| but first, coffee (elise) |
| | (#)Lun 8 Juin 2020 - 20:08 | |
| Une chose est sûre : Jacob a toujours du temps pour un café. N’importe où, avec n’importe qui. Tant qu’il y a la tasse fumante et l’amertume à l’intérieur, il est de la partie. L’après-midi vient de commencer et il a rendez-vous avec Elise. Ça fait un moment qu’ils ne se sont pas vu, pourtant, ils vivent dans le même quartier. Il l’a faite emménager dans le coin il y a plusieurs années maintenant, et ils trouvent quand même assez souvent le temps de se retrouver de temps à autres. Ils ont toujours des milliards de choses à se dire, sur tout et sur rien – c’est la base d’une amitié, non ? Et l’amitié qu’il partage avec Elise compte beaucoup aux yeux de Jacob, elle est immuable : à travers les âges, à travers les difficultés, face à la distance ou aux tensions, elle n’a jamais bougé. Et ça lui plaît, à Jacob, d’avoir un tel point d’ancrage à quelques mètres de chez lui. Il sait qu’il n’avait pas besoin de prévoir quoi que ce soit, mais après avoir reçu le message d’Elise un peu plus tôt dans la journée, il est passé dans une pâtisserie pour acheter quelques cookies. C’est pas tellement l’heure du goûter, ou l’heure du thé, mais c’est toujours bon d’avoir une petite douceur pour accompagner une boisson chaude. Il quitte la maison avec le petit paquet et part à pieds vers chez Elise : c’est suffisamment proche pour ne pas avoir à prendre la voiture. Il ne faut que quelques minutes au blond pour arriver à destination, il toque quelques coups et rentre. Une habitude qu’il a prise avec le temps, parce que attendre derrière la porte, il n’aime pas trop ça – peut-être qu’il a vu trop de films avec des fusillades. Je suis là ! Dit-il assez fort pour interpeller Elise, qui ne doit pas être très loin. Il avance dans le salon et pose sa boîte sur la table basse, puis approche de son amie quand elle fait son apparition pour lui faire la bise. Comment tu vas ? Il sait que cette question n’est pas appréciée par beaucoup de monde – dont lui – mais il la pose parce qu’ils vont en discuter durant de longues minutes par la suite : il est vraiment intéressé par son état, physique, psychologique, par sa vie professionnelle, familiale et amoureuse. J’ai ramené quelques cookies. Dit-il en désignant le paquet qu’il a déposé un peu plus tôt. C’était les derniers, j’ai eu de la chance. C’est une discussion banale, il s’en rend compte. Et ça lui fait du bien de ne pas avoir l’impression de jouer sa vie sur chaque mot prononcé. Ça lui fait du bien de se sortir tous ses tracas de la tête quelques minutes, de ne pas être seulement le père endeuillé mais d’être Jacob, l’ami, le confident, celui que l’on aime bien pour sa bonne humeur et ses blagues douteuses. Ça fait du bien d’être en compagnie d’Elise, vraiment.
@Elise Williams |
| | | | | | | | (#)Dim 12 Juil 2020 - 22:05 | |
| Ça va. Elle n’en dit pas plus, pas moins. Il sent dans l’intonation de sa voix qu’il n’y a pas son enthousiasme actuel, mais il ne pourrait décrire aucune détresse. Il n’est pas capable de décrypter chacun de ses non-dits comme il le ferait par exemple avec Lex ou Marius, leur amitié n’en est pas là, mais il sait qu’il y a bien plus à dire qu’un simple « ça va ». C’est le cas pour elle, pour lui, et pour la première personne qu’il croisera en sortant de chez Elise. Il y a toujours plus à dire sur son état, quand on creuse un peu, quand on envie de s’exprimer. Et toi ? Il la regarde un instant et préfère faire comme elle, ne pas s’étaler tout de suite. Ils auront tout le temps du monde pour le faire tout à l’heure, quand il y aura les cookies et le café face à eux. Ça va aussi. Il hausse ses épaules alors qu’il la prévient de ce qu’il a rapporté de la boulangerie. Quelle saveur ? Elle lui demande, semblant être bien plus intéressée par cette réponse que par tout le reste, pour l’heure. Tout choco, qu’il dit dans un léger sourire. Ce sont ceux qu’il préfère, biens gourmands, le genre à ne pas manger tous les jours pour garder la ligne. Surtout à leurs âges, la quarantaine passée, rien n’est pardonné. Allez viens. Tu mets quoi dedans ? Ils rejoignent la cuisine, là où sent déjà une bonne odeur de café : la préférée de Jacob, sûrement. Il la regarde attraper le sucre et le lait, avant de prendre un morceau dans la boîte qu’elle dépose sur le comptoir pour le mettre dans la tasse qu’elle lui tend. Un sucre, de temps en temps. Noir le reste du temps. Il sait que beaucoup de personnes n’arrivent pas à boire le café sans rien, lui, il adore. Mais un peu de lait ou un peu de sucre pour adoucir ne fait jamais de mal, surtout dans ces conditions : c’est surtout au travail qu’il ne met rien dedans, pour se donner un véritable coup de fouet, à chaque fois qu’il prend une gorgée. Il y a du nouveau, dans ta vie ? Qu’il demande finalement avant de boire une gorgée. Le sujet sera inversé dans quelques minutes et ce sera à son tour de lui raconter ce qu’il se passe actuellement avec Olivia, avec le boulot, face à son deuil. Mais pour l’heure c’est elle qui questionne et si elle a pu l’éviter en lui répondant que ça allait, il n’acceptera pas qu’elle lui dise qu’il n’y a « rien » de neuf, car il y a toujours quelque chose. Surtout qu’ils ne se sont pas vus depuis un petit moment et que la vie d’Elise n’est pas de ce qu’il y a de plus calme, le mouvement, ça lui connaît. Et de par son métier et avec toutes les personnes rencontrées, il a appris que même la plus sage des femmes et le plus saint des hommes a toujours quelque chose à raconter. Alors elle, aujourd’hui, aussi.
@Elise Williams |
| | | | (#)Dim 2 Aoû 2020 - 23:23 | |
| « Tout choco » « Excellent choix »
Vous passez donc à la cuisine. Là où le café à déjà coulé. Tu fouilles dans les armoires à la recherche de tasses, puis du lait et du sucre. « Un sucre, de temps en temps. Noir le reste du temps. » Tu te retournes avec les deux tasses pleines à la main, lui tendant la sienne. « Et c'est une journée avec ou sans sucre ? » Probablement que le sucre ne sera pas nécessaire. Ceux contenue dans les biscuits suffiront pour tout le reste. « Il y a du nouveau, dans ta vie ? » Un peu trop oui. Tu avais toujours eu une vie plutôt chargé, mais elle était aussi plutôt routinière. Les soirées, les galas, la routine. Mais depuis Noël, tout allait de travers. Plus rien n'allait. À chaque fois que tu te disais que ta vie ne pouvait pas être pire, elle le devenait. Quand est-ce qu'elles arrêtent les mauvaises surprises ? « Hum, tu savais que Cosimo était de retour ? Il vient de se trouver un appartement sur Parkland boulevard » Le retour au bercail du fils prodige avait été le seul événement positif des derniers mois, même si de le voir quitter le nid familiale quelques semaines seulement après son arrivée t'avait déchiré le coeur. Au moins, vous étiez dans la même ville, dans le même quartier même. C'était déjà ça de gagné.
« Et toi ? Ça se passe mieux chez toi ? » que tu lui demandes en prenant une première gorgée de ton café. Égoïstement, tu aimerais presqu'il te dise que non. Tu aimerais savoir qu'il n'y a pas que chez toi que tout va mal, que l'ambiance est lourde, insupportable. Ou peut-être que tu aimerais qu'il te dise le contraire, qu'il te prouve que c'est possible de tourner la page sur les infidélités, les mensonges surtout. Tu te demandes tout de même curieusement pourquoi il reste. C'est si fort que ça l'amour ? Ça permet de tout pardonner ? Tu ne sais pas. Tu ne saura sûrement jamais. Ça n'a jamais été le grand amour avec Saül. Ça l'a toujours été bien plus compliqué que ça.
@jacob copeland |
| | | | (#)Lun 17 Aoû 2020 - 14:08 | |
| Et c’est une journée avec ou sans sucre ? C’est une bonne question, ça. Une question qui fait sourire Jacob, il a l’impression que sa réponse sera décisive sur le reste de sa journée, sur l’humeur qu’il aura. Sans, on va dire. Ça ne témoigne pas du fait qu’il sera forcément amer aujourd’hui – ou un peu, peut-être. Il lui demande s’il y a du nouveau dans sa vie, en espérant avoir de nouveaux sujets à aborder avec elle. Elle, elle sait. Il n’a jamais pris le soin de lui dire à voix haute ses doutes concernant Olivia, elle a réussi à le comprendre d’elle-même en lisant entre les lignes. Parce que à ce jour, Jacob n’a jamais réussi à dire à qui que ce soit – ni même à son propre reflet dans le miroir – qu’il n’est plus le seul aux yeux de sa femme. Au fond de lui, il se doute pourtant qu’il n’y a rien de sentimental et que ce n’est qu’une manière à elle de se protéger, de s’effacer et d’oublier tout ce qu’elle endure depuis tous ces longs mois. Mais il est mis à l’écart de tout cela, il n’y a pas de réels mensonges, que des vérités dissimulées, et il n’arrive plus réellement à vivre avec. Elise a été une des seules à le comprendre, voire peut-être la seule, et ça fait du bien à Jacob de lui en parler, sans jamais vraiment le dire. Hum, tu savais que Cosimo était de retour ? Il vient de se trouver un appartement sur Parkland Boulevard. Il ne savait pas, non, et l’évocation d’un bien immobilier fait sourire Jacob. Il aurait pu faire appel à moi, quand même. Dans l’hypothèse qu’il vive seul, il ne sait pas s’il a rejoint une colocation ou s’il vole de ses propres ailes. Et toi ? Ça se passe mieux chez toi ? Il hausse ses épaules à cette question-là, car il ne sait pas comment y répondre. Des fois oui, des fois non. Est-ce qu’elle sort toujours autant ? C’est la question dissimulée, celle entendue sans qu’elle ait besoin de la formuler. On avance comme on le peut, mais c’est pas facile quand on ne se dit pas tout. Et il ne parle pas que des infidélités d’Olivia, il y a également tous les ressentis qui ne sont pas mis sur le tapis et qui font un maximum de dégâts, à chaque fois. Tu es contente de son retour ? Il demande, par rapport à Cosimo. Évidemment qu’elle l’est, pourquoi ne le serait-elle pas ?
@Elise Williams |
| | | | (#)Sam 29 Aoû 2020 - 22:02 | |
| Il aurait pu faire appel à moi, quand même. » Tu ris doucement. Il y a longtemps que tu n'as pas fait affaire avec Jacob pour acheter un peu partout dans le monde. Tu veux. Tu prends. C'est si simple. Et depuis votre retour à Brisbane, c'est lui qui se charge de tout. Il se trouve probablement dans la prochaine villa Williams qu'il vendra, sans le savoir. C'est pas le temps de parler déménagement. Ton mariage n'est pas encore au bout du rouleau, mais il n'en est pas loin. « Oh. Tu sais. Il se la joue ado en crise, on a pas eu le droit de s'en mêler. » Le grand adolescent de dix-neuf ans qui se rebelle finalement. Mieux vaut là qu'à 44 ans.
« Des fois oui, des fois non. On avance comme on le peut, mais c’est pas facile quand on ne se dit pas tout » Tu baisses un peu le regard. Triste pour ton ami, mais aussi, parce que tu as l'impression de t'entendre parler. Tout se dire, c'est tellement la base de la survie d'un couple, même des pires. Vous avez fait vingt ans de mariage avec Saül, parce que la communication était bonne. Enfin, bonne, c'est une façon de parler, mais elle était là. Parfois en douceur, souvent en pique empoisonné. « J'comprends. Saül, il travaille beaucoup c'est temps ci. Et il n'a plus le temps de tout dire, lui non plus. » Et Jacob fera bien les conclusions qu'il veut de ces confidences que tu étouffes en venant brûler tes lèvres avec le café. « J'espère pour toi que Liv retrouvera le temps. » Qu'au moins l'un de vous deux arrive à sauver son mariage. Tu parirais sur celui de Jacob avant le tien, tristement.
« Tu es contente de son retour ? » Et de retour à Cosimo. Vaut mieux. C'est moins déprimant. Ton sourire, il revient rapidement quand ton fils se retrouve au centre des conversations. « Oui, très. Je commençais à croire que ça n'arriverait jamais. » Il aurait facilement pu ne pas avoir envie de revenir auprès de sa famille. Il a grandit sans. Il aurait pu ne jamais en ressentir le besoin. Et à force de vivre partout dans le monde, l'Australie aurait facilement pu ne pas lui donner envie d'y vivre. Toi même, tu ne serais pas revenue si ce n'aurait été du travail de ton mari. Tu préférais nettement l'Italie. |
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