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 amos + name a price to all this living

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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyMar 16 Juin 2020 - 22:22

Elle arriva, toute pimpante dans son chemisier blanc froufroutant à col Claudine et sa longue jupe patineuse gris souris qui lui donnait l’allure d’une institutrice de début du siècle dernier. Si Kelly souhaitait se tenir à l’écart de la famille Taylor, sa visite à Amos n’allait clairement pas dans ce sens. Et au souvenir de leur dernière conversation, la brune pourrait ne pas se montrer aussi enthousiaste à l’idée de revoir son ex-beau frère. Pourtant, elle l'appréciait, et les Taylor avaient été sa famille pendant trop longtemps pour qu’elle leur tourne entièrement le dos. Son ancienne belle-mère était la première à être incapable de lâcher prise et accepter que son idéale belle-fille soit absente aux moments les plus importants de l’année. La sommelière savait pertinemment qu’elle devait arrêter, mais à chaque fois, elle répondait aux adorables textos en majuscules de Mrs Taylor avec un sourire attendri. Bien entendu, aucun rictus tendrement amusé ne fut au rendez-vous lorsqu’elle accueillit la nouvelle de l’accident de voiture d’Amos. Lee avait répondu à l’appel pour Chad après ses blessures durant les terribles incendies, et désormais, elle était à nouveau présente pour l’aîné de la fratrie. Au fond, cela était plus fort qu’elle ; Kelly aimait se sentir utile et prendre soin des autres. Pourquoi le renier ?

“Des cookies pour un régiment, comme promis.”
annonça-t-elle fièrement en présentant à Amos le plat qu’elle tenait entre ses mains. Lee les avait préparés le matin même en prévision de cette visite vers l’heure du goûter. Elle pensait qu’ils accompagneraient parfaitement un thé chaud ou un café réconfortant. Après tout, l’hiver arrivait sur Brisbane, et pour une australienne habituée aux chaleurs étouffantes de la saison des pluies, la douceur de juin était un temps à se lover sous un plaid. Kelly s’invita à l’intérieur sans attendre et déposa les pâtisseries sur la première table venue. Puis elle fit volte-face vers l’aîné des Taylor, l’observa un instant et détailla ses blessures. “Oh, Amos… Qu’est-ce qu’il t’es arrivé ?” soupira-t-elle, purement rhétoriquement. Sa mère s’était déjà chargée de toute la narration. Amos ne pouvait qu’apporter des détails sur les événements qu’il lui aurait épargné. “D’abord Chad, maintenant toi… Sérieusement, n’allez pas faire une tradition familiale de tous finir à l’hôpital tous les six mois, mon coeur ne le supporterait pas, et celui de ta mère encore moins.” Lee ne plaisantait qu’à moitié, mais elle avait l’art de faire passer ses messages à travers de larges sourires et des paroles douces. Il ne manquait plus qu’il arrive malheur à Liam pour transformer la fratrie en tiercé gagnant de la course en fauteuil roulant. Et l’australienne tendait à se faire bien trop de souci pour eux. Si Chad avait prouvé qu’il ne méritait pas les égards de Kelly, Amos avait une chance de relever le niveau. “Est-ce que tu as besoin d’aide en quoi que ce soit ? Peut-être un brin de ménage tant que je suis là ?” Cela ne la dérangeait pas le moins du monde, et vu l’état d’Amos, celui-ci n’était clairement pas en mesure d’effectuer les tâches ménagères seul. Si elle pouvait le soulager d’un peu de vaisselle sale, de poussière ou de repassage de chemises -portait-il des chemises, d’ailleurs ?- alors c’était avec bonne foi qu’elle s’exécuterait, sifflant en travaillant comme une véritable Blanche-Neige.
@Amos Taylor :l:
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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyVen 19 Juin 2020 - 19:55




NAME A PRICE TO ALL THIS LIVING
Si je passe la majorité de mon temps sur le bateau – résidence acquise grâce à la générosité relative de Maeve fox à laquelle j’ai vendu un rein de loyauté – je n’ai pas rendu le bail du studio de Redcliff. Au départ, je lui avais alloué le rôle de tanière secrète dans laquelle j’entreposais les fruits de mon enquête. A terme, et principalement à cause de Sarah qui ignore tout de l’existence de ma récente acquisition, j’ai terminé – enfin – de l’aménager afin qu’il ressemble davantage à un studio cosy qu’à une grotte lugubre. Jamais je ne m’en serai autant félicité d’ailleurs. Convaincu qu’à vivre en autarcie j’avais fini par perdre l’intérêt de mon entourage, je goûte aujourd’hui à mon erreur et expérimente, avec une joie nouvelle, le concept de la mécanique des coudes. Mes proches se sont pressés de m’adresser des messages pour s’enquérir de mes nouvelles et, pour qui n’a pas eu le temps de me débusquer dans une chambre d’hôpital, c’est ici, dans le studio où j’ai déclaré mon domicile que je les ai reçus, en bon hôte, courtois, heureux de les voir, quoique diminué et déçu par les circonstances et d’être plus à l’étroit entre ces murs que sur la Marina. S’il est vrai que certains textos m’ont surpris, je crois que, celui de Kelly, je l’ai espéré. Outre mon affection, j’ai craint qu’à l’image de Liam – et sans doute Chad – elle ait été informée de mes frasques et qu’elle range dans la case des hommes adultères sans m’accorder voix au chapitre. Autant dire que je n’ai pas hésité trente secondes à répondre à son message par l’affirmative. Avec ou sans cookies, quoique j’apprécie l’attention, j’ai tant à cœur de remettre l’église au milieu de village que je l’ai attendue de pied ferme dans mes jeans et mon t-shirt. Au premier avertissement, je me suis jeté sur la porte malgré ma côte douloureuse et je l’ai accueillie avec un sourire élargi que le temps avait rendu rare. « Merci. Merci d’être venue et merci pour ça. » lui ai-je aussitôt lancé sans me fondre dans le moule des simagrées obséquieuses. Je me suis simplement excusé de ne pas avoir la force de la débarrasser du plateau de gourmandise ; elle l’a posé sur la table basse. « Café ? Thé ? » Je suis davantage l'amateur du premier, mais le second ne m’a jamais dérangé et, dans mon souvenir, elle aime en consommer. « Je sais ! Je m’en serais bien passé, je t’avoue. C’est ma mère, je suppose.» ai-je déclaré sur le ton de l’évidence malgré la nuance de l’hypothèse imposée par les mots. Qui d’autre, de toute façon ? Nul n’est jamais parvenu à museler la pie bavarde. « On m’a grillé la priorité. Ça aurait pu s’arrêter là, mais…je n’étais pas totalement clean. Ça sent un peu les ennuis, mais… » Mais, j’assumerais puisque ma bêtise m’a amputé du droit de choisir. Kelly, en revanche, n’a pas oublié son altruisme. Sa préposition, touchante, a révélé mon sourire précédemment éteint et si j’ai songé un bref instant à sauter sur l’occasion d’obtenir un coup de main, j’ai poliment refusé, somme toute provisoirement. « Assieds-toi d’abord. Il y a des cookies. Et, dis-moi, comment tu vas ? » Douceurs pour les papilles qui se partagent à deux. « Et, je présume que tu dois être au courant d’un tas d’autres choses… On peut en parler, tu sais ! » Je ne le lui répéterai assez qu’à mes yeux, elle demeure un membre à part entière de ma famille. Qu’importe le sort de Sofia, elle en est toujours sa marraine. « Tu veux commencer par quoi ? Par le fait que j’étais ivre au volant ou l’épisode de l’hôpital ? » Les chances que quiconque l’ait abandonnée à son ignorance sont si minces que je juge inutile de tourner autour du pot. Inutile et hypocrite.




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Message(#)amos + name a price to all this living EmptySam 8 Aoû 2020 - 22:17

Les Taylor avaient été sa famille trop longtemps pour qu’elle les ignore. Au fond, Kelly le savait. Eux tous se connaissaient depuis un peu plus de dix ans désormais et partageaient autant de souvenirs. Si Chad lui avait brisé le coeur, elle n’avait rien à reprocher de tel au reste de la fratrie qui avait su respecter leur choix de divorcer et les soutenir dans ce processus. Tous auraient pu se liguer contre elle, la rejeter, maudire son nom, mais il n’en était rien. Lee savait qu’elle était toujours bienvenue chez un Taylor, et eux savaient qu’ils pouvaient compter sur elle. Malgré leur dernière discussion à l‘hôpital, la brune ne nourrissait aucune animosité envers Amos. Les questions qu’il lui avait posées étaient légitimes et l’agacement de l’australienne n’était alimenté que par la pression du mensonge que Chad lui avait transmis jusqu’à ce qu’il daigne le révéler à ses proches. Le poids était trop lourd pour ses frêles épaules. Ainsi, puisque cela n’était pas le sujet de sa visite, Kelly espérait que l’état de sa relation avec le cadet d’Amos ne reviendrait pas sur le tapis. La chose importante, c’était son accident à lui, son bras immobilisé, et la cause de tout ceci. Bien sûr, Lee ne se voulait pas indiscrète. Sa curiosité avait pour limite ses principes de politesse et de bienséance. Les questions qui fâchaient n’étaient pas sa tasse de thé. Ce fut d’ailleurs sa réponse au choix proposé par son hôte. “Je ralentis sur le café, j’ai lu quelque part que plus de deux tasses par jour est mauvais pour la santé.” ajouta-t-elle, ce qui n’intéressait sûrement que la brune. Et elle reprit de plus belle au sujet de l’accident et de l’état malheureux d’Amos qui peinait tant sa chère mère. Deux fils à l’hôpital en aussi peu de temps, la pauvre femme ne savait plus qui prier pour que les autres membres de la famille demeurent sains et saufs. Bien sûr, Lee avait été nourrie de tous les détails des événements et Amos ne lui apprenait rien quant à son état d'ébriété derrière le volant. Elle espérait cependant que les ennuis qu’il mentionnait ne seraient pas trop grave -elle qui ne s’était jamais retrouvé dans pareil cas de figure, grand Dieu, ne pouvait imaginer toute la palette de sanctions que l’Etat était capable de dégainer. “Boire ou conduire, Amos. Boire ou conduire.” se contentait-elle se murmurer, un rictus tendre au coin des lèvres. Il avait assez d’une mère pour le lui répéter.

Prête à se rendre utile afin de faciliter un tant soit peu la vie d’Amos durant sa période de convalescence, Kelly ne s’attendait pas à ce que celui-ci tape dans le vif du sujet, prêt à percer tout abcès par anticipation, préférant la transparence au moindre non-dit. Face au franc parler du Taylor, la brune fut parfaitement décontenancée. Sa mâchoire tombait comme la bouche d’un poisson mort. “J’imagine que s’asseoir s’impose, oui.” murmura-t-elle en prenant place dans le canapé dans un mouvement léger, comme on se poserait au bord d’un nuage. Et avec la même fluidité de mouvement, elle saisit un cookie, puis un autre, et tendit l’un des deux à son ex-beau-frère du bout des doigts. “Je ne suis pas là pour te blâmer, Amos. Tu paies déjà bien assez le prix de ta bêtise.” D’après ses propres dires, il n’avait pas réellement terminé de payer, d’ailleurs, et tout ce que voulait l’australienne était une punition juste, modérée ; ni plus, ni moins. “J’espère simplement que ce n’est pas quelque chose de récurrent, et dans ce cas, que ça t’auras servi de leçon.” C’était là une démonstration de la manière qu’avait Kelly d’aborder les sujets les plus graves et délicats. Elle n’accusait pas Amos d’avoir un problème d’alcool, elle s’interdisait même la simple hypothèse ainsi que tout jugement. Cependant, elle glissait, à sa manière, son soutien. “Quant au fameux… “épisode de l’hôpital”...” Bien sûr qu’elle en avait été choquée. Bien sûr qu’elle n’approuvait pas. Mais au nom de la compréhensivité d’Amos au moment de son divorce avec Chad, l’australienne refusait de se faire juge, parti et bourreau. Il n’avait aucun compte à lui rendre, aucune justification à donner. Elle-même n’était pas certaine d’en vouloir. La désillusion se suffisait à elle-même. “Je crois que j’espérais encore que les choses s’arrangeraient entre toi et Sarah.” avouait-elle, le regard bas, forçant un sourire triste. C’était encore un couple qui se déchirait sous ses yeux. Encore une romance fanée. Encore une preuve que l’amour n’était qu’une chimère fugace.

@Amos Taylor avec mes excuses pour le délai :l:
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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyMar 1 Sep 2020 - 17:42




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Il est des femmes qui fouinent, d’autres qui dissimulent leur curiosité malsaine derrière la bienveillance, s’aidant par ailleurs d’une assiette de cookies ou de brownies fraîchement préparé. Pas Kelly cependant. Certes, ma belle-sœur– je ne suis pas résigné à décorer son titre d’un quelconque préfixe – nourrit comme tous des défauts. Je garderais à titre d’exemple la fermeture d’esprit liée à cette éducations atavique et spirituelle. Du reste, je l’ai toujours jugée authentique, de bons conseils et somme toute d’agréables compagnies.  Aussi, n’ai-je pas feint d’être heureux de la voir et de la recevoir malgré ma faiblesse physique. A peine l’ai-je invitée à entrer que je me suis armé d’une dosette de café que j’ai finalement rangé dans sa boîte. Ce sera du thé pour la dame et, soucieux de lui rendre toute politesse, j’ai décidé de l’accompagner. J’ai rempli une théière – cadeau d’Olivia – d’eau et, en attendant qu’elle monte à ébullition, j’ai narré le récit de mon accident, celui qui écornera mon visage. Mon expression désolée a traduit mon embarras et, pourtant, j’ai souri devant son commentaire. « Je sais. Mais, tu sais ce qu’on dit : choisir, c’est renoncer. » ai-je déclaré en haussant les épaules. Cette fatalité est propre à chacun. Ne l’a-t-elle pas vérifié tout au long de sa propre histoire avec mon frère ? Ne suis-je pas présentement en train de m’en rappeler moi-même ? Privilégier ma relation avec Raelyn, c’est mettre un terme définitif à mon mariage. Opter pour la cachotterie concernant mon état civil, c’était craché sur la sincérité et mettre à mal la confiance que la précitée. Est-ce par le fait de mon inconscient que j’ai fait fi de mon sens de l’énigme pour trancher moi-même dans le vif du sujet ? Est-ce sa façon de m’aider à réaliser que j’ai besoin de conseil ? Que je n’ai pas les ressources en moi utiles à gérer cette situation sans l’envenimer ? Qu’importe ! Quiconque m’a apprivoisé me reconnait volontiers ma franchise. Pas de temps à perdre, me chuchote mon instinct, plutôt nous aurons réglé les sujets fâcheux plus tôt nous pourrons nous détendre et profiter des délices d’une discussion dénuée de toute tension.  L’aurait-elle oublié, Kelly ? Est-ce la raison pour laquelle elle paraît éberluée ? Moi, je l’ai encouragée à ne pas s’encombrer de trop de bienséance d’une nouvelle grimace engageante, à mi-chemin entre le « tout va bien » et « rien n’est plus grave. » Rien ne peut plus l’être lorsqu’on a perdu un enfant pour moi et une filleule pour elle.

Entraîné par son geste, j’ai pris place dans mon canapé et je l’ai remerciée pour sa délicatesse. De mémoire d’homme, ses douceurs pour le palais ont toujours été une réussite. Je l’ai donc croqué sans attendre, oubliant le récipient sur le feu. « Je sais que tu n’es pas là pour ça. » Elle sera bien la seule qui, mise au courant par la pie bavarde apprivoisée, se gardera de toutes réprimandes. Evidemment, je ne suis pas sot. Elle n’en pense pas moins. La preuve étant, elle qualifie mon geste de « bêtise » et mes lèvres se sont pincées sous le poids de ma honte. « Mais, je n’en suis pas fier pour autant. » Ni d’avoir conduit complètement ivre ni d’avoir mené ce que beaucoup décriraient comme une double vie. Ce serait faux, mais… « Par récurrent, tu entends : est-ce que je prends le volant tous les jours en étant ivre ? » me suis-je enquis, conscient que la seule réponse sincère à formuler serait un grand oui. « Ou est-ce que je le fais souvent en étant complètement ivre ? » D’après moi, la différence se situe là : je ne suis jamais tout à fait sobre, mais pas incapable pour autant. Seuls la loi et les abstinents récuseraient mon opinion. Autrement soi dit : Miss Ward.  « Quant à Sarah, je l’ai longtemps cru moi aussi, mais un vase brisé, même recollé, sera toujours ébréché. Ce que je regrette, c’est la façon dont j’ai fait les choses. » Je n’aurais pas dû attendre avant d’annoncer que je ne me battrais plus mon mariage. J’aurais dû corriger mon discours afin de nous éviter la douleur du sentiment de trahison pour les unes et d’injustice pour moi. « Elle semble en avoir envie maintenant. Recoller les morceaux… » Mais, n’est-ce pas son ego qui parle ? « Et pas moi. C’est étrange, la vie. » C’est une succession de paradoxe et d’indécision. « On n’a pas réussi à surmonter. C’est triste, mais c’est comme ça. » La théière a sifflé comme un train à vapeur quittant une garde et j’ai sursauté. « Je n’ai pas grand-chose en thé. J’en ai quelques-uns là. » Je lui ai désigné une armoire de mon index de ma main valide afin qu’elle se serve et choisisse. Moi, j’ai rempli deux tasses d’eau chaude en silence, habité par une question : que sait-elle exactement ? « Tu as eu les détails ? De tout ça ? » Sous-entendu, n’hésite pas si tu as des questions, Lee. Je ne m’en offusquerai pas. A l’inverse, je poursuis, l’air grave, le regard teinté de détresse. « J’ai foiré, je le sais, mais où ? Qu’est-ce que j’aurais dû faire ? » Ou plutôt, comment aurais-je dû m’y prendre ?






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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyMer 9 Sep 2020 - 21:08

Amos lui avait toujours semblé un brin tête brûlée. Pas irresponsable, mais doté d’une tendance à foncer d’abord et penser ensuite, à demander pardon plutôt que permission. Kelly, elle, n’en attendait rien des suites de son accident ; ni excuses, ni explications. Elle ne se sentait pas en droit, ni légitime, de blâmer son ex-beau-frère de quelque sorte que ce soit, de l'assommer de questions ou de reproches sur le pourquoi du comment il avait atterri derrière ce volant après avoir bu, puis dans ce lit d’hôpital entre deux feux de femmes en colère. Elle ne comprenait pas, non, mais cela n’avait pas d’importance, de même que son jugement ou son opinion n’avaient pas leur place. Lee pouvait simplement lui souhaiter d’apprendre de ses erreurs. “Ne joue pas sur les mots, Amos, tu sais parfaitement ce que je veux dire.” rétorqua-t-elle, bouche pincée, aux pseudo-nuances que celui-ci cherchait entre les lignes imaginaires des paroles de l’australienne. La seule chose qu’elle espérait, c’était que son ex-beau-frère n’avait pas pris pour habitude de se saouler tous les soirs, que ce n’était pas ainsi qu’il gérait sa perte et sa peine. Que cela n’était qu’un incident isolé et qu’elle n’avait pas à se faire un sang d’encre à son sujet ni l’ajouter à ses prières du matin. “Ne te mets pas bêtement en danger. Tu vaux mieux que ça.” conclut-elle. Il était plus futé que ça, plus fort que ça -ou en tout cas, il se devait de l’être. Car se laisser tomber jusqu’au fond du trou n’était que le luxe des lâches, et Amos était bien des choses, mais son cuir était plus épais que cela.

Il serait pourtant aisé de se laisser submerger. Son mariage n’allait finalement pas survivre à la perte de leur fille, et Lee sentait un second deuil peser sur son coeur ; celui de ce couple qu’elle avait soutenu si fort et en qui elle avait tant cru. Pas une seule seconde n’avait-elle douté qu’ils finiraient par se retrouver. Alors qu’Amos évoquait cette histoire comme un vase brisé, Kelly songea à cet art ancien japonais qui consistait à réparer les poteries avec de la poudre d’or. Cela décuplait la valeur de ces céramiques en plus de leur conférer une esthétique unique. Alors comme pour les vases antiques, Lee pensait naïvement qu’une histoire pour laquelle Amos et Sarah se seraient battus jusqu’au bout n’en aurait été que plus belle encore. Conservant un sourire nostalgique, l’australienne lâchait un fin soupir. Il n’y avait rien à en dire ; les choses étaient ainsi faites, et si les chemins des anciens époux se séparaient de cette manière, c’était parce qu’une nouvelle route les attendait derrière.

La brune se releva et suivit Amos en cuisine. En chemin, dans l’armoire qu’il lui indiquait, elle récupéra deux sachets de thé de jasmin qu’elle déposa dans les tasses. L’eau fumante se teinte délicatement de reflets ocres. “J’ai eu plus de détails que je n’en aurais voulu.” admit Kelly aux interrogations d’Amos. Mais rien dans son ton n’indiquait qu’elle avait la moindre intention de véritablement creuser le sujet, lui faire faire le récit des événements et se justifier de chaque passage. Si Lee avait la fâcheuse habitude de se réjouir d’écouter les ragots, les petits malheurs et autres catastrophes de personnes lambda, de voisins, de connaissances communes ; il n’en était rien lorsque cela touchait à son entourage. Alors non, elle ne souhaitait pas en savoir plus. De même, la brune ne s’imaginait pas offrir le moindre conseil à Amos sur la manière dont les choses auraient dû être faites. “Je ne sais pas, fit-elle en haussant les épaules. Ca ne changerait rien, de toute manière.” Se bercer de “et si” n’était qu’une illusion, un moyen de se persuader que dans un autre monde, une autre réalité, notre histoire ne serait pas aussi chaotique et pleine de virages serrés. Mais il existait un plan, un ordre des choses que tout un chacun devait apprendre à accepter et embrasser comme tel. Il ne servait à rien de s’attarder et regretter des événements qui n’étaient pas entièrement en leur contrôle. “Je crois que, qu’importe la configuration des événements, quelqu’un aurait fini par être blessé. C’est un de ces moments où… Il faut juste serrer les dents, et laisser l’orage passer.” Au bout du chemin, la raison de ces secousses leur apparaîtrait. Les leçons à retenir, les récompenses à en tirer. Peut-être qu’Amos le savait déjà. “Cette… femme, qui était à l’hôpital. J’espère qu’elle en vaut la peine. J’espère qu’elle te rend un peu plus heureux.” Mais était-elle une récompense, ou seulement une partie de la leçon ?
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Message(#)amos + name a price to all this living EmptySam 12 Sep 2020 - 18:41




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Ai-je sciemment servi à Kelly une réponse de juif ou de Normand ? Bien sûr. Je n’aime pas être pris en défaut. Je déteste que l’on souligne que mes comportements sont parfois dangereux, pour moi et pour les autres. En général, de ces piqûres découlent des affirmations que je refuse d’assumer devant mes proches parents – et Kelly en est, divorce ou non – et par la suite, des conseils téléphonés que j’ai étudiés par cœur. On ne conduit pas quand on a bu, pas même une fois. Par extension, on évite l’alcool, c’est mauvais pour la santé, surtout dans l’abus. M’enivrerais-je à l’occasion – les grandes de préférence – ou tous les jours avec parcimonie, jamais je n’aurais insulté l’intelligence de ma belle-sœur. Ceci étant, puisque sans surprise, je suis démasqué, je lui offre mon sourire le plus innocent. Il s’est aussitôt élargi, preuve de mon mea culpa. Inutile de renchérir. Juste de réfléchir au poids de ses mots. Je vaux mieux que ça. Je suis un père raté, un mari désavoué qui a craché sur ses principes parce qu’une femme plus tenace que les autres a roulé des hanches sous son nez, un alcoolique notoire qui feint d’être le dernier informé, un type endetté jusqu’au cou auprès d’un requin qui lui réclame des services qui flirte avec l’illégal et un infiltré dans une organisation criminelle avec pour seul gilet pare-balle, Olivia Marshall. Quel est donc ma valeur dans tout ce marasme ? Ses cookies, plus que réussis, se vendraient plus cher sur le marché de l’artisanat. Pourtant, je ne proteste pas à voix haute. Je ne commente que d’une grimace qui prétend qu’elle, elle se méprend. « Je suis fatigué, tu sais. » De nager à contre-courant de la mer du désespoir, d’être aux aguets pour esquiver l’épée de Damoclès qui me pend au-dessus de la tête quand enfin elle tombera, d’être l’imparfait, l’indigne, celui sur la tête duquel sa mère cogne. Je suis éreinté de récoler à mains nues les roses fanées sur l’arbre de mes ambitions. Jeune, je ne l’ai pas arrosé suffisamment et, aujourd’hui, alors que la moitié de ma vie est désormais derrière moi, je m’en mords les doigts : je ne suis nulle part et je n’ai pas grand-chose, parce que je ne suis pas grand-chose. N’est-ce pas ce que chante à tue-tête ma pipelette de mère à ses auditeurs voraces de ragots ? La preuve étant, Lee l’admet en d’autres termes : il est des détails dont elle se serait bien passée. « Je suis tenté de te proposer d’en oublier la moitié.» Principalement ceux qui concernent Raelyn. Elle a été diabolisée et quoique je lui reconnaisse qu’elle n’appartient pas au standard, elle est le mien désormais. Certes, j’en fus moi-même surpris. Ma complice s’en est également étonnée. Du reste, nous nous sommes trouvés, j’en suis convaincu, assez pour trembler à l’idée de la perdre, assez pour m’ouvrir et implorer Kelly de me confier le secret de la facilité. L’a-t-elle seulement ? Elle l’avoue elle-même : elle ignore quels sont les ingrédients miracles pour ne froisser personne. Elle est comme moi : le pantin de la fatalité. À ce stade, autant manger des cookies et boire du thé en bavassant sur des bagatelles. Ça me va, à moi : j’en suis même soulagé. « Tu serre encore les dents, toi ? » ai-je toutefois osé en référence à notre dernière conversation. Où en est-elle avec Chad ? Ai-je le droit d’en parler ? De prononcer son nom ? Dans le doute, j’ai renchéri d’un « Il est venu. À l’hôpital. Avec Liam et grâce à lui d’ailleurs.» Attrapant de ma main valide ma tasse, j’ai bu une gorgée. Le jasmin a envahi mes papilles et je m’en suis trouvé quelque peu apaisé. Ce n’est pas rond dans la bouche, pas aussi réconfortant qu’un café ou un chocolat chaud, mais c’est agréable. «Oui. Elle fait ça, oui.» ai-je confirmé, songeur, non d’avoir honte de le confesser, mais parce que j’en suis toujours surpris. « Et je l’ai blessée. Et je vais le faire encore… et je ne sais pas si elle l’a mérité.»ai-je soupiré, conscient qu’il est question d’amour et non de vengeance concernant Raelyn, mais qu’elle sera néanmoins le premier des dommages collatéraux qui suivront mon entreprise. « Je dis ça comme si tout était toujours juste alors que… » La vie n’est qu’une loterie.





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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyJeu 17 Sep 2020 - 20:52

Les Taylor avaient du mal à la laisser partir. Depuis plus de dix ans qu’ils se connaissaient, qu’ils avaient formé une famille, le divorce n’avait pas provoqué la cassure nette que Lee s’était imaginé. Avoir régulièrement la mère de Chad au téléphone n’était pas toujours aisé. Lorsque celui-ci lui avait avoué la vérité et qu’elle ne souhaitait plus entendre parler d’aucun d’entre eux, la voix de Mrs Taylor état un poignard dans son coeur à chaque conversation. Mais Kelly n’avait jamais eu le coeur de lui demander de cesser. Elle donnait plus de nouvelles que la brune n’en voulait, des tracas causés par ses vieilles articulations, des péripéties de ses garçons. L’altercation provoquée par l’accident d’Amos, à l'hôpital, l’avait choquée, pour sûr. Elle s’était étalée en détails et en opinions de longues minutes durant. Et bizarrement, plutôt que de blâmer Amos en son fort intérieur, la brune éprouvait surtout de la peine pour cette existence semée d'embûches et de drames que l’aîné de la fratrie vivait. Bien sûr, elle avait son avis sur tout ceci, et si elle se l’était permis, elle aurait eu son lot de choses à dire sur la question. Contrairement à ce qu’Amos suggérait, elle ne pouvait pas oublier ce qu’elle avait appris, simplement fermer les yeux et effacer un pan de l’histoire. De toute manière, cela ne serait juste pour personne, pour tous les partis en souffrance dans l’affaire. Kelly n’avait pas de camp. Seulement de la compassion pour eux tous qui vivaient la situation chacun à leur manière. Elle soupira à la question de son ex-beau-frère concernant sa propre situation. Y avait-il du mieux, un quelconque changement ? Avait-elle encaissé, pardonné, s’en sentait-elle seulement capable ? Ou était-elle encore enfermée dans sa honte, ses convictions malmenées, ses idéaux froissés ? “Oh que oui. Chaque jour que Dieu fait, en attendant que le chemin devienne plus clair.” répondit-elle, la tête basse. Elle serrait les dents, Lee. Elle prenait sur elle et sentait sur ses épaules chaque gramme de chaque mensonge que Chad avait articulé en dix ans de mariage, s’empiler les uns sur les autres et lui faire mettre le genou à terre. Mais cette visite n’était pas à propos d’elle. L’australienne souffla doucement sur la surface de son thé qui infusait peu à peu, écoutant Amos lui rapporter la visite forcée de Chad à son chevet. A l’entendre, si cela n’avait pas été pour Liam, il ne s’y serait pas rendu. “Pourquoi, il se pensait trop bien pour rendre visite à son propre frère ?” Sous-entendu qu’il n’était définitivement pas le mieux placé pour s’estimer au-dessus de qui que ce soit, encore moins sa famille. Lui qui persistait dans son mensonge auprès d’eux, et qu’elle se forçait à respecter cela à s’en tordre l’estomac. Ce n’était pas son rôle d’interférer dans leur histoire. Ce n’était pas non plus à elle de dire à Amos ce qu’il devait faire de la fin de son mariage, du début de sa nouvelle relation. Lee souhaitait simplement qu’il soit heureux. Elle comprenait sa fatigue, ses traits tirés. Il aurait mérité l’apaisement depuis longtemps, aux yeux de la brune, qu’il avait su laisser partir le fantôme de sa fille. Elle plissa les yeux face à son discours nébuleux. Amos semblait persuadé que plus de heurts étaient à venir pour la jeune femme en question et Kelly n’osa pas demander pourquoi. Elle n’en avait pas besoin. Elle savait que son beau-frère n’était pas un monstre de cruauté, qu’il ne ferait pas sciemment du mal à qui que ce soit de bonté de coeur ; ce n’était pas lui. Soit se faisait-il des idées, des scénarios exagérés dans l’optique de se préparer au pire, soit avait-il ses raisons qui n’avaient rien à voir avec une volonté sadique. “Vous avez été mis sur le chemin l’un de l’autre pour une raison. C’est ça l’important.” répondit Kelly en portant sa tasse à ses lèvres pour siroter une fine gorgée de thé. Amos apportait quelque chose à cette femme, et inversement. Serait-ce temporaire, court, long, fugace, éternel ? Ils ne pouvaient le prévoir ; seulement embrasser tout ce que cette expérience avait à donner. “Quoi que soient ces choses qui vont la blesser… La question n’est pas de savoir si elle l’a mérité ou non, mais ce qu’elle en fera quand le moment viendra.” Qui étaient-ils, Amos, Kelly, pour jauger ce que cette inconnue méritait ou non ? Cela ne leur revenait pas. Tout ce que le quarantenaire pensait avoir d’elle n’était qu’une fraction de tout ce que cette personne était, sous le prisme d’une seule et unique vision ; la sienne, corrompue par ses sentiments. Seul le Seigneur était juge, voilà ce qu’elle disait. Ce que le privilège du livre arbitre leur conférait était la sincérité de leurs réactions et de leurs choix ; telle était l’unique facteur en leur pouvoir. La seule chose qui importait. “Malgré l’altercation avec Sarah, elle est toujours là, n’est-ce pas ? Alors fais lui confiance.”
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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyMar 22 Sep 2020 - 14:51




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Voilà des années qu’une cour de justice à prononcé le divorce de Chad et Kelly et tout autant durant lesquels elle ronge son frein. “Elle serre la mâchoire”, pour reprendre l’expression et à nouveau j’oublie que je viens de subir un accident de voiture, que nous l’avons abordé, que j’ai admis ouvertement que je n’étais pas dans mon état normal et que j’ai joué à l’imbécile pour noyer le poisson de cette habitude dans son bocal. Je me néglige, parce que ça m’arrange, au profit de cette seule question : que s’est-il passé entre ces deux-là ? Qu’a donc fait mon frère à ce bonbon de femme pour que je les trouve, son air contrit et elle, dans un couloir d’hôpital il y a de cela des mois ? Avec qui l’aura-t-il trompée pour qu’elle souffre toujours d’avoir été abusée ? Ai-je doit de poser la question ? Est-ce judicieux que de transposer sa situation à la mienne ? Sarah s’apitoiera-t-elle sur ce qu’elle juge être une trahison ? J’en doute. Elle ne m’aimait plus. Si elle s’y colle, ce serait pour gagner la pitié de ses paroissiens. Peu de chance qu’elle se montre aussi digne que Lee qui, assise en face de moi, une tasse de thé fraîchement infusé dans une main et un cooke dans l’autre, a la mâchoire désormais crispée. Pourquoi la baisse-t-elle, la tête ? De quoi pourrait-elle bien avoir honte ? « Tu ne veux toujours pas me dire ce qui s’est passé ? » Non pas par curiosité, mais pour l’aider à traverser ce qui ressemble loudement à une épreuve : mon soutien lui est tout entier dévoué. Il l’est aussi à Chad, à Liam ou même à Zach. Mais, l’affection n’a besoin d’aucun critère pour être partagée. Quand elle existe, on évite de prendre parti, et ce qu’importe que mon cadet m’ait blessé. « A priori, il a peur des requins.» ai-je persiflé avec une amertume non dissimulée. Je suis né soupe-au-lait et qu’importe les torrents d’eau qui ont coulé sous les ponts depuis son hospitation, j’ai mal digéré la comparaison. « Après notre rencontre, à l’hôpital, je lui ai dit que je t’avais vue. Il avait l’air surprise. J’ai cherché à combler les pièces manquantes, avec discrétion, tu me connais.» Je n’ai pas prononcé son nom que pour souligner le cas fortuit que fut notre rencontre. Je n’ai pas non plus avoué qu’elle m’avait touché mot d’un conflit difficilement réglable par la communication. Mais, ne me sait-elle pas discret ? Préciser, c’est une formalité au cas où l’idée l’aurait traversée. « Il n’a pas apprécié que je puisse avoir envie de m’intéresser à lui. Il m’a dit que j’étais un requin. » Ou que j’en avais l’air, mais quelle différence ça fait ? « Ce n’était que de la bienveillance pourtant. Une main tendue.» me suis-je néanmoins justifié, plus peiné qu’en colère. Je me prétends froissé. En réalité, je suis surtout chagriné par l’état déplorable de notre relation fraternelle. Je le suis aussi par l’attitude de ma mère et de mon ex-femme et nous y revenons bien entendu. Nous avons à peine effleuré le sujet : n’est-ce pas de cette manière que nous traitons toute question embarrassante ma belle-soeur et moi ? N’est-ce pas là le réflexe de notre fierté ? Je mets l’orgueil à l’écart cependant. Porté par la clémence de Kelly, je me laisse aller à quelques allusions concernant l’avenir entre Raelyn et moi. J’agis déjà comme un coupable alors que je n’ai rien fait. Je peux encore renoncer. Sauf que j’ai peur. J’ai peur d’arracher moi-même et beaucoup trop vite le pansement que j’ai appliqué sur mes plaies au coeur. Et si elle saignait à nouveau… et si je crevais d’une hémorragie lente, indétectable, d’avoir littéralement le coeur brisé? « C’est surtout elle qui s’est mis en travers de mon chemin.» Rien de péjoratif. Je songe simplement sa détermination, son opiniatreté à m’attirer dans ses filets et m’y garder prisonnier volontaire et consentant. Et j’en souris. Mes traits se fendre d’une jolie grimace que la peur altère. « Et, je ne sais pas ce qu’elle pourrait en faire. Elle a déjà pardonné un mensonge. Que crois-tu qu’elle fera du second à ton avis ? » ai-je expliqué sans peser le poids juste de mon sous-entendu. « Si elle est toujours là, c’est parce que j’ai dû insister un petit peu. » J’ai grimacé et, pour masquer ma gêne, j’ai croqué dans mon biscuit.




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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyLun 5 Oct 2020 - 12:14

Il insistait sans méchanceté, Amos, sans mauvaise pensée, et surtout sans se douter qu’à chaque fois qu’il posait la question, il tournait lui-même le couteau dans cette plaie dont il aspirait à aider la guérison. Lee avait appris la leçon de leur dernière conversation à ce sujet et avait compris que ce n’était pas contre lui qu’elle avait été en colère pour s’être montré un tantinet indiscret ; son ex-beau-frère était bienveillant, c’était elle qui n’était pas prête à parler, qui se l’interdisait. “Je le voudrais bien, mais je ne peux pas.” fit-elle avec un fin sourire désolé. Si cela ne tenait qu’à elle, Lee hurlerait sur tout les toits ce que Chad lui avait fait, le mensonge dont elle avait été victime, les dix années de sa vie qu’on lui avait volées. Elle le pointerait du doigt sans hésitation, comme elle l’avait fait auprès de Leena la toute première, seule et unique fois où l’australienne s’était permis de se confier à ce propos. Mais en plus de l’humiliation, elle portait le poids du secret. A chaque fois qu’elle y songeait et que son regard se posait sur Amos ou qu’elle avait leur mère au téléphone, Kelly était confortée dans cette conviction ; elle ne pouvait rien dire, elle ne pouvait pas être à l’origine de ce désastre. Chad devait dire la vérité et faire face aux conséquences. C’était son chemin de croix à lui, et à lui seul.
Alors qu’elle l’avait découverte à ses dépends il y avait peu, l’ingratitude de son ex-mari n’était plus une surprise pour Kelly qui soupira avec une moue désabusée face au récit que lui rapportait le frère aîné de cette visite forcée à l’hôpital. Il avait été sur la défensive face aux question d’Amos, comme elle-même l’avait été. Mais elle doutait qu’il ait la maturité émotionnelle de se rendre compte que le problème venait de lui et non de Amos, que c’était la culpabilité qui le rongeait. Une culpabilité qui n’aurait plus lieu d’être s’il se défaisait des chaînes de ses secrets. “Il faut toujours que ce soit de la faute des autres avec Chad de toute manière, jamais la sienne.” souffla Lee en haussant les épaules. S’il s’était marié avec elle, c’était à cause du regard des autres. S’il avait menti pendant dix ans, c’était à cause d’elle. Si le divorce soulevait des questions, c’était la faute du reste du monde. Et lui se complaisait dans ce statut d’éternelle victime de mille-et-unes injustices que lui faisaient subir tout cet entourage aimant et bienveillant. Non, vraiment, pauvre de lui.
La brune, sans indiscrétion, sans jugement, se penchait vaguement sur le sujet de la mystérieuse femme qui avait été trouvée au chevet d’Amos également. Une histoire étonnant de la part d’un homme qu’elle pensait avoir appris à cerner -mais connaissait-on jamais une personne totalement ? Peut-être avait-il lui-même été pris au dépourvu par ses sentiments, c’était ce qu’il laissait penser entre les lignes. Il y avait quelque chose de romantique là-dedans, malgré tout, songeait-elle. Il se souciait de cette femme, de leur histoire, de leur avenir -s’ils en avaient un. Si elle se le permettait, Lee lui aurait simplement conseillé de ne pas mentir, de ne pas blesser, d’être honnête et sincère à tout moment ; quelle autre solution, aussi basique que complexe soit-elle, pour s’éviter tous les malheurs qu’il redoutait ? Mais elle gardait son avis pour elle, toujours. Bouche close, elle esquissait un sourire attendri. “Oh Amos. C’est mal connaître les femmes de croire que “insister un peu” suffit à leur faire faire quelque chose dont elles ne voudraient pas, fit-elle, amusée. Elle est là parce qu’elle en a envie, parce qu’elle veut être avec toi. On sait plier à un grand nombre de vos bêtises, tu serais étonné.” Et d’autres en abusaient, faisant plier encore et encore, tordre jusqu’à se rompre ; mais Amos n’était pas de ceux-là, elle en était certaine.
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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyJeu 8 Oct 2020 - 0:57




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J’ai interrogé Kelly au sujet des trahisons de mon frère avec à l’esprit un adage - qui ne tente rien, n’a rien - et une promesse tacite  celle que la douceur de mon regard lui traduira si elle s’y attarde : ce sera la dernière fois. Un autre essai suggérait de la curiosité malsaine quand il n’en est pourtant rien. Je suis davantage inquiet qu’indiscret concernant son divorce. Lee, elle me donne l’impression d’en souffrir encore. N’a-t-elle pas dit plus tôt, tandis que nous nous servions de ses délicieuses pâtisseries artisanales, qu’elle serrait les dents ? Pour quelles autres raisons ne s’épanouirait-elle pas, ma belle-soeur ? C’est une belle femme. Elle est intelligente et elle s’est bâtie une carrière enviable. Pour qui aime les jeunes femmes correctes sous tout rapport, parfaite d’apparence, à la franchise déroutante et au sens de l’humour idoine, elle serait la candidate idéale, mais espère-t-elle encore faire palpiter le coeur d’un homme ? A quel point l’a-t-il abîmée, mon frère ? L’a-t-il privé du goût d’aimer ? De toute confiance en la gent masculine ? Elle seule détient les réponses et, puisqu’elle souhaite conserver pour elle ses secrets, je respecte et balaie le sujet d’un hochement de tête et d’un « Je comprends.»  Loin de moi l’envie ou l’idée de la froisser quand elle me manifeste autant d’égard. Rien ne l’obligeait à me préparer des brownies et à se déplacer jusqu’à moi. Certes, j’ai été victime - ou coupable ? - d’un accident de voiture, mais se serait-elle contentée d’un message d’encouragement que je ne m’en serais pas offusqué. Je l’aurais comprise cette volonté d’enfin se détacher des Taylor. Comment pourrait-elle faire son deuil de son mariage quand ma mère l’appelle encore ? Lorsqu’elle se sent encore concernée par le sort de la fratrie ? Le seul qui semble s’attirer ses foudres, c’est l’homme qui a partagé son quotidien dix ans et qui, si j’en crois ses confidences partielles, lui a menti tout aussi longtemps. Quant à moi, quoique j’aimerais récuser son jugement, je n’ai pas d’arguments probants… à peine mieux que des circonstances atténuantes. « A sa décharge, ma mère lui a fait croire toute sa vie que ça ne l’était jamais. Difficile de se remettre en question dans ces conditions.»ai-je souligné en grimaçant. Si j’ai longtemps souffert de ne jamais être “assez” pour la matriarche, je la remercie aujourd’hui. Je ne suis pas irréprochable, mais je suis doué d’introspection. La preuve étant, je me tracasse de l’impact que la présence de Raelyn à l’hôpital - bien qu’elles ne se soient pas rencontrées personnellement - aura eu sur ma mère. Je ne tiens pas non plus mon couple pour acquis. Je réfléchis chaque jour à la possibilité d’être pleinement honnête envers ma complice. J’ai galéré pour gagner pour gagner sa confiance. J’ai bataillé contre son orgueil pour remporter son pardon. Et, pourtant, je gâcherai tout de deviner par avance que, ma bêtise n’en aura que le nom. Pour Rae, il s’agira d’une véritable catastrophe, d’un drame auquel elle n’est pas préparée, un coup bas dont je serai à l’origine. La tristesse et la déception qui en découleront, j’arrive toutefois à les oublier parce que je suis conquis par l’idée que Lee se construit de ma relation. Elle n’en sait pas grand chose, mais n’est-ce pas ce qui rend l’assertion aussi évocatrice ? Elle sait comment fonctionnent les femmes. Pas moi. Elle le soulève et j’en ricane. « Ouais. C’est pas mon fort. Je suis resté marié trop longtemps.» Aujourd’hui, j’ai parfois le sentiment d’avoir le coeur d’un adolescent coincé dans la tête d’un homme de la quarantaine : c’est déstabilisant. « C’est toi qui es étonnante, tu sais.» l’ai-je complimentée, sincère, rasséréné, reconnaissant qu’elle s’aventure à me rassurer. « Comment ça se fait qu’il n’y ait pas un autre homme à tes pieds ? » me suis-je enquis, réalisant soudainement que ça pourrait la renvoyer vers le postulat que la question est la même que la première, que je l’aurais simplement détournée. Je me suis aussitôt repris.   « Enfin, je veux dire, qu’ils se pressent pas au portillon.» Je m’enfonce évidemment. Ma maladresse n’est cependant pas un secret. Ce que j’essaie de lui dire, c’est que Chad ne mérite pas qu’elle se sacrifie et se ferme à la foi en autrui… Mais ne l’a-t-elle déjà intégré grâce à mon embarras?



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Message(#)amos + name a price to all this living EmptyJeu 22 Oct 2020 - 21:46

En dix ans, Lee avait réprimandé sa belle-mère plus d’une fois en plaisantant, disant qu’elle faisait preuve de bien trop de laxisme envers Chad. Le recul et les nouvelles informations à sa connaissance lui faisaient réaliser à quel point, derrière le rire et la bienveillance qu’il y avait entre elle et Mrs Taylor, elle avait vu juste. Amos le lui confirmait et Dieu savait qu’il était le mieux placé pour en juger ; il était l’une des seules personnes qui connaissaient son frère depuis plus longtemps que Kelly. Et les aînés avaient toujours l’oeil pour discerner ce qui était autorisé pour les plus jeunes, qui fut interdit pour eux. On disait que les parents faisaient preuve de plus de largesse, enfant après enfant ; Chad en était le parfait exemple d’après elle. Oh, peut-être avait-elle choisi le mauvais frère, misé sur le mauvais cheval, se dit-elle en riant intérieurement du ridicule de la supposition. Non, les choses étaient telles qu’elles étaient, et le temps n’avait épargné personne. Ni elle, ni Amos. Le regard de l’australienne glissait parfois sur ce bras dans le plâtre qui éveillait tant d’inquiétude en elle. Démunie, Lee songeait que ses brownies étaient bien peu de choses dans le sombre paysage qu’ils dépeignaient à eux deux. Le chocolat pouvait rendre un moment plus doux, mais celui-ci finirait par passer, inévitablement. Ils semblaient tous deux gonflés d’appréhensions à propos de sujets bien différents. Toujours sensible au bon côté des choses, Kelly préférait s’émerveiller de cette folle possibilité que dévoilait Amos à ses yeux ; celle de pouvoir renouer avec l’amour une seconde fois, à quarante ans passés. Les siens se rapprochaient de jour en jour, et l’enthousiasme des trente ans s’était envolé.

Son thé dans une main, une pâtisserie dans l’autre, la brune laissa tomber quelques miettes brunes sur sa jupe immaculée. Étonnée par le soudain compliment d’Amos -était-ce bien un compliment ?- elle arrondit les yeux ; “Moi ?” Lee s’était évertuée toute sa vie à être la parfaite Madame tout le monde, à se fondre dans le décor et y disparaître ; il était inenvisageable d’être l’objet d’une quelconque surprise aux yeux de qui que ce soit, et il lui était impossible de comprendre comment le contraire pouvait arriver. Elle était la même depuis des années, coincée dans l’espace-temps. C’était à peine si son visage vieillissait, même si quelques pattes d’oie étaient apparues au coin de ses yeux -à force de sourire, disait-elle. Oui, Kelly avait conscience qu’elle faisait une bonne épouse puisque c’était tout ce dont elle avait jamais aspiré. Elle avait été élevée dans ce sens et avait poursuivi cette voie de son plein gré. Oui, elle était capable de rendre n’importe quel homme heureux -et elle ne demandait que cela. Mais après dix années passées à se définir par le biais du mariage et de sa place de femme, elle avait découvert que cela n’était pas assez. Qu’il y avait plus que cela. Qu’il devait y avoir plus que cela. Alors, rencontrer un homme ? Elle avait essayé et constaté elle-même que le moment n’était pas venu. “Je ne cherche pas vraiment à me retrouver un compagnon actuellement, répondit-elle doucement, ne se formalisant pas de la maladresse d’Amos. Ce n’est pas dans mes priorités.” Elle lui adressa néanmoins un sourire, reconnaissante qu’il s’en préoccupe à sa manière. “Je pense que je dois me concentrer un peu sur… moi. Sur ce que je veux.” L’adage était digne d’une citation pseudo-inspirante de compte Instagram, mais Kelly avait découvert à quel point cela était vrai ; si elle voulait espérer aimer quelqu’un sincèrement, elle devait s’aimer elle-même. Et pour cela, elle devait commencer par apprendre à se connaître, faire sa propre connaissance en quelque sorte, hors des sentiers battus de la religion et de ses préjugés. Et puis, elle était invisible aux yeux du seul homme qui suscitait de l’intérêt chez elle. “Je suis restée mariée trop longtemps, moi aussi, elle ironisa. Mais ne t’en fais pas pour moi. Être seule ne veut pas dire être esseulée.” Elle avait Tobey, elle avait son travail, sa cousine, Clarence… Et Amos, au final, qui continuait de se comporter avec elle comme un véritable ami.
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Message(#)amos + name a price to all this living EmptySam 7 Nov 2020 - 22:36




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Au départ, j’ai davantage considéré ma remarque comme une vérité que comme un compliment. J’en fais peu, par pudeur, mais la réaction de Kelly m’oblige à réfléchir à sa formulation, à l’impact pourrait avoir sur toute femme divorcée qui souffre encore de la débâcle de son mariage. L’ai-je vexée d’un sous-entendu qui n’est finalement le fruit que d’une maladresse ? Loin de moi l’idée de lui suggérer qu’elle est malheureuse, qu’elle se gâche ou qu’elle restera une vieille fille. Je suis surtout surpris qu’elle n’ait pas cherché à refaire sa vie. Je me demande si, comme moi avant Raelyn, elle a interdit à son coeur d’être moins fidèle à ses rêves d’hier, si elle estime que d’aucuns ne méritent son attention ou ne jouissent d’assez de charme pour la séduire. Elle est charmante, pourtant. Si tant est que l’on aime les filles bien sous tout rapport, voire légèrement coincée, elle est d’agréable compagnie et se caractérise d’être un véritable soutien pour sa famille. Rien de surprenant à ce que je hoche de la tête pour affirmer que c’est bien ma belle-soeur que je louange de souhaits heureux pour l’avenir. C’est bien elle que j’écoute religieusement tandis qu’elle m’explique toutes ces raisons pour lesquelles elle est toujours célibataire. Elles font écho à ce que j’ai moi-même vécu et, sans surprise, j’ai une pensée pour ma compagne, celle à qui j’ai fait du mal récemment, celle que je blesserai sous peu par égoïsme. Elle non plus, je ne l’ai pas cherchée. Elle est venue à moi sans crier gare, sans que j’y sois préparé et c’est sans conteste la meilleure chose qui me soit arrivée. Ai-je le droit de l’espérer pour Kelly ? Si j’étais croyais, pourrais-je me permettre de prier pour elle ? Pour qu’elle soit couvée par la chance ? Pour que le sort dépose sur son chemin et dans un écrin une bijou d’Homme qui prendrait soin d’elle ? Un qui l’aiderait à ne plus grincer des dents ?

Une seconde durant, j’ai envisagé de l’interroger sur ce qu’elle entendait par : “se concentrer sur moi”. A-t-elle des projets ? Des ambitions pour sa carrière ? Sont-ils le refuge grâce auquel elle assume peu à peu son deuil de son existence d’antan ? Est-ce que ça me regarde ? Je statue pour un non si bien que je bride mes indiscrétions en terminant mon cookies et en buvant mon thé. Ce n’est pas rôle de verser dans l’ingérence. Ce ne l’est pas non plus que de m’inquiéter pour elle à l’excès. Je la crois lorsqu’elle prétend ne pas être esseulée. Je suis convaincu qu’il brille de la sincérité dans son regard et je hoche de la tête, curieux, mais néanmoins rassuré. Un jour, je lui ai affirmé que je serais toujours là pour elle. Aujourd’hui, elle l’est pour moi. En se déplaçant jusqu’à moi, elle m’a témoigné son affection et, tandis qu’elle me propose son aide pour repasser l’un ou l’autre de mes vêtements - les plus importants pour me permettre de fonctionne - je la bénis. Je la remercie en ne la houspillant plus sur sa vie privée. J’ai entretenu la conversation autour de banalités…

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