I think we can make it

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Le regard que je portais sur elle n’avait pas changé, faisant face à l’évidence de notre relation. J’étais inquiet face à son état physique tout comme son état psychologique. Elle venait de franchir une étape. Face à moi, face à son deuil et sa fragilité. Elle avait affronté son passée, ses craintes et était remontée sur le tatami. Forcément, je ne pus m’empêcher de vouloir m’approcher, la prendre dans mes bras comme si mon étreinte lui permettrait de recoller ces morceaux qui s’étaient brisés au décès de son père. Comment pouvais-je espérer d’avoir cette faculté-ci, moi qui ne l’avais pas épaulé lors du pire moment de sa vie ? Pourtant je m’approchais, je la serrais contre moi, et le temps sembla s’arrêter. Je la connaissais assez pour savoir que la fierté avait pris le dessus pour l’empêcher de laisser s’exprimer ses émotions. Et même sans bruits, ses larmes vinrent s’échouer contre mon épaule, que je récoltais comme le plus précieux des biens. Celui d’une confiance retrouvée. D’un retour à la normal. D’un nouveau départ que l’on prenait. J’aperçus son sourire face à mon inquiétude, ne pouvant m’empêcher de soupirer. Elle avait toujours été casse-cou, et cela ne semblait pas changer. « Tu ne me referas pas Dani. Je n’ai pas envie de devoir reporter un koala sur les épaules parce que Madame aura trop forcé… » C’était simple de faire le malin quand ce n’était pas pour soi.

Pourtant les rôles venaient de s’inverser et je ne pouvais m’empêcher de m’avancer, voulant le faire. Beaucoup pour elle, un peu pour moi. Je n’avais rien à me prouver, mais tout à lui rendre pour la remercier. J’acquiesçais à ses recommandations. Car elle savait pertinemment que je n’étais pas de ceux qui s’arrêtaient face à la douleur. Je préférais ne rien faire plutôt que faire les choses à moitié. Et je m’exécutais. En silence. Concentré.  Le regard fixe sur un point imaginaire pour tenter de ne pas chavirer dans le sien. Et la douleur revenait. Doucement, lentement, s’insérer dans chaque partie de mon articulation. Pourtant je continuais. Je touchais presque le but. Et je voulais la rendre fier, quitte à perdre un peu plus de ma mobilité. A augmenter le temps qui me séparait de ma convalescence. Mais peu m’importait. Je venais de le faire. Et me massant l’épaule pendant de longues secondes, je relevais enfin le regard vers elle, tentant de masquer la douleur qui s’était dessinée sur mon visage. Je lui rendais son sourire, un sourcil haussé. « Presque pas ? A cause de mon corps d’athlète ou parce que je n’ai pas tant perdu ? » lui demandais-je en restant fixé sur mon épaule. Je fermais les yeux un court instant comme si ce moment de répit pouvait me permettre de faire disparaitre cette douleur. En vain. Et je ne rechignais pas en l’entendant me dire que l’heure de la pause était arrivée. Pourtant je grommelais en m’asseyant sur le banc vers lequel elle venait de m’installer quasiment de force.

Je m’apprêtais à riposter, mais elle venait de quitter la salle, me permettant de soupirer longuement, la tête se posant en arrière contre le mur qui me servait de dossier. Je restais là, à me masser l’articulation, stoppant tout mouvement quand la porte se rouvrit. Je retirais même la main de mon épaule, observant la jeune femme dans un demi-sourire. Je restais à soutenir son regard, secouant la tête à l’horizontal pour nier à sa demande. « Ca va Danika, ne t’inquiètes pas… Et même sans fierté, je te répondrais que je suis plus proche de zéro que tu ne le… » je me cessais en la sentant se glisser derrière mon corps, mes yeux se fermant en sentant ses mains prendre part de ma peau, un soupir de soulagement m’échappant face à cette sensation. Je tentais de me détendre, mais un léger rire sortit. « Dis surtout que tu n’as pas pu résister à l’appel de mon corps… » lui répondis-je tandis que l’intégralité de mon dos se tendait sous des doigts, crispé de douleur. « Aie… Bon ok… Sept, ou huit… N’appuie pas trop… » demandais-je en me reculant de sa main, tant la douleur était lancinante. Je tournais ma tête dans sa direction, surpris face à sa décision. « Trop forcer ? Mais c’était quoi la suite du programme ? Qu'on se batte encore tous les deux ? Tu sais qui va gagner, on est pas obligé de s'infliger ça... Tu m’as pas levé aux aurores pour ça quand même ? » lui fis-je remarquer un léger regard joueur. « Non parce que sinon, je repars me coucher en rentrant, et tu seras priée de me border… » dis-je en venant remettre mon épaule entre ses mains, la tête penchée en avant. J’avais décidé de tenter de me détendre sous ses doigts. « Tu m’en dois plusieurs de massages… Pour toutes les dois où tu m’as laissé des traces… Hors suçons… » ironisais-je en tournant juste la tête dans sa direction. « J’avais une fille à impressionner… Je garantie pas que sans cela, je puisse réitérer l’exploit… D’autres pourquoi pas… » Je laissais mes mots en suspens, reposant ma tête entre mes mains en espérant que le savoir-faire de Dani puisse faire des miracles. A défaut de pouvoir m’allonger sur le tatami pour faire passer la douleur...

Elle lève les yeux au ciel quand il tourne la tête dans sa direction. Ses mains viennent bloquer sa tête. « Arrête de bouger. » La voix gronde, affectueuse pourtant. Elle ne le croit pas une seule seconde quand il précise que le chiffre est proche de zéro le connaissant trop bien. Mais Keith n’avait pas abandonné et c’était en réalité tout ce qui lui importait.

« Non je propose qu’on arrête de se battre, ça ne nous réussit pas. » Sa voix est plus douce, comme si elle ne faisait pas seulement référence à un combat physique mais bien celui mental qui se joue entre eux depuis leurs retrouvailles. Comme si finalement ils s’étaient battus l’un et l’autre contre des émotions qu’ils partageaient finalement.

« Le gel antidouleur devrait aider un peu. » elle murmure, concentrée, les mains massant sa peau qu’elle redécouvre. Un silence s’installe pendant lequel il n’y a que ses gestes tendres qu’elle n’essaye plus de cacher. Elle est concentrée à la tâche, attentive, laissant l’instinct et l’habitude prendre le dessus, espérant que le massage soulage au moins un peu la douleur qu’elle perçoit sur son visage.

Les mains massent, appuient sur les zones tendues, effleurent la peau, chaque geste fait pour soulage. Il n’y plus que ses gestes pleins de tendresse. Elle lui dit alors repensant à ses paroles « Tu sais que si ça donne ça quand t’essayes de m’impressionner, je vais te trainer au dojo plus régulièrement. » Elle vient poser un baiser sur sa joue. D’une façon détournée c’est aussi une façon de lui dire qu’elle comptait reprendre l’entraînement. Elle n’avait pour l’instant aucune intention de retourner à la tête de la direction du dojo et de redonner des cours mais elle voulait au moins reprendre cet art martial qui avait été la passion de sa vie et qu’elle s’interdisait depuis trop longtemps. Cependant, elle n’était pas encore sûre d’être capable de s’y rendre à nouveau seule. Comme si venir sur ce tatami lui coutait encore trop d’une certaine manière. Elle était prête à essayer dans tous les cas. Peut-être que lui aussi finalement, après s’être rendu compte qu’il en était capable, accepterait de reprendre doucement l’entraînement avec elle. Elle l’espérait, n’ayant aucune envie de se battre de nouveau avec lui sur ce sujet maintenant qu’ils semblaient enfin avoir arrêté de se déchirer. Elle s’assoit à côté de lui et sa main se pose sur sa joue pour attirer son visage au sien, ses lèvres se joignant aux siennes. Le baiser est long et brulant et lorsqu’elle se détache enfin de lui, un sourire mutin apparait sur son visage.

« Peut être que je t’embrasserais comme ça à chaque fois aussi si tu viens t’entraîner avec moi. » Elle point un doigt vers son épaule. « Ca va un peu mieux ? » Danika se lève, prête à rassembler ses affaires. « Bon je pense que tu mérites un bon petit déjeuner même si tua s été insupportable pendant la moitié de l’entraînement. » Elle provoque, joueuse. « Il faut bien que je me fasse pardonnée de t’avoir levé aux aurores » Sa main vient effleurer son torse, comme une promesse de plus. Lorsqu’ils arrivent dans la salle principale, son regard s’attarde de nouveau vers l’étage où se trouve le bureau de son père. Elle hésite, mais n’a pas le cœur de s’y rendre. Il est trop tôt. Le premier pas a déjà été assez important, elle a pu entrer dans le dojo et s’entraînait ce qui est déjà beaucoup pour celle en fuite de son passé depuis des mois.

Danika fermes les portes du dojo derrière elle. Elle se tourne vers Keith. « Merci d’être venu avec moi. » Le regard se détourne. Elle n’avait jamais aimé être vulnérable. Il n’y avait peut-être que lui qu’elle avait laissé voir les parties d’elle qu’elle montrait finalement rarement, ayant toujours eu un peu trop d’égo et un peu trop de fierté pour dévoiler ses faiblesses.

Ils montent dans la voiture et elle se tourne vers lui après avoir attaché sa ceinture. « Des pancakes ça te dit ? J’ai de quoi faire chez moi. » La facilité de nouveau, comme s’ils ne s’étaient pas quittés, comme si enfin ils se retrouvaient.

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Je grimaçais sous son geste, grommelant quelques paroles qui signifiait mon désespoir de la voir agir de la sorte. « Je ne bouge pas là, je te regarde » soupirais-je tel un enfant que l’on venait de réprimander. Pourtant ses mains se posaient sur chacune de mes zones douloureuses, mon regard se fermant tandis que je soupirais à chaque passage comme si ce souffle me permettrait de me détendre. Je restais silencieux un court instant, toute mon attention s’étant reportée sur ses mains, sa voix et son odeur qui se trouvait derrière moi. Comme si je craignais qu’en ouvrant les yeux, le tout disparaisse. «Qu’on arrête de se battre ? » répétais-je pour être sûr d’avoir compris le sous-entendu qu’elle venait d’évoquer. « Pourtant, tu ne voulais pas lâcher l’affaire… Dois-je te rappeler que nous ne sommes pas censés avoir de contact physique selon la loi universelle que tu as établi lors de notre visite du sanctuaire ? » demandais-je en venant lui offrir un léger clin d’œil taquin.  Pourtant elle semblait de marbre, concentrée sur son massage qu’elle était en train d’exécuter minutieusement. J’étais en train de me détendre petit à petit, et la crispation qui avait pris part de mon visage se dissipait au fur et à mesure. Je sentais ma peau chauffer sous ses mains, son souffle se rapprochant de ma joue. J’esquissais un léger sourire, niant d’un signe de tête. « C’était le seul et l’unique… J’ai plus l’âge pour ça Dani… Tu oublies que je ne suis pas aussi jeune que toi peut-être… » lui demandais-je en souriant suite à son baiser déposé. Pourtant je savais pertinemment qu’il ne s’agissait pas uniquement de moi, mais bel et bien de son retour sur le tatami.

Je soupirais, déçu de la sentir se détacher de mon dos, conscient que ses mains avaient fait plus de miracles que je ne l’imaginais et je l’observais du coin du regard, prenant le temps de la détailler dans chacun de ses faits et gestes. Elle avait tenu dans ce dojo. Elle avait de nouveau pratiqué sur ce tatami. Je l’avais légèrement incité à le faire, mais elle y était parvenue. Et si je ne voulais pas continuer de m’entraîner pour moi, j’allais devoir le faire au moins pour elle. Je l’observais s’approcher, mon regard restant accroché au sien et je mis quelques longues secondes pour comprendre ce qui venait de se produire. Puis, je décidais à mon tour de glisser une main contre sa joue, maintenant son visage contre le mien tandis que mon pouce caressait sa pommette durant ce baiser que je ne voulais interrompre. A tel point que c’est elle qui se recule de mon étreinte, mon regard la suppliant de revenir à moi. Je laissais échapper un léger rire, un sourcil froncé. « C’est du chantage ça, Riley, tu le sais ? » lui demandais-je en roulant des yeux. « Et si je refuse… Je n’aurais pas le droit de goûter à tes lèvres ? » demandais-je pour être certain du marché qui était en cours de négociation. Je me frottais légèrement l’épaule, haussant cette dernière, une moue hésitante ayant remplacé mon sourire joueur. « Je sais pas trop… Je pense qu’il va falloir que tu recommences un peu plus tard pour être sûre… La c’est encore chaud… C’est surtout à froid que je vais avoir mal tu comprends… » ironisais-je tandis que je me levais, me blottissant juste derrière elle, mes bras venant entourer sa taille. « Un petit déjeuner ? Un brunch tu veux dire à cette heure-ci, je meurs de faim là ! » soupirais-je de façon excessive contre son oreille. « C’est toi qui a été insupportable… T’as failli me laisser en plan, dois-je te le rappeler ? » conclus-je en venant embrasser son omoplate, me reculant pour me rhabiller à mon tour, frissonnant sous ses gestes. « Et bien plus que de m’avoir levé tu sais… » rajoutais-je en glissant mon sac en bandoulière, ma main venant se glisser dans la sienne pour l’aider à traverser ce dojo vide d’activités, vide de son âme qui l’eut un temps habité. « C’est normal… » voulais-je la rassurer en resserrant ma main dans la sienne. « Tu sais très bien que je ne t’aurais pas laissé… Et que je reviendrais s’il le faut… Juste pour te pousser un peu plus à te dépasser… » dis-je dans un léger sourire, en montant dans la voiture à son tour.

« Des pancakes ? Tu vas les faire brûler je suppose ? Tu ne veux pas que je m’en occupe ? Non pas que je craigne pour ma santé, mais j’ai vraiment faim tu comprends… » ironisais-je dans un clin d’œil, ma main venant s’accrocher automatiquement à la poignée de sécurité. « Plus sérieusement, si on passe récupérer Ruby que tu me laisses le temps de prendre une douche, je peux en effet accepter de goûter à tes magnifiques pancakes… J’ai de quoi faire un jus d’orange frais d’ailleurs… Pendant que Madame sera aux fourneaux… » Et ce serait bien une première de goûter un plat non brûlé par les soins de Danika. Mais en même temps, je suis curieux et taquin. « Tu connais la recette au moins ? » demandais-je en tirant la langue, m’attendant à être fusillé du regard. Car c’était ça que j’aimais dans notre relation et que nous avions perdu : cette aisance et cette facilité qui avaient dicté toute notre existence, fraichement retrouvées.

Qu’ils arrêtent de se battre, elle était épuisée. Épuisée de devoir prétendre qu’elle pouvait l’oublier. Épuisée de prétendre qu’elle ne ressentait rien quand ses mains frôlaient sa peau, quand il la regardait avec son regard taquin, quand il la provoquait encore et toujours. La règle du sanctuaire avait été oubliée avec simplicité dès l’instant où il avait admis que ce n’était pas un jeu, qu’il la voulait elle, qu’il ne la voyait pas seulement comme la petite sœur tombée amoureuse de lui. Elle vient tirer sur ses cheveux quand il mentionne la règle si vite oubliée, venant susurrer à son oreille. « Jte rappelle que  c’est parce qu’apparemment Monsieur pouvait pas s’empêcher de poser ses mains sur moi. » Mais surtout parce qu’elle n’avait voulu que ça. Et que chaque geste alors avait été vu comme un énième moyen de la torturer un peu plus, de lui rappeler à quel point les sentiments étaient présents et violents.

Le message terminé, elle s’assoit à côté de lui, ses lèvres venant retrouver les siennes avec avidité. Le baiser se prolonge, brûlant, sa main s’est posées  contre sa joue, caressant sa pommette et elle se détache à regret. Maintenant qu’ils s’étaient retrouvés elle aurait pu passer des heures à l’embrasser. Il a raison, elle lui fait du chantage. Elle reste silencieuse un instant, se mordant la lèvre inférieure, un air de défi dans les yeux, malicieuse. D’un doigt elle effleure sa nuque jusque son menton. Elle s’approche dangereusement sans toutefois l’embrasser de nouveau. « C’est exactement ça Weddington.  C’est bête va falloir que tu reviennes. » Elle est joueuse Danika et surtout n’est pas prête d’abandonner, bien décidée à ce qu’il continue de s’entraîner.

Keith se glisse derrière elle et elle pose sa tête en arrière contre son torse, s’appuyant légèrement sur lui, se laissant encercler de ses bras. «  Tout de suite, Monsieur râle. Va pour un brunch allez. » Il lui rappelle qu’elle est celle qu’il a failli partir et elle ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel. « En même temps si j’étais pas partie, on en serait pas là. » lui lance-t-elle, amusée, une main sur son torse une fois qu’il s’est rhabillé. Non ils n’en seraient pas là à se tenir la main à traverser ce dojo vide où ils avaient tant partagé. Ils n’en seraient pas là, à s’embrasser comme des adolescents.  Danika hoche doucement la tête  lorsqu’il lui dit qu’il reviendra, pour elle, et sa main serre un peu plus la sienne comme pour contrer la peine dans son cœur, celle qui reste en fond, qu’elle n’arrive jamais totalement à effacer mais qui se fait chaque jour un peu moins violente, tout doucement.

Il critique ses talents de cuisinière et elle lui lance un regard offusqué avec un sourire aux lèvres, sa main venant frapper légèrement ses côtes. « Non mais oh, je me suis améliorée OK, enfin un peu ! »  elle rit, bien consciente qu’il y a sept ans elle avait été tout sauf douée en cuisine, pas intéressée et peu patiente. Aujourd’hui ses talents s’étaient légèrement améliorés mais n’avaient rien d’exceptionnels. Mais les pancakes, au moins, elle maîtrisait.  « Sinon on les fait chez toi, si t’as de quoi faire ! Ta cuisine est plus sympa que la mienne.  Et si en plus tu proposes du jus d’orange frais. » Un clin d’œil, elle démarre la voiture, lance un dernier regard au dojo avant de quitter le parking. « Non mais oh, c’est pas beau de se moquer, jte rappelle que toi tes seuls talents culinaires à l’époque c’était de commander des pizzas ! »  Elle lui tire la langue, heureuse de retrouver leur complicité. Ils arrivent chez lui et Ruby les accueille en leur faisant la fête. « Allez va te doucher, je commence à préparer, j’t’emprunterais ta douche après. » Danika reprend facilement ses marques dans cette maison qu’elle connait par cœur et se dirige vers la cuisine, fouillant les placards à la recherche de ce dont elle avait besoin.

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Les choses se remettaient en place si facilement quand on y pensait. Même l’idée de me remémorer les déboires du sanctuaire me semblait si lointaine. Je ne pouvais plus y prêter attention. Pas quand je sentais son corps contre le mien, son souffle me caresser la nuque. Je riais bêtement, soupirant faussement mécontent à sa remarque. « C’est toi qui ne supportais pas de m’avoir si près de toi surtout… Parce qu’en soit, mes mains je les posais comme je l’ai toujours fait » lui fis-je remarquer en tentant de retenir un frisson qui était en train de me parcourir l’échine avant qu’elle ne vienne m’embrasser. Si le père Riley était encore ici, il nous aurait probablement intimer de sortir de ce lieu pour nous donner à ce genre de choses. Et j’aurais probablement vécu la pire soirée d’interrogatoire qu’un homme pouvait supporter. Et fort heureusement pour moi, je ne vivrais pas de la sorte ce moment. J’avais déjà dû convaincre la principale concernée. Celle qui était actuellement en train de jouer avec mes nerfs. Celle qui avec un seul regard réussissait à me faire chavirer. « Revenir ? Je réfléchirais quelques instants avant d’envisager la chose… » dis-je en venant embrasser sa nuque avant de la garder contre mon torse, mes bras entourant son corps. « Je râle si je veux d’accord… » murmurais-je en plongeant mon visage dans ses cheveux. « Merci de me rappeler que tu es à l’origine de ma déclaration… Tu aurais pu attendre longtemps. » avouais-je simplement en me reculant, un léger clin d’œil à sa destination.

Nous étions en train de quitter le dojo, main dans la main, tandis que je tentais de la soutenir du mieux que je pouvais. Le premier pas avait été enclenché, mais ce n’était généralement pas celui-ci qui était le plus compliqué. C’était surtout les suivants et je me devais d’être présent pour elle. Je le lui promettais même. En ayant conscience que mes promesses souvent n’avaient pas été tenues. Mais cette fois-ci, cela se passerait différemment. On s’avançait sur le parking, moment opportun pour me proposer un petit déjeuner. « Tu t’es améliorée ? Je ne demande qu’à confirmer » dis-je d’un air moqueur en montant dans sa voiture. « Tu sais que si tu veux la même cuisine que moi, je peux te monter les meubles ! Même si toi c’est plutôt le bar qui t’intéresse… » ironisais-je dans un rire, attachant ma ceinture tranquillement. « Tu ne t’es jamais plainte des pizzas que l’on commandait je te rappelle… » rajoutais-je en faisant un air faussement touché avant de descendre à mon tour du véhicule, sortant les clés de ma poche pour ouvrir la maison.

Ruby avait l’air ravie de nous revoir et je caressais la tête de mon chien avec tendresse, traversant le salon pour aller lui ouvrir la baie vitrée qui se trouvait à l’opposée. « Tant que tu ne fais pas brûler ma maison… » dis-je en me déshabillant pour y déposer mes affaires dans le garage prêt de la machine à laver. « Tu n’as pas trop couru je te rappelle… » dis-je en effleurant son corps de mes doigts au passage, déposant un baiser sur le haut de son épaule avant de venir murmurer contre son oreille. « Après, on peut aussi partager la douche, ça ira plus vite… » Je laissais courir mes lèvres sur le haut de son épaule, remontant vers sa mâchoire. « L’occasion pour toi de finir ton massage… » dis-je en quittant son corps, me dirigeant vers la salle de bain que je laissais ouverte volontairement. J’ouvrais l’eau chaude, et me glissais dessous, décidant de profiter du bienfait de cette chaleur pour me masser longuement l’épaule qui était tout autant douloureuse qu’au départ du dojo. Je soupirais en tentant de me détendre, attendant impatiemment de savoir si Danika comptait me rejoindre ou non. Mais en attendant, j’allais devoir sérieusement envisager cette opération. Je finissais par me doucher, sortant une serviette autour de la taille quelques instants plus tard, apercevant Danika dans l’encadrement de la porte. « Dommage tu es arrivée trop tard… » ironisais-je en m’approchant d’elle, ébouriffant mes cheveux mouillés dans sa direction. « Prends ta douche, je vais finir de préparer le brunch… » lui dis-je en l’embrassant longuement au passage.

« C’était soit ça soit mes pates cramées, je me rappelle pas avoir eu beaucoup le choix. » Elle rit ouvertement, consciente de ses piètres talents de cuisinière à l’époque. C’était étranger de se retrouver de nouveau chez lui, sans cette tension toujours présente lors de leurs dernières rencontres même si doucement ils avaient commencé à reconstruire leur amitié. Aujourd’hui ils étaient sur un territoire nouveau et pourtant terriblement familier.

Il se déshabille et soudain ses pieds s’ancrent dans le sol, le corps immobile, son regard le fixant, appréciant le corps devant elle sans plus avoir à se cacher. Cela en était presque étrange. Elle ne l’avait pas vu aussi dénudé depuis la seule et unique fois où il avait partagé le même lit des années auparavant.
« Tu parles j’ai fait la même chose que toi j’te rappelle ! » dit-elle amusée. Sa main l’effleure et il suffit de cela pour qu’elle frisonne, pour que son cœur tambourine dans sa poitrine alors qu’il embrasse son épaule, son cou. « On pourrait. » Elle hésite pourtant, elle qui avait toujours été séductrice, confiante dans chacun de ses gestes, fière de sa sexualité et aimant jouer avec les hommes qui lui plaisaient. Pourtant face à lui elle avait soudain l’impression de redevenir la gamine qu’elle avait été un jour. Il se dirige vers la salle de bain et elle n’a pas osé le suivre, se dirigeant vers la cuisine, écoutant le son de l’eau qui coule, la porte laissée ouverte juste pour la tenter un peu plus.

Elle hésite, incapable de se concentrer sur ses gestes, fouillant le frigo, les placards, commençant à préparer les pancakes. Mais les pensées sont distraites, tout la ramène à l’image de l’homme dans la douche, qui lui a proposé de la rejoindre. Elle ne sait pas pourquoi elle hésite en réalité. Peut-être la peur au fond. La peur de de nouveau se dévoiler pour qu’il l’abandonne de nouveau. Car malgré tout si elle se souvient de chaque détail de leur nuit d’il y a sept ans, elle se souvient aussi du réveil seule dans son lit et de la terrible sensation d’avoir tout gâché. Danika se souvient parfaitement de son cœur qui s’était serré, la sensation qu’il ne la regarderait plus jamais dans les yeux, que c’était terminé. Elle finit par prendre son courage à deux mains, la pâte est terminée, elle se dirige vers la salle de bain, se forçant à ignorer la peur et à se concentrer sur le désir qui lui était bien présent. Mais c’est trop tard il est déjà sorti. Il l’embrasse longuement et ses doutes doucement s’effacent, la peur laisse place aux papillons qui se répandent bien plus vite que la peur. Elle le laisse partir à regret, en hochant doucement la tête, le regard qui dévore, le corps à fleur de peau. Elle se glisse dans la salle de bain laisse tomber ses vêtements au sol et se glisse sous la douche. L’eau chaude la réchauffe, calme les émotions contradictoires qui se déchaînent en elle. Elle n’y reste pas longtemps en vérité, mais réalise soudain qu’elle a oublié de lui demander une serviette. Et merde. Les joues ont rosi avec la chaleur de l’eau et elle se racle la gorge avant de crier pour qu’il l’entende de l’autre pièce « Keiiith. Tu m’as pas filé de serviette. » Elle attend patiemment et lorsqu’il est dans la pièce elle sort, ses pieds se posant sur le tapis de douche, et elle relève les yeux vers lui un air de défi sur le visage, parfaitement consciente de son corps nu, de la peur dans son cœur qui bat tellement fort qu’elle a l’impression qu’il va exploser. « Quoi t’aimes pas mes nouveaux tatouages ? » murmure-t-elle pour briser le silence lourd d’une tension qui est bien différente de celle de leurs dernières rencontres. Son regard est attiré vers ses lèvres pourtant elle ne fait pas un geste.

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« Parce que je ne voulais pas mourir intoxiqué… C’est bien ce que je pensais… Aujourd’hui, les femmes boivent comme leurs pères mais ne cuisine pas comme leurs… » Je m’arrêtais nettement, conscient que la suite de la phrase pouvait peiner Danika et telle n’était pas mon intention au moment où les mots s’apprêtèrent à sortir. Je décidais de ne pas relever, en espérant que cela ne se lise pas sur son visage. Je préférais même la dérider en l’invitant de façon détournée à me rejoindre tout en continuant de la taquiner. Car c’était simple aujourd’hui. C’était simple même si j’avais peu dormi. Je me tournais juste pour qu’elle voit mon visage, roulant des yeux de façon excessive tandis que je retournais vers la douche, prenant le temps que j’estimais nécessaire sous l’eau chaude. Mon épaule était encore douloureuse c’était indéniable. Pourtant je sentais encore le passage des mains de Danika sur ma peau meurtrie. Pourtant elle ne m’avait pas rejoint, pour mon plus grand désespoir. Ce même désespoir que je transformais en désir lors de ce baiser alors que mon corps effleurait le sien. Je la laissais s’échapper de mes bras à contre cœur, me dirigeant vers la cuisine pour continuer à préparer les pancakes, sortant une poêle que je graissais rapidement, mon attention étant réellement portée vers la salle de bain en espérant entendre l’eau couler. J’étais en train de siffler au fur et à mesure que je préparer les pancakes, les rassemblant dans une assiette à part quand la voix de Dani me sortit de cette torpeur dans laquelle je m’étais installé inconsciemment. Je riais presque, finissant la cuisson du pancake qui était déjà dans la poêle. « J’arrive deux secondes ! » lui dis-je avant de couper le feu, prenant le temps de couvrir les pancakes d’aluminium pour les garder chaudes.

Je partais dans ma chambre, attrapant une serviette au passage puis j’ouvrais la porte, m’arrêtant dans l’encadrement tout en l’observant de bas en haut, un sourire s’étirant un peu plus au fur et à mesure où mon regard remonte vers le sien. C’était comme si je la redécouvrais un peu plus. Je restais immobile, admirant la scène tandis que sa voix me sortit de mes pensées. « Au contraire… » murmurais-je en dépliant la serviette, venant l’entourer de cette dernière sans lâcher son regard d’un iota. « De plus près ils sont encore mieux… » dis-je en venant laisser glisser mes lèvres sur le haut de sa clavicule, descendant vers son épaule. « Le petit déjeuner est prêt… » lui dis-je sans pour autant me retirer de son corps, mon front poser contre le sien, le regard plongé dans ses prunelles. Je commençais légèrement à la pousser d’un mouvement de main, décidant de la ramener à l’intérieur de la douche tout en m’y glissant. Je retirais la serviette, la faisant passer par-dessus la paroi en verre de la douche et je continuais à la faire reculer, mes lèvres venant l’embrasser avec passion. Je venais caler son corps entre les parois de la douche et le mien, mes mains venant se poser de chaque côté de son visage en appui, mon visage ne se retirant pas du sien. Et sans m’en rendre compte, j’allumais le jet d’eau, bien trop concentré sur Danika que sur le fait de me retrouver inondé. « Ce ne sont pas vraiment les tatouages que je regardais tu sais… » murmurais-je en lui mordant les lèvres. Mes mains vinrent descendre le long de sa taille, mon souffle se faisant court. J’avais eu envie de ce moment depuis bien longtemps. « Les pancakes vont refroidir… » dis-je sans vouloir me retirer comme si cela était réellement dommageable. Le pire aurait été de ne pas céder à la tentation.

Un adage, un peu misogyne, qu’il prononce sur le temps de la plaisanterie, qu’il arrête net avant de finir la phrase. Le sourire s’efface quelques secondes. Il n’était jamais bon de mentionner la mère de Danika, pas quand une flamme de colère s’allumait toujours dans son regard quand elle était mentionnée. Comme si malgré les dix-sept années qui étaient passées, la plaie était toujours béante, elle s’était simplement contentée de mettre un voile dessus, de fermer les yeux. Elle préfère ne pas relever, laissant le sourire revenir, le laissant aller se doucher avec regret. Elle aurait dû l’accompagner. Elle ne l’a pas fait. Et lorsque c’est son tour de prendre une douche brulante elle ne peut s’empêcher d’essayer de comprendre pourquoi la peur soudain la prise. Mais c’était évident, la dernière fois qu’elle avait partagé le lit de Keith, ils l’avaient regretté tous les deux. Elle n’avait qu’une peur se retrouver de nouveau dans cette situation.  Danika se force à se rappeler qu’il l’a rattrapée, que c’est lui qui l’a embrassée, que c’est lui qui finalement brisé cette barrière entre eux. Alors elle l’appelle pour qu’il la rejoigne dans la salle de bain sous le couvert d’avoir besoin d’une serviette.  

Keith la regarde de bas en haut et le regard de Danika n’est que défi. Ils avaient trop attendu. Il était temps de se retrouver. Elle frisonne alors qu’il l’entoure de la serviette, bien qu’elle n’ait pas froid.  Le petit déjeune est prêt est pourtant, ses lèvres viennent se poser sur le haut de son épaule.  Elle a un sourire sur le visage, elle le laisse la pousser de nouveau à l’intérieur de la douche,  la serviette dont il l’avait entourée quittant bien rapidement sa peau. Ce n’était pas pour l’en déplaire. Elle lui rend son baiser avec passion et le froid de la paroi de la douche dans son dos contraste avec la chaleur du corps de Keith contre le sien. Il allume le jet d’eau et un rire lui échauffe alors qu’elle vient embrasser son cou, mordillant son lobe d’oreille, laissant ses mains se faire plus entreprenantes.  Il la regarde avec le même désir présent aussi dans ses yeux.  « C’est bon froid aussi les pancakes. »  Un air de défi. Elle n’a plus faim dans tous les cas. Ou du moins elle n’a plus faim de pancakes.  La peur s’estompe doucement, laissant place au désir qui vient rendre sa peau plus sensible à chaque effleurement de ses doigts.  Les mains de Danika glissent sur sa peau, son souffle se fait court. Ses lèvres ont soif des siennes. Son cœur bat à la chamade. Elle le regarde quand ses doigts viennent effleurer les cicatrices de son épaule. Son regard se fait aussi tendre que fier, en se rappelant leur entraînement. Ses lèvres viennent se poser sur la peau meurtrie, embrassant chaque millimètre de sa peau. Dans chaque geste il y a des années d’attente, des années de sentiments non réciproques et puis de l’espoir pour eux finalement.

La buée recouvre rapidement toutes les glaces présentes dans cette pièce. Et dans ce moment où il n’y a finalement plus qu’eux, Dani oublie ses appréhensions, sa peur qu’il disparaisse. Il n’y a plus que lui et son corps contre le sien et elle s’abandonne enfin.



Ils sont revenus dans le salon. Elle a enfilé les habits propres qu’elle a emmené dans son sac. Ses cheveux sont encore humides. Elle a pris l’assiette de pancake qu’elle a amené sur la table basse du salon. Keith est dans le fauteuil elle vient se lover contre lui comme avant. Toute barrière physique oubliée. Il y a un silence confortable qui s’installe entre eux et elle aurait pu rester là un long moment sans dire quoique ce soit. Elle vient attraper l’une de ses mains, jouant avec ses doigts et doucement elle demande sans le regarder. « Tu ne le regrettes pas, cette fois ? » Elle a une petite voix, comme si elle avait longuement hésité à prononcer les mots, comme si elle avait peur d’entendre la réponse, comme si finalement elle cherchait juste à avoir la confirmation qu’il était aussi heureux qu’elle en cet instant.

I think we can make it

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Il y avait des regards qui ne trompaient pas. Des respirations que je ne pouvais pas cacher. Et son sourire qui restait gravé. Il n’était pas question de refaire les mêmes erreurs que la dernière fois non. Cette fois-ci, il ne le faisait pas pour oublier Andréa, pour tenter de se convaincre qu’il pouvait aimer une autre et fuir le lendemain. Il avait enfin réussi à passer outre les différentes engueulades, les crises de jalousie, ces brusques retrouvailles et ces déclarations que je n’avais pas anticipé. J’avais décidé de lui laisser une chance, ou du moins de lui demander une dernière chance. Et nous voilà dans ma salle de bain, simplement nous. Deux personnes désirant l’autre. Deux personnes se laissant aller au désir et aux plaisirs charnels. La, dans cette douche, nous ne faisions qu’un et j’en oubliais presque tout ce qui avait pu se passer auparavant. Il n’y avait plus qu’elle, pour notre plus grand plaisir.


J’avais pris le temps d’enfiler une nouvelle tenue, reprenant mes esprits tandis que je finissais de faire réchauffer les derniers pancakes, encore un peu dans les nuages, un léger sourire aux lèvres. Je prends la peine de faire rentrer Pepsi et Ruby et finit par venir m’installer dans le fauteuil, profitant du calme retrouvé m’étirant longuement tout en sentant la jeune femme revenir dans la pièce. Mon regard tourna dans sa direction et j’écartais les bras pour la laisser s’installer une fois les pancakes posés sur la table. Mes bras vinrent se resserrer contre elle, et j’embrassais le haut de son épaule, frissonnant face à l’humidité de ses cheveux qui reposaient contre ma peau. Je me laissais faire, glissant mes doigts entre les siens, avant de marquer un temps d’arrêt, tournant la tête dans sa direction. « Non… Pourquoi je le regretterais ? Je suis bien là. » lui demandais-je en venant l’embrasser, pour la rassurer. « Allez, à table… J’ai une faim de loup… » dis-je en venant tenter de me redresser pour attraper l’assiette des pancakes et la télécommande, la laissant se réinstaller contre moi. Je servais une des pancakes, venant mordre au passage dans la sienne, avant de lancer un des nombreux films que nous avions probablement déjà vu. Mais peu importe car la journée se déroulerait aussi bien qu’elle avait commencé. Comme avant. Elle et moi.