Je crois que ma mère vit mal le fait que je sois de retour à la maison sans avoir rien à faire de ma vie. Je le vis aussi assez mal. C’était pas ce qui était prévu pour cette année sabbatique. Je me sens vraiment trop con. Je ne sais pas si j’aurai de nouveau l’opportunité de lâcher mon boulot en le gardant en filet de sécurité pour mon retour. A voir. Je sais aussi que mes 6 mois en UK m’ont permis une nouvelle ouverture sur mon avenir. Une remise en question immense. Un nouvel état d’esprit. Alors je me dis que j’ai pas non plus tout gâché. J’aurai aimé goûter à un été entier en UK pour voir si c’est vraiment comparable à nos hivers. Quand même cette sensation d’inachevé dans ce projet. Comme si fallait que je redouble d’efforts maintenant que je suis à Brisbane pour que la suite de 2020 en vaille vraiment la peine malgré tout.

En attendant ma mère m’a gentiment imposé pour aider Noa. J’ai pas franchement cherché à résister parce que c’est vrai que j’ai rien de prévu aujourd’hui et ça va m’aider à garder mon esprit occupé. Je suis encore en questionnement sur pas mal de trucs pour la suite et une journée off ça me fera du bien. Je me suis fringué avec mes habits qui craignent le moins. Un vieux t-shirt Amity Affliction et de même pour le hoodie. Je crois que c’est le groupe qui m’a donné le plus de merch depuis que j’ai 15 ans, je pourrais porter que Amity pendant 5 mois sans soucis. Sans faire de machine. Du coup j’ai pas trop de remords à utiliser ces fringues là pour les tâches ingrates.

Noa ouvre la porte de chez elle et je lui fais un grand sourire. On prend pas le temps de se voir en dehors des grands rassemblement de la famille. Comme celui qu’on a fait à mon retour. C’est à ce moment là que ma mère et sa mère ont comploté au calme et qu’on a suivi parce qu’au fond, c’est pas une mauvaise idée.

« Hey ! » Je lui fais une étreinte avec un bras. « J’ai quelques outils dans ma voiture mais je sais pas trop ce dont t’as besoin. Tu me diras j’irai piocher. » Quand je dis ‘quelques outils’ ma mère m’a en fait mis tout ce qui était dans le garage à la maison pour être sûr qu’on manque de rien. « Comment ça va ? T’es toujours opérationnel pour faire ça maintenant ? » La vie fait que des fois y’a des empêchements et je suis conscient que j’aurai mieux faire de lui téléphoner avant de venir pour vérifier au lieu de le dire là comme ça. J’ai rien à faire de toute façon, ça m’aura fait une balade s’il faut que je reparte tout de suite. Ca me dérange pas. J’ai un pote dans le coin, au pire j’irai voir s’il est là.

Spoiler:

Ca fait des mois que j’ai dans l’idée de refaire ma chambre, virer cette tapisserie qui est là depuis que je suis dans l’appartement et que je peux plus voir. Il fallait tout arracher, poncer, passer une couche de peinture blanche sur tous les murs et refaire seulement le mur côté tête de lit en vert olive. J’avais déjà tout acheter depuis trois mois en réalité, mais il me manquait quelques chose pour m’y mettre : la motivation. Parce que ça voulait aussi dire que j’allais devoir ranger ma chambre, tout mettre sous protection et passer plusieurs jours dans un bazar pareil. Je m’étais rendu chez mes parents le weekend dernier, je n’y avais plus mis les pieds depuis plusieurs longues semaines, j’espaçais de plus en plus mes retours et mes passages chez eux car c’était toujours un peu compliqué depuis que j’étais sortie de prison, mais petit à petit je sentais que ça redevenait comme avant, même si c’était long. Et en même temps, je voyais bien que les Jacobs en souffraient et si j’étais encore rancunière, j’allais faire les efforts. A la fois, ils ne m’avaient présenté leurs excuse qu’à Noel dernier, plus d’un an après être sortie de là. Je l’avais encore à travers la gorge, qu’ils me pensent réellement coupable d’un tel crime, mais après tout, je pouvais comprendre qu’ils se soient perdus dans tout ça. Et si le traumatisme était encore présent, j’allais bien mieux, je poursuivais mes rendez-vous chez le psychologue qui eux aussi étaient de plus en plus rare, mais ils m’étaient utile. Et finalement, payer pour être réellement écouter, ça pouvait avoir du bon.
Chez mes parents, la mère de Kane était passée aussi alors que je leur disais que j’avais l’intention d’enfin me mettre à refaire ma chambre, elle avait alors gentiment proposé que Kane vienne me donner un coup de main alors que j’ignorais qu’il était de retour. J’avais accepté sans vraiment capter qu’elle ne lui avait même pas proposer avant. Mais pour moi c’était ok, je l’attendais de pied ferme et il serait une motivation supplémentaire pour m’y mettre. J’avais pris le temps de mettre dans des caisses en plastiques tout ce qui trainait mais un restait ma coiffeuse à vider. Je ne l’avais plus ouverte depuis des années, et elle ne me servait qu’à entreposer quelques affaires de temps en temps, il y a bien longtemps que je ne m’étais pas posée devant pour me faire belle, ma salle de bain étant bien plus pratique.
Kane vient d’arriver et il à l’air en forme, j’espère juste que j’vais pas l’épuiser, ca m’fait plaisir de le revoir depuis qu’il était parti, on se donne pas forcément de nouvelles mais c’est toujours cool de passer un peu de temps ensemble. « J’ai quelques outils dans ma voiture mais je sais pas trop ce dont t’as besoin. Tu me diras j’irai piocher. » c’est cool, il est même venu équipé. « Top, mais j’pense que j’ai ce qu’il faut, on va aller faire le point ! » je le laisse entrer, me dirigeant directement vers ma chambre, pas de temps à perdre. « Comment ça va ? T’es toujours opérationnel pour faire ça maintenant ? » je hoche la tête, dans les escaliers. « Ouais, ouais, j’suis motivée, heureusement que t’es là si non, j’m’y serai jamais mise ! » je m’arrête en pleine ascension. « J’vais aller chercher à boire ! vas-y, monte, tu veux quoi toi ? » je lui passe devant pour redescendre vers la cuisine rapidement et sans trop écouter sa réponse en réalité, je prends quelques bières et un thé glacé, au cas où il préfère pas boire d’alcool. « j’ai que ça. » que je dis en revenant les mains pleines. « T’as vu, j’ai fais le maximum, y a plus que la commode là à vider. Si ca t’embête pas qu’on fasse ça et après, on peut s’y mettre. Arracher tout le papier partout, j’pense que si on fait ça aujourd’hui c’est cool déjà. Je ferai le ponçage ce soir et demain on pourra peindre ! »

« Top, mais j’pense que j’ai ce qu’il faut, on va aller faire le point ! » C’est vrai qu’elle devait pas attendre après moi pour faire ses travaux. Elle doit déjà avoir tout ce qu’il faut. Ma mère a encore une fois trop prévu. C’est toujours comme ça avec elle. Y’a trois pots de moutardes dans le placard parce qu’elle prévoit trop. Elle vit dans le futur ma mère en fait. « Ouais, ouais, j’suis motivée, heureusement que t’es là si non, j’m’y serai jamais mise ! » Ca me fait plaisir de voir que je sers à quelque chose. Je sais aussi très bien ce qu’elle veut dire par là. Quand on est seul c’est compliqué à se bouger le cul pour des gros travaux. C’est du changement, c’est des efforts, c’est du temps. Si on se cale un rendez vous, on est obligé de prendre le temps même si oui, c’est vrai, je viens de lui filer une perche au cas où elle avait envie de repousser ça une fois de plus. Je ne l’aurai pas blâmé. J’aurai compris. Mais elle est déterminé et ça me fait plaisir de la voir comme ça. J’entre chez elle. « J’vais aller chercher à boire ! vas-y, monte, tu veux quoi toi ? » « Oh n’importe. » Mais elle a déjà disparu pour revenir aussitôt alors que je suis en train de regarder un peu autour dans son appart’. « j’ai que ça. » Je jette un oeil à ce dont il s’agit. Je suis très très tenté par la bière mais je vais rester sage. J’ai bu beaucoup trop de bières en Angleterre je pense qu’il faut que je réhabitue mon corps à quelque chose de saint. « Thé glacé. Merci. »

Pas ce qu’il y a de plus saint mais je sais aussi combien j’aime me faire plaisir avec une bière chez moi. Je vais les lui laisser pour sa consommation personnelle en plus que pour mon foi. Je prends la canette alors qu’on est en train de regarder l’étendu des travaux à accomplir. « T’as vu, j’ai fais le maximum, y a plus que la commode là à vider. Si ca t’embête pas qu’on fasse ça et après, on peut s’y mettre. Arracher tout le papier partout, j’pense que si on fait ça aujourd’hui c’est cool déjà. Je ferai le ponçage ce soir et demain on pourra peindre ! » J’hoche la tête. « Nickel comme programme. » J’ouvre la canette pour en boire une gorgée. Ca va se jouer sur deux journées. J’aime beaucoup qu’elle ait déjà fait tout le programme, j’aime pouvoir cocher des choses sur une lettre pré-établi. On voit mieux l’avancement. « Je te suis du coup. »

On se munie de ce dont on a besoin pour se faire. A savoir sac poubelles et boîtes afin de trier tout ce qu’on va sortir de cette commode. « Tu t’entends bien avec tes colocs ? » Je commence à faire la conversation pendant qu’on se met à l’oeuvre. J’ai réellement envie de savoir son avis là dessus. « J’ai dans l’idée de peut être m’acheter un appart’. Je sais pas si je prends un truc pour être plusieurs dedans… Des colocs. Je me dis ça m’aidera pour le crédit. » Si je gagne à Road of Australia j’aurai peut être pas besoin de crédit.

« Thé glacé. Merci. » j’suis sceptique sur sa réponse, mais bon, ok pour le thé glacé et j’suis sûre qu’après un peu d’effort, il finira par m’accompagner en buvant une bière. Mais pour l’instant, c’est moi qui allais rester tranquille et suivre son exemple.  Hop, je lui tends sa cannette, ouvre la mienne, première gorgée pour avoir un peu d’énergie et c’était partie pour s’y mettre, pas de temps à perdre. J’lui explique ce que j’avais prévu, j’espère qu’on allait pas perdre trop de temps, que j’avais pas prévu trop pour si peu de temps, mais bon, si non, c’est pas bien grave, j’pourrais finir tranquillement plus tard. J’allais pas supporter d’être dans une chambre en chantier trop longtemps. Suffisait juste d’un coup de pouce pour s’y mettre, après, ca va aller tout seul ! Et j’étais contente de partager ce moment avec Kane, fallait qu’on se mette à jour sur nos vies respectives là.
J’me tourne vers la commode, dans mes souvenirs là dedans, c’est un beau fourre tout, j’y met tout ce que j’accumule depuis des années et ca s’pourrait bien qu’on tombe sur quelques souvenirs en commun. « Tu t’entends bien avec tes colocs ? » Je hoche la tête, j’en avais pas plusieurs, on était que deux ici et Jane, c’est une valeur sure, ca va faire trois ans qu’on est ici toutes les deux n’empêche, ou plutôt, qu’elle m’a rejoint. « Jane est ma meilleure amie, ca passe ou ca casse en général, on a fait l’parie que ca passerait et ca passe ! » donc, rien à redire. « On s’croise surtout, on a toutes les deux pas mal à faire, mais quand on peut passer du temps en ensemble, c’est toujours cool. » « J’ai dans l’idée de peut être m’acheter un appart’. Je sais pas si je prends un truc pour être plusieurs dedans… Des colocs. Je me dis ça m’aidera pour le crédit. » sacré pari d’acheter pour partager ensuite. « Ah, c’est sûre, ca te permettrait d’être mieux niveaux budget, mais plus t’achete grand, plus il faut d’argent ! Prépare un dossier en béton, va falloir être sûre de pouvoir avoir des occupants tout l’temps. L’appart ici est pour une seule personne de base, mais j’avais une chambre dispo, j’ai proposé à Jane de me rejoindre. Par contre, pour de l’achat, je flipperai trop d’être avec quelqu’un que je connais pas. C’est ta maison quoi. » j’veux pas lui transmettre ma peur mais, j’pense qu’il faut penser à ca aussi.
J’ouvre un tiroir de la commode et le premier truc que je vois est un vieil album photo, ca m’fait sourire, j’crois savoir ce qu’il y a dedans. « Ca, c’est l’album des vacances à Melbourne, quand j’venais d’arriver chez les Jacobs. » on était parti avec Kane aussi, grosse maison qu’ils avaient loué, Arrow était pas encore arrivée dans la famille et moi, j’étais encore toute renfermée à cette époque. « Y a une photo de nous deux, t’es à quatre pattes entrain de faire une belle grimace et moi j’te regarde sans capter ce qu’il se passe. » je secoue la tête et feuillette l’album pour la retrouver. « TIENS ! » exactement comme dans mes souvenirs. J’ai une sale tête, ca fait peur.

« Jane est ma meilleure amie, ca passe ou ca casse en général, on a fait l’parie que ca passerait et ca passe ! » J’avais pas pensé à une coloc avec quelqu’un que je connais. Je ne sais pas qui aurait besoin d’un toit dans mon entourage actuel.  « On s’croise surtout, on a toutes les deux pas mal à faire, mais quand on peut passer du temps en ensemble, c’est toujours cool. » Clairement ça fait rêver dit comme ça. Etre indépendant mais avec quelqu’un sous le coude si besoin, quelqu’un avec qui on aime passer du temps en plus. Ce qu’elle souligne ensuite à propos de la paperasse et tout ce que vivre avec des autres engendre, ça me coupe bien vite l’envie. Ca se voit que j’ai jamais vraiment réfléchit à ça de trop près. Je grimace à ses révélations. « Ouais trop compliqué. J’avais pas pensé à tout ça. » J’ai pas confiance en grand monde, ça serait compliqué de partager mon toit et toutes mes affaires avec un inconnu qui pourrait partir du jour au lendemain ou ne pas pouvoir payer le loyer pour x ou y raison. J’oublie ça bien vite et recommence brièvement à rêver à mon propre chez moi assez grand pour avoir un piano.

Je vois l’album que Noa sort de la commode et je sens qu’on va tomber sur des dossiers. « Ca, c’est l’album des vacances à Melbourne, quand j’venais d’arriver chez les Jacobs. » Je me rapproche pour pouvoir voir les photos en même temps qu’elle ouvre et redécouvre l’album. « Y a une photo de nous deux, t’es à quatre pattes entrain de faire une belle grimace et moi j’te regarde sans capter ce qu’il se passe. » Je sais déjà que je vais prendre la photo en photo pour l’envoyer dans le group chat avec mes parents et ma soeur. « TIENS ! » Un large sourire sur mes lèvres.

« Mes cheveux sont tellement blond on dirait qu’ils sont transparents. » Je suis un peu pensif en regardant la photo, ça fait tellement longtemps. Le bon vieux temps, pas de responsabilités, pas de problèmes, pas encore de traumatisme… Je me demande si y’a vraiment des trucs que je voudrais changer dans ma vie. Oui. Parce que je suis toujours pas content avec ma vie actuelle. Je suis toujours au point mort. On ne regarde pas souvent les anciennes photos chez moi parce que la vue de Kevin sur certaines nous rend triste, mais c’est super cute de voir celles là. Je la prends en photo après avoir sorti mon téléphone. « On a bien changé… » Heureusement en même temps, cette photo a plus de 25 ans. « Je pensais tellement que je serai marié avec des gosses à mon âge. » Je préfère en rire qu’en pleurer. Je ne sais pas comment Noa le vit mais on est un peu dans le même bateau de ce côté là. « Mamie me met souvent des petits coups de pression à ce niveau là. J’adore. » Nope.

« Ouais trop compliqué. J’avais pas pensé à tout ça. » Je le regarde d’un air désolée de briser ses projets en quelques secondes. Mais bon, il allait sans doute avoir le temps de vraiment réfléchir à ça avant de se lancer et le but de discuter c’est aussi de voir les points positifs mais aussi négatifs. Et d’ailleurs, ce qui peut être flippant pour moi peut ne pas l’être du tout pour lui et inversement. Mais Kane allait avoir le temps s’il voulait acheter, il allait devoir se poser les bonnes questions et apporter lui-même ses réponses. Pour moi, des colocs c’est oui, mais acheter pour héberger des personnes sous mon toit, franchement, c’est non. Je préfère être dans un appartement qui ne m’appartient pas dans ce cas, au moins, le comportement de mes collocs n’engagent qu’eux et le propriétaire, moi, ca m’concerne pas. Et pareil, si j’en viens à faire une connerie, ca les concernerait pas.
En tombant sur l’album photo de nos vacances d’été il y a super longtemps, j’me dis que les projets de retirer toute la tapisserie de la journée allaient sans doute être compromis, on allait perdre du temps à regarder ces photos et à les commenter, mais franchement, ca fait tellement longtemps que j’ai pas vu Kane et qu’on a pas pris le temps d’avoir ce moment, que ça m’est bien égal. « Mes cheveux sont tellement blond on dirait qu’ils sont transparents. » c’est vrai que c’est assez impressionnant et moi, inversement, mes cheveux étaient devenu plus brillants et plus jolis avec le temps. J’avais une espèce de tignasse un peu frisée qui ressemblait pas à grand-chose et surtout, c’était tout terne. « On a bien changé… » A qui l’dis tu et je pense que pour rien au monde je voudrais retourner à cette époque là. J’suis tellement mille fois mieux aujourd’hui dans mes pompes. « Je pensais tellement que je serai marié avec des gosses à mon âge. » Ca m’fait rire cette remarque. « On le pensait tous ! Moi j’me voyais avec Léonardo Di Caprio, alors qu’il est quand même un peu plus vieux que moi. Et j’pensais que j’allais vivre sous les paillettes d’Hollywood. » quelle blague. « Pour les gosses, je crois que j’ai jamais trop rêvé d’en avoir. » encore trop traumatisée à l’idée d’avoir été abandonnée par mes parents. Alors qu’aujourd’hui, j’crois que j’étais prête pour être mère, mais il manquait quelques chose à l’équation… « Mamie me met souvent des petits coups de pression à ce niveau là. J’adore. » ah, je souris et continue de tourner les pages. « Du genre ? J’ai jamais eu de remarque de sa part. » peut être parce que finalement, j’ai jamais été considérée comme sa vraie petit fille. Aucune animosité dans cette remarque, je pense que c’est juste la vérité et en réalité, j’lui en veux pas trop. « Tu t’y mets quand alors ? » que je taquine.

Je vois bien que Noa est posé avec l’album photo sans avoir l’air de vouloir se remettre au boulot. Je vais pas mentir, je suis bien là aussi à regarder par dessus son épaule, à prendre en photo des photos. A chercher Kevin en premier sur tous les clichés. Ca me fait du bien. Ca fait tellement longtemps que j’ai pas ressassé le passé avec la famille. On l’a jamais fait. Nope. Ou du mois, pas le passé trop ancien comme là y’a 25 ans. Un passé que je pensais être en train de relater avec mon épouse et mes enfants. Mais non.  « On le pensait tous ! Moi j’me voyais avec Léonardo Di Caprio, alors qu’il est quand même un peu plus vieux que moi. Et j’pensais que j’allais vivre sous les paillettes d’Hollywood. » Elle me fait rire avec ses commentaires. « Leonardo DiCaprio? » Je savais pas qu’elle aimait les blonds Noa. « Pour les gosses, je crois que j’ai jamais trop rêvé d’en avoir. » Oh ? Je sais pas si c’est parce que j’ai cette image de la famille supposément parfaite avec mes parents et leurs trois enfants bien blonds mais moi si. J’ai toujours eu cette image de moi avec des enfants en grandissant. Je sais pas si je devrais arrêter de me leurrer et me rendre à l’évidence que ça n’arrivera pas. Ou en tout cas, pas de si tôt. Arrête de penser à l’avenir. Ouais, j’essaie. J’essaie. Mais quand notre grand-mère met son nez dedans, c’est toujours plus dur.  

« Du genre ? J’ai jamais eu de remarque de sa part. »
« T’as de la chance. Moi elle me demande toujours quand est-ce qu’elle aura des nouveaux petits enfants et je lui réponds toujours que Kate n’a pas l’air de penser à un gosse de plus. Mais je vois bien dans ses yeux que c’était pas de Kate qu’elle parlait. »

J’hausse une épaule. Je préfère répondre à côté de la plaque à ma grand-mère plutôt que de remuer mon propre couteau dans ma plaie. J’ai autant envie qu’elle de fonder une famille. Je veux me marier surtout. Avoir ce lien si spéciale avec une personne qui m’a en haut de sa liste pour tout. Avoir ma personne.   « Tu t’y mets quand alors ? » Elle me charrie, elle s’y met aussi. « Peut être bien ce soir. Je vais arrêter de me protéger. » Je rentre dans son jeu. Je vais peut être pondre de manière irraisonnable si je veux autant que ça un gosse. Une femme d’abord. Ouais je pourrais jamais juste faire un gosse pour faire un gosse. Je veux le package complet. Je crois que je suis trop gourmand. Je veux beaucoup de choses et au final, j’ai juste rien du tout. « T’as jamais voulu d’enfant toi ? Tu penses t’en voudras jamais ou bien ça peut changer si tu rencontres quelqu’un avec qui t’es bien ? » On rentre dans des conversations bien plus profonde que je n’aurai cru en arrivant chez elle aujourd’hui.

« Leonardo DiCaprio? » j’ai cru un instant qu’il savait pas qui était Leonardo DiCaprio, mais j’me rends compte qu’il est plutôt surpris que j’puisse kiffer ce mec. Mais qui ne kifferait pas Léo ? « L’effet Titanic… » j’hausse les épaules. On l’avait tous découvert dans ce film et depuis, on était tous secrètement amoureux de lui. Obligé.
« T’as de la chance. Moi elle me demande toujours quand est-ce qu’elle aura des nouveaux petits enfants et je lui réponds toujours que Kate n’a pas l’air de penser à un gosse de plus. Mais je vois bien dans ses yeux que c’était pas de Kate qu’elle parlait. » je ris, je ris fort, en réalité, j’imagine tellement pas Kane être papa, je sais pas pourquoi. « J’ai l’impression que toi et moi, on est les éternels ados de la famille. » Bon, j’avoue qu’en ce qui me concerne, j’ai l’impression d’être de plus en plus une adulte et d’avoir des envies d’adultes, bien que jusque-là, j’avais jamais trop pensé à tout ça. J’lui demande quand même, si c’est dans ses projets, enfin, pas de cette façons là, mais je tâte, si ca s’trouve, j’me plante à son sujet, si ca s’trouve il est encore plus prêt que moi à sauter l’pas. « Peut être bien ce soir. Je vais arrêter de me protéger. » il plaisante, mais j’arrive pas à savoir du coup. « T’as jamais voulu d’enfant toi ? Tu penses t’en voudras jamais ou bien ça peut changer si tu rencontres quelqu’un avec qui t’es bien ? » j’hausse les épaules, donc on y est, confidences entre cousins ? Ca m’dérangeait pas, j’aimais bien Kane, j’étais très proche de Kate, c’était vraiment ma famille. « J’me suis jamais posé la question… parce que j’avais la sensation de pas avoir de situation et qu’avant de vouloir fonder une famille, faut être bien soit même, dans ses baskets, avoir un taf stable. » et on peut dire que j’avais plus qu’un taf stable, le soucis maintenant, c’est que j’avais bien envie de trouver quelqu’un pour me poser vraiment, mais ,ce taf stable, j’étais pas certaine de vouloir le garder longtemps. Quel bordel. « J’ai pas encore rencontré la personne pour me faire penser à des projets réellement concret. Mon dernier copain n’était pas dans cet état d’esprit et moi, avec lui, j’y étais pas du tout non plus. Comme une idylle adolescente puissance mille. » des sensations puissance mille, aussi bonnes que mauvaises. « J’laisse venir les choses… » j’en fini avec cet album et le repose, il restait quelques trucs à sortir des tiroirs et c’était bon, on allait quand même pouvoir commencer à arracher le papier. « Et toi ? » je me permettais puisqu’il avait été plus précis que moi dans ses questions.

Comme elle rit fort quand je lui parle des conversations avec ma grand mère. Ça me fait sourire, j’aurai pas cru à une si forte réaction de sa part. « J’ai l’impression que toi et moi, on est les éternels ados de la famille. » C’est vrai maintenant qu’elle le dit. Tous les autres sont quasi tous mariés, ou bien en couple et posé depuis longtemps dans une situation stable. Moi je suis en année sabbatique, sans appartement, sans rien du tout. Sans même savoir remplir les bons papiers pour mon visa. « J’me suis jamais posé la question… parce que j’avais la sensation de pas avoir de situation et qu’avant de vouloir fonder une famille, faut être bien soit même, dans ses baskets, avoir un taf stable. » Je vois tout à fait ce qu’elle veut dire. Je me contente d’acquiescer ses paroles, restant silencieux. Elle n’a pas fini de toute façon. « J’ai pas encore rencontré la personne pour me faire penser à des projets réellement concret. Mon dernier copain n’était pas dans cet état d’esprit et moi, avec lui, j’y étais pas du tout non plus. Comme une idylle adolescente puissance mille. » Je ris en l’entendant parce que c’est aussi comme ça que je me sens avec Charlie. Deux ados.

« J’laisse venir les choses… »
« C’est pas plus mal. »

Elle range l’album et je me dis qu’on va sûrement se remettre au travail. « Et toi ? » Ou pas. Mais si je la vois qui se remet à travailler le papier peint. « Moi je veux des gosses et me marier mais j’ai personne de stable non plus enfin… C’est compliqué. Je suis en plein dans la relation d’ado puissance mille comme tu dis. » J’hausse une épaule sachant jamais trop comment définir ma relation avec Charlie. « On est pas vraiment ensemble, on passe juste du temps ensemble. » Régulièrement ici et là. On passe des nuits ensemble. Elle chez moi quand mes parents sont pas là et moi chez elle sinon. Ça fait vraiment ado de ne pas avoir son propre toit. Je sais pas si j’aime ce feeling ou pas. « Mais là mon but premier c’est de m’acheter un piano et me trouver un appart’. Et puis… Si je trouve la femme de ma vie au passage c’est bien mais sinon… C’est pas grave. » Le dire à voix haute ça le rend un peu plus réel mais est-ce que je crois vraiment ce que je dis ? Est-ce que je saurais être heureux en étant seul ? J’ai été célibataire longtemps dans ma vie et je me suis toujours senti mieux quand je pouvais partager les moments avec quelqu’un de spécial. Ca me manque d’avoir une personne qui me met en haut de sa liste de priorité. « On est en bonne santé c’est ce qui compte non ? » J’essaie de voir les choses sous un autre angle. Je sais combien on a de la chance malgré tout sur certains côtés de nos vies. « T'es en bonne santé hein? » J'ai pas envie d'avoir fait une gaffe. Je sais qu'elle a vécu des trucs pas drôle ces dernières années, mais elle a l'air d'aller bien maintenant.

« Moi je veux des gosses et me marier mais j’ai personne de stable non plus enfin… C’est compliqué. Je suis en plein dans la relation d’ado puissance mille comme tu dis. » j’me trouve con d’avoir pensé qu’il avait pas envie de se poser, de pas l’imaginer avec un bébé dans les bras. Alors que visiblement, c’est ce qu’il voulait et visiblement, la relation dans laquelle il était lui convenait pas. « T’en as déjà parlé avec ? » lui ou elle, d’ailleurs, j’en sais rien. « On est pas vraiment ensemble, on passe juste du temps ensemble. » et c’est pas ce qu’il veut. Je sais tellement c’que ça fait que d’être avec quelqu’un quand on a pas les mêmes ambitions, la même volonté et la même façon de se projeter. J’ai bien envie de lui dire de lâcher l’affaire mais ce n’est justement pas mes affaires. « Mais là mon but premier c’est de m’acheter un piano et me trouver un appart’. Et puis… Si je trouve la femme de ma vie au passage c’est bien mais sinon… C’est pas grave. » il a l’air un peu fataliste quand même quand il dit ça, ca m’fait un petit pincement au cœur. « Tu finiras par trouver ! et comme dirait grand-mère, chaque pot, son couvercle. » et ca m’fait rire, cette vieille expression, j’suis sûre qu’il l’entend dire aussi. Elle lui a surement dit des dizaines de fois d’ailleurs. « On est en bonne santé c’est ce qui compte non ? » je hoche les épaules. « Je suppose. » et j’pourrais pas dire le contraire, vu l’endroit où je travaille, vu que je cottoie tous les jours des dizaines de personnes malades et qui donneraient tout pour plus l’être. Mais j’me dis quand, l’amour, ca anime beaucoup, ca donne de la force, ca donne du courage, ca offre de nouvelles possibilités, c’est important, je suppose, autant que la bonne santé et j’suis même sure que ça y contribue. « T'es en bonne santé hein? » je souris et hoche la tête. « En pleine forme oui ! » du moins, je crois, j’me dis que tant que j’ai rien qui se manifeste, j’suis en bonne santé, pour autant des fois, un contrôle basique, un check up complet de sa santé, même si on est persuadé d’aller bien, on peut trouver une merde quelques part, mais j’ai pas envie de penser à ca.
Je m’arme d’une petite pelle, d’une éponge mouillé avec le saut par terre et me voilà entrain de gratter la tapisserie. Y a une bonne partie qui part tout seul mais pour le reste faut mouiller et insister avec la spatule. « Ca fait combien de temps, que ca dure ton histoire ? » ca m’intrigue quand même de savoir si il fonce dans l’mur ou pas. Il a l’air accroché.

« T’en as déjà parlé avec ? » Pas vraiment c’est vrai. Enfin, on sait tous les deux que notre relation c’est rien de sérieux. L’historique entre nous est trop compliqué pour qu’il y ait quoi que ce soit de tangible. Trop compliqué et le truc le plus triste c’est que je sais j’arriverai jamais à lui faire confiance pleinement. « Tu finiras par trouver ! et comme dirait grand-mère, chaque pot, son couvercle. » Un doux sourire se forme sur mes lèvres de l’entendre dire ça. J’aime cette phrase et j’ai envie d’y croire. J’essaie de pas trop penser à tout ça en me disant que le plus important c’est la santé. « Je suppose. » Elle a l’air assez sceptique. C’est vrai que la santé sans rêve, sans émerveillement, sans émotions, on en a rien à faire. Je suis ravi d’apprendre que Noa est en bonne santé et je me dis qu’on va changer de sujet alors qu’on continue les préparatifs mais… « Ca fait combien de temps, que ca dure ton histoire ? » Non. Elle veut en savoir plus.

« Hmmm… Depuis juin l’an dernier et ben… Faut enlever les 6 mois où je suis parti. Mais c’est pas… Je sais pas comment l’expliquer mais, on a une vraie connexion comme j’ai jamais eu avec personne et… Et elle est tombée enceinte d’un autre et c’était encore plus compliqué que ça ne l’était et… » J’hausse les épaules. « Charlie c’est la définition de compliqué et… Elle est jeune et surtout je lui fais pas confiance. Donc à partir de là on ira jamais bien loin hmm… C’est dommage parce que je l’aime vraiment mais… Beaucoup trop compliqué. » Je sais même pas comment utiliser d’autres mots pour l’expliquer. Je vais pas préciser qu’elle a une paire de boobs magnifique et que je suis toujours faible face à ça. J’ai pas envie que Noa me jette sa truelle à la tronche. Solidarité féminine tout ça tout ça. « Peut être que je devrais aller à Vegas et me marier à la première venue juste histoire d’être marié. Parce que vu comment vont les choses dans ma vie je risque de mourir sans jamais y avoir goûté. » Je plaisante mais c’est tentant en même temps. « Ou bien l’émission là. Marié au premier regard. S’ils le refont… Tu viendrais avec moi ? Enfin, on leur dira qu’on est de la même famille hein. » Pas tout à fait mais si quand même. On va pas commencer les trucs encore plus compliqué hein. C’est pas le but. Mais ouais, cette émission me donnerait presque envie maintenant. Ça serait un vrai mariage contrairement à un truc de Vegas et puis y’aurait quand même tout un algorithme qui aurait travailler ma personnalité avec celle de l’autre personne. Si faut je trouverai ma moitié… Mais nan j’y crois pas trop.

On pouvait très bien travailler et papoter en même temps. C’était pas souvent que Kane et moi on se voyait et qu’on faisait des vrais trucs ensemble, en dehors des repas de famille, j’veux dire. Du coup, c’est l’occasion d’aller de conneries en confidences et j’m’attendais pas vraiment à ce qu’on ai ce genre de conversation, mais ça a l’air de m’faire plaisir. J’l’écoute, il me parle de sa nana avec qui il a été puis plus et de nouveau. J’ai l’impression que ses mois d’absence comptent mais pas trop. Elle a surement du faire sa vie pendant c’temps, sans vraiment l’attendre et maintenant qu’il est de retour, ils ont repris comme si de rien n’était. Clairement, j’serai incapable de faire ça. La liberté, les pauses et compagnie, pour moi, c’est juste des conneries. « Et elle est tombée enceinte d’un autre et c’était encore plus compliqué que ça ne l’était et… » oh shit. Je m’arrête, je pose tout, je me tourne vers lui, j’écoute, bouche ouverte. Mais d’où ? comment il accepte ca ? « Charlie c’est la définition de compliqué et… Elle est jeune et surtout je lui fais pas confiance. Donc à partir de là on ira jamais bien loin hmm… C’est dommage parce que je l’aime vraiment mais… Beaucoup trop compliqué. » il me dit ça au calme, sans pression, comme si c’était pas important qu’elle soit enceinte d’un autre mec, il a juste pas confiance, c’est juste compliqué et rien ? Pas de « connasse » pas de « pauvre conne »… rien. Juste il est résigné. « Wow. » attends, mais normal qu’il lui fasse pas confiance, j’comprends rien là ! « Mais… » attends, j’ai du mal à aligner les mots dans ma tête pour être capable de lui dire ce que je pense réellement. C’était si hallucinant que j’avais du mal à avoir une idée concrète de quoi penser même. « Peut être que je devrais aller à Vegas et me marier à la première venue juste histoire d’être marié. Parce que vu comment vont les choses dans ma vie je risque de mourir sans jamais y avoir goûté. » ah mais du coup, il a vraiment envie de se marier, d’avoir une famille et tout c’qui va avec, c’est pas une blague ! « Ou bien l’émission là. Marié au premier regard. S’ils le refont… Tu viendrais avec moi ? Enfin, on leur dira qu’on est de la même famille hein. » bon, ok, là il me fait rire et mes j’ai de quoi répondre à ça. « justement, moi qui me demandait à quel genre d’émission j’pourrais participer ! puisque j’ai inscrit Matt à la première saison, la deuxième sera pour moi ! et ouais, faut qu’on leur dise qu’on est cousin.» l’inceste toussa, nop. « Mais bon, désolée de revenir la dessus, mais ta Charlie… » tien, d’ailleurs, Charlie ca m’renvoie à ma Charlie, j’me demande ce qu’elle vient. « Tu la vois encore ? Parceque j’sais pas où tu vas avec elle, mais tu vas l’dans l’mur non ? Quand elle est tombée enceinte, t’étais avec ? J’capte pas là ! J’te trouve vraiment tolérant, pour le coup. » et c’est tellement énorme que ça m’amuse finalement, mais j’crois que j’ris jaune surtout.

« Wow. » Oui. Je sais. Moi aussi. « Mais… » Pareil. Je sais que c’est pas rien ce que je lui sors d’un coup comme ça. On avait jamais parlé de nos histoires de coeur avant. Enfin, elle a su pour Wendy, comme je n’ai pas su me retenir de crier sur tous les toits qu’elle m’avait dit oui à ma demande en mariage mais ça s’est mal fini. Depuis je ne dis rien de cet ordre là parce que de toute façon, y’a rien de sérieux. Une véritable girlfriend après Wendy ? Nope. Y’a pas eu. Ok on peut dire que Charlie l’a été à une période mais bien trop court à mon goût. On a joué sur les mots pour continuer à se voir sans être ensemble et rendre les choses moins compliqué. LOL. Mais j’arrive pas à me détacher d’elle. Elle est toujours là d’une certaine façon par rapport à toutes les autres qui sont passées avant. Ca compte pour quelque chose non ? Oui. « Mais bon, désolée de revenir la dessus, mais ta Charlie… » C’était sûr qu’elle allait revenir là dessus vu ce que j’ai dit. J’ai un peu peur de ce qu’elle va dire vu le ta Charlie. J’aimerai bien qu’elle soit véritablement ma Charlie. Est-ce que si je lui écris une chanson ça aiderait ? Non. Non il faut que j’arrête. Il faut que j’aille de l’avant. J’ai mille résolutions mais pour l’instant je n’arrive pas à en tenir une seule. «  Tu la vois encore ? Parceque j’sais pas où tu vas avec elle, mais tu vas l’dans l’mur non ? Quand elle est tombée enceinte, t’étais avec ? J’capte pas là ! J’te trouve vraiment tolérant, pour le coup. » Voilà j’aime pas trop ce qu’elle me dit parce qu’elle confirme que je suis juste très con dans l’affaire. Je le sais déjà. Mais ça fait quand même pas plaisir de l’entendre de nouveau. Après c’est moi qui ait donné autant de détails pour lui donner cette possibilité aussi. J’aurai pu rien dire. Peut être que c’est ça qu’il me faut. Une claque de plus dans la gueule sur combien cette situation est merdique depuis le début.

« Je sais… Mais je l’aime. » Je fais une petite moue. « Je… Je sais pas je vais voir dans les semaines qui arrivent comment ça se passe entre nous mais pour l’instant je souffre pas. C’est déjà ça. » J’hausse une épaule. « Faudrait qu’elle ou moi trouve quelqu’un d’autre pour couper complètement tout ça. » Mais comme je cherche pas et comme je lui demande pas si elle voit des autres gens, on va pas aller bien loin. Parce que ça m’étonnerait même pas qu’elle voit d’autres personnes. Tant qu’elle est heureuse, c’est l’important. Je préfère être dans ses bras une fois par semaine que seul à temps complet. Je suis faible. « Mais ouais désolé, c’est compliqué, je sais que c’est merdique comme situation et qu’il faut que je change les choses si je veux aller de l’avant mais pour l’instant j’arrive pas. » Je suis faible. Je suis amoureux. Je suis con. « J’ai beaucoup trop monopolisé la parole, parlons de toi maintenant. Y’a des trucs où je peux te filer un coup de main ? » Je marque une pause rapide avant de reprendre. « Si t’as besoin de mon point de vue pour… J’en sais rien. N’importe quoi. » Mais ça me surprendrait pas qu’elle ne veuille pas de mon avis vu les décisions stupides que je prends.

« Je sais… Mais je l’aime. » ah. Bon, j’crois que là, y a rien à faire à part lui laisser le temps d’avoir le déclic suffisant pour prendre les choses en main. J’comprends que l’amour c’est juste une sacrée merde parfois et qu’on contrôle vraiment pas quand ça nous tombe dessus. On peut être la personne la plus rationnelle au monde, quand y a des sentiments, quand le cœur s’emballe, c’est fini. Rationalité zero ! t’as beau savoir ce qui est bien pour toi, ce qui est bon pour toi, y a plus que ton cœur qui prends le contrôle et pour te sortir de là… ca y va à coup de larme, de peine, de douleur, mais c’est par là qu’il faut passer pour réussir à dire stop. Je parle en connaissance de cause. Cf Andy, celui que j’ai sans doute le plus aimé, en si peu de temps d’ailleurs et celui qui qui a toujours une part de mon cœur en lui et j’suis sûre que c’est pareil à l’inverse. On y a laissé une trace tous les deux mais aujourd’hui j’ai la distance pour dire qu’il y a pas de retour en arrière possible. Enfin, j’crois. « Je… Je sais pas je vais voir dans les semaines qui arrivent comment ça se passe entre nous mais pour l’instant je souffre pas. C’est déjà ça. »bon bah il y est pas encore à la phase des pleurs, de la douleur et tout l’reste, tant mieux ou tant pis, je sais pas. Il parait que plus c’est long, plus c’est bon, mais dans ces cas là, j’en suis pas si sûre. On peut pas coller n’importe quel proverbe à n’importe quelle situation. « Faudrait qu’elle ou moi trouve quelqu’un d’autre pour couper complètement tout ça. » j’ai vraiment besoin de faire le tri dans toutes ses informations pour remettre les choses dans l’ordre. Ils sont sortis ensemble, ensuite y a eu un bébé… - je sais toujours pas dans quel contexte il est arrivé ce bébé d’ailleurs – puis ils sont de nouveaux ensemble – est ce qu’ils ont un jour plus été ensemble ? – hm. Mais lui il veut trouver quelqu’un d’autre ou qu’elle se trouve un autre mec. En gros, il sait très bien que c’est de l’amour à sens unique et faudrait qu’elle le largue une bonne fois pour toute en se barrant avec un autre mec ? Chaud. Pour le coup, les pleurs, la douleur, tout ca… il y aura droit ! « Mais ouais désolé, c’est compliqué, je sais que c’est merdique comme situation et qu’il faut que je change les choses si je veux aller de l’avant mais pour l’instant j’arrive pas. » il a besoin de temps, c’est tout. « Ca finira par s’arranger. » enfin, j’espère. Il va pas rester jusqu’à sa mort à espérer qu’elle l’aime en retour quand même ! « J’ai beaucoup trop monopolisé la parole, parlons de toi maintenant. Y’a des trucs où je peux te filer un coup de main ? » j’ai l’impression qu’on avait pas mal parlé de moi aussi déjà. Mais j’comprends l’envie de changer de sujet, j’vais pas rebondir davantage, j’vais aller dans son sens. Je jette un œil à la chambre, on a bien avancé, même si on parle beaucoup.  « Si t’as besoin de mon point de vue pour… J’en sais rien. N’importe quoi. » ah ! moi qui pensait qu’il me demandait ce qu’on devait encore faire. Bon, ca m’a au moins permis de me rendre compte qu’on était pas trop à la ramasse niveau timing et que j’arriverai peut être à poncer les murs ce soir. J’allais pas l’embêter avec ça. On s’occupera de la peinture demain, là, ce sera peut être plus fun. Bon, si non, pour répondre à sa question… un peu surprenante… « Ca te rassurerait que j’partage avec toi un truc pas claire ? » ca m’fait rire. « Moi, je fréquente un mec que j’ai rencontré dans un speed dating…. On s’est revu une fois après ça, assez rapidement, et plus rien pendant un mois. Il est revenu en mode «  désolée, j’ai pas eu l’temps, le taf occupe tout mon temps libre. » » je lève les yeux au ciel. « et là, il m’a annoncé qu’il partait bientôt pour faire un jeu télévisé, genre une course et j’vais me retrouver encore solo quelques semaines. j’sais même pas c’que j’suis censée faire ou penser ! » j’attends le retour de mister love et son courrier du cœur pour m’aiguiller un peu. «  y a plus que ce mur à faire. » je lui montre du menton, c’est relou parce qu’il y a le placard aussi et que les portes risquent de nous gêner mais bon, au moins, après ça, ce sera fait.

J’apprécie que Noa ne soit pas en train de me juger ouvertement. Son langage corporel n’est pas en train de crier t’es trop con Kane pendant que je lui raconte un peu plus en détail - beaucoup plus - ce qu’il en retourne avec Charlie. Je réalise pas que c’est beaucoup d’information et peut être qu’elle a du mal à suivre. C’est tellement logique pour moi vu que ça fait un moment que je suis au milieu. Sans blague. « Ca finira par s’arranger. » Des mots que j’aime entendre. Je lui fais un petit sourire en guise de remerciement et je préfère changer de sujet parce que je sais très bien ce que je dois faire ou non dans mon cas. Faut juste que je me mette un coup de pied au cul et appliquer le tout au lieu d’être faible.

« Ca te rassurerait que j’partage avec toi un truc pas claire ? » J’hoche la tête assez vivement. Je suis déjà en train de me concentrer afin de lui donner une aide qui sera précieuse je l’espère. « Moi, je fréquente un mec que j’ai rencontré dans un speed dating…. » Ooooooh… Je l’écoute avec toute mon attention, arrêtant même de faire ce que je suis en train de faire. Ca a l’air digne d’un téléfilm. « et là, il m’a annoncé qu’il partait bientôt pour faire un jeu télévisé, genre une course et j’vais me retrouver encore solo quelques semaines. j’sais même pas c’que j’suis censée faire ou penser ! » Je fronce les sourcils en l’entendant parce que effectivement c’est bizarre comme façon de faire. «  y a plus que ce mur à faire. » Elle me fait redescendre sur Terre et je reprends mon oeuvre tout en cogitant à ce que je vais pouvoir lui répondre.

« Il a pas l’air de trop se prendre la tête nan ? Ou c’est moi qui ait cette impression avec la façon dont tu as raconté… » Peut être que je devrais le brancher avec Charlie parce que dans mon couple c’est elle qui se prend pas la tête et moi si. Et vu comme Noa est en train de se poser des questions sur le gars, elle a l’air d’être celle qui réfléchit trop des deux. Et puis y’aurait Noa et moi seul, comme d’hab. Ca doit être un truc de famille de vouloir quelque chose de sérieux alors que la personne avec qui on est n’est pas branché sur la même fréquence. « Vous avez mis des mots sur votre relation déjà ? Un label… » C’est important ça. Mais vu ce qu’elle m’a dit je pense déjà avoir la réponse. « Il t’a fait des promesses ? Désolé je suis en mode interrogatoire. » Je ris un peu mais j’ai besoin de plus d’information si je veux aider comme il se doit. « Et… T’es amoureuse ? » La question la plus importante en fait. Pour moi. Ca change plein de chose ce détail qui est beaucoup.