| today you'll get to see another side of me (joanne) |
| | (#)Mar 16 Juin 2020 - 16:14 | |
| En quelques jours, ta vie avait changé du tout au tout. C’était un peu comme si une tempête avait tout ravagé sur son passage te laissant seulement les dégâts à réparer. Tommy avait déposé Moïra chez toi le dimanche soir comme il te l’avait annoncé dans la dernière conversation que vous aviez eue. A vraie dire, tu avais douté jusqu’au dernier moment que ta nièce vienne habiter avec toi pendant quelques semaines. Quand Tommy t’avait demandé s’il pouvait te la laisser, tu avais vraiment cru à une blague. Mais quand tu t’étais rendu compte qu’il était sérieux, tu avais accepté tout en faisant ton possible pour ne pas être trop heureux de voir Moïra venir dormir dans cette chambre que tu n’avais tenu à avoir que pour qu’elle y dorme dedans de temps en temps. La séparation entre le père et la fille avaient été difficiles mais tu n’avais rien forcé. Tu avais laissé le temps à l’un et à l’autre de se dire au revoir. Tu ne savais pas si Tommy serait autorisé à vous contacter pendant cette aventure, lui non plus ne semblait pas très clair à ce sujet mais cette fois-ci, il pouvait être certain que tu lui passeras sa fille. La soirée en compagnie de ta nièce avait été morose mais elle avait un peu retrouvé le sourire le lendemain quand elle avait pu appeler son père tôt le matin avant qu’il ne commence son aventure à Brisbane apparemment. Moïra t’avait expliqué en détail ce en quoi consistait cette course dont tu avais déjà une petite idée vu que Colleen t’en avait parlé la veille. Quand la jeune femme t’avait parlé de cette aventure dans laquelle Lou l’avait engagée, tu n’avais pu t’empêcher de te figer. La crise de panique n’avait pas été bien loin car il ne t’avait fallu que quelques secondes pour faire le lien. Colleen et Tommy dans la même émission de télé-réalité. Une émission qui se jouait par binôme et où il fallait faire face à toutes sortes de situation. Il était évident que la jolie brune ne s’était pas attendue à ta réaction légèrement froide et tu l’avais un peu blessée mais tu avais fini par reprendre tes esprits et lui expliquer. Tu comprenais tout à fait que Colleen avait besoin de vivre les aventures qu’elle n’avait pas pu vivre dans sa jeunesse. Son besoin d’indépendance et son émancipation étaient deux choses qui étaient sorties de vos discussions. Alors tu ne pouvais pas lui en vouloir, pas vraiment mais … Cette aventure elle allait la vivre avec Tommy. Et une seule pensée hantait ton esprit depuis l’anniversaire de Colleen : et si l’histoire devait se répéter ? Si tu écoutais ton cerveau, tu savais qu’il n’y avait pas de raisons que l’histoire se répète. Alice et Colleen étaient deux femmes différentes, tu ne les avais pas rencontrées au même moment de ta vie et … Les choses étaient juste différentes cette fois. Mais il y avait aussi la partie moins rationnelle de ton cerveau qui imaginait Colleen rencontrer Tommy et qui le préférait encore une fois. Tu n’arrivais pas à faire sortir cette image de ton esprit et c’était un problème. La veille, tu t’étais brûlé en préparant le repas à Moïra alors qu’elle faisait ses devoirs sur le comptoir de la cuisine. Ta nièce avait été effarée et s’était précipitée pour chercher le kit des premiers secours. Elle t’avait ensuite demandée ce qui te préoccupait mais tu avais trouvé une excuse qu’elle n’avait pas du tout avalée. Elle allait revenir à la charge, tu le savais mais elle avait accepté de te laisser encore un peu de temps avant de lancer la prochaine attaque. Tu l’avais aidée à terminer ses devoirs et vous aviez mangé tous les deux. Margot résidait toujours dans ton appartement mais dormait désormais sur le canapé le temps que Moïra était là. La jeune femme n’était pas souvent au loft de toute manière, occupée à se trouver un emploi et faire de nouvelles rencontres. La vérité était que tu ne savais pas trop mais tu n’avais pas la tête à ça en ce moment, pas vraiment. Tu devras mettre à plat un certain nombre de choses avec Margot mais pas maintenant.
Tu étais incapable de dire depuis combien de temps tu étais installé à ton bureau en train de corriger des devoirs. Enfin, en train d’essayer de corriger tes devoirs. Ton esprit était ailleurs et la main que tu passais sans cesse dans tes cheveux en était la preuve. Moïra était au collège et enchaînait avec une activité ensuite, tu avais encore quelques heures avant de la récupérer et donc quelques heures encore à occuper avant que ta nièce n’accapare toute ton attention pour la fin de la soirée. Tu te surpris à fermer les yeux, sentant la fatigue te guetter car tu ne dormais plus vraiment bien ces derniers temps mais à peine fermais-tu tes paupières que Tommy et Colleen t’apparaissaient, souriants et enlacés, exactement comme la photo de mariage de Tommy et Alice que ta mère gardait précieusement et t’avait montrée sans cesse à une époque. Tu retins un haut le coeur et te contentais d’ouvrir les yeux avant de soupirer. Des coups frappés à ta porte te firent sursauter et tu allais ouvrir. Quand tu vis qui se trouvait derrière, tu fronçais les sourcils : « Joanne ? Qu’est-ce que … ? » Tes mots se retrouvèrent coincés dans ta gorge alors que soudain, tu te souvenais du rendez-vous que tu avais pris avec Joanne quelques jour plus tôt, avant que toute cette histoire ne vienne tout changer. Il était pourtant inscrit dans ton agenda mais tu n’avais même pas pensé à le regarder. Tu avais donné tes cours aujourd’hui ce que tu trouvais être déjà une grande épreuve. « Excuse-moi, je … entre je t’en prie. » Tu te décalais pour la laisser entrer avant de lui demander : « Tu veux boire quelque chose ? » C’était la moindre des choses après avoir oublié votre rendez-vous. De mémoire, tu lui avais envoyé tous les documents promis, peut-être avait-elle eu des nouvelles de son côté ? « Tu as du nouveau pour ta thèse ? » Lui demandas-tu curieux, ne remarquant pas tes cheveux en bataille ou ta cravate défaite, deux signes que tu n’étais pas dans ton assiette, toi qui accordais tant d’importance à être toujours impeccable et irréprochable.
@Joanne Keynes |
| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 16:42 | |
| TODAY YOU'LL GET TO SEE ANOTHER SIDE OF ME | |
Toute bonne frileuse qu'elle était, Joanne adorait ressortir ses gilets épais dès que l'hiver en Australie pointait le bout de son nez. Pourtant les températures étaient loin de frôler les valeurs négatives, mais c'était déjà un petit peu trop frais pour elle. La période idéale où elle aurait adoré se blottir contre Jamie, profiter de sa propre chaleur dans un moment de tendresse qu'ils auraient aimé tous les deux. Mais il était venu un stade où la petite blonde ne savait même plus comment s'y prendre avec lui. Quelques brefs échanges, des sourires bien vagues. En revanche, ils continuaient de maîtriser à la perfection la création de l'illusion d'une famille unie en présence de leurs enfants. Elle pensait toujours à eux, à se demander s'ils étaient heureux, à quel point leur vie allait être impactée selon ce que ses parents allaient décider dans les mois à venir. Ca la rendait triste, malheureuse. Et il y avait tout ce lot d'appréhension qui était enchaîné à ses réflexion. Tous ces et si qu'elle supposait tout en cherchant derrière les solutions qu'elle pourrait avoir. Cela avait du bon, d'être prévoyante. Mais cet atout combiné avec un tempérament comme celui de la petite blonde décuplait le pouvoir anxiogène de ses craintes. Ce qui la questionnait le plus dernièrement était de savoir comment approcher Jamie à nouveau, comment s'accorder un moment pour en discuter plus ou moins posément, sérieusement, à trouver ce qui étaient le mieux pour chacun des membres formant une famille pour laquelle ils avaient placé énormément d'efforts. D'ici peu, le reste de sa vie allait être défini par de grandes décisions, dont l'une ne dépendait plus vraiment d'elle. L'attente était interminable, mais ses journées très remplies permettaient de faire passer le temps un petit peu plus vite. Retrouver Marius pour discuter de quelques points du programme du prochain semestre faisait partie de ces petits événements qui convenaient ponctuer ses semaines et avoir un peu moins la tête dans le guidon pendant quelques dizaines de minutes. Le regard surpris de son mentor lorsque celui-ci ouvrit la porte laissa perplexe Joanne. "C'était pourtant bien aujourd'hui que je devais passer, non ?" lui demanda-t-elle alors, venant quand même vérifier ce qu'elle avait noté dans l'agenda installé sur son smartphone. La date était exacte, l'heure aussi. Marius n'était pas du genre à oublier ses rendez-vous, malgré son emploi du temps de ministre. La blonde lui sourit avec sympathie et il l'invitait finalement à entrer dans son bureau. Il semblait perturbé, comme s'il avait la tête ailleurs que dans ses cours et ses impératifs, ce qui était bien suffisant pour en inquiéter Joanne. Silencieuse, elle l'observait. Il semblait nerveux, peu serein, comme si une constante de son quotidien était soudainement déstabilisée. Pourtant, il en fallait vraiment beaucoup pour ébranler le professeur. Et quand bien même, il l'aurait caché avec brio jusqu'à ce que la situation revienne à la normale. Mais rien de tout ça, aujourd'hui. Il n'y avait rien de plus perturbant pour Joanne que de voir une figure forte et imperturbable de son entourage être ainsi en déroute. Ca aussi, c'était anxiogène pour elle. "Non merci, ça ira. Ne t'embête pas avec ça." lui répondit-elle lorsqu'il lui proposa une boisson. Les yeux rivés sur lui, Joanne restait debout un moment, toujours à le regarder. Il lui demandait finalement des nouvelles de son doctorat. Elle secoua négativement la tête. "Rien encore, non. Et j'avoue, je n'ose pas trop aller voir mes supérieurs pour leur demander où en sont leurs réflexions. Je ne voudrais pas paraître trop insistante." Un léger rire nerveux s'échappa de ses lèvres. Elle avait pourtant tellement hâte d'avoir une réponse, de savoir comment sera tracé une partie de sa vie pour les prochaines années. "Je trouve que ça commence à faire long. J'ai juste hâte de savoir ce qu'il en est. L'attente reste tout de même le plus difficile, selon moi." Tout comme l'attente qu'il y avait avant qu'elle ne présente sa soutenance alors qu'elle n'était encore qu'une étudiante. Un exemple parmi tant d'autres. "Tout va bien, Marius ?" se risqua-t-elle à lui demander. Ce n'était pas par curiosité qu'elle le lui demandait, mais par inquiétude. "Tu m'as l'air... perturbé. Pas tranquille, en tout cas." Pas dans le sens où il serait mentalement dérangé, cependant il semblait évident pour son ancienne étudiante qu'il devait avoir de sacrés problèmes dans le peu de vie privée qu'il s'accordait pour qu'il se néglige autant. Au fond, ce n'était pas tant négligé que ça, mais c'était déjà beaucoup pour le Warren, qui d'habitude n'avait pas même le moindre faux pli. Si bien que Joanne se disait même qu'il ne devait pas en avoir en fin de journée non plus, sur aucun de ses vêtements. Après, elle avait une fâcheuse tendance à l'idéaliser au possible. "Tu... Tu veux en parler ?" se risqua-t-elle à lui demander après quelques moments de silence. "Ou si tu préfères, je peux passer un autre jour. Si tu préfères rester un peu seul." se précipita-t-elle à dire, ne sachant comment trop s'y prendre avec lui. Car c'était bien la première fois qu'ils se retrouvaient dans une telle situation.
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| | | | (#)Lun 22 Juin 2020 - 5:21 | |
| « C'était pourtant bien aujourd'hui que je devais passer, non ? » Ces quelques mots de Joanne et son regard perplexe suffirent à te faire comprendre que tu étais en train de dérailler. Tu le savais déjà plus ou moins mais oublier un rendez-vous professionnel, un rendez-vous avec Joanne qui plus est, c’était la preuve que tu étais en train de faire n’importe quoi. Il y avait bien une raison pour laquelle tu tenais à garder ta vie privée loin de ta vie professionnelle. Cela faisait des années que tu n’avais eu aucun problème à le faire. La petite voix de Quinn te rappelait que c’était parce que tu n’avais pas de vie privée à dissocier de ta vie professionnelle mais tu la chassais le plus vite possible. Ce n’était pas si évident que cela de se concentrer sur des copies quand tu étais tout seul, dans ton bureau silencieux à imaginer Colleen et ton frère en train de traverser l’Australie et d’apprendre à se connaître. C’était un peu comme si l’histoire se répétait à nouveau, comme si un nouveau cycle commençait, un cycle qui se terminerait mal pour toi une fois de plus. Tu imaginais Colleen rencontrer Moïra et tu les voyais tous les quatre former une famille dans laquelle tu n’aurais pas ta place. Si les choses finissaient ainsi, tu savais que tu ne pourrais pas rester à Brisbane, ce ne serait pas une option possible pour toi. Mais tu savais aussi que tu allais beaucoup trop loin et que tu avais une tendance à dramatiser les choses comme May aimait te le faire remarquer. Tu secouais la tête pour chasser ces pensées de ton esprit et te reconcentrer sur Joanne qui ne s’attendait pas à un tel accueil. « C’est bien aujourd’hui en effet, cela m’était sorti de l’esprit. » Dis-tu avec un petit sourire qui se voulait désolé. Tu l’étais, Joanne méritait toute ton attention avec son projet de thèse. Et elle n’allait pas l’avoir complètement aujourd’hui même si sa présence allait te permettre de penser à autre chose. Elle entra dans ton bureau légèrement hésitante et le fait qu’elle ne s’assit pas te fit comprendre qu’elle avait bien vu que tu n’étais pas dans ton assiette. Toutefois, elle répondit à ta question sur l’avancement de son projet de thèse : « Rien encore, non. Et j'avoue, je n'ose pas trop aller voir mes supérieurs pour leur demander où en sont leurs réflexions. Je ne voudrais pas paraître trop insistante. Je trouve que ça commence à faire long. J'ai juste hâte de savoir ce qu'il en est. L'attente reste tout de même le plus difficile, selon moi. » C’est le genre d’attente qui est insupportable. Quand on monte un tel projet, attendre, attendre et encore attendre pour savoir si l’on vous donnera la permission de le mener à bien, ce n’était pas le meilleur moment. Tu savais que Joanne avait déposé son dossier depuis un moment alors tu ne pus t’empêcher de lui demander : « Ils ne t’ont pas donné une date où ils te donneraient leur décision ? » Si ce n’était pas le cas, cela risquait de prendre du temps. Mais le projet de Joanne n’était pas un petit projet et demandait certainement à ce que les fonds à débloquer soient discutés avec les instances les plus élevées du musée et cela prenait malheureusement du temps. « Je suis certain que ce temps de réflexion est plus dû à des validations internes qu’autre chose. Souvent, tout un tas de personnes aux emplois du temps chargés doivent signer des papiers ce qui prend un peu de temps. Tu as fait le plus dur en tout cas ! » Tu refusais d’être pessimiste. Le projet de Joanne allait passer, tu y croyais. Le musée serait bien bête de passer à côté d’une telle exposition et ils connaissaient assez bien Joanne pour pouvoir lui faire pleinement confiance, elle n’allait pas les planter. Ton regard se perdit ensuite sur le mur derrière Joanne alors que tu retournais dans tes pensées. Le café que tu tenais dans ta main ne suffisait pas à te distraire. « Tout va bien, Marius ? Tu m'as l'air... perturbé. Pas tranquille, en tout cas. » Tu laissais échapper un petit rire nerveux à ces paroles. En effet, tu n’étais pas tranquille et c’était le moins que l’on puisse dire. Colleen et Tommy étaient à l’autre bout de l’Australie ou peut-être à des centaines de kilomètres de Brisbane et May refusait de te dire quoi que ce soit sur son émission à la con. Oui, tu n’aimais pas la télé-réalité à la base mais alors là, tu n’allais pas te mettre à l’aimer maintenant, malgré le fait qu’une poignée de tes proches se retrouvaient à faire cette course en Australie. « Tu... Tu veux en parler ? Ou si tu préfères, je peux passer un autre jour. Si tu préfères rester un peu seul. » Tu plongeais ton regard dans celui de Joanne hésitant. Elle te donnait la possibilité de ne rien lui dire, de continuer à ruminer dans ton coin tes pensées noires jusqu’à ce que tu récupères Moïra qui t’en distraira un moment. Laissant échapper un petit soupir, tu lui désignais le canapé alors que tu pris place dans le fauteuil en face d’elle. « Tu as raison, je ne suis pas tranquille et pour une fois cela n’a rien à voir avec mon travail. » Tu étais rarement peu tranquille concernant ton boulot, ta place à l’université ne faisait aucun doute, tu étais respecté de tes supérieurs, de tes collègues et de tes élèves, cela te permettait de travailler dans de très bonnes conditions. « Disons que mon frère a eu la bonne idée de s’inscrire à une émission de télé-réalité pour laquelle il a été sélectionné. J’ai plusieurs autres amis qui ont été sélectionnés également mais … » En vérité, tu ne savais pas très bien comment expliquer à Joanne ce qui te chagrinait quand elle ne connaissait strictement rien de ton histoire. Voulais-tu vraiment lui confier que tu étais attaché à Colleen ? Elle allait de toute manière le déduire de tes paroles très certainement. « Je connais quelqu’un d’autre qui a été sélectionné pour cette émission, une jeune femme, … » Précisas-tu avant de continuer : « … et je n’ai nullement envie que le passé se reproduise. » Dis-tu en baissant la tête. Mon Dieu … Cette situation était un pur cauchemar … « Il y a une unique bonne chose à cette émission, mon frère m’a laissé sa fille le temps de son aventure. C’est étrange de vivre avec une pré-adolescente. » La dernière fois que tu avais vécu avec Moïra elle était une enfant … Mais tout le monde grandit, tout le monde change et tu ne la traitais plus ainsi désormais.
@Joanne Keynes |
| | | | (#)Lun 29 Juin 2020 - 5:02 | |
| TODAY YOU'LL GET TO SEE ANOTHER SIDE OF ME | |
Les sourcils de Joanne s'étaient légèrement froncés, plus par souci qu'autre chose, lorsque le brun reconnaissait que le rendez-vous qu'ils avaient convenu quelques jours plus tôt lui avait complètement échappé. Lui qui suivait toujours son planning à la lettre tant il avait à faire au quotidien. Que cela lui échappe ne lui ressemblait pas vraiment, du moins, de ce que pouvait en savoir Joanne. "Tu n'arrives plus à suivre ton emploi du temps du ministre ?" dit-elle alors avec légèreté et un ton amusé, histoire d'apaiser un petit peu l'atmosphère. "Ce n'est pas grave. Ca arrive." lui assura-t-elle, compréhensive. Joanne avait beau être une maniaque de l'organisation, il lui arrivait que certaines choses, certains détails lui échappent. Surtout depuis quelques semaines. Elle avait tant à faire, tant à songer, sans pour autant savoir vers où certains aspects de sa vie allaient la mener. Marius s'intéressait avant tout à la vie professionnelle de son ancienne étudiante, ce pourquoi il demandait si elle avait la moindre nouvelle au sujet de sa demande de financement. L'on pouvait dire que les supérieurs de Joanne être des maîtres experts en matière de suspense et qu'il savait se faire attendre. Elle avait conscience que ce n'était pas une décision à prendre à la légère, que cela concernait non seulement le chèque débloquée, mais aussi leur intérêt et la réputation qui allait en découler de cette initiative. Il y avait bien plus en jeu que l'avenir de leur petite employée. "Mon supérieur au QAGOMA pense que je devrais en savoir plus courant juillet. Espérons que je n'aurai pas à attendre jusqu'au trente-et-un." dit-elle avec un sourire à la fois amusé et gêné. Cela mettrait ses nerfs à rude épreuve, en tout cas. Pour Marius, cette longue attente était avant tout le signe de la lenteur de l'administration. Mais qui disait administrait voulait probablement signifier approbation, du moins c'était ce que le professeur sous-entendait largement. Il semblait si sûr de lui, avec une confiance peut-être quasi aveugle concernant son ancienne étudiante. "J'espère que tu as raison." Après quoi, le sujet s'épuisait rapidement, l'attente en elle-même n'apportant guère plus de données que ce que Joanne avait déjà. Celle-ci se souciait rapidement de l'état de Marius, qui semblait être un petit peu à côté le plaque. Suffisamment pour qu'elle s'en inquiète, et il était de notoriété commune que Joanne se souciait énormément des personnes qui comptaient pour elle. Elle fronça les sourcils lorsque Marius lui avouait que son état n'était pas en lien avec son travail. Il la fixait tout autant qu'elle ne le fixait. Il finit par s'asseoir sur le canapé tout en lâchant un soupir qui annonçait qu'il baissait les armes, contre toute attente. Il lui donnait des informations au compte-goutte. Cela lui suffisait à se rendre compte, une nouvelle fois, à quel point elle ne le connaissait pas dans sa vie personnelle. "Qu'est-ce que c'est, comme émission ?" lui demanda-t-elle. La petite blonde ne suivait absolument pas ce genre de choses à la télé. Il mentionnait vaguement des amis qui y participaiet et surtout, une fille. Une fille. La grande romantique qu'était Joanne devina très aisément qu'il ne s'agissait pas d'une simple fille. Il y avait quelque chose en plus. "Cette jeune femme est-elle plus qu'une amie à tes yeux, n'est-ce pas ?" finit-elle par lui demander d'un ton doux alors qu'elle s'installait à côté de lui. Au fond elle connaissait déjà la réponse, mais désireuse d'en avoir le coeur nette, elle désirait l'entendre de sa bouche. "Et de quelle histoire parles-tu ?" Joanne marchait sur des oeufs. En voilà, des sujets qu'ils n'avaient jamais abordé ensemble jusque là. Alors qu'ils se connaissait depuis de nombreuses années désormais. Et comme Marius ne s'était jamais vraiment intéressée à la vie personnelle de la blonde et cette dernière n'avait jamais osé lui demandé quoi que ce soit à ce sujet. "Navrée pour toutes ces questions, mais on ne s'est jamais vraiment donné l'occasion de discuter de ce genre de choses." Et Joanne avait besoin de comprendre ce qui le travaillait autant. Elle n'aimait pas le voir ainsi abattu, les épaules basses et la tête penchée en avant, se nourrissant d'angoisses qu'elle ne parviendrait pas à apaiser s'il ne se décidait pas à lui en dire un petit peu plus. Devant son silence, Joanne se permit d'ajouter. "De ce qu'on dit de moi, j'ai toujours été d'une bonne oreille. Et si ça peut te rassurer, je peux te promettre que tout ce que tu auras envie ou besoin de me dire ne sortira pas de cette pièce." Joanne savait très bien garder un secret. "En revanche, je ne peux pas trop te renseigner concernant la pré-adolescence, Daniel est encore un petit peu jeune pour ça." Son fils avait quatre ans et n'en était pas encore à cette phase là et elle ignorait totalement comment il allait être durant cette période reconnue comme étant particulièrement charnue pour les parents. "Et tu arrives à mener à la baguette des centaines d'étudiants au quotidien, alors gérer ta nièce devrait être un jeu d'enfants pour toi." dit-elle sur un ton plus léger, dans l'espoir de lui arracher au moins un petit sourire avant d'aborder une conversation qui allait sembler être difficile pour lui.
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| | | | (#)Ven 3 Juil 2020 - 1:49 | |
| Oublier ce rendez-vous, c’était à tes yeux une faute professionnelle. Tu t’étais promis de ne jamais laisser ta vie privée empiéter sur ta vie professionnelle mais cela est facile à faire quand votre vie privée se résume à très peu de choses. Alors que ton entourage s’agrandit, alors que tu laisses de nouvelles personnes rentrer dans cette petite sphère de personnes qui te sont proches, c’est plus difficile. C’est d’autant plus difficile que tu n’arrives pas à effacer l’image de Colleen et Tommy qui se sont très certainement rencontrés désormais. Tu n’avais pas imaginé la rencontre entre ton frère et la jeune femme, tu ne savais pas si elle accepterait de se lancer réellement dans une relation avec toi alors tu n’avais pas imaginé la présenter à ta famille. Et encore moins à ton frère pour des raisons évidentes. Mais le destin en avait voulu autrement et le passé te rappelait que la préférence allait souvent à Tommy … La voix de Joanne te ramena à la réalité : « Tu n'arrives plus à suivre ton emploi du temps du ministre ? Ce n'est pas grave. Ca arrive. » Joanne n’était pas du genre à te tenir rigueur de cet oubli, tu le savais. Très compréhensive, elle l’était avec les étudiants qu’elle encadrait et elle l’était avec toi aujourd’hui. C’était toi qui devais te reprendre et qui devais revoir tes priorités. Tu ne pouvais pas faire grand chose pour empêcher Colleen de te préférer ton frère alors il fallait au moins que tu conserves ton job et que tu continues à le faire à la perfection car s’il venait à se passer quelque chose entre elle et lui … Tu savais déjà que la seule chose qui pourra te sauver est ton boulot, encore une fois. « Je suis vraiment désolé, cela n’arrivera plus. » Promesse que tu faisais à Joanne mais que tu te faisais à toi avant tout. Il allait falloir te reconcentrer sur les choses que tu pouvais maîtriser, sur ton boulot. Ton frère venait de commencer cette aventure mais il t’avait bien dit que cela fonctionnait par semaine et qu’il pouvait rentrer à tout moment. Etant dans la première semaine, tu espérais qu’il resterait quelques temps dans l’aventure, très égoïstement. Si Joanne passait te voir, c’était avant tout pour parler de son projet de thèse. Tu avais oublié ce rendez-vous, certes, mais tu n’avais pas oublié que vous étiez en attente d’une réponse pour qu’elle puisse se lancer. Tu n’interprétais pas cette lenteur comme un mauvais signe. Non, à tes yeux c’était des validations administratives plus qu’autre chose qui pouvaient prendre du temps et quelques négociations sur l’enveloppe avec des personnes haut placées mais tu ne voyais pas le musée ou l’université dire non à un projet aussi bien monté. C’était un risque mais pas plus que pour d’autres. « Mon supérieur au QAGOMA pense que je devrais en savoir plus courant juillet. Espérons que je n'aurai pas à attendre jusqu'au trente-et-un. J'espère que tu as raison » Tu espérais également pour elle que l’attente ne sera pas aussi longue. Malheureusement, tu ne pouvais rien faire pour avancer l’échéance, les décisions étaient hors de portée, tu étais aussi impuissant que ton ancienne étudiante. Tu étais plus optimiste qu’elle mais cela était normal. En attendant, Joanne pouvait commencer à travailler sur la méthodologie que tu lui avais envoyée, chose qu’elle avait dû déjà faire la connaissant. « Je croise les doigts pour que tu aies une réponse bientôt. Tu as regardé ce que je t’ai envoyé ? » Lui demandas-tu avant d’ajouter : « Si quelque chose n’est pas clair on pourra en discuter. » Ajoutas-tu de manière rassurante. Tu voulais que Joanne sache qu’elle pouvait compter sur toi à tout moment de ce projet, tu espérais en vérité qu’elle le savait déjà. Mais une fois le sujet de sa thèse abordé, Joanne se montra inquiète de ton état, un état qui ne te ressemblait pas beaucoup. Elle te questionna sans trop insister et après une réflexion interne, tu décidais de parler de ce qui te trouvait avec la jeune femme. « Qu'est-ce que c'est, comme émission ? » Tu n’aurais pas pu oublier son nom même si tu l’avais voulu. Tommy te l’avait dit puis May te l’avait rappelé quand elle t’avait annoncé présenter le programme avant que Colleen ne t’annonce son départ la veille du début du tournage. « Race of Australia. Je ne sais pas s’il y a eu des saisons précédentes mais ce sera diffusé au printemps. » Dis-tu simplement. C’était ce que May t’avait dit, tu doutais qu’elle sache plus précisément quand l’émission sera diffusée et cela t’importe peu. Tu n’auras pas le choix que de la regarder quand autant de tes proches en faisaient parti mais l’idée ne t’enchantait pas plus que cela. « Cette jeune femme est-elle plus qu'une amie à tes yeux, n'est-ce pas ? Et de quelle histoire parles-tu ? Navrée pour toutes ces questions, mais on ne s'est jamais vraiment donné l'occasion de discuter de ce genre de choses. » Cela aurait été trop simple que Joanne accepte tes réponses vagues mais qui déjà, à tes yeux, donnaient beaucoup trop d’informations sur ta vie personnelle à ton ancienne étudiante. Toutefois, quand tu avais ouvert la bouche, quand tu avais pris la décision de te confier à Joanne, tu avais su que ces réponses vagues ne seraient pas suffisantes. « De ce qu'on dit de moi, j'ai toujours été d'une bonne oreille. Et si ça peut te rassurer, je peux te promettre que tout ce que tu auras envie ou besoin de me dire ne sortira pas de cette pièce. En revanche, je ne peux pas trop te renseigner concernant la pré-adolescence, Daniel est encore un petit peu jeune pour ça. Et tu arrives à mener à la baguette des centaines d'étudiants au quotidien, alors gérer ta nièce devrait être un jeu d'enfants pour toi » Ce n’était pas facile pour toi d’envisager te confier à la jeune femme. Pas parce que tu n’avais pas confiance en elle mais parce que tu avais veillé à garder l’image de l’homme constant que rien ne touchait depuis des années et te confier sur ton passé, comme sur ton présent était ouvrir la boîte de Pandore et afficher tes faiblesses devant Joanne. Mais tu ne pouvais pas reculer maintenant, tu avais commencé, il fallait que tu termines. Tu décidais de rebondir sur ses dernières paroles et sur ta nièce parce que c’était le plus évident, le plus simple. « Je ne cherche pas à être le tonton préféré de mes élèves, c’est bien moins compliqué. » Lui dis-tu avec un sourire amusé. « Il nous faut tous les deux prendre nos marques mais ça va aller. Moïra a testé mes limites, maintenant on peut avancer. » C’était le jeu préféré des pré-adolescents et ta nièce pourra se plaindre de tes règles à ton frère, tu doutais qu’il vienne te reprocher d’avoir été trop sévère avec elle. Tu vis dans le regard de Joanne que ce n’était pas le sujet qui l’intéressait le plus cependant. « Je te fais confiance pour ne rien répéter, ce n’est pas le problème. » Il était important pour toi que la jeune blonde sache que tu lui faisais confiance. « Je ne sais pas vraiment te dire si cette jeune femme est plus qu’une amie. J’aimerais qu’elle le soit, j’arrive à me projeter dans une qu’une amitié avec elle et rien que ça c’est un miracle. Nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve. » Lui dis-tu en haussant les épaules. « J’aurais préféré qu’elle ne rencontre jamais mon frère et surtout pas dans ce contexte. Tout ça à cause d’une vieille histoire sur laquelle je ne pense pas pouvoir passer … Tu te souviens certainement que j’ai passé une année de ma thèse en France ? » Question réthorique, Joanne connaissait ton parcours et ton amour pour la France. « Je suis tombé amoureux d’une jeune femme là-bas, une jeune femme qui m’a suivie en Australie où elle a rencontré mon frère. Je ne sais pas très bien comment mais elle est tombée sous son charme et quelques mois plus tard, ils s’envolaient pour le Canada pour vivre leur vie paisiblement. » Loin de toi, loin des reproches et des mauvais souvenirs. Mais cela laissait des traces et surtout, cela te laissait des angoisses car si Alice était tombée amoureuse de Tommy, pourquoi est-ce que Colleen ne succomberait pas elle aussi ? Raisonnablement, tu savais que cela ne se tenait pas comme raisonnement car Colleen n’était pas Alice et tout le monde n’était pas destiné à tomber sous le charme de ton frère mais la peur était belle et bien là. « Si j’accorde une telle importance à mon travail, ce n’est pas que par passion. C’est parce que ce travail m’a sauvé et c’est bien la seule chose qui ne m’a jamais déçu. » Dis-tu en haussant les épaules.
@Joanne Keynes |
| | | | (#)Mer 8 Juil 2020 - 16:32 | |
| TODAY YOU'LL GET TO SEE ANOTHER SIDE OF ME | |
"Je plaisantais, ne t'en fais pas pour ça." Marius semblait terriblement s'en vouloir d'avoir ommis son entrevue avec son ancienne étudiante. "Et qui sait, les prochaines, ce sera peut-être moi qui sera en retard. Comme ça, nous serons quittes." dit-elle d'un ton doux, le sourire aux lèvres. Joanne avait conscience que si tout se passait comme elle le désirait, son quotidien allait être calculé à la minute près et il y aurait de ce fait très certainement quelques loupés dont elle serait la plus frustrée à terme. Elle était tellement organisée et un brin psycho-rigide sur ses propres exigences qu'elle ne saurait se pardonner le moindre faux pas. Ses journées allaient devenir un petit parcours du combattant, mais elle se sentait particulièrement prête à emprunter cette voie-là. Pour le moment, elle était dans l'attente. Considérant que c'était dans la poche pour la petite blonde, Marius lui avait très rapidement envoyé le cours de méthodologie de la rédaction d'une thèse, ainsi que les conditions pour remplir chaque étape de la thèse. Trouver le directeur de thèse, rédiger la question de recherches, générer une bibliographie et des ressources solides sur lesquels appuyer ses arguments... La liste des conditions à remplir était affreusement longue. "Oui, j'ai déjà commencé à prendre quelques notes." lui répondit-elle. "Merci encore d'avoir bien voulu envoyer ces cours." Il lui était déjà très utile, lui permettant de se projeter sur ce qu'elle devait faire avec plus de précisions. "Je n'ai pas encore fini de tout lire, mais je ne manquerai pas de te contacter si j'ai des questions concernant les différentes étapes. Il y a de quoi faire." Au delà de ça, Joanne s'inquiétait surtout pour son mentor, qui semblait particulièrement chamboulé. Lui qui avait toujours été de marbre, une figure forte et inébranlable pour qui Joanne avait une admiration nullement dissimulée, semblait perdre un peu d'équilibre. La jeune femme se risquait à lui demander ce qui le tourmentait tant et Marius s'était d'abord contenter d'être particulièrement évasif. Elle se permettait de lui demander d'avantages de détails sur les faits qu'il cherchait à lui expliquer. Joanne ne s'y connaissait vraiment pas en télé-réalité. Elle ne passait que très peu de temps devant les écrans et lorsqu'il s'agissait de regarder la télévision, elle préférait regarder un film ou une série. Mais pas des émissions comme celle que venait de mentionner Marius. La petite blonde devait tout de même lui assurer que leur conversation ne quitterait jamais cette pièce pour qu'il se décide enfin à se mettre dans la confidence. Difficile de lui tirer les vers du nez. Une fois lancé, on ne l'arrêtait plus, cependant. Il parlait d'abord de sa nièce est des difficultés rencontrés au début de la cohabitation ensemble. Marius semblait malgré tout gérer la situation, bien qu'elle était certaine que rien ne le convaincra à le tourner vers la paternité. Elle le regardait d'un attendrit quelques instants, puis écoutait avec attention le centre de ses problèmes. Joanne préférait entendre l'ensemble de ce qu'il avait à dire avant de se lancer dans les questions et les commentaires qu'elle pourrait lui faire. Elle comprenait désormais pourquoi le brun avait préféré tourner l'ensemble de sa vie vers son métier. Un autre de ces coeurs brisés. Il faisait partie de ceux qui ne préféraient pas retomber amoureux plutôt que de se laisser une deuxième chance dans ce domaine. Cela était d'autant plus compréhensible car la situation semblait se répéter. Joanne le regardait d'un air navré. "Si tu crains tellement que l'histoire ne se reproduise, c'est que tu la considères déjà bien plus comme une amie que tu ne le penses." lui fit-elle remarquer. La conservatrice était une grande romantique, c'était un trait qu'on lui connaissait bien. L'amour avec un grand A, l'histoire parfaite. Malgré ses déboires, au fond, elle y croirait certainement toujours. "Qu'est-ce qui te fait penser que ça risque de se reproduire ? Tu ne leur fais pas confiance ?" Joanne n'accusait personne, elle cherchait juste à comprendre la nature de ses inquiétudes. "J'ignore si tu as pu la revoir depuis, mais le mieux à faire serait de prendre le temps d'en parler avec elle, tranquillement." lui suggéra-t-elle. Joanne posait une main timide et conciliante sur le dos de son mentor. "Je t'ai toujours admiré pour l'ardeur et la passion que tu avais pour ton travail, mais je ne suis pas certaine que s''y réfugier éternellement soit non plus une très bonne idée. Même si tu es sûr et certain que c'est une valeur sûre, que tu ne seras jamais déçu dans son domaine." Joanne se désolerait de finir par le voir se plonger dans des regrets qui lui reviendront en pleine face le jour où il prendra sa retraite, par exemple, ou lorsqu'il s'octroiera de véritables vacances. "J'ai bien conscience de ne pas être la meilleure conseillère qui soit en relations conjugales," commença-t-elle avec un sourire bien triste. "Mais je m'en voudrais de ne pas t'avoir dit de tenter ta chance. Du peu que tu m'en as dit, tu me sembles déjà très attachée à elle. Peut-être que ce sera justement elle qui te permettra de laisser tous tes tracas derrière toi, de tourner enfin la page." Joanne n'avait aucune idée de la relation qu'il entretenait avec son frère. Elle espérait simplement que ça se passe mieux que ça ne l'était avec les siens. Elle n'avait que très peu de nouvelles de son frère et de sa soeur. L'aîné était partie refaire sa vie en Amérique et elle n'avait plus vraiment de contact avec sa soeur. Elles se contentaient de se donner des nouvelles quelques fois par an, mais sans plus. "Tu as tout pour toi, tu as toutes tes chances." lui assura-t-elle d'un air confiant. D'ailleurs, avant d'un peu mieux le connaître, elle s'était déjà surprise à se dire qu'il était surprenant qu'il n'y ait aucun anneau ornant son annulaire gauche. Il était toujours resté secret sur sa vie personnelle et, à cet instant, Joanne se sentit particulièrement touchée qu'il veuille bien en partager un petit bout avec elle. Peut-être que ça lui ferait du bien, de verbaliser tout ceci.
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| | | | (#)Mer 15 Juil 2020 - 1:36 | |
| « Je plaisantais, ne t'en fais pas pour ça. Et qui sait, les prochaines, ce sera peut-être moi qui sera en retard. Comme ça, nous serons quittes » Ton exigence avec les autres pouvaient se justifier seulement si tu étais exigeant avec toi-même. Et tu avais toujours été très exigent envers toi-même donc personne n’avait pu te reprocher de l’être avec eux. Tu arrivais toujours en avance et préparé à chaque rendez-vous, tu n’arrivais jamais sans préparation à un cours et tu te pliais en quatre pour être certain de ne pas perdre ton poste d’enseignant dans cette université que tu n’avais jamais quittée. Voilà pourquoi, aujourd’hui, tu étais particulièrement gêné de la situation parce que tu avais oublié ton rendez-vous avec Joanne. Oublié à cause des pensées qui ne semblaient plus pouvoir quitter ton esprit. Tu souris à la réponse de ton ancienne élève, reconnaissant mais cela ne voulait pas dire que tu ne t’en voulais pas de cette situation. Joanne attendant un retour sur sa thèse, c’est ce sujet que tu abordais ensuite et elle te confia qu’elle n’avait pas eu de nouvelles depuis l’envoie de son dossier. Le mois de juillet allait être le mois décisif mais elle espérait que ce soit début juillet et pas à la fin du mois. Malheureusement, tu ne pouvais rien faire pour accélérer le processus, un processus qui était bien loin de toi car il se jouait entre l’université et le musée, deux partis habitués à travailler ensemble et qui connaissaient ton lien avec Joanne donc ne t’incluaient pas dans leurs décisions. C’était sans doute plus sage mais tu notais de demander à ta supérieure si elle avait entendu de son côté quelque chose car elle devait forcément avoir assisté à quelques délibérations. En attendant, tu avais envoyé à Joanne tes cours de méthodologie pour qu’elle puisse travailler là-dessus si elle le désirait vu qu’elle t’avait dit que cela l’intéressait : « Oui, j'ai déjà commencé à prendre quelques notes. Merci encore d'avoir bien voulu envoyer ces cours. Je n'ai pas encore fini de tout lire, mais je ne manquerai pas de te contacter si j'ai des questions concernant les différentes étapes. Il y a de quoi faire. » L’essentiel pour toi était que Joanne sache qu’elle pouvait te contacter et c’était le cas. Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle ait tout lu et tout étudié, la méthodologie était de toute manière quelque chose dont il fallait connaître les grandes lignes à l’avance mais dont les détails ne pouvaient être assimilés que lorsqu’on se frottait directement à la tâche. Et Joanne n’en était pas encore là donc cette découverte méthodologique allait se faire en plusieurs étapes. Elle allait surtout découvrir que la méthodologie devait s’adapter à chaque sujet et chaque spécificité mais c’était une bonne base à avoir. L’inquiétude de ton ancienne élève se lisait sur ton visage et elle finit par l’exprimer. Même avec Joanne dans la pièce, toute ton attention ne lui était pas consacrée car ton cerveau semblait se faire une joie de t’offrir des images de Colleen et Tommy en continue au cas où une pause de quelques minutes était trop demander. Face à Joanne, tu hésitais à te confier. Pas parce que tu avais peur qu’elle répète ce que tu lui dirais ou parce que tu ne lui faisais pas confiance mais plutôt parce que ce serait briser à jamais ce mur que tu avais érigé entre vous depuis des années. Joanne appartenait à ta vie professionnelle, avais-tu envie de briser cette barrière ? Mais en même temps, tous tes amis proches participaient à cette émission et Jacob était bien assez occupé par ses soucis pour t’écouter te plaindre. Joanne, au fil des années et probablement sans le savoir, était entrée dans le club très fermée des personnes en qui tu pouvais avoir confiance. Alors tu arrêtais de te battre et tu parlais. Tu ne manquais pas la surprise sur les traits de ton interlocutrice. Tu ne lui en voulais pas, c’était le première fois depuis votre rencontre que tu lui donnais une raison de penser que tu avais un coeur et que tu n’étais pas un robot qui enseignait et ne faisait rien d’autre. « Si tu crains tellement que l'histoire ne se reproduise, c'est que tu la considères déjà bien plus comme une amie que tu ne le penses. » Tu savais déjà que Colleen était pour toi bien plus qu’une amie. Si ce n’était pas le cas, elle ne te manquerait pas autant et ce baiser que vous aviez partagé avant son départ ne serait autant présent dans ton esprit. C’était plus pour Joanne que tu avais minimisé la chose, n’assumant pas d’être assujetti à ton coeur plus qu’à ta raison pour une fois. Mais tu ne l’avais pas bernée, elle avait lu entre les lignes. « Qu'est-ce qui te fait penser que ça risque de se reproduire ? Tu ne leur fais pas confiance ? J'ignore si tu as pu la revoir depuis, mais le mieux à faire serait de prendre le temps d'en parler avec elle, tranquillement. » Non, tu n’avais pas revu Colleen et tu ignorais quand tu allais la revoir. Tu savais quelle était la date buttoir si elle gagnait mais tu ne savais pas si elle pouvait être éliminée avant ou non. D’un côté, tu aimerais qu’elle rentre au plus vite mais d’un autre côté, plus elle restait et plus elle allait vivre de belles aventures et c’est ce que tu voulais pour elle. « J’en ai parlé avec elle avant qu’elle parte. Et elle m’a assuré qu’il n’y avait aucune raison pour que cela se produise. Je lui fais confiance, c’est pas le sujet mais … » Tu soupirais. Ce que tu avais confié à Colleen prouvait à quel point tu avais confiance en elle. Et si ton frère savait qu’elle comptait pour toi, tu doutais qu’il souhaite reproduire ce qui s’était passé toutes ces années en arrière. Alors c’était toi qui te torturais pour rien mais tu n’arrivais pas à l’éviter. « C’est plus fort que moi. Rationnellement, je sais que c’est idiot d’imaginer une chose pareille. Colleen n’est pas Alice et Tommy n’est pas le jeune adulte qu’il était à l’époque mais je ne pourrai jamais chasser complètement cette peur je pense. » Ce n’était pas facile à assumer pour toi mais c’était bien le problème. « Je t'ai toujours admiré pour l'ardeur et la passion que tu avais pour ton travail, mais je ne suis pas certaine que s''y réfugier éternellement soit non plus une très bonne idée. Même si tu es sûr et certain que c'est une valeur sûre, que tu ne seras jamais déçu dans son domaine. J'ai bien conscience de ne pas être la meilleure conseillère qui soit en relations conjugales, mais je m'en voudrais de ne pas t'avoir dit de tenter ta chance. Du peu que tu m'en as dit, tu me sembles déjà très attachée à elle. Peut-être que ce sera justement elle qui te permettra de laisser tous tes tracas derrière toi, de tourner enfin la page. Tu as tout pour toi, tu as toutes tes chances. » Joanne n’était pas la première à te faire remarquer que ton travail ne pouvait pas être la seule chose qui te portait dans ta vie. Tu avais ta nièce également mais sa présence dans ta vie dépendait de l’humeur de ton frère donc ce n’était pas rassurant de se reposer là-dessus. Tourner la page était quelque chose qui t’attirait énormément car tu en avais assez de cette histoire et du poids qu’elle avait sur ta vie. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire. « C’est gentil de croire en moi même quand je ne le mérite pas. » Lui dis-tu avec un petit sourire en réponse à sa dernière phrase. « J’espère qu’elle sera celle qui me permettra de tourner la page, vraiment. J’ai tout donné pour ma carrière et je continuerai à en prendre soin mais il est peut-être temps que je trouve un nouvel équilibre. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu ignorais comment tu allais pouvoir construire ce nouvel équilibre mais tu avais envie d’essayer ce qui était déjà bien plus que ce que tu avais fait jusque là. Tu te souvins alors de ce que Joanne t’avait confié lors de votre dernière conversation et tu ne pus t’empêcher de lui demander : « Les choses se sont arrangées avec ton mari ? » Tu connaissais l’importance de son mariage et de sa famille pour la jeune femme, tu espérais que les choses allaient mieux entre eux.
@Joanne Keynes |
| | | | (#)Ven 17 Juil 2020 - 12:02 | |
| TODAY YOU'LL GET TO SEE ANOTHER SIDE OF ME | |
La vie personnelle de Marius avait été jusqu'alors un secret bien enfoui sous la montagne de travail qu'il s'était établi au fil des années. Bien sûr, à certains moments, la curiosité de Joanne était piquée mais sans que cela ne devienne une véritable obsession. Elle s'y était largement faite tout au long de ces dernières années, alors autant dire qu'elle tombait un petit peu des nues lorsqu'elle voyait Marius baisser la garde et montrer une face qu'il n'aurait peut-être jamais voulu montrer à son ancienne étudiante. Celle-ci était persuadée que celui lui ferait le plus grand bien, de discuter de ce qui rendait son coeur si lourd. Au fur et à mesure, Joanne n'avait que quelques détails ici et là et c'était son devoir de reconstituer l'histoire avec les éléments que Marius voulait bien lui donner. Elle n'avait pas d'autres ressources que ses paroles, ne regardant absolument pas ce genre d'émissions de télé-réalités. Elle ignorait même qu'il y avait une personne qu'elle connaissait qui y participait, et qui n'était autre que Kelly. Sa mâchoire allait probablement tomber par terre le jour où cette information remontera jusqu'à elle. Marius semblait avoir des sentiments sincère pour la femme dont la blonde ne connaissait toujours pas le nom. Romantique comme elle était, Joanne ne pouvait être qu'heureuse pour Marius qu'il ait une nouvelle chance de ressentir tout ceci, bien que la situation se compliquait d'entrée de jeu. "Qu'est-ce qui te fait douter, alors ?" lui demanda-t-elle d'un air soucieux. Elle ignorait si la dulcinée de Marius était digne de confiance ou non, mais le professeur n'était certainement pas du genre à se confier à n'importe qui, n'importe comment. "Je ne pense pas que ce soit idiot. Je veux dire... Il y a un passif qui te donne des raisons d'avoir peur et de craindre ce qui peut arriver là-bas." Elle ne voulait pas non plus totalement blâmer ce que Marius lui confiait. Il n'avait pas tort de se sentir mal, loin de là. "C'est déjà une bonne chose que vous ayez pu en parler tous les deux." Ils étaient sûrement sur la même longueur d'ondes. La meilleure chose à faire après une séparation aussi longue. Marius semblait vouloir se lancer dans une nouvelle relation, mais son passif l'en empêchait, tel un boulet accroché à son pied. Elle ne pouvait pas le lui reprocher, elle était assez bien placée pour comprendre ses difficultés. "Pourquoi ne mériterais-tu pas qu'on croit en toi ?" lui demanda-t-elle, assez interloquée par l'affirmation qu'il venait de lui lancer. "Tu l'es tout autant que n'importe qui." Joanne dirait même mieux, il devait être mis en avant. Il avait laissé toute relation sentimentale de côté des années durant, mais il n'était certainement pas trop tard pour lui. "Je me doute que tu vas t'en ronger les sangs jusqu'à son retour, mais je persiste, le mieux serait de vous voir dès qu'elle sera revenue de cette émission. De tout mettre à plat." lui conseilla-t-elle. "Parle-lui de tes doutes, de tes insécurités, des peurs que tu as eu en son absence." Sa voix était douce, rassurante. Voilà que l'étudiante prenait la place du maître en l'espace de quelques minutes. "Je me doute que la fierté masculine doit faire croire que de dire ce genre de choses est un signe de faiblesse, de vulnérabilité. Mais à mes yeux, il n'y a rien de plus courageux que de parler à coeur ouvert." De ce que Joanne pouvait savoir, les femmes étaient particulièrement réceptives à ces paroles. A défaut d'avoir de sacrés problèmes de communication dans son propre couple depuis bien longtemps, elle préférait voir d'autres échapper à ce soucis là. "Est-ce que j'ai le droit de connaître son prénom ?" lui demanda-t-elle avec un sourire enjoué. Car elle se lassait presque de ne parler d'elle en ne connaissant même pas son nom. "Prénom que tu devras placer ici et là dans tes plannings." Il apprendra à palier à cela, à savoir lui consacrer du temps tout en continuant à répondre à toutes les responsabilités qu'il avait au quotidien. L'inconnue devait savoir combien il aimait son travail. Jugeant qu'il avait assez parlé de lui, Marius décidé de détourner la conversation de la centrer à nouveau vers la petite blonde. Il abordait alors un sujet bien épineux. Elle ne lui avait jamais demandé s'il avait eu vent des accusations à l'encontre de Jamie. Et jusque là, elle s'était contentée d'être honnête avec lui en lui expliquant très succinctement que sa vie personnelle n'était pas au beau fixe. Qu'il lui demande où ça en était prit Joanne de court. Elle restait interdite quelques secondes. "C'est... compliqué." finit-elle par répondre, avec un sourire bien triste. Jamie faisait beaucoup d'efforts dans l'espoir de se faire pardonner. Il multipliait les petites attentions, persévérant dans sa volonté de sauver ce qui leur restait de leur couple, et de leur vie de famille. La blonde en était touchée, à chaque bouquet de fleurs réceptionné. Mais elle avait tellement pris ses distances qu'elle ne savait plus vraiment comment l'approcher. Une ambivalence qui n'était le résultat que de nombreuses semaines d'éloignement affectif. Elle l'aimait, il ne fallait pas douter de cela. Mais était-ce suffisant, s'ils étaient menés à devoir faire face à un nouveau scandale ? Joanne rêvait qu'il puisse lui promettre qu'il n'y aurait plus rien pour perturber leur vie de famille. A ce stade, elle ne savait pas encore comment le dernier trimestre de cette année allait se dessiner. "Il fait vraiment de son mieux." Elle voulait insister sur ce point. Joanne y était réceptive, seulement elle savait qu'elle ne le lui faisait pas assez remarquer. Ses remerciements étaient présents, mais modestes. Sûrement pas suffisant ou convaincant pour son mari. "J'ai envie que ça s'arrange. Le problème, c'est que c'est moi qui met des barrières." Joanne était perdue, à vrai dire. "Mais il me soutient toujours autant dans mes projets. Ca, ça n'a pas changé." lui assura-t-elle, faisant prendre un virage à leur conversation, afin de s'approcher à nouveau de sujets avec lesquels elle se sentait plus à l'aise. "Tu parlais de trouver un nouvel équilibre. De mon côté, je rêve de retrouver le mien." Ne pas savoir quoi faire avec Jamie une fois que les petits étaient au lit et qu'ils n'avaient plus aucun impératif à remplir pour la journée devenait de plus en plus frustrant. Oui, il y avait toujours des baisers ici et là, mais Joanne ne voyait débarquer pour se blottir contre Jamie en faisant comme si de rien n'était. Il fallait faire quelque chose avant, une discussion, une mise au point, quelque chose. Peut-être réapprendre à se connaître.
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| | | | (#)Mer 29 Juil 2020 - 1:53 | |
| Toi qui aimais rationaliser les choses et ne jamais te laisser guider uniquement par tes émotions, tu étais en train d’apprendre que malheureusement, tu ne pouvais pas tout contrôler. C’était un constat amer car tu avais passé ces quinze dernières années à contrôler méthodiquement toutes tes relations avec les autres et tu avais veillé à ne pas te laisser emporter et à ne pas te laisser avoir. Tu n’avais pas vraiment voulu retenter ta chance, essayer d’aimer de nouveau. Cela ne t’intéressait plus. Il avait été plus facile de se tourner vers ton travail qui lui ne te décevait jamais. Tu avais eu bien assez de choses à gérer avec tes frères et soeurs et en particulier avec Tommy pour te lancer dans une quelconque histoire. Mais Colleen était arrivée dans ta vie sans prévenir et elle s’y était faite une place sans que tu ne puisses l’arrêter. Si tu étais honnête avec toi-même, il fallait avouer que tu n’avais pas vraiment cherché à l’arrêter non plus. Parce que pour la première fois depuis longtemps, tu avais ressenti cette petite étincelle et tu avais décidé de ne pas la laisser passer. Colleen avait elle aussi un passé qui laissait des traces, un passé dont elle essayait de guérir tous les jours. Cette aventure avait été inattendue, ne pas voir Colleen pendant six semaines t’arrachait le coeur et la savoir aux côtés de ton frère t’était insupportable. Mais comme tu le lui avais dit, il n’avait pas été question de la retenir. Elle avait besoin de cette aventure et toi, tu réalisais jour après jour à quel point tu t’étais accoutumé à sa présence dans ta vie et tu en venais à espérer son retour avec une impatience qui ne te ressemblait pas. Joanne était bien la dernière personne à qui tu pensais te confier sur ce sujet. Pourtant, il y avait quelque chose de rassurant à te confier à ton ancienne élève car vos chemins ne se croisaient qu’au travail, vos cercles d’amis et de connaissances ne se superposaient pas beaucoup ce qui était plus rassurant pour toi car ton secret était bien gardé. Comme elle l’avait promis, Joanne se montra à l’écoute et plus tu parlais, plus tu te rendais compte à quel point tu en avais besoin. « Je ne pense pas que ce soit idiot. Je veux dire... Il y a un passif qui te donne des raisons d'avoir peur et de craindre ce qui peut arriver là-bas. C'est déjà une bonne chose que vous ayez pu en parler tous les deux. » Pour le coup, tu ne pourras pas dire que tu avais souffert en silence. Tes craintes, tu les avais exposées à Colleen pour justifier ta réponse assez froide à sa bonne nouvelle et elle t’avait bien dit que c’était idiot, qu’elle ne pouvait pas tomber amoureuse de ton frère. Mais la crainte était là, en sourdine, sans que tu ne puisses la faire taire. « Pourquoi ne mériterais-tu pas qu'on croit en toi ? Tu l'es tout autant que n'importe qui. » S’il y avait bien un endroit où tu n’avais montré que tes bons côtés et que tes qualités, c’était au travail. Tu savais que l’on te considérait comme un très bon professeur et cela te faisait énormément plaisir. Tu donnais tellement de temps et d’énergie pour ce métier que c’était une belle récompense. Mais il n’empêchait pas qu’à côté, tu n’avais pas toujours été un ange et tu t’étais souvent demandé si la solitude dans laquelle tu vivais n’était pas le punition qui t’était infligée pour toutes les conneries que tu avais pu faire par le passé. Haussant les épaules, tu dis à Joanne : « Je n’ai pas toujours fait les bons choix, j’ai fait souffrir beaucoup de monde, je ne suis pas certain de mériter quoi que ce soit. » Peut-être qu’un jour tu arriveras à te persuader du contraire mais pour l’instant, ce n’était pas du tout le cas. « Je me doute que tu vas t'en ronger les sangs jusqu'à son retour, mais je persiste, le mieux serait de vous voir dès qu'elle sera revenue de cette émission. De tout mettre à plat. Parle-lui de tes doutes, de tes insécurités, des peurs que tu as eu en son absence. Je me doute que la fierté masculine doit faire croire que de dire ce genre de choses est un signe de faiblesse, de vulnérabilité. Mais à mes yeux, il n'y a rien de plus courageux que de parler à coeur ouvert. » Colleen connaissait déjà tous les doutes que tu avais au sujet de sa participation à l’émission aux côtés de ton frère. Tu n’avais pas pu les lui cacher et tu n’avais pas essayé de le faire. Face à Colleen, tu n’avais jamais ressenti le besoin de te cacher tout comme tu n’avais jamais cherché à démontrer des traits de caractère virils. Si tu ne parlais pas beaucoup de toi, c’était plus pour éviter de donner aux autres des armes avec lesquelles ils pourraient te poignarder plus tard. Ce n’était pas parce que tu pensais qu’un homme ne devait pas parler de ses peurs et de ses doutes. Passant une main dans tes cheveux, tu lui dis : « Mes doutes et mes insécurités elle les connait déjà. Elle doit se douter de ce qui se passe dans ma tête en ce moment. J’ai bien prévu de la revoir dès que possible à son retour, une fois qu’elle aura vu sa fille. » Dis-tu avant d’ajouter à demi-mot : « J’espère qu’elle aussi voudra me revoir. » Et là, ce n’était pas vraiment lié à ton frère. Tu savais que c’était le genre d’aventure qui pouvait changer une vie. Tu ne savais pas quelle Colleen allait revenir à Brisbane et peut-être qu’elle préfèrerait rester libre et ne pas s’embêter avec un homme rempli de doutes et d’insécurités. « Est-ce que j'ai le droit de connaître son prénom ? Prénom que tu devras placer ici et là dans tes plannings. » Un sourire amusé se dessina sur tes lèvres. Joanne avait raison, il allait falloir que tu dégages du temps pour Colleen mais le passé avait prouvé que tu savais dégager du temps quand c’était nécessaire, tu l’avais prouvé avec Moïra à l’époque. « Colleen, elle s’appelle Colleen. » Lui dis-tu pour satisfaire la curiosité de ton ancienne étudiante mais sans rajouter plus d’information que ça non plus. Mais vous aviez assez parlé de toi. Désormais, tu tournais ton attention vers Joanne en lui demandant si les choses s’étaient arrangées avec son mari. Les rumeurs qui courraient à son sujet t’intéressaient peu, tu ne savais pas vraiment ce qu’on lui reprochait mais loin de toi l’idée de juger qui que ce soit de toute manière. Tu savais à quel point Joanne tenait à sa famille, à quel point elle les aimait et tu espérais sincèrement pour elle que les choses allaient mieux. « C'est... compliqué. » Apparemment, ce n’était pas vraiment le cas. Elles n’allaient peut-être pas plus mal que la dernière fois que Joanne avait mentionné cela mais elles n’allaient apparemment pas mieux vu qu’aucun sourire ne s’était dessiné sur les lèvres de la demoiselle. « Il fait vraiment de son mieux. J'ai envie que ça s'arrange. Le problème, c'est que c'est moi qui met des barrières. Mais il me soutient toujours autant dans mes projets. Ca, ça n'a pas changé. Tu parlais de trouver un nouvel équilibre. De mon côté, je rêve de retrouver le mien. » Si elle lui mettait des barrières, c’était qu’elle n’était pas prête à lui pardonner et à passer à autre chose. Tu ne savais pas ce qu’il avait fait et tu ne connaissais pas monsieur Keynes mais tu lui en voulais de faire du mal à Joanne, surtout dans une période où elle devrait être pleinement heureuse avec sa thèse qui allait être approuvée, tu n’en doutais pas. Ce n’était pas pour le projet de thèse de Joanne que tu t’inquiétais mais bien pour elle car cette situation ne devait pas être simple à gérer avec deux enfants en bas âge au milieu de tout le reste. « Je vous souhaite de tout coeur de retrouver votre équilibre. Laisse-toi le temps de guérir toi aussi. Si tu mets ces barrières c’est que tu as encore besoin d’un peu de temps. » Tu ne parlais pas de son soutien à ses projets professionnels, c’était à tes yeux la moindre des choses. « Tes enfants vont bien ? Ils ne sont pas trop impactés par tout ce qui se passe autour d’eux ? » Joanne devait tout faire pour les protéger mais des fois, c’était plus difficile à faire que prévu …
@Joanne Keynes |
| | | | (#)Sam 1 Aoû 2020 - 16:13 | |
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Certaines paroles de Marius faisaient échos. Joanne ne pouvait que comprendre ce qu'il ressentait et de le voir ainsi sous un autre jour, aussi vulnérable, avait quelque chose de déroutant. Il en coûtait de la fierté du professeur qui, jusqu'ici, avait réussi à mettre sa vie personnelle dans une petite boîte sans en parler à qui que ce soit. Cela ne le rendait pas plus faible, et ne tâchait pas l'image que la petite blonde avait de lui. Contrairement à ce qu'il pourrait potentiellement penser, elle l'admirait toujours autant, sinon plus. "Je suppose que personne ne fait que des bons choix." lui souffla-t-elle avec un sourire navré. Elle savait. Elle gardait avec elle le poids de la culpabilité pour de nombreux sujets. "Il y aura toujours des choses que je ne me pardonnerai jamais." Et la liste était longue. Une partie d'elle n'arrivait pas à se résoudre qu'il en était ainsi et qu'elle devait tout simplement faire avec. "Je ne pense pas plus mériter que toi, Marius." dit-elle en toute franchise, d'unen voix douce. "Et pourtant, j'ai tout ce dont j'ai pu rêver, voire même plus." Certes, tout n'était pas rose, encore moins ces derniers temps. Mais malgré cela, Joanne était heureuse d'avoir deux beaux enfants épanouis et en bonne santé. Elle était mariée avec un homme qu'elle aimait éperdument, même si sa vie de couple n'était pas à envier depuis quelques mois. C'était malgré tout bien plus que ce ne qu'elle aurait pu espérer après s'être séparée d'Hassan. "Je pense que tu le mérites." Joanne savait être têtue. Quand elle était persuadée d'un fait, il était bien difficile de l'en éloigner. "Peut-être qu'avec elle, c'est ta chance de rattraper les erreurs que tu aurais pu faire." Elle se demandait bien ce qu'il avait bien pu faire pour qu'il ne parvienne pas à tourner la page sur certaines choses. Certes, Joanne était curieuse, mais pas indiscrète et invasive pour autant. Pour elle, la clé d'un couple était la communication avant tout. C'était d'ailleurs le principal problème dans le sien. Ils avaient essayé de faire des efforts, encore et encore. Mais leur nature se rattrapé, les secrets restaient des secrets, avec plus ou moins de justifications. Elle ne voulait pas que Marius ait à affronter les mêmes difficultés que son ancienne étudiante. Mais il semblerait qu'il ait déjà partagé ses incertitudes auprès de la femme qu'il aimait. "Mais entre se douter de ce qu'il se passe dans ta tête et ce qu'il en est réellement, il peut y avoir tout un monde." souleva-t-elle. "Elle pourra supposer tout ce qu'elle veut, elle préférerait sûrement que tu le lui dises à voix haute." Enfin, du mois, c'était ce que la petite blonde préférerait. Elle savait qu'elle avait la fâcheuse tendance à ruminer, à faire tourner à toute vitesse les engrenages d'un esprit bien complexe, que Jamie avait même parfois du mal à en comprendre tous les rouages. L'art de l'overthinking dans toute sa splendeur. "Invite-la au restaurant à son retour. Tu peux marquer le coup pour... la féliciter de sa participation à cette émission, pour que vous discutiez tranquillement. Si tu la sens un peu romantique, pourquoi pas un bouquet de fleurs." Un moment à partager autour d'un repas. La longue absence de la prénommée Colleen avait donné du grain à moudre du côté de Marius, qui ne devait se contenter de ce qu'on voulait bien lui raconter. Las de devoir parler de ses propres problèmes de coeur, le professeur décidé de poursuivre la conversation en se concentrant sur Joanne. Celle-ci ne parlait que très peu de ce qu'il se passait à la maison, voire pas du tout. Marius n'était pas de ceux qui s'impliquaient dans la vie amoureuse de Joanne et n'était pas non plus celui qui lui suggérerait le divorce. Non, tout ce qu'il espérait, c'était que le couple Keynes retrouve un peu de sérénité, qu'il franchisse cette mauvaise passe. "C'est gentil." souffla-t-elle le regard bas. "J'avoue que du temps, je n'en ai pas de trop." Du moins, elle faisait en sorte d'être toujours occupée. Elle allait bientôt vraiment l'être, d'ailleurs, si sa demande de financement était enfin acceptée. "Et si fonctionne comme je le souhaite, j'en aurai bientôt encore moins." Mais pour un projet qui lui tenait profondément à coeur. Elle savait que cela pouvait être très prometteur. "Les enfants vont bien." lui assura-t-elle. "Daniel adore la maternelle même si les réveils le matin sont assez difficiles, et je peine à croire que Louise ait déjà un an." Elle savait que ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait entendre. Mais Joanne aimait se rappeler à quel point elle aimait ses enfants et à quel point elle s'émerveillait du moindre de leur progrès. "Jamie et moi faisont... tout notre possible pour qu''ils n'y voient que du feu. S'il y a bien quelque chose pour lequel nous sommes d'accord, c'est qu'ils ne soient pas touchés par nos disputes." Il n'avait pas à subir cela, surtout à leur si jeune âge. C'était le temps de trouver la solution à tout ceci, sauf que cette mascarade durait depuis des mois maintenant. "Une fois qu'ils sont au lit, l'ambiance à la maison change assez radicalement." reconnut-elle, sans avoir envie de s'épancher plus sur le sujet. "Je ne voudrais vraiment pas qu'ils en souffrent." Elle voudrait encore moins leur infliger un divorce aussi, même si les capacités de Joanne à être une mère célibataire n'était plus à prouverr. Sauf que depuis, elle avait eu un deuxième enfant et elle avait projet de doctorat sur le feu. Tous les jours, elle réfléchissait aux options, à son envie de retrouver sa vie de couple, à ses appréhensions face à l'ultimatum que Jamie leur avait imposé. Parce qu'il n'en pouvait plus de vivre de cette façon au quotidien. Joanne y songea même en présence de Marius. Absente pendant quelques secondes, elle ne prononça pas un mot. "J'ai déjà expliquer à Daniel que j'aurais peut-être beaucoup de devoirs à faire d'ici quelques mois. Il a d'abord paniqué en pensant que je devais retourner à l'école." finit-elle par dire avec un léger rire. "Je ne souhaite que le meilleur pour eux." Joanne prenait son rôle de mère très au sérieux. Elle ne voulait pas tendre vers la mère parfaite, son objectif principal étant surtout l'épanouissement et le bonheur de sa progéniture. "Tu sais..." finit-elle par dire après un instant de réflexion. "Si tu as de nouveau besoin de parler de Colleen, besoin de conseils ou... qu'importe... Tu sais que tu peux aussi compter sur moi, n'est-ce pas ?" lui demanda-t-elle. Elle ne voulait pas qu'il la pense indisponible. "J'adore parler du boulot et de nos projets avec toi, mais rien ne nous empêche d'avoir des petites parenthèse, si tu as besoin de vider un peu son sac, tu me le dis, et j'écouterai." En revanche, elle n'était pas trop partante qu'elle parle de ses propres problèmes, et elle se gardait bien de le dire.
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| | | | (#)Lun 10 Aoû 2020 - 1:44 | |
| A force, tu t’étais presque fait à l’idée de finir ta vie tout seul. C’était idiot parce qu’en même temps, cela te faisait extrêmement peur mais tu n’arrivais pas à t’imaginer laisser entrer une femme dans ta vie de nouveau. Pourtant, l’arrivée de Colleen avait tout changé. Sans que l’un ou l’autre vous ne le prévoyiez vraiment, vous vous étiez laissés entraîner dans une spirale infernale qui vous ramenait toujours l’un vers l’autre. Tu savais qu’elle était réticente à se lancer dans une relation après son divorce. Sa relation avec son ex-mari avait laissé des traces dont tu n’avais fait qu’apercevoir les contours et toi aussi, tu étais marqué par tes expériences. Des expériences qui t’avaient dépouillées de toute confiance en toi. « Je suppose que personne ne fait que des bons choix. Il y aura toujours des choses que je ne me pardonnerai jamais. Je ne pense pas plus mériter que toi, Marius. Et pourtant, j'ai tout ce dont j'ai pu rêver, voire même plus. » Tu avais toujours regretté que Joanne n’ait pas eu le courage de se lancer dans une thèse et de poursuivre ses études universitaires plus tôt. Tu avais attribué ce choix à un manque de courage pourtant, tu commençais à comprendre que Joanne était peut-être bien plus courageuse que toi. Comment ne pouvait-elle pas l’être alors que malgré les échecs, elle avait de nouveau tenté sa chance ? La preuve, cette thèse qu’elle n’avait pas faite à l’époque, elle allait la faire maintenant. Pouvais-tu toi aussi avoir ce dont tu avais rêvé ? La réponse était non, tu ne pourras certainement jamais avoir d’enfant, jamais être père mais tu pouvais essayer de construire quelque chose avec Colleen et arrêter de vivre dans cette solitude que tu t’imposais presque comme une punition. « Tu as eu le courage de ne pas laisser tomber, je ne suis pas certain de l’avoir de mon côté. » Tu aimerai ne pas vivre dans ls regrets mais il y en avait tellement qui peuplaient ton chemin … Chaque chois que tu avais fait amenait à un regret de plus, dans ta vie personnelle en tout cas. Certains diront que tu exagères mais tu ne penses pas que cela soit le cas. Pas du tout même. « Je pense que tu le mérites. Peut-être qu'avec elle, c'est ta chance de rattraper les erreurs que tu aurais pu faire. » L’usage du conditionnel dans la phrase de Joanne te fait sourire. Tu comprends bien qu’elle a du mal à t’imaginer faire des erreurs. C’est de ta faute en même temps. Tu refuses de te montrer faible devant tes élèves et tes collègues. Alors tu ne commets pas d’erreurs, du moins, tu ne les laisses pas voir les erreurs que tu peux commettre. « Peut-être, seul l’avenir nous le dira. » Tu ne savais pas à quoi ton avenir pouvait ressembler. Tu avais envie que Colleen en fasse partie mais c’était peut-être trop t’avancer que de penser ainsi. Il faudra attendre son retour sur Brisbane pour savoir ce qui se serai réellement passé dans cette émission. Ou le retour de Tommy, tu ne savais pas très bien qui rentrerait en premier. L’un ou l’autre, les savoir séparés voulait dire qu’ils ne faisaient pas partis du même binôme ce qui serait déjà un énorme soulagement. « Mais entre se douter de ce qu'il se passe dans ta tête et ce qu'il en est réellement, il peut y avoir tout un monde. Elle pourra supposer tout ce qu'elle veut, elle préférerait sûrement que tu le lui dises à voix haute. Invite-la au restaurant à son retour. Tu peux marquer le coup pour... la féliciter de sa participation à cette émission, pour que vous discutiez tranquillement. Si tu la sens un peu romantique, pourquoi pas un bouquet de fleurs. » La remarque de Joanne te laissa pensif. Tu ne savais pas si tu l’inviterais au restaurant mais tu voulais marquer le coup c’était sûr et certain. Comment ? C’était une bonne question. Pour l’instant, tu avais le temps d’y réfléchir car Colleen ne semblait pas sur le chemin du retour. Enfin, elle pourrait peut-être l’être dimanche mais tu savais que dans tous les cas, ce que tu décideras, tu le décideras à la dernière minute. Colleen voudra profiter de sa fille avant toute chose ce qui était assez compréhensible, tu verras ensuite ce qu’elle préfèrera. « Je compte marquer le coup à son retour. Je ne sais pas encore comment mais si j’ai encore une chance, je ne veux pas la laisser passer. » Colleen n’avait pas fui quand tu lui avais conté ton histoire, elle semblait t’apprécier malgré tout ce que tu lui avais raconté. C’était assez rare pour le souligner alors tu te devais d’essayer. Si elle avait rencontré ton frère et si une étincelle était née, tu ne voulais pas le laisser gagner, pas sans te battre pour une fois. « Merci du conseil. » Dis-tu à Joanne avec un petit sourire. C’était agréable de discuter avec la jeune femme parce qu’elle ne cherchait pas à être intrusive. C’était une qualité à tes yeux, un trait de caractère que tu appréciais énormément et que tu partageais avec elle. Quand tu lui retournais la question, quand tu pris des nouvelles de sa famille, tu le fis sans insister, laissant à Joanne le soin de te répondre ce que bon lui semblait. Suite à votre dernière discussion, tu avais compris que son mariage n’était pas au beau fixe et tu savais à quel point il lui tenait à coeur alors tu espérais sincèrement que cela s’arrange. « C'est gentil. J'avoue que du temps, je n'en ai pas de trop. Et si fonctionne comme je le souhaite, j'en aurai bientôt encore moins. » En effet, du temps elle n’allait pas en avoir beaucoup dans les mois à venir si sa thèse était acceptée mais ce n’était peut-être pas une mauvaise chose. Faire quelque chose pour elle et rien que pour elle lui permettra d’avoir une nouvelle perspective sur tout le reste. « Les enfants vont bien. Daniel adore la maternelle même si les réveils le matin sont assez difficiles, et je peine à croire que Louise ait déjà un an. Jamie et moi faisont... tout notre possible pour qu''ils n'y voient que du feu. S'il y a bien quelque chose pour lequel nous sommes d'accord, c'est qu'ils ne soient pas touchés par nos disputes. Une fois qu'ils sont au lit, l'ambiance à la maison change assez radicalement. Je ne voudrais vraiment pas qu'ils en souffrent. J'ai déjà expliquer à Daniel que j'aurais peut-être beaucoup de devoirs à faire d'ici quelques mois. Il a d'abord paniqué en pensant que je devais retourner à l'école. Je ne souhaite que le meilleur pour eux. » Les enfants font souvent les frais des disputes et des humeurs de leurs parents mais cela ne te surprend pas que Joanne maîtrise parfaitement la situation pour les siens. S’ils arrivent à ne pas laisser leurs disputes prendre le dessus sur leur vie de famille, tant mieux mais les enfants sont bien plus perceptifs qu’on ne le pense et des fois, tout ne peut pas être caché. Tu comprends aux dernières paroles de Joanne qu’elle ne compte pas divorcer si elle peut l’éviter, qu’elle veut que les choses s’arrangent mais tu espères qu’elle ne sacrifiait pas son bonheur pour garder sa famille intacte. « C’est admirable que vous arriviez à ne rien laisser voir à vos enfants. Ils ont de la chance. » Et tu le pensais réellement car beaucoup de parents ne se donnaient pas cette peine. « Leur bonheur est essentiel mais il ne doit pas être plus important que le tient. J’espère que vous arriverez à recoller les morceaux avec ton mari mais si ce n’est pas le cas … » Il ne fallait pas être devin pour comprendre où tu voulais en venir. « Des fois divorcer est bien plus bénéfique pour ses enfants qu’on ne l’imagine. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu ne voulais pas pousser Joanne dans cette direction, tu voulais juste qu’elle ne la mette pas totalement de côté si cela devait arriver. « Mais vous n’en êtes pas là si je comprends bien. » Lui dis-tu pour faire comprendre à Joanne, tu l’espérais, que tu étais de son côté, peu importe ce qu’elle décidait. Après quelques secondes de silence, Joanne reprit la parole, te faisant comprendre qu’elle n’avait pas spécialement envie de s’épancher plus que ça sur le sujet. « Tu sais... Si tu as de nouveau besoin de parler de Colleen, besoin de conseils ou... qu'importe... Tu sais que tu peux aussi compter sur moi, n'est-ce pas ? J'adore parler du boulot et de nos projets avec toi, mais rien ne nous empêche d'avoir des petites parenthèse, si tu as besoin de vider un peu son sac, tu me le dis, et j'écouterai. » Tu hoches la tête. Tu es conscient qu’aujourd’hui vous avait fait tomber un mur alors pourquoi ne pas en profiter à l’avenir ? « Je le garde en tête mais ne t’attend pas à ce que cela arrive trop souvent. » Lui dis-tu un petit sourire taquin sur les lèvres. Après tout, tu n’allais pas te mettre à parler à tout ton entourage de tes histoires, cela ne te ressemblait pas. Mais avoir le soutien de Joanne était une chose que tu appréciais car la jeune femme s’avérait être une excellente oreille à qui parler et donnait de bons conseils.
@Joanne Keynes |
| | | | | | | | today you'll get to see another side of me (joanne) |
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