Adèle s’était noyée elle-même dans les différents traitements qui s’offre à elle depuis que la chimio, elle ne la supporte guère. C’est de plus en plus difficile, et des effets secondaires qui n’étaient pas là, hier, sont là aujourd’hui. Pour son bien, les médecins envisagent peut-être de cesser la chimio, peut-être faire une chirurgie, ou autre chose, ils doivent se réunir ses jours-ci pour décider de son sort. Mais en attendant Adèle est morte de trouille intérieurement, remettant probablement beaucoup de chose en question, intérieurement la chimio lui permettait de garder espoir, mais aujourd’hui tout s’envole en fumée. Littéralement. Elle a merdé sur de nombreuses choses, et au calme chez elle, dans le grand appartement qu’elle loue, les yeux presque en larme, elle retourne la situation dans tous les sens : elle va avoir du mal à remonter la pente. Elle qu’on pensait insubmersible, se révèle être bien plus fragile qu’elle n’y paraît. Mais un cancer à son âge ce n’est pas rien. Elle décide pourtant d’envoyer un énième sms à son petit frère et se retrouve toujours sans réponse de lui, ce qui n’est pas souvent – à part quand plus rien ne va dans sa vie, quand il dégringole aussi. Et ça l’inquiète. C’est la raison pour laquelle Adèle décide de prendre son sac et de quitter l’endroit pour faire une surprise, à son frère et se rend au garage de la ville. Tout le monde la connaît plus ou moins, mais lorsqu’elle débarque avec son vélo, les regards s’attardent sur sa silhouette et Adèle fronce les sourcils. Elle est épuisée, probablement plus mentalement que physiquement mais elle se demande pourquoi tous, la regarde ainsi. Est-ce que son traitement, sa chimio, son cancer est écrit sur son frère ? Un instant, elle reste interdite, immobile, n’osant franchir le pas de la porte. N’assumant pas vraiment cette maladie qui l’handicap. Elle s’attarde à l’extérieur quelques minutes, prenant une bouffée d’air, avant de finalement se dire qu’elle n’est pas venue pour rien, qu’elle n’a pas fait tous ses efforts sur son vélo pour rien, et décide de se rendre directement dans le coin où Ash répare ses bolides. Elle glisse un instant son doigt sur l’une de ses nombreuses voitures, timide et peureuse devant cet engin, certainement une voiture qui en a sous le capot, à son plus grand malheur. Alors que le directeur débarque. « Ash n’est pas là, Adèle, ça fait plusieurs jours qu’il ne vient plus et ne donne plus signe de vie… » Elle fronce les sourcils, et ça l’a pas inquiéter davantage ? Il a l’habitude de leur faire ça, le frangin ? Elle échange quelques mots avec lui, avant de sortir du garage, récupérant son vélo. Heureusement il habite dans le même quartier, à deux pas du garage, et elle ne met guère longtemps avant de s’y rendre. Et en arrivant devant la bâtisse, elle attache son vélo à l’extérieur, avant de sonner comme une furie sur le bouton pour qu’il lui ouvre, mais sans réponse de sa part, elle peste, restant le doigt appuyé plusieurs longues secondes. « Ash !!! » Tapant sur la porte, il allait venir lui ouvrir, parce qu’elle n’allait pas décamper de sitôt ! « Ash Shephard ouvre moi cette porte !! » Sa voix est un peu plus forte, et la revoilà, à appuyer sur le bouton de la sonnette, elle entend même Shadow aboyer de l’autre côté, qui a sans doute reconnu sa voix. « Je sais que t’es là, si tu l’ouvres pas, je lui donne un grand coup de pied ! » C’était à lui de voir ce qu’il voulait… Et il avait plutôt intérêt à obtempérer parce qu’Adèle ne repartira pas sans voir son frère. Elle a toujours veillé sur lui, depuis gosse, et plus encore depuis que leur mère est morte, qui le surprotégeait davantage, Adèle a pris inconsciemment cette tâche à cœur. Parce que c’est ce que sa maman aurait voulu et elle le savait… Mais elle ignore dans quelle porcherie il vit actuellement.
Elle s’inquiète beaucoup trop pour les personnes qui lui sont chers, elle ne parvient pas à faire autrement Adèle. Elle a besoin d’être toujours présente pour eux, d’être cette petite étincelle dans leur vie, et c’est sans surprise qu’elle finit par s’inquiéter devant ses textos sans réponse. Elle ne sait pas tout ce qui se passe dans la vie de son frère, parce qu’il n’est pas comme elle, il est du genre plutôt volage et parvient sans une once de difficulté à se foutre dans la galère. Il ne s’attache pas aussi facilement, et se laisse souvent bien trop distraire, quand Adèle, elle plonge de tout son être dans une seule histoire. Il vit à cent à l’heure Ash, il vit sans se soucier des conséquences autour, et du mal que cela pourra engendrer comme si il était normal de blesser les autres. Mais parce qu’elle sera toujours cette pensée positive dans sa vie, ce petit ange au-dessus de ses épaules, Adèle veut croire à la rédemption de son frère. Elle veut enfin croire plus que jamais, qu’il a trouvé la bonne, et qu’il saura se tenir. Alors à quoi joue t’il à se renfermer sur lui-même ? Elle ne comprend pas pourquoi ce silence soudain et c’est la raison qui la pousse à venir ici, fronçant les sourcils devant cette porte fermée, qu’il n’ouvre pas alors que ça doit bien faire une minute que son doigt appuie sur la sonnette sans s’arrêter. Et si il croit qu’en faisant le mort elle va partir, il se trompe lourdement, elle ne lâche jamais prise Adèle. Elle aime le jeu, le défi, et ça la pousse à poursuivre. « J'ARRIVEEEEE » Elle entend Shadow de l’autre côté de la porte, puis son frère qui crie pour qu’elle cesse ce vacarme. Mais tout le monde le sait, elle est chieuse Adèle quand elle s’y met. Du moins elle sait ce qu’elle veut et sait l’obtenir. Rien ne l’arrête pas même son frère et son silence. Elle laisse son regard jetait un œil à sa montre, elle lui laisse trente secondes avant d’ouvrir, après cela, elle ne répondra plus rien d’elle. Mais finalement le visage de son petit frère se dessine dans l’encadrement de la porte, un visage fermé et visiblement épuisé. « Désolé je dormais. T'aurais pu prévenir que tu venais … j'aurai rangé un peu … » Elle arque un sourcil, croisant les bras, sans même jeter un regard furtif à l’intérieur, depuis quand il avait besoin de ranger chez lui pour sa venue ? Ont-ils étés si sauvages avec Amy qu’ils n’ont pas su se maîtriser à ce point ? « Regarde ton téléphone, et les dizaines de messages que je t’ai envoyé ses derniers jours… » Qu’elle rétorque, finalement en grimaçant légèrement, une chose est sûre : quand elle veut un truc, elle ne fait jamais les choses à moitié, il devrait le savoir depuis le temps… « T’aurai rangé avant ma venue ? Faut pas prendre cette peine… » Qu’elle avoue avant même de constater avec effroi le bordel existant dans sa maison. Il se décale un peu et elle en profite pour avancer dans le couloir attenant. « Fait pas gaffe au bordel … j'ai … je … enfin bref. Laisse tomber … » Et il fonce droit en direction du canapé, où il se laisse tomber comme une grosse loque à l’intérieur. Elle le regarde un instant, silencieuse, fronçant les sourcils. « Tu peux m’expliquer ? Tu as eu la visite de zombie qui sont venus dévaster ton salon ou quoi ? » Elle marche dans le salon, en regardant par terre pour pas marcher sur les objets éparpillés au sol, ou marcher sur les bouts de verre. « Et tu comptes faire quoi là au juste ? Tu sais que si Shadow marche sur les bouts de verres il pourrait se blesser ? » Le bien être de l’animal est tout aussi important que celui des humains aux yeux d’Adèle, elle ne peut donc s’empêcher totalement de le lui faire remarquer, blasée par ce comportement. « Où est Amy ? » Qu’elle demande finalement avant de se déplacer jusqu’à Ash pour se retrouver debout, pile devant lui. Attendant vainement une réponse concise.
Adèle ne comprend pas vraiment la raison qui pousse son frère à éviter ses appels, et ses textos, mais la connaissant elle allait vouloir lui faire tirer les vers du nez. Parce qu’elle est proche de lui, et que depuis la mort de leurs parents, elle s’évertue sans succès flagrant, à en faire un homme bien en tout point – ce qui implique amoureusement mais peine depuis des années à ce qu’il le reste très longtemps. Elle l’avait prévenu, de ne pas jouer au con avec Amy, de la quitter si vraiment ça ne lui convenait pas, mais surtout ne pas la tromper, ne pas l’humilier. Ne pas jouer avec l’une de ses amies, Adèle est douce, elle n’a pas ce trait de caractère que lui possède, à ne pas s’attacher aux autres. Et bien qu’Amy saurait faire la part des choses, elle se disait qu’elle finirait sans doute aussi par lui en vouloir. Elle se tient debout dans ce salon en dessus-dessous. Le regarde un instant, et son cœur se fend devant cette bouille qui cherche ses mots, ou un moindre réconfort. « C'est compliqué... je ne sais pas par quoi commencer ... » Okay, ça annonce d’emblée le délire, elle fronce les sourcils et avance sans difficulté vers lui, pour s’agenouiller à côté du canapé où il se tient assis, la tête entre ses mains, cherchant le contact visuel, tandis qu’Ash le fuit. « Par le début ça m’irait pour commencer… » Qu’elle ne peut s’empêcher de remarquer, et parce qu’elle n’allait pas le lâcher tant qu’il ne lui aurait pas tout dit, elle allait le ramasser une fois de plus, mais pas sans conséquence, et ça, il le sait. Adèle a confiance en l’amour, elle croit en ce sentiment, plus qu’à n’importe quel autre sentiment. « Je veux mourir sur ce canapé » Comme si elle le laisserait faire... Elle pose avec douceur sa main sur celle de son frère, voulant attirer son attention, et le calmer d’une manière comme d’une autre, si elle le pouvait. Ce qui s’annonce compliqué. « ... Elle m'a quitté ... » Son visage devenu blanc, et ce regard qu’il ne veut pas poser sur elle, alors elle demande, fronçant de nouveau les sourcils devant cet aveu. « Pourquoi ?! » Pourquoi Amy l’aurait quittée ? Ils avaient l’air heureux, à la plage, au cinéma. Ils avaient l’air de s’apprécier, vraiment. Et elle avait eu l’impression que son frère s’était apaisé, qu’il était différent en sa compagnie. « J'ai fais le con ... J'ai revue Claire au parc. Je pensais jamais la revoir ... j'ai cru que nous deux c'était perdu. Mais en la revoyant .. ahh... Adèle je me suis menti à moi même. Si tu savais comme je m'en veux de faire subir ça à Amy. J'ai l'impression d'être un gros connard. » Elle n’en revient pas, et à vrai dire il lui faut de longues, de très longues secondes pour comprendre ce qu’il vient de lui dire. « Claire ?! » Son intonation est égale à une question qu’elle pose, Claire son amie ? Mais elle comprend bien vite dans quoi son frère s’est laisser tenter, et elle n’aime pas ça Adèle. Elle ne comprend pas ce qui ne cloche pas dans sa tête. Si elle pensait à la bonne Claire, ils étaient censé être juste amis, rien de plus, et Ash n’a pas pour habitude de lui mentir ni de lui cacher quoi que soit, il n’y parvient jamais longtemps de toute évidence. « Ash sérieusement, tu crois qu’elle avait besoin de ça ? » Elle s’installe à ses côtés sur le canapé, Shadow qui la rejoint, elle lui gratouille le ventre un instant, elle finit par soupirer légèrement, « tu vas reproduire combien de fois les mêmes erreurs ?! » Et quand elle re découvrait le salon sous cet angle-là, c’était effrayant. Elle, qui est dans l’immobilier elle a rarement vu une maison avec autant de bordel, mais rien de comparable puisqu’en général quand elle va visiter un bien, les propriétaires s’arrangent pour ranger au moins un peu.
Elle pensait que pourtant il le saurait, que jamais il ne parviendra réellement à se débarrasser d’elle dans sa vie. Que quoi que ça lui en coûte, le temps qu’elle mettra pour s’en rendre compte et pour retourner vers lui, que jamais Adèle ne mettra son jeune frère de côté. La jeune femme pensait que tout ça il le savait et qu’il était inutile pour elle, de lui dire. Mais d’après Nino, elle ne devait pas assez dire les choses, parce que quand elle lui a dit qu’il savait déjà à quel point il comptait pour elle dans cette chambre d’hôpital et que sa mort lui était insupportable, il avait hoché négativement la tête comme si rien de cela, il ne le savait. Mais alors était-il possible qu’elle reproduise inlassablement les mêmes erreurs : celui de ne pas oser se confier réellement sur ses peurs, ses craintes, sur ce qu’elle désire. Devait-elle être plus apte à parler aux autres ? Elle se le demandait, sérieusement, maintenant que ses yeux heurtaient ceux de son petit frère, remplie de questions. Est-ce que Ash pourrait se sentir seul un jour, au point de vouloir commettre l’irréparable parce que sa grande sœur serait trop occupée ailleurs ? Elle a ce désir de ne rien laisser au hasard, et veut toujours tout contrôler, la crainte que finalement elle n’arrive à rien et que tout lui échappe. Ne supportant guère l’échec, Adèle réfute cette même idée, alors que son regard balaye la maison du dernier des Shephard et que son cœur cesse de battre quand elle réalise l’énorme idiotie de son frère alors qu’Amy attend leur enfant. « Oui Claire. La Claire que tu m'as présentée à l'époque. On est sorti un peu plus d'un an ensemble. Me regarde pas comme ça ! C'est elle qui ne voulait pas que ça se sache ! D'ailleurs je l'ai quitté à cause de ça. » Ce prénom, elle le connaît que trop bien en réalité. Mais Adèle ne comprend pas pourquoi elle ne voulait pas que ça se sache. C’était étrange, aussi elle fronce les sourcils à la conversation de son frère, avant d’oser, hésitante. « Pourquoi elle ne voulait pas ? » Vivre cacher, elle n’en était pas encore adepte la jeune femme, ne comprenant pas le principe de ne pas assumer. Mais pour autant si elle parle normalement à son frère, son cœur se serre un peu plus à l’image d’Amy. « Non, personne ne le mérite. Mais si je fais le choix de ne pas revenir c'est par respect pour elle. Je me vois pas lui dire je t'aime en pensant à une autre ... » Et c’était pas vraiment ce qu’elle lui demandait, en réalité. Adèle était peut-être juste encore sous le choc. Sous cette tristesse de ce geste et de ses paroles. Parce qu’Amy est une personne importante pour elle, une amie de longue date et qu’elle avait fini par s’accrocher à elle. Elle n’avait pas apprécié à l’époque, qu’il quitte Jimena aussi mal pour se mettre avec Amy. Et aujourd’hui, il faisait la même avec Amy, pour Claire. C’était confus tout ça dans sa tête. Est-ce qu’il pourrait simplement choisir une bonne fois pour toute et s’y coller pendant quelques années ? D’autant plus qu’avoir un enfant c’est pas anodin, et bien qu’ils ne l’ont pas fait intentionnellement, elle le regarde alors, « je ne te demande pas d’aimer contre ton grés quelqu’un Ash. » Est-ce que ça servirait à quelque chose de lui parler ? Le mal est fait non ? Pourtant, elle poursuit sans relâche, sans jamais détourner son regard, alors que sa main vient relever le visage de son frère pour qu’il l’affronte lui aussi du regard. « Mais il faut que tu comprennes que tes actes peuvent blesser, heurter, les autres, et provoquer de la peine… » Et finalement, elle demande, doucement, à voix basse, mal au cœur, « et le bébé qu’elle attend, qu’est-ce qu’il deviendra ? » Veut-elle encore le garder ? Voulait-elle le punir pour son geste ? C’est ce que ferait Adèle sans aucun doute… Mais n’est-elle pas assez mature pour avoir des enfants à son âge ? « Et toi ça va ? Qu'est-ce que ça donne ton traitement ? On a pas prit le temps d'en parler ... je suis désolé ... » Qu’il demande, relevant son visage sur elle, alors qu’un soupire sort de ses lèvres. « C’est pas vraiment ça, mais je suis pas venue ici pour en parler… » C’était lui qui allait mal, pas l’inverse. Elle, elle survivait… Comme toujours. « Il faut que tu prennes les bonnes décisions Ash sans faire souffrir personne… » Ou le moins possible, parce que si elle est naïve, elle se doutait quand même que la souffrance serait là… Quoi qu’en soit son choix…