Je préfère quand on est paumé au milieu du désert ou dans des petites villes. Là y’a pas mal de truc et ça me rappelle combien mon téléphone me manque là. Souvent je porte ma main à ma poche par automatisme, pour vérifier mon iPhone mais… Nope. Je ne l’ai pas. Personne ne l’a dans l’aventure. C’est un handicape de taille quand on s’en sert à tous les instants ou presque de la journée. J’ai grave calmé les réseaux sociaux depuis décembre dernier. J’ai remarqué que ça n’aidait pas mon anxiété. Je me sens mieux maintenant. Je ne dis pas mes faits et gestes. Je trouve ça beaucoup plus saint et je continue sur cette voie là. Cette aventure est le prolongement naturel de mon année en Angleterre avorté. Pas de téléphone, pas de Brisbane, des nouvelles têtes et villes tous les jours. C’est parfait en fin de compte. Je n’aurai pas pu rêver mieux pour remplir mes journées. Un mois et demi à Brisbane avant de repartir. Sauf que y’a quand même des gens qui me manquent. Une personne. Ouais. « Ezra, je suis na… » Je regarde un peu autour de moi parce que Liam n’est pas à côté. Il m’a dit un truc juste avant de disparaître mais j’ai oublié.  « Oh je suis navrée. Je vous ai confondu avec mon partenaire. Je l’ai perdu. » Je me tourne vers la personne qui parle quand je réalise qu’elle me parle à moi. Je réalise aussi que c’est une participante. Elle a tout le package avec elle. Gros sac à dos, caméraman. « Dé… désolée de vous avoir dérangée. Bonne journée. Et que le meilleur gagne » Elle est très jolie mais elle est aussi très dramatique ou très timide ? Je sais pas, c’est la première fois de ma vie que je la vois. J’ai aussi l’occasion de la voir s’étaler par terre, je fronce le nez.

« Ouch. » Je m’approche jusqu’à elle pour l’aider à se relever, surtout que son sac doit peser une tonne par rapport à son petit gabarit. « Ca va ? Attend… » Je l’aide à se défaire de son sac parce que ça me demanderait beaucoup trop d’énergie de la relever avec ce poids là en plus sur elle. Même chose pour elle qui doit être un peu déboussolé suite à cette chute. Je fais ça doucement, j’ai limite l’impression d’être en intervention. Je fais grave gaffe à sa position pour pas empirer quoi que ce soit qu’elle pourrait éventuellement avoir. « T'as mal quelque part ? » Je sais qu'il y a une équipe médical en cas de besoin mais j'y pense pas là. Je suis à côté alors je suis mon instinct.

Pourquoi dans ce pays tout le monde est grand ? Y’a des OGM dans les légumes ou quoi ? Non mais parce que là, je me fais l’effet d’être Jack qui vient de grimper sur sa foutue tige et qui s’apprête à aller toquer chez la géante. Alors déjà, soyons honnête : Eve + Tige = Eve qui tombe comme une daube. Ensuite, je n’irai pas toquer chez la géante parce que je ne suis pas débile et je sais qu’elle va finir par me faire passer sur la plancha avec de l’huile d’olive en assaisonnement. Géante bête, certes. Mais géante qui bouffe healthy. Et bien sûr, perdue dans cette marée humaine, je cherche mon partenaire. Alors à moins de réussir à ce que Bobby me prenne sur ses épaules, je vais sans doute devoir grimper en hauteur comme Aladdin mais on revient avec la problématique de la tige. Je risque de me casser la tronche, me rompre le coup et mourir. Laissant deux orphelins derrière moi et on verra mon visage dans le ciel. Tombée pour laisser les autres gagner les thunes. On lira sur ma tombe : elle est morte comme elle a vécue, en étant stupide. Mais bon, je suis blonde. Et pour une fois, je remercie les clichés sur les blondes. je me rapproche donc d’un homme qui me semble être Ezra. Mais non, il a une trop belle chevelure. Ça doit être soyeux au toucher. Oh. Je viens lui parler avant de m’excuser devant la tête gênée du monsieur. Désolée, je disparais. Dans une nuage de fumée, ça serait parfait. Je baisse la tête tel le chien que le mec de la fourrière emmène se faire piquer dans la belle et le clochard avant de tourner les talons. ET BONG. Oui, c’est le bruit que ça fait. « Ouch. » Eve 0 – chutes à son actif 2. Et comme on dit, jamais deux sans trois. Je vais donc me ramasser une troisième fois. Et elle me sera fatale. Je vais mourir avant d’avoir pu dire à l’inconnu qu’il a les cheveux soyeux et lui demander sa marque de shampoing. Je me fais l’effet d’être l’elfe qui se tord la cheville dans le Donjon. Et lui, c’est quoi ? Le barbare ? L’humain ? Le voleur ? Je le vois qui s’approche avant de me mettre en position assise. « Ca va ? Attend… » Il me retire mon sac et je me fais l’effet d’être une enfant. Je passe vraiment pour une demeurée. « Ouais, danke. J’ai perdu mon estime de soi qui a dû tomber là-bas… » Je montre vite fait une direction au hasard. « Si tu la vois. Elle brille comme un soleil. » Je me tourne vers lui avant de devoir choisir : j’éclate de rire ou je souris comme une débile. Il est trop beau ce monsieur le sauveteur/participant. « T’as de beaux cheveux. Ils sont bien brillants. » Mais ferme ta gueule Eve à la fin. Je dodeline la tête avant de me laisser faire. Donc ouais, ce monsieur est vraiment sauveteur. Et mon esprit l’imagine en train de courir au ralenti sur une plage dans un short rouge avec la musique en fond sonore. « T'as mal quelque part ? » Je le regarde avant de cligner des paupières comme Bella face à Edward. Même si je suis plus baleine échouée que bouffe pour vampires pour le coup. « A la tête mais… » Je défais ma casquette de l’armée avant de lui montrer ma blessure. « J’ai déjà une blessure. En fait y’a une voiture qui est passée et Eve + voiture = Eve dans le fossé. » Je lui tends la main avec un grand sourire. « Je suis Eve, enfin Evelyn mais c’est moche. »

« Ouais, danke. J’ai perdu mon estime de soi qui a dû tomber là-bas… » Je fais gaffe à la position de son corps et elle est en train de plaisanter sur sa chute. Elle me fait même beaucoup rire malgré la situation qui est un petit peu dramatique quand même. Je sais pas pourquoi je pense qu’elle s’est fait mal.  « T’as de beaux cheveux. Ils sont bien brillants. » Ok c’est vrai mais aussi ça pourrait être un signe de désorientation de venir sur ce sujet alors que la situation est assez sérieuse. Elle s’est cogné la tête ? « A la tête mais… » Ah. Confirmation. Merde. Elle me montre les dégâts qu’elle a après avoir relevé sa casquette. Ca date pas de maintenant ça. « J’ai déjà une blessure. En fait y’a une voiture qui est passée et Eve + voiture = Eve dans le fossé. » Je fronce le nez, ça sonne pas top comme histoire. Trop frais pour en rire déjà. Elle va finir par mourir dans cette aventure si elle continue à ce rythme là. « Je suis Eve, enfin Evelyn mais c’est moche. » Elle a l’air de sacré mauvaise humeur, ou peut être qu’elle dit toujours autant de truc négatif comme ça ?

« Enchanté Eve, je suis Kane. C’est assez moche ce que t’as là. » Je parle pas du tout de son jolie visage mais on est pas là pour ça du tout. C’est une concurrente.  « T’as mangé aujourd’hui ? » J’essaie de trouver des raisons qui feraient qu’elle n’ait pas beaucoup d’énergie pour tomber aussi souvent. Je regarde un peu autour de moi. « L’équipe médicale t’a vu depuis ton passage dans le fossé ? » Ca fait grave peur dit comme ça. Je n’ai aucune idée de la tête du fossé mais vu qu’elle est là devant moi, ça a dû aller. Je suis toujours accroupi à ses côtés, y’a pas trop d’urgence à se remettre debout. Autant qu’elle sauvegarde son énergie. Liam n’est pas à l’horizon non plus, ce n’est pas quelques minutes avec Eve qui vont changer quelque chose à notre avancement de la journée. Ou peut être que si ?

Dé:

« Enchanté Eve, je suis Kane. C’est assez moche ce que t’as là. » Je ris à sa remarque avant de plonger dans son regard un instant. « Kane. C’est sympa. » Je ne lui dirai pas à quoi me faisait penser son prénom. Candy Cane, sucre d’orge. Mais j’allais encore une fois le mettre mal à l’aise donc autant se taire et attendre qu’il regarde ma blessure. « T’as mangé aujourd’hui ? » Je réfléchis. Je crois que nous avions mangé un truc oui. Je secoue donc la tête à l’affirmative. « Pas grand-chose. Mais j’ai un appétit de petite souris. » A vrai dire, je ne savais toujours pas si savoir faire la voix des souris de Cendrillon était un talent ou une malédiction. Et je m’en fichai pas mal en vrai. tant que ça fait rire les enfants. Comme ma proportion à faire chanter tous les aliments que j’ai sous la main. Je divague encore avant de reporter mon attention sur Kane, le sucre d’orge blond. « L’équipe médicale t’a vu depuis ton passage dans le fossé ? » De nouveau je hoche la tête. « En fait mon binôme on a fait du stop mais la voiture est tombée en panne et donc j’ai refait du stop sauf que y’a un chauffard qui m’a fait tomber à cause de l’aspiration. » on dit merci aux party de Mario Kart qui m’ont appris le mot aspiration en anglais et de l’employer à bon escient. « Laisse-moi deviner tu sauves des vies en dehors de cette émission ? » Je le fixe en battant des cils alors que le monde commence à s’agglutiner autour de nous. Certains sortent même le téléphone. Non, non, non je suis agoraphobe. Voilà, pourquoi j’avais demandé à Ezra qu’on s’arrête en campagne et non en ville. Je déglutis. « Euh, je passe pour quoi si je te dis que je souffre d’agoraphobie en plus d’être une catastrophe ambulante ? » Je fais la grimace avant de venir me cacher derrière lui. « Ils nous prennent en photo car ils nous prennent pour des stars ou parce que t’es beau ? » Non mais parce que le potentiel séduction de ma personne est aussi élevée que la taille d’un hérisson. C’est un fait reconnu.

« Kane. C’est sympa. » C’est rien de spécial mais j’ai l’impression qu’elle doit juste préféré tous les prénoms au sien. Je prends des infos sur son état. Elle a pas trop mangé mais c’est habituel donc il ne devrait rien y avoir d’alarmant. Sauf qu’elle doit pas faire autant d’activité physique en dehors de cette aventure. Ca expliquerait le pourquoi. Je cogite encore, je l’observe, j’ai comme l’impression qu’elle devient de ma responsabilité alors que je devrais juste appeler l’équipe médicale. Elle me reparle de son accident d’un peu plus tôt. Je ne sais pas quand, mais c’est récent vu la marque qu’elle m’a montré. Je l’examine d’un peu plus près. « Laisse-moi deviner tu sauves des vies en dehors de cette émission ? » Oups. J’hoche la tête et mes joues qui rosissent d’avoir été pris en flag. Après y’a rien de mal et moi non plus je comprends pas les réactions de mon corp. « Je suis pompier ouais… » Et je sais pas si c’est cette confession qui fait venir tout les gens autour de nous mais c’est pas top top.  « Euh, je passe pour quoi si je te dis que je souffre d’agoraphobie en plus d’être une catastrophe ambulante ? » Je comprends tout à fait ce qu’elle veut dire et moi non plus je suis pas fan de ce genre de scène. « Ils nous prennent en photo car ils nous prennent pour des stars ou parce que t’es beau ? » J’allais dire un truc sérieux mais elle me fait beaucoup rire (et rougir) avec la dernière partie de sa phrase. Je vais pas du tout être pris au sérieux avec cette tête là.

« S’il vous plaît, elle a besoin d’air. On va appeler le médecin. » Pour elle autant que pour moi c’est la meilleure chose à faire. On sait jamais. Mais aussi par rapport à tous ces gens, ça fait déjà plus sérieux. On est dans une situation là. Elle est tombée, elle s’est déjà fait mal avant. C’est pas complètement drôle ce qui se passe là. J’essaie d’oublier toutes les jolies choses qu’elle m’a dit mais au fond à quoi bon parce que mes joues sont si roses là que ça changerait rien. « Tu te sens de te relever si je t’aide ou tu préfères rester comme ça ? » Ce serait cool que les gens bougent de là ouais. J’ai clairement pas le même charisme avec mon hoodie Trophy Eyes sur le dos et mes vans aux pieds. Rien à avoir avec mon uniforme, là ça rigole pas. J’ai mis mon t-shirt de pompier en dessous mais il fait pas chaud chaud. Ca ferait aussi bizarre que j’enlève mon hoodie d’un coup comme ça là. Non là je veux juste que les gens se décalent.

Dé:

« Je suis pompier ouais… » D’accord donc le fantasme de toutes les demoiselles. Je vins siffler d’admiration. « Tu dois avoir pas mal de succès avec les femmes. Le cliché du pompier sexy, ça prend toujours. » Pas avec moi malheureusement. Je les ai trop vus je pense. Etant une catastrophe ambulante, je ne restai jamais longtemps sur mes deux pieds. Quand ce n’était pas au musée, c’était au refuge. J’ai quand même porté une attelle pendant des mois à cause d’un abruti qui a jugé bon que j’étais un punching ball. Je dois avoir une tête de victime parce que les gens s’en prenaient toujours à moi. Ou sans doute parce que je ne savais pas me défendre et donc mettre des patates dans la tronche était exclu. Avec ma force de mouche, cela ne serait qu’une caresse sur le visage de l’autre. « J’aurai bien aimé faire un métier sexy moi aussi. » Parce que bon quand on vous dit restaurateur d’arts vous avez du mal à imaginer une jeune femme haute comme trois pouces qui discute comme un moulin à paroles. Je laisse quand même Kane regarder si je n’ai rien de cassé, docile. Ezra allait finir par m’étrangler avant la fin de cette aventure.

« S’il vous plaît, elle a besoin d’air. On va appeler le médecin. » Je vins me cacher derrière lui, enfin bouger comme une dinde afin que les gens ne me voient pas. Les gens sont devenus malsains avec leur besoin de recourir à la technologie. C’est vrai bordel, ils passent leur temps avec leurs téléphones à prendre des photos. « Tu te sens de te relever si je t’aide ou tu préfères rester comme ça ? » Je vins prendre une profonde inspiration. « Je vais y arriver. Ce n’est pas la première fois que je mange le bitume. Et si tu te demandes le goût, c’est pas bon du tout. Je préfère manger du gâteau ou votre truc immonde là, la viande séchée. » Je constate que les gens sont de plus en plus nombreux avec leurs portables. « Si on pose pour une photo vous allez vous casser ou je dois vous jeter mes baskets dans la figure ? » Je fais les gros yeux, comme s’il s’agissait de gens pris en faute. Mais quel intérêt de venir regarder une nunuche se ramasser par terre. Je lève donc les yeux au ciel.

les dééééééés:

« Tu dois avoir pas mal de succès avec les femmes. Le cliché du pompier sexy, ça prend toujours. » Elle a pas peur de dire ce qui lui passe par la tête. « J’aurai bien aimé faire un métier sexy moi aussi. » Et c’est bien trop de fois le mot « sexy » qui sort de sa bouche pour calmer mes joues roses. J’ai envie de me cacher, je sais pas où me mettre mais en même temps je ne vais pas la laisser. J’essaie de me dire qu’elle est juste sonnée et c’est pour ça qu’elle me dit toutes ces choses là alors qu’on se connait pas le moins du monde. J’essaie de rester dans le domaine du sérieux à vouloir la relever, peut être bien la laisser auprès de l’équipe médical qui seront responsable d’elle plus que moi. J’ai quand même une course à faire même si après un rapide coup d’oeil, Liam n’est toujours pas à l’horizon.  « Je vais y arriver. Ce n’est pas la première fois que je mange le bitume. Et si tu te demandes le goût, c’est pas bon du tout. Je préfère manger du gâteau ou votre truc immonde là, la viande séchée. » Je suis pas sûr à quoi elle fait référence mais je veux bien la croire. Le bitume c’est pas très goûteux. Ca fait plus de mal que de bien. Je l’ai quand même pas louper à se prendre une grande inspiration. Elle va pas tout à fait bien la demoiselle. Les gens qui se rapprochent encore plus nombreux n’aident en rien du tout et Eve le fait bien comprendre. « Si on pose pour une photo vous allez vous casser ou je dois vous jeter mes baskets dans la figure ? » Je ne l’aurai pas cru mais ça les fait partir.

« Bien joué. » C’est donc avec de l’air frais sur nos visages que je l’aide à se remettre sur ses deux pieds. Je garde une main sur elle tant qu’elle n’a pas montré des signes qu’elle peut se porter seule. Je regarde son visage pour déceler un quelconque signe de malaise qui ferait surface. « Comment tu te sens ? Je te laisse pas tant qu’on a pas trouvé ton binôme ou que l’équipe médicale est en chemin. » Je suis soucieux de son bien être. Je suis presque sûr qu’elle va relâcher une phrase avec le mot sexy au milieu ou quoi qui va raviver le rouge de mes joues. Parce que ça va un petit peu mieux là. Un tout petit peu.

Je constate qu’en ayant élevée la voix, tout le monde se barre. Cassez-vous, ça nous fera un peu d’air. Je prends une profonde inspiration avant de me tourner vers Kane. « Bien joué. » Je vins me frotter la nuque avant de saisir la main de Kane pour me relever. L’écart de taille n’est pas si grand pour une fois. ça me ramène vers les géants qui côtoyaient ma vie en général. « ça va on a que vingt centimètres d’écart. C’est moins pire que les mecs que je cotoie en général. Après Bernard et Bianca au pays des kangourous, nous avons Eve au pays des géants. » Je vins rire à ma remarque avant de voir qu’il n’y avait vraiment plus personne. Le calme, la paix. « ne sous-estime le pouvoir d’une mère. Je dois faire écouter deux enfants en bas âge donc même si je mesure 1m02 sur un tabouret, je sais m’y prendre pour me faire écouter. » Et le pouvoir d’une bonne prof aussi. Vu que j’étais intervenante en arts plusieurs fois par semaine je devais les faire écouter les lardons. J’adorai les enfants mais là, j’appréciai un peu de paix depuis le début de l’aventure. Même si j’espérai que J.J n’ait rien de grave. Je pense que la production m’aurait tenue au courant s’il était arrivé quoique ce soit. « Comment tu te sens ? Je te laisse pas tant qu’on a pas trouvé ton binôme ou que l’équipe médicale est en chemin. » Je vins froncer le nez avant de lever le regard vers lui. « Un peu de vertiges mais j’ai l’habitude. T’es vraiment gentil comme garçon. » Et je le pensais. Après tout, il était venu m’aider alors que nous étions en compétition. Il aurait pu me laisser à mon sort par terre. Comme un blobby comme je le dis si souvent. Je lui fis un petit sourire avant de venir masser l’arrière de mon crâne. Ça serait con d’abandonner à cause d’un énième bobo à la tête.

« ça va on a que vingt centimètres d’écart. C’est moins pire que les mecs que je cotoie en général. Après Bernard et Bianca au pays des kangourous, nous avons Eve au pays des géants. » Elle a le compas dans l’oeil et des références qui me donnent l’impression qu’elle a mangé des champignons hallucinogènes. Ca m’aide pas du tout à décider qu’elle va bien mais elle est peut être exceptionnelle comme ça dans la vie de tous les jours. Ca reste un peu suspect. « ne sous-estime le pouvoir d’une mère. Je dois faire écouter deux enfants en bas âge donc même si je mesure 1m02 sur un tabouret, je sais m’y prendre pour me faire écouter. » Ok je comprends mieux la référence à Bernard et Bianca qui est sorti comme un rien. Elle a des gosses. Elle doit être gavé de dessin animé tout comme Charlie a Baby Shark en top titre de sa playlist « On repeat » de Spotify.  Mais ça n’empêche pas que je le la quitterai que si elle est accompagné. Un de ses caméraman ne fera pas l’affaire, ils sont sensé être là mais en mode invisible. J’ai du mal à me retenir de faire la conversation avec les nôtres de mon côté. Ils sont là, c’est trop bizarre de faire comme s’ils étaient pas là. C’est dans ces moments là que je ressens vraiment qu’on est dans une émission télévisé. Tout ça c’est qu’un show qu’on fait. « Un peu de vertiges mais j’ai l’habitude. T’es vraiment gentil comme garçon. » Et Eve et moi sommes en pleine representation. Sauf qu’elle a vraiment des vertiges, c’est pas une farce. Elle fait quand même vraiment beaucoup de compliment.

« J’essaie… » J’essaie aussi de pas trop la regarder parce qu’elle est vraiment vraiment très très jolie. Même avec cette bosse, même avec ses bleus, même si elle est pas fraiche parce que la course se fait dure. « Tu devrais manger un bout. J’ai des biscuits dans mon sac sinon… » Nouveau tour d’horizon pour voir si y’a pas son binôme, le mien, ou les toubib.  « On va attendre que ton co-équipier revienne... S'il revient un jour. » Je sais pas en fait et elle me dit pas depuis tout à l’heure. C’est étrange. Il l’a abandonné ? Non, je veux pas le croire.