Juin 2017. Elizabeth devait se rendre à Los Angeles pour un déplacement professionnel. Elle devait se rendre sur un studio pour aller voir le tournage du pilot d’une émission afin d’évaluer si la qualité était suffisante pour l’acheter pour la ABC.
Examiner un show n’était pas évident. Il fallait prêter attention à tous les détails. Surtout que quand ils savaient qu’ils étaient observés, l’équipe tentait de présenter la parfaite petite famille soudée. C’est pour cette raison qu’Elizabeth aimait débarquer en prévenant seulement la veille. Cela permettait de voir aussi le niveau de communication dans l’équipe : est-ce que tout le monde allait être prévenu ? Est-ce que seulement certains le sauraient et si oui, qui ? Un bon fonctionnement était souvent la clé de la réussite pour une émission.
Elizabeth arriva au studio. Elle indiqua son nom à l’entrée et on lui offrit un pass pour qu’elle puisse se déplacer facilement. La journée passa à vitesse grand V. Elizabeth avait pu voir tout ce qu’elle voulait. Il ne lui restait plus qu’à prendre une décision et la transmettre dans les prochains jours. Elle salua quelques personnes pour les remercier de leur accueil. Après avoir terminé, elle rassembla ses affaires. Il était temps de souffler un peu. Un bon restau avec un verre de whisky de qualité ferait l’affaire. Mais lorsqu’elle se dirigea vers la sortie, elle entendit des voix. Deux personnes semblaient se disputer et le ton montait…Elizabeth n’était pas du genre à se mêler des affaires des autres mais sur le moment, elle eut comme un pressentiment. Son instinct la poussait à aller voir ce qu’il s’y passait. Elle suivit donc le bourdonnement du désaccord qui la mena à un plateau et observa deux jeunes femmes. L’une était blonde et mince, l’autre était plus en chair avec un air de latino. Elizabeth n’arrivait pas à bien entendre leurs propos bien qu’elles parlaient de plus en plus fort. Il y avait aussi beaucoup de gestes avec les mains qui détournaient son attention des paroles car Elizabeth essayait d’analyser si elles allaient en venir aux mains...Mais non, la dynamique et explosive brune tenta d’embrasser la belle blonde qui la repoussa. C’était donc clairement une querelle d’amoureuses. Elizabeth s’apprêtait à tourner les talons mais une curiosité malsaine la poussa à rester regarder un peu plus longtemps. Comment est-ce que cela allait finir ? Rupture ou réconciliation ? Elizabeth essaya de s’imaginer les différents scénarios qui auraient pu amener cette scène et les issues possibles.
« Non, j’en ai marre, c’est fini »
La jeune femme blonde ne prit pas de pincettes et la miss latino s’éloigna en pleurant. L'inconnue blonde se retrouvait désormais seule mais la mine sur son visage n'était guère joyeuse...Elizabeth ne voulait pas s’introduire dans la vie privée de cette femme mais elle ne pouvait pas tourner le dos et profiter de sa soirée en la laissant ainsi…A la ABC, beaucoup pensait qu’Elizabeth avait un cœur de pierre et était impitoyable mais ce n’était pas du tout le cas. Elle était certes rigoureuse et exigeante mais elle n’était pas un robot et elle ressentait de la compassion. Et cette situation en était la démonstration. Il fallait qu’elle vérifie que cette jeune femme irait bien après cette dispute et ne tenterait pas de faire quelque chose de stupide…
« Excusez-moi, je ne veux pas vous déranger mais est-ce que tout va bien ? »
Elle s’approcha tout doucement afin de voir comment la jeune femme allait réagir.
Dernière édition par Elizabeth Warren le Dim 21 Juin 2020 - 16:07, édité 1 fois
Heather n’aurait jamais dû draguer une fille de l’équipe technique, elle le savait pourtant que ce n’était pas une bonne idée mais la jeune femme n’avait pas pu résister. Surtout que à la base elle devait apparaitre dans un petit rôle pour deux épisodes, par chance ils avaient renouvellé son contrat pour que son personnage apparaisse 4 épisodes de plus. Si elle était heureuse de cette décision car cela lui changeait des films romantiques auquels elle était abonnée maintenant, elle se retrouvait avec un autre problème sur le bras. En effet l’actrice c’était un peu amusée avec une jeune femme de l’équipe de décoration et maintenant celle-ci ne voulait plus la lâcher. Pourquoi elles ne comprenaient jamais qu’Heather voulait simplement s’amuser et ne chercher rien de sérieux. Surtout que la jeune femme avait failli griller le fait qu’Heather était lesbienne en essayant de l’embrasser quand elle l’avait vu dans la matinée. A son plus grand malheur la blonde était obligée de cacher sa sexualité, son agent avait réussi à la convaincre de ne rien dire. Il avait réussi à la convaincre qu’en ce moment elle avait pas mal de possibilités de films et que si elle déclarait qu’elle était lesbienne, sa carrière allait en prendre un coup. Evidemment aux yeux d’Heather son travail était la chose la plus importante dans sa vie et elle ne laisserait rien se mettre en travers de son succès même si cela voulait dire qu’il fallait qu’elle cache une partie d’elle-même. Du coup la jeune femme essayait normalement d’être prudente, elle sortait avec des jeunes femmes qu’elle recontrait dans des bars et qui n’avait aucune idée de qui elle était, sans jamais les revoir ensuite. Ou à la limite des personnes qui étaient comme elle dans le placard et dont leur aventure d’une nuit n’avait aucune intérêt pour elle aussi de sortir. Jusqu’à présent cette métode avait toujours fonctionnait sauf une fois mais John avait réussit à étouffer l’affaire avant que son ex conquète ne parle. Cette fois Heather avait été imprudente, elle n’aurait jamais dû coucher avec elle de base et encore moins plusieurs fois. Elle avait pensé que la jeune femme saurait se tenir et aurait compris qu’il n’y avait rien de sérieux. Cependant ce n’était pas le cas au contraire elle pensait qu’elles étaient en couple, il allait donc falloir qu’elle mette un terme à toute cette histoire avant que cela ne dégénère.
Après l’avoir croisé une nouvelle fois dans l’après-midi, Heather lui demanda de la rejoindre en fin de journée après le boulot pour qu’elles puissent discuter juste toutes les deux. La belle avait pensé que cette demanda aurait mis la puce à l’oreille de son amante mais lorsqu’elles se retrouvèrent ensuite, la demoiselle essaya de l’embrasser pour la saluer. Voyant que la méthode douce n’allait visiblement pas marcher car la brune ne comprenait pas les messages subliminaux d’Heather, celle-ci perdit patience et décida qu’il était temps de ne plus faire dans la dentelle. Sans passer par 4 chemins elle expliqua à Rosa que c’était fini entre elles, qu’il n’y avait jamais rien eu et qu’il fallait qu’elle arrête de se faire des films. La blonde dû se retenir de rouler des yeux quand elle vit les larmes monter chez la jeune femme, qui eut enfin l’air de comprendre la situation. Franchement comment n’avait-elle pas pu comprendre jusqu’à présent ? La demoiselle parti en courant les larmes aux yeux et l’actrice ne tenta pas de la retenir ou de lui courir après se disant que c’était la meilleure solution. Malheureusement au moment où elle allait reprendre son chemin pour rentrer chez elle, elle entendit une voix féminine derrière elle l’interpeler pour lui demander si tout allait bien. La panique monta en elle pendant un instant. Elle se retourna et la regarda paniqué se demandant de qui il s’agissait, au premier regard elle ne l’a reconnu pas. Qui était cette femme et pourquoi est ce qu’elle était là, à cette heure-ci ? Et surtout qu’est ce qu’elle avait vu ? Si elle lui posait cette question c’est qu’elle avait du voir sa dispute avec Rosa… et si elle les avait vu presque s’embrasser. Non non elle ne pouvait pas être grillée aussi bêtement, John allait la tuer. De manière un peu paniquait et anxieuse elle prit la parole.
- Euh oui oui tout va bien… Vous avez tout n’est ce pas ?
« Euh oui oui tout va bien… Vous avez tout n’est ce pas ? »
La jeune femme blonde semblait paniquer. Etait-elle inquiète de ce qu’Elizabeth avait pu voir ? Soit il s’agissait d’une histoire d’amour interdite, soit l’une des deux femmes, voire les deux, n’avaient pas mis au grand jour leur homosexualité ou bisexualité…Dans tous les cas, ça promettait une situation embarrassante.
Elizabeth se sentait concernée par toutes les questions autour de la sexualité. Elle n’avait jamais réellement compris pourquoi. Si les parents Warren avaient quelques difficultés avec les différentes origines socioculturelles, en revanche ils étaient beaucoup plus tolérants envers les personnes qui s’interrogeaient sur leur sexualité. Elizabeth n’avait jamais pu identifier la raison de cette différence, sans doute y avait-il une histoire de famille cachée en dessous, mais le fait est qu’elle avait pu développer un rapport sain avec les homosexuels et les bisexuels. De plus, Elizabeth avait toujours cette tendance pseudo-maternelle à vouloir protéger les jeunes femmes qui semblaient perdues. Sans doute projetait-elle sur celles-ci sa propre jeune sœur Scarlett, qu’avec toutes ces multiples tentatives elle n’arrivait pas à aider.
« Je ne sais pas si on peut dire tout mais une bonne partie sans doute »
Elizabeth interpréta la question de la jeune femme comme une invitation à interagir ensemble. Elle décida donc de se rapprocher d’elle.
« N’ayez aucune inquiétude, je suis une personne très discrète. Si ce que j’ai vu est censé être tenu secret, alors cela le sera avec moi »
On pouvait critiquer beaucoup de comportements chez Elizabeth. Son côté froid, calculateur, sa ténacité, sa rigueur, son autorité…mais certainement pas sa fidélité. Elizabeth était quelqu’un sur qui on pouvait compter concernant la protection de données. Elle avait l’habitude de mener des négociations en toute discrétion et avec tact. Mais cette jeune femme blonde n’était pas obligée de la croire sur parole et Elizabeth pouvait tout à fait comprendre son angoisse.
« Si vous ne me croyez pas, vous pouvez vous fier au fait que je ne suis pas d’ici. Je viens d’Australie et je repars bien assez vite. Cela ne me laisserait pas le temps de faire du dégât même si je le souhaitais, ce qui n’est pas le cas. »
Elizabeth espérait trouver les bons mots pour rassurer son interlocutrice. Elle n’avait pas envie de la mettre davantage mal à l’aise. Elle attrapa dans son sac son passeport pour montrer son tampon afin d’apporter une preuve concrète à son propos. Elle cacha cependant son identité. Elizabeth était tout de même sur ses gardes. Elle avait une méfiance naturelle, elle n’aimait pas divulguer son identité facilement par rapport à son poste haut placé. Surtout que dans les studios, il y avait de grandes chances qu’on connaisse son nom…
Oh non elle avait été prise en flagrant délit, Heather n’avait aucune idée de quoi faire. Et puis elle avait beau regarder la brune devant elle, elle n’avait aucune idée de qui cela pouvait être. Elle était certaine de ne l’avoir jamais croisé dans le coin. Dans un certain sens cela l’a soulage comme ça l’effrayé encore plus. Si c’était une journaliste venu faire une interview et qu’elle la reconnaissait, ce genre de situation pourrait lui faire gagner beaucoup d’argent et elle lui en faire perdre beaucoup. John allait la tuer, il lui avait toujours dit d’être plus discrète qu’elle ne faisait pas assez attention lorsqu’elle sortait avec une fille. Elle avait toujours pensé qu’il lui racontait des bêtises et qu’elle prenait les mesures nécessaires. Mais actuellement elle avait la preuve que non, pourtant elle était persuadée qu’il n’y aurait dû avoir personne d’autre dans les studios. L’actrice ne pouvait s’empêchait de regarder la jeune femme comme une biche entrain de passer devant une voiture. Pendant un instant elle se prit à espérer qu’elle ne soit arrivé seulement quand l’autre était partie. Après tout partir en pleure aurait pu avoir plein de raisons, une dispute des plus banale seulement. Mais malheureusement elle lui dit qu’elle avait tout entendu. Avant qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, la jeune femme essaya de l’a rassuré en lui expliquant qu’elle ne dirait rien. Mais Heather était trop paniquée d’avoir son secret à découvert actuellement pour réellement la croire. En la voyant s’approcher un petit peu, Heather recula par réflexe même si elle ne pouvait pas aller très loin, étant bien proche d’un mur.
- S’il vous plait vraiment ne dite rien ! Je ne veux pas perdre ma carrière.
Comment pouvait-elle faire confiance à une parfaite inconnue pour garder secrète son orientation sexuelle, qui a ses yeux ressemblaient en permanence à une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. La jeune femme n’était pas du genre à implorer quelque chose aux gens, bien au contraire elle préférait ne pas se laisser marcher sur les pieds. Mais cette partie-là de sa vie était comme la corde sensible qui pouvait la faire craquer à tout moment. La seule chose qui pouvait faire ressortir du manque de confiance en elle. La jeune femme ne pouvait pas perdre sa carrière, c’était la seule chose qu’elle connaissait, elle avait toujours vécue que pour ça depuis l’âge de 5 ans. Cependant la raison pour convaincre Heather que l’autre personne ne lui voulait aucun mal ne la rassura pas du tout, bien au contraire. Elle avait l’air de savoir comment s’y prendre sans aucuns soucis. Heather se dit que peut-être il s’agissait d’une menace sous-entendu et qu’elle devait faire attention.
- Cela ne veut rien dire ! Vous pourriez très bien le faire d’Australie, les dégâts peuvent être fait même de loin. Un coup de fil peut se faire même de l’autre côté du globe. Et vous êtes qui ? C’est la première fois que je vous vois dans le coin. Elle regarda en même temps le passeport que celle-ci lui montra même si à ses yeux qu’elle soit australienne ne la dédouané de rien du tout, après tout elle était connue même là-bas. Disney lui avait apporté de la popularité dans le monde entier alors même les tabloids australienne pourrait accepter les rumeurs à son propos sans soucis. De plus le fait qu’elle cache son nom rendu la chose encore plus suspect, si elle voulait que la blonde lui fasse confiance pourquoi lui cacher son identité.
- Ne pas me montrer votre nom, ne vous rend que plus suspecte !
- S’il vous plait vraiment ne dite rien ! Je ne veux pas perdre ma carrière.
Perdre sa carrière ? Il ne fallut pas bien longtemps à Elizabeth pour assembler les pièces du puzzle après cette réplique. Ainsi donc cette jeune femme cachait sa sexualité…Mais pourquoi cela restait une question en suspens.
Elizabeth avait amené son argument de vivre à l’étranger.
- Cela ne veut rien dire ! Vous pourriez très bien le faire d’Australie, les dégâts peuvent être fait même de loin. Un coup de fil peut se faire même de l’autre côté du globe. Et vous êtes qui ? C’est la première fois que je vous vois dans le coin.
Cette jeune femme était peut-être sous le choc mais elle avait décidément toute sa tête. C’était très bien pensé de sa part que les tabloïds n’avaient pas besoin d’être américains pour faire des dégâts. Elizabeth s’en voulut même que cette possibilité ne l’ait pas effleurée, elle se sentit touchée dans son ego. Mais qu’importe, cela partait d’une bonne intention après tout, elle avait juste voulu rassurer la jeune blonde.
- Ne pas me montrer votre nom, ne vous rend que plus suspecte !
Elizabeth était partagée entre révéler son identité pour apaiser la jeune femme et conserver son grade secret. La jolie blonde ne semblait pas être du genre à profiter des gens, elle avait l'air d'avoir son petit caractère, mais Elizabeth avait tellement eu de déceptions, des personnes qui avaient voulu profiter de son statut, qu’elle ne savait plus réellement si elle pouvait se fier à son instinct.
« Ecoutez, je vais être franche avec vous, je ne suis pas n’importe qui. Et je n’ai pas envie de crier mon nom sur les toits ici car les personnes pourraient rapidement me demander plusieurs faveurs et je ne suis pas vraiment d’humeur à en accorder. Donc je vous propose un deal. Je vous donne mon nom et ma parole que votre secret restera votre et mien mais c’est tout ce que je vous donnerais. La balle est dans votre camp, à vous de décider »
La franchise d’Elizabeth était toujours aussi frappante. Elle n’avait jamais peur de dire clairement ce qu’elle pense. Ce qu’elle ressent, c’était une tout autre histoire mais les paroles illustrant ses idées étaient toujours claires comme de l’eau de roche.
Elizabeth regarda droit dans les yeux la jeune femme blonde. Elle avait l’air de peser le pour et le contre intérieurement. Et on pouvait tout à fait comprendre cette attitude. Après tout, elle ne connaissait Elizabeth ni d’Adam ni d’Eve. Faire confiance à une inconnue n’était pas chose aisée…mais malheureusement, elle n’avait pas vraiment le choix. Que ferait-elle sinon ? Menacer Elizabeth ? Elle ne connaissait ni son nom, ni son adresse. La soudoyer peut-être ? Elizabeth ne pouvait pas s’imaginer ce qui se passait dans sa tête étant donné qu’elle n’avait jamais vécu de situation similaire. Et quant à accorder sa confiance, elle ne l’avait fait que tellement peu de fois dans sa vie…et elle avait été bien souvent déçue, mais surtout concernant les hommes. Il est vrai que sur le versant amical, Elizabeth n’était clairement pas à plaindre. Elle avait un entourage restreint mais solide.
Heather avait beau réfléchir elle n’arrivait décidemment pas à mettre un nom sur le visage de la jeune femme en face d’elle. Franchement c’était bien sa veine, il y’avait des journées comme ça où on se disait qu’on aurait mieux fait de rester coucher. Si elle avait beau être paniquée, l’actrice n’était pas idiote pour autant bien au contraire. Elle ne comprenait pas ce qu’elle essayait de lui dire en lui expliquant qu’elle n’était pas d’ici et cela au contraire rendait la blonde encore plus inquiète. La brune avait l’air de vouloir la rassurer mais ne rien dire même pas son prénom était étrange. Elle avait vu la blonde dans une situation des plus handicapantes pour elle, elle lui devait bien ça. A moins qu’elle garde son anonymat pour faire des dégats et qu’Heather n’est aucune idée d’où viendrait les rumeurs ensuite. Heather poussa un petit cri offusqué quand elle lui sorti l’excuse de ne pas donner son prénom de peur qu’elle lui demande une faveur. Pour qui elle se prenait celle-là ? Si elle était si connue que ça, la blonde l’aurait reconnu sans le moindre soucis et ne bataillerait pas pour savoir qui avait entre ses mains sa carrière en ce moment.
- Parce que vous croyez que je suis n’importe qui aussi ? Que si j’étais la costumière du coin je serais emmerdée par ce qu’il vient de se passer ? Puis je pense pas avoir à demander une faveur à une personne qui est si importante que je ne l’a reconnais pas en tombant nez à nez dessus. Ma carrière s’en sort très bien pour le moment. Franchement Heather hallucinait totalement, son ego avait été piqué. Certes Heather n’avait pas encore une filmographie énormissime et n’avait pas gagné d’oscar. Mais elle pouvait dire qu’elle avait tout de même gagné des récompenses et que son nombre des followers sur les réseaux sociaux montrait bien qu’elle n’était pas la petite actrice du coin qui avait joué dans un pauvre film indé. Mais dans son énervement Heather tenta de se calmer. Si elle laissait la colère parler en premier c’est parce qu’elle était effrayée. Elle ne voulait pas être un échec, elle ne voulait pas après tout ce qu’elle avait vécue pour arriver au stade où elle était tout perdre. La jeune femme prit une grande respiraiton pour se calmer. La demoiselle avait vraiment l’air de vouloir la calmer et puis une partie d’Heather était curieuse. Est-ce qu’elle était si importante à devoir marchander son anonymat contre son secret ? Parce que l’actrice était réellement la personne en position de faiblesse entre les deux et l’autre avait l’air de vouloir prendre un risque en échange.
- Désolée c’est juste que c’est un sujet sensible pour moi. Mais ok pour le deal je vous demanderais rien échange si vous gardez mon secret. Vous avez l’air de tenir à votre carrière aussi, vous comprenez ce que c’est.
Bon elle ne connaissait pas du tout la jeune femme en face d’elle mais au vue de ce qu’elle disait, la brune avait l’air comme elle de tenir à sa carrière professionnelle. Peut-être qu’elle lui ferait tomber sa garde ou pas, l’important c’était qu’elle ne dise rien.
Elizabeth n’écouta que d’une oreille la crise people « je suis une personne connue » de la jeune femme. Ah les acteurs…ils pensaient tous qu’il fallait avoir un visage reconnu pour évaluer une notoriété. Cette jeune femme ne manquait cependant pas de caractère. Et d’ego. Si elle était si célèbre que cela, Elizabeth la connaîtrait très certainement étant donné qu’elle se devait de jeter un coup d'œil aux étoiles montantes. Mais elle se gardait bien de le dire. La chasse au trésor des futures pépites de la télé n'était d'ailleurs pas sa partie préférée. Il fallait souvent qu'elle regarde des navets, sans forcément éprouver de plaisir face aux films, séries ou télé-réalités en question. Heureusement, avec l'expérience et son instinct hors pair, Elizabeth arrivait toujours à très bien s'en sortir.
Quand elle allait entendre son nom, la pauvre allait sûrement se sentir très gênée. Si seulement elle savait qu’une personne comme Elizabeth pouvait faire décoller sa carrière en un claquement de doigts. Mais c’est exactement ce qu’avait toujours souhaité Elizabeth, être connue sans que l’on sache pour autant à quoi elle ressemble. La vie de paillettes et de gloire n’était pas pour elle. Elle préférait pouvoir mener sa vie calmement. Elle admirait d’ailleurs les acteurs qui devaient vivre avec les paparazzis aux fesses toute la journée et leur photo publiée sur tous les magazines possibles avec des titres plus racoleurs les uns que les autres. Surtout quand on savait le nombre de mensonges qui étaient déblatérés…Non, une vie plus calme c’était bien. En tous cas pour Elizabeth.
- Désolée c’est juste que c’est un sujet sensible pour moi. Mais ok pour le deal je vous demanderais rien échange si vous gardez mon secret. Vous avez l’air de tenir à votre carrière aussi, vous comprenez ce que c’est.
C’est certain qu’Elizabeth pouvait tout à fait comprendre l’inquiétude de la jeune femme. Des acteurs qui redoutaient que leur popularité soit ternie elle en voyait tous les jours. La crainte de voir tous ces efforts ensevelis du jour au lendemain ne devait pas être facile à affronter, on pouvait tout à fait comprendre que l’affolement prenne le dessus sur la raison ou le calme. Ce qui desservait encore plus les personnes dans des situations délicates.
Cependant, Elizabeth apprécia les excuses de la belle blonde. Elle voulait bien être compréhensive mais elle n’avait clairement pas l’habitude qu’on lui parle sur ce ton…
« J’apprécie vos excuses. Et un deal est un deal. Je suis Elizabeth Warren »
Elizabeth attendit de lire la réaction sur le visage de la jeune femme. Mais pour l’instant, il semblait figé…Elle était probablement en train de réaliser qui elle avait en face d’elle. Si elle était l’actrice qu’elle prétendait être, il était impossible qu’elle ne connaisse pas ce nom de Warren. Et Elizabeth en était plutôt fière d’ailleurs. Elle avait travaillé d’arrache-pied pour en arriver là où elle en était. Elle avait la satisfaction de se dire qu’elle pouvait incarnée un modèle pour toutes ces femmes qui espéraient pouvoir briller dans un monde professionnel dominé par les hommes. C’était difficile, mais pas impossible (c’est d’ailleurs l’un des mantras de notre belle brune). Bon, en l'occurrence, cette jeune femme n'admirerait peut-être pas son parcours mais en tous cas il était certain que de découvrir qui elle est allait lui provoquer une réaction et Elizabeth avait hâte de la découvrir. Même si dans 80% des cas, les gens trouvaient un moyen de demander une faveur. Cependant dans ce cas, la jeune femme avait promis de ne rien demander. Allait-elle tenir son engagement ? Allait-elle se plier en quatre pour tenter de rattraper sa bourde ? Elizabeth était lasse de ces personnes qui voulaient à tout prix la satisfaire. Pour une fois, elle aimerait qu'on la considère comme un être humain, qu'on s'adresse à elle normalement, sans forcément vouloir réaliser tous ses moindres désirs et qu'on essaye de se mettre à sa place et de comprendre sa lassitude de ces comportements de zombies qui la collaient toute la journée.
Si habituellement Heather aurait dû plus se vexer au fait qu’une inconnue lui parle sur un ton comme si elle était une personne totalement lambda et qu’en plus osait lui dire qu’elle était plus qu’elle. Heather serait rentrée encore plus dans le tas pour lui demander pour qui elle se prenait ou encore lui rappeler qu’elle n’était pas la petite vendeuse de café du coin. Elle ne supportait pas qu’on la prenne de haut et qu’on ose sous-entendre qu’elle n’était qu’une petite actrice parmi tant d’autres. Si l’actrice avait bien un défaut c’était son orgueil parfois mal placé, depuis son plus jeune âge, elle avait toujours décroché des auditions ce qui lui avait mis la confiance. Et puis elle avait bossé chez Disney Channel pendant quelques années et fait rêver plus qu’un seul enfant dans le monde, même encore aujourd’hui. Cet égo lui avait parfois valu de nombreux soucis car la jeune femme refusait qu’on lui marche sur les pieds. La plupart du temps elle se prenait des remontrances de son agent mais elle ne voyait pas le souci car contrairement à certain, elle ne faisait pas de drama sur le lieu de travail mais dans sa vie privée. Mais même si Heather voulait toujours faire l’autruche, elle savait très bien que ses agissements dans la vie privée pouvait impacter sa carrière. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle paniquait énormément en voyant que la brune l’avait surprise. Elle sentait son cœur battre à toute vitesse, elle avait l’impression de faire une crise de panique et le fait que la jeune femme en face d’elle souhaite préserver son anonymat ne l’a calma pas du tout. Après s’être énervé Heather finit par s’excuser et accepter le deal parfois il fallait faire preuve de concession et la blonde était fatiguée. Lorsqu’Elizabeth lui révéla son identité, l’actrice la regarda curieusement. Ce nom devait lui dire quelque chose ? C’était une actrice ? Une productrice ? Elle prit le temps de réfléchir un instant vu que la brune lui avait dit qu’elle était vraiment ssiii importante mais cela ne lui sonnait aucune cloche.
- Votre nom ne me dit rien du tout. C’est mon agent qui gère tout ce qui peut être administratif. Si Heather avait été de meilleure humeur elle aurait surement rigolé au bide qu’avait fait sa révélation. Peut-être que c’était une autre agent mais en tout cas elle s’en fichait et c’était le cadet de ses soucis. Tant que ce n’était pas une paparrazzi, la jeune femme en face d’elle aurait pu être de la royauté qu’elle n’en n’aurait eu que faire. Mais entre avoir dû gérer l’autre demoiselle qui avait été persuadé qu’elles étaient un couple et savoir que maintenant sa carrière était entre les mains d’une inconnue, ses nerfs avaient fini par lâcher.
- Je suis encore désolée d’avoir suréagit tout à l’heure. J’ai tendance à vite me déchainer quand je sens une situation m’échapper. Mon agent dit souvent que je suis une tempête et qu’il faudrait que je me transforme en bonace, mais je n’y arrive pas toujours. Elle soupira tristement, ce sujet était tellement sensible à ses yeux. Il touchait une corde sensible qui était toujours sur le point de se briser. Depuis quelques temps elle avait envie de tout avouer, de ne plus se cacher mais elle ne pouvait pas et la peur de dire la vérité lui rappelait toujours de très mauvais souvenir.
- Mon agent m’a toujours dit de cacher mon homosexualité pour ne pas gacher ma carrière et puis à chaque fois que j’y pense j’ai de mauvais souvenir qui ressorte. J’ai l’impression que si le public apprend que je suis lesbienne, ils vont réagir comme ma famille lorsqu’ils l’ont appris. Vous savez les clichés de ses familles qui rejetent leur enfant ? J’aurais presque aimé que ce soit ça. Mon père m’a frappé la première fois qu’il l’a appris en me disant que je n’étais qu’une monstruosité de la nature et j’osais leur gâcher la vie après ce qu’ils avaient fait pour moi. Vous voyez la cicatrice sous mon menton ? Ça vient de ce jour-là… Il m’a frappé que je me suis ensuite cognée contre le rebord d’une table. Du coup j’angoisse à chaque fois à l’idée de que les gens réagiront de manière aussi violente le jour où ça se saura et que ma carrière sera fichu.
Elle finit par se taire avec les larmes aux yeux, elle n’avait jamais raconté ce genre de chose, très peu de monde le savait. Mais elle avait eu tellement peur, la blonde voulait que Elizabeth comprenne pourquoi elle ne pouvait rien dire.
- Je suis vraiment désolée, je ne sais pas pourquoi je vous ai raconté tout ça, je ne l’ai jamais raconté à personne…
- Votre nom ne me dit rien du tout. C’est mon agent qui gère tout ce qui peut être administratif.
Elizabeth fut très surprise que la jeune femme ne connaisse pas son nom. Peut-être que son agent gérait une part trop importante de son ascension dans le métier et qu’effectivement cette jeune femme n’était pas tenue au courant des noms qu’il fallait avoir dans son sac en cas. Mais si dans un premier temps, Elizabeth fut légèrement vexée de ce manque de reconnaissance, elle laissa rapidement son ego de côté et changea sa position en soulagement. Cela lui faisait du bien qu’on ne la connaisse pas pour une fois !
- Je suis encore désolée d’avoir suréagit tout à l’heure. J’ai tendance à vite me déchainer quand je sens une situation m’échapper. Mon agent dit souvent que je suis une tempête et qu’il faudrait que je me transforme en bonace, mais je n’y arrive pas toujours.
Elizabeth avait de la peine pour la femme blonde. Elle avait connu aussi cette époque où ses émotions la submergeaient et où elle pouvait éclater sur son interlocuteur. Cependant, elle avait rapidement appris à prendre le dessus.
« Ce qu'on a fait est fait et ne peut se défaire. Nous devrions passer à autre chose plutôt que de ressasser votre réaction. Et puis franchement, je peux tout à fait comprendre. » et elle rajouta « Vous savez, je n’ai pas toujours été aussi calme qu’aujourd’hui. Le tempérament se tasse avec les années. Gardez espoir que vous arriverez à vous calmer dans le futur. On ne change pas qui on est en un claquement de doigts mais avoir du caractère n’est pas forcément une mauvaise chose. Ca montre bien que vous ne vous laissez pas marcher sur les pieds. »
La jeune femme soupira tristement. Apparemment, elle en avait gros sur le cœur. Elle se lança dans une confession touchante et révoltante sur le moment où elle avait levé le voile à sa famille sur son homosexualité. Comment pouvait-on traiter son enfant ainsi ? La pauvre gardait à jamais graver sur elle la marque du rejet de sa propre famille. Elizabeth était horrifiée.
- Je suis vraiment désolée, je ne sais pas pourquoi je vous ai raconté tout ça, je ne l’ai jamais raconté à personne…
La blonde semblait être perdue, ne sachant plus où se mettre. Elizabeth tenta d’apaiser la situation. Faire une confession semblait être une bonne solution de libérer ne serait-ce qu’un petit peu la jeune femme de ses pensées noires.
« Je ne l’ai jamais dit à personne non plus mais j’ai eu une aventure avec une femme une fois quand j’étais à l’université. Je m’étais toujours demandé ce que ça faisait d’être avec une femme. Les relations avec les hommes ne m’avaient franchement pas réussi sur un plan amoureux. Et j’ai rencontré une femme avec laquelle je me sentais si bien. Tout était naturel entre nous et elle était très belle. Je la jalousais même secrètement de son physique. Un soir, nous avions bu quelques verres et nous nous sommes lancées dans des confessions. J’ai admis avoir été attirée par elle et elle aussi. Puis il y a eu ce moment de silence où nos regards sont restés bloqués, se noyant l’un dans l’autre. Et nous n’avons pas vraiment réfléchi, ni discuté, nous sommes dirigées l’une vers l’autre et avons tenté de partager un moment agréable. Je dis bien tenter car finalement le résultat n’était pas concluant. Beaucoup de maladresse, de gêne et puis j’ai surtout réalisé à ce moment-là que j’aimais les hommes même si eux ne m’aimaient pas toujours en retour ».
Elizabeth repensa à cette anecdote. Elle ne l’avait vraiment jamais mentionné à qui que ce soit. Non pas qu’elle en avait honte mais plutôt parce qu’elle n’avait jamais trouvé utile de partager cette information.
« Beaucoup de personnes n’en disent rien mais tout le monde s’est questionné à un moment ou à un autre sur sa sexualité. Et quand la réponse ne correspond pas à la norme, ce n’est pas si évident que ça à gérer. Car même si la vision de la société s’améliore, il y a encore beaucoup de travail à faire. Ne culpabilisez pas de vouloir encore vous cacher. Ce n’est pas facile de s’afficher tel que nous sommes. »
Elizabeth repensa aux mots prononcés par la famille de la blonde...Ca lui brisait le coeur de s'imaginer que cette jeune femme pleine de vie avait pu se faire retirer la lumière de ses yeux en un éclair.
« Vous êtes loin d’être une monstruosité. Vous êtes une très belle jeune femme dynamique et persévérante et je suis sûre que vous réussirez à trouver votre équilibre. Parfois quand les émotions sont intenses, les mots dépassent notre pensée. Votre famille a été maladroite, ne restez pas accrocher à ces vilains mots. »
En vrai Heather ne savait pas si ce nom ne lui disait réellement rien ou pas, à première vue cela ne lui disait rien du tout. Vu son accent il été clair qu’elle n’était pas américaine, elle devait peut-être être importante dans un autre pays qu’ici. Parce que même si Los Angeles étaient hétéroclite comme ville, l’actrice avait quand même tendance à savoir dans les petits papiers de qui il fallait être pour réussir. Si elle lui disait ce qu’elle faisait dans la vie, une ampoule aurait pu s’allumer dans sa tête pour deviner et qu’elle se dise « ah mince je suis trop bête » mais elle n’était clairement pas en état de chercher à quoi son nom de famille faisait référence dans le milieu. Sa peur avait vraiment pris le dessus laissant ses émotions prendre le dessus encore une fois. Depuis toujours Heather avait laissé ses sentiments prendre le dessus ce qui lui avait beaucoup de soucis auprès de sa famille quand elle était jeune. Lorsqu’elle était allée vivre chez son agent, elle s’était promis de ne plus se laissé faire comme quand elle était avec eux. Mais quand la peur prenait le dessus surtout à ce sujet, la blonde avait l’impression de redevenir la jeune fille apeurait qu’elle était avant. Heureusement Elizabeth sembla accepter ses excuses.
- Merci c’est gentil de votre part, on m’a toujours dit de me calmer mais je crois que ça provoque en moi l’effet inverse. Elle lâcha un petit rire. J’aime avoir du caractère mais on m’a souvent dit que ça me jouerait un tour en tant qu’actrice de dire trop ce que je pense.
Les mots de sa mère raisonnaient encore en elle-même des années après à ne plus la côtoyer. A force d’avoir tous ses souvenirs qui lui remontaient d’un coup, Heather finit par se livrer à une parfaite inconnue. Surtout qu’est ce qu’elle cherchait ? A faire culpabiliser la brune pour être certaine qu’elle ne dise rien ? Heather aurait aimé dire que c’était pour ça mais ce n’était même pas vrai. Elle était à bout encore une fois de devoir se cacher, de tenir secret qui elle était réellement. Evidemment la chose qui lui importait le plus dans sa vie était sa carrière, sinon elle n’aurait pas fait tous les sacrifices qu’elle avait faits jusqu’à présent. Mais des fois ce choix lui pesait et elle arrivait à nouveau dans un moment où elle trouvait injuste de ne pas pouvoir être elle-même. L’actrice écouta le récit d’Elizabeth avec la plus grande attention, pendant un instant elle crut qu’elle allait lui dire qu’elle aussi n’était pas hétéro mais ce n’était pas le cas. Heather avait pendant longtemps souhaitait être comme la brune, que ce soit une simple phase ou une expérience et qu’elle se rende compte qu’elle aimait les hommes. Mais ça n’avait jamais été le cas, quand elle regardait un homme il l’a laissait totalement de marbre et au contraire finissait par l’agacer si il lui faisait des avances.
- Oui j’ai souvent l’impression que le monde évolue et qu’un jour, je pourrais le dire sans la peur que ça affecte le reste de ma carrière. Mais à chaque fois je redescends sur Terre en voyant certain évènement et j’ai juste l’impression que la société porte un masque d’acceptations alors que c’est le contraire.
Heather ne pouvait s’empêcher de sourire en écoutant les compliments qui lui tombaient dessus, elle avait presque les larmes aux yeux. Trop d’émotions en même temps, qu’elle avait envie d’entendre mais qui sortait de la bouche d’une personne qu’elle ne connaissait pas. Elle rigola intérieurement en l’écoutant lui dire que ses parents avaient été maladroits car c’était totalement faux. Mais la jeune femme ne pouvait pas le savoir et la blonde n’avait pas envie de continuer à parler d’eux.
- Merci beaucoup mais parfois c’est difficile de se rappeler que ce n’est pas le cas. Je vous remercie encore de ne rien dire. Je peux savoir par curiosité pourquoi vous êtes ici ? C’est la première fois que je vous vois dans le coin.
- Merci c’est gentil de votre part, on m’a toujours dit de me calmer mais je crois que ça provoque en moi l’effet inverse. Elle lâcha un petit rire. J’aime avoir du caractère mais on m’a souvent dit que ça me jouerait un tour en tant qu’actrice de dire trop ce que je pense.
Pouvait-on blâmer cette jeune femme ? Il y avait beaucoup de personnes qui s’énervaient davantage quand on leur disait de se calmer. Elizabeth avait depuis bien longtemps pris le contrôle des émotions, beaucoup trop même, mais cela ne veut pas dire qu’elles n’existaient pas. Au contraire, c’était un volcan qui se remplissait en elle et ne demandait qu’à exploser. Et le jour où ça sortirait, ça ferait mal. Très mal. Quelque part, elle enviait même parfois les gens qui arrivaient à se lâcher. Elle n’avait pas fait ça depuis tellement longtemps.
- Oui j’ai souvent l’impression que le monde évolue et qu’un jour, je pourrais le dire sans la peur que ça affecte le reste de ma carrière. Mais à chaque fois je redescends sur Terre en voyant certain événement et j’ai juste l’impression que la société porte un masque d’acceptations alors que c’est le contraire.
Elizabeth avait de la peine pour la jolie blonde. Elle ne pouvait nier qu’il y avait une part de vérité dans ce qu’elle disait. La société évoluait mais l’hypocrisie battait son plein concernant le sujet de l’homosexualité. Sans compter le fait, qu’effectivement, c’était compliqué dans le domaine du cinéma et de la télévision…Les tabloïds s'en réjouissaient et s'en remplissaient les poches. Parfois, la nouvelle s'estompait rapidement mais ce n'était pas le cas à tous les coups.
« Il faut savoir être patient et bien s’entourer. Le moment viendra où ce sera votre tour de vous révéler au monde telle que vous êtes. C'est-à-dire une belle femme indépendante et épanouie dans sa sexualité. C’est effectivement une prise de risque qu’il faut mesurer dans votre métier mais ce n’est pas impossible »
Elizabeth le savait bien, elle avait déjà été confrontée à cette situation plus d’une fois dans son travail. Elle admirait le courage de ces acteurs qui montraient leur vrai visage, arrêtaient les mensonges. Elle les soutenait toujours au maximum qu’elle pouvait de part sa position. Mais parfois ça ne suffisait pas pour sauver leur carrière. Dans ce milieu, le talent ne fait pas tout. Les stratégies médiatiques sont au coeur de la réussite, même si on pouvait complètement déplorer cette pratique.
- Merci beaucoup mais parfois c’est difficile de se rappeler que ce n’est pas le cas. Je vous remercie encore de ne rien dire. Je peux savoir par curiosité pourquoi vous êtes ici ? C’est la première fois que je vous vois dans le coin.
Elizabeth espérait arriver à apporter un peu de réconfort à la jeune actrice. Il fallait absolument qu’elle ne perde pas la foi, sinon c’était la chute inévitable dans ce milieu. Et elle semblait avoir beaucoup de potentiel en elle.
« Votre secret sera bien garder avec moi. Je comprends totalement que ce soit difficile à vivre. Accrochez vous et vous verrez le bout du tunnel »
La jeune femme avait révélé des éléments intimes et importants sur elle qui avait rassuré Elizabeth sur ses intentions. Elle ne voyait plus de raison de retenir des informations à son égard.
« Je suis directrice de la programmation à la ABC au Queensland, en Australie. D'où mon accent...Je suis venue faire du repérage concernant une émission potentielle à acheter. »
Elizabeth se déplaçait régulièrement pour des repérages, des réunions, des rencontres avec des investisseurs. Et c'était d'ailleurs une partie qu'elle appréciait beaucoup dans son travail. Cela lui permettait de souffler un peu de son quotidien très prenant.
Savoir bien s’entourer, c’était à la fois le meilleur conseil et le plus difficile à réaliser. Des fois on avait l’impression que les gens étaient là pour nous et qu’on pouvait leur faire confiance mais c’était tout l’inverse. Elle se rappellerait toujours du jour où une de ses meilleures amies l’avaient trahis, c’était à l’époque de sa série Disney. Heather avait toujours eu très peu d’amis à l’époque, quand elle allait au lycée, elle évitait la plupart du temps les autres élèves. Elle savait que cela lui avait fait lancé le début des rumeurs où on disait qu’elle ne se prenait pas pour de la merde mais la blonde faisait ça car beaucoup de gens venaient lui parler seulement par intérêt. Et puis un jour au club de théâtre elle commença à discuter avec une fille qui jouait sa sœur. A partir de là, la demoiselle avait réussi à lui faire baisser sa garde et elles s’étaient rapprochées très rapidement. Heather avait fini par l’amener sur le plateau de la série des fois lors de tournage ou encore elle l’avait amené à des soirées avec d’autres gens du milieu. Et le jour où Heather s’était livrée réellement, lui avait raconté un peu sa vie avec ses parents. Son « amie » avait changé complétement de visage, elle lui posait plein de questions personnelles. Alors que Heather avait pensé que c’était simplement car c’était sa meilleure amie, un jour son agent l’avait appelé en lui disant que quelqu’un avait donné une interview dans un magazine people avec des détails sur sa vie très précis et pour le moins étrange. Heureusement son agent avait réussi à stopper l’article avant sa sortie en donnant des sous à la source pour se taire et c’était là qu’elle avait appris que en fait la jeune femme avait fait semblant d’être son amie tout le long pour pouvoir trouver des dossiers sur elle et les vendre à la presse. Depuis cette trahison Heather avait toujours mis de la distance avec les autres, de peur que l’on essaye de la manipuler.
- Je sais mais pour le moment j’ai l’impression que le risque n’en vaut pas la chandelle mais merci, j’essaye d’être entourée du mieux que je peux.
Elle rougit presque au compliment d’Elizabeth, mais oui la blonde s’était déjà enlevée deux grosses épines dans son pied, ses parents. Pour le moment elle avait l’impression de n’avoir que des gens sur qui compter, la question se posait plus lorsqu’elle essayait d’avoir une conquête pour la nuit mais elle essayait de tomber sur une fille qui ne la reconnaissait pas. Un nouveau sentiment de soulagement s’installa en elle, Heather finissait par réellement croire que la brune n’allait pas parler.
- J’espère que vous avez raison et que ça arrivera, les mentalités changeront peut-être un jour. Heather essayait d’avoir de l’espoir là-dessus mais pas trop non plus, elle avait l’impression que les gens avaient toujours peur du changement. Elle ouvra la bouche de surprise en apprenant qui elle était réellement. Effectivement Elizabeth n’était pas n’importe qui et elle se sentit un peu mal de pas le savoir. John la tuerais surement si il apprenait qu’elle avait été en contact avec elle mais si la brune gardait son secret, elle se tairait aussi de son côté.
- Ah oui effectivement vous n’êtes pas n’importe qui. J’espère que vous avez trouvé votre bonheur. Est-ce que je peux vous offrir à boire pour vous remercier de votre gentillesse à mon égard ?
- Je sais mais pour le moment j’ai l’impression que le risque n’en vaut pas la chandelle mais merci, j’essaye d’être entourée du mieux que je peux
Elizabeth espérait que ce petit bout de femme arriverait effectivement à s’en sortir et qu’elle serait bien épaulée. C’est tout ce qu’elle lui souhaitait, surtout que son histoire et son honnêteté l’avaient touchée. Pourtant, elle en voyait des acteurs et actrices qui essayaient de percer mais quelque chose chez cette jeune femme était différent. Comme si elle avait face à un diamant à l'état brut. Et Elizabeth avait un très bon instinct de par son expérience.
- J’espère que vous avez raison et que ça arrivera, les mentalités changeront peut-être un jour.
En tous cas, on ne pouvait qu’espérer que la société progresse…Les homosexuels méritaient d’être reconnus et de pouvoir vivre comme ils le voulaient. Malgré le fait d’avoir grandie dans une famille conservatrice, Elizabeth avait toujours porté ce regard de progrès sur les pensées stéréotypées, que ce soit sur la sexualité ou sur la place de la femme.
Elizabeth révéla enfin sa fonction au sein de la ABC Queensland. La jeune femme ouvrit la bouche de surprise, elle réalisait probablement l’importance du rôle d’Elizabeth. Elizabeth émit un petit sourire, cette jeune femme était touchante.
- Ah oui effectivement vous n’êtes pas n’importe qui. J’espère que vous avez trouvé votre bonheur. Est-ce que je peux vous offrir à boire pour vous remercier de votre gentillesse à mon égard ?
Elizabeth n’avait rien de prévu de spécial pour sa soirée. Elle n’avait pas envie de trop bouger car la journée avait été éprouvante mais elle se doutait bien que si elle donnait son accord concernant la proposition de la femme blonde, elles n’allaient certainement pas aller faire la fête en accumulant les tequilas ensemble. Elle accepta donc sa compagnie. Mais juste avant de partir ensemble, elle lui demanda son identité, qu’elle ne connaissait toujours pas. La jeune femme lui répondit. Heather Harris: elle n’oublierait pas ce nom.
Les deux femmes passèrent une soirée agréable dans un bar atypique qu’Heather fit découvrir à Elizabeth. Effectivement, comme elle n’était pas du coin, elle ne connaissait pas forcément les bonnes adresses. Puis elles décidèrent de manger ensemble, elles se rendirent dans un restaurant mexicain et se régalèrent. Heather était surprenante et Elizabeth apprécia beaucoup sa compagnie le temps de la soirée. Elle décida de garder ses coordonnées et de lui passer les siennes. Elizabeth précisa à Heather qu’elle pouvait lui passer un coup de fil si elle avait besoin d’une faveur, elle serait ravie de faire son maximum pour l’aider.
Elizabeth retrouva sa chambre d’hôtel, elle se doucha puis s’allongea dans son lit et s’endormit rapidement. La journée avait été étonnante.