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Message(#)Don't pretend - Keidrea EmptyMer 10 Juin 2020 - 16:58


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La routine commençait à s’installer et fort heureusement car je n’aurais pas supporter une salve de plus de retrouvailles aléatoires. Mon cœur avait tenu bon à trois balles, mais ne résisterait pas à un surplus d’émotions. D’abord Danika revenue d’un passé que je tentais de me pardonner. Pourtant en croisant son regard, l’attraction de nos corps, nos gestes qui semblaient si anodins et ce regard qui n’en disait pas moins m’avaient fait chavirer. A tel point que je me retrouvais maintenant un bras en écharpe pour avoir voulu me battre comme à l’époque. Cette même époque que je ne vivrais plus. Cette époque que l’on m’a volé et pour laquelle j’étais en train de faire mon deuil. Car ce n’était rien d’autre que cela qu’il fallait que je fasse. Mon deuil. Ce deuil de celui que j’étais et que je ne serais plus. J’aurais pu vouloir devenir meilleur mais j’étais bien trop hanté par des pensées sombres. Ces pensées que j’avais avoué à Hayden. Elle aussi revenue après avoir traversé des océans pour une raison que je préférais taire, tout comme elle. Ma moitié, celle dont le départ avait créé un trou béant pendant que je lui souriais pour l’encourager. Celle que j’avais tenu à l’écart lorsque je m’étais retrouvé au plus bas. Et encore, je pense que je n’aurais jamais la pleine mesure de la déchéance que je venais de traverser. Parce que c’était décidé, il fallait que je m’en extirpe. Parce que ces deux femmes ne méritaient pas de subir ma descente aux enfers pour les erreurs d’une seule.

Pourtant dieu seul savait ce qu’un homme était prêt à faire pour l’amour d’une femme ou pour son simple regard. Il y avait eu de nombreux tueurs en série qui avaient totalement vrillé sous le regard de leur dulcinée. Et de l’amour à la haine il n’y avait qu’un pas. Je soupirais en observant cet immense amphithéâtre vidé de son énergie, m’offrant un peu de calme avant la tempête. C’était mon dernier cours de la semaine, et j’avais décidé d’évoquer le cas de l’affaire de Ted Bundy. Je voulais éviter la stigmatisation de mes élèves sur les profils psychologiques de tueurs en série. J’étais en train de feuilleter mes quelques notes tandis que l’amphithéâtre commençait à se remplir, m’obligeant à me lever de ma chaise, le bras toujours en écharpe pour saluer les premiers élèves. « Allez-y ne tardez pas, nous allons commencer ! Tout d’abord, je tenais à m’excuser, je vous rendrais vos derniers devoirs d’ici peu, il y a eu un petit… imprévu » ironisais-je en montrant mon avant-bras serré dans l’attelle tandis que j’allumais le rétroprojecteur pour laisser apparaître sur l’immense écran le visage de Bundy. « Peut-être certains d’entre vous ont entendu parler de cet homme ? » demandais-je tandis que je m’asseyais sur le bureau, la main posée contre le bois pour observer l’auditoire. « Par chance, pour ceux qui refusent d’ouvrir des livres, vous aurez la possibilité de voir son histoire en film… » continuais-je, déclenchant les rires de mon auditoire avant de changer de diapositive. « Je vous aide un peu… Théodore Robert Cowell plus communément appelé Ted Bundy. » dis-je en m’avançant sur l’estrade, zappant pour faire apparaître les photos des scènes de crimes. « Vous n’étiez probablement pas né lorsque ce dernier a atteint son apogée... Ou alors vous êtes relativement bien conservés... » avouais-je en laissant apparaitre la période sur laquelle il avait perpétré ses meurtres. « Comme vous le savez, il faut souvent revenir à l’histoire d’un tueur en série pour en connaître les principales raisons… » dis-je en affichant quelques dates clés, montant les escaliers pour me balader dans les rangées. « Rien ne laissait présager un quelconque potentiel meurtrier chez ce jeune homme… Comme quoi vous retiendrez qu’il ne faut pas se fier aux apparen… » Je laissais ma phrase en suspens en pensant vivre le pire de mes cauchemars. Ma mâchoire dû se décrocher lorsque j’aperçus la silhouette de celle que je connaissais parfaitement.

Parce que son regard perçant les ténèbres me ramenait fatalement deux années en arrière. Et aussi soudainement que mon regard s'était posé sur son corps que j'aurais tant voulu détruire, mon monologue ne devenait qu'un balbutiement sans queue ni tête, mes membres s'étaient figés tout comme son bras l'avait été. J'étais en train de perdre pieds. Je redescendais rapidement les escaliers regagnant mon bureau pour éteindre le rétroprojecteur, comprenant aux soupirs d’étonnements de mes étudiants, qu’ils ne réussissaient pas à me suivre. « Je suis désolé… Je… vous demande de me rendre le portrait de Ted Bundy pour la semaine prochaine. Je ne vous rappelle pas le travail à faire le modus operandi… Je pense que vous avez l’habitude maintenant… Et n’oubliez pas, ne vous fiez pas aux apparences. » lâchais-je dans un sifflement tandis que les étudiants quittaient l’amphithéâtre fort mécontents, me laissant seul avec mon pire cauchemar. Mes yeux ne pouvaient la quitter, restant fixé sur sa silhouette naturellement nonchalante qui était installée sur l’un des bancs de la salle. « Qu’est-ce que tu fous là ? » lui demandais-je sans aucun préambule, ma voix se voulant tranchante. Mes mains tremblaient tandis que j’attrapais mon portable, prêt à prévenir Hayden d’un SMS que je cessais d’écrire en la sentant descendre dans ma direction. Mon regard noir se releva vers elle, mes yeux brillants d’une rage incommensurable, mon corps entier m’hurlait de quitter l’endroit alors que j’étais incapable de bouger. Comment avait-elle pu savoir où me trouver ? Une question de plus à la longue liste qui se bousculait dans mon esprit. J’aurais voulu avoir mon arme sur moi pour la brandir dans sa direction, et je m’en voulais secrètement de m’être pensé à l’abri entre ces murs. Je frappais sur le cuir de mon sac avec agacement, décidant enfin de briser ce silence. « Casse-toi Andréa… Casse toi avant que je ne t’étrangle de mes propres mains… Et je finirais le boulot contrairement à toi. » crachais-je avec férocité tandis que je me reculais d’autant de pas qu’elle tentait de faire dans ma direction. Je me surpris à rire nerveusement de la situation, comme si cette dernière faisait écho à celle qui avait signé la fin de notre relation. « Tu viens peut-être retenter ta chance ? Tu as appris à viser cette fois-ci j’espère ! » lui demandais-je en écartant les bras pour lui laisser l’entièreté de mon torse à vue. Parce que parmi les questions que je me posais depuis maintenant de trop longues années, celle de sa faculté à viser était restée en suspens. Car malgré tout ce que l’on avait pu me dire, tout ce que je pensais d’elle, je restais persuadé que ses talents au tir étaient bien meilleurs que le résultat de ses trois tirs. Je me stoppais, m’apercevant qu’elle ne bougeait pas d’un iota, bien conscient que cette conversation que je voulais éviter à tout prix aurait lieu, ici et aujourd’hui. « Tu vas regretter de m’avoir raté. » conclus-je avec fermeté comme si je tentais de me convaincre autant que je voulais la convaincre.

Car après tout, elle était mon Ted Bundy, celle à qui j’avais fait une confiance aveugle avant de faillir perdre littéralement la vie.



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Message(#)Don't pretend - Keidrea EmptyDim 14 Juin 2020 - 7:57


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Son cœur bat à tout rompre alors qu’elle passe les portes de l’amphithéâtre, perdue au milieu du troupeau d’étudiants qui papotent joyeusement. Le sensation de faire la deuxième plus grosse bêtise de sa vie lui tord l’estomac. Mais quelle autre option a-t-elle ? Si elle se sait assez naïve pour espérer que Keith pourrait lui pardonner un jour, elle sait aussi que frapper à sa porte ou le suivre pour le coincer quelque part ne fonctionnerait pas. Elle n’a pas eu de mal à retrouver sa trace, après avoir appris qu’il ne pouvait plus exercer. La Queensland University semble plutôt fière d’avoir un ancien policier de la brigade criminelle pour professeur. C’est après avoir appris la reconversion du jeune homme qu’Andréa a eu l’idée de s’infiltrer dans l’un de ses cours. Dans l’espoir d’avoir une chance de lui parler à la fin de celui-ci. Au mieux il fuira, au pire il essaiera de la tuer. Andréa s’espère discrète parmi les jeunes gens. Elle entre enfin, et ses yeux se posent sur celui qui fut son coéquipier. Son cœur rate un battement de le voir enfin, après tout ce temps. Sa mâchoire se serre l’instant d’après, alors qu’elle a l’amer sentiment que le speech qu’elle a longuement préparé ne va rien changer. Ce qui serait honnêtement la pire chose qui pourrait se produire aujourd’hui. Qu’il ne lui pardonne jamais, soit, mais elle espère de tout son être qu’il croira la vérité qu’elle veut lui exposer. Elle veut qu’il sache qui elle est vraiment, qu’elle n’a pas pressé la détente de son plein gré. Ce qui semble de prime abord une sacrée énormité à lui faire comprendre.

La brune prend place au dernier rang, à la recherche du coin le plus sombre. Elle ne parvient pas à détacher ses yeux de lui. Il commence, il plaisante avec ses élèves mais elle ne rit pas, trop occupée à se demander comment diable il a pu se retrouver avec un bras en écharpe. La question tourne dans son esprit au milieu de toutes les autres, depuis qu’elle l’a aperçu. Ses sourcils froncés sous la réflexion se dérident rapidement alors qu’elle l’observe lancer son cours. Littéralement, elle boit ses paroles. Dieu qu’il est doué. Ses lèvres teintées de brun s’étirent en un sourire tendre. Elle ne perd pas une miette de ses mouvements, jusqu’à en oublier totalement que tout les oppose désormais. Par tout, entendez fausse tentative de meurtre. Mais elle oublie sans s’en apercevoir, sans penser à profiter de l’allègement de son cœur le temps de quelques minutes. A tel point qu’elle ne comprend pas tout de suite qu’il la regarde. Et quand enfin elle réalise que les prunelles du professeur sont posées sur elle, son sourire niais disparaît au profit d’une grimace paniquée qui fait écho à celle qu’arbore désormais Keith. Son discours perd du sens jusqu’à ne plus ressembler qu’à un vague yaourt et Andréa retient sa respiration. Est-ce qu’il va craquer là, en plein milieu du cours et devant tous ces jeunes adultes ? Encore une mauvaise idée de la part de l’ancienne flic, dans tous les cas. Elle se mord la lèvre en le voyant redescendre jusqu’à son poste de travail et note que quelques étudiants ont suivi le regard de leur enseignant, et la dévisagent désormais d’un œil tantôt mauvais, tantôt interrogateur. Cerise sur le gâteau, Keith finit par demander à tout le monde de quitter l’amphithéâtre. Andréa ouvre la bouche comme pour les en dissuader, mais aucun son n’en sort. Elle se contente donc d’attendre, les deux mains jointes devant sa bouche, interdite, que les étudiants sortent en râlant. Une fois la pièce vide, elle se lève, avec une lenteur anormale, aussi incapable de détacher ses yeux de lui que lui d’elle. Elle descend les premières marches, prudente alors que les premiers mots qui lui sont destinés fusent, traversant l’air comme autant de flèches savamment aiguisées qui touchent leur cible avec une violence inouïe. Une véritable gifle suivie d’autres, tout aussi douloureuses, mais méritées. Elle ne répond pas à sa question, le laissant fulminer ; elle ne parvient pas à assembler les mots qu’elle s’est tant de fois répétés pour parler. Elle ne lui connaît pas ce regard empli de rage, ou du moins jamais pointé sur elle. Elle ignore si c’est cette expression ou ces mots qui achèvent de déchirer son cœur. Sa gorge se serre mais les larmes ne viennent pas. Pas pour le moment. Quand il se tait, le silence s’abat sur la salle. Elle s’est arrêtée à bonne distance. Juste en bas des marches. Elle laisse le bas de son dos s’appuyer sur le bout de la table du premier rang, sans le quitter des yeux. Essayant en vain de choisir soigneusement ses mots.

« Jamais je regretterai. » murmure-t-elle enfin en croisant les bras sur sa poitrine. Le ton est cassant, comme pour chasser le plus rapidement possible cette affirmation qu’il vient de prononcer, parce qu’elle est on ne peut plus grotesque. Peu importe ce qu’il fera d’elle, rien ne la soulage plus dans cette histoire que de le savoir en vie. « Tu sais pertinemment au fond de toi que si j’avais voulu te tuer je l’aurais fait. Tu sais comment je tire. Tu étais tout près. Je n’aurais pas pu te rater. Jamais je n’aurais supporté que tu meures, Keith. Mais crois-le ou non, je sais l’horreur que représente mon geste. J’en suis littéralement malade depuis ce soir-là. » Elle s’arrête, semble réfléchir une seconde puis agite sa main en l’air pour signifier que ce qu’elle vient de dire n’a pas d’importance. Elle ne va pas jouer à qui a souffert le plus dans l’histoire. A cause d’elle il a passé des mois à souffrir, si tant est que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et il a perdu son travail qu’il chérissait plus que tout. Et si ses propres regrets sont une torture quotidienne pour elle, le vécu de son coéquipier passera toujours devant. Elle-même ignore comment elle aurait vécu cette trahison. Certainement de la même manière que lui.  Elle déglutit avec difficulté et reprend avant qu’il n’ait une chance de répondre. « Écoute, si tu veux m’étrangler, vas-y. Je ne lutterai même pas. » Elle écarte les bras comme pour illustrer ses paroles. « Mais avant, je t’en prie, laisse moi une minute pour t’expliquer. Il n’y avait pas que des mensonges pendant ces dix ans. Loin de là. »


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Message(#)Don't pretend - Keidrea EmptyDim 21 Juin 2020 - 5:36


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C’était un deuil que j’étais en train de mener depuis maintenant des années. Un processus long et douloureux pour lequel je n’étais pas préparé et que je voulais mener seul. Enfin que je menais seul par défaut, ayant refusé tout soutien et ayant préféré faire fuir mes proches. Je n’estimais plus mériter la moindre présence à mes côtés, pas quand celle que j’avais le plus désiré m’avait trahi de la pire des façons. C’était la dévastation. Et sans réellement savoir à quel endroit j’aurais pu puiser cette force de me relever de terre, le temps était passé et la peine s’amenuisait. Du moins c’est ce que je pensais avant de croiser son regard. Celui que j’avais tenté d’oublier dans ma phase de sevrage. Celui que j’imaginais, joint à ses rictus qui lui étaient propres à chacune des étapes de ma vie. J’avais passé du temps à m’imaginer ses mots, ses réparties et à vivre au milieu des si. Comme un drogué à sa dose d’héroïne, je m’étais raccroché à ces souvenirs, m’emmenant bien souvent au plus profond des méandres de mes pensées. Je me faisais parfois peur à imaginer le pire et pourtant j’avais toujours tu ce penchant de ma propre personne. Cette peur qui m’avait repris à la gorge, me faisant perdre mes moyens quand j’eus compris que ce n’était pas une vision d’un fantôme du passé que j’avais, mais bel et bien la silhouette de la contradiction même. Ce corps que j’avais tant désiré tout autant que je le haïssais maintenant. Et malgré cette haine que je dégageais avec facilité, je ne réussissais pas à vouloir la voir partir. Elle était la clé de beaucoup d’interrogations que je menais encore aujourd’hui.

J’avais intériorisé. Le processus normal selon certains. L’autoflagellation méritée pour ma part. Je m’étais dis que j’avais mérité ces balles déchiquetant ma peau. J’avais mérité de finir dans mon propre sang, car je n’avais pas fait ce qu’il fallait. Mais qu’aurais-je pu faire pour quelqu’un qui avait refusé de me parler. Qui s’était renfermée et qui m’avait offert tous les signes d’un mal-être que je n’avais pas su interpréter. J’étais responsable de ce que j’étais devenu, mais pas de ce rêve détruit. Et même en me prononçant ces paroles mentalement en gardant mon regard sur elle, ces mots sonnaient faux. Je tanguais entre ce besoin de l’entendre briser ce silence et cette envie de destruction qui m’envahissait. J’avais toujours appris à canaliser cette colère mais elle était bien trop importante aujourd’hui et j’étais bien trop fragile pour réussir l’opération ce matin. Alors comme une grenade que l’on désarçonne, j’explosais en plein vol, voulant que mes mots tels des fragments viennent la percuter en plein cœur tout comme son geste l’avait été pour moi. Et pourtant son absence de regret me glaça le sang, me stoppant dans cet envenimement silencieux que mon esprit m’offrait. « Pardon ? » demandais-je en appuyant sur le mot comme pour être sûr que je ne rêvais point. Je descendais de l’estrade, m’approchant d’elle comme pour la défier de ses gestes tout comme de ses mots, m’arrêtant à quelques centimètres d’elle. Nous y voilà donc. Je devais presque la remercier d’avoir su tirer volontairement à des endroits qu’elle qualifiait de stratégique à ses propos. Un rire cynique m’échappa, secouant la tête face à tant de paroles dérisoires. « Tu essaies de déclencher un syndrome de Stockholm là ? Que je te remercie chaleureusement de m’avoir contraint à cette vie là ? » lui demandais-je en montrant l’amphithéâtre d’un geste circulaire de la main. « Ecoute moi bien Andréa. Je me fous royalement de tes remords alors que tu n’as pas de regrets… » dis-je en venant poser mon index sur son sternum. « Parce que quoi ? Parce que ce jour là je t’avais demandé d’attendre et que tu n’en as fait qu’à ta tête, comme toujours. Et que machinalement je t’ai suivi, me mettant moi-même dans ce guet-apens. » repris-je en venant appuyer chacun de mes mots de mon doigt avant de me reculer, ne supportant plus cette proximité. Je réfutais sa remarque d’un signe de main, détournant le regard vers la sortie le temps que mon rythme cardiaque ne se calme. « Je ne te ferais même pas ce plaisir-là vois-tu ? Je préfère encore savoir que tu vis dans ton propre cauchemar, que tu te répètes sans cesse cette scène comme je peux le faire moi-même… Parce que j’essaie encore de comprendre pourquoi vois-tu ? » lui fis-je remarquer en posant mon regard assombri par ces souvenirs dans la prunelle de ses yeux.

S’en était trop. Trop d’un coup. Trop pour une seule et même personne. Et pourtant quelque chose me retenait ici. Et même si j’effectuais un mouvement de recul, j’étais en train de lui accorder le bénéfice du doute. Même si ses mots venaient faire trembler les murs en verre que j’avais tenté de bâtir pour me reconstruire, le terrain était marécageux, rendant les fondations fragiles. Une fois de plus le cynisme reprenait sa place et je secouais la tête comme pour m’en vouloir de ce que je m’apprêtais à lui dire. « Pas que des mensonges ? M’as-tu réellement estimé malgré tout Andréa ? Parce que rien ne justifiera ton geste… Parce que tu sais très bien que j’aurais voué corps et âme pour ton intégrité physique, morale et sentimentale. Parce que tu sais très bien que ces détonations ont signé la fin du nous, si tant est qu’il ait existé à un moment. Et parce que tu sais pertinemment que cette minute-là, je vais te l’accorder, je persiste à penser que tout n’est que manipulation une fois de plus. » lui dis-je d’une voix monotone, glaciale et qui se voulait détachée. Comme si j’étais en train de répéter mon discours sans réellement savoir ce qui allait bien pouvoir se passer par la suite. Je n’étais même pas certain de pouvoir réellement affronter ses propos. Et pourtant, comme quand il s’agissait d’elle, je fonçais tête baissée. « Je ne le fais pas pour toi. Je le fais pour moi. Pour apprendre à vivre comme si tu étais morte. Parce que même si je n’ai pas péri dans cet entrepôt, celui de nous deux qui y a laissé la vie, c’est toi. Cette vie que je t’accordais dans mes yeux n’est plus que cendres, illusions et horreur. » conclus-je en prenant le temps d’articuler chacun de ces mots, le regard planté dans le sien. Puis je me murais dans le silence, mes poings fermés, comme si je m’apprêtais à me battre face à ses paroles.

Un combat qui me menait à ma perte, je le savais. Mais que je ne pouvais pas refuser. Et elle le savait.



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Message(#)Don't pretend - Keidrea EmptyDim 16 Aoû 2020 - 11:07


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C’est infernal ce ton, cette haine dans les yeux de Keith. Andréa sait qu’elle n’en mérite pas moins, mais ça ne reste pas plus facile à supporter. Son cœur blessé bat contre ses tempes, presque assourdissant, mais ne suffit pas à couvrir la voix du professeur qui résonne dans l’amphithéâtre vide. Les mots qu’il crache tournent dans le crâne d’Andréa jusqu’à l’étourdir. Une part d’elle aimerait se laisser submerger par l’ouragan de reproches jusqu’à s’évanouir, ne plus y faire face. L’autre laisse chaque phrase s’ancrer dans son esprit comme on grave quelque chose au fer rouge, comme une punition supplémentaire, comme si deux années d’exil et de cauchemars n’étaient pas encore suffisantes. Le doigt de Keith contre sa peau a le mérite de la sortir de sa torpeur, brûlant l’épiderme sans qu’il ne s’en rende compte. Ce n’est pas comme si les contacts physiques étaient très nombreux déjà à l’époque, en dehors des entraînements du moins. Et si ce geste s’inscrit aujourd’hui dans un contexte douloureux, l’interruption de celui-ci arrache un pincement au cœur de l’ancienne flic.

S’entendre accusée de manipulation est le plus gros coup de massue de tous. Andréa fronce les sourcils, médusée. Alors le lien est brisé à ce point. Au point qu’il ne croie plus à une once de sincérité de la part de sa coéquipière pendant dix ans de travail ensemble. C’est ce qui blesse le plus la jeune femme. Comment peut-il penser qu’elle n’a jamais ressenti que de l’aversion pour lui, quand tout le contraire s’est produit ? La réponse peut sembler plus qu’évidente du point de vue de Keith, presque tué de sang-froid par sa collègue en qui il plaçait toute sa confiance. Mais il accède à sa demande, il lui offre une chance de s’expliquer. Pour lui, dit-il, pour sceller une bonne fois pour toutes une décennie de mensonges, du moins c’est ce qu’il pense. Il a repris de la distance vis-à-vis d’elle, et le silence s’installe lorsqu’il met fin à son horrifiante litanie, laissant Andréa soufflée, la gorge nouée par le chagrin. M’as-tu réellement estimé malgré tout ? Si seulement il savait. Et quand il le saura, parce que oui, elle lui dira, la haïra-t-il davantage ?

Ses mains s’appuient sur la table sur laquelle elle est à moitié assise de chaque côté de son bassin. Elle baisse les yeux quelques secondes pour rassembler ses esprits, et aussi son histoire, la vraie, doutant autant qu’elle l’espère qu’elle trouve grâce aux yeux de Keith. Bien sûr elle redoute que plus jamais il ne veuille entendre parler d’elle. Mais il faut qu’il écoute, qu’il la croie. Ensuite il pourra l’écarter de sa vie. Elle a fait suffisamment de mal comme ça. « J’aurais préféré faire ça ailleurs… » marmonne-t-elle dans un soupir une fois de nouveau concentrée. Elle imagine bien que l’inviter à boire un verre pour raconter son passé de criminelle dans un lieu plus approprié serait plutôt malvenu. Andréa finit par relever les yeux vers le jeune homme face à elle. Son visage marqué par la colère ne perd rien de sa beauté. Elle se focalise dessus, si ça doit être la dernière image qu’elle a de lui. « J’ai commencé à travailler très jeune dans la pègre. J’étais une adolescente stupide à la recherche de la reconnaissance de mon père. Il trempait dedans lui aussi, et j’ai trouvé là-bas la seule solution pour qu’il me considère. J’ai toujours eu conscience que je n’aurais jamais dû faire tout ça. Et tout ça, a empiré quand je suis entrée dans la police et que je t’ai rencontré. Toi, tes idéaux, ton sourire et ta répartie. » Sa mâchoire se serre un instant avant qu’elle ne sente les larmes monter pour emplir ses yeux. « Je me suis retrouvée prise au piège entre qui je devais être et qui j’étais. Je voulais quitter ce monde-là, me concentrer sur mon travail. Tu ne sais pas à quel point tu as joué un rôle crucial là-dedans. Je voulais être quelqu’un de bien, pour toi. J’ai menti sur ce point, comme j’ai menti sur les hommes avec lesquels je suis sortie pour ne pas être la pathétique flic amoureuse de son coéquipier qui ne la regardera jamais comme elle l’aimerait. » Elle essuie frénétiquement une larme qui roule le long de sa joue. « Alors oui, il y a eu des mensonges. Je sais combien ça doit être difficile de démêler le vrai du faux mais ça a toujours été moi, Keith. Et ne crois pas que je ne t’ai jamais estimé. Je tiens tellement à toi que j’ai voulu laisser tomber la pègre. Mais leur emprise était si forte, et je n’osais pas t’en parler de peur d'écoper de ce regard que tu m’adresses aujourd’hui. Mais je suppose que j’ai signé mon arrêt de mort bien avant cette nuit-là de toute façon. » Nouveau soupir, avant d’aborder la dernière ligne droite. « Je pouvais m’en sortir seule et je ne t’ai pas écouté. Quand j’ai vu que tu m’avais suivie j’ai su que j’allais devoir commettre l’impardonnable. C’était ça où ils te tuaient. Donc non, je ne veux pas que tu me remercies et tu aurais raison de ma haïr à vie pour tout ce que je t’ai fait. Mais entre ça et te garder en vie, la décision a été facile à prendre. » Mourir ou perdre l’opportunité de vivre son rêve, la finalité est presque la même pour certains, et aucun humain ne devrait s'octroyer le droit de décider pour un autre. Mais il est trop tard pour faire marche arrière maintenant. Andréa déglutit ; elle ne sait pas ce qu’elle s’était imaginée mais se livrer ainsi ne la rend pas plus légère.

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Message(#)Don't pretend - Keidrea EmptyMer 2 Sep 2020 - 10:59


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Haine. Ce sentiment violent qui vient ébranler tout prémices d’amour envers une personne et qui à l’inverse nous pousse à vouloir du mal et de s’en réjouir. Sensation hostile qui nous pousse dans nos derniers retranchements et qui nous emmène à faire des choses insoupçonnées. Mouvement de révolte bien entendu. J’en ai lu des définitions, des ouvrages, des analyses qui pouvaient expliquer la présence de haine. Ou l’absence bien au contraire. Car au début, je ne la haïssais pas cette femme qui se tenait face à moi aujourd’hui. Je devais faire mon deuil. Dire adieu à ce que nous étions, aussi imparfait soit-il pour apprendre à vivre seul, moi qui passais la majeure partie de mon temps au travail, à ses côtés. Le processus du deuil a été mené – avec difficultés certes – mais j’y étais parvenu. Pour quelles raisons ? Je me le demande encore quand je me retrouve face à elle, à ne pas prendre la fuite, à ne pas prévenir la sécurité. Inconsciemment, elle avait peut-être raison, je lui accordais probablement une infime partie de ma confiance restante et je savais ou du moins j’espérais qu’elle ne me ferait rien. Mais voilà. Je la haïssais aujourd’hui. Et je ne pouvais rien faire face à ce flot de colère qui m’habitait. Pris entre deux étaux mon cœur se resserrait et pour la première fois depuis des années maintenant qu’elle me connaissait, je faisais le choix de protéger l’homme que j’étais. Quitte à la détruire elle-même au passage, mais y a-t-elle réfléchit quand les rôles se sont inversés ?

Mon regard ne pouvait se détacher d’elle malgré tout. Je voulais qu’elle comprenne l’étendu des blessures qu’elle avait laissées, bien plus profondes que de simples cicatrices. Celles qui m’avaient empêché de dormir sereinement pendant des mois, par peur de la voir revenir achever le travail. Celles qui m’avaient rendu paranoïaque au point de m’éloigner de chacune des personnes qui constituait mon entourage. Celles qui faisaient que je n’avais plus le goût de rien et que je ne vivais pas mais survivais. Elle voulait que je lui laisse l’occasion de s’exprimer et tel un juge en attendant un plaidoyer, je patientais le temps qu’elle trouve les mots. Pourquoi étais-je si empathique ? Je me le demandais encore. J’esquissais même un sourire mauvais en l’entendant se plaindre du lieu où se déroulait la discussion. « Tu n’es pas en position d’avoir le choix. » lui rappelais-je froidement tandis que je croisais mes bras contre mon torse. L’attente me paraissait insoutenable. J’avais conscience que mon esprit n’était pas façonné pour comprendre chacun des mots qu’elle pourrait bien sortir. Pourtant je ne voulais pas l’interrompre. Je buvais chacune de ses paroles, choisissant de prendre la moitié et de ne pas démêler le vrai du faux. Elle avait réussi à sortir une histoire à faire pleurer dans les chaumières. La reconnaissance d’un paternel. Celle que je n’avais pas forcément eu en m’engageant et que je n’aurais jamais. Pourtant je n’étais pas prêt à faire n’importe quoi pour ses beaux yeux. Je ravalais mon envie de lui couper l’herbe sous les pieds et me contentais d’hocher la tête.

Elle pouvait faire l’apologie de toutes mes qualités que je ne bougerais d’un cil. Je n’étais pas ces personnes vaniteuses qui avaient besoin de reconnaissance pour exister et se sentir vivant. Je riais – jaune mais je riais – en l’entendant parler de piège qu’elle avait étendu sous ses tissus de mensonges. Elle n’avait donc eu personne. Et j’avais fini par vouloir l’oublier dans les bras de Danika pour un mensonge. Toutes traces d’empathie disparurent et mon visage devenait de marbre. S’en était trop. Même la larme qui roulait ne me donnait pas envie de venir la cueillir. Mais je ne pouvais m’enfuir. Elle venait de recréer le paradoxe et je me retrouvais de nouveau pris au piège comme cette fameuse nuit qu’elle tentait de m’expliquer. Elle n’avait pas le choix. Voilà donc son argument. Et elle l’a fait pour me voir en vie. Il fallait donc que j’ôte le costume de bourreau pour lui enfiler celui de sauveuse ? Je riais et en guise de réponse, je me contentais d’applaudir m’avançant vers elle en continuant d’applaudir. Je ne voulais pas lui laisser la place de respirer. Et elle n’avait fait que de me confirmer ce que je savais inconsciemment. « C’est tout ? Tu ne me racontes pas tout ? Tu décides encore de ce que tu estimes nécessaire à être connu de ma part ? » lui demandais-je froidement. « Où étais-tu toute la semaine précédente après la découverte du corps ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé… » rajoutais-je avant de secouer la tête. « Il y avait des dizaines d’autres solutions si tu t’étais comportée comme une coéquipière. Une qui aurait fait qu’aujourd’hui, ni toi ni moi ne serions dans cette situation. » lui dis-je un peu plus calmement. Car après tout, elle avait réfléchi avec ses propres moyens, ses propres démons et ses idées. « Où es tu partie par la suite ? Et pourquoi revenir maintenant… Que veux tu sauver après tant d’années Andréa ? » finis-je par lui demander, me laissant tomber dans mon siège, presque dépité. « Je ne sais pas quoi en penser… Je sais juste que ce que tu me diras ne pourras pas changer ce que tu as fait… » Etais-je en train de m’adoucir ? Probablement. Mais j’étais comme cela. Et elle le savait, sinon ni elle, ni Hayden, ni Danika ne seraient revenues me voir après mes mois, que dis-je, mes années de silence. « Que vas-tu faire maintenant ? » lui demandais-je comme si cela me préoccupait sincèrement. « Tu vas encore partir ? Ou tirer sur quelqu’un d’autres ? » Et je ne voulais pas de mensonges en guise de réponse. Je voulais voir si au fond, il existait encore la coéquipière qui était morte en même temps que ma carrière.




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Message(#)Don't pretend - Keidrea EmptySam 12 Sep 2020 - 13:45


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Il la laisse s’expliquer mais son histoire ne trouve pas grâce à ses yeux. Il se fout d’elle et elle ne peut s’empêcher de se demander si il aurait réagi différemment si elle lui avait raconté tout ça avant d’avoir à lui tirer dessus avant de disparaître. Cette réaction n’est pas méritée ; Andréa fronce les sourcils, aussi vexée que blessée. Elle ne s’est pas livrée pour l’attendrir. Elle s’est livrée comme elle l’aurait fait deux ans auparavant, avant tout ça. « C’est tout ? Tu ne me racontes pas tout ? Tu décides encore de ce que tu estimes nécessaire à être connu de ma part ? » Le visage de la jeune femme se ferme, sa mâchoire se resserre. Ne pas tout pouvoir lui dire l’attriste mais elle ne le regrette pas. Le Club ne paiera pas le prix de son amour pour Keith. Pas davantage du moins. Elle ne répond pas, elle n’a pas besoin de le faire, a bien une idée de la réponse. Elle se contente d’observer Keith jusqu’à l’entendre revenir sur la – mauvaise – décision qu’elle a prise, précisant qu’elle aurait pu faire autrement. Si elle s’était comportée comme une coéquipière. Elle déglutit. « Je n’étais pas seulement ta coéquipière. Je ne fais plus partie de cette organisation mais il y a des gens que j’aime là-bas. C’est pour ça que je ne peux pas tout te dire, et que les dizaines de solutions dont tu parles ne me semblaient pas envisageables à l’époque. Qu’aurais-tu dit si je t’avais expliqué à l’époque que je couvrais ceux qui avaient tué cette fille ? » Elle reste calme au prix de gros efforts, se répétant qu’il ne peut pas savoir ce que c’est, et qu’elle comprend son ressenti. Mais s’entendre dire ce qu’elle aurait dû faire dans ce cas précis est difficile à laisser passer. D’autant plus qu’elle est quasiment sûre de la réaction de son ex-coéquipier si elle avait plus ou moins tout avoué à ce moment-là. Cette haine qu’il lui voue aujourd’hui, elle est certaine qu’il la lui aurait servie à cette époque. Parce qu’il a toujours eu ses principes, et qu’elle n’en serait pas moins restée une traîtresse. Mais elle n’aurait peut-être pas eu à ouvrir le feu sur lui.

Puis il lui demande où elle est partie. Elle soupire doucement, fixant ses pieds pour remettre en ordre la chronologie de son exil. Il semble presque résigné, comme s’il faisait face à un enfant qui l’exaspérait au plus haut point, dont il ne savait plus quoi faire. Ça la surprend, un peu. Mais elle s’y accroche, préférant le voir comme une chance de… gagner des points ? « J’ai tout de suite démissionné, rassemblé mes affaires et je suis partie. Je suis allée un peu partout, surtout en Europe. » Bizarre de raconter sa fuite étant donné les circonstances, mais elle se force, pour faire preuve de bonne volonté. Dire tout ce qu’il est acceptable pour lui d’entendre. « Pour le reste, tout dépend de ce que tu m’autorises à essayer de sauver. » En temps normal elle aurait bien ajouté qu’elle se serait passée de sa permission de toute façon.

« Je ne sais pas quoi en penser… Je sais juste que ce que tu me diras ne pourras pas changer ce que tu as fait… » Elle relève les yeux vers lui et hoche la tête rapidement. « Je sais. Je ne m’attends pas à ce que l’on oublie ce qui s’est passé. J’ai pleinement conscience de la gravité de mon geste, et de ce que tu ressens. Simplement… » Andréa ne sait comment terminer sa phrase. Comment lui expliquer combien elle aimerait qu’il la croie, qu’il aie envie d’entamer le chemin du pardon avec elle. Tout cela semble impossible, elle le sait bien. Ses sentiments la rendent trop naïve cependant, et elle ne peut pas réprimer cette minuscule lueur d’espoir qu’un jour il ne la déteste plus.

La dernière question dénote tellement. Ça aurait presque pu être un trait d’humour. L’ironie est certainement là, mais Andréa sent qu’elle n’a pas vraiment intérêt à en rire, pas alors qu’elle marche encore sur des œufs. « Arrête, Weddington. Tu sais bien que non. » Aucune forme d’aggressivité dans sa voix, mais presque une supplication à la place. Elle soupire en baissant les yeux sur ses doigts noués, sur ses pouces qui se malmènent mutuellement, comme une enfant que l’on gronde. « Je… Je suis revenue d’abord parce que je voulais voir comment tu allais. Et pour te présenter mes excuses. » Comme si ça allait suffire. « Et pour t’expliquer. Je sais que tu te sentais trahi. Je ne voulais pas que tu croies que tu avais faux sur toute la ligne pendant dix ans. Je sais aussi que je ne mérite pas ta confiance pour l’instant, mais je voulais te dire la vérité, même si je ne peux pas tout partager avec toi, et j’en suis désolée. Je ne peux pas les mettre en danger. » Mais ça, elle ne pourra jamais revenir là-dessus. Elle ne peut pas faire ça à Mitchell, ni à Alec. Elle ne peut tout simplement pas. Ce qui l’amène à la dernière raison de sa venue ici. Une question qui la tourmente depuis deux ans. Elle hésite un instant, avant de se lancer. « Pourquoi tu ne m’as pas dénoncée ? »

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Message(#)Don't pretend - Keidrea EmptyJeu 8 Oct 2020 - 6:23


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Je m’étais souvent demandé comment les choses auraient pu se passer si j’étais resté dans ce véhicule ou si j’avais rattrapé Andréa avant qu’il ne soit trop tard. Je m’en étais voulu de ne pas l’avoir démasqué plus tôt. Au moment où son visage s’était refermé sur ce premier cadavre. J’aurais dû voir que cette attitude ne lui ressemblait pas. Mais j’étais subjugué par nos habitudes à tel point que je n’avais pas senti le grain de sable s’immiscer dans nos rouages. Cela avait été l’objet de nombreux de mes cauchemars. Les nuits où je m’étais réveillé en sursaut, le souffle court et le corps douloureux comme dans un souvenir lointain de ce que j’avais raté. C’était cette même douleur que je tentais de masquer aujourd’hui, face à cette dernière. J’aurais voulu chasser ma haine et avoir le cran de lui montrer la sortie. Pourtant j’avais dégoupillé tous ces non-dits et, persuadé pendant de nombreux mois qu’Andréa serait l’un de mes fantômes du passé, je venais de lui jeter la grenade au visage. Il fallait qu’elle comprenne qu’elle n’était pas en terrain conquis. Plus ici, plus avec moi. Et pourtant j’avais l’impression que l’occasion que je lui donnais de s’expliquer n’était pas saisie dans son entièreté. Encore des secrets que je n’accepterais pas. Plus aujourd’hui. Car je n’attendais certes, plus rien d’elle mais je voulais qu’elle me permette de tirer un trait sur ce passé et de pouvoir me concentrer uniquement sur mon futur. Elle était mon démon, et l’écho de cette peur ressurgissait en croisant son regard. « Je n’étais pas seulement ta coéquipière. Je ne fais plus partie de cette organisation mais il y a des gens que j’aime là-bas. C’est pour ça que je ne peux pas tout te dire, et que les dizaines de solutions dont tu parles ne me semblaient pas envisageables à l’époque. Qu’aurais-tu dit si je t’avais expliqué à l’époque que je couvrais ceux qui avaient tué cette fille ? » Je riais, sarcastique, secouant la tête une fraction de secondes. « Et après ça, tu oses dire que tu ne voulais pas jouer le stéréotype de la femme amoureuse de son coéquipier ? Je crois que tu n’as pas saisi ce qu’était l’amour Andréa. » dis-je froidement comme seule et unique conclusion. Car si me tirer dessus était pour elle la solution la plus logique, sa logique de l’amour n’était pas la mienne. « A quoi bon te l’expliquer maintenant ? Tu m’as tiré dessus, dois-je te le rappeler ? Je ne vis plus dans ce passé, ne perds pas de temps, tu as fait le choix il y a deux ans de ne pas vouloir savoir ce que j’aurais pu en penser. Tu ne l’auras pas maintenant. » Doux mensonge, mais tellement bien servi.  Je ne voulais pas m’enfoncer dans ces souvenirs douloureux, je ne voulais pas me montrer vulnérable. J’aurais tant aimé avoir la faculté d’Hayden à me montrer impassible et distant. Mais j’en étais incapable inconsciemment.

Mon besoin de réponse se faisait plus fort et je m’intéressais à sa nouvelle vie après cette fuite organisée. Mon cœur se serra, mon corps se tendit et je décidais de me reculer. « Pendant que j’étais sur la table d’opération, qu’on m’annonçait à mon réveil que je devais rendre mon insigne et que ma vie serait vouée à regarder tous les jours ces traces qui me ramènent à toi. » lui crachais-je presque au visage tandis que je levais un doigt dans sa direction, la pointant sans aucune gêne. « C’est ce que toi tu décides de sauver. T’as eu le culot de me tirer dessus et maintenant il faudrait que je te guide pour pas que tu te plantes ? Tu sais quoi ? Saute dans le vide, et tu verras bien si en bas je serais là. C’est ça qu’on est censé faire quand on décide de sauver une amitié Andréa. » conclus-je froidement. Je voulais qu’elle prenne conscience que je ne serais pas celui qui l’aiderait et qu’elle seule peut-être pourrait déclencher ce processus de pardon de ma part. Pourtant j’étais perdu, au milieu de ce flot d’information que je venais instinctivement de m’interdire de partager avec autrui. Pas quand je n’avais pas la certitude au plus profond de moi-même qu’Andréa ne représentait plus un danger pour autrui. « Simplement ? » demandais-je pour l’obliger à continuer. J’haussais les épaules pour lui montrer mon incertitude quant au fait qu’elle puisse recommencer ce qu’elle avait déjà fait deux ans auparavant avant de manquer de m’étouffer. « Voir comment j’allais ? Deux ans après ? Tu te fous de ma gueule là ? » demandais-je en haussant le ton. « TU AS ATTENDU DEUX ANS POUR VENIR PRESENTER DES EXCUSES ? MA VIE N’A PAS ATTENDU DEUX ANS POUR ETRE DETRUITE ANDREA ! » me mis-je à hurler. C’était la goutte de trop. Je ne pouvais plus me retenir. Le poing serré vint s’abattre sur le bois du bureau avec toute la violence que je renfermais. « TU VIENS ICI, TU N’ES PAS CAPABLE DE TOUT ME DIRE ET TU ME DIS QUE TU NE VEUX PAS LES METTRE EN DANGER ? » repris-je furieux. « ALORS POURQUOI NE PAS M’AVOIR ÉPARGNÉ BORDEL SI C'EST EUX QUE TU AS DÉCIDÉ DE PROTÉGER ! TU N’AS AUCUNE LOGIQUE ! » dis-je en finissant par secouer la tête face à sa question. « Qu’est-ce que ça peut bien te foutre ? Peut-être que dans mes principes, la loyauté restait supérieure à la haine et le dégoût que j’éprouve pour toi… Mais ça, la loyauté, tu ne la connais pas… Et ne me dis pas le contraire. Car tu ne m’as pas été loyale comme je l’ai été. Mon choix n’a pas été compris. Ni par Hayden, ni par Danika. Car oui, elles savent… » lui dis-je pour qu’elle prenne conscience que même si les forces de l’ordre n’ont pas été mis au courant, certaines personnes savaient ce qui s’était passé dans cet entrepôt. « Et ne t’avises pas à t’approcher d’elles. Parce que crois-moi, je n’hésiterais pas à te tuer moi. » lui dis-je en la regardant droit dans les yeux, l’air sombre. « Le Club. » dis-je simplement pour qu’elle prenne conscience que je restais percutant. « C’est pour eux que tu bossais. » rajoutais-je enfin, sondant son regard pour y trouver la réponse réelle si ses mots voulaient me tromper. « Qui est assez cher pour toi dans cet endroit pour ne pas vouloir les mettre en danger… » J’étais en train de réfléchir à voix haute, voulant comprendre quelles personnes avaient plus de poids dans le cœur d’Andréa que celui que je pensais représenter pendant des années. Et j’allais les trouver, quoi qu’elle puisse dire.

Je voulais ces réponses.
Pas pour me venger, non.
Pour oublier.




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Message(#)Don't pretend - Keidrea EmptySam 21 Nov 2020 - 12:58


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Les piques finissent par toutes se ressembler tant elles sont empreintes de la même rancune inébranlable. C’est un miracle qu’autant d’acidité n’ait pas fait fondre Andréa sur place. Dès qu’elle croit pouvoir apporter un argument qui pourrait adoucir un peu Keith, la colère de celui-ci finit toujours par redoubler d’intensité. Mais quand il lui dit de sauter dans le vide, et de voir s’il sera en bas, c’est là qu’elle doit vraiment se retenir de partir pour mettre à exécution sa proposition. En sachant qu’il ne sera pas en bas. Et que tout serait terminé, au moins. Mais non, elle reste, pour se flageller encore comme elle le mérite. Vous reprendrez bien un peu de reproches bien salés ?! Et au milieu de tout ce chaos verbal, il ne lui offre rien qui puisse la réconforter un tant soit peu.

La tempête se transforme en ouragan quand elle a le malheur de lui donner une énième réponse qui lui hérisse le poil. A ce stade, ça en serait presque risible, mais Andréa est plus d’humeur à s’enterrer vivante qu’à rire de la situation. Il hurle et elle baisse les yeux, ne faisant plus rien d’autre que subir. Elle ne sursaute même pas quand son poing s’abat furieusement sur le bureau. Par contre, ses mains à elle se resserrent autour du bord de la table, ses paupières se ferment fort, comme si tout allait disparaître une fois de nouveau ouvertes. Elle ne répond pas à ses reproches. Que pourrait-elle dire ? Elle a déjà tout expliqué quant à la durée de son absence. Alors, à la place, elle demande pourquoi il ne l’a pas dénoncée. Le calme olympien dans sa voix, qui n’est qu’une façade, la surprend. Tout comme la réponse de Keith, tranchante, comme toutes les autres. Qu’est-ce que ça peut lui foutre ? De savoir pourquoi aujourd’hui elle n’est pas en taule ? La pertinence de la question se passe de commentaires, et elle se voit bien lui rétorquer un « Oh j’sais pas, vu combien tu me hais, me balancer aurait été la plus belle des vengeances ? » Mais là encore Andréa ignore la pulsion qui la démange sévèrement. Keith la connaît tellement bien, impossible qu’il ne remarque pas les efforts qu’elle déploie pour ne pas mettre de l’huile sur le feu. Mais il y semble totalement insensible tant il est focalisé sur sa propre haine avec laquelle il se débat. Il n’a de cesse de cracher son venin et sa réponse ne convainc pas Andréa. Il ment. Quand il dit qu’il ne vit plus dans ce passé ; quand il dit que c’est sa loyauté qui l’a empêché de parler. Il ment, ou alors il ne lui dit pas tout. Ça ne colle pas avec tout ce qu’il lui fait subir depuis qu’ils sont seuls dans cette pièce. C’est en tous cas le sentiment qu’a Andréa en l’entendant.

Hayden sait. Voilà qui rajoute une personne à éviter absolument en ville sous peine de se faire arracher les yeux avec des ongles. Une nouvelle forme de tristesse serre le cœur de la jeune femme qui se mord la lèvre. La tristesse d’avoir par extension fait du mal à une personne qu’elle apprécie. De l’avoir déçue. Andréa a presque plus peur de la réaction d’Hayden que de celle de Keith. Le lien qui les unit tous les deux n’est plus à prouver et elle ne doute pas une seconde qu’Hayden l’accueillera toutes griffes dehors si elles viennent à se croiser.

Son masque vacille quand il mentionne le Club. Une seconde, rien qu’une seconde, qui ouvre une brèche dans laquelle le jeune homme peut s’engouffrer. Il a fait des recherches. Et il a trouvé. Le cœur d'Andréa s'emballe mais son visage est redevenu grave, ses sourcils froncés. A quoi s’attend-il ? A ce qu’elle se jette à ses pieds en vendant le Club à lui, ancien flic, pour ensuite risquer qu’il ne se venge en faisant remonter ces informations aux forces de l’ordre ? Peu importe ce qu’elle éprouve pour lui. Jamais elle ne fera passer ça avant la protection de Mitchell et d’Alec. Elle n’est pas ce genre d’idiote. « Le fait que j’aie des sentiments pour toi ne justifie pas que je mette la vie d’autres personnes en danger Keith. Ça ne justifie pas non plus le mal que je t’ai fait, on est bien d’accord. C’est juste la raison qui a fait que j’ai laissé la situation dériver jusqu’au point de non-retour. Une raison, pas une excuse. Je n’ai pas d’excuse, je n’en aurai jamais. Et je ne peux rien faire d’autre que de te demander pardon et t’exprimer à quel point je regrette. » Elle sonne tellement froide, presque indifférente, que ça l’effraie. Mais elle ne sait plus comment lui dire. Il est trop tôt encore, elle lui a imposé cette discussion en débarquant à l’improviste, sans qu’il n’y soit préparé, sans qu’il ne sache les intentions de son ex-collègue. Elle comprend tout ça, et c’est bien pour ça qu’elle prend autant sur elle pour ne pas céder à la colère que les mots de Keith attisent en elle. Des mots qui ne sont prononcés que pour la blesser comme il le peut à son tour. Tout comme elle le ferait si elle se tenait à sa place, traumatisée, trahie. Mais elle tient bon, ses prunelles fermement plantées dans celles de Keith. « Je n’aurai pas cette conversation avec toi. » martèle-t-elle, sachant pertinemment que cette réaction a de grandes chances de laisser penser à Keith qu’il a visé juste. « Pas quand tu es dans cet état-là. Pas quand tu me ris au nez quand je te raconte mon histoire avec ces gens. » Il n’est pas prêt à l’écouter, encore moins à essayer de la croire. Leur conversation commence à tourner en rond. Lorsqu’il lui pose une question, elle répond la vérité, espérant l’aider à comprendre comment ils en sont arrivés là. Mais aucune de ses réponses ne convient à Keith, qui a, à raison, encore trop de colère ne lui pour recevoir les explications de la jeune femme. A regret, aussi frustrée que détruite, elle se redresse, plongeant rageusement les mains dans les poches de sa veste. « Ça ne sert à rien… » murmure-t-elle plus pour elle-même que pour lui, les yeux dans le vide. Elle les relève vers Keith, résignée. « Je t’ai dit ce que j’avais à te dire. Je veux vraiment que tu me croies Keith. Mais tu n’es pas prêt à l’entendre et c’est normal. Appelle-moi si tu veux qu’on discute. S’il-te-plaît. Ou si tu veux qu’on se donne rendez-vous pour que tu puisses te venger. Mon numéro n’a pas changé. » Il y a de grandes chances pour que jamais il ne l’appelle. Mais au moins elle ne sera plus à l’autre bout du monde. Enfin, Andréa se retourne pour grimper les marches qui mènent à la porte de l’amphithéâtre.


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