Wallumbilla. Le genre de boui-boui perdu sur le bord d’une route comme l’Australie en comptait des centaines, et dont la population se découpait en deux grandes catégories : ceux qui refusaient catégoriquement d’en sortir, et ceux qui refusaient catégoriquement de moisir ici éternellement. S’ils avaient eu accès à wikipedia Tommy aurait pu énoncer que la ville – si l’on pouvait l’appeler ainsi – comptait moins de quatre-cent habitants, et que la seule ligne de chemin de fer qui y passait était à l’abandon depuis bien longtemps. Un peu après Chinchilla Love et Tommy avaient trouvé une bonne âme pour les prendre en stop et les avancer un peu, malheureusement pour eux dix-neuf heures était arrivé bien trop vite et la balise de la course leur avait arraché un grommellement de frustration tandis qu’ils se retrouvaient déposés sur le bas-côté de la route. Comment allaient-ils trouver où dormir dans un endroit pareil ? Le brun avait encore des courbatures de la nuit précédente passée sous la tente, et Love autant que lui rêvaient d’une douche.

Mais avant de penser à trouver un toit, l’un et l’autre avaient surtout besoin de soulager leur vessie, et dans leur malheur la voiture qui les avait transportés les avait arrêtés à quelques minutes de marche seulement de la station-service du coin. Pas que Tommy n’ait vraiment rechigné à l’idée de se soulager sur le bord de la route, mais Love espérait de son côté un peu mieux que de devoir s’accroupir derrière un bosquet desséché et il ne lui jetait pas la pierre. Trop heureux d’avoir un peu de visite, le propriétaire de la station n’avait pas fait le difficile et accepté de leur donner l’accès aux toilettes contre l’achat d’une bouteille d’eau, et après se l’être partagés Love et Tommy s’étaient séparés le temps de faire leur affaire pendant que Bob le cameraman s’en allait griller une cigarette un peu plus loin – lui avait le droit à ses cigarettes, visiblement.

Le brun en était à défaire sa braguette lorsqu’un autre homme était entré dans les toilettes, et si lors du départ il n’avait pas eu le temps de retenir son visage le sac à dos aux couleurs de la course qu’il portait sur son dos ne laissait aucun doute quant au fait qu’il s’agissait d’un autre concurrent. « J’te sers pas la pince, j’ai les mains prises. » avait-il commenté avec un brin d’amusement, pas du tout dérangé par l’idée de faire la conversation face à un urinoir. Les occasions de pouvoir échanger trois mois sans une caméra à proximité étaient bien trop rares pour s’en priver. « Coincés là pour la nuit, vous aussi ? » Probablement que oui. Parce qu’il n’avait déjà pas retenu le visage du candidat il était en tout cas bien évident que Tommy n’avait pas plus retenu celui de son ou sa binôme, mais si le lendemain il n’y aurait pas de quartier pour être les premiers à dégoter une voiture, pour l’heure il n’était pas mécontent de croiser des concurrents.

@EZRA BEAUREGARD & @MAY GLITTERS

Les journées d’aventure se suivaient mais ne se ressemblaient pas. Si le premier soir en direction de Charleville, Eve et Ezra avaient eu la chance de trouver un toit et un repas chaud chez l’habitant, tous les soirs n’avaient pas été de cet ordre là par la suite. Ils avaient eu différentes galères, et se retrouver coincés à une station service pendant la nuit commençait à prendre le devant sur le reste, et à remonter sur leur liste de galères. Il ne voulait pas qu’elle s’allonge de nouveau, cette liste de galères, mais Ezra était quelque peu désespéré de pouvoir trouver un endroit où passer la nuit alors que seul le désert semblait pouvoir les accueillir aux alentours. Mais avant de s’arrêter avec précisions que ces choses là, il se devait de faire une petite vidange de rien du tout - et pour une fois, pas celle de la voiture. Après avoir indiqué à Eve qu’il partait se réfugier dans la salle de bain pour un instant, il lâcha l’un des deux caméraman - il avait encore oublié son prénom et les confondait tous les deux de toutes façons - et se dirigea vers les toilettes de la station service. Le néon n’éclairait pas au mieux la pièce, mais Ezra ne put passer à côté du fait qu’il n’était pas seul lorsqu’il entra. Et surtout, la lumière était assez conséquente pour que les couleurs du sac à dos de l’autre personne présente sautent aux yeux du Beauregard. Il était en présence d’un membre d’une autre équipe de l’émission - à croire que même sur les moments de pause, il ne pouvait être seul sans le moindre signe lui rappelant dans quoi il s’était lancé. Après un bref soupire presque inaudible, Ezra vint se planter devant l’un des urinoirs. « J’te sers pas la pince, j’ai les mains prises. » Abaissant sa braguette, Ezra vint avoir un petit rire. « Pas de soucis, je te retourne tes paroles. » C’était quelque chose qui pouvait paraître étrange pour une femme, les discussions aux urinoirs, mais qui déblaient être presque normales pour les hommes. Ezra avait toujours trouvé ça amusant, en tous cas. « Coincés là pour la nuit, vous aussi ? » Laissant un soupire las cette fois ci se faire entendre, le jeune homme vint hausser les épaules. « Ouais. » Il vint commencer à ressentir l’effet de soulagement que de se décharger la vessie. « On aurait voulu faire au moins 50 à 60 kilomètres de plus ce soir mais le chauffeur sur lequel on est tombés était pas chaud à nous pousser plus loin - meme si c’était sur sa route. Je t’avoue que ça m’a un peu saoulé. Et vous alors ? »

@Tommy Warren

Le jugement qu’il portait sur l’endroit où Love, Bob-qui-s’appelait-Jimmy et lui s’étaient échoués ne tenait pour l’heure en rien d’autres que la montagne de clichés véhiculés par les dizaines de pseudos patelins par lesquels ils étaient passés depuis le début de la semaine, et qui faisait se confirmer l’impression de Tommy qu’une fois enfoncés dans le bush australien absolument tout se ressemblait. Les arbustes desséchés par le climat, la poussière qui vous laissait un arrière-goût âcre sur la langue, l’accueil méfiant des habitants qui vous jaugeait des pieds à la tête comme si vous débarquiez d’une autre planète … Ils étaient toujours en Australie et malgré tout parfois Tommy avait l’impression de ne pas être dans son élément, et pour une fois cela n’avait rien à voir avec sa maladresse relationnelle. Pour cette raison, là où la présence d’une équipe concurrente dans les environs aurait pu être une mauvaise nouvelle Tommy avait lui l’impression de croiser un visage familier … et ce alors même que l’homme qui venait de rentrer était un parfait inconnu. C’est que Love et lui n’avaient pas croisé grand-monde depuis le début de la semaine, au point de s’en inquiéter un peu d’ailleurs. Fort heureusement, le nouveau venu avait opté pour lui répondre « Pas de soucis, je te retourne tes paroles. » du même ton sympathique, et il n’en fallait pas plus pour satisfaire Tommy en cet instant. Bien que la question de savoir s’ils étaient eux aussi coincés ici jusqu’au lendemain était un peu rhétorique – la balise ne leur avait pas laissé le choix, après tout – le bonhomme avait répondu de bon cœur, malgré un apparent dépit quant à la situation. « Ouais. On aurait voulu faire au moins 50 à 60 kilomètres de plus ce soir mais le chauffeur sur lequel on est tombés était pas chaud à nous pousser plus loin – même si c’était sur sa route. Je t’avoue que ça m’a un peu saoulé. » Drôle de raisonnement que de laisser trois personnes sur le bord de la route à mi-chemin quand personne n’avait obligé le conducteur à les faire monter en premier lieu, et pour cette raison Tommy lui avait offert une moue compatissante. « Et vous alors ? » Terminant son affaire, le brun avait dodeliné la tête avant de répondre « On était partis pour aller jusqu’à Roma, on avait réussi à dégoter un camion de marchandises pour nous y emmener. Mais le gars avait des livraisons sur le trajet et ça a pris plus de temps que prévu … On a été obligés de descendre quand la balise a sonné. » Une frustration, car les perspectives de dîner et de logement auraient probablement été plus variées à Roma que dans ce trou perdu. Vu le prix des sandwichs triangles dans cette station-service Tommy espérait bien qu’ils trouvent à se débrouiller autrement, sans quoi tous leurs dollars du jour et de la veille y passeraient. « Le conducteur arrêtait pas de reluquer ma binôme cela dit … Je sais pas ce qu’il avait en tête une fois arrivés à Roma, mais j’me dis que c’est peut-être pas plus mal qu’on s’en soit débarrassés avant. » Grimaçant légèrement, il avait bifurqué jusqu’à l’évier pour s’y laver les mains. L’eau était chaude, ils ne pourraient même pas y remplir leurs bouteilles d’eau, et ce n’était probablement même pas un hasard. « Je m’appelle Tommy. » avait-il finalement repris, réalisant qu’il aurait peut-être dû commencer par là.

@EZRA BEAUREGARD

Il fallait dire que croiser d'autres personnes lors de cette aventure pouvait être une bonne chose. Même si les deux aventuriers étaient flanqués de deux caméramen et de leur infirmier attitré, ils pouvaient parfois rapidement ressentir l'impression d'être quelque peu seuls. Ce n'était pas vrai, mais c'était un ressenti qu'en moins d'une semaine, Ezra avait déjà eu l'impression de ressentir. Au moins, ce soit, ils auraient rencontré du monde nouveau et pourraient avoir des conversations différentes - même si c'était autour d'un urinoir. Ezra vint alors expliquer au jeune homme à ses côtés qu'ils se retrouvaient à cette station essence vraiment pas dépit, étant donné que leur chauffeur n'avait pas voulu les emmener plus loin que ce point là, malgré toute la bonne énergie et la politesse que Eve et lui avaient mis dans la négociation. Apparemment, passer à la télévision n'attirait plus autant les gens de nos jours. Finalement, il retourna la question au brun. « On était partis pour aller jusqu’à Roma, on avait réussi à dégoter un camion de marchandises pour nous y emmener. Mais le gars avait des livraisons sur le trajet et ça a pris plus de temps que prévu … On a été obligés de descendre quand la balise a sonné. » Dégainant une petite moue, Ezra vint hocher la tête. Le retentissement de la balise était leur plus grosse peur - à peine exagéré - étant donné que c'était le signal que toute course devait être interrompue pour la journée. Même si vous étiez en bon chemin, même si vous aviez trouvé la personne prête à vous emmener jusqu'au point de destination finale, il fallait couper les moteurs et mettre pied à terre pour la nuit. « Le conducteur arrêtait pas de reluquer ma binôme cela dit … Je sais pas ce qu’il avait en tête une fois arrivés à Roma, mais j’me dis que c’est peut-être pas plus mal qu’on s’en soit débarrassés avant. » Le jeune homme vint alors davantage tourner la tête vers le brun, haussant un sourcil un brin trop haut sur son visage. Les quelques paroles qu'il venait de prononcer pouvaient donner la chair de poule à entendre. « Vous avez surement bien fait de descendre du véhicule alors oui. » Remontant sa braguette, il vint appuyer sur la chasse d'eau avant de se diriger à son tour vers les lavabos. « Même s'il devait pas avoir inventé le fil à couper l'eau chaude, étant donné qu'avoir des arrières pensées comme ça avec des caméras braqués sur lui... » Il fallait être sacrément abruti pour tenter quelque-chose de déviant dans ces conditions là. « Je m’appelle Tommy. » Venant rapidement s'essuyer les mains, Ezra put enfin tendre une des siennes en direction du jeune homme, dénommé donc Tommy, alors qu'il venait tirer un petit sourire. « Ezra, content de te rencontrer. » Parce-que c'était vrai, parce-que c'était souvent et toujours le cas avec Ezra - sauf quand le mec devant lui en question en méritait une bien placé à l'intersection de ses deux jambes pour avoir été un connard; il n'avait pas le recul nécessaire concernant Tommy pour se permettre de penser quelque-chose de pareil. « Vous avez eu le temps de faire du repérage des lieux un peu ou pas du tout encore ? J'ai cru voir qu'il y avait une table de pique-nique dehors, peut-être qu'on pourrait s'y installer au moins pour le début de soirée ? » Parce-qu'ils n'avaient pas à faire de la rétention d'informations au milieu du désert et que de toutes façons, ils étaient coincés ici jusqu'au lever du soleil. La course folle pourrait reprendre dès le lendemain sans soucis, mais ils avaient tous les quatre pour le coup droit de s'accorder un temps pour souffler.

@Tommy Warren

D’être tous serrés comme des sardines dans la cabine de conduite du routier les avait empêchés d’échanger librement durant toute la durée du trajet, mais à la seconde où Love, leur caméraman et lui étaient descendus du véhicule après la sentence irrévocable de leur balise il était devenu clair que tous étaient satisfaits de s’être débarrassés plus tôt que prévu de leur encombrant chauffeur. Encombrant et surtout affamé, si l’on en jugeait par les regards qu’il avait lancé dans la direction de Love tout le long du trajet, et les sous-entendus à peine voilés qu’il avait plusieurs fois placé dans la conversation. « Vous avez surement bien fait de descendre du véhicule alors oui. » avait de son côté confirmé Ezra après avoir terminé son affaire, allant pour se laver les mains après que Tommy lui ait dressé un portrait succin du personnage. « Même s'il devait pas avoir inventé le fil à couper l'eau chaude, étant donné qu'avoir des arrière-pensées comme ça avec des caméras braqués sur lui ... » Ce n’était pas des plus malins, certes. Mais grimaçant légèrement le brun avait dodeliné la tête et fait remarquer « Ouais, mais j’ai comme l’impression que les caméras étaient tout sauf un rebutoir à ses yeux, tu vois … » et au fond c’était un peu le risque quand on se lançait dans l’auto-stop, émission de télévision ou non … On croisait toutes sortes de tarés le long des routes. Demandez au Backpackers Killer.

Ayant tous les deux les mains enfin libre le Warren en avait enfin profité pour se présenter, histoire de faire les choses à peu près bien à défaut de les avoir fait dans l’ordre, et lui offrant un sourire l’autre candidat avait répondu « Ezra, content de te rencontrer. » en lui serrant la main. « Vous avez eu le temps de faire du repérage des lieux un peu ou pas du tout encore ? J'ai cru voir qu'il y avait une table de pique-nique dehors, peut-être qu'on pourrait s'y installer au moins pour le début de soirée ? » Se retenant de justesse de faire remarquer que vu le trou paumé dans lequel ils se trouvaient, faire le repérage des lieux ne prendrait pas plus de quelques secondes tout au plus, Tommy avait simplement secoué la tête « Non pas encore, juste le temps de débarquer ici et d’acheter une bouteille d’eau au mec à la caisse. Vu son empressement à nous la vendre, j’crois bien qu’il ne doit pas avoir souvent des clients. » A se demander comment il parvenait à rester ouvert … Mais en même temps les loyers ne devaient pas non plus valoir grand-chose dans un trou pareil. « Mais on peut se poser un peu ouais, et voir ce qu’on fait ensuite. On aura peut-être moins de mal à se trouver un endroit où crécher à quatre vu le peu de baraques qu’il doit y avoir dans le coin … Tu penses que c’est autorisé ? » On ne leur avait, si les souvenirs de Tommy étaient corrects, rien dit à ce sujet … Et du point de vue du brun, tout ce qui n’était pas explicitement interdit devenait par conséquent autorisé. « On a dormi à la belle étoile hier, avait-il finalement repris, j’avoue que je serais pas contre un matelas ce soir. » Au cas où il en aurait douté, la douleur dans ses omoplates s’était chargée de le lui confirmer : il était devenu bien trop vieux pour dormir par terre.

« Ouais, mais j’ai comme l’impression que les caméras étaient tout sauf un rebutoir à ses yeux, tu vois … » Un rire, amer, vint s’échapper d’entre les lèvres d’Ezra. Il y avait vraiment des personnes de la pire espèce sur cette planète, et ce n’était jamais réellement l’un de ses plaisirs inavoués d’en croiser un. « J’insiste sur le fait que vous avez bien fait de descendre, alors. » Il vint hocher de la tête par deux fois à la suite, insistant ainsi un brin sur ses mots, sur de ce qu’il avançait. Ils étaient tous présents dans cette émission pour passer un bon moment et repousser leurs limites - mais pas pour que tout ceci vire au cauchemar en un claquement de doigts.

Finalement, leur sujet de conversation dévia vers quelque-chose de bien plus léger, et les deux jeunes hommes se présentèrent l’un à l’autre de façon officielle. Etant arrivés après l’autre binôme, Ezra vint demander, par curiosité, si Tommy et sa partenaire avaient réussi à déjà trouver un coin presque accueillant pour passer la nuit. La petite pompe à essence ne semblait pas être munie d’endroits cachés, mais le Beauregard n’avait pas réellement eu le temps de jeter un véritable coup d’oeil alors, qui savait. « Non pas encore, juste le temps de débarquer ici et d’acheter une bouteille d’eau au mec à la caisse. Vu son empressement à nous la vendre, j’crois bien qu’il ne doit pas avoir souvent des clients. » Ceci ne représentait pas, aux yeux d’Ezra, de réelles bonnes nouvelles.

« Mais on peut se poser un peu ouais, et voir ce qu’on fait ensuite. On aura peut-être moins de mal à se trouver un endroit où crécher à quatre vu le peu de baraques qu’il doit y avoir dans le coin … Tu penses que c’est autorisé ? » Fronçant quelque peu le bout du nez, Ezra vint hausser les épaules de façon nonchalante. Il ne se souvenait pas avoir entendu la moindre règle à ce propos là, ou le moindre détail sur le fait de se donner un coup de main entre binômes. « Je pense que du moment où on va pas trop loin pour respecter le fait que la course soit arrêtée pour la nuit, ça devrait être bon. » Car si la station essence ne semblait pas tant accueillante, Tommy venait de lui dire que quelques maisons se trouvaient non-loin de là. « On a dormi à la belle étoile hier. J’avoue que je serais pas contre un matelas ce soir. » Le Beauregard hocha la tête, se dirigeant déjà vers la sortie des toilettes. « Pareil de notre côté, et la vache j’ai plus vingt ans. »

Il avait le rire aux lèvres et la bonne humeur retrouvée lorsqu’il sortit donc du petit coin… mais ça, c’était avant de tomber nez-à-nez avec sa partenaire à lui, qui l’attendait les bras croisés sur sa poitrine. Il était dans la merde. « Pire qu’une fille, ta pause pipi. » Oh, qu’elle savait être charmante, Eve. La jeune femme vint étirer un faux sourire en direction de Tommy - qui comprenait autant ce qu’il se passait qu’Ezra, c’est-à-dire pas grand chose -, avant de venir tirer sur la manche de son compagnon d’aventure. « Faut pas qu’on traine trop, on a du pain sur la planche. » « Justement, on en discutait avec Tommy et… » « Avec Tommy ? C’est avec moi qu’il faut en discuter, Ezra, pour qu’on puisse avancer en binôme. » Ce n’était donc pas la production qui allait empêcher Ezra de trouver un logement pour la nuit avec Tommy et sa partenaire, mais bien son propre binôme. Il n’avait pas vu les choses comme ça.

@Tommy Warren

S’il avait tant bien que mal essayé de retenir toutes les règles dont les avaient abreuvés les organisateurs de la course avant le top départ, des plus évidentes à celles pour lesquelles Tommy ne se serait même pas posé la question de sa propre initiative, le brun devait bien avouer que certaines des instructions étaient rentrées par un côté sans réussir à s’imprimer, et donc aussitôt ressorties du côté opposé. C’est donc bien sans aucune idée de la réponse qu’il s’était questionné à voix-haute sur la possibilité d’une alliance pour se lancer dans la recherche d’un toit pour la nuit, plus préoccupé par le désir d’épargner à ses articulations une seconde sieste à même le sol à espérer que la moustiquaire ne laisse rien passer de létal, que par la possibilité de se faire taper sur les doigts par un membre de la production à la ligne d’arrivée. « Pareil de notre côté, et la vache j’ai plus vingt ans. » Laissant échapper un rire et un regard qui valait tous les « à qui le dis-tu » du monde, il avait emboité le pas d’Ezra hors des toilettes et ajouté d’un ton persuadé « De toute façon si on n’a pas le droit je suppose que nos cameramen nous le diront. » Ils n’étaient pas très causants tant que leur caméra était allumée, mais Bob retrouvait généralement la parole – et un goût prononcé pour le crapotage – dès qu’il ne tournait plus, et dans l’entre-deux il était toujours capable de faire les gros yeux.

Forts de cette idée qui leur semblait être du génie, les deux hommes avaient alors été rejoints par celle avec qui Ezra concourrait, laquelle avait à peine jeté un regard à Tommy au moment de railler « Pire qu’une fille, ta pause pipi. » à l’attention de son équipier. « Faut pas qu’on traine trop, on a du pain sur la planche. » Bon, au jeu de l’amabilité Tommy avait visiblement eu plus de chance qu’Ezra en terme de partenaire, mais ne semblant plus s’en émouvoir Ezra avait répondu l’air de rien « Justement, on en discutait avec Tommy et … » avant que la blonde au nez pointu ne lui coupe la parole. « Avec Tommy ? C’est avec moi qu’il faut en discuter, Ezra, pour qu’on puisse avancer en binôme. » Un peu estomaqué de la manière dont elle semblait décidée à faire comme si le Tommy en question ne se trouvait pas juste en face d’elle, ce dernier avait arqué un sourcil et commenté « Bonsoir, enchanté moi aussi. » d’un ton un peu las. Puis, ignorant à son tour la présence de la jeune femme, il avait ajouté à l’intention d’Ezra « Love doit m’attendre dehors. À demain, je suppose ? » Une fois la ligne d’arrivée passée. Et pour l’heure dépassant Ezra pour prendre la direction de la sortie, il avait attendu d’être à sa hauteur pour marmonner entre ses deux un « Bon courage. » compatissant qui, on s’en doutait, n’avait pas tant à voir avec la course qu’avec la personne avec qui il courrait.