J'ai décidément trop d'alcool dans le sang pour conduire. Prendre le volant n'a rien de prudent. Mais heureusement pour Joanne et moi, les rues de Brisbane sont plutôt calmes. Je roule lentement jusqu'à Logan City, la jeune femme sur le siège passager. Au bout d'une vingtaine de minutes, nous arrivons en face de cet imposant numéro quarante-deux. Je cale la voiture dans l'allée du garage. Le mouvement allume instantanément toutes les lumières automatiques qui viennent éclairer le chemin dallé jusqu'à la porte d'entrée. Derrière celle-ci, nous pouvons entendre les aboiements d'un Ben qui nous a entendu arriver. A peine la clé tournée dans la serrure, la main appuyant sur la poignée, je dois attraper au vol le chien qui nous saute dessus. C'est que la jolie maîtresse est là. J'empoigne son collier pour l'empêcher de sortir et le dégager sur le côté le temps que Joanne entre à son tour, fermant la porte derrière elle. Je m'accroupis face au cabot, caresse sa bouille euphorique, ses flancs blonds, soufflant entre mes dents ce son qui lui demande de se calmer. C'est qu'il se laisserait presque enfin dresser, l'animal. Il s'assied, sa queue frottant encore joyeusement le sol. Plus sage, la jeune femme peut flatter son poil de quelques caresses. Pendant ce temps, je jette mes clés et mon portefeuille dans la vasque de l'entrée. « Tu lui as manqué, on dirait. » je fais remarquer en les observant. La maison est plongée dans l'obscurité, mais grâce à l'immense véranda, la lumière artificielle est inutile ; le ciel est dégagé, la lune à elle seule suffit à éclairer l'intérieur. Je viens finalement attraper la main de Joanne et l'attirer à travers le salon, monter les marches de l'escalier menant à l'étage, le long du couloir jusqu'à la chambre. Ce n'est qu'une fois la porte fermée que je réalise vraiment qu'elle est là. Joanne est là. Mes doigts se resserrent légèrement autour des siens. Mon pouls s'accélère sensiblement. Je reste immobile une poignée de secondes, sans vraiment savoir comment agir. Finalement, je me tourne vers la jeune femme et viens coller un baiser sur ses lèvres. « Fais comme chez toi. » dis-je avec un sourire et un clin d'oeil. Je suis fatigué, je l'avoue volontiers. L'alcool, l'émotion, me vident doucement de mon énergie. Je ne vais pas faire long feu. « Tu as laissé une chemise de nuit ? Sinon tu peux piocher dans mes affaires. » je lance en me rendant dans la salle de bains. « Et interdiction d'ouvrir le paquet dans ton armoire. Tu auras ta surprise demain. » J'attrape rapidement les deux cachets quotidiens -pris en retard, mais qu'importe- avec un peu d'eau. J'en profite pour me rafraîchir le visage. J'en ai bien besoin. Je n'ai pas les idées claires, et je ne suis pas habitué à cet état. Je ne tiens pas à l'être un jour. Face au miroir, je me répète inlassablement qu'il ne doit rien se passer. Rien que nous puissions regretter. Je respire profondément. C'est idiot, que cela semble si difficile. Machinalement, je sors de la salle d'eau et me rends dans l'autre pièce annexe à la chambre, le dressing, où je me déshabille et revêt, comme à mon habitude, un simple pantalon fluide pour la nuit. Toutes lumières éteintes, je m'approche du lit. J'avoue que je ne songe absolument pas au fait d'être torse nu lorsque je me glisse sous le drap pour rejoindre Joanne. Sur le flanc, tourné vers elle, je laisse quelques décimètres de distance entre Joanne et moi. Je n'ose pas l'approcher, la toucher. Pas tant qu'elle n'aura pas fait signe que je le peux. Etrangement, ainsi allongé, j'ai la sensation que l'alcool fait moins effet. Comme si ne pas avoir à réunir assez d'équilibre pour tenir debout soulage mes neurones d'une tâche en moins, les laissant désormais libres d'être utiles à la bonne lecture de mes pensées. Et elles disent qu'elle m'a manqué. Qu'elle me manque toujours, dans un sens. Qu'elle est là. Et qu'il est bon de pouvoir à nouveau deviner, admirer ses traits dans l'obscurité.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne aurait presque pu s'endormir sur le trajet. Il roulait toujours de manière très fluide, sans geste brusque, sans surprise. Il avait certainement redoublé de prudence où il n'était pas non plus particulièrement apte à rouler avec la quantité d'alcool qu'il avait pu boire plus tôt. C'était silencieux dans la voiture, mais en rien pesant. La fatique, tout simplement. Le fait qu'elle ait été à moitié assoupie raccourcit la durée du voyage pour le voyage, ouvrant à nouveau les yeux quand elle avait senti la voiture s'arrêter, puis la lumière éclairer l'avant de la maison. Cette si grande maison. Sa surface dépassait l'entendement pour la jeune conservatrice. Après être sortie du véhicule, elle suivit de près Jamie, qui se chargea d'ouvrir la porte et de retenir le chien dans son accueil plus que chaleureux. Elle était surprise de le voir obéir aussi rapidement à son maître. A croire que la bête sauvage avait enfin pu se faire dompter un petit peu. Soit dit en passant, il ne semblait pas mal le vivre, ayant du mal à cacher son enthousiasme. La belle blonde s'abaissa afin de le caresser à son tour, heureuse de revoir sa bouille. Elle lui aurait manqué, selon Jamie. Elle regarda ce dernier brièvement en lui échangeant un sourire, ses mains gardant toute leur attention sur le canin, qui profitait de chacune de ses caresses. Presque comme jalousement, le bel homme vint saisir les doigts de Joanne afin qu'elle se redresse et le suive pour aller à l'étage. Elle se laissa entraîner sans la moindre résistance, et ils arrivèrent dans leur chambre. Ou la chambre, Joanne ne savait plus trop si elle avait le droit de se l'attribuer ou non. Mais il disait de faire comme chez elle. L'esprit de la jeune femme était encore embrumé par l'alcool, et peu de choses lui semblaient encore claires à cette heure tardive. Avant de partir à la salle de bain, il lui précisa qu'elle pouvait se servir chez lui si elle n'avait pas d'affaires dans lesquelles elle pouvait dormir. Joanne le regarda silencieusement disparaître, avant de se décider à se diriger vers le dressing et voir ce qu'elle avait laissé exactement comme vêtements. Rien qu'elle ne puisse porter pour la nuit. Quoique. Elle trouva, au fond d'un des tiroirs, un t-shirt qu'elle met d'habitude pour des journées à rester à la maison. Joanne avait aussi remarqué le paquet en question, mais honnêtement, elle était trop épuisée pour que sa curiosité ne vienne pointer le bout de son nez. Il en aura tout le loisir le lendemain. Il lui était difficilement réalisable qu'ils allaient passer la nuit ensemble, à dormir. La dernière que c'était le cas, cela remontait à une éternité pour elle. Devoir à nouveau dormir seule, sans avoir quelqu'un contre qui elle pouvait se coller et se réchauffer, n'était pas évident. La présence de Jamie la rassurait, l'apaisait. Avec ses innombrables baisers et caresses, avec énormément de tendresse. A se blottir contre lui. Tout ceci lui semblait tellement lointain. Joanne s'adossa quelques secondes contre l'armoire, le temps de se remémorer tous ces beaux moments. Elle passa une main sur son visage puis soupira, se disant qu'il fallait mieux qu'elle se couche. Seulement quelques minutes passèrent avant que Jamie ne la rejoindre. Comme à son habitude, il était torse nu. Comme d'habitude, cela faisait un certain effet sur la belle blonde. Allongé, il se tourna vers elle, maintenant un certain écart entre eux deux. Joanne sentait son coeur s'excitait dans sa poitrine, c'état assez inconfortable. Elle pivota sa tête en sa direction, le regardant longuement sans dire mot. Mais son esprit fusait et se posait des dizaines de questions, à se demander ce qui serait le meilleur pour elle, pour eux. Elle ne savait pas si c'était des minutes, ou des dizaines de minutes qui s'étaient écoulés avant qu'elle ne s'approcha que de quelques centimètres de lui, et de voir comment il réagirait. D'un sens, elle aurait tellement voulu qu'il vienne vers elle, persuadée qu'il était beaucoup plus doué qu'elle à faire les premiers pas. Joanne se sentait tellement ridicule à chaque fois qu'elle faisait une tentative. Les mots n'avaient pas leur place à ce moment. Juste des regards dans l'obscurité, c'était suffisant. Encore après quelques minutes de réflexion, elle se rapprocha encore un peu de lui, de sorte à ce qu'elle puisse lui déposer un baiser tendre sur ses lèvres, puis le regarder, voir ce qu'il pouvait, mais surtout voulait faire. Elle, ne voulait réellement que l'embrasser à ce moment, sentir à nouveau sa bouche contre la sienne. Rien de plus.
Quelques minutes de parfait silence s'écoulent avant que le moindre mouvement ne soit effectué. Joanne s'approche de quelques centimètres. Avec un léger sourire, une de mes mains vient chercher la sienne, entremêlant nos doigts. Je respire doucement, prenant le dessus sur un coeur ne demandant qu'à s'emballer et partir au galop. Mes paupières s'abaissent de temps en temps, signe que la fatigue m'envahit doucement. Je laisse le temps à la jeune femme de décider si elle souhaite s'approcher plus ou non, caressant le dos de sa main du bout du pouce, le regard tendre. D'autres minutes passent. Finalement, elle est assez près pour que je puisse passer un bras autour d'elle. Je réponds à son baiser, le faisant durer. Discrètement, ma main glisse sous le t-shirt qu'elle porte pour aller au contact de sa peau. Mon coeur s'emballe un peu plus. Depuis combien de temps n'ais-je pas pu avoir ce contact ? Beaucoup trop longtemps. Une éternité. Ainsi, je l'étreins un peu plus fort, déposant un baiser des plus doux sur ses lèvres. A mon tour, j'approche et annihile tout espace vide entre la belle et moi. Je sens sa fine silhouette tout contre mon corps, partageant sa chaleur avec la mienne. Je l'embrasse sur le front, sa tête légèrement calée contre mon épaule. Je peux sentir son souffle glisser sur mon torse. Respirer le parfum de ses mèches blondes. J'écoute sa respiration, les yeux fermés. Sombrant peu à peu. « On a oublié la peluche dans le coffre. » je murmure sans vraiment de raison, la pensée me traversant à haute voix. Je souris, glissant un peu plus dans le sommeil, jusqu'à ce que ma conscience me quitte et me laisse profondément endormi.
Je me réveille au milieu de la nuit. Les chiffres lumineux indiquent un peu plus de cinq heures du matin. Je n'ouvre qu'un œil, ne sachant pas vraiment ce qui n'a tiré de mes limbes. Mon regard glisse dans la chambre. Le soleil commence doucement sa remontée. Une grosse masse blonde s'est confortablement installée à nos pieds, sur le lit. Ben dort paisiblement, la truffe entre les pattes. A côté de moi, Joanne s'est tournée sur l'autre flanc, me montrant le dos. Doucement, je reviens me coller à elle, un bras l'entourant. J'appose un discret baiser au creux de son cou, enfoui dans sa chevelure. Ma tête retrouve l'oreiller. Le sommeil reprend son œuvre au bout de quelques minutes.
Cette fois, c'est le torrent de lumière dans la pièce qui me fait ouvrir des yeux plissés, éblouis par les rayons du soleil. Je passe une main sur mon crâne engourdi, regardant l'heure. Bientôt midi. Ben a disparu de la chambre. La jeune femme, elle, dort toujours. Déployant des merveilles d'ingéniosité afin de sortir du lit sans la réveiller, je parviens à poser le pied sur le sol au bout de quelques minutes. Je me lève, priant pour que le parquet ne grince pas sous mon poids. Aussi silencieusement que possible, je quitte la chambre. Ce n'est qu'une fois dans le couloir que je m'étire un peu. Mes muscles sont courbaturés, mes yeux refusent de faire la mise au point. Néanmoins, je marche droit, et mes neurones se mettent laborieusement en marche. Mon organisme a su profiter de la nuit pour éliminer l'alcool. Toujours silencieux, je descends les escaliers. Ma bestiole lance un aboiement comme bonjour. Je pose un doigt sur ma bouche pour lui faire comprendre de ne pas faire de bruit -mais sûrement ne connaît-il pas du tout la signification de ce geste. Alors j'ouvre la porte-fenêtre de la véranda et le laisse s'engouffrer dans le jardin. Pour ma part, je me dirige vers la cuisine ouverte. Par automatisme, mon premier geste consiste à mettre de l'eau à chauffer dans la bouilloire. Pendant ce temps, j'attrape un plateau à pieds, deux tasses, du thé, des assiettes, du pain, ce qu'il reste de beurre et -incapable de choisir entre les deux- de la confiture de fruits rouges, l'autre aux mirabelles -et tutti quanti, autant dire que le plateau déborde. L'eau chaude, je remplis les tasses, et peux enfin apporter le tout à l'étage. Sans encombres, heureusement. Quand j'arrive dans la chambre, Joanne est encore en train de somnoler. « Bonjour... » dis-je en l'embrassant sur le front. « Room service ! » Je laisse Joanne se redresser, le dos contre la tête de lit, et dispose le plateau au dessus de ses jambes. « Je sais, il est midi, mais bon... » J'hausse les épaules, passe de l'autre côté du lit et viens m'asseoir en tailleur à côté d'elle. Qu'importe l'heure, à mon réveil, je préfère attaquer par un petit déjeuner. Et par dessus tout, avec un thé. J'empoigne donc ma tasse, ajoute un sucre et trempe mes lèvres avidement. L'eau chaude me fait un bien fou. « Bien dormi ? » je demande avec un léger sourire, entre deux gorgées, avant de reposer la tasse sur le plateau. Furtivement, je vole un baiser à la jeune femme. « N'espère même pas sortir de ce lit aujourd'hui, je te garde en otage. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
C'était un bonheur pour elle que Jamie prolonge le baiser qu'elle avait commencé, qu'il saisisse ses doigts, caresse le dos de sa main à l'aide de son pouce. Des gestes simples qui n'aidaient à rien son coeur, qui persévérait dans ses battements de coeur accélérés. Le summum était lorsqu'il s'était permis de glisser sa main libre sous le t-shirt de la jeune femme, à fin d'y effleurer sa peau. Ses doigts chauds, agréables au toucher. Il y avait toujours cette pointe de fermeté dans sa main, qui traduisait la force qu'il avait dans ces membres. Des mains d'hommes, en somme. D'abord, Joanne ressentait une certaine appréhension, elle n'y pouvait rien. Après tout, il ne l'avait jamais touché ainsi depuis qu'il l'avait bousculé. Elle retint un moment son inspiration, attendant de voir ce qu'il comptait faire. Elle sentait son coeur se serrait dans sa poitrine, finissant par reconnaître à quel point ce contact lui avait manqué. Il finit par se coller à elle, confortablement installés. Joanne retrouvait le plaisir d'être blottie contre lui, et il ne lui fallu que très peu de temps avant de sombrer, entendant légèrement une remarque de Jamie, dont elle ne comprenait pas le sens. Rien n'était venu perturber son sommeil, Joanne ne savait même pas si elle avait rêvé ou non. Elle dormait très profondément. Ce fut un léger sentiment de froid qui l'extirpa peu à peu des bras de Morphée, avant qu'elle ne soit rapidement éblouie par la luminosité de la pièce. Elle ne sentait plus le corps de Jamie contre elle, il semblait avoir quitté le lit. La jeune femme se retourna, pour voir si elle avait raison, les yeux encore plissés. Elle revint rapidement dans sa position initiale, se recouvrant entièrement de la couverture, histoire de se donner le temps à son esprit embrumé de remettre les choses en place. Ses membres s'étirèrent doucement, se réveillant avec nonchalence. Elle ne fit même pas l'effort de regarder l'heure. Jamie entrait discrètement dans la pièce, puis l'embrassa sur le front afin de lui dire bonjour. Là, enfin, elle parvint à maintenir ses paupières ouvertes. Il y avait des odeurs de petit déjeuner qui prenaient tout à coup possession de la chambre. Difficilement, Joanne se redressa, à moitié endormire. Elle sourit en voyant le plateau préparé par le bel homme. Ses iris bleus le regardèrent avec une légère surprise lorsqu'il précisa l'heure. Déjà. Il s'installa à ses côtés, et elle commença tout doucement à se préparer de tartines, avec du beurre et de la confiture de mirabelles -une de ses préférées, avec la confiture de prunes. Les cheveux encore un petit peu en bataille, elle acquiesça d'un signe de tête et d'un sourire lorsqu'il lui demanda si elle avait bien dormi. "Et toi ?" lui demanda-t-elle à voix basse. Son regard était perplexe lorsqu'il lui dit qu'elle devait rester au lit pour la journée, qu'elle était devenue son otage. "Qu'est-ce qu'il se passe si je me lève du lit ?" Elle avait un sourire malicieux, au coin de sa boucher, lorsqu'elle posa cette question. "Que suis-je sensée faire, en restant plantée ici alors ?" ajouta-t-elle, curieuse de voir ce qu'il panifiait. Joanne avait pris le soin de laisser ses jambes dénuée de vêtements sous la couette. Quant à lui, il laissait son torse nu, sans la moindre gêne -il fallait reconnaître qu'il n'avait strictement rien à cacher, et que Joanne adorait l'admirer lorsqu'il était ainsi vêtu. Et cela lui faisait un effet fou sur ses hormones, sans pouvoir y faire quelque chose. Elle baissa les yeux, toute gênée, et demanda, dans la plus grande des timidités -voir même un sentiment de honte. "Est-ce que... ça te dérangerait d'enfiler un t-shirt, ou quelque chose ?" Elle n'osait même pas le regarder, se voulant de lui demander ceci -alors qu'au fond, ce n'était presque rien. Mais ils l'avaient bien compris la veille, et il fallait éviter toute tentation. Elle le lui demandait presque à contre-coeur, alors qu'elle ne savait même pas si elle se sentait prête ou non de franchir cette étape. Elle en était persuadée la veille, mais sobre, sa timidité et sa pudeur revenaient au grand galop, recréant des barrières qu'il avait si patiemment descendu. D'un sens, elle voudrait que ce soit lui qui vienne vers elle, qu'il montre ce dont il a envie. "Je suis désolée de te demander ça." dit-elle finalement, en riant nerveusement. "C'est ridicule." Elle finit de manger sa première tartine et but ensuite une gorgée de thé non sucrée.
Déjà midi. Une demie-journée passée, ce qui fait autant de temps en moins à passer avec Joanne avant de devoir la ramener chez elle. C'est idiot ; plutôt que de profiter de sa présence, je ne fais que me focaliser sur le moment où elle devra partir. C'est aussi étrange. L'idée d'être à nouveau seul ici me rend triste, et rend pourtant la présence de la jeune femme plus appréciable encore. Je crois que mon esprit n'est toujours pas clair. Boire un thé chaud et avaler quelque chose me fera le plus grand bien. La première gorgée suffit déjà à détoxifier mes neurones noyés dans les résidus de la vodka de la veille. Je n'arrive pas à croire que je me suis laissé entraîné là-dedans. Non, pire : j'ai moi-même foncé tête baissée, complètement volontaire. Au final, l'alcool n'avait pas vraiment entaché la soirée, qui avait été très agréable à mes yeux. Je ne pense pas vraiment à la fin de celle-ci, en faisant délibérément abstraction. Je préfère me concentrer sur le meilleur de cette journée. Cet après-midi ensoleillé, cette ambiance festive, autant dans la fête foraine que dans le bar. Il n'y a rien pour me faire penser que tout cela a été moins que parfait. C'est sûrement ce qui me met de si bonne humeur ce matin. Je replonge le nez dans mon thé, pose la tasse sur le plateau avant d'attraper un bout de pain à mon tour. « Très bien. » je réponds à la question de Joanne sur la qualité de mon sommeil. Sombre, profond, sans rêves. Reposant. J'étale un peu de beurre sur la tartine, souriant à la jeune femme qui demande ce qu'il pourrait se passer si elle dérogeait à la règle que je lui impose. « Si tu te lèves du lit… Tu en seras bannie tout un mois. » dis-je en plissant les yeux, l'air faussement sérieux et menaçant. Mais je ne compte pas me passer de la présence de Joanne dans cette chambre pendant autant de temps. Vu la difficulté que j'aurais plus tard à la laisser partir, je ne doute pas que je mettrais tout en œuvre pour qu'elle revienne bientôt. A moins qu'elle ne décide de me fuir à nouveau, je ne compte plus la laisser m'échapper. Une idée plutôt bien traduite par mon jeu consistant à la garder prisonnière du lit. Je trouverais bien un moyen pour ne pas s'ennuyer. « Je n'ai pas encore décidé. Tu devras faire tout ce que je veux, je suppose. » dis-je avant de mordre dans le bout de pain beurré. Je fais mine de réfléchir à un premier ordre, et lance ; « A commencer par un massage, tiens. Mon vieux dos est tout rouillé. » Je m'étire pour illustrer l'idée. C'est qu'il n'y a rien de plus désagréable que de passer toutes ses journées dans un bureau, devant un ordinateur. Une des raisons pour lesquelles être journaliste me plaisait bien, c'était l'assurance de ne jamais être statique. Au final, plus les échelons ont été gravis, plus les heures sédentaires ont augmenté. Jusqu'à me clouer dans un grand fauteuil en cuir dans un bureau avec vue. Il y a pire, je suppose. Mais ce n'est pas pour ce genre de choses que je me suis lancé là-dedans. Au moins, dans quelques temps, je pourrais quitter mon bureau de temps à autre. Aller de l'autre côté de la vitre de la régie. Devant le micro. Comme avant. J'ai vraiment hâte. Mordant une nouvelle fois dans ma tartine, j'entends Joanne me demander de me mettre quelque chose sur le dos. Mes yeux arrondis trahissent ma surprise. J'hausse les épaules, la défiant. D'ailleurs, je m'approche un peu plus, tout en faisant attention à ne pas renverser le plateau. Je me penche vers elle, approchant peu à peu mon visage du sien. « Ca me dérange. » dis-je avec une certaine détermination à ne pas lui donner satisfaction. Mais ma mâchoire serrée ne suffit pas à contenir mon sourire amusé face à la gêne de la jeune femme. Je dépose un baiser sur ses lèvres et lui adresse un clin d'oeil avant de quitter le lit et me rendre rapidement dans le dressing. J'attrape la chemise que j'utilise toujours pour peindre -puisque mon unique t-shirt sent bon le bar rempli de mâles, l'alcool et la cigarette. Elle est propre, mais l'acrylique ne part pas au lavage ; elle restera donc à jamais tâchée d'une multitude de couleurs. Notamment sur les manches, qui sont un tableau à elles seules -ce qui est étrange, puisqu'elles sont constamment retroussées. Mais je l'aime bien ainsi. J'en profite pour récupérer ma paire de lunettes, abandonnée sur une étagère. De quoi soulager mes yeux fatigués. J'attrape également mon téléphone. « Voilà ! » je lance quand je réapparais. Je reprends ma place initiale et récupère ma tasse de thé. Rapidement, j'allume le smartphone, déverrouille l'écran. « Oh, regardes-moi ce petit miracle ! » dis-je en tournant l'appareil vers Joanne afin qu'elle puisse admirer un unique texto et deux appels manqués. Chez moi, c'est un miracle. Après une dernière bouchée de ma première tartine, je reprends la conversation où nous l'avions interrompue. « Admettons que je te laisse sortir du lit, qu'est-ce que tu ferais, hm ? » je demande, attrapant son regard. Partir de la maison ? Hors de question. Je me fiche que Sophia puisse être inquiète. En réalité, le terme d'« otage » n'est pas si loin de la réalité.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Un mois ?!" s'exclama Joanne. "Je me demande qui cèdera le premier avant la fin du temps imparti, si c'est le cas." lui lança-t-elle aussi d'un regard malicieux. Pas sûre que ce soit elle la première qui vienne la première pour le supplier à ce qu'il lève sa sentence. La jeune femme était certaine de ce fait, et ne put s'empêcher de rire à cette idée. Il disait qu'elle devait faire tout ce qu'il voulait. Elle haussa ses sourcils, voyant qu'il abusait clairement de ses atouts pour venir à ses fins. Il voulait un massage, qu'elle lui fasse un massage, faisant mine qu'il en avait grandement besoin. "Je suis une très mauvaise masseuse." dit-elle spontanément. Gênée, elle haussa les épaules. "Enfin..." Elle dégagea ses cheveux en les mettant en arrière à l'aide d'une main. Elle en faisait de temps en temps à son ex-mari, qui semblait apprécier, d'ailleurs, mais Joanne doutait de ses capacités en la matière. "Je ne pense pas pouvoir te dérouiller tout ça." Il suffisait de mesurer la force dans ses longs doigts fins. La jeune femme ne se sentait pas en mesure de satisfaire sa demande. Jamie était plus que surpris lorsqu'elle lui avait demandé d'enfiler un vêtement supplémentaire. Il jouait clairement avec ses capacités à la perturber, se plaisant à répondre à la négative en se rapprochant d'elle. La belle blonde avala avec difficulté sa salive, sentant sa respiration se faire décadente sans pouvoir réajuster son rythme habituel. Joanne rougit, embarrassée, puis se fit embrassée brièvement avant qu'il ne file dans le dressing. Elle en profita pour manger sa seconde tartine. Joanne lui adressa un sourire ravi, avec des yeux brillants, lorsqu'il réapparut et se réinstalla à ses côtés, habillé d'une chemise tâché de mille couleurs. Elle lui caressa tendrement la joue, le regardant amoureusement. "Merci..." lui souffla-t-elle. Sa main se glissa dans son dos. "Et tu es tout aussi craquant comme ça." ajouta-t-elle, désireuse de le voir gêné de plus belle, avec sa paire de lunettes sur le nez. Elle était soulagée qu'il l'ait écouté, espérant qu'il comprenait. Il lui montra son téléphone, avec deux appels manqués et un message. Joanne devait sûrement avoir une multitude de SMS et d'appels venant de Sophia, ne lui ayant pas informé qu'elle passerait la nuit avec Jamie. Elle devait certainement s'en douter. Que ferait Joanne s'il la laissait sortir du lit ? Elle sourit gênée, et glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, tentant de fuir ses yeux verts alors que ces derniers parvenaient systématiquement à capter les iris bleus de sa belle. "Je... J'enfilerai un pantalon. Ou un short." Oui, c'était ce qu'elle ferait en premier lieu, toujours contente de les dissimuler sous la couette. La belle blonde mit en bouche sa dernière bouchée de tartine. "Si je suis bannie de ce lit pour un mois... rien ne nous empêche de dormir dans la chambre d'amis. Ou ailleurs." dit-elle en haussant les épaules, rieuse. Joanne finit de boire sa tasse de thé, puis soupira. "Et moi ? Je gagne quoi dans tout ça ?" Elle s'installa à l'arrière de Jamie, posant d'abord ses mains sur ses épaules. Sa bouche s'approcha ensuite de son oreille, venant lui susurrer. "Ma condition à moi serait que tu ne jètes pas un oeil sur ton téléphone pour le reste de la journée." Toujours à utiliser le conditionnel, jamais d'affirmation franche et claire -surtout concernant son travail, elle ne se le permettrait jamais. S'il avait pour obligation de répondre à un appel, elle le laisserait faire, prenant sa frustration sur elle. Ses pouces commençaient à malaxer ses épaules, puis sa nuque. Il était bien connu qu'elle n'avait pas énormément de force dans ses petites mains, mais il lui arrivait de surprendre. Parfois. Elle sentait aisément la chaleur de son corps à travers sa chemise tâchée. Ses mains descendait progressivement, soit en se concentrant au niveau de la colonne vertébrale, soit plus sur les flans, en insistant plus particulièrement et plus longtemps au niveau des lombaires, variant les mouvements comme ça lui venait. Elle ne savait pas pendant combien de temps elle faisait tout cela, étant restée concentrée sur ce qu'elle faisait. Peut-être une demi-heure, peut-être un peu plus. Joanne resta assise derrière lui, et lui chuchota, presque honteuse. "Je ne sais pas faire plus. Il va falloir que tu te contentes de ça." murmura-t-elle avant de l'entourer de ses bras et de poser sa tête contre son dos, en fermant les yeux. Elle pourrait tout à fait se rendormir, mais elle ne fit que profiter de son contact, d'être contre lui.
Je suis souris bêtement, à la fois flatté et gêné par le compliment que m'adresse Joanne. Je suppose que c'est l'effet voulu, et je lui donne facilement satisfaction pour cette fois. J'ai toujours trouvé que ces lunettes me donnent un air de rat de bibliothèque -et creusent un peu plus mes traits. Et d'un autre côté, elle a de l'allure, cette banale monture noire. Quant à la chemise, sans commentaire. C'est un désastre de peinture. Je dois avoir des airs de jeune bohème français cherchant à vivre de poésie dans sa chambre de bonne, au fond des combles, sous les toits de Paris. Puisque j'ai mon téléphone entre les mains, je consulte rapidement le message reçu la veille -qui n'est finalement rien d'autre que mon assistante m'assurant que tout va bien- et les appels manqués -deux numéros non enregistrés comme tant cherchent à me joindre tous les jours. Au final, je n'ai rien manqué, et c'est tant mieux. C'est d'autant plus engageant pour tous les futurs week-ends que je suis bien décidé à m'accorder. Avec Joanne, j'espère. Elle me réponds que si elle sortait du lit, elle trouverait d'abord de quoi se couvrir. Ce qui n'est absolument pas étonnant de la part de ma pudique Joanne. Je secoue négativement la tête. « Non, pas question. » dis-je, ferme et définitif -non sans un rictus d'intérêt pour ce qui se trouve sous la couette. Elle avait très justement fait remarquer qu'il y avait des chances pour l'un de nous craque avant le mois de punition décidé en cas de désobéissance. Désormais, elle ajoute que nous pourrons toujours nos exiler dans d'autres draps, mentionnant la chambre d'amis. J'ai, très rapidement, une vague de pensées très loin d'être catholiques qui me traversent l'esprit à cette évocation. De quoi me procurer une certaine sensation de chaleur. Espérant que mon flot d'idées ne soit pas perceptible de quelque manière que ce soit, je me cache tout de même derrière ma dernière gorgée de thé le temps de balayer tout ceci. « Dans ce cas, disons plutôt que tu seras privé de ma présence dans n'importe quel lit. » je rectifie alors, retrouvant un sourire joueur. Ce qui ne change rien au fait que je ne tiendrai jamais tout un mois ainsi. Joanne, elle, sûrement. Elle l'a déjà fait, après tout. Ayant tout les deux terminé notre petit-déjeuner, j'attrape le plateau pour le poser par terre et ainsi dégager l'espace du lit. Quand je me redresse, la jeune femme s'est postée derrière moi. Le contact de ses mains crispe immédiatement mes épaules nerveuses. Je suis pris par surprise par son souffle près de mon oreille. Je suis assez content de lui tourner le dos, l'empêchant de deviner mes joues empourprées par ce contact, sa voix murmurant ainsi. Le retour des réminiscences de toutes les fois où j'ai entendu sa voix, ses souffles au creux de mon oreille. Je déglutis, difficilement, prends mon téléphone, et le pose sur la table de chevet. « Satisfaite ? » je demande, m'étant plié à sa demande. Je ne doute pas que je serais capable de ne plus y toucher de la journée. Il suffit de mettre l'appareil hors de ma vue. Absolument pas féru de technologie, j'oublierai vite l'existence de mon téléphone. D'autant plus si j'ai mieux à faire que de lire une centaine de mails. Cela fait, je me laisse entre les mains de Joanne. D'abord tendu, la totalité de mon corps particulièrement neveux au moindre contact des doigts de la jeune femme -sans autre raison que le fait de savoir que c'est elle qui me parcours ainsi- accepte de se détendre petit à petit. Mais c'est un travail laborieux pour de si petites mains. Je respire profondément, ferme les yeux, et surtout, tente de faire abstraction de l'identité de la personne qui flatte mon dos. Mais derrière mes paupières closes, les sensations me ramènent irrémédiablement à ces mêmes mains glissant sur ma peau, la fine pellicule de sueur qui la recouvre parfois. Je respire profondément afin de calmer mon coeur sautant sur l'occasion pour marteler sur mes tempes. Et dire que je n'ai même pas d'alcool sur le dos duquel je pourrais justifier ces pensées. Il n'y a que moi, ma frustration, et mon impatience légendaire. Le temps passe étrangement, à fois lent et trop rapide ; je somnole, et au final, je n'ai aucune idée de la durée de ce moment. Mais lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, ébloui quelques secondes par la lumière, je suis parfaitement détendu. Mes bras se posent sur ceux de Joanne qui m'encerclent, mes mains viennent caresser les siennes. A chaque minute qui passe ainsi, mon rythme cardiaque oscille entre la folie et une parfaite quiétude que mon esprit ne parvient pas à suivre. Finalement, je me défais de l'étreinte de la jeune femme pour me tourner et lui faire face. J'attrape son visage, une main sur sa joue, et vais à la rencontre de ses lèvres, y déposant un long et langoureux baiser. « Merci. Qu'est-ce que tu veux en échange, alors ? » je demande, sans m'éloigner, lui souriant. Trouvant son regard à travers l'épaisse monture noire.
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Joanne n'aurait jamais soupçonné pouvoir faire un tel effet sur le bel homme, avec un massage. L'idée ne viendrait même pas lui effleurer l'esprit à vrai dire. Peut-être en aurait-elle pensé différemment si il était resté torse nu, et que ses doigts iendraient caresser directement son épiderme doux et chaud. La chemise qu'il utilisait pour peindre était un excellent moyen de dissimuler toutes les pensées peu catholiques de Jamie et l'effet qu'ils avaient sur son corps. De dos, la jeune femme n'y voyait que du feu. Elle se contentait de faire voyager ses doigts sur le dos de l'homme qu'elle aimait, bien concentrée sur ce qu'elle faisait. Il se défit ensuite des deux bras de la jeune femme afin de l'avoir face à elle, ne parvenant pas à patienter avant de prendre possession de ses lèvres. Il l'embrassait longuement, et langoureusement. La bouche de Jamie était à la recherche du moindre recoin de celle de Joanne, de peur d'en oublier une parcelle. La main posée sur sa joue était brûlante, tout comme ses lèvres, qui ne manquait pas d'entrain. Il avait gardé son visage près de sien, lui demandant ce qu'il pouvait bien faire en retour. L'esprit de Joanne était encore resté sur ce baiser, elle semblait totalement perdu lorsqu'il lui posa cette question. Elle avait remarqué ses joues légèrement roses, une peau à peine brillante. Ses iris bleus restaient rivés sur le regard du bel homme, elle lui retira doucement les lunettes qu'il avait sur le nez. Là, enfin, elle commençait très doucement à comprendre l'effet qu'elle avait sur lui. Pour un Jamie qui n'avait aucune patience, cela devait être une véritable torture. Elle esquissa un léger sourire, bien que gênée et timide. Mais il était d'humeur joueuse avec elle, autant l'être avec lui. Au delà de la plaisanterie, il y avait aussi de l'envie. Le savoir avec une peau brûlante au toucher, un coeur qui palpitait très certainement, avec ces joues encore rouges, initiait des sortes de poussées d'hormones dans l'organisme de la jeune femme -du moins, c'était ainsi qu'elle supposait la chose. Elle était encore partagée par le raisonnable et le non raisonnable. Mais il avait déjà commencé à faire ses preuves. Il n'avait pas hésité à la garder contre lui pendant toute la durée de la nuit, elle n'avait pas peur de l'embrasser -la seule crainte qu'elle puisse avoir était qu'il refuse de toucher à ses lèvres. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait en échange. Il aurait certainement peur de lui faire également un massage, avec la crainte de la briser ou une pensée similaire. L'éventail des choix étant relativement mince en restant cloués au lit, Joanne fit un peu la moue, ne trouvant pas ce qu'il faudrait faire. La première chose qui lui vint en tête, et qu'elle fit, était de l'embrasser à nouveau, poour retrouver encore une fois le goût de ses lèvres et leur douceur. Elle posa ses deux mains sur ses joues, sentant du bout des doigts son rythme cardiaque résonner dans son coeur. Elle prolongea, encore et encore le baiser, ne s'en lassant, rapprochant son corps du sien sans qu'elle ne se rende compte. Oui, elle voulait qu'il s'autorise de la toucher, il était le seul à en avoir le droit à ses yeux, de toute manière. Entre deux baisers, en reprenant son souffle, elle lui susurra. "On ne peut plus accuser l'alcool, ce coup là..." Ses mains se glissaient dans ses cheveux -un réflexe, très certainement-, alros que l'envie grandissait grandement en elle, sans qu'elle puisse y faire quelque chose. Elle avait l'impression de commettre un interdit, un peu lorsqu'ils s'étaient désirés pour la première fois, quand il était chez elle. En réalisant tout ceci, ses yeux s'ouvrèrent, quitta ses lèvres et se leva subitement du lit, pleine de culpabilité. "Je suis désolée, je suis, vraiment..." Sa respiration était haletante, ses joues certainement très roses, son coeur qui bataillait dans sa poitrine. Elle n'osait plus le regarder. Joanne ne trouvait pas ses mots. "Tout... Tout se mélange dans ma tête." dit-elle en soupirant. "J'ai... Il y a toujours une, une certaine crainte, mais je sais comment tu es quand nous... et... de repenser à tout ça... ça donne envie." Elle était à un peu plus d'un mètre de lui. D'une voix beaucoup plus basse et incertaine, elle ajouta. "Envie de toi." Puis elle éleva à son tonalité habituelle. "Et je ne sais plus vraiment ce que je dois faire. Nous arrivons à construire quelque chose de stable, comme avec des après-midis aussi merveilleuses qu'hier, et paradoxalement, j'ai aimé ces jours où on se fichait des bonnes pratiques. Alors, je ne sais plus vraiment." Elle lui sourit timidement. "Je ne sais pas ce que je voudrais en échange." dit-elle en reprenant ses termes. "Et toi ? Tu aurais une idée ?" Son regard devint un peu plus complice, elle n'avait absolument pas cherché à ruiner l'ambiance ou quoi que ce soit. Juste qu'il sache son ressenti. "Je suppose que je n'ai plus le droit de revenir sur le lit." ajouta-t-elle avec un rire nerveux.
Je ferme les yeux alors que Joanne ôte mes lunettes de mon nez. Quand je les rouvre, et que je tombe directement, dans ses iris bleus, mon cardiaque s'affole. Les secondes me semblent terriblement longues avant qu'elle ne m'embrasse à son tour. Inlassablement, mes lèvres caressent les siennes. Un peu plus passionnément à chaque fois qu'elle les joint de nouveau aux miennes. Alors qu'elle s'approche sensiblement de moi, mes bras viennent l'encercler, mes mains dans son dos l'attirent un peu plus jusqu'à la tirer hors de la couette et la serrer, coller son corps au mien. Le souffle court, le coeur explosant, la fièvre m'empêche de penser à quoi que ce soit ou réfléchir à mes gestes. Mon esprit est vide de toute autre pensée n'ayant pas de rapport avec l'accumulation de mon désir contrarié. Je lui souris en coin ; c'est vrai, plus d'alcool pour se défausser. Mon avidité me pousse à très vite récupérer ses lèvres. Mes doigts, qui ont glissé jusqu'à sa cuisse nue, se resserrent sur sa peau au contact de la main qu'elle passe dans mes cheveux, de quoi me faire définitivement perdre pieds. Si elle n'avait pas sauté hors du lit. Me laissant fébrile et haletant. Je passe une main sur mon visage pendant que j'écoute Joanne justifier sa fuite. Elle comme moi sommes tiraillés par notre recherche d'une relation plus stable, plus saine, et le frisson que nous procurait chaque moment où nous nous fichions d'être de bonnes personnes raisonnables. Etre normaux, dans le fond, ce n'est pas ce que nous sommes, mais nous y aspirons à notre manière. « Pas besoin de t'excuser. » dis-je à Joanne avec un léger sourire. Rien n'est simple, rien n'est évident. Je ne sais pas si nous pouvons renouer avec quelques uns des principes de notre relation marginale aussi tôt. Et puisque la jeune femme ne semble pas pouvoir le déterminer non plus, j'ai l'impression qu'il m'incombe de choisir quand le moment sera le bon -puisque j'ai toujours été celui qui semait la déraison dans notre couple. Mon souffle retrouvé, mon coeur apaisé, mes idées se remettent en place. La jeune femme me retourne finalement ma question. Je lui rends un regard joueur. « J'ai bien une idée. » Elle sait laquelle, je n'ai pas besoin de l'expliciter plus que cela. Il n'y a qu'une seule chose que je peux vouloir, et elle se tient devant moi. Vêtue d'un simple t-shirt. Mon regard glisse rapidement le long de ses jambes. Je me lève à mon tour et m'approche d'elle. Ma main se pose sur sa joue, je feins de l'embrasser, le regard malicieux lorsque j'éloigne mes lèvres des siennes après les avoir à peine frôlé, avant de déposer un baiser sur son front. « Mais ça attendra. » Je ne doute même pas que l'attente est plus difficile pour moi que pour elle, qui, comme elle l'a dit, garde une part de crainte. Je joue tout de même un peu. « En effet, tu es bannie. » je lui réponds. Elle a quitté le lit, elle ne peut plus y retourner. C'était le deal. Je me détache de la belle et, faisant le tour du lit pour me rendre dans le dressing, lui lance , avec un clin d'oeil et un sourire complice avant d'entrer dans la petite pièce ; « A moins que tu ne trouves le moyen de te faire pardonner. » La laissant y réfléchir, je disparais juste une minute. J'ouvre l'armoire de Joanne pour récupérer le paquet qui s'y trouve, celui que je n'avais pas eu le temps de lui donner avant que nous chutions. Cette fois, je le lui offre avant d'oublier une nouvelle fois, tant qu'elle est là. Je retourne m'asseoir en tailleur sur le lit et pose le rectangle de carton blanc irisé sur le drap, face à elle. Tout de même légèrement anxieux. « Ouvres-le. » dis-je en désignant la boîte d'un signe de tête. « Tu me donneras le mien quand je te raccompagnerai. » j'ajoute avant qu'elle ne songe à refuser. Ce fameux cadeau d'anniversaire pour lequel elle dit s'être ruiné. Au final, je suis intrigué par ce qu'elle a pu choisir, ne doutant pu qu'elle ait vu aussi juste que lorsqu'elle a pensé m'offrir cette montre que j'adore. « Si je te laisse partir un jour. » Je lui souris et pose mon menton dans le creux de ma main en attendant qu'elle s'approche de la boîte, l'observant pendant qu'elle soulève le haut du paquet, écarte le papier de soie qui enveloppe le vêtement et en sorte la robe, scrutant les traits de son visage, attentif à la moindre réaction.
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Il s'était levé, se trouvant désormais face à elle, à lui faire espérer qu'il l'embrasserait, alors qu'il ne se contenta de frôler à peine ses lèvres. Ca l'amusait, apparemment. Joanne gardait les yeux grand ouvert, à regarder ce qu'il comptait faire, la respiration légèrement tremblante. Aux yeux de Joanne, il semblait parfaitement maîtriser ses émotions, ses envies, comme il venait tout juste de le faire, en jouant avec les hormones de la jeune femme. Elle restait silencieuse alors qu'il lui confirmait qu'elle ne pouvait effectivement plus retourner sur le lit -quel jeu ridicule. Il se dirigea vers le dressing en admettant qu'elle pourrait y revenir à condition qu'elle trouve de quoi se pardonner. La jeune femme haussa un sourcil, perplexe. Aucune idée ne lui venait en tête, si ce n'est le désir d'enfiler quelque chose sur ses jambes et saisit le short qu'elle avait mis la veille, laissé sur un des fauteuils de la pièce. Jamie revint quelques secondes après avec un carton entre les mains. La fameux cadeau. Impressionnée, Joanne ne trouvait pas de mot à dire. Ses iris bleus le suivait de près, jusqu'à ce qu'il s'installe à nouveau sur le lit, déposant le cadeau un peu plus loin, lui demandant de l'ouvrir. D'une part, Joanne n'osait pas de trop. L'intention était là, et c'était ce qu'il y avait de plus beau. Elle ne doutait pas non plus de ses goûts : il suffisait de voir la manière dont il s'habillait. Mais elle savait qu'il était prêt à dépenser des sommes faramineuses pour elle, et s'en voulait de ne pas pouvoir se permettre la même chose, même si elle savait pertinemment que ce n'était pas sur ce genre de choses qu'il prêtait beaucoup d'attention. Il précisa ensuite qu'elle lui donnerait son cadeau d'anniversaire lorsqu'il la ramènerait. La jeune femme se mit à rire et lui rétorqua gaiement, mais toujours d'une voix douce "Tu auras ton cadeau quand je le déciderai." Et elle lui fit un clin d'oeil. Joanne ouvrit enfin le carton, avec énormément de précaution et de délicatesse. Du bout de ses doigts, elle retira doucement le papier de soie qui entourait la surprise. Ses yeux pétillaient à l'idée de découvrir ce qu'il lui avait pris. Elle prit le vêtement pour le sortir de son emballage, et le mit un peu en l'air afin de le déplier et de le voir dans son intégralité. La robe était magnifique. La coupe, les couleurs, le choix des tissus, la fermeture éclaire dans le dos, l'allure qu'elle dégageait. Elle adorait et en restait bouche bée un long moment. Un sourire s'afficha soudainement sur son visage, laissant échapper un rire. "Elle est..." Elle en perdait ses mots, regardant de très près le robe. "Elle est magnifique." Joanne regarda le bel homme. "Je l'aime beaucoup. Merci. Merci tout plein." dit-elle avec les yeux pleins de tendresse. Elle déposa délicatement la robe sur le lit, puis se jeta sur Jamie afin de l'embrasser. Dans l'élan, il bascula en arrière. Finalement, elle était à nouveau sur le lit. Elle lui fit un long baiser rempli d'amour et de douceur -sans forcément trop de sensualité, de peur qu'ils se fassent avoir sur le coup là. "Serait-ce un message pour que je doive me rendre plus présentable ?" dit-elle en riant. Elle ne pensait qu'il lui demanderait de s'habiller "mieux" ou autrement, elle cherchait simplement à le taquiner. "Tu le sais certainement déjà, mais j'aime beaucoup tes goûts." ajouta-t-elle d'une voix plus légère, sincère. "Tu verras si tu aimes toujours les miens quand tu verras ce que j'ai à t'offrir." ajouta-t-elle afin de le taquiner. "Mais ce ne sera pas aujourd'hui." Elle était incertaine sur beaucoup de choses, mais pour le coup là, une petite idée lui trottait déjà dans la tête, et ne comptait pas révéler quoi que ce soit avant le jour venu. Il aurait pu commencer à l'enlacer à faire ce qu'il voulait, Joanne dégagea les mains qu'il aurait pu poser sur elle. "J'ai failli oublier que je suis bannie." Puis elle se releva, rieuse, remit la robe dans le carton, comptant l'emmener avec elle quand elle repartirait de là, pour la montrer à Sophia. Mine de rien, elle quitta la chambre en jetant un coup d'oeil moqueur et malicieux sur l'homme qu'elle aimait, avant de descendre les escaliers, et rejoindre le chien qui l'accueillit chaleureusement. Elle se mit à parler à Ben "Il a dit : pas de lit pour moi." S'avançant davantage dans le salon, le chien la suivant à la trace, elle finit par s'asseoir par terre afin de câliner et jouer avec le chien, plus heureux que jamais. Il était décidément inépuisable.
La robe lui plaît, et l'expression sur le visage de Joanne suffit à me faire sourire. Je n'avais pas beaucoup de doutes quant à mon choix, vu le véritable coup de coeur que j'avais eu pour le vêtement, parvenant à immédiatement l'imaginer sur la silhouette blonde de la jeune femme. Néanmoins, on ne sait jamais ; être trop sûr de soi mène parfois droit dans le mur. Heureusement, ce n'était pas le cas, et la belle semble apprécier son cadeau, l'inspectant de très près. Comme je le lui avait dit, la robe n'a rien d'extravagant. Mais le textile est intéressant autant que la coupe est originale. La fermeture éclair longeant tout le dos de l'habit ajoute une touche de sensualité que Joanne n'a certainement pas noté. Elle ne le verra peut-être que le jour où elle aura l'occasion de la mettre. « Tant mieux si elle te plaît. » dis-je, satisfait. La jeune femme me prends par surprise, me renversant en arrière pour m'offrir un baiser de remerciement. Je ris face à son geste, avant de l'embrasser à mon tour tendrement, une main sur sa joue. « Tu n'as pas besoin de robes hors de prix pour être présentable, ne dis pas de bêtises. » je réponds en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle n'a pas l'intention de me donner la surprise qu'elle m'a réservé aujourd'hui. Elle a certainement compris que, même si je suis réfractaire aux cadeaux, j'ai tout de même une certaine hâte de savoir ce qu'elle me réserve. Je n'ai pas de doutes quant à la justesse de ses choix me concernant. Au final, elle me connaît bien, dans ce domaine. Avec sa force douce, Joanne m'empêche de poser les mains sur elle, faisant remarquer qu'elle n'a plus le droit d'être sur le lit. Je ris à nouveau, voyant mon jeu se retourner contre moi. Quel dommage. Je serais vraiment resté ainsi des heures. Mais je suis vaincu par la belle. Elle se relève, replie la robe et la range. Puis se dirige vers la porte de la chambre. « Où est-ce que tu... » Je me relève d'un coup, mais elle est déjà dans le couloir. Je garde la bouche entrouverte par la surprise alors que j'entends le bruit de ses pas dans l'escalier, persuadé qu'elle allait finir par revenir. Mais les minutes passent, et la jeune femme ne réapparaît pas. Je secoue négativement la tête, soupirant, un léger sourire aux lèvres. Je me suis vraiment fait avoir. Je sursaute légèrement lorsque j'entends mon téléphone vibrer sur la table de chevet. Je récupère l'appareil et suis obligé de légèrement plisser les yeux pour lire le nom de la personne m'appelant. Madison. Je prends l'appel, porte le téléphone à mon oreille et réponds tout en marchant dans la maison, allant dans le couloir puis descendant l'escalier jusqu'au salon où j'aperçois Joanne jouant avec Ben. « Allô ? … Très bien, et toi ? … Rien de particulier, je traîne chez moi … » J'omets volontairement la présence de Joanne à la maison afin de m'épargner une montagne de questions qui me retiendraient au téléphone plus longtemps. D'autant plus que la dernière fois que j'ai vu Maddy, la jeune femme et moi avions rompu pour des raisons que j'avais gardé secrètes. « Demain soir ? Oui, normalement, je suis libre … » Je suis loin d'avoir digéré le fait qu'elle ait embrassé Charlie, mais je suis bien incapable d'avoir la moindre rancune vis à vis d'elle. « Pas de problème, je passe te chercher alors. A demain, princesse. » A peine une minute de conversation. Je pose le téléphone sur la table basse, m'en défaisant immédiatement. Mon attention se reporte sur la jeune femme et le golden retriever. Elle n'a jamais été avare en caresses avec lui. Et lui s'est toujours mieux entendu avec elle qu'avec moi -quoi que depuis mon retour de l'hôpital, il se fait bien plus docile. « Je vais finir par être jaloux. » dis-je en croisant les bras, l'air contrarié, et trahi par le sourire qui anime le coin de mes lèvres. Quelques secondes, je les observe tendrement. Les voir ainsi, c'est le genre de scènes insignifiantes du quotidien qui me manquent pourtant énormément depuis des semaines. Ca, les soirées à flâner, les balades tous les trois de temps en temps, les dîners à quatre mains, même les fois où nous sommes chacun dans notre coin, rassurés par la présence l'un de l'autre sous le même toit. J'espère uniquement qu'elle reviendra bientôt. Je fais quelques pas vers eux et m'assied à mon tour par terre, face à Joanne et Ben dont je flatte le haut du crâne, derrière les oreilles. Vie de chien, tu parles. « Tu fais une otage vraiment très indisciplinée, tu sais. » je fais remarquer à la belle pour plaisanter. Après tout, elle a osé se rendre au rez-de-chaussée sans permission. « Est-ce qu'il y a quelque chose que tu veuilles faire ? Regarder un film, se balader sur l'esplanade… Ne rien faire du tout ? » C'est aussi une bonne option, après tout.
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Il lui fallut un certain temps avant de comprendre que Jamie était au téléphone, tout en descendant les escaliers. Ca aurait pu être une discussion des plus banales, si l'on ne souciait pas de quelques détails ommis dans la conversation qu'il avait avec cet homme. Ah non, apparemment, il s'agissait d'une femme, qu'il appelait princesse. A ce moment là, la belle blonde prenait énormément sur elle, faisant mine de porter toute son attention sur le chien. Les idées reçues allaient bon train et prenaient un franc plaisir à faire paniquer intérieurement leur hôte, qui s'imaginait déjà énormément de choses, au point de ne plus parvenir à croire les paroles de l'homme qu'elle aimait. Rien de particulier, il traînait chez lui. Oubliant grâcieusement qu'il avait un peu de compagnie, qu'il préférait dire qu'il était seul. Coïncidence ou pas, Joanne comptait lui faire une surprise le soir-là, mais ça tombait à l'eau, en toute apparence. Elle était habituée à prétendre que tout allait bien, à tout garder pour elle. Sauf qu'elle n'était pas douée pour le premier point, mais extrêmement coriace pour le deuxième. Quels genres d'idée pouvait-elle se faire en entendant cette conversation téléphonique ? Il était facile de deviner qu'il ne s'agissait rien de bon. Une femme avec qui il semblait proche. Une maîtresse, un canon de beauté avec qui il aimait partager son lit. La première personne qui lui vint à l'esprit était bien évidemment cette belle brune à la silhouette élancée, parfaite. Ou peut-être avait-il rencontré quelqu'un pendant son absence et qu'il se serait bien gardé de le lui dire. Qu'il prétendrait que ce n'est juste qu'une amie. Rien de plus. Elle le voyait bien venir comme ça. Ses doigts se mêlaient au poil du chien, appréciant chaque seconde de câlins. Il ne s'en lasserait jamais. Une autre réflexion lui venait doucement à l'esprit : avait-il ce comportement par vengeance, après avoir appris qu'un autre homme l'ait embrassé, et qu'un autre se la prétendait sienne ? Avait-il tellement de rancune ? Ses pensées furent interrompues par une phrase qui fit rire nerveusement la belle blonde. Un comble, étant donné la situation. Elle continuait malgré tout à caresser l'animal, pendant que Jamie vint s'installer à son tour à terre, face à Joanne. Il gardait toujours un ton très plaisantin, continuant avec innocence le jeu qu'ils avaient commencé à l'étage. Jamie proposa ensuite diverses activités qu'ils pourraient faire ensemble. Joanne avait besoin de longues secondes avant de remettre les pieds sur terre et de sourire très timidement à son interlocuteur. Elle se mit à réfléchir longuement à ses suggestions, ne faisant qu'un long "humm..." d'une voix à peine audible. Vraiment, elle faisait de son mieux pour oublier ces mauvaises idées qui s'étaient construites toutes seules dans son esprit, et qui tenaient la route, pour elle. "Je crois que je vais rentrer." dit-elle doucement. Joanne hésita pendant quelques secondes à se lever, puis s’exécuta. "Je reviens." Elle grimpa les escaliers afin d'enfiler le soutien-gorge et le haut qu'elle avait porté la veille, mit ses sandales, rangea ses affaires dans l'armoire, mettant sa toute nouvelle robe sur un cintre, afin de ne pas l'abîmer. Machinalement, elle le mit dans l'armoire, simple réflexe qu'elle avait acquis pour le peu de temps qu'elle avait vécu ici. Elle se sentait tellement mal à l'aise, et ne voulait absolument pas lui en parler. Elle aurait tellement voulu savoir qu'elle se faisait des idées, que c'était injustifié, qu'il n'y avait pas de raisons qu'il en aime une autre. Elle faisait de son mieux pour croire tout ses mots, toutes ses promesses. Elle savait que c'était vrai, mais ne parvenait plus à y croire à cet instant précis. Joanne descendait l'escalier, alors qu'il s'apprêtait à les remonter. Une fois au rez-de-chaussée, elle l'embrassa rapidement sur la joue.[color=#006699] "J'ai laissé la robe dans la penderie, je voulais pas l'abîmer avec le trajet."[/colo] Pas une excuse, la vérité. "Je... Je vais rentrer à pied,je..." J'ai besoin de prendre l'air. Elle ravala ses mots, ils avaient beaucoup trop gagné en signification. D'autre part, elle ne voulais pas qu'il finisse par croire qu'elle se portait mal. Tout allait bien, dans le meilleur des mondes. Bien qu'elle était mal à l'aise, Joanne se débrouillait pour lui sourire, d'être heureuse. "Merci pour hier et pour... tout le reste. C'était vraiment agréable de pouvoir... être ensemble." Ce dernier la laissait perplexe, et ses réflexions l'avaient mené à un point où il fallait en douter. D'un rire nerveux, elle ajouta. "Puisque tu es occupé demain soir, je suppose que ton cadeau d'anniversaire devra encore attendre un petit peu." Elle ne pensait pas à le faire culpabiliser ou quoi que ce soit. C'était une simple constatation, en toute innocence. La jeune femme se dirigea vers la porte d'entrée, où elle tint la poignée. "Passe une belle soirée avec ta... princesse. On se reverra vite, j'espère..." dit-elle avec un sourire, avec une très légère pointe de tristesse. Enfin, elle ouvrit cette fichue porte et commença sa marche pour la maison, sans regarder en arrière. Malgré elle les larmes coulaient derrière les lunettes de soleil qui avaient été dans son sac et qu'elle avait enfilé pendant sa marche. Princesse. Il ne l'avait jamais appelé comme ça, avant. A croire que cette fille avait vraiment quelque chose de spécial pour lui. S'il la préférait à elle, Joanne ne ferait que reprendre le même tableau que son divorce, préférant éviter les discussions inutiles à faire culpabiliser les deux partis. S'il y avait une chose pour laquelle elle était douée, c'était bien de se laisser marcher sur les pieds sans broncher.
Après un moment de réflexion, Joanne déclare qu'elle souhaite partir. Mon coeur rate un battement, ma respirations e coupe -je pariai même sur le fait que je pâlis. « Pardon ? » Je pose de grands yeux surpris sur elle, alors qu'elle n'y fait même pas attention et se dirige vers l'escalier. Je reste là, un moment, à ne rien comprendre. A me poser une montagne de questions sur ce qui peut la pousser à partir, ce que j'ai fait de mal, à moins qu'elle soit simplement lassée de ma présence. Je garde une main perdue entre les poils de Ben, le caressant complètement machinalement pensant que mes pensées se bousculent et font naître en moi, seconde après seconde, un élan de panique. Je saute finalement sur mes jambes, prêt à monter deux à deux les escaliers jusqu'à l'étage pour la rejoindre. Mais elle est déjà devant moi, rhabillée, ses affaires sous le bras, prête à partir. La gorge serrée, je ne trouve rien à dire ; ma bouche entrouverte cherche les sons à articuler, mais rien ne traverse mes lèvres. Je n'écoute pas vraiment ce qu'elle dit, focalisé sur l'expression de son visage et sa volonté de quitter la maison ainsi, soudainement et sans préavis. Je ne peux même pas proposer de la raccompagner ; elle anticiper la question et souhaite rentrer à pied. C'est une longue route depuis ici, ça n'a pas de sens. La jeune femme reste un temps soit peu souriante, mais je suis loin d'être idiot, et surtout, je la connais bien. Je ne dirais pas que je la connais par coeur, mais largement assez désormais pour savoir que quelque chose cloche. « Joanne… » Elle ne me laisse pas articuler quoi que ce soit, absorbée par des phrases toutes faites censées me faire croire que son attitude est parfaitement normale. Sauf que personne ne plie bagage aussi rapidement, sans raison, juste comme ça. C'est lorsqu'elle mentionne la soirée que je venais à l'instant de planifier pour demain que tout prend enfin un sens. En m'entendant au téléphone avec Madison, Joanne s'est monté la tête. Lorsque je veux lui demander d'attendre, il est trop tard ; elle a appuyé sur la poignée de la porte et s'est glissée dehors. Merde. Je reste choqué, sans réaction, pendant une poignée de secondes. Les battements assourdissants de mon coeur m'empêchent de réfléchir. Finalement, je sors à mon tour. Pour le quartier, je ne suis pas vraiment dans une tenue descente, mais à cet instant, c'est bien la dernière de mes préoccupations. La jeune femme n'est pas trop loin ; je n'ai besoin que de quelques foulées pour la rattraper. Ne répétant pas les mêmes erreurs que par le passé, j'attrape son poignet avec autant de douceur que possible afin qu'elle s'arrête et me poste devant elle pour qu'elle ne puisse plus faire un pas. « Joanne, s'il te plaît. Attends. Ecoute. » Je pose mon regard sur son visage et découvre des sillons humides sur ses joues, sous ses lunettes de soleil. Délicatement, je prends les branches de la monture et l'enlève de devant ses yeux. « Calmes-toi, mon ange... » je murmure en passant un pouce sur ses pommettes pour essuyer ses larmes, profondément désolé et triste de l'avoir mis dans cet état. Mes dents passent sur ma lèvre. Je ne peux pas la laisser partir comme ça, se faisant des idées, pleurant à cause de moi. Je me vois constamment incapable de maintenir toute la beauté des moments passés ensemble sans qu'un détail vienne tout faire basculer. Je soupire, cherchant mes mots. « Madison, avec qui j'étais au téléphone, est une amie de très longue date. » Notre amitié a plus de quinze ans maintenant, et n'est pas prête de s'éteindre. C'est le genre de nom qu'il faut accepter et inclure dans ma vie comme faisait partie de mon tout. Elle est arrivée pile au moment où je pensais n'avoir plus personne. Et quand elle avait besoin d'une aile sous laquelle se sentir protégée. « Je la connais depuis qu'elle a, quoi, 11 ans. » On peut dire que je l'ai vu grandir. Passer de fillette à jeune fille, puis à jeune femme. « Je l'ai connu juste après avoir perdu Oliver. » j'ajoute, sachant que cela peut suffire à faire comprendre l'importance de mon amie à mes yeux. « C'est une sœur pour moi. » Ce qui s'en rapproche le plus, en tout cas, malgré toute la jalousie qu'ont pu m'inspirer les relations qu'elle a pu avoir avec d'autres hommes. Possessif, j'ai toujours voulu être le seul dans sa vie. Aussi idiot cela soit, pour moi, elle m'appartenait. « C'est une des seules vraies amies que j'ai jamais eu. » Ce qui est d'autant plus vrai maintenant que je sais que Kelya n'a jamais vraiment existé en tant que tel. Tout ce temps, finalement, je n'ai pu compter que sur Madison pour le comprendre et m'accepter tel que j'étais, aussi vivant que mort. Je soupire à nouveau, doutant soudainement que ces explications servent à quoi que ce soit. Joanne peut me croire et quand même décider de continuer son chemin. Ou tout rejeter, et me dire d'aller me faire voir, moi et mes paroles dont elle pensera qu'elles ne sont prononcées que pour la rassurer. Pourtant, tout est vrai. Hésitant à toucher la jeune femme, songeant que chacun de mes gestes pourraient rappeler ceux que j'ai eu à l'hôpital en cherchant à la retenir, je garde simplement ma main sur sa joue afin de capter son regard. « Ne pars pas. S'il te plaît. » je demande, presque suppliant. Qu'elle ne parte pas de cette manière.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Elle marchait d'un pas léger et déterminé, perdue dans des pensées qui n'allaient certainement pas lui remonter le moral. Elle ressentait le besoin de s'aérer l'esprit, d'être seule pendant quelques heures avant de venir en parler à quelqu'un -et il s'agirait de Sophia, la question ne se posait même pas. Mais Joanne, depuis son divorce, avait toujours besoin de ces instants de solitude, aussi douloureux et destructeurs pouvaient-ils être pour elle. Pas d'éléments extérieurs pour la sortie de sa noyade, mais au moins, elle restait dans le calme. Elle avait passé énormément d'heures toutes seules dans son appartement. Les premiers temps, Sophia s'inquiétait énormément pour elle, l'incitait à sortir, alors que sa soeur la forçait à se rendre dans des lieux publics afin de faire des nouvelles rencontres. Sophia avait eu le don la sortir de son isolement en l'emmenant avec elle aux soirées organisés avec ses collègues. Mais là, elle ressentait réellement de repenser tout cela. Les bons moments, comme les mauvais, tout mettre à plat, analyser. Les mauvais moments étaient ceux qui prenaient le plus de place dans sa tête, répétant inlassablement les mêmes discours, repérant toujours ces petits détails à en crever son coeur, tout était là et bien mis en route pour la blesser. Quelques larmes devaient être coulées, mais elle savait que ça irait un petit peu mieux après cela. Elle connaissait ce cheminement par coeur, elle ne voyait pas pourquoi cela changerait tellement. Tout se serait passé normalement si une main ferme, mais étrangement délicatement, vint saisir sa poignet afin qu'elle se retourne et qu'elle soit face à son propriétaire. Joanne se figea, sans dire mot. Il voulait qu'elle reste, qu'elle lui laisse le temps de s'expliquer. Jamie avait bien évidemment noté les larmes qui avaient laissé leur marque sur ses joues blanches, et vint dégager de ses yeux sa paire de lunettes de soleil. De ses pouces, il ôta ces marques de tristesse, tout en voulant la rassurer à voix basse. Ses yeux humides et rougis ne le quittait pas une seule seconde, elle se sentait comme pétrifiée, sans forcément être en attente d'explications. Il était là, après tout. Elle avait bien noté que la situation le mettait mal à l'aise, presque autant qu'elle. Madison. Une amie de très longue date. Vraisemblablement arrivée dans sa vie quand il n'en avait le plus besoin. Il disait la voir comme une soeur, une de ses rares et véritables amies. Elle le croyait, et se sentait peut-être un petit peu bête de s'être emportée aussi facilement. Mais quand un problème s'effaçait, un autre venait de réinscrire juste par dessus, toujours à appuyer là où ça faisait mal. Joanne restait longuement silencieuse, déglutissant avec difficulté sa salive. "Pourquoi tu ne m'as jamais parlé d'elle, alors ? Si elle t'est si chère à tes yeux, si importante pour toi..." Depuis qu'ils se connaissaient, Joanne avait toujours ce petit ressenti qu'il ne la laissait jamais totalement entrer dans sa vie, à en faire partie. A ne pas le mentionner lors d'un simple coup de fil, à ne pas parler des personnes les plus proches de lui, à ne pas vouloir l'embarquer à des soirées pour le soulager un peu du poids de ses obligations. Il n'arrivait pas à partager verbalement ses sentiments, mais ça ne justifiait pas tout. Elle soupira, l'air triste et désolé. "Je te parle de tout, moi... Si ce n'est cette chose qui a abouti à un immense malheur. Mais tu connais très bien ma meilleure amie, ma famille, les amis les plus proches, mes collègues, ... comme mes expressions, mes mimiques, mes craintes, mes complexes, mes problèmes... Ce n'était jamais facile et pourtant, maintenant, tu sais pratiquement tout de moi." Elle n'osait plus vraiment le regarder à ce moment là. "Je sais qu'il y a des choses que tu n'arrives pas à dire, Jamie, je le sais très bien. Mais là, il s'agit de tes proches." Leur relation commençait à être stable et correcte, que de nouvelles interrogations surgissaient de partout, malgré eux. "Pourquoi ne me laisses-tu pas entièrement entrer dans ta vie ?" demanda-t-elle, les yeux toujours aussi mouillés et injectés de sang. C'était exactement le ressenti qu'elle avait. Un léger sentiment d'exclusion, parce qu'ils n'étaient pas du même monde, parce qu'apparemment, elle n'était pas en mesure de tout comprendre, leur personnalité si différente. Il lui demandait de ne pas partir. Joanne y songea, longuement. "J'ai...j'ai besoin d'être un petit peu seule." dit-elle d'une voix timide, hésitante. Elle savait très bien que Jamie serait déçu, mais elle osait tout de même espérer qu'il comprendrait un petit peu. "De... de marcher un peu et de... penser à beaucoup de choses." Joanne se doutait que ce qu'elle disait n'avait rien de rassurant, mais elle en ressentait toujours le besoin. D'un ton très sincère, plein de bonne volonté. "Mais je serais vraiment ravie si nous arrivons à déjeuner à nouveau ensemble cette semaine." Peut-être pas encore parler de nuit à nouveau ensemble, mais elle aimait beaucoup manger en sa compagnie. Elle appuya légèrement son visage contre la main qui s'était posée dessus. "Je t'aime, Jamie. N'en doute pas une seule seconde."Plus d'amour et de sincérité dans des paroles, ce n'était pas possible. Elle avait juste besoin de songer à ce surplus d'informations et d'émotions. Elle vint lui déposer un baiser tendre sur ses lèvres. "De tout mon coeur." Elle l'embrassa une nouvelle fois. "Prends bien soin de toi, surtout, mon amour. Profite bien de ta soirée avec... Madison, c'est ça ?" Elle préféra demander confirmation de son prénom, il fallait bien qu'il rentre dans sa mémoire. Joanne lui sourit tendrement, pour l'embrasser une dernière fois, tournant les talons. Des au revoir un petit plus supportables pour elle, en tout cas.
Joanne semble me croire sans opposer de doutes face à mes explications. Elle se contente de me demander pourquoi elle n'avait pas connaissance de l'existence de Madison jusqu'à présent. J'avoue que je n'ai pas d'excuse valable. « Je n'en sais rien, je n'en ai pas eu l'occasion je suppose. » dis-je en haussant les épaules, d'assez bonne foi pour qu'elle puisse voir que je n'ai jamais cherché à lui cacher quoi que ce soit. Je n'ai pas d'intérêt à dissimuler mon amie, pas même face à Joanne. Je n'ai aucune honte concernant mon entourage. « Réfléchis, Joanne. Tu en sais beaucoup plus à mon sujet que tu ne veux bien le croire. » je réponds à sa tirade plaintive, non sans une certaine fermeté dans la voix. Elle connaît ma famille dans sa totalité ; à Londres, et cela n'a rien apporté de bon pour elle, ainsi que les Beauregard, qui sont aussi nouveaux pour moi que pour elle. Elle a rencontré Lehyan, qui est mon ami le plus proche à Brisbane, et ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne croise Madison ou James -au fond, cela se résume à eux pour les plus proches. Malgré mes invitations à passer me voir au travail, elle n'a jamais posé un pied dans les locaux de la radio. Du reste, je n'ai jamais rien caché ; ni la mort d'Oliver, ni ma relation avec Kelya, ma peur panique à l'idée de fonder une famille. Il n'y a rien d'autre à savoir sur moi ; elle a toutes les cartes en main et refuse de le voir. Sans oublier le fait que, depuis que nous nous sommes retrouvés, je mets tout en œuvre pour m'ouvrir plus spontanément à elle. Et c'est un exercice difficile. Au final, Joanne fait de moi un mystère qui n'existe pas. Je ne comprends pas pourquoi. « Tu fais pleinement partie de ma vie. » dis-je avec toute la sincérité dont je peux m'armer pour qu'elle le comprenne. Après tout, ne lui ais-je pas déjà avoué qu'elle est au centre de mon univers ? La jeune femme a la mémoire aussi courte que sélective, à toujours oublier toutes les phrases empruntes d'amour que je lui offre pour préférer ne retenir que ma volonté de la tenir à l'écart des réceptions où je me rends. J'avoue que je ne sais plus quoi faire pour qu'elle ouvre les yeux. Je n'ai pas vraiment envie de me battre à ce sujet à cet instant. Parfois, j'en viens à me demander si tout ce que je mets en œuvre pour répondre à ses attentes a une quelconque utilité. Puisque, au final, elle ne semble pas les voir, rien n'est jamais suffisant -et je dois toujours plus prendre sur moi son aveuglement en plus de mes efforts. Joanne préfère partir tout de même. Je ne cherche même pas à dissimuler une déception généralisée. Je me force un petit sourire en acquiesçant à sa proposition de déjeuner à nouveau ensemble pendant la semaine à venir -sans grande conviction, puisqu'elle s'annonce chargée. Je caresse doucement sa joue de mon pouce, visiblement autant peiné par son départ précipité que par ses précédentes paroles. Elle ne veut pas que je doute de son amour. Et je n'en doute pas. Est-ce qu'elle peut en dire autant ? J'appose doucement mes lèvres aux siennes, profitant de ce contact tendre servant d'au revoir plus supportable. « Je t'aime aussi. » je murmure entre deux baisers. J'opine silencieusement, souriant légèrement. Madison, oui. Un dernier baiser, et Joanne file. Je n'ai plus qu'à rentrer. A l'intérieur, je garde longuement la main serrée autour de la poignée, les yeux fermés, ravalant ma contrariété. J'ignore Ben, n'était pas vraiment d'humeur à lui adresser des caresses supplémentaires. Au bout de quelques minutes, j'attrape mon téléphone et appelle la fratrie de cousins pour les inviter à passer à la maison. Si Joanne a besoin de solitude, pour ma part, c'est une sensation que je ne supporte plus.