîné d'un côté à l'autre du death before decaf. Là, c'est que la routine, là, c'est que moi qui sautille sur la pointe des pieds à chercher l'attention de DEKKKKKKKKK au loin le temps qu'il lève la tête vers nous et que d'un hochement de tête il soit okay pour ramener Molly. Elle verra bien en temps et lieu si elle veut et si elle a vraiment besoin. Mais en attendant, Matt le grand frère est foutument rassurée et rien que ça m'aide à arborer le sourire le plus grand, le plus soulagé que j'ai en banque. Ça va, tout va.

“Tu l’as gardé ?” qu'elle finit par demander, la question trouvant elle-même sa réponse quand la lueur dans son regard la trahit. « Peut-êtreee. » et la fausse hésitation dans ma voix à moi est toute aussi traître. Bien sûr que c'est encore sur le menu secret, et que ça restera, ruptures et milliers de morceaux de coeurs éclatés ou pas. “J’ai jamais goûté ce cocktail. Pense à m’inviter une fois pour que je puis le juger.” « En plus j'ai trop d'idées pour le modifier et l'adapter, t'aurais la version 1.0, 2.0, 3.0 et sûrement 4.0 aussi. » et ça y est, je m'emballe. Je pense à des variantes, je pense à quinze versions et quinze autres pour la transformer en goûteuse attitrée la prochaine fois qu'elle viendra au café. D'ailleurs. « Tu viens quand tu veux. » à lire entre les lignes, ça donnerait un truc genre : tu reviens quand tu veux, pour le cocktail et pour toutes ses versions. Mais surtout parce que tu peux.

J’aurais pu marcher. J’aurais dû dire à Matt que j’habitais dans une cabane au bord de la plage il m'aurait cru et il n’aurait pas hurlé au milieu de la plage. Tous les regards se tournent vers nous, et j’ai l’impression que tout le monde va m’en vouloir d’être venue parler à Matt. Je cache mon visage derrière ma main, comme si ça servait à quelque chose. “Arrête de crier tout le monde t’entend.” Et c’est tout ce que je déteste, attirer l’attention. Je tourne la tête de nouveau vers lui, espérant que tout le petit groupe de la plage ait enfin oublié qu’on existait. “Le dérange pas, imagine si il est occupé, ou si il veut ramener quelqu’un d’autre ?” Je ne connais pas bien Dek, il faut dire que j’évitais le DBD plus que de raison à une période. Ca me rappelait trop la fac, quand Allie et Matt étaient là, quand Pete se jouait encore de moi. Mais il a fini par partir, tout le monde a fini par partir sauf moi.

Mais il attire mon attention sur autre chose, les cocktails du DBD. La carte privée. Je me souviens en avoir déjà parlé mais n’avoir jamais rien bu parce qu’à l’époque l’alcool me terrifiait autant que la drogue. Mais ça a changé depuis quelques mois maintenant, depuis Tobias et Léo. Tobias m’a fait goûter un alcool affreux, Léo m’a converti aux mojitos. Son ton le trahit et je souris, j’ai terriblement envie de découvrir ce cocktail qu’il peut apparemment modifier de mille manières différentes. J’aimerais pouvoir tout goûter, mais je ne suis pas sûre d’assez bien tenir l’alcool pour survivre à plus de 2 verres. “Faudra faire les essais en plusieurs fois si tu veux que je me souvienne des goûts qu’ils ont des cocktails !” Je ramasse un déchet, puis deux, et déjà je me sens un peu plus utile. Je souris en baissant un peu les yeux, j’aimerais pouvoir revenir, mais j’ai tellement peur de tomber sur lui, Pete qui ne m’a pas donné de nouvelles depuis qu’il a appris pour le mariage. “Je reviendrai.” Quand je serai prête, parce que je ne veux toujours pas m’immiscer entre eux deux. “Tu bosses un peu ? Si tu ramasses pas assez de trucs t’auras jamais le temps pour aller expérimenter tes cocktails avant de me les présenter !” Je hoche la tête en m’éloignant un peu mais en le gardant toujours à portée de voix.

“Arrête de crier tout le monde t’entend.” et ça mesdames et messieurs, c'est l'histoire ma vie. De passer mon existence en entier à hurler, de passer mon quotidien facilement 24/7 en mode majuscules. La pauvre elle a du rouge qui tatoue ses joues quand mes joues à moi sont fendues du plus gros et immense des sourires de con que j'ai en banque. “Le dérange pas, imagine si il est occupé, ou si il veut ramener quelqu’un d’autre ?” « Au contraire arrête, tu le sauves là, y'a une fille qui le lâche pas depuis qu'on est arrivés peu importe à quel bout de plage il la fuit - en hurlant comme ça il est tag à toi et elle dégage t'as vu la subtilité? » j'invente, je fabule, je raconte de la merde, qui ça étonne. Personne colle aux baskets de Deklan sur le moment, mais il est toujours du genre à se retrouver avec une conquête pathétique au cou. De l'associer à Molly pour un temps lui sauve de se pâmer sur une nunuche du coin, et me sauve de le ramasser en morceaux quand la dite nunuche lui brisera le coeur comme elles le font toutes.

La minute d'après, c'est presque comme si on était en aller simple vers le passé. “Faudra faire les essais en plusieurs fois si tu veux que je me souvienne des goûts qu’ils ont des cocktails !” « On les fait toujours virgins ou je peux ajouter une demie cuillère à thé de rhum? » les blagues encore et toujours, quand le fait qu'elle boive pas m'avait jamais vraiment dérangé, au contraire. Ça lui donnait des airs de Ginny d'ailleurs, elle qui a bien évidemment et sans surprise aucune commencé à graviter autour de ma soeur fût un temps - quand elle gravitait plus autour du DBD, des souvenirs qui venaient avec. Personne peut la blâmer pour ça, et certainement pas moi.

“Je reviendrai.”

Et c'est tout ce que je veux entendre. Pas besoin de mettre de date, pas besoin de se mettre la pression non plus. Elle sait qu'elle peut revenir comme je sais qu'elle le veut ; le reste lui appartient. “Tu bosses un peu ? Si tu ramasses pas assez de trucs t’auras jamais le temps pour aller expérimenter tes cocktails avant de me les présenter !” le moment est avorté par Molly qui me presse à me remettre à la tâche, tâche pour laquelle je grogne un temps, me moque l'instant d'après. « T'as envie de tourner ça en jeu? Celui ou celle qui ramasse le plus de déchets a le droit de créer une concoction de son choix, dégueulasse ou pas, et de forcer la ou la perdant/e à boire! » oh Matt, ton instinct de compétition te tuera.

J’aurais dû réfléchir avant de me rapprocher de Matt. Je l’ai fait instinctivement, comme je l’aurais fait des années en arrière. J’ai été bête et naïve, je n’ai même pas imaginé qu’il n’aurait pas voulu me voir à cause de tout ce qu’il a bien pu se passer dans sa vie. Son mariage, Allie… Beaucoup de choses qui ont dû le perturber lui aussi. Mais je balaie ça du revers de la main quand la tension baisse et qu’il redevient le Matt que j’ai connu à la fac. Il me fait rire, il me gêne aussi à hurler au beau milieu de cette plage. Il y a de nombreuses personnes autour de nous qui se tourne et je cache mon visage avec ma main comme si ça servait véritablement à quelque chose. “Tag à moi ? Mais Matt…” Je pouffe de rire en secouant la tête, il ne change pas avec le temps le McGrath.

On parle cocktail, le cocktail qu’il avait créé pour moi ou en s’inspirant de moi. Je ne pensais pas qu’il l’aurait gardé même en revenant à Brisbane. Ca me fait sourire, et je pourrais même le goûter avec l’alcool cette fois. “Tu peux passer au rhum maintenant.” Y’a du rhum dans les mojitos pas vrai ? J’ai enfin passé le cap de boire de l’alcool depuis la lune de miel. Ce voyage qui me parait déjà tellement loin. Mais j’ai découvert beaucoup de choses grâce à Léo et à ce mariage, et je ne regrette pas d’avoir dit oui. Notre relation est étrange, et, peut-être qu’il ne m’aimera jamais, mais je veux le garder dans ma vie pendant longtemps. Quoi qu’on puisse devenir.

J’évite les sujets compliqués, et il me suit. Je soupire de soulagement. “J’adore les jeux.” Et, même si je n’ai pas besoin de ça pour apprécier le nettoyage d’une plage, mes sourcils se haussent en attendant la suite de son idée. “Ok je valide. Je veux juste que tu saches que j’ai jamais fait de cocktails !” Alors, si je gagner, c’est à ses risques et périls. Il pourrait boire la pire boisson de tous les temps.

Pauvre Molly aux joues rosies par la gêne en vrai. Pauvre cocotte qui se cache derrière sa main quand peu importe ses tentatives de se camoufler mes cris et mes rires cassent tous ses efforts de la plus traître des façons. Elle a surement oublié à quel point je peux être lourd autant que j'avais oublié à quel point la lueur d'amusement dans son regard est adorable. Elle a la même que Ginny, la gamine. Et ça fait du bien de la retrouver loin des drames et de crises et du chaos qui venaient avec, avant. Ça fait du bien tout simplement.

“Tu peux passer au rhum maintenant.”
« Ah ouaiiiis?! »

Mes sourcils se haussent et dansent d'eux-mêmes, elle a trouvé la parfaite façon de me distraire d'hurler à la lune quand c'est plutôt le soleil qui brille dans le ciel tant elle laisse tomber la bombe le sourire aux lèvres. Alors elle boit la fillette maintenant? C'est le mariage qui lui a fait cet effet? “J’adore les jeux.” ou juste la vie en général qu'elle célèbre, et ça, c'est tout à son honneur. “Ok je valide. Je veux juste que tu saches que j’ai jamais fait de cocktails !” « C'est encore mieux ça veut dire. »

Mon sourire lui, il fait juste grandir, quand je dresse déjà mentalement le plan pour une soirée sans soucis et sans prise de tête. Parce que Molly semble autant tenir que moi à ce qu'on garde le drapeau blanc bien haut bien droit, bien levé malgré nos ex et tout ce qu'ils ont bien pu pouvoir signifier. « D'abord c'est clair que je vais gagner, ça j'aime. » oh Matt, le mauvais perdant. Je mets ça sur la faute de mon nom de famille et c'est tout et ça me paraît évident. Mais surtout : « Et après je vais pouvoir te mouler à mes enseignements pour te transformer en mini-Matt derrière le bar. » quelle fierté, quand même, dans ma voix. Quel con aussi, à rire comme ça.

Il crie Matt. Et bien sûr que ça me met mal à l’aise. J’ai l’impression que toutes les personnes présentent sur cette plage nous regarde. Je déteste ça, je ne veux pas être le centre de l’attention. Alors je tente de le calmer, de lui dire d’arrêter. Mais rien à faire, bien évidemment qu’il continue le McGrath. Il en rit et je finis par rire aussi. L’ambiance est bien mieux maintenant, bien plus détendue. Et je tente de faire diversion, de trouver un autre sujet. Et quoi de mieux que parler de cocktails pour avoir toute l’attention de Matt McGrath. Les cocktails, ça c’est un sujet qui n’est pas compliqué. Et je suis même une experte des mojitos depuis ma lune de miel. Léo en fait souvent, et je commence à apprécier les apéros. C’est ça être une adulte ?

Il veut jouer et il attire toute mon attention. Je souris, j’imprime les règles et déjà je me demande comment je vais pouvoir gagner. Même si mon but premier est de m’amuser. Je n’ai jamais eu un esprit de compétition très développé. Et Matt me fait rire de nouveau. Un vrai rire franc alors que je marche pour continuer de ramasser un maximum de choses. “T’as pas peur ?” De ce que je pourrais mettre dans ce foutu cocktail. Même moi je suis incapable de savoir qu’est ce qui va bien avec quoi. Alors que Matt est un expert lui, il faisait déjà des cocktails quand on s’est rencontré pour la première fois. Je hausse un sourcil, comment peut-il être sûr de gagner ? “Je suis pas une compétitrice dans l’âme mais si tu continues comme ça je risque de tout faire pour gagner !” Est ce que j’ai l’air sérieuse ? Sûrement pas. Il veut faire de moi un mini Matt derrière le bar. Et l’idée ne me déplaît pas, bien au contraire. “Je vais avoir une formation express pour faire les meilleurs cafés et les meilleurs cocktails du monde ?”