sometimes art brings us together

ginny & knox

Mon sac à dos bien rempli sur le dos, mon t-shirt coincé dans mon short, je glisse sur ma planche de skateboard dans les rues de Brisbane. J’ai besoin d’air, besoin de me trouver un mur sur lequel m’exprimer. Cela fait des semaines que je n’ai pas laissé mon inner self se lâcher sur un des murs de Brisbane, préoccupé par d’autres choses, mais en ce moment, j’en ai besoin. Ce matin, à la première heure j’ai donc fourré mes bombes de tag dans mon sac à dos, j’ai pris quelques trucs de peintures que je peux porter et je suis partie de chez moi. J’ai pris la direction de quelques endroits de la ville que je connais par cœur, mais arrivé là-bas, aucun d’eux ne m’a inspiré. Je parcours donc les rues du centre-ville encore endormi à la recherche du mur parfait. Il ne me faut qu’une vingtaine de minutes avant de trouver l’endroit parfait. Une petite ruelle, à l’écart des grosses rues de la ville et personne en vue. Je ralentis et saute de mon skate pour le poser contre le mur avant de déposer également mon sac à dos.

Je suis tellement perdu dans mes pensées, dans mes idées, dans mes coups de peinture que je ne remarque pas qu’une personne s’approche. Lorsque je peins, que je dessine ou que je fais du tag, c’est souvent le moment où il est impossible de me parler parce que c’est presque comme si je ne suis plus là. C’est comme ci mon esprit est complètement ailleurs. C’est ce moment où je me mets dans ma bulle, ou je laisse mes mains exprimer ce que je retiens. C’est ce moment où j’ai l’impression que rien ne peut m’atteindre, que le monde entier m’appartient et je pourrais passer des heures comme cela, couper du monde. C’est pour cela qu’il me faut de nombreuses minutes pour remarquer la brune qui s’est installé pas loin de moi et qui sort, elle aussi, du matos de peinture. Pourquoi faut-il qu’il y ait toujours une personne pour venir gâcher les choses ? Je sais bien que le mur ne m’appartient pas, que je suis dans un lieu public, mais la ville n’est-elle pas assez grande pour que cette nana trouve un autre endroit pour peindre ? J’ai à peine commencé mon œuvre, mais je ne veux pas qu’elle vienne empiéter dessus. Alors je ne suis pas aimable. « Are you fucking kidding me?! Can’t you find any other place to go do your shit? » Je soupire, bien décidé à la faire partir pour pouvoir retrouver ma tranquillité matinale.


@Ginny McGrath-Williams

Je croyais que ce serait plus difficile. Je pensais vraiment que j'aurais plus de mal, que lorsque j'appliquerais la première couleur et que j'étendrais la première teinte, j'aurais un pincement au coeur. La dernière fresque sur laquelle j'avais bossée représentait encore un souvenir amer, idiote gamine qui avait délégué bien trop d'espoirs en un mur qu'on avait bousillé en une nuit quand j'avais passé des semaines à y tracer toutes mes idées, une après l'autre.

Pourtant les écouteurs nichés dans mes oreilles, la trame de fond qui joue en angle et les litres de thé au gingembre avalés n'ont pas eu besoin de faire grands efforts pour adoucir ma matinée. Tout semble bien aller et tout roule, des nouveaux dessins que j'imagine aux premiers pas que je fais une teinte à la fois.

« Are you fucking kidding me?! Can’t you find any other place to go do your shit? »
« Good morning to you too. »

Tout allait bien, jusque là. C'est ma faute, en vrai. C'est moi qui ne l'a pas vu arriver, c'est moi qui étais tant perdue dans ma tête où j'aurais facilement pu rester. S'il n'avait pas parlé au point où la musique flirtant avec mes tympans ne semble que faire pâle trame sonore. Il rage et j'ignore pourquoi ; la seconde suivante mes yeux restent plantés dans les siens mais ma bombe de peinture elle, s'aligne vers le béton qu'on se partageait déjà sans qu'on ne l'ait remarqué ni lui ni moi. Si je me fie à ce qu'il a peint, à ce que j'ai peint aussi.

« That's your side. » on entend la bruine colorée qui tache le mur, la ligne droite et corail que j'aligne entre lui et moi, sans entacher son oeuvre ni toucher la mienne. « And this one is mine. » du menton, je pointe la droite à son intention, la gauche qui me revient. « You don't come here, I don't go there. Have a great life. » mon sourire n'a rien de condescendant, mais il est posé, résistant. S'il est de mauvaise humeur qu'il le reste ; j'ai décidé que ma journée irait bien et j'y tiens.

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ginny & knox

J’ignore depuis combien de temps elle est là, l’inconnue brune, lorsque je le remarque, mais elle semble déjà s’être bien installé. Je ne suis malheureusement pas de la meilleure des humeurs aujourd’hui, mais je n’ai pas vraiment non plus envie de voir du monde et de partager l’endroit que je me suis trouvé afin de peindre. Pourquoi est ce que je ne peux avoir la paix, pour une fois franchement. Je soupire avant de m’approcher d’elle et de l’agresser un peu dans mes paroles. « Good morning to you too. » Et elle reste calme, sans le moindre haussement de voix et je crois que cela m’énerve encore plus. Okay, respire Knox.

Elle trace un trait, à l’aide de la bombe qu’elle a la main avant de reprendre la parole. « That's your side. And this one is mine. » Je tourne l tête vers elle une nouvelle fois. Je n’aime pas beaucoup le ton qu’elle prend, à me parler comme si je suis un gamin de maternelle qui aurait une connerie. Je veux bien croire que je ne suis pas la personne la plus aimable du monde, mais pas besoin de me parler comme si j’étais un demeuré. « You don't come here, I don't go there. Have a great life. » Breathe Knox, breathe. Que je me répète pour tenter de ne pas m’énerver. Mes yeux s’attardent alors sur ce qu’elle a commencé à tracer, et cela me rappelle certaines des frises qui se trouvait au concours la ville. « If you’re painting this wall, at least do something original instead of copying the same shit that all those losers who tried to win the city’s competition did. » J’aime peindre, j’adore cela, je pourrais y passer des heures, des jours, mais je ne veux pas que cela ressemble à ce que l’on voit déjà. C’est quelque chose qui vient de moi et que je veux garder unique. Je jette ensuite un coup d’œil à son matos et il faut bien avouer qu’elle a des bons produits, certains même qui sont plutôt difficile à trouver et ma curiosité d’artiste prend un peu le dessus. « Where did you get all your stuff? »

@Ginny McGrath-Williams

« If you’re painting this wall, at least do something original instead of copying the same shit that all those losers who tried to win the city’s competition did. » sa voix pique, ses mots aussi. Il n'a pas plus envie que je sois là que moi-même j'en avais le goût y'a une poignée de minutes de ça. J'y ai pensé des dizaines de fois à partir, entre le trajet de la maison à ici, entre les différents coups de pinceaux et autres bombes de peinture que j'ai accumulés à mes pieds avant de me lancer. Pourtant, dès que j'ai commencé à doucement travailler mes lignes et mes formes, les restes de traumatisme de ma fresque détruite ont fini loin, très loin dans mon esprit. Ma place est ici. « You saw what they did? » et la sienne n'est probablement pas de maintenir le rythme de conversation. Il dévisage la ligne que j'ai faite au mur et il dévisage encore plus les formes que j'ai commencé à tracer de mon côté, n'en reste que s'il a le droit de peindre je l'ai aussi. Mon sourire en coin creuse une fossette qu'il ne verra sûrement pas, mon visage se détourne du sien qui rage pour tout mais surtout pour rien, et je m'étonne qu'il soit au courant de ce genre d'initiatives de la ville lui qui semble si buté à faire ses trucs sans que le monde extérieur n'interfère. « At least they tried. » contrairement à lui et à son absence de politesse. Ça vaut bien pour quelque chose.

Mon haussement d'épaules narguerait presque, et pour être totalement honnête je n'en ai rien à faire de comment il le prendra. Je suis ici pour moi, certainement pas pour qui que ce soit d'autre. « Where did you get all your stuff? » « Years of aiming to mix the perfect tint. Leaves marks. » et pas juste sur ma peau tachée, dans mes coffres d'artiste aussi. J'ai toujours détesté les mélanges pré-faits, j'ai toujours préféré faire mes propres combinaisons, agencer les couleurs entre elles pour en faire véritablement les miennes. Le matériel qui suit s'est accumulé lui aussi au fil des années, petite artiste butée et persévérante qui a autant de pinceaux et de bombes que j'ai de livres qui m'attendent dans ma bibliothèque. Une infinité.

« Why didn't you? » ma voix remonte une minute plus tard, plus curieuse que je le devrais à voir comment il se braque aussi vite, à quel point il se brusque. Il est replongé sur son oeuvre et moi sur la mienne, mes mots portent peut-être pas assez pour qu'il ne les entende - et sinon, ça lui fera un parfait plan B pour m'ignorer. « Tried. » le concours, la ville, le prix à gagner. Pourquoi il a pas tenté?

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Peindre, tager, c’est mon moment à moi, mon moment ou je peux faire ce qu’il me passe par la tête. C’est ce moment où je perds souvent la notion du temps, ou je peux passer des heures dans ma tête, à n’entendre personne, à ne voir personne. C’est ce moment ou autour de moi plus rien n’existe, ou je laisse sortir ce dont j’ai envie et ou rien autour de moi n’existe. C’est ce moment nécessaire dans la semaine, ce moment sans lequel je serais perdu, ce moment où je ne suis pas perdu dans l’alcool, dans la drogue, dans la fête. C’est mon moment de calme, de sérénité, de feeling. Et aujourd’hui j’ai l’impression que ce moment est un peu gâché, parce que je ne suis pas seul à peindre sur ce mur, que je ne suis pas seul dans cette ruelle, et que je n’aime pas vraiment que l’on me vois peindre lorsque je peins vraiment. Alors bien sûr, je ne suis pas des plus agréable avec cette brune qui n’a rien demandé à personne. Je regarde son œuvre, et plus par mauvais caractère que pour dire la vérité, je lui dis qu’elle manque d’originalité, qu’elle copie ce que les participants du concours de la vie ont fait. « You saw what they did? » qu’elle me demande alors que je détourne le regard de son mur. « Yeah, I walked by. » J’y fais un tour tous les ans, mais jamais je ne trouve qu’il y a ce petite quelque chose qui rend une peinture spéciale. Je ne dis pas que les miens l’ont, cette petite chose, mais je trouve que souvent les artistes ne sont pas les meilleurs. Quelques années il y a des trucs bien, des trucs qui dénotent du reste, mais ils gagnent rarement. « At least they tried. » J’hausse les épaules.

Mon regard se pose alors sur ses palettes de couleurs et son matos. Elle ne peut être qu’une pro lorsqu’on voit tout ce qu’elle a et la qualité des choses. Cela attire donc ma curiosité et je la questionne. « Years of aiming to mix the perfect tint. Leaves marks. » Je relève la tête vers elle. « I do the same. The paint you buy never has the perfect color. I also have to change it. » Et pour la première fois depuis le début la conversation, je lui souris. Parler de ma passion a toujours cet effet sur moi, toujours ce moyen de me rendre plus sympa. C’est sûrement dans ce genre de situation que le vrai moi fini toujours par ressortir. « This is good shit you have there. Really good stuff. » J’admets cela, mais il en faudra bien plus pour admettre que la peinture commencer sur le mur a vraiment du potentiel.

Je fini alors par retourner à mon mur, me mettant à peindre, me perdant à nouveau un peu dans mon monde. Ca m’aide de peindre, comme la drogue. « Why didn't you? » La voix de la brune me sort de mes pensées et je tourne la tête en fronçant les sourcils. « Tried. » J’hausse les épaules. « Because I paint for myself. Not for anyone else. I paint because I like it, I don’t need prices or whatever. I don’t need validation by anyone. » Mon côté un peu rebelle sans doute. Mais il y a aussi parce que je n’ai jamais vraiment montré tout ce que je fais à qui que ce soit. Parce que si je participais tout le monde verrait ce que je peins. « Why didn't you? »

@Ginny McGrath-Williams

Je m'attends à ce qu'il ignore la question et à ce qu'il retourne à son mur, et bien sûr, je ne lui en tiendrai jamais rigueur. Il peut facilement répondre comme il peut tout autant dériver, couper court également. Pourtant, c'est un « Yeah, I walked by. » qu'il avance, presque pensif, suggérant qu'il a sûrement fait bien plus que passer, bien plus que juste être là à un moment au hasard, sans vraiment de but précis. Directement, il pique ma curiosité.

L'instant d'après, c'est mon matériel qui pique la sienne. « I do the same. The paint you buy never has the perfect color. I also have to change it. » ils sont très, trop nombreux, les artistes qui se contentent des carcans qu'on leur donne. Si j'ai passé une grande partie de ma vie à suivre les règles et à tenter de rester sagement dans le moule qu'on avait coulé que pour moi, c'est bel et bien à travers l'art que j'ai réussi à trouver une zone de confort où justement, rien n'est confortable tant tout change, constamment. « This is good shit you have there. Really good stuff. » « Take your pick then. » que je finis par ajouter, confiante, pointant le contenu de mon sac du menton en l'autorisant sans la moindre hésitation à choisir les teintes qu'il veut, les couleurs avec lesquelles il a envie de travailler. Il peut prendre ce dont il a envie tant j'en ai le double, le triple à la galerie. « And if by some chance you're good with the blues, I've been struggling since forever to mix something between this shade and this one that doesn't look like nothing. Send help. » mes mots rieurs accompagnent ma silhouette qui se penche à la hauteur des dits mélanges tentés, testés. Lui tendant les tubes à mélanger la seconde d'après avec un sourire de plus sur les lèvres, les fossettes au creux des joues en prime. S'il aime les défis, il serait limite presque servi.

« Because I paint for myself. Not for anyone else. I paint because I like it, I don’t need prices or whatever. I don’t need validation by anyone. » alors il n'a pas participé pour les bonnes raisons. « Why didn't you? » sa question m'étonne maintenant, quand j'étais à nouveau certaine qu'ainsi il aurait facilement sauté sur l'occasion de m'ignorer, de retourner à sa besogne, respirer ailleurs. « I did, I tried. » doucement, savamment, je reprends l'une de mes bombes de peinture, retourne face à mes propres lignes et tracés, recommence là où j'avais tout laissé. « But someone dropped by and thought that messing with my wall was a good way of spending the night. I got disqualified, and my work is still shamefully hanging by a park, somewhere. » somewhere comme dans je sais exactement où. Je dis pas ça pour aller gratter la moindre pitié que ce soit, n'en confirme que trop bien le sourire en coin qui revient se loger sur mes lèvres quand ma tête se tourne vers la sienne. Ses mots que je m'approprie et qui se glissent aussi bien qu'ils confirment mon état d'âme actuel. « So now I'm trying this new thing called Painting for myself. Not for anyone else. »

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ginny & knox

Mon âme et ma curiosité d’artiste prennent le dessus et je questionne la brune sur son matériel. Cela fait des années que je peins, que je tague, que je dessine et je sais à quel point c’est frustrant de ne jamais trouver les bonnes couleurs, à quel point c’est difficile de trouver le bon matériel, les bons mélanges de couleurs et la femme devant moi semble avoir trouvé de bonnes choses. J’en oublie mon mur de défense, l’agressivité dont je faisais preuve il y a quelques minutes ayant disparu alors que je jette un coup d’œil à son matériel puis au mur qu’elle a commencé à peindre. « Take your pick then. » Je relève la tête vers elle, surpris de sa gentillesse. « Seriously? Thanks. » Un sourire sincère et je trempe mon pinceau dans une couleur avant de reporter mon attention sur ma partie du mur. « And if by some chance you're good with the blues, I've been struggling since forever to mix something between this shade and this one that doesn't look like nothing. Send help. » Je tourne la tête vers elle et lui adresse un nouveau sourire. Il faut croire qu’au final c’est peut-être une bonne chose que nous nous soyons trouvé ici en même temps. « It’s actually a thing that I can help you with. » Je m’assois par terre quelques minutes, prenant une assiette pour mixer une nouvelle couleur de bleu dans les tons que le brune le souhaites. Je m’y perds et lorsque la couleur semble bonne je relève la tête. « What do you think? »

Nous parlons de la compétition, ce genre de chose auquel je refuse de participer parce que je ne veux pas être jugé par des gens qui ne sont même pas forcément des artistes. En plus de cela, je ne suis pas vraiment du genre à montrer mon travail à qui que ce soit en règle général. « I did, I tried. » Elle a participé au concours, mais elle semble pourtant frustrer et déçue d’en parler. « But someone dropped by and thought that messing with my wall was a good way of spending the night. I got disqualified, and my work is still shamefully hanging by a park, somewhere. » Je grimace légèrement. « Sorry about that, it sucks. There’s nothing worse than someone ruining your work. » Je souris légèrement. « So now I'm trying this new thing called Painting for myself. Not for anyone else. » yep, I deserved that. Je ris un peu.

Je finis par me relever et viens tendre la main vers la brune. « I’m Knox by the way. Painter and asshole at times. » I’m always an ass, je pense avant de serrer sa main. Lorsque je peins, que je dessine cela arrive à me détendre et c’est surement pour ca que je me suis calmé et que je deviens plus sympa. Parler avec d’autres artistes, hors du monde de la nuit ou je suis différent, ca me plait, ca me fait du bien. « You know, we could… Do something together if you want. Find a way to link our two paintings. »

@Ginny McGrath-Williams

« What do you think? »
« I think we're getting there. »

Ses mots que je reprends le plus naturellement du monde, sourcils froncés plus par concentration que par agacement. Il y est arrivé beaucoup trop rapidement pour que ça soit un coup de chance, bien trop justement pour que ce soit la première fois qu'il tente ainsi. Mine de rien, il m'impressionne d'un détail que lui-même doit trouver ridicule quand à mes yeux il vaut pour beaucoup.

C'est probablement ce qui rend la tâche un peu plus simple de lui confier ce qui s'est passé avec ma fresque, ou du moins, d'en tracer les grandes lignes. « Sorry about that, it sucks. There’s nothing worse than someone ruining your work. » il n'était absolument pas obligé de relancer ni même d'excuser qui ou quoi que ce soit, de jouer les êtres compréhensifs non plus. Pourtant dans l'instant, rien de ce qu'il dit ne fait faux. Il est totalement lui-même et totalement honnête aussi. C'est tout à son honneur. « He wasn't planning on doing it to hurt me but yeah. It did. » j'ignore pourquoi je prends la défense de Yele ni même pourquoi je sens le besoin de gratter un peu plus. Mais lorsque les mots ont fini de franchir mes lèvres, je jure que je vais un peu mieux.

« ]I’m Knox by the way. Painter and asshole at times. » ma main se tend d'office vers lui, quand bien même elle est tachée des teintes d'aujourd'hui. « Ginny. Painter and coffee addict at times. Okay, not "at times". Always. » un rire de plus, mon immense gobelet de café qui traîne au sol comme preuve, gobelet rempli de tisane au gingembre et au miel à mon plus grand regret. La grossesse se porte bien, au moins. « ]You know, we could… Do something together if you want. Find a way to link our two paintings. » sa proposition sort presque de nulle part autant qu'elle m'intéresse. « You sure? » pourtant, jamais je ne m'imposerai chez lui, surtout pas s'il l'offre par dépit ou par pitié des confessions lâchées précédemment. « I don't want to barge in on your stuff, but you could easily fit into mine. » à mon tour d'offrir un compromis. La seconde qui suit mon menton pointe une de ses couleurs sur sa murale, pour en définir une autre, sur la mienne. « That color ; goes perfectly with this one. See? »

« I think we're getting there. » Dit-elle lorsque je lui présente mon mix de bleu. Je comprends que cela est frustrant de ne pas arriver à la couleur que l’on veut, de ne pas trouver cette teinte parfaite lorsqu’on l'a en tête alors si je peux aider un minimum, pourquoi pas. Je pose la palette sur le sol à côté de moi avant de relever la tête vers la brune qui me parle de sa participation au concours de la ville. Il est rare que les artistes qui y participent soient originaux, qu’il est des œuvres vraiment belles, réussit, c’est une des raisons pour lesquelles je ne participe jamais à ce genre de choses. « He wasn't planning on doing it to hurt me but yeah. It did. » « Yeah, I get that. » Je porte à nouveau mon regard vers le mur que nous avons commencé à peindre tous les deux.

Pris d’un élan de gentillesse, ce qui est rare lorsqu’on me connait, je me relève et me présente à la brune avant de tendre une main qu’elle vient serrer avec un sourire. « Ginny. Painter and coffee addict at times. Okay, not "at times". Always. » « That makes both of us. » Je crois que dans ma vie je tourne au café, ou bien alors à l’alcool, ca dépend vraiment des jours et de l’heure. Puis à ma plus grande surprise, c’est moi qui lui propose de réunir nos peintures. Les deux styles peuvent parfaitement aller ensemble et faire quelque chose pour les réunir pourrait vraiment rendre le mur encore plus sympa qu’il ne commence déjà à l’être. « You sure? I don't want to barge in on your stuff, but you could easily fit into mine. » J’hésite quelques secondes, pas trop du genre à partager mais fini par me tourner à nouveau vers le brune et hoche la tête. « Yeah I’m sure. I think we could do something even better. » Je lui adresse un léger sourire. « That color ; goes perfectly with this one. See? » « Yope, that I agree with. » Et sans vraiment plus de mots, on se met à travailler ensemble.

C’est comme un courant qui passe entre nous, alors que nous ne nous connaissons absolument pas. Les décisions que nous prenons sur la peinture améliorent le résultat, transformant le rendu en quelque chose de bien plus beau que ce que nous avions commencé respectivement à peindre. Elle joint ses couleurs aux miennes, et moi les miennes aux siennes. Nous nous perdons dans quelques heures dans des discussions simples, avec un fond sonore de bonnes musiques, à donner nos coups de pinceaux. Je finis par prendre du recul et poser ma palette sur le sol, commençant à être bien couvert de peinture. « I think it looks amazing. »

@Ginny McGrath-Williams

Et le reste de la journée s'effrite aussi bien que possible. Tout coule facilement, tout glisse autant sur le mur qu'on recouvre sans le moindre mot, laissant simplement l'inspiration guider autant les pinceaux que les bombes en aérosol. Knox s'ouvre bien plus que je ne l'aurais cru, quand il cède finalement une part de sa section à lui, dès lors que je le laisse recouvrir tout ce qu'il veut sur ma section à moi. C'est un peu un accord tacite qui plane, autant ses idées que les miennes valent quelque chose et valent pour beaucoup au final. Je n'ai jamais travaillé à proprement dit avec personne. Il y a eu quelques toiles sur lesquelles Auden a mis ses idées, ses traits et ses couleurs, et une qu'il m'a inversement laissée bosser avec lui. Mais au final, je n'ai jamais partagé ce genre de moment avec qui que ce soit d'autre. Là où le plan n'est pas clair, là où les inspirations se mélangent. Là où on ne sait pas trop où on va, mais où on y va définitivement.  

« I think it looks amazing. »

L'immense sourire que je lui dédie ne fait que confirmer que j'en pense la même chose. Prenant le temps de reculer d'un mètre à peine, je laisse mon coup d'oeil détailler chaque aspect du mur, des plus évidents aux plus secrets. Des lignes qui se mélangent et qui se marient, des couleurs qui n'ont rien à voir ensemble mais qui au final donnent le plus intéressant des motifs. Ma main se hausse pour lui offrir le plus taché de peinture des high fives, avant d'éclater de rire devant l'état pitoyable que ma paume laisse sur les siennes. Au final, on est autant couverts de peinture que le mur qui se tient fièrement devant nous et c'est en rires que je renoue doucement, mais sûrement, avec le fait de sortir de mon atelier une bonne fois pour toutes.

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