-20%
Le deal à ne pas rater :
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
239 € 299 €
Voir le deal

 If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie

Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptySam 6 Juin 2020 - 13:51


     

If a violin string could ache,
I would be that string
@Birdie Cadburry
La lumière filtre, se réverbère. Elle s'éclate en parcelles nimbées sur des pans de mur délavés. L'heure est indistincte. Il ne la connaît pas. Il n'est pas sûr de le vouloir. Il sait le jour pourtant. Le jour. Est-ce le soleil ou les pâles lueurs nocturnes ? Est-ce la lune ou les rayons de l'astre diurne ? Ses prunelles s'évadent alors qu'il observe les rainures sur le plafond. Cillian n'est pas rentré. Il ignore où il se trouve. Alors il est seul. Peut-être est-ce mieux. Pourquoi ne le serait-il pas ? Le sommeil l'a fui à moins que ce ne soit que les rêves. L'air est âpre. La gorge sèche. Une douleur le lance mais il est incapable d'en trouver la naissance. Les minutes s'écoulent. Les heures. Il est atone, incertain. Le jour. Il connaît la date. Ses membres se mouvent avant qu'il n'y pense. Il se lève sans y réfléchir. La pièce tangue ou est-ce lui ? Il se retient à la paroi, sent ses doigts se contracter. Mais il n'y prête aucune attention. Les lieux sont silencieux. Ils sont insupportables. Ils sont noyés de pénombres et de poussières luminescentes. Ses iris s'y habituent puis se raccrochent. Le coffret est fin, dessiné. L'instrument qu'il contient est parmi les meilleurs du monde. Il n'y a plus retouché. Les mois ont vécu et se sont entrelacés. Sa mémoire lui a joué des tours et ses membres l'ont trahi sans lassitude. Ils le font encore. Il les hait. Il abhorre ses phalanges pour leur faiblesse, pour ce qu'elles ne sont plus. A quoi sert-il de vivre si on ne sait plus pourquoi se lever ? La pensée revient. Il l'endigue. Comme la veille. Comme les jours d'avant. Il est levé. Il est ... Là. Il l'observe, tergiverse, le toise d'un coin de l’œil. Et si ? Peut-être a-t-il tort au fond ? Non, il a tort. Il le sait. C'est une évidence. Penser autrement serait inconcevable. L'homme a tort. Ce médecin de pacotille. Que sait-il ? Que connaît-il au bout du compte ? Il n'est que théories. Il n'est que fausse compassion. Il n'est que vérité fragmentée. Il ne peut comprendre. Non, il ne peut pas. L'indécision le tiraille. Que craint-il ? La raison. Juste la raison. Et si par mégarde, l'ignorant savait ? Cinq cents vingt-cinq mille et six cents minutes. Quelques-unes de moins. Peut-être de plus. Il n'est pas certain. Ça n'a aucune importance. Il sait à quoi elles correspondent. Il le sait parce qu'il les compte. Il les dénombre comme les jours, comme les semaines. Il les éprouve, il les voit. Il les vit. Il est réaliste. Evidemment. Il est rouillé. Certainement. Mais ce n'est rien. Si peu. Oh si peu. Un an c'est assez, non ? Un an. Juste un an. Il a eu fait pire. Il croit. Il se berce ou il hésite. Il cède de quelques pas. L'étui a pris la poussière. Il l'ouvre d'un mouvement de doigts. La droite par habitude. Par prudence. Elle le lance mais il n'y prête aucun intérêt. L'objet n'a pas bougé. Il est toujours là. Il s'atermoie, se retient. Que craint-il ? Il secoue la tête, se trouvant imbécile. Il le prend finalement dans le creux de ses mains. Le bras gauche suit, ne tire pas. Il s'autorise presque un sourire et saisit le manche avec ses doigts. L'archet est dans les autres. Il clôt les yeux. Hésite encore. Respire. Longuement. Les doigts sont stables, la baguette résonne. Elle grince contre les cordes. Le son n'est pas parfait mais ne l'attendait pas. Il n'est pas fou. Il est réaliste. Parfaitement réaliste. Il n'est pas faux, c'est tout ce qui importe. Il suffit juste de mouvoir les doigts. Une fois. Puis deux.
Puis l'électricité passe. La crispation fait trembler ses phalanges. Mais il ne cesse pas. Non. Il connaît la douleur. Il la connait bien sûr. Des semaines, des mois, des jours. Et des heures et des secondes. Et. Il les meut. Encore. Force. Étire. Crispe. Toujours. C'est supportable. C'est tolérable. C'est faux. Il ralentit l'archet, recommence. L'ambition peut attendre. Il n'a rien oublié. L'incandescence saisit le métacarpe mais il tient encore. Les abducteurs sont incendiaires mais ils vivent, s'agitent toujours. C'est le tendon qui cède. Foudroyant. Il manque de tout lâcher, retient par réflexe. Il a à peine le temps de reposer sur le meuble que la douleur le confond. Le poignet embrasé finit en otage de ses autres doigts. Comme s'ils pouvaient y faire quelque chose. Il s'effondre sans prêter gare. Ses yeux ancrés. Sur ses doigts. Sur cette main. Sur les secousses qui la prennent. Il est de ceux qui espèrent. Il est de ceux qui nient. Il est de ceux qui croient même quand tout semble fini. Et là, que reste-il ? Que reste-il ? Il est réaliste. Il est fou. Oh tellement fou. A quoi sert-il de vivre quand on ne sait plus pourquoi se lever ? Pourquoi l'a-t-il fait seulement ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il croit ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il espère ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il se berne, qu'il se berce d'illusions ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Un an et il n'est rien. Il n'est pas mieux. Il est ruines au bord d'un précipice. Il est déperdition au creux d'une désillusion. Un pauvre fou. Un utopiste. Un imbécile. Oui, un imbécile. Pourquoi y-a-t-il cru ? Pourquoi a-t-il continué ? Il aurait du marquer le pas, cesser de rêver. Cette très chère mère avait raison. Oh comme il la hait. Là, soudainement comme il la hait. Presque autant que lui-même. Sans doute moins. Les frissonnements se font convulsions à la mesure des secondes. La douleur est vive, corrosive. Elle se noie dans la pluie des pensées qui l'harcélent. L'état de fait. Son corps vit encore, fonctionne bien mieux qu'au cours des derniers temps. Mais à quoi sert-il ? A quoi sert-il si on l'ampute de son âme ? A quoi sert-il si on le résèque de sa raison ? Que reste-t-il si cette fin prend la forme d'une extinction ? D'une exécution ? Rien. Rien si ce n'est l'abîme. Le cœur du néant. Les poussières de ruine d'une existence. Qu'a-t-il-fait ? Il commence à la croire. Il ne sait comment l'expliquer. Le temps s'enlace puis se lasse. Il ne sait plus ce qu'il en est. La lueur est moins pâle. Plus fluide, plus criarde aussi. Elle lui attaque les prunelles et il soupçonne une heure plus avancée. Quelle est-elle seulement ? Il est courbatu. Défait dans ses membres. Désemparé dans sa peau. Éreinté dans sa chair. Il se relève alors qu'il ne se souvient pas s'être assis. L'affliction passe, se fait lancinante. Elle est un second plan, elle est subsidiaire. Ses traits sont tirés, déconstruits. Un regard dans un reflet lui fait penser qu'il aurait du se raser. Il n'en a rien fait. Ou est-il ? Il doit sortir. Le lieu est insoutenable. Il trouve des clés dans une main. Il prend une porte et s'évade. Oui, loin. Loin. Ou ? Il l'ignore. Oui, où ? Un éclat de lucidité l'appréhende.

Il est dans l'escalier. Il ne s'est pas changé la veille. Ou il y a trois heures ? Il ne sait plus. Aucune importance. Il descend les marches. La rue le frappe. La lumière le heurte mêlée aux sons. Il ne fait pas nuit finalement. Il se sent suffoquer alors il continue. Il erre et il erre. Il s'esquive dans les ruelles. Le but n'est pas certain. Il n'en connaît pas l'identité. Quelle pertinence au fond. Ses pas les guident sans parvenir à l'atténuer. Quand il s'épuise et s'éveille, il prend la mesure des mètres parcourus. Il respire encore pourtant. Il subsiste. Les pensées sont toujours demeurantes. Elles sont là, insidieuses, obsédantes. Pourquoi ne veulent-elles pas s'en aller ? Il poursuit encore sans prêter attention, sans prendre garde. Jusqu'au dernier point. Il reconnait ses grilles, s'arrête momentanément devant. Est-ce une absolution qu'il recherche ? Ou une simple illusion ? Il cède. Que peut-il faire d'autre ? Rentrer ? Ce n'est pas une option. Il les ouvre, parcourt les lieux. Le silence est d'ordre et ne fait résonner que ses pas. Les pierres s'alignent, fleuries parfois. Il connaît les noms, les dates. Les ornements. Il connaît les histoires, les pleurs et les autrefois. Quand il s'arrête enfin, c'est pour lui en revanche. Pour le seul homme qui peut. Qui peut quoi ? L'amnistier ? Lui faire comprendre ? Lui rappeler qu'au fond, il n'a pas tout manqué ? A quoi pense-t-il ? Oh à quoi pense-t-il ? Il aurait du rester finalement. Peut-être. Pour y revenir de toute façon. Il aurait du rester là à Brisbane. Abandonner ses folles idées. Il aurait du. Il aurait du. Le regret l'accable. Il s'effondre. Encore. Il ne s'en rend pas compte. Une nouvelle fois. Ses prunelles se font ternes, elles se noient. Les perles se veulent diluviennes mais se retiennent encore là. "Suis désolé" C'est un murmure. Une voix à peine. Le tacet ne change pas. "Pardonne-moi". C'est un écho. Fin comme la porcelaine. Un son âpre, aspiré. Que demande-t-il ? Que demande-t-il ? Il ne sait pas. Il ne sait plus. Les pensées reviennent, l'asphyxient. Il fixe son attention face à lui, à la stèle. Il l'arrime à l'être qu'elle abrite, celui qu'elle représente et qui lui manque infiniment trop. Il veut hurler, vociférer. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Ses mains se crispent sur ses traits. La douleur le fait grimacer. Il les retient à ses jambes qu'il emprisonne. Ses yeux marqués à ses genoux. S'il peut juste dormir. Dormir. Ne pas revenir. Rêver. Ne pas être. Retourner en arrière. Repartir. Loin. Comme un gosse. Loin. Avant de perdre. Il croit y parvenir. L'espace d'une seconde. Il ne relève pas. Mais il l'entend. C'est un écho. Une voix. Il la rêve. Mais qu'importe. Elle est douce et familière. Éthérée dans l'hiver

CODE BY MAY


Dernière édition par Malachi Etherstone le Dim 28 Juin 2020 - 19:48, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyDim 7 Juin 2020 - 10:33


« Vous êtes en train de clamser ? Ou tester la position du fœtus pour une quelconque expérience bizarre ? » Birdie frotte, Birdie tâte du bout de son pied le corps amassé devant la pierre, comme si ce n’est qu’un amas de peau humaine qui a échoué par ici sans plus de cérémonie. Cela aurait été un parfait inconnu, elle aurait fait un autre commentaire hasardeux, sûrement moqueur, probablement mesquin et elle aurait continué sa route sans regarder en arrière. Cadburry n’est pas dans la finesse, encore moins dans la poésie et si on lui demande ce qu’elle fait si elle voit quelqu’un mal au point, elle haussera les épaules en disant « il s’est foutu là-dedans tout seul, il s’en sortira tout seul. » C’est ce qu’elle compte faire, rebrousser chemin. Parce qu’elle est fatiguée, elle a besoin d’un lit, un vrai matelas sur lequel s’endormir, loin du carrosse du carrousel dans lequel elle s’est enlisée la nuit dernière - ou alors c’était le matin ? La tête vrille un peu trop pour savoir, son téléphone n’est pas sur elle et les montres n’ont pas été prévues dans la tenue de la veille.

La blonde s’apprête à tourner les talons - nus, pieds nus, une main ne tenant qu’une chaussure, l’autre devant être perdu. Quelque part - avant qu'une apparente mâchoire lui brille à la rétine, les traits dessinés de façon qu'elle ne puisse que le reconnaître. Comme si le ciel lui montre, lui pointe du doigt grossièrement là où il faut. Même à moitié au sol, même si ses lunettes fumées bloquent la lumière de l'automne australien. Comme une errance qu'on finit toujours par retrouver, par rattraper parce que c'est familier, c'est ancré en soi et ça pue la maison, l'enfance, l'innocence. Un autre monde, leur monde, celui qu'ils ont fatalement fini par abandonner pour voir si le ciel est plus vaste ailleurs, si ça brille plus que chez eux ; visiblement non. Pas quand Birdie observe l'épave à ses pieds, pas quand elle a envie de blâmer le monde entier pour ce qu'il lui a fait subir. On fait subir, chacun de leurs côtés, chacun dans leurs épreuves et fatalement se retrouver dans un cimetière plongé à l'aube d'un univers d'un sommeil hivernal bien mérité. « Maki ? » Qu’elle prononce à voix basse, à voix surprise, à voix serrée. Birdie regarde autour d'elle, comme si elle attend un signe, un message, une notification, un mode d'emploi, n'importe quoi pour lui venir en aide. Quelqu'un de plus compétent qu'elle, quelqu'un qui sait mieux gérer ces choses-là. Pas elle, elle qui n'a jamais réussi qu'à briser son âme et les autres toujours un peu plus fort dans le seul but de jouir encore plus de la vie. Cadburry aurait dû rebrousser chemin, elle n'aurait pas dû s'arrêter. Après tout, quelqu'un qui pleure dans un cimetière, c'est normal, n'est-ce pas ? Elle n'en sait rien, Birdie. Elle, elle a pleuré pour des chats écrasés, pour des oiseaux abattus en plein vol, pour des souris piégées mais jamais pour des humains. Pas en public, pas dans un cimetière. Mais ce n'est pas seulement quelqu'un. C'est Malachi. Il la connaît, sûrement qu'il l'a déjà reconnu, ça serait mal vu de repartir. Elle a utilisé son surnom de surcroît, celui qu’elle fourche depuis ses tendres années aussi loin qu’elle puisse s’en rappeler. La blonde est piégée, elle est dans un cul de sac alors que pourtant, l’étendu du cimetière parsemé de ses pierres tombales se tend devant elle - devant eux.

Et pour une fois, Birdie ressent un pincement au cœur en le voyant comme ça. Est ce qu'elle compatit, le prend en pitié, a de la peine pour lui ? Elle l'ignore parce que ce sont des sentiments qui ne lui sont pas familiers. Birdie a juste conscience qu'elle veut aider mais elle ne sait pas comment.

Elle se met à genoux, tant pis pour ses collants jaunes aux pompons multicolores. Sa main ombrage le bras du jeune homme, ses doigts se rétractent, elle hésite, elle serre les lèvres puis finit par poser sa main sur son bras. Le geste lui fait avoir un profond soupir, comme si c'est le plus grand effort qu'on lui a demandé de faire ces derniers jours (et c'est sûrement le cas). « Malachi, hey, qu'est-ce qui t'arrive ? » Question stupide mais Birdie a le cerveau qui débloque, sûrement encore plus que d’habitude, parce que ce n’est pas son univers, tout ça. S'il te plaît, va mieux tout seul, guéris-toi instantanément comme le grand garçon que t'es, ne me fais pas ça, pas à moi, pas ici. Pas avec une incompétente des relations humaines, une âme creuse qui ne comprend pas ce qui t'arrive. Les yeux bleutés de Birdie laissent entrevoir un voile d'inquiétude mais invisible à autrui à cause des lunettes de soleil qu’elle remonte sur son nez et qu'elle persiste à garder. « J'étais venue pour piquer les fleurs, pas récolter quelqu'un que j'aurai même pas la force de porter. Et tu serais moins beau sur ma nouvelle veste que des pétales. » Alors Birdie fait ce que ses gènes savent faire de mieux ; elle parle, elle laisse les mots coulés dans un discours guère cohérent si on ne la connaissait pas. Mais vu l'état de Malachi, sûrement qu'il s'en ficherait. Le mieux serait qu'il l'envoie balader. C'est ce qu'elle ferait, en tout cas. Mais est-ce qu'elle partirait quand même ?

Toute la beauté de la contradiction humaine, il faut croire. Birdie pince sa lèvre, resserre l'emprise de sa main autour de son bras, son regard scrutant la moindre réaction du jeune homme. Depuis quand elle prend des pincettes, la Cadburn ? Sûrement quand il s'agit d'une personne qui a de la valeur à ses yeux. Ils sont peu nombreux à l'avoir et les critères restent assez flous. Mais Malachi fait partie de ce ridicule petit lot alors elle fait attention comme elle le fait avec un animal blessé qu'elle a recueilli. « Tu veux que j'appelle quelqu'un ? Cillian peut être ? J’suis sûre que même Elwyn serait mieux s'y prendre. » Qu'elle finit par marmonner dans sa barbe alors qu'elle finit en tailleurs derrière Malachi, l'autre main rejoignant son dos pour lui apporter support - physique plus que mental mais elle fait un effort. Elle peut essayer, au moins. C’est peut-être maladroit, c’est peut-être incertain, mais elle est là. On ne peut pas lui reprocher de s’être enfuie. Pas cette fois. La gamine en elle ne peut se résoudre à l'abandonner salement comme ça. Tu n'as pas déjà assez de méfaits sur la conscience ? (Non, aucune, votre honneur.) Fais une bonne action, pour une fois. Oublie que tu portes les vêtements de la veille, ne pense pas à cette tâche d'un alcool quelconque sur ta jupe et encore moins au fait que tu veuilles étrangler la personne responsable de ça (tu ne t'en rappelleras pas, de toute façon).

Birdie surplombe un peu plus Malachi, son apparence ombrageant la sienne sous les couleurs du soleil automnal. « C’est dommage qu’on soit pas dans l’espace. Les larmes peuvent pas couler, là-bas. Ça semble tomber sous le sens, avec l’absence de gravité et ces trucs-là. Du coup, je me demande par où ça sort. Si on avale le bordel ou- » Parler pour combler le silence, pour ne pas le faire sentir qu’elle le prend en pitié - ce n’est pas le cas - mais l’oiseau finit par s’interrompre elle-même. Cadburry se sent comme une intruse tout d’un coup. Comme si elle vient d’interrompre un moment sacré, important, intime. Décidément, elle ne sait pas où se trouve sa place, elle ignore même si elle veut savoir pourquoi il est là. Enfin pour ça, Birdie a juste à lever les yeux vers la pierre en face d’eux pour savoir. « Désolé, t’avais peut-être envie d’être seul, en faites, je pense, je crois, c’est ça ? Tu peux m’envoyer balader, chier, je le prendrai pas mal. »


Dernière édition par Birdie Cadburry le Mar 8 Déc 2020 - 21:34, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyVen 19 Juin 2020 - 16:25


     

If a violin string could ache,
I would be that string
@Birdie Cadburry
C'est une abîme, une certaine notion de l'existence. Les mots claquent et heurtent. Ils vibrent et se font armes. Ils sont des instruments, des outils d'annihilation. Ils achèvent encore et encore. Ils creusent la tombe, ce cercueil. Il en enterre des tonnes, bien trop. Pourtant, cette fois c'est lui qu'on ensevelit, vivant à peine, respirant sans air. On l'a privé de son oxygène. Il en suffoque. Il en vrille, il en chute. Il en oublie la mesure des secondes. Que reste-t-il ? Oui, que reste-t-il ? Des parcelles de vie. Des trémolos d'existence. Des notes que l'on égare dissonantes mais qui raisonnent. Douloureuses. Insatiables. Insupportables. Que le son s'arrête. Que la mesure cesse. Pourquoi respirer encore ? Pourquoi sentir ? Il sent dans sa chair, dans le cœur de ses os, la douleur qui se perd, qui s'ancre et qui marque. Comme au fer. Il écoute ou a-t-il écouté ? Il ne sait plus où il se trouve. L'importance s'est éparpillée. Ses prunelles sont incertaines, troublées par des ombres. Elles s'ouvrent puis se closent. La vision est indigente. Brumeuse. Ou est-il seulement ? Y rêve-t-il encore ? A ce cauchemar infini ou est-il en train de le vivre, de le connaître, de l'éprouver. Il haït cette silhouette, le son âcre de sa voix. Il se prend à abhorrer l'être alors qu'il lui a donné ses doigts. Sa raison, presque. Non, pas presque. Le précipice est là. Il est bien réel. Il veut lui offrir le déni, il n'y retrouve que l'âpre matérialité. Oh, non, ça ne peut être. Sinon pourquoi ? Pourquoi quitter la pièce, pourquoi parler ? Pourquoi écorcher ses phalanges ? Pourquoi avancer ? Il rentre mais pourquoi alors ? Pourquoi se lever ? Pourquoi expirer ? C'est une dénégation. Flagrante. Présente. Elle permet d'avancer encore, quelques pas, quelques mètres. Jusqu'à la prochaine seconde, la prochaine heure. Le prochain jour. Ce n'est pas son premier trajet. Non, il peut remonter des mois en arrière. Il a conservé les semaines. Il revoit les regards, les mots silencieux. Il revoit les gestes et les hésitations apeurées. Il refusait déjà, il a continué. Il y a cru, tellement fort. Tel un acharné. Il y a livré sa force, ce qu'il restait. Il est revenu. Il a tout quitté. Mais ce n'est qu'une partie remise. Un contretemps. Une aparté. Une occasion presque. Il y a cru. Il a voulu y croire. Il l'a fait. C'était tout ce qu'il y avait. Tout ce qui permettait de faire. L'idée de s'arrêter à cette version n'est pas supportable. Ce n'est pas ce qu'il est. Il s'est rendu libre, il a vécu brillant. Il a connu cet acmé puis a chuté, spectaculairement. Il a embrassé un simulacre, une illusion désarticulée. Mais ce n'était que temporaire, c'était écrit, décidé. Envisager une autre issue était vain. Ce à quoi il vaut mieux ne jamais penser. Mais le temps rattrape, il détruit. Il ruine en cendres, en perles de larmes, en grains de sueur et en membres décharnés. Il a récupéré au cours du fil. Il a suivi la ligne et s'y est accroché. Mais dans quel état ? Il n'est plus qu'une ombre, une image altérée. Alors que ses membres reprennent, lui s'effondre. Alors que les heures reviennent, il s'écorche. Il se noie, il oublie, maudit cette mémoire. Il sait qu'il ne sait plus parfois et ça le hante. C'est secondaire pourtant mais si ça signifie plus ? Si ça signifie une déchéance, une errance, une fin assénée ?  Oh, le supportera-t-il seulement ? Il ne tolère plus cette voix, cette douce expression de l'homme. Elle était trop sage, trop modérée. Il aurait du se lamenter, se confondre. Il aurait du chercher une autre idée, lui faire des promesses intenables. Juste pour le retenir. Juste pour lui donner envie. Envie d'être, de respirer. De vivre et d'avancer. Au lieu, il s'est fait implacable, inconscient de sa portée. Il a mis fin à une existence, une que l'homme face à lui n'est pas prêt à abandonner. Pourquoi alors ? Que reste-t-il ? Ces êtres qui l'accompagnent ? Pourquoi leur infliger ? Pourquoi les affliger encore de ce poids, de ce fait ? Il était loin puis il est revenu. Un poids, une lourdeur. Une charge dégradée. Il aime les siens mais quel service leur rend-il ? Le môme n'est pas rentré depuis des jours, non, il s'est évaporé. Dans des ruelles euphorisantes ou dans des cœurs de papier. Il lui parle à peine depuis qu'il est revenu ce jour-là. Était-ce la veille ou d'autres plus tôt ? Il ne sait plus. Il oublie là encore mais pas la lueur de ses yeux. Cette incertitude, cette lassitude. Cette peur primaire et ce silence assourdissant. Il n'a rien dit, qu'aurait-il du dire ? Il n'a pas reproduit l'erreur de son bourreau, il ne lui a pas fait cet affront. Il a apprécié sur l'instant mais maintenant, il ne sait pas. Il est entouré de brumes, d'errances. Il marche en somnambule, agit mécaniquement. Que reste-t-il vraiment ? De la poussière d'étoiles qu'il ne touchera plus. Plus de souffle dans ses veines,ni de vie dans ses doigts. Il a espéré une seconde encore. Tellement espéré. Il le faut, il l'a fallu. Qu'aurait-il fait, qu'aurait-il pu ? Et puis, il a osé. Oh grossière erreur. Un échec encore, une fatale bêtise. Fou, absurde. Stupide. Si stupide. La douleur l'a repris de ses belles chimères, irradiant jusqu'à la raison. Pourquoi cherche-t-il toujours ? C'est un mensonge, un faux-semblant. Il ne reste rien, au fond. Plus rien dans l'entendement. Il lui faut fuir, abandonner. Mais abandonner quoi réellement ? Il ne veut pas y penser, pas encore. Peut-être après. Peut-être quand il aura. Quand il aura quoi ? Obtenu l'absolution ? Ce malheureux pardon ? Il ne sait pas ce qu'il veut demander. Il ne sait pas, il ne sait pas.

Il s'est levé, égaré. Il a déambulé dans ces rues sans discernement. Il est parvenu à sa destination, incertain. Hésitant puis résolu. Il faut qu'il le fasse. Ce ceci. Ce quoi. Il retrouve cette tombe, ce mausolée puis s'effondre. Il s'emprisonne, se retient pour ne pas penser, pour ne pas se mouvoir davantage. Il laisse ses mots partir sans connaître leur but. Ils résonnent dans le tacet parce que la réponse ne viendra sans doute jamais. Il le sait. C'est un écho au creux du vide, une illusion au cœur du néant. Une mélodie lancinante qui résonne dans ses oreilles telle une litanie doucereuse. Il retourne dans les méandres d'un autre temps quand l'écho se fait voix. Il écoute sans dire, entend sans réagir. Il laisse les mots se perdre à ses tympans, étranges, presque délirants. Il sent un geste mais n'en fait rien. S'il lâche, il ignore s'il tient. Sa figure se meut pourtant, se relève légèrement. C'est inconscient, incertain. Peut-être rêve-t-il seulement ? Jusqu'à ce chant bas, perdu entre deux émotions. Ce surnom. En d'autres temps, d'autres lieux, l'entendre aurait fait naître sourire. Là, il retient une grimace. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Il ne veut que plus être alors pourquoi lui ramener un être vivant ? Cette folle lumière, incandescente, trop brillante ? Elle est un passé lointain, tellement plus joyeux. Il ne sait plus de quand vient la dernière fois. Cette mémoire toujours. A-t-il tout perdu ? Il ne répond pas alors, conserve cette expression. Quelle expression seulement ? Elle se veut neutre, elle le trahit. Les traits clairs sur son teint parcheminé parlent sans avouer. Il est au sol, il est plus bas que terre. Dans tous les sens qu'on peut donner. Il a accroché ses prunelles à ses pieds nus sans relever la tête vers elle. L'affronter des yeux n'est pas une option. Il risquerait de. De quoi ? De se perdre davantage ? De s'évertuer ? Non, il se retient même quand les genoux de sa petite fée viennent rejoindre le plancher. Elle est une illusion multicolore, une étoile flambante. Il sent ses doigts sur son bras sans usage, douloureux, anesthésié. Il y fixe ses iris, ses tympans à sa voix. Ce soupir puis cette question. Il ne sait quoi lui répondre. Le veut-il seulement ? Non, elle est trop. Trop quoi ? Trop pure, innocente ? Ils ne sont plus des enfants. Il s'accroche au flot de ses lèvres, il aurait voulu rire. Elle est absurde, si absurde. Quelque chose qui n'a pas changé. Oh comme il aimerait la rassurer, lui dire que tout va bien, qu'elle peut partir, piquer les fleurs, se faire belle comme une princesse bariolée. Il est fébrile mais figé encore, il hésite, ne peut pas céder. Pas avec elle, non, pas avec elle. Il ne veut pas l'abîmer. Elle poursuit ses mots, suggère des noms. Il ignore où se trouve le premier, refuse de le déranger davantage. Il n'a pas croisé le second depuis des semaines alors même qu'ils se trouvent au même étage. Elle bouge encore, il le sent plus qu'il ne l'observe. Elle est derrière lui, c'est sans doute mieux. Il risque moins de croiser les deux perles saphiriques qui lui servent d'yeux. Il sent l'autre main sur son dos. Il existe donc encore. Elle est réelle. Comment l'aurait-il rêvé ? Il ne pourrait pas, pas quand elle discourt de la sorte. Il n'y a qu'elle pour parler ainsi, peut-être son aîné. Ils sont d'un autre monde, trop précieux pour cette réalité. Le sourire presque, non, il est adsorbé. Comme il aurait voulu pouvoir. Elle n'a pas l'attention qu'elle mérite. Elle s'arrête en chemin. Il s'interroge. Elle semble avoir réalisé quelque chose. Elle va partir. Il le sent. Elle a saisi. Elle aurait raison. Le laisser là, l'abandonner. Ça serait sans doute pour elle, pour lui. Pour ne pas l'esquinter. Alors pourquoi hésite-t-il ? Pourquoi se décide-t-il enfin à bouger ? Sa main vient rejoindre celle qu'elle a laissé sur son bras. Ses doigts sont frais, tangibles. Elle est vraiment là. Il est égoïste, il le sait. Il devrait la laisser fuir, vivre. Il la retient du bout des phalanges. Elle peut se lever, repartir, l'ignorer. Oublier. Mais que fera-t-il alors ? Le gouffre est à ses pieds, ce doux précipice. Si tentant. Si libérateur. Non "Non". Le mot est lâché. La voix rauque, sourde, éraillée. Un murmure. Puis un souffle quelques secondes après. "Je sais pas ... je sais pas ce que je ferais si je reste seul." Pourquoi est-ce vrai ? Pourquoi en prend-il la réalité alors qu'il n'aime plus que le déni ? Les paroles sont soufflées, à peine hautes mais elles résonnent dans sa dépouille encore vivante. Que fera-t-il ? Que reste-t-il ? Cette abîme. Cette ruine. Peut-être est-ce terminé. Peut-être aurait-il du ... "J'aurai pas du en revenir, Bi. J'aurai du y rester." Ne pas y survivre. Ne pas résister. Peut-être était-ce son heure et il a fallu qu'il s'accroche. Encore. Pourquoi ? Pourquoi s'est-il réveillé ? L'idée le frappe alors qu'il annonce le fait. La voix est faible mais n'a pas tremblé. Il s'enrage lui-même, foutu obstiné. Il se retient à cette vie. Il la retient, elle. Peut-être devrait-il fuir les deux. Et rejoindre son père.

CODE BY MAY
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyVen 19 Juin 2020 - 23:37


C’est plus qu’une désolation, c’est une véritable peinture saisissante qui est dessinée et orchestrée dans le cimetière, sans même que les deux protagonistes impliqués n’en aient conscience. Il y a la masse brune toujours effondrée à même le sol, écrasant le goudron, l’herbe, les cailloux, peut-être même des fourmis et autres petites bestioles qui se complaisent dans les chemins sinueux de l’œil désintéressé de l’humain. Birdie pourrait le réprimander juste pour ça, juste parce que ça la ramènerait sur une route qu’elle connait, des pavés dont elle est familière. Des briques bien classées pour une vie totalement décomposée et décousue comme la sienne mais dont elle réussit à esquiver les embûches et autres rochers plus ou moins avec brio. Et il y a la masse blonde, incertaine au possible, qui s’aventure dans une mission périlleuse où elle ignore si elle va perdre un bout de vie si elle échoue ou non. Un grand jeu vidéo mais c’est bien la réalité. Il n’y a pas de simples peaux de banane sur la route, c’est bien pire que ça.

« Non. » C’est clair, c’est percutant, encore plus précis que sa main sur la sienne. Birdie n’aurait pas pu interpréter ce geste, sinon, s’il avait décidé de se la jouer silencieux. Il aurait pu la retirer, l’ôter de lui, lui signifier que si, elle peut partir. Tu dois partir, ne pas me savourer dans cet état-là, ne pas constater l’état pitoyable l’humain est capable de se foutre. Elle n’en a pas le cœur réjouit, Cadburn. Les craquelures de l’humanité, elle aime les voir, mais sur les autres. Pas sa famille, pas ses amis proches. Ces petites perles qu’elle collectionne et qu’elle réussit à garder près d’elle par un miracle quelconque qu’elle n’arrive pas à comprendre. Tout comme elle ne trouve aucune cohérence à ce que Malachi veuille qu’elle reste. Elle n’est pas douée pour ça. C’est une situation qui la perturbe et avoir son cœur qui grossit comme le soleil, aussi flamboyant de douleur que de grosseur d’âme, elle ignore comme le gérer. Ce n’est qu’une question de temps, de simples petites minutes, de grossières secondes où Malachi va se rétracter parce qu’il va se rendre compte à qui il parle. Il va réaliser que c’est elle, la voisine d’à côté, la fille de la maison bariolée, celle qui venait l’embêter avec ses animaux, qui n’arrivait jamais à faire sonner un instrument correctement. Il n’est juste pas dans son état normal alors Birdie laisse échapper un « T’es sûr ? » qui n’est pas confiant et encore moins percutant. C’est inhabituel venant d’elle, sa personnalité aussi clinquante que peu discrète ne se contentant jamais d’un timbre si petit, si léger, presque craintif. T’es sûr car je ne le suis pas. Elle aurait sûrement préféré qu’il s’insurge, qu’il se révolte, qu’il l’envoie au diable, qu’il se fasse la malle. En somme, qui lui épargne cette situation. Elle pourrait le détester rien que pour cet affront mais elle n’en a pas le courage. Il y a sa tête qui hurle, les faibles rayons du soleil australien qui réussissent à traverser les verres épais de ses lunettes. Elle a aussi les membres endoloris parce que le carrosse du carrousel dans lequel elle s’est échouée pour (essayer de) dormir ne fut pas si confortable qu’il en avait l’air. Sa nuque tire et pourtant, son cou reste courbé, la tête toujours penchée sur son ami qui parait étonnamment fragile. Et c’est dangereux pour lui parce qu’elle peut le briser à tout instant. Elle corrompt les âmes et elle détruit tout ce qu’il y a de bon.

Il aurait dû partir.
Elle aurait dû le laisser.
Ils n’auraient pas dû se faire subir ça.

Et pourtant. « Je sais pas ... je sais pas ce que je ferais si je reste seul. » Birdie déglutit. Tenir ce genre de propos dans un endroit pareil, ce n’est pas anodin. Et cela suffit pour qu’elle garde son emprise sur lui. Pire encore, elle tourne la paume pour mieux retenir ses doigts contre les siens. Est–ce qu’elle tremble ? Probablement. Elle tremble pour elle, qui ne sait foutrement pas quoi dire et que ça l’énerve intérieurement de ne pas réussir à trouver quelque chose à dire. Pour une fois où elle devrait l’ouvrir, les mots ont l'air d'avoir disparu de sa tête. Elle tremble aussi pour lui, sa voix brisée, son état larmoyant, la vision qui lui offre qui la bouleverse. Cadburry voudrait le secouer, le réveiller, le sortir de cette transe dont il ne trouve pas le remède et encore moins la sortie de secours. Et elle, pauvre idiote, reine des cascades en tout genre, se retrouve démunie et déphasée. Il n’y a aucune cohérence dans cette scène. Qu’est–ce que tu ferais si t’étais seul ? Non, elle n’est pas conne à ce point. Elle déglutit de nouveau, les lunettes qui commencent à chanceler sur son nez étroit ; aurait–elle des sueurs de nervosité insoupçonnées ? Impossible, Birdie ne stresse jamais. « J'aurai pas du en revenir, Bi. J'aurai du y rester. » La mâchoire crispée, la main qui suit le mouvement contre la sienne, la voix sèche et la gorge défaillante. « Dis pas de conneries. » Est–ce qu’elle va lui servir sur un plateau les discours bateaux ? Les ‘‘tu es plus fort que ça’’ ou encore ‘‘si t’es encore là, c’est qu’y a une raison’’ ? Rien que les penser, ces phrases stupides, Birdie en a le tournis. Les phrases pré–faites ne servent à rien, elles n’apaisent pas, elles servent juste de pommade futile, une sorte de soins de premiers secours pour les âmes en détresse.

Elle n’est pas en détresse, pas vrai ?

Dites cela à ses mains qui deviennent moites. A son cœur qui vrille parce la mort, l’extinction de l’existence même, elle ne veut pas y penser, Birdie. Elle n’est peut–être qu’un esprit perdu de ce foutu monde mais elle aime vivre. Elle aime expérimenter, elle s’abreuve de ses erreurs, de son parcours chaotique. Elle a des faiblesses, elle a eu des fautes, des lourdes qui la guident vers des endroits encore plus obscurs et parfois risqués. Elle joue à des jeux où elle risque sa peau, sa vie, sa liberté, son cou mais en aucun cas elle veut penser à la mort. Elle l’a vu, elle l’a frôlé et elle s’est toujours enfuie. Alors son premier réflexe, c’est naturellement de le lâcher. Son buste s’éloigne, elle regarde son dos, recroquevillé au possible, et elle se lève. Machinalement, brusquement.

Il lui a dit de rester. Non, il lui a juste dit non. Non, restes. Non, ne t’en vas pas. Ou non, fiches moi la paix. Non, va voir ailleurs. Au final, elle n’en sait rien. Mais le reste de son discours est un SOS et la bouteille lancée, elle est déjà brisée en mille morceaux parce que Birdie l’a laissé filer. Ou pire, elle n’a même cherché à l’attraper. Ses mains sont si humides, elle aurait vraiment pu juste glisser. Elle les frotte contre sa veste envahie de pins, ça ne fonctionne pas. Alors elle passe à sa jupe en jean et elle finit par en avoir les paumes qui rougissent, qui brûlent parce qu’elle y met de l’énergie, comme pour s’éloigner, faire les cents pas, essayant de réfléchir mais n’y arrivant pas. Alors Birdie laisse couler les mots, la langue se déliant parce que c’est ce qu’elle sait faire. Canaliser son stress avec des paroles rocambolesques (ou pas). Si elle s’exprime à voix haute, elle finira sûrement par le rassurer lui en même temps qu’elle, n’est–ce pas ? « Tu vas vraiment m’infliger ce moment, Malachi ? Je te dirai pas que t’es pas seul parce que tu le sais. Comme t’es pas assez ignorant pour savoir aussi que je te botterai le cul avec ton violon ou des baguettes de batterie si jamais tu venais à faire une connerie. T’as pas le droit de le faire, de l’envisager, ni même de le penser, c’est clair ? Et… t’as pas le droit de– De me forcer à subir ça. Ta détresse, ta peine, je sais pas comment on fait, c’est pas mon rayon, je– » Elle continue à faire plusieurs pas, en rond, en ligne, en diagonal, parlant avec ses mains, avec des bras, faisant clinquer ses pins et filant sûrement ses collants sous ses pieds nus contre les cailloux.

Elle est totalement en détresse.
Elle a le sang qui bouillonne, à la fois en colère de ce qu’on lui force et de ce qu’elle ne sait pas régler et en même temps dans l’incompréhension mélangée à la brutalité de la chose. Birdie déglutit pour la troisième fois avec le peu de salive qui lui reste. La bouche enfarinée, l’eau manque, le sommeil aussi. Elle soulève ses lunettes sur le sommet de son crâne, ses yeux se plissant face à l’agression de la luminosité, s’arrêtant enfin pour regarder Malachi, ou en tout cas sa forme corporelle. « Crois pas que la mort est une meilleure solution. Figure–toi qu’on continue de péter quelques heures après. C’est vachement moins glamour, tu en conviendras. » Il n’en conviendra sûrement de rien tout parce que Malachi a clairement d’autres préoccupations. Mais si ses anecdotes à la con peuvent servir à faire fuir ce genre de pensées, alors qu’ainsi soit–il.

Birdie a la lèvre inférieure qui tremblote et dans une frénésie, un coup de folie qui n’est propre qu’à elle, elle fond sur Malachi. Elle n’est plus derrière, elle est devant. Et elle n’est plus délicate, elle a de la force. « Regarde–moi, Maki. » Alors qu’elle essaie de le redresser, à genoux devant lui, Cadburn est bien décidée à ne pas laisser la vision du jeune homme comme ça. Elle ne peut pas le supporter. Ni ses nerfs ni son cœur ni ses émotions. C’est purement égoïste, parce qu’elle ne sait pas faire autrement. Mais elle pense que c’est un mal pour un bien, qu’agissant ainsi, ça peut être bon pour lui. Il faut qu’il se redresse, il faut qu’il aille mieux. Ses boyaux se serrent déjà à l’idée où les pensées de Malachi peuvent l’entrainer. Elle ne veut pas le perdre. Elle n’a pas grand monde sur qui elle peut compter et il est précieux, trop précieux pour qu’elle le laisse voguer là où elle ne peut pas aller. Sydney, c’est plus simple comme trajet que celui de la faucheuse. Elle ne l’autorise pas à partir, pas maintenant et certainement pas sous sa vigilance. Et encore moins à se laisser bercer de ces foutues pensées lugubres. Birdie pose ses mains sur ses joues de façon à le tenir droit. Qu’importe s’il ne fait pas le contact visuel, tant pis s’il s’effondre, il écoutera quand même ce qu’elle a à dire. « Je suis là, ok. C’est hyper banal et je te hais de me faire dire ça mais je bouge pas. Je vais être une chieuse infinie jusqu’à ce que t’ailles mieux. Je suis contente que tu sois revenue, moi. T’imagines la peine que j’aurai eu si t’avais été ici six pieds sous terre ? Okay, t’aurais sûrement été encore plus attentif à m’écouter parler mais je préfère quand même cette version–là. Ta version vivante, qui respire, qui roule des yeux, qui est bien trop gentil pour m’envoyer chier et qui va se ressaisir parce que ce n’est que passager, pas vrai ? » Il n’y a pas d’autres réponses possibles que ‘‘oui’’. Elle n’en entendra aucune autre. Birdie a son instinct qui prend le dessus, cette envie palpable de le raccrocher à leur monde, à elle si c’est assez suffisant. A sa vie surtout. La jolie blonde finit par enrouler ses bras autour de son cou, le rapprochant d’elle, son nez finissant dans la courbe de son épaule. Elle a de la force à revendre, en effet. L’adrénaline sûrement. Les sentiments qui se mêlent et s’emmêlent. Elle le déteste autant qu’elle l’adore. « C’est pas encore le moment de partir. Je te l’interdis. » C’est maladroit, c’est brutal, ce n’est pas forcément soigneux et encore moins prévenant. Elle est brute de corps, presque certaine qu’elle va finir par l’étouffer à force de le serrer contre elle. Mais tant pis. Birdie se rassure qu’il est bel et bien vivant et que tant qu’elle sera là pour le protéger de lui–même, rien ne lui arrivera. Elle sent son propre cœur et surtout celui de Malachi, preuve que tout fonctionne, qu’il ne s’est pas perdu et que ce n’est pas ce jour que cela arrivera.

Son monde ne cesse de se fracturer à chaque fois un peu plus mais elle refuse qu’il crée une nouvelle craquelure. Tu ne l’auras pas. Pas aujourd’hui en tout cas. Elle n’a que peu de personnes dont elle tient mais si un d’entre eux venait à lui échapper, c’est comme une partie d’elle qui s’envolerait avec elle. Elle est un oiseau alors ne lui brisez pas les ailes, s’il vous plait. Elle en a encore besoin.


Dernière édition par Birdie Cadburry le Mar 8 Déc 2020 - 21:33, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyDim 19 Juil 2020 - 18:25


     

If a violin string could ache,
I would be that string
@Birdie Cadburry
L'ombre est pâle, vacillante, à peine marquée. Elle déchoit à mesure des secondes, prisonnière d'un mirage. Elle est figée, figure entre les poussières, sur la terre âcre et abîmée. Si elle frisonne, ce n'est du froid. C'est de l'existence atone, celle qui la retient. Elle est une illusion que l'on façonne, une vie qui chancelle. L'éclat n'est plus. Il n'a plus rien de luminescent. Tout juste des restes anciens aux couleurs dépareillées. Elle ne pense plus. Elle hante, se hante. Il. Etre abandonné. Les mots grésillent entre ses tempes. Ils ne semblent jamais s'arrêter. Ils sont confus, presque sinistres. Ils gravent le jour sans heure, incessants. Le drame d'un être vivant se poursuit presque toujours et se dénoue dans le silence. Alors pourquoi il ne s'y noie pas ? Pourquoi ses pensées vivent-elles, lancinantes, existantes ? Pourquoi continuent-elles de le hanter ? Il est d'un marbre que l'on grave encore et encore puis que l'on brise. Acharné. Les paroles s'enchaînent et reviennent. Si calmes, si sereines. Tout ira bien, voyons. Tout ira bien. Y croyait-il seulement ? Pouvait-il cet homme avoir un espoir quelconque dans le fond de ses mots ? Non. Comment aurait-il pu ? Il ne sait rien. Il ignore. Il vît dans un autre temps. Une réalité qui n'est pas la sienne. Un univers où le moindre est suffisant. Là où la ruine n'est pas surfaite, où l'on peut exister en étant rien. Mais lui ne peut être rien. Il ne veut être rien. Il veut respirer. Son oxygène. Il veut juste un sens à sa raison. Il veut avancer sans se perdre, poursuivre sans égarement. Mais que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Il ne sait plus. Les idées viennent mais n'ont plus de forme. Elles sont infirmes, décharnées. A son image. Inhumaines. Moins que rien.
Il ne voit pas la fin. Elle est sombre. Elle est lointaine. Il n'y parviendra jamais. Le sursis est illusoire. Il n'est rien d'autre que renoncement. Il pourrait. Il pourrait quoi ? Chercher. Abandonner. Cesser de croire. Oublier. Ce serait tellement plus simple, tellement plus aisé. Sans doute est-ce là ce qu' il attendait. Ce bourreau. Sans doute est-ce l'évidence à laquelle ils s'accordent. Les autres. Il en est incapable. Renoncer. Mais pour quoi ? Pour recommencer ? Pour ... vivre ? Mais vivre quoi ? L'intérêt manque. La force aussi. Il n'est que futile. Sans utilité. Le passé a démantelé. Le présent serait plus simple. Si seulement il n'en était. Alors pourquoi est-il là ? Pourquoi est-il encore ? Pourquoi cherche-t-il à croire, à persister ? Il a déambulé entre les mausolées, dans cette vision quotidienne. Il pourrait réciter les noms qu'elles abritent. Il les a tant observé. N'est-ce pas là le tragique ? Alors que la mémoire périt, il retient les absents. Peut-être parce qu'il est sans être ? Parce qu'il s'engouffre dans le néant. Il est ce masque qu'il arbore, ce mirage qu'il renvoie. Mais il est tombé le masque, il a quitté ses pommettes. Parce qu'il a fallu qu'il tente, qu'il espère. Qu'il croit, pauvre fou, qu'il essaye encore. L'illusion était belle pourtant. Elle durait. Le gris était sien mais au moins, il respirait. Il continuait de s'éveiller, de venir et de prétendre. Il continuait d'aspirer, de projeter et de se promettre. Mais de se promettre quoi ? Un avant oublié. Une existence lumineuse qu'il aurait simplement freiné. Une vie fantasmagorique. La seule qu'il connaît. Il aurait du. Il n'aurait pas du. Il aurait du prétendre. Encore et encore. Et la réalité serait devenue matérielle. Elle aurait pris forme, vérité. Mais elle n'est que chimère et faux-semblant. Comme lui. Et il a égaré le masque. Il lui a échappé des paumes. Il a quitté les lieux puis erré sans attaches. Il est revenu à l'ancrage, à ce point de départ. Cette fin. Il est envahi du silence, immergé dans le tacet. Qu'il l'abhorre, qu'il le hait. Pourrait-il seulement abdiquer ? Il ne veut plus entendre les poussières qui enraillent ses pensées. Il ne veut que se mêler à celles où il s'effondre.

Mais soudain, il n'est plus. Le silence se brise et se transfigure dans une voix. Il la connaît, il l'écoute. Il s'y raccroche. Sans penser. Elle résonne à ses tympans et ne rencontre aucune riposte. Il ignore si elle est réelle mais il ne veut pas s'éveiller. Pas encore. Pas tout de suite. Pourquoi est-elle là ? Pourquoi en cette heure ? La réponse lui manque. Les mots flottent puis se dissolvent, perdus dans le vent. Il l'entend, encore et encore. Elle parle sans cesser. Parce qu'elle vît, elle, folle princesse. Pure et bigarrée. Elle strie des rayons sur l'ombre, crée des fissures sur le marbre décharné. Il respire à la durée de ses mots avant qu'elle n'abdique. Désolée. Elle n'est pas faite pour les tombes. Non, elle est faite pour les champs. Les entrelacs de couleurs qu'elle porte sur ses vêtements. Elle est une lumière trop brillante. Il ne peut l'éteindre, la toucher même. Il ne peut l'écailler. Il devrait lui dire de fuir, de s'en aller. Il n'en vaut pas la peine. Autant le délaisser. Mais elle gagne le silence, détruit le tacet. Il lui refuse ses prunelles, observe ses pas. Elle est déchaussée. Elle est absurde. Si humaine. Si irréelle. Si déplacée.
L'ombre oscille. Il doit se perdre. L'oublier. Mais elle existe. Ses gestes le prouvent. Elle est derrière lui. Ses doigts se gravent sur ce bras inepte. Elle va partir. Il doit y rester. Ne plus combattre. L'abîme est reine. Fulgurante. Elle gagne ses veines, écorche sa peau. Le laisser seul. Elle devrait. La fin est dans le silence. Non. La voix claque, elle est murmure. Souffle vibrant, éraillé. Il a retenu ses phalanges entre les doigts. Elles sont une ancre. Il dérive. Le voilà égoïste encore. Elle le peut le réprouver. Elle hésite. Elle interroge. Alors il poursuit. Il s'accroche à ses mots, à cette vérité qu'il énonce. Elle le frappe. Résonne dans l'écho vivant. Il ne sait pas. Il ne sait ce qu'il reste. Il aurait du partir. Il aurait du y rester. Elle tremble. Elle respire. Pourtant, il poursuit. Il souffle cette existence comme pour résister. Pourquoi le fait-il ? Pourquoi tenter ? Laisse-la partir. Laisse-toi crever. Laisse-toi mourir. Abandonne. Elle le fait. Elle n'est plus là. C'est fini. Dis pas de conneries. Ce sont les derniers mots. Il en rirait en d'autres lieux. Pas ici. Ses doigts sont vides d'elle. L'illusion s'est perdue. Il se renferme encore, rabaisse les prunelles au sol et cesse de fixer cette main exempte. Pourquoi n'entend-il pas ses pas ? Soudain, ils sont. Elle s'est levée sans doute. Ses pieds nus font naître des ondes qui bouleversent les grains rocheux quand elle se meut. Ils sont tout ce qui brise encore le silence, le néant froid. Elle est loin. Il ne sait. Elle le fuit. Comme elle devrait. Du moins le croyait-il. Mais sa voix résonne. Forte. Tranchante. Les paroles vivent puis heurtent. Elles le frappent autant que sa peine. Et il se hait. A-t-il fallu qu'il l'ébrèche, elle aussi ? Est-ce là son dernier funeste succès ? Il veut hurler en réponse. Parler plus fort. Noyer ses mots. Noyer les dommages qu'il cause. La peine qu'il lui crée. Pourquoi en-a-elle quelque chose à faire ? Sait-elle seulement ce qu'il est ? Il n'est plus. Il n'est que cendres et débâcle tourmenté. Ses traits sont des ravages, vestiges liquéfiés. Il est déjà cadavre. Qu'elle le laisse. Fuis, Birdie. Fuis. Je peux plus rien pour toi. Je veux pas que tu te perdes. Je veux pas t'abîmer. Les mots crissent entre ses tempes, vociférant pour leur liberté. Mais ils n'atteignent jamais ses lèvres. Elles ne sont que suppliques, murmures suppliants. Brouillés dans l'écho de sa silhouette, tintant contre ses traits. "Laisse-moi, laisse-moi là. Je suis plus, Bi'. Sauve-toi. Pardonne-moi." Elle continue de s'agiter pourtant. Il l'entend. Quand elle s'arrête, il pense qu'elle va renoncer mais l'incongruité retrouve sa voix. C'est tellement étrange, qu'il ne sait que répondre. Elle met un coup d'arrêt à sa réflexion. Il sait. Il bosse avec les cadavres. Pourquoi pense-t-il à ça maintenant ? C'est juste absurde mais ça lui ressemble. Cette extravagance insensée. Oh pourquoi faut-il qu'il la bosselle ? Qu'il s’exècre. Ses traits sont diluviens. Il ne les a pas relevé. Mais elle est là pourtant. Elle est face à lui. Il la sent avant de la voir, l'entend avant de l'observer. C'est un ordre. Il ne veut pas l’exécuter. Il refuse de voir ses yeux. Sa pitié suffirait de l'achever. Mais peut-être est-ce là ce qui manque. Parce qu'il résiste encore, pauvre fou. Il relève ses pommettes vers elle. Elle a saisi ses joues. Il pourra résister mais il s'incline. Il y a pire vision à emporter. Elle le retient. Il laisse faire. Il l'écoute encore sans croiser ses iris pâles. Il se veut indifférent, porteur d'un nouveau masque. Il doit l'épargner. Il doit bien ça. Rien qu'à elle. Les mots se gravent pourtant, font tanguer l'ombre. Il voudrait disparaître mais ses doigts sont sur ses traits. Pourquoi faut-il qu'elle soit ainsi ? Pourquoi elle ? Que fais-tu là, Birdie ? Laisse-moi partir. Tu serais mieux sans qu'avec ça, Birdie. Un simulacre. Une illusion d'un passé dont elle n'est plus que la seule lumière. C'est pas passager, Birdie. Si seulement. Si seulement, je tiendrais encore. Mais je peux plus. Je suis plus rien, Bi', plus rien. Alors il clôt ses paupières. Il ne peut lui faire face. "Je peux plus, Bird'. Je peux plus. J'y arrive pas. J'ai plus rien. Tu devrais pas voir ça. C'est pas moi. C'est plus moi." Elle devrait fuir mais elle se rapproche encore. Ses bras sont autour de son cou, l'arrête de son nez dans son épaule. Il la sent contre lui alors qu'elle l'étreint. Elle a plus de force qu'il n'en possède encore. Alors il cesse de prétendre. Il lâche ses genoux pour lui rendre son étreinte, avec plus que faiblesse. Qu'importe si son bras hurle dans ses veines. Il le retient, noie une main dans ses cheveux puis sombre. Elle lui interdit de partir. Mais que pourrait-il faire ? Il n'a plus rien à donner. Plus rien à être. Il n'est que réminiscences glorieuses, fantasmagories intouchables. Parce qu'il a perdu ses doigts, il a perdu son âme. Le monde peut être sans lui. Il ne peut être sans eux. Il faut qu'elle comprenne. Il est cette ombre, cette illusion sans éclat. Cet avenir sans lumière. Imaginaire. "Je les ai perdu, Bi'. Ils reviendront plus. Je peux plus, c'est fini. Je peux plus" Je peux plus jouer. Je peux plus respirer. Je peux plus être. Je peux plus vivre. Je suis plus qu'une ombre, ma Birdie. Un foutu mirage. Un homme sans âme. Déjà un cadavre. De la poussière déteinte que l'on enterre. Dans le silence.

CODE BY MAY
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyMar 21 Juil 2020 - 12:53


« Laisse-moi, laisse-moi là. Je suis plus, Bi'. Sauve-toi. Pardonne-moi. » Un murmure qu'elle ne peut entendre dans l'agitation de ses états, dans le bruit de ses membres qui s'entrechoquent, le bourdonnement de ses oreilles bloquant et filtrant tout passage de brouhaha jusqu'à son intérieur. Elle est trop loin, il est trop recroquevillé, petit, faible, elle ne peut pas écouter ce qu'il dit, encore moins comprendre. De toute façon, c'est certain qu'elle n'aurait pas aimé. Déjà qu’elle ne peut apprécier le paysage qui se dessine devant elle et encore moins la scène qui se passe et dans laquelle elle se retrouve actrice en plus de spectatrice. Birdie pourrait faire comme les autres. Elle a la capacité de fuite. Celle de prendre le large quand la tempête devient trop violente pour elle et que le bateau menace de sombrer. Elle l'a déjà fait. Plusieurs fois, dans différentes situations. Prendre la poudre d’escampette, déployer les ailes, paraître détachée pour mieux abandonnée.
Mais pas ce matin.
Malgré sa fatigue, malgré son mal de tête qui menace de reprendre, malgré les courbatures de la nuit, vestiges d'une nuit guère confortable, Birdie a l’air de vouloir laisser ses pieds autour de lui. Rôdant, observant, guettant, comme si elle allait sauter devant le moindre danger voulant percuter Malachi. Mais le danger venant de sa propre tête brune, de ses tourments intérieurs, de ses démons qui explosent aujourd’hui devant ses yeux filtrés par ses épais lunettes noirs, le défi est plus compliqué.
La Cadburn ne comprend pas forcément les tenants et aboutissants de son propre esprit. Elle ne l'a jamais su, elle se laisse juste portée. Elle sait juste qu'elle ne peut pas le laisser. Ni dans cet état et encore moins seul. Pas défaillant de la sorte, pas au bord d'un précipice bien trop vertigineux, tentant, périlleux et menaçant. Pas quand il lui murmure qu’il n’aurait pas dû s’en sortir. Pire, qu’en solitaire, il ignore de quoi il serait capable.  Qu’il aurait mieux fait d’y laisser son être tout entier. Un frisson lui parcourt l’échine.Birdie s’en retrouve brisée de le voir aussi peu avenant avec la vie, aussi faible face à tout ce qu’il pourrait encore avoir s’il s’en donnait les moyens. Malachi n'est pas supposé être faible. C'est son rayon à elle, pas le sien.

« J'ignore quel jeu tu joues mais tu gagneras pas. Je suis une mauvaise perdante, t'es bien placé pour le savoir. » Celle qui envoyait valser les plateaux de jeux ou les manettes de console parce qu’elle avait perdu, ça a toujours été elle. Birdie est vexée – non, elle est blessée qu'il juge nécessaire de la fuir du regard. Qu’il n’a visiblement pas confiance en elle, qu’il ose lui montrer un visage indifférent à tout. A elle. Qu’il observe son épaule, son cou, son menton, peut-être plus intéressé par ses breloques qui ornent sa veste que son visage. Alors la princesse se frustre. Encore plus parce que son ego est piqué et qu'elle a la sensation qu'il se bloque. Qu'il refuse de la laisser entrer. En soi, elle ne peut pas lui en vouloir. Elle brise tout ce qu'elle touche. Mais leur amitié est censée avoir de la valeur, bordel. La reconnaissance de Malachi, les mille et un partages de son monde qu'il lui a offert, toutes ces années où ils sont toujours restés indiscutablement liés, c'est si rare et si unique aux yeux azur de la Cadburn. Pourquoi il ne peut pas le comprendre ? Ni même ouvrir les yeux et contempler qu'elle est là ? Qu'elle a le fond des iris qui paniquent mais qu'elle garde tout de même cette force, cette emprise pour lui. Pour tenter de le sauver de lui-même à défaut de ne jamais réussir à le faire pour elle-même. Malachi vaut tellement plus qu'elle. Il vaut bien plus que beaucoup de personnes sur cette maudite planète – symbole même de son importance dans l’histoire de Birdie. Il a toujours été là, toujours quelque part, présent sans être oppressant, une autorité amusée qu’elle écoutait presque malgré elle. Ils sont si rares, ces liens de considération, qu’elle les chérit. A sa façon, peut–être de façon brutale, fougueuse, irréfléchie, mais elle les chérit terriblement.

Alors évidemment, qu’égoïstement de surcroît, Birdie se refuse aux idées absurdes et connes qui peuvent hanter le cerveau et alimenter la malheureuse condition de son ami.

La main dans ses cheveux blonds devrait la réconforter. Ressentir son souffle qui lui titille la peau encore plus. Elle le ressent contre lui, elle qui a toujours l’air définitivement trop petite au milieu de ses bras. Et pourtant, elle a conscience que c’est elle qui le porte et non l’inverse. C’est elle la protectrice aujourd’hui, c’est elle celle qui lutte pour qu’il puisse sombrer en toute tranquillité. Tant que c’est avec elle, contre elle, elle est prête à l’accepter. Mais il n'a pas voulu la regarder, il a lutté, il l'a défié. Cela, elle ne peut s’y résoudre. Il n'est pas le dernier pour savoir qu'elle peut être terriblement ambitieuse quand elle s'en donne les moyens. Elle en fait preuve, d’ambition, étonnamment. Ses muscles se serrent autour de lui, elle essaierait presque de le bercer. Se relevant sur ses jambes pour ne pas le laisser l’engloutir, qu’elle garde la main mise sur lui parce que c’est elle l’aidante et non l’inverse. C’est lui à la dérive et c’est à elle d’être le rocher. Il vibre contre elle alors qu’il est en état d’épave, il profite de ce moment pour se cacher (de nouveau) d’elle, de sa vision, de ses yeux scrutateurs. Elle va essayer de passer au-dessus, de ne pas s’attarder sur ce fait, d’être juste là, avec toute sa folie et son absurdité en ayant l’espoir qu’il finisse enfin par accrocher ses prunelles aux siennes.

Mais la patience n’a jamais été son fort.

« Je peux plus, Bird'. Chut. Je peux plus. J'y arrive pas. Arrête. J'ai plus rien. Arrête, j’ai dit. Tu devrais pas voir ça. Tais-toi. C'est pas moi. C'est plus moi. Stop. Tu continues à dire des conneries. » Sa voix se veut intransigeante mais elle est plus faible qu'elle ne le souhaiterait. Plus tremblante, tout comme cette main qu'elle finit par faufiler dans la jungle de boucles brunes. Se retenir à elles pour le retenir contre elle, quitte à avoir la poigne trop persistante, douloureuse sans qu'elle y fasse gaffe. Tu m’as moi, est–ce que ce n’est pas déjà beaucoup ? Est–ce que ça ne vaut rien ? Est–ce qu’il suffit qu’un foutu accident te bloque tout ce que tu possèdes ? Les considères–tu comme acquis, Maki ? Est–ce que je suis déjà acquise ? Bonne à rien dans cette histoire ? Est–ce qu’il n’y a rien qui te donnent envie de te battre ? Birdie aimerait que son ouïe devienne sourde. Que son odorat se développe encore plus pour pouvoir se réconforter dans le parfum de cet ami qu'elle connait que trop bien. Un des rares pour qui elle pourrait tout quitter, y compris sa matinée morne qui aurait dû être sous le signe de la gueule de bois et d'injures envers le soleil qui est toujours trop présent même à l'aube de l'hiver. Sa joue frôle sa barbe, l'arête de son nez se redresse, est chatouillée par une mèche brune et elle pourrait presque sourire devant la touffe imposante que sont devenus ses cheveux. Mais Cadburry n'a pas le cœur à sourire, pas alors qu'elle sent une colère la transporter et la prendre parce que ces foutus mots sont dégueulasses, ils sont pourris et ils lui donnent un arrière-goût amer. Celui du vide, de la mort, terne et abjecte. L’impression de n’être rien, insignifiante, qu’elle n’a pas de valeur. Pas aux yeux de Malachi. Et si elle s’en fiche de n’être rien dans le monde, elle ne peut pas faire comme si ses propos ne la froissent pas, qu’ils ne la chamboulent pas. C’est faux, terriblement faux. Son narcissisme n’a pas de limite et même la frontière du mal être de Malachi ne peut changer la donne.

« Je les ai perdu, Bi'. Ils reviendront plus. Je peux plus, c'est fini. Je peux plus. » Il insiste, il persiste, il signe. Il continue à vouloir rester dans sa spirale Et Birdie, elle a juste son intérieur pour pleurer, s’émietter, s’effondrer. Ses doigts se font plus fermes contre ses boucles folles, s'entortillant autour et les tirant sans s'en rendre compte. Il a beau avoir lâché prise en portant ses bras autour d’elle, lui prouvant physiquement qu'il est là, pas encore complètement à la dérive, son esprit semble voguer de lui-même. Et c'est cette partie-là qui la frustre, qui l'agace, qui l'émeut. « La ferme, Malachi, bordel ! » S’en suit une gifle qui appuie les mots, furtive, sèche, claquante. Le timbre impétueux, l’emportement qui l’englobe entière avant même qu’elle ne puisse se retenir. Impossible de le faire car ce n’est pas supportable. C'est complètement idiot ce que tu racontes. Tu en as conscience, j’en suis sûre, alors pourquoi tu continues ? Il n’y a pas de victoire à savoir qui va remporter la main, à part la certitude que tes foutues pensées disparaissent. Peut–être qu’elle ne l’a pas tenu pas assez fort. Peut–être que ses propres paroles sont trop creuses, trop incertaines pour qu’elles réussissent à se frayer un chemin dans sa cabosse. Mieux encore, jusqu’à sa conscience, ou même l’inconscience, qu’importe, l’endroit où il y a le plus de chance que quelque chose change. Que ses propos ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd – ce qui serait foutrement ironique quand on sait qu’en plus de ses doigts, il a besoin de son ouïe.

La jolie princesse se transforme en la méchante sorcière.

Birdie se détache de sa forme, son corps, de son odeur, de sa respiration, des battements de son cœur – il est foutrement vivant, quoiqu’il en dise – pour l’obliger à regarder derrière elle. Ses fesses au sol, un bras autour de ses épaules, son autre main sous son menton, portant cette mâchoire si finement dessinée mais camouflée par cette barbe dont elle se moquerait sûrement dans d’autres circonstances. Si la méthode douce ne fonctionne pas alors elle change son fusil d’épaule. Et là, il réagira. Il sera forcé de le faire alors qu’elle dirige ses yeux vers la tombe, le morceau de pierre où s’emmêle les herbes avec les cailloux. « Si tu n’as pas le courage de me regarder, regarde-le au moins lui. » Elle l’oblige à faire face à cette foutue pierre gravée où les plus hautes caressent le nom de son père, celui qui a été si fier de lui, toutes ces années, Birdie ayant été le témoin principal de ce fait. « Si tu veux crever, aie au moins les couilles de le lui dire à lui, en face, avec honneur et conviction. Est-ce que tu peux faire ça, Maki ? Ou t’es vraiment devenu aussi lâche que moi que t’es même pas foutu d’affronter la réalité ? Allez, dis–le lui. Je suis sûre qu’il serait très fier de voir dans quel état tu te fourres. » Son regard bleuté ne quitte pas les traits de Malachi. Jamais la tête blonde Caburry ne pourra comprendre la passion qui entraîne et fait battre chaque seconde de la vie du brun. Elle l’a vu jouer, plusieurs fois, un nombre incalculable de fois, et la force de sa passion transpirant dans chacune de ses représentations. Mais elle qui n’a jamais connu une telle adoration dans sa vie, comme peut–être comprendre celle qui a bercé Malachi toute sa vie ? Celle qu’elle a vu de ses propres yeux océan, de ses fines oreilles tendues vers la chambre du garçon qui passait des heures et des heures à pratiquer. Jamais elle ne pourra comprendre mais ce dont elle est sûre, c’est qu’elle refuse de continuer à voir son précieux ami se foutre en l’air comme ça.

Il n’est pas lâche.
Il n’est pas comme elle.
Il ne peut pas être comme elle.

Alors l’intrépide penche son cou, la main toujours sous la mâchoire de Malachi pour ne pas qu’il se dédouane. Pas encore une fois. Pas devant son géniteur. « Tu penses que c’est ce qu’il voudrait ? Te voir mourir de pitié plutôt que d’essayer de vivre encore plus fort ? » Ce n’est pas ce que moi je veux pour toi. Est–ce que cela peut compter ? Est–ce que ça peut avoir un impact sur les méandres de ton esprit ? Reviens moi, Malachi, tu ne peux pas m’abandonner, certainement pas de cette façon. Les os qui se brisent, le cœur qui s’abime, le soleil qui a déjà perdu un peu de luminosité. Elle ne le laissera pas croire qu’il n’a plus rien à donner dans ce monde. Ce n’est que foutaises et balivernes. Il a tellement plus à offrir dans ces chemins de traverses qu’elle. Il peut encore avoir une utilité, un objectif, une ambition. Il n’est pas un déchet, pas comme elle. Il ne traîne pas des boulets aux chevilles, des choses honteuses, des secrets sombres. Il a toujours été droit, Malachi, il a toujours su se consumer pour de nobles passions. Il n’est pas comme elle, il ne sera jamais comme elle, il ne faut pas qu’il soit comme elle.

« Donc quoi, tu peux plus jouer, ta vie est finie ? C’est vraiment la raison la plus stupide qui soit. Ton existence toute entière qui se base que sur ça, c’est pitoyable. T’en as conscience ? » Elle est cruelle, elle en a conscience et elle n’aime pas ça. Mais elle veut qu’il réagisse, elle va le secouer à l’extrême, le claquer de façon imagée aussi bien et encore plus fort qu’elle ne l’a fait physiquement. Les cris de SOS, elle a plus l’habitude d’en faire que d’en résoudre. Mais elle a la peur dans les boyaux alors forcément, parti le voile sympathique et joueur qu’elle a habituellement.

Il doit comprendre que sa valeur dépasse celle d’un vulgaire instrument.
Tant pis pour la manière utilisée dans le processus.
Il la remerciera sûrement après.


Dernière édition par Birdie Cadburry le Mar 8 Déc 2020 - 21:32, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyMer 19 Aoû 2020 - 21:03


     

If a violin string could ache,
I would be that string
@Birdie Cadburry
La douleur. Lancinante. Elle se rappelle. Viscérale. Elle marque ses os, ancre ses veines. Elle le rend vivant alors qu'il crève. Elle reste sans cesse. Jamais ne s'arrête. Elle le prend, le noie. Il s'engouffre dans le creux de la déchéance. C'est elle qui règne, qui commande. C'est elle qui dirige ses pas et l'absence de ses pensées. Il n'est que ruine, peine vive. Il n'est qu'incendie désartibulée. Il n'est rien, plus rien d'autre. La vie n'a plus de raison. Que possède-t-elle encore ? Elle le heurte, l'abîme. Il s'y accroche sans savoir. Pourquoi ? En quoi est-ce utile ? Il n'en fera rien. Il ne peut plus rien en faire. Il a cédé. Échoué. Le voilà croulant dans la déliquescence. Presque déchet.
Elle avait raison, la Mama. Elle avait raison. Il n'a eu que ce qu'il mérite. Il a trop fourvoyé. Il paie son ego. Sa décadence. D'abord elle. Puis lui. Ils fuient comme ils meurent. Il n'est que simulacre. Les regards ne mentent pas. Il ne peut le blâmer. C'est celui que ses propres prunelles lui renvoient quand il daigne s'observer. Il devrait accepter la sanction. Reconnaître ses fautes. Vivre avec et continuer sur des voies moins sombres. Mais il en est incapable. Il ne sait même pas s'il le veut. C'est pas son âme. Celle-ci n'est plus. Elle appartenait à son instrument. Désormais, il ne reste qu'un corps vide et dénué de fond. Qu'un cadavre affligé. Doucereux dans la brume. Il devrait rester là, se laisser envelopper par la pénombre. Prier pour un salut impossible. Puis abandonner la bataille. Il ne peut lutter contre lui-même, contre sa carcasse défectueuse. Et il ne veut être un poids. Non, il l'a suffisamment été. Il est temps qu'il cesse de croire, d'espérer à un miracle. Il ne serait jamais rien d'autre. Une vieille gloire. Un opprobre. De quoi est-il fait si ce n'est de poussière ? D'une existence que l'on ruine. De lendemains sans couleur. Il n'est plus que silence. Indifférence. Il n'est plus qu'affliction. Désarroi. Figure pâle. Inhumaine. Éreintée. Presque incertaine.

Il devrait sombrer. Partir au loin. Pourtant, il respire. Ébloui des derniers rayons. Ils ont ses traits. Ils ont la couleur de ses perles d'iris. Il refuse de leur faire face, incapable de les affronter. Il ne veut l'endommager. Sa Birdie, son oiseau libre. Son tourbillon. Elle détonne dans le décor. Comme toujours. Tellement irréelle. Tellement vivante aussi. Entre eux se placent déjà les limbes. Même si elle parle. Encore et toujours. Inlassable. De tous les tons. Sa voix résonne entre les marbres des tombes et il l'écoute comme une dernière mélodie. Il est pire requiem à entendre mais elle n'est pas de cet avis. Non, elle résiste encore, Birdie. Comment pourrait-il en être autrement ? Elle a toujours vécu à contre-courant, reine de son monde. Elle est maîtresse d'un univers que le reste semble ne pas comprendre. Lui-même parfois est incertain. Mais quand même, il observe. Elles sont souvent belles les peintures que son imagination paraît créer. Si ardentes, si colorées. Oh, il faut qu'elle fuit. Qu'elle le quitte, le délaisse. Qu'elle se détourne sans y penser. Il n'est plus fait d'éclats, ni même de mélodies. Quand ses propres mots résonnent, ils sont austères et pathétiques. Il est faible. Il est égoïste. Il la retient encore. Il va l'affliger. Il ne peut la regarder. Elle ne peut croiser ses prunelles désertées, voir les traits de la déperdition. Elle est trop lumineuse. Il peut au moins faire ça. Elle paraît lâcher l'affaire. Il devrait en être soulagé. Elle revient à la charge pourtant. Infatigable. Elle n'aime pas perdre. Alors qu'elle devrait. Elle ne peut gagner ici.

Qu'a-t-il fait ? Elle se rapproche encore sans offrir d'oreille à ses murmures. Il s'égare dans sa figure, dans sa silhouette. Elle est serrée contre lui, le retenant telle une ancre. Il devrait la jeter à la mer. Elle doit comprendre. Il insiste. Il déverse les mots, les paroles brumeuses. Il délivre ce qui lui reste d'essence. Il n'est plus. Il ne peut plus. Elle ne cesse de l'interrompre, de faire taire ses mots. Sa voix se veut implacable mais elle tremble.
Qu'a-t-il fait ? Il sent sa main dans ses cheveux. Il vit encore mais il sombre. Il faut qu'elle sache. Il n'est plus. Il a tout perdu. C'est terminé. La lutte doit prendre fin. Même pour elle. Il peut plus jouer. Il peut plus respirer. Il peut plus être. Il peut plus vivre. Il est plus qu'une ombre. Un foutu mirage. Un homme sans âme. Déjà un cadavre. De la poussière déteinte que l'on enterre. Dans le silence. Ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir et il ne peut le nier. Le monde peut tourner sans lui. Mais il ne peut tourner sans le sien. C'est terminé, Birdie. Même pour toi. Ça sera mieux comme ça. Il ignore la douleur, celle qui porte son cœur en berne. Il ne reste que celles de ses membres qu'il épuise encore en la tenant contre elle. Mais elle se détache pourtant et sa voix claque. Puis ses doigts. Ils marquent sa joue avec emportement et soudainement le flot de ses pensées se fait muet.
Qu'a-t-il fait ? La douleur naît sur sa pommette. Inhabituelle. Singulière. La silhouette se détache encore. Ça y est. C'est acté. Il ferme les prunelles. Il ne veut pas la voir se lever. Pauvre égoïste. Même elle, tu auras fini par l'ébrécher. Elle part. Non, elle reste. Pourquoi ? Pourquoi est-elle encore là ? Que fait-elle ? Mais que fait-elle ? Un bras encore autour de ses épaules. Elle saisit avec une autre main la base de ses traits. Le geste fait basculer ses paupières qui s'ouvrent sans se détourner. Il saisit sa figure l'espace d'une seconde avant qu'elle ne dirige son regard derrière elle, vers la stèle. Les mots gravés brûlent ses iris encore. Comme il les hait. Sa mâchoire se contracte. Il faut qu'il les détourne. Mais des phalanges pâles le retiennent. Les mots hurlent à ses tympans. La voix de Birdie qui n'a pas cessé. Elle n'a donc pas saisi. Elle est intelligente pourtant. Alors pourquoi ? Il n'est plus cet homme. Elle le voit. Il sait qu'elle le sait. Son attitude lui en témoigne. Alors pourquoi rester ? Pourquoi insister ? Elle ne lui offre que plus de raison. Qu'en penserait son géniteur en effet de son épave de fils aîné ? Il n'aurait plus encore raison d'en être fier. Et c'est bien là encore une autre raison d'y rester. La mère le blâme. Le père est parti. Il n'est plus le môme qu'il a laissé. Il n'est même plus le frère qu'il est censé être. Pas même l'ami à en croire la jeune femme. Un moins que rien, Malachi. Voilà ce que tu es.
Qu'a-t-il fait ? Elle le retient pour ne pas qu'il se détourne mais il le fait. Pour elle. S'il quitte la tombe du regard, c'est pour lui faire face. Les traits fermés. Ses prunelles bleues irréelles. Il cesse de les ignorer. "Tu veux que j'affronte quoi ? Le fait que je l'ai tué ? Le fait qu'il soit là à cause de moi ? Parce que ça, je le fais déjà, Birdie. Je me voile plus la face." Le regard se retient puis baisse, se clôt. La voix ferme se perd. Le masque s'effondre. C'est presque un cri qui naît. Un désespoir. "J'en sais rien. J'en sais rien de ce qu'il voudrait parce qu'il est plus là. Ni lui, ni elle. Elle me déteste, tu sais. Elle pense que j'ai que ce que je mérite. Ben peut-être qu'elle a raison. J'ai plus rien, Birdie. J'ai plus rien. Tu veux que je vive plus fort mais pour quoi ? Pour les miens ? Pour que je les abîme davantage ? Ils ont pas besoin de moi. Et j'en ai marre de me battre. Je gagnerais pas. Pas cette fois. Mon corps est inutile. Ça reviendra pas." Ces mots qu'il crache, ils résonnent. Ils sortent sans qu'il n'y pense. Il les sait vrais et leur matérialité fissure encore la surface. Il croise ses yeux, s'en détourne à mesure qu'il défile. Le mur a cassé. La voix se brise, le ton se baisse. Ses propres mains abîmées rejoignent momentanément son visage. Comme pour rafistoler le voile. Il a durci quand il le relève vers elle. "Ouais, c'est pitoyable. Mais c'est la vérité. T'as mille raisons de vivre, Birdie mais j'ai tout construit avec une seule. Et maintenant, elle est partie." C'est un murmure presque, un écho dans les allées sombres. Pathétique. Vrai. Il a quitté la marque de ses doigts, s'est éloigné, légèrement. Elle est là face à lui et il s'abhorre encore. Elle devrait pas voir ça, pourtant il le lui inflige. C'est elle qui reçoit les mots qu'il veut taire. C'est elle qui entend les vérités qu'il fuit. Lâche peut-être. De quoi se détester un peu plus. Il a voulu l'épargner mais il a échoué. Il a échoué mais elle n'a pas fui. Elle n'est pas lâche contrairement à ce qu'elle pense. Pas avec lui. Ça devrait compter pour quelque chose. C'est le cas. Il l'observe tout entière cette silhouette, il cesse de l'éviter. En d'autres temps, elle aurait fait naître un sourire. En d'autres lieux révolus.

Puis il la revoit cette gamine à tête blonde avec ses grands yeux trop bleutés. Il la revoit celle qui sautille d'excitation et qui emporte les vents tel un tourbillon. Il la revoit plus grande aussi, toujours fugace, toujours mouvante. Il la revoit avec ce père qui n'est plus et cette femme qui a abdiqué. Il la revoit, inchangée alors même qu'il n'est plus qu'ombre. Pourquoi elle reste Birdie ? Elle a eu mille raisons de renoncer. Pourquoi tient-elle tant à ce qu'il vive ? Alors qu'il n'est plus d'aucun intérêt. Il croirait presque qu'il vaut quelque chose pour quelqu'un. Mais quelle fausse idée. Trop saugrenue pour être réelle. Elle n'a pas besoin de lui, elle non plus. Alors pourquoi ? Qu'il vive ou qu'il chute, il veut savoir. Comprendre. Que voit-elle qu'il n'est pas ? Ou qu'il est dans l'ignorance ? Quoi ? Oui. Pourquoi ? "Pourquoi tu restes, Bi ?" Le ton est calme, presque désœuvré. Le regard vers elle, perdu. Pourquoi t'es là alors que tu pourrais vivre ? Pourquoi tu restes alors que tu pourrais m'oublier ? M'ignorer ? Me laisser à mon sort mérité ? Elle est réelle. A quelques centimètres. Presque autant que la douleur qui louvoie sous ses pores. Le feu contre la glace de ses prunelles. Est-elle seulement là pour ne pas perdre ? Mais qu'aurait-elle à gagner ? Elle ne voulait pas de cette détresse, subir cette peine. Elle s'est dit contente qu'il soit revenu mais pourquoi ? Elle est insaisissable une fois encore. Ou il est trop aveugle. Trop sourd. Trop nécrosé déjà. Trop froid.

CODE BY MAY
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyLun 24 Aoû 2020 - 20:33


La jeune intrépide pourrait se frustrer qu’il lui échappe des doigts, littéralement. Mais elle n’a pas le temps ni l’envie. Ses yeux sont sur elle, ses traits fatigués aussi. Il n’a pas l’éclat, Malachi. Il lui manque quelque chose. L’envie de vivre, sûrement. La volonté de continuer. Birdie ne peut pas vraiment comprendre. Même si elle oublie facilement et rapidement dans quel état elle a été après le plus grand drame de sa propre vie. Non, ce n’est pas pareil. Elle n’avait rien demandé. Mais Malachi non plus. Il n’y a aucun rapport, ils ne sont que des victimes, que des dommages collatéraux de leurs propres destinées, de la vie qui se joue d’eux et qui les testent plus qu’il ne le faut. Birdie fronce les sourcils malgré tout. Elle ne comprend toujours pas. Sa faute ? Pourquoi il se blâme pour le décès de son père ? Est-ce qu’elle a manqué un chapitre ? Un élément ? Est-ce qu’elle a tellement pensé à elle-même qu’elle n’a pas su regarder là où il fallait quand il le fallait ? Elle maudit Malachi d’être aussi secret, de se retenir parfois, de ne pas se laisser aller souvent. Qu’il essaie de la préserver, qu’il ne veut pas la briser alors que dans le fond, elle n’a pas besoin de lui pour ça. Elle y arrive très bien toute seule. Ses secrets, ses démons, comment Malachi réagirait ? Est-ce qu’il se rendrait compte qu’elle est pire que lui ? Que même s’il est en contact de cadavres bien plus souvent qu’elle, qu’il n’en reste pas moins avec moins de squelette dans le placard contrairement à elle ? Elle n’arrive pas à assimiler. Il n’est pas un tueur, Malachi. Au contraire, il compose, il produit, il crée ce qui met le baume au cœur, ce qui apaise les nerfs, ce qui transcende les côtes de la plus délicieuse des manières. Il n’a pas à se flageller de la sorte, ça n’a pas de sens. Si Malachi commence à s’en prendre à lui–même, alors le monde entier devrait se retourner contre soi. Birdie la première.

« J'en sais rien. J'en sais rien de ce qu'il voudrait parce qu'il est plus là. Ni lui, ni elle. Elle me déteste, tu sais. Elle pense que j'ai que ce que je mérite. Ben peut-être qu'elle a raison. J'ai plus rien, Birdie. J'ai plus rien. Tu veux que je vive plus fort mais pour quoi ? Pour les miens ? Pour que je les abîme davantage ? Ils ont pas besoin de moi. Et j'en ai marre de me battre. Je gagnerais pas. Pas cette fois. Mon corps est inutile. Ça reviendra pas. » C’est faux. « C’est faux. » qu’elle ne trouve qu’à dire face à tout ça. Qu’est-ce qu’il y a à faire contre le poids de la culpabilité ? Birdie essaie de trouver la solution depuis des années mais force de constater qu’elle y arrive difficilement. L'exubérance, l’éthanol, les soirées, ça ne guérit rien. Ça apaise, pendant un moment, de brèves heures bénies où la tempête se fait calme. Mais quand ça revient à la figure, ça claque. Electrifiant, sidérant, paralysant. A l’image des derniers mois qu’elle a traversé. De saveurs qu’elle avait oublié et dont elle se serait bien passée de retrouver. Mais le fardeau de Malachi n’arrive toujours pas à trouver une résonnance chez Birdie. Parce que c’est différent. Elle n’a pas connu le décès d’aucun de ses parents. Elle n’a pas été à des kilomètres d’eux quand cela est arrivé. Elle n’ignore pas que la mère Etherstone n’a jamais été très avenante sur le choix de carrière de son fils. Surtout l’aîné. Mais ce n’est pas une raison. Elle ne peut pas le détester. C’est impossible pour une mère de détester son fils. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, n’est-ce pas ? La naïve gamine qui n’a pourtant jamais vraiment connu ses parents se prétend croire savoir comment fonctionne une relation pareille. Elle qui n’a eu de la figure parentale que des cartes postales et l’absence totale de limites. Birdie ne pourra jamais comprendre le mode de fonctionnement d’une famille comme celle des Etherstone. « Ouais, c'est pitoyable. Mais c'est la vérité. T'as mille raisons de vivre, Birdie mais j'ai tout construit avec une seule. Et maintenant, elle est partie. » La réalisation qui fait mal. Pour lui. Pour sa voix qui se casse. Pour ses mains qui viennent sur son visage, le cachant un bref instant, un geste sordide mais qui la brise un peu plus. Il est au bout du rouleau, son Maki. Il est fatigué, il est las et elle, elle a peur. Peur de lui et ce qu’il est capable de faire. Peur pour lui et de ses idées qui passent et qui restent. Peur qu’il ne trouve pas le chemin de la sortie, peur qu’elle ne réussisse pas à l’aider, peur de savoir ce qu’il se serait passé si elle n’était pas passée par–là. Birdie a les yeux qui piquent et elle les dérive, les vissant sur la tombe derrière elle. Perturbée, bouleversée sûrement, elle ne s’attendait pas à une telle matinée. A un tel scénario. Elle a l’impression d’avoir été une mauvaise amie. De pas avoir été là pour lui. Est–ce que cela est si surprenant ? Pas vraiment. Birdie Cadburry ne sait pas être une bonne personne. Encore moins une bonne amie. Elle ne voit que son nombril, que son existence. Elle aurait dû être plus vigilante. Elle s’en veut. Affreusement.

« Pourquoi tu restes, Bi ? » Cette dernière papillonne ses yeux vers le sol avant de les amener de nouveau sur le visage de Malachi. Pourquoi il pose cette question ? Pourquoi il faut qu’il la mette au pied du mur comme ça ? Pourquoi il réussit à la désarmer, encore et toujours ? Et elle, pourquoi elle n’est pas partie ? Pourquoi s’infliger ça à elle–même ? Elle n’est pas de taille pour ce genre de conversation. Elle n’a pas la tête de ceux qui trouvent les solutions.

Pourquoi tu restes, Bi ?
Je n’en sais rien. Je ne devrai même pas être ici. Si je n’avais pas eu la sordide idée de venir cueillir des fleurs, sournois vol pour satisfaire mon unique créativité, qu'est–ce qu'il se serait passé ? Est-ce que j'aurai eu un coup de téléphone de Bianca ou un message de Cillian pour m'annoncer que tu avais cédé ? Que tu avais faibli, que tu avais fait preuve de lâcheté ? Si cela avait été le cas, j’aurais au moins espéré que t'ai souffert pendant un moment. Que tu aurais pu regretter ton action à la seconde où t'envolais. Chose que tu espères visiblement si fort, si passionnément mais qui n'arrivera pas. Ce n'est qu'un présent hypothétique, un futur qui ne verra jamais le jour, un passé que je n'aurai pas à connaître. Mais rien que de le ressentir, je pourrai te frapper bien plus fort pour m'en donner ne serait-ce qu'un vague aperçu.


Pourquoi tu restes, Bi ?
Parce qu'elle t'aime, sombre imbécile.
Ce qui implique qu’elle va rester dans tes pattes, qu’elle va essayer de te ramener par la peau du cou vers le vrai monde, celui où tu respires, où tu vis, où tu continueras à vibrer. Birdie ne te laissera pas partir, elle n’autorisera pas à t’échapper. Pas sous sa surveillance. Pas sous sa vigilance. Elle fera le pied de grue, elle fera le guet juste pour s’assurer que tu ne fasses pas cette connerie monstre que tu persistes à évoquer, à caresser, à songer.

Il la regarde avec une telle détresse, avec une infinité d'incompréhension, ses paupières se soulevant que pour lui montrer l'étendue de son étonnement, de sa curiosité. Comme s'il est surprenant qu'elle réagisse ainsi. Comme s'il ne s'attendait pas à cela venant d'elle. Il n'est pas le seul. Elle est la première surprise, la Cadburn. Une volonté sans faille qui la coince sur place, la persistance de lui faire comprendre que même quand il n’y attend pas, elle est là. Elle a le cœur brisé de le voir dans cet état. Comme elle aimerait prétendre pouvoir assouvir sa peine et noyer sa douleur en un coup de baguette magique. Qu'elle peut le guérir, lui qui n'attend que ça. Contrairement à ce que Levi a pu dire, elle n'est pas une putain de fée. Elle n'a rien de spectaculaire, Birdie, elle a juste la possibilité d'essayer d'être là. La petite puce parasite, celle qui ne laisse pas dormir, qui saute et qui persiste. Elle lève une main sur le visage de Malachi, elle caresse du bout des doigts l'espace même où ils avaient frappé quelques secondes — minutes ? la notion du temps devient floue — auparavant. Le trouble vient s'incruster en elle alors qu'elle scrute les prunelles de Malachi qui attendent une réponse. Le brun de ses yeux est intense, la déstabilise, autant que cette question dont elle ne pouvait pas s'attendre. Est-ce qu'il se rend compte même de ce qu'il lui demande ? Qu'il est en train de remettre en question son importance dans son histoire personnelle ? Qu'il doute qu'elle puisse déployer une telle affection à son égard ? Il ne se rend pas compte, Malachi. Tout comme il n'a pas conscience de la portée de ses mots qu'il est en train d'enchaîner. Il n'est pas sérieux, n'est-ce pas ? Le trouble de nouveau parce que ses yeux sont profonds, ils sont sérieux, ils crient la vérité. Birdie a toujours ses doigts sur sa joue, ses propres iris se détachent des siens pour regarder l'entièreté de son visage – sauf ces foutus yeux qui rendent son discours bien trop concret. Elle a la poitrine qui se serre alors que ses phalanges remontent vers ses mèches brunes, les rebelles, les boucles qui viennent couper allègrement ses traits.

I could kiss him. Just to take the pain away.

Mais ça ne fonctionne pas comme ça, petite idiote. Ce n’est pas aussi simple. Tu n’es pas une fée et tu n’as rien de magique. Arrête de croire les contes pour enfants. Ne pense pas être dans le rôle de la princesse qui vient sauver son chevalier. Ce n’est pas comme ça que ça se passe, dans la vraie vie. « Pour que tu puisses te lamenter davantage ? Pour te donner encore plus de cartes en main pour t’en vouloir ? Je ne serai pas une raison que tu ajouteras à ta liste, Malachi. Je reste parce que je sais ce que ça fait de voir quelqu'un partir. Je peux pas t'autoriser à le faire. J'ai déjà dû supporter que tu sois loin d'ici pendant des années. Ne me demande pas d’accepter ça car j'y arriverai pas. Je refuserai de te laisser partir cette fois, Malachi. Je veux plus que tu t'éloignes de moi. Jamais. Et certainement pas pour aller là où je pourrai pas te suivre. » Égoïstement, son accident a été une bénédiction pour elle. C'est grâce à ce qu’il appelle un ‘contretemps’ ça qu'il est revenu, elle qui semble toujours dans l’incapacité de combler la place du musicien et dont le manque est perpétuel sans qu'elle le réalise. Exactement comme quand elle était gamine. Est-ce que c'est moral comme genre de pensées ? Sûrement pas. Elle devrait être bienveillante à son égard. Elle devrait croire qu'un jour, il réussira de nouveau, qu'il redeviendra le virtuose qu'il est, qu'il pourra retourner à Sydney ou mieux encore. Mais la vérité est bien plus sordide. Bien moins rose. La réalité veut simplement qu'il reste. A Brisbane, pas à l'autre bout du pays. Tant pis ça implique la fin de son rêve, de l'ambition de toute une vie. Elle s’en fiche, Birdie. Elle est égoïste, elle le veut ici. Tant pis si ça implique qu’il soit misérable, que son corps soit à Brisbane mais sa tête à Sydney tant qu’elle peut l’étouffer de hugs et se moquer de sa moustache qui pourtant lui va si bien. C’est sûrement le moment où elle se rend compte que sa carte est bien trop importante et ça lui fait peur, à Birdie. De savoir que Malachi peut avoir un si fort impact sur elle. Cela lui rappelle pourquoi elle préfère ne laisser personne entrer. Se murer, se protéger, ne lier que des amitiés éphémères.

Mais tout semble si différent avec lui.
Et terriblement familier en même temps.

Ses prunelles claires reviennent sur celles de son ami, le jugeant avec une fébrilité certaine, incertaine d’elle-même autant qu’incertaine de lui. Comme si le moindre mouvement brusque peut créer l’apocalypse. Ils n’en sont pas très loin, il faut croire. « Ta famille t’aime. Même ta mère. Tu la détruiras réellement si tu disparais. Tu les achèveras tous si tu fais ça. Tu veux vraiment que Jack prenne le dessus ? Et tes nièces qui ont déjà perdu leur père, tu vas aussi leur faire perdre leur oncle ? Ne sois pas égoïste, Maki. S’il te plait, ce n’est pas toi. » Sa voix est brutale, elle la veut sèche, percutante, saillante. Elle veut qu’il s’imprègne de ses mots, qu’il les intègre, que ses paroles trouvent une résonance en lui. Birdie touche là où ça peut faire (encore plus) mal. Là où la réalisation peut le frapper, le foudroyer, l’achever. Éteindre ses volontés de fin, rouvrir ceux de poursuivre, de continuer. Ne pas s’arrêter, encore et toujours. « Et moi, Maki ? T'as pensé à moi aussi ? Me dis pas que je serai mieux sans toi sinon, je t'enterre vivant. » Sa voix se fait plus faible alors que son bras s’écarte de lui, alors qu’elle donne l’impression de se recroqueviller, de se rétrécir devant lui. Déjà qu’elle n’est pas très grande, l’opération n’est pas très compliquée. Birdie craint peut-être la réponse. Toute réponse face à ce genre de questions est effrayante.

Cependant, elle attrape malgré tout sa main, celle qui a du mal, celle qui est douloureuse, celle qui ne veut plus écouter son propriétaire. Elle attrape cette main dans la sienne, elle emmêle leurs doigts avec une application particulière, elle laisse ses yeux parcourir ce bras tout aussi indocile et gênant. Puis Birdie les ferme alors que son visage se pose sur leurs mains jointes, la vision de chef de famille Etherstone aux concerts où ils ont pu se rendre apparaissant devant ses paupières closes. « Ton père n’est mort par ta faute. Il était si fier de toi, Malachi. » Terriblement plus que là à cet instant précis. Ses lèvres frôlent les phalanges du violoniste perdu, les serrant un peu plus contre elle, l’humidité de ses yeux l’alarmant. « T’es pas inutile. Tu peux encore trouver une raison de vivre. Ou même mille. » Birdie relève ses pupilles ensevelies sous l’émotion vers lui. « Et j’ai besoin de toi. » Plus qu’il ne l’imagine. Plus qu’elle le pense. « Si c’était moi à ta place, tu ferais quoi ? Tu m’abandonnerai ? Tu me laisserai me crever sans rien dire ? » Tu en serai capable, toi, de la laisser seule comme ça, Malachi ? Est-ce que tu la regarderai avec dédain, avec un haussement d’épaules et un simple ‘démerde-toi, tu fais ce que tu veux’ qui passerait tes lèvres avant de te détourner ? Lui faire comprendre le poids qu’il met sur ses épaules, une responsabilité qui n’en est pas une, un challenge soudain et dont personne ne l’a préparé. Est–ce qu’il réalisera qu’elle ne peut faire autrement que d’être là ? Que par monts et marées, Birdie ne pourrait jamais le laisser en le sachant dans un état pareil. Jamais. La culpabilité et la crainte n’en seraient que plus atroces encore. Mais moins pire que la perspective qu’il se perde lui–même à jamais.


Dernière édition par Birdie Cadburry le Mar 8 Déc 2020 - 21:32, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyMar 1 Déc 2020 - 18:31


     

If a violin string could ache,
I would be that string
@Birdie Cadburry
La question est. Incessante. Ereintante. Elle lancine, elle écorche, jamais ne s'arrête. Il l'observe, la retient puis s'y noie sans réponse. Est-ce là tout le propos d'une existence ? Tout l'objet d'une vie qui ne devient que poussière ? Des nuées anthracites que le temps oublie au fil des vents. Des simulacres hantés que l'incandescence réduit à l'état de néant éphémère. Les cendres virevoltent. Vestige d'un temps. D'une vie. Elles s'envolent puis s'effacent. L'être rendu à la poussière. Les silhouettes se sont éloignées. Il ne reste qu'une ombre. Elle est minuscule. Elle observe avec de grands yeux curieux. Il a la mine lasse. Celle des jours ordinaires. Celle des jours qui passent et qui s'en vont sans se défaire. Elle est là, elle ne devrait pas y être. Elle attend sa mère en silence. Elle se rapproche subresciptement. Il la sent avant de l'entendre quand elle s'accroche à sa cheville. Il baisse un regard, s'autorise un sourire. Qu'est-ce que tu fais là, toi ? C'est pas un lieu pour une gamine. Si sa mère la trouve là. Pourquoi on meurt, zio ? Elle lève sa tête vers lui, le fixe de ses perles brunes. Il se fige, la regarde. Le sourire n'est plus. Il pense. A cette question, à ce pourquoi. Dont il ne donne aucune réponse. Pourquoi ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on existe ? Pourquoi on vit ? Pourquoi on résiste ? Pourquoi un jour on s'éteint ? On devient ombre, passé. Extrait de perles grises qui se noient dans l'atmosphère. Comme si rien n'avait été.

La question le hante. Encore. Pourquoi ? Vivre. Respirer. Etre. Survivre. Pourquoi être encore ? Pourquoi continuer ? Pourquoi retenir entre des phalanges désarticulées une existence funeste, une vie altérée ? Pourquoi croire ? Encore. S'accrocher. Tenir au milieu des ombres. Porter ce masque écorché. Ses traits sont éraflés. Taillés de l'incertitude et des heures. Marqués par le faux qui s'effondre, délavés. Etre encore. Survivre. Respirer. S'éreinter. Fuir les jours qui avancent. Egarer les minutes qui viennent. Il vit encore. Mais pourquoi ? Y rester. Ne pas revenir. L'idée tente. Elle s'accroche. Elle s'insinue dans ses veines creuses, incendiées dans la douleur des errances. Et de la réalité. Crever. Laisser place. Ne plus être. La pensée est là, lancinante. Répétitive. Réelle. Il ne reste qu'à y céder. L'homme se retient pourtant. L'homme qu'il est toujours. Une part de lui existe alors que le reste se contente de subsister. Une part de lui paraît vivre alors qu'il a l'impression de simplement déambuler. De traverser les jours comme on traverse les brumes. En aveugle, sans y penser. Pourquoi vit-il ? N'est-il pas déjà six pieds sous terre ? Comment l'acte n'a pas encore pris vie, mis fin ? Qu'est-ce qui le retient encore ? Il s'est effondré. Il a perdu la couleur des nuits, la beauté des minutes. Il a égaré cette âme qui lui appartenait et qui donnait un sens à l'existence. Alors pourquoi ? Pourquoi ? Il devrait seulement le faire. Libérer le monde. Se libérer. Ne plus être. Ne plus souffrir. S'évaporer dans le silence. Dans ce tacet qu'il abhorre tant.
Arrêter de se battre.
Il haït la défaite. L'abandon. Cet échec. Cette lâcheté. Foutue fierté. A quoi sert-elle encore ? Elle n'a plus d'essence. Elle devrait s'effacer. Capituler. Cesser d'être. S'arrêter. Y rester. Crever. Ne pas revenir. Jamais. Pourquoi il s'accroche encore ? Pourquoi il est ? Il aurait du lâcher. Il devrait. Pourquoi il tient ? Pourquoi ? Quelles sont les lignes qui le retiennent ? Quels sont les horizons qui l'entrainent ? Il n'y a que des ombres, des illusions. Des rêves que l'on enterre en pluies de vétille. Comme des ruines que l'on rejette. Après avoir tout incendié. Une vie qui se résume ainsi. A rien. A un faux semblant qui cesse. A une parenthèse désincarnée. L'évidence est là. Elle le tient. Cesse. Simplement cesse. Laisse-toi crever. La chute est déjà faite. Pourquoi remonter ? Pourquoi croire une seconde ? Pourquoi s'éveiller ? La nuit est une sirène, une voix salvatrice. Mais le jour luit encore, brûle le reliquat de ses traits. Le jour ou l'astre solaire. Il ne sait plus. Il ne sait rien. Les mots le hantent, s'emmêlent. La douleur a tout irradié. La raison manque. Irrationnelle. La réponse. Qui ne vient jamais.

Le sol est froid. Sale et dur. Il s'y effondre sans intention de se relever. Laisser le vent faire son affaire. Les flammes diurnes le réduire comme ceux qu'il évapore une fois le silence tombé. Des souvenirs. Séculaires. Des crépuscules passés. Mais le sien lui échappe. Il se veut alangui. Il se retient d'apparaître alors que le soleil évoque sa jumelle. Cette lumière vive, fugace. Virevoltante et illusoire que ses prunelles retiennent pourtant. Elle est là. Stellaire. Indécise. Silhouette tourbillonnante que son regard fige. Les mots volent, s'accrochent puis repartent. Il la voit, il l'évite. Elle est trop vivante. Jamais trop elle. Comment pourrait-elle ? Eclat d'un temps qui jamais ne prend fin. D'une folie irisée si prégnante que rien l'altère. Il la ternit, l'écorche à mesure que le masque se craquèle. Elle lutte, indomptable. Par la voix, par les gestes. Elle se lève, se rassoit. Elle erre, elle le saisit. Elle crie des paroles, murmure des discours. Elle le retient sans qu'il ne comprenne pourquoi. Elle bataille alors qu'il lâche. Elle ne devrait pas. Elle s'épuise, s'échine. Il n'en vaut pas l'attrait. Les murs cèdent, révèlent. Il se hait comme ils le haïssent. Comme ils devraient. Cette mère qui le méprise. Ce père qui n'aurait pas du crever. Cette sœur qu'il éreinte. Ce frère qui le fuit pour se préserver. Alors il largue, ouvre les mots. La voix est rude, éraflée. Elle souffre des hurlements qui manquent, de ceux qu'il devrait abandonner. Il ne gagnera pas, non pas cette fois. Il est trop faible pour combattre et il sait quand cesser de lutter. La défaite est sa némésis. Mais c'est à elle qu'il cède. Il en a trop fait. A quoi sert l'esprit quand l'âme s'est rendue, quand le corps n'est plus ? Les ténèbres n'en valent pas la peine même pour la lueur qu'elle est. Elle nie mais il poursuit. Il assène encore. Le monde n'est plus. Il n'est plus. Ses phalanges le trahissent. La raison a disparu. Le silence prend tout. Il s'abhorre encore. De l'avoir abîmée elle comme il a abîmé les autres. Elle devrait fuir. Fuir avant qu'il ne fasse d'elle une lumière vacillante, qu'elle ne garde de lui que le simulacre d'un passé.

Mais elle est toujours là. Elle n'a pas fui Birdie. Elle reste là. Les mots ne sont plus mais elle, elle subsiste. Pourquoi ? L'interrogation revient. Encore. Pourquoi ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on reste ? Pourquoi elle est encore là ? Les mots franchissent ses lèvres. Il est perdu. Egaré dans une incompréhension autre que celle de sa propre survie. Il ignore pourquoi il vit encore. Il ignore pourquoi elle reste. Les prunelles céruléennes quittent le sol pour ses traits. Il l'observe. Elle lève ses doigts, touche la pommette qu'elle a rougi. Il se fige, retient son souffle. Cette exhalation qui ancre à la réalité. Elle prend son regard, s'en détourne. Les phalanges atteignent ses boucles. Il attend. Puis la charge revient, flambante. Il écoute à bout de souffle, prisonnier de sa main, de ses mots et de ses traits. Pourquoi. Il se retient. Il s'accroche à cette ancre qu'elle lui offre comme un naufragé. Aurait-il donc une raison de vivre qu'il ignore ? Comment expliquer sa survie ? Son existence qui se poursuit alors que plus rien n'a d'intérêt. Il n'est plus. Il ne veut plus. Alors pourquoi il respire ? Quelle raison n'a-t-il pas réalisé ? Il l'écoute. Il s'abreuve. A la recherche des réponses qui manquent, du verdict qu'il ne pourra objecter. Elle ne veut pas qu'il parte mais pourquoi ? Pourquoi tient-elle tant à cette caricature d'être humain que les mois ont fait ? La pensée n'a aucun sens. Elle énumère encore et encore. Les raisons qui devraient être. Qu'il aurait du devoir offrir. Elles devraient toutes être valables. Avoir un sens. Une réalité. Pourtant, elles sont insuffisantes encore et il se hait. Egoïste. Si, il l'est. Il l'est de s'imposer encore. Il l'est de céder. La voie est sans issue. Il ne sait quoi faire. Rester. Ou y rester. Etre. Ou s'éteindre. Elle le supplie mais elle est tranchante. Incisive. Incoercible. Comment fait-elle pour vivre autant même face à la brume qu'il est ? A l'ombre qui lui fait front. Inhabitée. Secondaire. Tout le devient. Et il s'exècre. Il s'exècre. Qu'a-t-il fait ? Il l'observe, muet, incapable de se détacher. Elle s'écarte soudainement. Il la garde au creux des yeux quand les mots faiblissent. Sa main vient rejoindre la sienne. Il la laisse faire, pantin hypnotisé. La douleur se réveille mais il n'adopte aucun geste contraire. Il observe. Intrigué. Elle emmêle leurs doigts, leurs phalanges qu'elle referme, les rapproche de son visage. La voix revient. Un mensonge. Peut-être. Les iris bleue s'irriguent mais ce sont les siens qui chavirent. Ses traits se noient de pluies fines qu'il ne fait rien pour arrêter. Un mensonge. Toujours. A moins que. Il ne sait pas. Pourquoi ? Juste. Elle. Juste là. Pourquoi aurait-elle besoin de lui, de ça ? Ses lèvres ont frôlé ses phalanges sans qu'il ne comprenne. Pourquoi. Mais une autre question arrive. Prend place. Tout l'espace qu'il a. Tu ferais quoi si c'était moi ? Le désespoir quitte ses prunelles, l'incertitude laisse siège à une conviction. L'abandonnerait-il ? La laisserait-il crever ? "Non". Bien sûr que non. L'idée qu'elle puisse cesser d'être. De scintiller encore. Elle est insupportable. Inconcevable même. Il ne l'abandonnerait pas. Jamais. Il ne laisserait pas crever en silence. Sans lutter. Il continuerait. Sans cesse. Sans cesse. Et sans cesser encore. Et si c'était là l'état de fait ?
Pourquoi ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on existe ? Pourquoi on vit ? Pourquoi on résiste ? Pourquoi on s'éteint ? Pourquoi être encore ? Pourquoi continuer ? Pourquoi retenir entre des phalanges désarticulées une existence funeste, une vie altérée ? Pourquoi croire ? Pourquoi vit-il ? Pourquoi n'est-il pas déjà six pieds sous terre ? Comment l'acte n'a pas encore pris vie, mis fin ? Qu'est-ce qui le retient encore ? Pourquoi il s'accroche encore ? Pourquoi il est ? Pourquoi il tient ? Quelles sont les lignes qui le retiennent ? Quels sont les horizons qui l'entrainent ? Pourquoi remonter ? Pourquoi croire une seconde ?  Pourquoi s'éveiller ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on reste ? Pourquoi elle est encore là ? Aurait-il donc une raison de vivre qu'il ignore ? Comment expliquer sa survie ? Pourquoi il respire ? Quelle raison n'a-t-il pas réalisé ? Pourquoi tient-elle tant à cette caricature d'être humain que les mois ont fait ? Pourquoi aurait-elle besoin de lui, de ça ? Pourquoi ?
Les réponses manquent mais il en est une. Elle. Eux. Il peut crever mais ne pas la laisser faire. Il peut s'effondrer mais pas l'abandonner. En cas inverse, il lutterait encore. Pour lui donner une raison même quand elle n'en verrait aucune. Pour la retenir même quand elle lâcherait les fils dénoués. Il est celui qui cède, celui qui veut partir. Il devrait le faire. Laisser place. Leur corde a plus de valeur que la sienne. Il ne peut pas la lâcher. Et elle là, c'est ce qui retient. Le fil qui reste encore. Les autres ont cassé mais pas celui-ci. Le souffle qui est. Non pour lui, les siens sont évaporés. Mais pour eux. Même là. Il ne lui reste plus rien mais dans le cas inverse. Même ainsi. Même tel qu'il est. Il le ferait. Avec les dernières forces qui subsistent. Avec les derniers battements qui résonnent. Les cendres sont mais elles luisent. Encore un peu. Il baisse les prunelles, les relève, se répète. "Non. Si c'était toi, je t'abandonnerai pas. Je te laisserai pas crever sans rien dire."  Je pourrai pas. Une raison, il en est une. Mais suffit-elle ? Elle explique sa survie mais justifie-t-elle seulement un avenir ? Il se détourne, l'incertitude revenue. "Je veux bien t'accorder ça Birdie mais je fais quoi ? Tout ce que je t'ai dit plus tôt, c'est encore là. J'ai plus rien. Juste un fardeau que je suis pour ceux qui restent. Même là pour toi." Il baisse la tête, la secoue légèrement "Je devrais pas te demander ça. Attendre que tu me donnes les réponses. Mais je les ai pas. Je les ai plus." A quoi sert-il de vivre si on ne sait plus pourquoi se lever ? La pensée encore. "Je peux pas juste, être." Exister sans vivre. Respirer sans exhaler. "Pour certains, ça suffit peut-être mais pas pour moi." De l'ego. Encore. Peut-être. Est-ce vraiment approprié ? Peut-être simplement le signe que tout n'est pas éteint. Qu'il reste encore des traces de lui quelque part dans cette silhouette désincarnée. Il n'attend pas les réponses mais il s'égare. Déambule dans cette vie qui a condamné. Il repense aux siens mais ils ont fait sans lui. Il n'est pas un élément clé. Un rouage inaltérable. Et ils ne peuvent être tout. Ils devraient peut-être mais une fois encore, il se veut égoïste. Il a besoin d'une raison pour lui. Juste pour se lever. Ne plus errer sans sillage, sans attrait. Ou il ne sera que le fardeau qu'il ne veut être. Qu'il ne veut plus incarner. Pourquoi alors une fois encore doit-il avancer ?

CODE BY MAY
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyMer 2 Déc 2020 - 18:13


Y a le cœur qui se serre et y a les battements qui compressent. Y a ses mains qui veulent l’attraper, continuer à s’accrocher et y a ses pieds qui veulent partir, loin, fuir. Peut–être qu’elle devrait l’écouter. Malachi n’est pas comme elle, il ne parle jamais pour rien dire. Pourtant, en cet instant même, Birdie décrète qu’il est le premier des idiots. Et elle, elle mériterait le rôle de la pauvre ingénue incompétente qui ne sait pas comment s’y prendre. Ce qu’elle est dans un sens. Parce qu’y a Malachi et y a le reste du monde. Apparemment, visiblement, au plus profond d'elle. Imaginer qu’il puisse songer, caresser l’idée même de penser à trépasser ailleurs, c’est un couperet dont elle ne s’attendait pas. A moitié imbibée encore, elle qui n’est pas aussi fraîche que la rosée de l’herbe avoisinante du cimetière où se joue ce mélodrame insupportable, Birdie est encore moins parée pour jouer son rôle. Où elle doit se mettre ? Où est le texte, le scénario, le souffleur ? Pourquoi il n’y a personne pour lui susurrer ce qu’elle doit dire, pour l’aider dans sa gestuelle, pour la guider sur ce qu’elle doit faire ? Parce qu’elle se retrouve démunie et paralysée, la jolie blonde. Dans sa cage thoracique, dans ses jambes, dans sa tête. Même ses yeux ont l’air effrayé. Tétanisée parce que Malachi n’est qu’un sombre imbécile. Pourquoi il ne peut pas le voir ? Est–ce qu’il peut au moins le sentir ? Ce niveau d’ineptie dans lequel il s’est fourré et où il semble joyeusement (non) l’entrainer malgré elle (lui) ? Sa faute à elle de ne pas l’avoir ignoré. Son blâme à elle de ne pas s’être éloignée quand et comme il le lui a demandé. Finalement, Birdie a plus de courage qu’elle aurait pensé. Non, ce n’est pas du courage. C’est de la panique. Egoïste, elle pense d’abord à ses propres boyaux qui se tordent. Pourquoi ils se tordent comme ça ? Tu l’apprécies. Oui, et ? Ce n'est nouveau. Elle ne veut pas revivre l’expérience qu’elle a connu avec Victoria. Oui, voilà. Ce qui est vrai. Une expérience inédite, qui fait toujours mal trois ans après. Elle maudirait le brun s'il la foutait dans une situation où le résultat serait le même. Elle détesterait Malachi mais elle se détesterait encore plus si elle l’avait laissé. A vrai dire, elle les déteste déjà, eux. Il y a un ramassis de trucs et de choses qu’elle ne comprend pas ; la seule chose que son cerveau à moitié endormi et alcoolisé à trois quarts peut comprendre et formuler est certainement qu’elle ne peut pas songer sa vie sans son violoniste dedans. Aussi clair et limpide que la vodka.

Y a aussi autre chose. Un grattement à la surface à réaliser, sous l’épaisse couche qui enveloppe la jeune Cadburry. Elle n’aime pas la sensation qu’il pourrait l’achever elle aussi dans l’équation sordide de ses penchants peu orthodoxes. Y a un trop grand pouvoir dans l’histoire, une emprise, une influence dont elle ignore encore la profondeur. Ou alors elle ferme les yeux. Elle qui a grandi avec lui, qui a gravité autant durant toutes ces années. Qui ne l’a pas lâché, pas abandonné, jamais oublié. Elle ne mesure pas l’amplitude. Elle a toujours vécu avec. Elle a survécu le départ. Elle a accepté la femme. Elle supportera ça aussi. Inconsciente, ignorante, mensongère. Elle ne veut pas voir, et encore moins réaliser. Le pourquoi, l'essence, le moteur. Elle ne se pose jamais ces questions–là. Elle ne s’épanche jamais sur ce sujet. Elle ne s’y attarde pas parce que cela n’en vaut pas la peine. Birdie préfère continuer nager dans sa naïveté. Aussi innocente elle est qu’aveugle peut être Malachi. Sur lui–même, sur elle, sur eux si eux a. Une amitié solide, une dévotion sans faille, un attachement particulier, certain, présent, ancré. Dans ses pores, dans ses racines, dans son être. Il fait partie de ce monde qu’eux seuls connaissent. Elle chérit cet univers qu’ils partagent. Sûrement un peu trop rêveuse elle est, la gamine éternelle. Digne sœur à son aîné. C’est presque triste. Qu’elle ne souhaite – veut – pas réaliser. Tout serait sûrement plus cohérent. Pour tout le monde. Il y a Will qui se moque d’elle au loin. Une voix lointaine, perturbante, gênante, non-invitée. La ferme, tais–toi, va–t'en, laisse–moi tranquille. Ce n’est qu’une imitation de son meilleur ami, une petite voix narquoise, un rire qui l’est tout autant. Qui cachent, qui savent plus qu’elle–même. Sa conscience lui joue des tours de passe-passe et elle ne suit plus. Elle ne lui court pas après, elle lui tourne même le dos. Jouer la sourde à son tour, doublée de cécité. C’est bien mieux pour elle.

Et pourtant, y a bien son cœur quelque part dans sa cage qui s’effrite un peu plus.

« Non. » Tranchant, direct, la première chose qu’elle est satisfaite à entendre depuis le début de cette rencontre surprise et angoissant. Bim bam bim boum. Y a quelque chose qui crépite - ses pensées, ses hémoglobines, ses doigts contre sa main ? Birdie a le cou vissé vers le haut, vers lui, vers ses traits fatigués, vers un air qu’elle ne saurait décrire mais qu’elle sait qu’elle n’aime pas. Elle ne scille pas, elle ne cédera pas malgré la persistance de son intérieur à se dandiner aussi bien qu’un gousset qu’on vous balance devant les yeux pour vous endormir. Elle est rassurée, pour elle, mais pas pour lui. Partir comme ça, c’est faire preuve de lâcheté. Qu’est–ce que Malachi peut trouver de satisfaisant dans l’idée soudaine (elle l’espère) qui lui a prise ? « Non. Si c'était toi, je t'abandonnerai pas. Je te laisserai pas crever sans rien dire. » Sa main libre s’enfonce dans la masse de boucles brunes pour finir dans sa nuque. Elle se redresse. Elle pose son front contre son crâne. Elle se redonne de la prestance, de l’énergie. Ses mots lui en donnent. La preuve qu'elle compte pour lui. Même si elle n'en a jamais douté. Mais la rassurance est toujours agréable à entendre. Dans d’autres moments, elle aurait souri, la gamine. Elle l’aurait enlacé, elle en aurait ri et elle lui aurait embrassé la joue avant d’ébouriffer sa tignasse brune. Mais le ton est bien trop important, grave et sérieux pour qu’elle sorte cette effusion démonstrative. Surtout quand elle n’en a pas forcément l’âme pour. « Alors me demande pas de le faire, Malachi. » Elle murmure simplement, une supplication à peine voilée. Qu’il arrête de lui briser le cœur. Qu’il comprenne qu’elle restera. Elle ne demandera pas pourquoi. Ce ne sont que des détails. Et elle sait. Ils l’ont prouvé au fil des années. Il est un support indéfectible et elle, sa plus fidèle alliée. Rien n’aurait pu les lier si ce n’est pour ce quartier. Ce bled paumé au milieu des arbres. A la fois une bénédiction et un fardeau. Mais jamais, jamais elle ne regrettera. Et même si elle déteste Malachi à cet instant, cela ne l’empêche pas d’accentuer sa pression autour de ses doigts. De sa main. S’il a mal, tant pis. S’il veut hurler de douleur, de peine, de désespoir, il peut. Il est en sécurité avec elle. La douleur peut lui rappeler qu’il est en vie. Birdie ne connait pas meilleur remède. Elle qui n’a jamais fait que passer à travers les mailles de la fauche. Peut–être qu’il la haïra aussi – il ne serait pas le premier. Mais tant qu’il est vivant, elle s’en fiche. Sûrement que ça ne durera pas longtemps. Que ce soit lui ou elle. La situation l’exige, il peut le comprendre. Si ce n’est pas maintenant, plus tard. Il la remerciera même peut–être.

Il n’avait pas à lui imposer cela.
Et elle n’aurait pas dû rester.

Arrête de mentir. Ce ne sont plus des mensonges, c’est une vérité cachée que tu n’acceptes pas. De quelle vérité parle-t-on, ici ? Talalalalala, elle n’entend rien. De toute façon, Malachi a repris la parole. Y a des lèvres qui bougent, son souffle qui lui chatouille le visage et Birdie en fronce le nez de cette foutue satisfaction. Parce qu’elle est juste satisfaite. Pendant quelques secondes encore. « Je veux bien t'accorder ça Birdie mais je fais quoi ? Tout ce que je t'ai dit plus tôt, c'est encore là. J'ai plus rien. Juste un fardeau que je suis pour ceux qui restent. Même là pour toi. » Birdie pince ses lèvres. Il n’a pas fini, elle ne va pas l’interrompre. Mais elle bouillonne. Les esprits peu clairs. Sa main qui libère sa peau. Des oreilles qui écoutent malgré eux. Malgré l’envie de le faire taire. « Je devrais pas te demander ça. Attendre que tu me donnes les réponses. Mais je les ai pas. Je les ai plus. » Il les enchaîne, il les continue. Les questions, même sans point d’interrogation. C’est comme des piques qu’il enfonce à chaque fois. Pourquoi elle se sent encore réagir de la sorte ? Non, il a été établi qu’il est hors de question de penser à ça. Ni maintenant ni jamais. Ses panneaux d’interdiction n’empêchent pas la contradiction des envies qui sommeille en elle ; celle de le secouer, de le brutaliser, de le réveiller contre celle qui veut juste le ramener contre elle, le protéger de lui–même. Est–elle la mieux placée pour cela ? Non. Elle pourrait le briser encore plus. La balance est entre les deux, son cœur qui rétrécit alors que sa main se dirige vers son épaule, son torse, se décalant, le poussant légèrement, creusant la distance. « Je peux pas juste, être. » Malachi échappe à ses yeux. Il est frustrant à la longue. Par sa capacité à se défiler devant elle. A être buté sur ce qu’il pense être sa réalité. Qu’il est un être inutile. Handicapé, fini, bon à foutre à la benne. Il a toujours été brillant à ses prunelles bleutées. Birdie a toujours su voir la beauté, que ce soit des choses ou des personnes. Superficielles, d’apparence, ce qui a lui a valu bien des problèmes. Mais Malachi n’en est pas un. Ni un problème, ni un défaut, ni une erreur. Il n’est rien de tout ça. Il est brillant et magnifique sur tous les plans. A part quand il décide de lui faire jouer une scène digne des grands dramaturges. Cadburry comprend où le barème l'entraîne ; plus vers la colère, la désespération, la perte de patience. Ce n’est pas pour rien qu’elle se relève un peu plus. « Pour certains, ça suffit peut-être mais pas pour moi. » Le tronc d’abord, les jambes ensuite.

« Qu'est-ce que tu veux entendre ? » Elle finit par craquer. Elle est dédaigneuse, elle chancelle en voulant se relever complètement, se retenant contre lui pour ne pas flancher. Elle est ivre, encore ronde d’éthanol. Mais aussi de cette conversation qui ne mène à rien, des interrogations dont elle n’a pas les réponses. Elle n’est pas la personne qui sait répondre à ces problématiques. Birdie est douée pour parler de rien et non la réalité. La réalité qui veut que Malachi soit au bout du rouleau. La réalité qui a souhaité que Birdie n’ait pas pu le remarquer alors qu’elle est censée être son amie. Elle s’énerve aussi bien sur elle-même que sur lui. « Que t’es un putain de fardeau ? Une plaie, un fléau, un boulet à la cheville ? Que t’es plus chiant que les moustiques, plus con qu’un dictateur, pire que tous les déchets du monde ? Que personne ne peut t’aimer vu l’épave que t’es, avec ton bras inutile et tes ambitions envolées ? » Il n'est rien de tout ça. Il est tellement plus pour elle. Chose qu'il ne pourra le réaliser si elle ne le fait pas en premier lieu. Birdie passe ses mains sur son visage, un souffle qui s’échappe de ses lèvres pour évacuer la fin inexistante de sa phrase sordide en même temps qu’une pression bien lourde à porter. « Est-ce que ça t'aide à te sentir mieux ? » Sa voix dépitée d'avoir été forcée à parler ce qu'elle ne pense pas (sa faute à lui, sa charge, son apitoiement, sa responsabilité) lui fait prendre conscience que son débat intérieur a été tranché ; fini la douceur. Birdie ne connaît que le bousculement contre l’ivresse de la douleur, de la peine, de l’apitoiement. Si le réconfort ne fonctionne pas, ou même qu’à moitié, alors les gants sont à jeter.

La petite blonde a fini par se lever, ses jambes encore tremblantes portant maladroitement le reste de son corps frêle. Elle n'est rien à côté de lui et pourtant, elle se sentirait presque dominante. Si seulement les états d'âme de Malachi ne l'agressent pas plus qu'elle ne l'aurait cru. La surprise, la peur, la panique. Qu'elle se répète, ses doigts qui jouent entre eux à défaut de ne plus avoir son contact avec lui. Y a maintenant sa présence que l'on réclame autant qu'on le rejette. Elle fait les cent pas. Les réflexions semblent claires maintenant qu'elle a mis de la distance. Non, les réponses ne sont toujours pas venues mais ne plus être sous son joug, à la portée de son parfum, de son désarroi, de sa faiblesse. Elle râle brièvement de son collant qui s’emmêle avec un caillou, d’un pin’s qui finit par tomber de sa veste, de ses cheveux qui ne restent pas derrière ses épaules. Rien n’est contrôlé, tout lui échappe et c’est bien à l’effigie de sa vie. Elle se laisse porter, prendre dans des jeux parfois plus forts qu’elle et elle dérive. Elle blâme les autres sans se blâmer elle-même, la pauvre victime perpétuelle. Son pin's est enfoncé dans sa poche, ses cheveux sont rebroussés en bataille sur son crâne et son bras s’écarte. « T'es pas obligé d'être. Mais tu peux vivre. Tu peux faire tout ce dont tu t'es privé pendant des années. T'es libre. De faire ce que tu veux, quand tu veux, où tu veux. Tu t'emprisonnes toi-même, là. Tu ne vois que t'as le monde à tes pieds ? C'est bien plus vaste qu'un foutu violon. Quand une corde sonne faux, tu le raccorde. Et bien là, c'est pareil. Tu peux raccorder ta vie. Il faut seulement le vouloir. » Malachi est un instrument qui sonne faux pour le moment. Le son qu’il crache ne lui plaît pas, à la jeune Cadburn. D’habitude, elle s’y perd, elle écoute, elle savoure. Mais là, ses oreilles pleurent, les fichues cordes se perdant un peu plus chacune à leur tour. « Je peux être là si tu veux. On peut embarquer dans mon van et partir dans la seconde vers dieu seul sait où. » Elle peut faire ça. Elle le fait déjà pour elle-même. S’échapper, s’enfuir - elle préfère voir cela comme une façon de se ressourcer. Reprendre les bases. Souvent à Elimbah, d’ailleurs. Prévisible qu’elle peut être. La maison familiale qu’elle continue à peindre de ses envies, de ses délires, de ses créations. Elle peut hurler, elle peut danser, elle peut jouer, elle peut faire ce qu’elle veut. Malachi a besoin de ça. D’un répit, d’une parenthèse autre que ce cimetière lugubre. Un autre paysage, plus réconfortant, plus solaire, plus lumineux. Elle peut le faire, pour lui. L’idée est attrayante, elle pourrait même le forcer si y a besoin.

Birdie lève les yeux vers le ciel, le front plissé parce que la lumière matinale est bien trop forte pour ses globes à peine réveillés. « Y a plein de découvertes à faire, de choses à voir. Des expériences, des rencontres, des défis. Se perdre dans l’inconnu, tester ses limites, tenter des nouveautés. Apprendre des autres, connaitre, se révéler, se redécouvrir. » La jolie blonde lève ses phalanges vers un nuage bien trop lointain mais qu’elle tente d’attraper quand même avant de se résigner à baisser la tête vers la forme de Malachi. « Si on sait où regarder. »

Et elle, elle le regarde lui.
Son épave brune au sol qu’elle crève envie de relever.
Mais ça sera à lui de le faire. Il n’est pas un gamin. Il sait marcher. Il faut juste qu’il réapprenne comment faire. Elle peut être sa béquille mais l’effort doit venir de lui. Qu’il vienne au moins jusqu’à elle qui a ses voûtes plantaires enracinées contre les cailloux. Qu’il vienne à elle et ils trouveront quelque chose. N’importe quoi tant qu’il avance, qu’il vit, qu’il joue la prochaine note correctement.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyDim 14 Fév 2021 - 14:45


     

If a violin string could ache,
I would be that string
@Birdie Cadburry
Une larme, noire. Soudaine, unique. Elle tâche, déteint sur la surface blanche, sur le crin de la feuille. Un murmure frustré. L'objet s'éloigne. Il est mis de côté. Un autre le remplace. Un tissu pâle qui se retrouve maculé. La page est ruinée en dépit de tout essai, marquée d'encre, bonne à jeter. Un chuchotement encore. Un bruit de papier froissé. Il retombe dans le silence, celui noyant la pièce désertée. Des mains farfouillent, cherchent frénétiques. Elles trouvent enfin l'objet et prennent une autre feuille. Les deux se posent, se font face. Les phalanges s'écartent en quête d'autre chose. Elles naviguent, tergiversent. Elles créent puis s'arrêtent. Elles recommencent. Parfois, elles prennent le crayon, marquent le blanc de traces grises. Parfois, elles y reviennent effrénées et sabrent les empreintes passées. La manigance dure. Elle s'étire. Un essai. Ca recommence. Une incertitude. Le trait est tracé. Le désordre se tient, inlassable. Sans début, ni fin. Sans entre cohérent. Les hésitations s'enchainent, les mesures volent, capturent des instants. Ils se suivent, se poursuivent, s'ensuivent. Jusqu'aux heures éclairées. Les prunelles s'abîment alors, réalisent. Le temps a avancé. Suspendu, il a pris forme. Il s'est écoulé sans attache. Il n'y a prêté aucune attention. Les doigts courbatus gagnent les traits parcheminés puis les yeux rejoignent la feuille, la partition étalée. Elle est longue, faite de rature mais qu'importe. L'art est fait d'ébauches. D'erreurs et de notes fausses que l'on rejoue sans cesse pour les modifier, les changer, les améliorer peut-être, leur donner une autre teinte. Un souffle puis il tente. Il laisse les doigts s'ancrer sur le clavier, donner forme aux notes, les iris rivés. La fluidité se donne, se moque de l'heure, de l'aube arrivée. Elle vît d'une nuit insomniaque mais sémillante, une forme de réalité. Quand le silence revient, l'astre a étiré ses rayons, noyé le lieu d'une lueur diaphane. La satisfaction étire la langueur de son visage. Il quitte le banc, échiné puis s'affaisse deux mètres plus loin.

Combien en a-t-il gravé ? Il a perdu le compte. La mesure lui échappe. Cette partition. La seule à laquelle il devrait trouver une importance et qu'il délaisse pourtant, désarmé. Il n'en maîtrise ni les notes, ni les mesures. Il ne sait comment la composer sans s'égarer. La patience manque. Elle prend la raison en otage. L'incendie a pris marque dans ses veines, dans ce squelette abîmé, façonné pour un seul sonate. La feuille est ivoire encore. Nette. Une nouvelle fois. Il devrait la moucheter, la ternir, lui offrir une existence, un aspect. Mais la dextérité lui manque, la mélodie ne vient jamais. Elle est lancinante au contraire, incessante. Répétitive. Insoutenable. Il voudrait qu'elle cesse mais elle s'enchaine, elle s'accroche. Elle noie. Elle immerge tout, chaque degré, chaque parcelle. Elle prend pied dans les méandres, elle s'imbrique, se confond. Elle devient l'unité de chaque impression, de chaque illusion qu'il s'offre. Pauvre fou qui espère encore. Qui achève d'espérer. La rengaine a pris victoire, requiem halluciné. La dernière note, funeste. La fugue qui se brise. La fuite qui naît.
Il s'échappe, ses pas guident. Mais l'écho ne cesse jamais. Il s'acharne, se nourrit, construit sa forme, sa grande suite. Le corps s'effondre, harassé. La poussière brode ses propres arpèges et il s'y laisse prendre, occulté. Jusqu'à la dissonance. La voix claire qui résonne, qui absorbe l'espace, anéantit le silence inaudible des heures lasses. Depuis il écoute. Chaque note discordante, chaque mesure vétilleuse. Il accroche ses tympans à chaque intonation, chaque mot qui heurte, qui retentit, qui se mêle à la cacophonie de sa pensée. Elle atermoie, assène. Il répond. Il lutte sans cesse, contre lui, contre elle. Elle reste. Il la retient. Sans comprendre. Mais il fait. Il martèle. Il résiste. Il ne saisit pas mais elle, il le faut. Qu'elle abandonne comme il cède. Qu'elle vive comme il cherche à crever. Le comment ne l'effleure pas. Ca devrait lui dire quelque chose. Il est là, juste là. Effondré dans les cendres de la terre. A l'observer. S'escrimer sans s'arrêter. Incoercible. Elle n'est pas lâche, la Cadburry. Elle est belle. Elle est vivante. Elle se débat pour une lutte qu'il croit abdiquée. Peut-être. Le peut-être. Le filament de l'incertitude qui retient encore ses mots, qui l'oblige à penser. Il ignore les sons, il connaît la réponse à la dernière requête. Non. Le mot est affirmé. Implacable d'une conviction qu'il ne pensait posséder encore mais qu'il conserve, même terrassé. Alors il insiste encore, formule avec persistance. Parce que la pensée contraire ne peut avoir la moindre réalité. Qu'est un monde sans soleil ? Une éternité sans étoile ? Il est une lueur qui reste, là, dans l'ancre de son simulacre. Une lueur qui se ravive dans les prunelles irréelles qui lui font face. Comme réveillées. L'abandon est vain. Pourquoi s'y accroche-t-il encore ? Peut-être parce qu'il espère. Une absolution. Celle qu'il ne mérite pas. Il retient sa supplique, elle s'échappe. Il insiste. Encore. Forcené. Tortionnaire de sa propre déchéance. Il la retient. Il la libère. Il hante les mots de ses interrogations, de ses états de fait. Une raison de vivre peut-être. Mais à quel effet ? A quoi sert-il quand le vide est un manque ? Quand la réalité n'est plus qu'altérité ? Il enchaine, s'acharne. Creuse l'hypogée de ses ongles, de la couleur de ses mots délavés. Etre ne suffit pas. Il a tenté. Il n'y trouve plus d'intérêt. Etre équivaut à occuper l'espace. Les autres. Les pensées. A n'être rien de plus qu'une illusion regrettable que l'on voudrait effacer. Etre. Disparaître. Ne plus être. Dans cette immobilité. Dans cette épiderme en souffrance qu'il rêve de déchirer. Elle s'éloigne puis s'énerve. Va-t-elle fuir, saisir, raturer ? Non, elle poursuit. Les mots s'enveniment et il les reçoit sans ciller. Il relève les prunelles vers elle au contraire, dans l'attente de. De quoi ? Il l'ignore. Il ne sait plus grand chose désormais. La question, dépitée. Puis elle se lève. Ses pas se succèdent, effrénés. Il grave sa silhouette mouvante dans ses iris, se refuse à s'en détourner. La vie qui s'anime en bataille est trop belle pour être ignorée. Le réquisitoire se poursuit, fluctue avec violence. Elle a raison. Il le sait. Alors pourquoi ne suffit-il pas ? Il prend sans recevoir. Les paroles passent sans anicroche, sans accrocher. Pourquoi ? Pourquoi la pensée ne suffit pas ? L'envie seulement. Pourquoi ne veut-il pas ? Une part de lui le veut pourtant, un morceau écoute. Retient. Cherche. Se désespère. N'a pas cédé. Alors il attend, il patiente. Il donne une réalité aux mots sans les comprendre, les appréhender. Il l'observe. Il la suit. Pourquoi cette vie ne suffit-elle ? Elle n'est pas terminée. Elle n'est pas finie, n'est pas terne. Les perles sont revenues vers lui et il les saisit entre ses paupières. Il cherche sans trouver. La désespérance. Et ce maudit pourquoi. Cette quête sans issue. Cette ignorance. Qu'il hait. Qu'il exècre.
Avec ferveur.
L'expression change. L'interrogation aussi. Pourquoi cherche-t-il ? L'état de fait devrait pourtant être simple. Il a soutenu toutes les raisons. Tous celles qui justifient selon lui qu'il cède, qu'il cesse. Qu'il s'éteigne. Alors pourquoi reste-t-il animé ? Pourquoi lutte-t-il face à elle à farouchement vouloir lui faire comprendre que non, il ne devrait plus exister ? Que le monde s'en porterait mieux. Même elle. Qu'il est inutile. Qu'il n'a plus d'intérêt. De raison d'être, de vivre, de se lever. De bouger seulement. Il pourrait rester là, figé. Laisser le temps l'enterrer dans la terre qu'il semble tant vouloir trouver. Pourquoi combat-il encore ? Il sait la lutte vaine. Il le voit, il le sait. Les arguments qu'elle entraine paraissent ne jamais suffire. Alors pourquoi continue-t-il d'en chercher ? Il est une épave, un pan de ruines déliquescent, révolu. Pourtant, il est là. Après des mois. Il s'évertue encore. Même là. Face à elle. Il répond, il s'enquiert. Il débat de la valeur de l'existence, de la sienne. Il devrait être acté. Mais il s'attise. Il exhorte. Il vit. Encore. Il ne veut plus vivre alors pourquoi ne veut-il mourir ? Il n'est pas d'entre. S'il est, c'est qu'il expérimente. Et il n'y tient pas non plus alors que reste-t-il ?
Que reste-t-il ?
A froisser la partition encore. A la larguer. A en prendre une autre. Et réessayer. Encore. Encore. Et encore. Avec mille essais. Des marques noires, des marques bleues, des traces multicolores. Des tentatives. Inachevées. Mais des canevas encore. Parce que c'est comme ça qu'il fait. Quand il compose sans cesse. Il n'arrête jamais. Il tente. Il recommence. Il retente. Il commence. La mélodie sonne faux. Il prend une autre pente. Il change les notes, les travaille inlassablement jusqu'à l'apothéose. La satisfaction.
Elle a raison.
Bien sûr. Les défauts se raccordent. Et quand la ligne est parfaite, le son qui s'ensuit n'est fait d'aucune fausseté. Il ouvre un champ de possibles. Une infinité. Comme les pluies d'étoiles vers lesquelles il tend parfois à perdre ses prunelles, multitude de réalités. Ses paumes endolories rejoignent son visage, masquent ses iris et pressent les paupières closes, gonflées. Les étoiles naissent, furtives. Dans l'ébène, l'obscurité forcée.
Il sait.
Les phalanges glissent entre les boucles emmêlées. Les iris encore opaques à la lumière. Le souffle saccadé. Il sait. Et il s'en effraie. Parce qu'il ne sait pas. Quand il ouvre à nouveau, il fixe ses mains. La main. La cause de cette dépravation. De sa résistance acculée. Il en meut les doigts, retient la douleur sur son expression. Il l'ignore. Il observe. Simplement. Epuisé. Exténué et faible. Déphasé. Les mouvements sont imparfaits, chancelants. Que pourra-t-il en faire ? Le palpitant a quitté la chamade, sans s'escrimer. Les mains se rejoignent, se serrent, l'une sur le poing de l'autre.
Il n'a pas envie.
Il s'en détourne. Un regard qui se relève vers l'horizon. "Je veux pas ..." Un murmure. Un rire ou un sanglot peut-être. Contenu. La mâchoire qui tremble. Les yeux qui l'évitent. La voix sourde. Puis le fait. Le trouble qui se retient. Les mots. "J'ai pas envie d'y rester, Bi'" Un souffle. "Peut-être que j'aurais du. Je sais pas. Peut-être que j'ai mille raisons invisibles d'être ou de ..." Un regard qui se baisse. Le ton aussi. Un souffle en écho. "ou de crever." Des lèvres qui se serrent. "Mais j'ai pas envie." Un semblant de rire. Absurde. Déplacé. "Je saurais même pas comment crever. J'y ai même pas pensé. Je suis juste venu là parce que ..." Un temps d'arrêt. Un regard furtif. Vers elle. "Parce que je sais pas. Peut-être que je suis dans le déni. Que ..." Il baisse les yeux encore. "Non, je suis dans le déni. J'ai pas envie de crever mais cette vie-là, elle est finie. Je jouerais plus, je le sais. Plus comme avant. Peut-être plus jamais. J'ai plus de parents. J'ai un courant d'air en guise de frère. J'ai plus de femme. Depuis longtemps. Je suis pas tout seul mais je peux pas demander aux gens d'être une raison de vivre. Ils méritent pas ça." Un souffle encore, un soupir. Les yeux vers elle, sa silhouette qui s'accroche. "Comment on fait quand on sait pas ? J'ai suivi la même ligne pendant presque trente ans, j'ai jamais dérivé. Jamais. Comment on ..." L'incompréhension. La frustration. Il se détourne "Comment on vit dans de l'incertitude ? Sans savoir ce que ... ce qu'on va faire le lendemain ou dans dix ans ou ... " Il s'arrête, fixe ses mains puis elle. "Comment tu fais ?" Il ne trouve pas l'interrogation absurde. L'être face à lui est l'allégorie d'une liberté. De la liberté même. L'instant furtif, présent qui s'anime. La vie imprévisible qui se suit, qui se fait. Qui se noue et qui s'incarne. Elle est belle, Birdie, parce qu'elle est libre. Impondérable. Elle vit. Elle surprend. Elle agit sans cesse. Il ne sait pas où la suivre et étrangement, il n'y trouve aucun tourment. Cette vivacité, c'est ce qu'il admire. Cette habileté à vivre. A exister. A découvrir. A faire. A voir. A expérimenter. A rencontrer. A se perdre. A tester. A apprendre. A connaître. Se révéler. Se redécouvrir.
Si on sait où regarder. "Ou est-ce qu'on regarde ?" Il n'attend pas l'absolu. Toutes les réponses. Elle les ignore sans doute. Elle n'a pas à les lui donner. Mais il est des choses qu'elle connaît. Qu'elle maîtrise plus que lui et son avenir tout tracé. Froissé. La partition a atteint son finale. Jusqu'au nouveau prélude à composer.

CODE BY MAY
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyMer 17 Fév 2021 - 9:03


Il a l'air pitoyable. Ce n'est pas qu'une illusion, c’est la réalité. Brisante, douloureuse, torturante. Ça lui brise les côtes en même temps que son âme. Une vision inédite, une image qui ne va pas avec celle qu'elle connaît. Elle l'a toujours vu assuré. Confiant. Sûr de lui, de ses atouts, de son talent. Comme si le monde ne pouvait les atteindre. Lui et sa passion obsédante. Qui le dévore à présent. Qui le détruit bien trop fort. Ce n'est pas comme ça que cela devait se passer. Il est véritablement pitoyable et c'est une vision qui lui fait horreur. Comment on peut en arriver là ? Comment est ce qu'on en vient à voir sa vie finie quand les notes ne sont plus ? Birdie ne cherche pas d'explications. La douleur de Malachi est suffisante. Sa propre culpabilité à n'avoir rien vu venir est un poids. Et c'est lourd, affreusement lourd, bien trop lourd pour elle. Cependant, la gamine blonde reste vaillante. Elle se tient sur ses cannes, elle a le buste droit et les pieds fermement ancrés. Aucune intention de partir, aucune volonté de fuir. Même si ça aurait été la prochaine étape. Si Malachi serait resté buté, dans sa négativité. Si aucun effort n'avait été fait. Si aucun geste n'aurait été avancé pour prouver qu'il veut aller de l'avant. Au moins aujourd'hui. Ils verront plus tard pour demain . Ils ont le temps. Ils feront du temps. Il a pris la main qu'elle lui tendait, la perche au milieu du tumulte de son cours d'eau et ce détail la comble autant qu'il la rassure.

Birdie continue à le guetter, silencieusement, attendant qu’il finisse de se torturer le visage de ses mains, de bloquer ses yeux de ses phalanges. Viens dans sa direction, Malachi, j’ignore combien de temps je peux encore la faire tenir sur place pour supporter cette image. "Je veux pas..." tu ne veux pas quoi, Malachi? Tout s'embrouille, aussi bien les pensées que la voix du brun qui s'enroue. "J'ai pas envie d'y rester, Bi'.” Le soulagement. Le profond, le soudain, l’agréable. Voilà ce qu’elle aime et ce qu’elle veut entendre. De toute façon, maintenant qu’il est sous la protection de ses prunelles bleutées, Malachi n’aurait pas pu ‘y rester’, qu’importe ce que cela peut dire. "Peut-être que j'aurais dû. Je sais pas. Peut-être que j'ai mille raisons invisibles d'être ou de ...ou de crever." La petite blonde décrète qu’elle déteste ce mot. Elle l’a toujours détesté mais elle le hait encore plus quand il sort de la bouche de Malachi. Ses traits se resserrent, ces lippes qu’elle garde closes alors qu’elle n’aurait qu’envie d’exprimer sa frustration. Il a peut-être mille raisons de crever, mais il peut en avoir une pour rester. Pourquoi il ne peut pas faire l’effort ? "Mais j'ai pas envie." Deuxième soulagement qui parcourt l’échine et qui apaise le moral. C’est bien au moins ce qu’il faut, lui rappeler que non, il ne souhaite pas en finir, par réellement. Qu’il est ici sur un coup de tête, une crise de folie, une tristesse passagère.

"Je saurais même pas comment crever. J'y ai même pas pensé. Je suis juste venu là parce que..." God thanks. Il n’y a même pas pensé. Birdie est en train de se dire que c’est déjà une bonne chose. Malachi gagne des bons points, même s’il en a toujours gagné avec elle. Il a failli tous les perdre en quelques minutes, là, maintenant, parce que Birdie n’est pas aussi forte qu’elle en a l’air. L’envie de fuir aurait été persistante et elle aurait fini par aboutir si l’italien aurait refusé de voir la lumière. De tendre la main. De s’exprimer dans le bon sens. Dans celui qu’elle veut. Son sens à elle, son avis à elle, toujours et encore. Il n’y a que sa vision qui va dans le droit chemin, c’est bien connu - nous pouvons rire parce que nous savons que c’est faux mais Malachi, le pauvre, l’adorable Malachi ne sait pas, il ne sait rien, ce qui est à la fois un miracle et une tristesse profonde. Il y a des choses que Birdie ne se vante pas, et encore moins devant lui. Celui qui réussit à lui faire avoir les mains moites, la poitrine serrée, qui recherche toujours son approbation, son aval, son sourire de coin. Ses yeux céruléens qui ont passé trente ans à avoir l’autorisation de Malachi - parce que si elle l’avait, ça veut dire qu’elle pouvait. "Parce que je sais pas. Peut-être que je suis dans le déni. Que…” Nous pouvons souligner que le déni est une notion intéressante. Birdie ne doit pas en prendre conscience et c'est sûrement la définition même du déni. La petite voix intérieure qui murmure et qui dicte une réplique acerbe, ironique. Qu'elle n'y est pas étrangère même si tout pousse à lui faire fermer les yeux, un caractère doublé d’un manque de se plonger dans ce genre de tracas et de réflexion. "Non, je suis dans le déni. J'ai pas envie de crever mais cette vie-là, elle est finie. Je jouerais plus, je le sais. Plus comme avant. Peut-être plus jamais. J'ai plus de parents. J'ai un courant d'air en guise de frère. J'ai plus de femme. Depuis longtemps. Je suis pas tout seul mais je peux pas demander aux gens d'être une raison de vivre. Ils méritent pas ça." Il est certain que Birdie ne peut pas établir à quel point la détresse de Malachi est grande. Elle ignorait tout cela, que tout puisse être un poids sur ses épaules, qu’il n’y a pas que l’effondrement de sa carrière en jeu. Qu’il y a l’impression que sa vie aussi s’effondre, s’éparpille en mille morceaux et qu’il n’a plus que les débris étalés par terre, sans savoir dans quel sens les remettre et encore moins par où commencer. Un puzzle au pièces écrasées et il est désespéré, en pleine crise, en plein doute, et cela lui saute encore plus aux yeux quand les siens se posent sur elle. "Comment on fait quand on sait pas ? J'ai suivi la même ligne pendant presque trente ans, j'ai jamais dérivé. Jamais. Comment on ..." Birdie lâche un léger “il y a un début à tout” à peine inaudible, pour elle-même, démontrant à quel point ils sont différents. Ils l’ont toujours été, deux êtres que rien n’aurait pu faire se croiser si ce n’est que la proximité de leurs maisons d’enfance. Ils n’auraient rien en commun et le discours de Malachi en est la preuve, de cet écart. "Comment on vit dans de l'incertitude ? Sans savoir ce que ... ce qu'on va faire le lendemain ou dans dix ans ou ... " Birdie arque un sourcil, elle le laisse continuer dans ses balbutiements sans l’interrompre. Il étale tout ce qui ne va pas, toutes ces interrogations qu’il a gardées pour lui pendant tous ces mois depuis qu’il est de retour à Brisbane. Elle ne peut pas comprendre qu’on puisse se poser ce genre de tels conflits internes. Le petit oiseau qui passe son temps dans l’incertitude, dans l’inconnu, qui vole et qui fonce vers ce qu’elle ne sait pas. C’est son domaine, son terrain de jeu, la base même de sa façon de vivre. Ne pas se soucier de demain, de profiter de l’instant présent sans penser aux conséquences - ce qui lui a valu de se brûler les ailes plusieurs fois. Et pourtant, irrémédiablement, Birdie ne peut changer ce qu’elle est ; intrépide, téméraire, aventureuse. "Comment tu fais ?" La question qui a du sens. Celle qui est logique. Ce point d'interrogation brise un peu plus les derniers éclats d’énervement qui commençaient à lorgner la petite blonde, à rôder comme prêt à la faire exploser de partout. Malachi l’observe avec une telle sincérité, un désarroi réel qu’elle ne peut qu’affaisser ses épaules et détendre ses traits. Ne pas lui en tenir rigueur. Un moment de faiblesse fugace qui ne se reproduira pas. Elle n’a rien vu là mais elle aura les yeux ouverts à l’avenir.

"Où est-ce qu'on regarde ?" Birdie qui se met à sourire légèrement, passant une main dans ses cheveux pour les relever en même temps que son visage qu’elle lève au ciel. “Partout. On fait ce que l’on veut faire le jour même, sans réfléchir.” Tout simplement. On ne se pose pas autant de questions. On ne planifie rien. On se laisse porter par la vague, le vent et tout ce qui peut faire glisser entre (ou dans) les méandres de la vie. On accepte les tempêtes (plus ou moins), on profite des moments d’accalmie. Elle s’approche de lui de nouveau, retournant sur ses genoux pour être à sa hauteur. Elle scrute son visage tout en y posant ses mains de part et d’autre, les pouces caressant ses joues, pour le rassurer. Qu’elle sera là. Qu’il n’est pas seul. Que l’incertitude n’a rien d’effrayant. “Tu trouveras autre chose, un biais, un chemin de travers. Il n’y a jamais qu’une route propre et bien droite. Il y a toujours plusieurs directions et c’est à toi de prendre celle que tu veux.” La Cadburn a souvent choisi les mauvaises, les plus à risque, voire les plus dangereuses. Que l’on planifie ou non, le risque est le même. “Penser à ma vie dans dix ans me fout littéralement la chair de poule.” qu’elle ajoute en souriant légèrement, une vérité des plus honnêtes (non, elle n’aura jamais quarante ans, laissez-la dans le déni sur ça aussi, s’il vous plaît). “T’as pas à demander à qui que ce soit quoi que ce soit. S’ils veulent t’aider, ils le feront. Mais ils ne peuvent pas t’aider si tu ne montre rien, Malachi.” Quand elle dit “ils”, elle parle d’elle, préférant le pluriel pour évoquer et se noyer elle-même dans cette foule de proches qu’il connaît et qu’il côtoie sans jamais vouloir les déranger. Birdie approche ses lèvres de son front pour l’y embrasser, des phalanges allant se perdre de nouveau dans ses boucles brunes. Décidément, elle n’arrive pas à lui en vouloir. Elle ne peut tout simplement pas. Elle veut l’aider. Elle veut être là pour lui. Lui montrer les solutions. Apaiser ses tourments. Peut-être pas le guérir mais au moins atténuer tout ce qu’il y a à l’intérieur. C’est Malachi. Celui qui a toujours été patient avec elle. Qui a toujours subi sans rien dire ses folies, ses extravagances. Comment pourrait-elle lui en vouloir ? “T’as de la chance de connaître la professionnelle de l’improvisation.” qu’elle dit avec un léger sourire avant de se relever. “Tu peux me faire confiance ?” La question où la réponse serait non. Mais il dira forcément l’inverse, il l’a toujours dit, à lui laisser trop de droits, trop d’espace, trop de libertés. Birdie attrape son bras doucement pour le guider vers le haut, décrétant qu’il est temps qu’il se déplie de son état et qu’il s’en détache. “Mais d’abord, on va aller prendre un petit dej. J’ai faim. Et mal à la tête.” Elle coince ses bras autour de celui de Malachi, son visage placardé contre avant de redescendre ses lunettes sur son nez. “Tu promets que ça va aller ?” Les promesses, c’est moche et ça devrait être banni parce qu’on ne sait jamais. Personne ne sait jamais si elles peuvent être tenues, c’est risqué et Birdie ne l’ignore pas. Mais cette fois, elle sera avec lui pour veiller que ça ira. Quoiqu’il arrive. De toute personne sur cette planète, Malachi est le dernier à avoir le droit de se perdre. Une exigence qui vit dans les entrailles de la petite blonde, égoïste et perfide. Tant que ses yeux ne seront pas ouverts sur la vérité, elle n’arrivera jamais à comprendre pourquoi.

Mais ça, c’est une autre histoire.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  EmptyLun 15 Mar 2021 - 12:28


     

If a violin string could ache,
I would be that string
@Birdie Cadburry
Les prunelles accrochent. Elles retiennent le rai de lumière âpre qui transparait entre les cils à demi-clos. Elles y donnent une réalité, un sens. Le lieu est inaudible. Il brouille les sens, embrouille les idées en tête. La lueur est aveuglante mais les yeux gardent, tiennent. La vie plutôt que la pénombre. Le ton criard a atteint la base des tympans mais il refuse d'en écouter la note. La vérité a pris possession de ses pores. Elle nourrit la fébrilité de ses membres, de ce corps avachi. Le souffle se brusque. Le frisson inconfortable prend place. Il saisit. Les paupières retrouvent la nuit, le puits de l'ignorance. Mais le fait est ancré, marqué à vif dans la douleur qui s'éveille, qui tiraille chaque centimètre exposé. Les paupières se pressent, s'enfoncent mais restent alerte. Il hait ce présent, cette matérialité.

Le temps fait de poussières n'a transcendé aucune lueur. Les tréfonds de la brume ont pris possession des heures, des minutes, des secondes abimées. La silhouette évolue en somnambule. L'esprit perd chaque instant un peu plus de réité. La saveur s'est noyée dans le silence, engloutie par la clameur de l'absence. Le tacet est lourd, omniprésent. Il assourdit, il prend. Il réduit pièce par pièce, pan par pan. La brulure s'y mêle, incendie permanent. Elle rappelle que la mort serait douce si elle n'appartenait pas aux regards des passants. Il les observe chaque jour qui vit. Il les drape d'un sourire, d'une compassion réelle mais d'une envie fortuite. La proximité est sinueuse, dangereuse. Il est en deuil, dans une désolation qui stagne. La bascule à ses pieds. Il a tenu, prétendu. Recommencé sans cesse. Chaque jour qui s'éloigne, chaque jour qui enfonce. Il se rapproche de l'autre côté, inextricable. Aliéné. Puis il cède sans penser. La cruauté de la véracité le frappe et il se sent chaviré. Ses pas basculent, titubent. Il rejoint ce lieu loin de toute idée. L'appel de l'échéance sans doute. Ou un besoin de dominer. Le second n'a aucune mesure. Il l'écarte. Il n'y pense pas. Il se laisse choir, dégringole. Les cendres des pas d'autres forment son gouffre, son trépas. La suite n'a nulle forme distincte. C'est une page noire, une singularité. Aven sans fond, sans lumière. Sans intérêt. Les courbes des larmes noient les suppliques murmurées. Des excuses sans terme, sans racine, juste délivrées.

Pourtant il reste un astre qui brille. Aveuglant. Presque trop beau pour être vrai. Les prunelles s'accrochent encore. Les iris retiennent la corde lancée par leurs vis à vis bleutés. Azurés comme le ciel. Lumineux comme l'étoile de l'hiver. L'astre est un elle. Elle paraît déplacée. Si étrange, irréelle. L'aurait-il rêvé ? Non parce qu'elle parle. Son ton résonne entre la vacuité des pierres. Elle discours, parlemente. Elle ne cesse jamais. L'abdication ne pourrait pas être pour elle. Est-il vraiment surpris par cette idée ? Alors il entend, écoute, il lutte. Il bataille une guerre vaine, une histoire qu'il imagine expédiée. Son existence n'a plus rien de pérenne, pourtant elle reste, assène, joue son acte sans se relâcher. Elle est trop vivante pour être réelle. Trop ardente pour être imaginée. Il s'enfonce. Elle retient. Il refuse. Elle poursuit. Il dispute jusqu'à saisir. Pourquoi continue-t-il de s'évertuer ? L'instant se fige, la sensation prend figure. Le coup frappe. Il cherche à vivre. Mais pourquoi ? La nuit, il réalise, n'est plus si noire. Elle est éclairée. Elle possède certes une seule lueur mais sa fulgurance rend aveugle. La page noire n'est qu'un parchemin vide. Une feuille blanche à recomposer. La nervosité saisit sa posture. Les mots filent, s'évoquent, sont formulées. Il déblatère à son tour, trace ses lignes. Ne pas y rester. Ne pas être. Mais faire, vivre, espérer. Il énumère. Il n'aime guère l'incertitude. L'instabilité est trop friable, trop risquée. Elle est ce qu'il reste pourtant. Il ne peut prévoir. Plus à sa manière, plus à la seconde. L'inconstance est devenue une réalité. Comment vit-on libre de toutes lignes quand on les a toujours tracées ? A la fin de son discours, il l'observe, elle. Elle qui sait. Elle lui est si différente dans cette perspective. Elle qui ne prévoit rien. Elle qui fait. Tel l'oiseau dont elle porte le nom, elle suit le cours du vent. Elle va où il l'emporte. Elle existe simplement. L'instant est un goût familier. La musique était le seul moment. L'instinct prenait pas sur le contrôle. Il se sentait plus être que pensant. Peut-être devrait-il s'adonner à cette forme non-idiomatique, laisser les mesures s'improviser. Mais il ignore où faire, où commencer. Alors il demande, il s'enquiert. Il rattache sa silhouette, ses traits à la lueur de ses prunelles. L'expectative y reste ancrée. Mais elle sourit, la folle lumière. Ses phalanges dans ses cheveux, ses iris méthylènes orientés vers leurs reflets. Ne pas réfléchir. Saurait-il seulement faire ? Puis elle se détourne, se rapproche. Elle lui fait face et il grave chaque ligne de sa figure ivoire dans ses yeux attentifs. Il retient ses gestes quand elle saisit ses traits. Il retient son souffle sans cesser de l'observer. Il tente d'absorber chaque mot qu'elle énumère. Une autre ligne. Il peut trouver. S'il cherche, accepte enfin le détour. Son chemin est sans issue. Il faut qu'il attrape un autre contour. La chair de poule. Il sourit à son tour, presque, murmure à peine. "Je sais." Il écoute encore, la laisse poursuivre, s'abreuve des mots. Elle approche ses lippes de la ligne de son front. Les paupières se closent, instinctivement puis reviennent. Un autre sourire. Presque. Un semblant. Pas tout à fait éteint. Pas encore. Il sait sa chance. Il ne se répète pas. Il pense plutôt à l'interrogation qu'elle pose. Est-elle nécessaire ? Elle devrait savoir. Sans doute est-ce le cas. Alors il murmure encore, sans entrelacs. "Je crois que tu connais déjà la réponse." Elle le relève. Il suit, chancèle, courbaturé. Les vertiges manquent de saisir sa silhouette mais il tient encore. Elle le retient. "Bonne idée." A quand la dernière ration remonte-t-elle ? La pensée, elle-même, est vertigineuse. Il reste levé cependant, s'arrime à la petite carrure qui a saisi son bras et qui parle encore. Il s'arrête, il l'observe. Il la voit là, dépenaillée de l'aube mais si vivante. La promesse est au bout des lèvres. "Ca ira, Bi, ça ira." Pas en cette minute. Pas en ce jour. Il reste tant de nuits, tant de secondes et de méandres. Mais la flamme luit encore, elle résiste. Elle est immatérielle. Elle est réelle. Il l'imagine. Mais elle a déjà une forme. Une silhouette fine aux mèches blondes, aux prunelles trop vives, trop céruléennes, aux mots trop alertes, trop brillants. La partition cherche un prélude. Elle a trouvé un nouveau contrepoint.

CODE BY MAY
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty
Message(#)If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie  Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

If a violin string could ache, I would be that string ♪ Madie