J'avais eu énormément de mal à m'endormir, la veille, de multiples scenarii aussi inventifs et différents les uns que les autres assaillant sans vergogne mes pensées ; traquant jusqu'à même mes songes pour finir par m'en duper. Lorsque mon réveil matin sonnait, j'étais totalement incapable de déterminer si j'avais rêvé à l'aventure qui m'attendait ou si j'y avais pensé en plein âme et conscience. Dans tous les cas, il ne servait à rien de me désoler de ne pas avoir tiré profit du confort de mon lit une dernière fois avant le grand départ pour Race of Australia, ce passé étant révolu.

"Bien dormi ?" Avec Love, nous avions décidé d'emmagasiner un maximum de force et d'aliments avant de prendre la route pour l'établissement aménagé sur kangaroo point dans le cadre du tournage de l'émission à laquelle nous nous étions inscrits et nous avions eu la chance d'être tous les deux retenus. Si j'avais lamentablement échoué à jouir d'une excellente nuit de sommeil, je m'intéressais si la Bryce y était parvenue. Une fois nos estomacs bien remplis - sans pour autant s'en rendre malade - et reposés autant que possible, nous prenions le chemin de Fortitude Valley de sorte à arriver assez en avance pour ne pas s'ajouter une dose de stress supplémentaire, mais pas trop à l'avance pour baliser tel un lion en cage dans cet environnement non-familier.

Une fois arrivés sur les lieux, nous nous approchions de la pseudo borne d'accueil. Une femme d'une cinquantaine d'année aux cheveux gris se tenait devant un ordinateur portable face auquel elle semblait totalement démunie. Je l'observais silencieusement tapoter sur les quelques touches comme si elle redoutait une réaction véhémente de la part de l'appareil et dévisager éhontément l'écran, totalement confuse, comme si tout emploi de l'ordinateur en lien avec une communication avec les futurs participants s'apparentait à une rare cybernétique. "On vient s'inscrire aux présents," j'ose après quelques minutes de silence, considérant que rien ne pourra extirper l'agent de son état d'embrouillamini. "Love Bryce et Isaac Jensen," je présente doucement, laissant tout le temps à la cinquantenaire de saisir le renseignement. "Comment tu te sens ?" Je questionne, soucieux, à l'attention de la jeune femme que je ne verrai peut-être plus pendant de nombreux jours.

@Love Bryce @May Glitters

Sentant que le stress et l'angoisse serait au rendez-vous, je n'avais pas tardé à prendre un somnifère pour pouvoir passer une bonne nuit et être en forme le lendemain. Il fallait que je le sois, si je voulais pleinement être investie dans l'aventure et avoir une chance de réussir à aller le plus loin possible. Bien entendu, ce n'était nullement mon objectif premier, mais il valait mieux voir les choses sur le long terme. Grâce au somnifère je n'avais pas vu la nuit passé et je me réveillais lorsque mon réveil sonna dans mes oreilles. Je me levais et je filais dans la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner. "Bien dormi ?" Je sursautais en entendant la voix d'Isy. "Et bien heureusement que les somnifères existe...Et toi ?" Je lui souriais avant de plonger mes lèvres dans un café noir.

Une fois le petit-déjeuner terminé, je filais dans ma chambre pour m'habiller et me préparer à me lancer dans cette aventure. Une fois prête, je rejoignais Isy et nous partions en direction de la production. J'étais stressé à l'idée de commencer cette aventure et surtout de ne pas savoir avec qui j'allais me retrouver. Je savais qu'il avait très peu de chance que je me retrouve avec le Jensen, car la production avait été clair là-dessus. Nous allions être deux parfait inconnu qui ne s'était jamais vu auparavant. Nous étions arrivé trop vite à mon goût et je regardais la femme derrière son écran d'ordinateur et qui semblait faire de l'autogestion. "Love Bryce et Isaac Jensen," Je souriais légèrement à la femme qui nous indiquais une salle où nous pourrions être au calme le temps que les choses se mettent en route. Comme nous étions arrivés ensemble, nous avions l'autorisation pour l'heure de rester tout les deux. "Comment tu te sens ?"

Je m'installais sur l'un des fauteuils et je posais mon regard sur Isy. "Stressée...Un peu triste aussi de me dire qu'on ne va pas se voir pendant un temps indéterminé...Et surtout j'ai terriblement peur qu'on découvre mon soucis..." Je soupirais légèrement, est-ce que finalement s'était une bonne idée de participer ? J'allais devoir faire en sorte de cacher mes antidépresseurs si je ne voulais pas être questionné sur les raisons de ce traitement. Heureusement, pour la production mon médecin m'avait fait un courrier m'autorisant à avoir les médicaments sur moi. Il n'avait donné aucune raison, faisait jouer le secret médical et heureusement, grâce à ce secret médical la production ne pouvait en aucun cas demander les véritables raisons. "Et toi ? Comment tu te sens ?"

Le café était fraîchement coulé, agrémentant la cuisine de son agréable parfum, lorsque Love fit son apparition. Ma question lui provoqua un sursaut, un sourire désolé apparut contre mes lippes en réponse. "Et bien heureusement que les somnifères existent... Et toi ?" Je haussais les épaules, résigné. Je n'étais pas épuisé mais la bonne nuit de sommeil que j'avais ambitionnée n'avait certainement pas été concrétisée. Tant pis, je n'avais plus qu'à faire sans.

Le trajet jusqu'à Kangaroo Point fut plutôt silencieux. Manifestement, nous étions tous les deux plongés dans nos pensées quant à l'aventure qui nous attendait et une certaine appréhension croissait irrémédiablement en mon être à chaque kilomètre parcouru. Un mauvais pressentiment malmenait mes entrailles et j'avais assez hâte que le jeu débute pour que le feu de l'action m'extirpe cette désagréable sensation. Mon véhicule soigneusement garé en lieu sûr, nous nous présentâmes à la pseudo borne d'accueil où se tenait une cinquantenaire aux cheveux gris peinant avec l'outil informatique qui lui avait été mis à disposition. Je lui indiquais notre identité et une salle d'attente nous fut désignée.

Je m'adossais au mur, trop nerveux pour m'asseoir, et questionnais Love sur comment elle se sentait. "Stressée... Un peu triste aussi de me dire qu'on ne va pas se voir pendant un temps indéterminé... Et surtout j'ai terriblement peur qu'on découvre mon souci..." Je lui adressais un sourire compréhensif. "Ne t'inquiètes pas pour ça. Ça appartient au secret médical, ça ne peut pas être diffusé sans ton accord." J'assurais, confiant. Pour ce qui était des possibles plusieurs semaines sans se voir, j'en ressentais également un pincement au cœur. "Et toi ? Comment tu te sens ?" Je ne souhaitais pas ajouter une dose de stress sur les épaules de la Bryce mais défaitiste, je ne sentais pas vraiment très bien la suite. J'en venais même à regretter mon inscription. Peut-être était-ce simplement dû à mon côté défaitiste ou pessimiste, mais mon enthousiasme d'être un participant de Race of Australia était désormais bien tut. J'inspirais profondément, relativisant. "Ça va." Il n'y a pas de marche arrière possible de toute façon, et quand je m'engageais, je ne faisais jamais faux bond. "J'appréhende un peu de perdre en premier et de faire perdre mon équipe." Je craignais d'être associé à un compétiteur furieux prêt à tout pour la victoire, ou que ma malchance me pourchasse et brise le rêve de triomphe de quelqu'un. Sans compter que le rôle du premier éliminé était assez chiant à porter, bien qu'il en faille irrémédiablement un. Cette émission était après tout la chance d'une vie, qui ne se présenterait certainement pas de nouveau.

Un bon petit déjeuner, voilà ce qu'on avait prévu avec Isy et je remerciais mon ami d'enfance pour cette bonne idée. Nous ne savions pas exactement comme nous allions manger durant l'aventure et il valait mieux prendre un maximum de force avant de partir. Une fois le petit-déjeuné terminé, je traînais un peu les pieds à l'idée de quitter cette maison durant une durée indéterminée. J'étais également triste de savoir que je n'allais surement pas voir Isy pendant un petit moment, bien que le week-end soit off et qu'on puisse se retrouver un petit instant. Si la production n'y voyait pas là, un moyen de triche.

Il était l'heure de partir et le trajet se passa dans le silence. Chacun dans ses pensées, je regardais la ville défiler derrière la vitre en verre du véhicule. Finalement, ce trajet passa trop vite, il était trop court et on se retrouvait très rapidement dans une salle d'attente. Attendant sagement notre tour pour qu'on soit préparé avant le début de l'émission. Isy voulait savoir comment je me sentais et je lui expliquais être stressé par tout ceci, mais plus particulièrement par rapport à mon traitement. Je ne voulais pas que toute l'Australie soit au courant de ma mithridatisation face à mes antidépresseurs. Bien que mon médecin avait fait un courrier pour que la production ne puisse pas utiliser cette information durant le jeu et même en dehors de celui-ci.

"Ne t'inquiètes pas pour ça. Ça appartient au secret médical, ça ne peut pas être diffusé sans ton accord." Je souriais légèrement n'ayant pas eu de réelle réaction lorsque je lui avais indiqué être triste de ne pas savoir quand j'allais le revoir. Je lui retournais donc la question. "Ça va." Je n'avais pourtant pas l'impression que ça allait réellement. "J'appréhende un peu de perdre en premier et de faire perdre mon équipe." Effectivement je pouvais comprendre sa crainte, je m'étais posé la même question. "On ne peut pas vraiment savoir de quoi sera fait demain...Et puis rassure toi, je serais surement la première à sortir au vue du fait que je suis totalement nulle dans ce genre de chose." J'avais encore du mal à croire qu'on puisse retenir ma candidature, alors finir à une bonne place s'était totalement impossible.

Une fois entra et déposa un plateau sur la table, il avait de quoi se rafraîchir et manger en attendant que les choses sérieuses commence. "J'aurais peut-être dû en parler à mes parents...Si ils tombent sur le programme je n'ose même pas imaginer leur tête...le pire serait que quelqu'un de Laidley leur en parle." Il avait beaucoup de chose que je n'avais pas dis à mes parents pour les protéger et ma participation à l'émission était l'une des choses. Enfin, il avait surement peu de chance que mes parents me voient ou l'apprennent. Je soupirais légèrement essayant d'évacuer mon stress au maximum avant qu'on se lance dans cette course folle.

Installés dans une pseudo salle d'attente, je demandais, pour une nouvelle fois dans la journée, à Love comment elle se sentait. Si la jeune femme avait les nerfs assez solide pour rester assise, personnellement, je ne pouvais pas m'y résigner. Je m'adossais au mur quelques minutes, pour partir de part et d'autre de la pièce, nerveux et trépignant d'impatience vis-à-vis de ce qui nous attendait.

Honnête et confiant, je m'évertuais à rassurer Love quant à sa condition médicale. Il me semblait totalement impossible que la production révèle ses antécédents médicaux et le traitement qu'elle suivait sans son accord. Cela rimait avec une trahison du secret médical et était légalement préjudiciable. J'indiquais par la suite à la Bryce que j'allais bien, même si j'appréhendais l'issue de la première étape de l'aventure. La première personne qui partait était vraiment la pire située : avoir passé les castings mais en quelque sorte, être incapable de savourer un minimum l'épopée. Puis, je me sentirais mal face à mon binôme, trouvant constamment mes fautes et mes travers justifiant le fait que nous n'avions pas pu aller plus loin dans le jeu. "On ne peut pas vraiment savoir de quoi sera fait demain... Et puis rassure toi, je serais sûrement la première à sortir au vu du fait que je suis totalement nulle dans ce genre de chose." Je souriais tendrement à mon interlocutrice. "Ça, c'est ton effet de surprise." Je me rapprochais de la fleuriste, m'asseyant finalement sur le siège à côté d'elle. "Tu te dévalorises et tu n'as pas confiance en toi, mais t'as assurément ce qu'il faut pour aller loin dans cette aventure, crois-moi." J'avais articulé mes paroles tout en regardant Love dans les yeux, certifiant ainsi la sincérité de mes propos.

Un employé entra dans la pièce et déposa un plateau sur lequel reposaient des rafraîchissement. Je prenais une gorgée d'un verre d'eau tandis que l'australienne se confiait : "J'aurais peut-être dû en parler à mes parents... S'ils tombent sur le programme je n'ose même pas imaginer leur tête... Le pire serait que quelqu'un de Laidley leur en parle." "Du fait que tu participes à Race of Australia ?" Je questionnais, incertain si elle évoquait son entrée dans ce jeu ou sa dépression. "Tu penses qu'ils le prendraient mal ?"

Je réfléchissais à cette aventure et surtout au fait que je ne voulais pas que tout le monde soit au courant de mon petit soucis. Isy m'avait assuré que c'était un secret médical et que personne ne pouvait le dire sans mon accord. J'espérais sincèrement que se serait le cas et que personne n'irait le glisser discrètement à la caméra. Je demandais ensuite rapidement à mon ami d'enfance comment il se sentait. Je savais qu'il n'avait pas bien dormis et j'avais l'impression qu'il était stressé. Isy m'expliqua qu'il avait peur d'être le premier à sortir et je lui expliquais qu'on ne pouvait pas savoir de quoi demain serait fait, surtout que j'étais quasiment certaine de sortir la première au vu du peu de capacité que j'avais. "Ça, c'est ton effet de surprise." Je souriais légèrement. "Tu te dévalorises et tu n'as pas confiance en toi, mais t'as assurément ce qu'il faut pour aller loin dans cette aventure, crois-moi." J'étais vraiment pas certaine de ça, mais Isy avait l'air d'y croire alors peut-être qu'il ne faudrait pas que je le déçois. J'allais tenter de faire mon maximum pour aller le plus loin possible, mais sortie de Brisbane je ne connaissais que Laidley.

Je regardais la jeune femme poser un plateau avec de quoi boire et manger et je réalisais alors que j'aurais surement dû en parler à mes parents. Il avait beaucoup de chose que je ne leur avais pas dis. "Du fait que tu participes à Race of Australia ?" Je haussais les épaules "Ça et autre chose...Y a trop longtemps que je cache les choses..." Je réalisais aussi que je n'avais pas été totalement honnête avec Isy, mais est-ce que c'était véritablement le moment pour ça ? "Tu penses qu'ils le prendraient mal ?" Je soupirais doucement "Tu les connais..." Je souriais un peu. "Je pense surtout qu'ils seraient triste de ne pas être mis dans la confidence...Et puis il ne faudrait pas ridiculiser la famille Bryce !" Je lui lançais un clin d’œil avant de sourire. "Et toi ? Tu en as parlé à la famille Jensen ?" Je savais que Oak était au courant, Phoebe et Zep également, mais je ne savais pas si les parents Jensen avait été mis au courant.

J'étais persuadé que Love possédait les moyens nécessaires pour la mener loin dans cette aventure. Seulement, il ne fallait pas qu'elle baisse les bras ni se dévalorise. J'espérais qu'elle tombe sur un binôme qui saurait mettre en avant ses qualités et agirait comme un moteur pour la Bryce. Dans les bonnes circonstances, elle pouvait assurément faire des merveilles. Je la percevais comme les fleurs qu'elle faisait si joliment pousser : en terrain incompatible, elle s'effaçait, mais dans les bonnes conditions, elle était merveilleuse.

La nervosité serrant mon estomac, je ne tenais pas en place dans la petite salle d'attente. Lorsqu'une employée vient nous déposer des rafraîchissements, je prenais une gorgée d'eau davantage pour occuper mes mains que pour épancher une soif. Love m'indiquait pour sa part appréhender le regard et l'avis des autres par rapport à sa participation à Race of Australia. "Ça et autre chose...Y a trop longtemps que je cache les choses..." Je considérais quelques instants mon interlocutrice. "Et ça te pèse ?" Je questionnais, attentif et soucieux. Je détenais pour ma part de nombreux secrets et même si je ne pensais pas en avoir un que je n'avais jamais confié à qui que ce soit, il y en avait que je savais ne voudrait jamais livrer à mes parents. Cependant, j'avais parcouru beaucoup de chemin par rapport à ma relation avec mes géniteurs ces dernières années. Je recherchais moins leur approbation dorénavant.  

"Tu les connais..." commença la fleuriste lorsque je lui demandais si elle pensait que ses parents jugeraient d'un œil méfiant son inscription à cette course. "Je pense surtout qu'ils seraient tristes de ne pas être mis dans la confidence... Et puis il ne faudrait pas ridiculiser la famille Bryce !" Je lui adressais un rictus compréhensif, en quête de solution. Si je ne pouvais pas œuvrer contre la notion de ridicule, il y avait peut-être un moyen d'épargner une déception. "Il n'est pas trop tard pour les mettre au courant... Tu peux peut-être les appeler ? On a encore nos téléphones portables." "Et toi ? Tu en as parlé à la famille Jensen ?" J'acquiesçais. "Oui, mais surtout pour les prévenir que je ne serai pas joignable pendant au maximum six semaines." Pour ce périple, je n'avais cherché l'aval de personne. Cette aventure, je la faisais pour moi et seulement moi, en parfait égoïste. J'espérais sortir de ma zone de confort et y trouver des réponses aux nombreuses questions que je me posais quant à mon mode de vie.

Plus le moment fatidique arrivait et plus je commençais à croire que s'était une pure folie de ma part d'y participer. Je n'avais clairement pas les capacités pour mener à bien cette aventure, bien que Isy semblait croire le contraire. Et puis, j'avais du mal à me dire que j'allais pouvoir me la jouer suffisamment fine pour que personne ne réalise que je prenais des médicaments. Je n'avais pas le droit de ne pas les prendre et ils devaient être pris à heure régulier. Autant dire, une source de stress supplémentaire. C'était surement trop tard maintenant pour faire demi-tour, je me devais d'y aller même-ci j'étais la première à sortir.

J'expliquais à Isy également que j'avais peur que mes parents soient mis au courant par quelqu'un d'autre. Il avait tellement de choses que je leur cachais, pour leur bien et le mien, mais est-ce que j'avais vraiment le droit de leur cacher ça ? "Et ça te pèse ?" Je soupirais doucement "Il y a beaucoup de choses qui me pèse...Vivre dans le secret ce n'est surement pas une solution et en même temps...leur avouer tout ça ne fera que remuer des souvenirs douloureux que je souhaites voir disparaître." Je ne voulais pas revivre la nuit de mon viol en expliquant à mes parents ce qui s'était produit. Le Jensen me demanda alors si mes parents allaient mal prendre ma participation, je lui expliquais donc qu'il ne fallait surtout pas faire honte à la famille. "Il n'est pas trop tard pour les mettre au courant... Tu peux peut-être les appeler ? On a encore nos téléphones portables." Je hochais la tête ne sachant pas vraiment si, s'était véritablement le moment pour ça. Je retournais donc la question à Isy. Je savais qu'il ne demandait plus l'accord pour quoi que ce soit à ses parents et qu'il faisait selon ses envies.

"Oui, mais surtout pour les prévenir que je ne serai pas joignable pendant au maximum six semaines." Je hochais la tête avant de glisser mes doigts autour du verre d'eau. "C'est surement mieux ainsi...Pas trop de questions comme ça." Je souriais avant de boire une gorgée. "En tout cas, j'espère qu'on tombera sur des bonnes personnes...L'idéal aurait été qu'on soit ensemble...Bien que, quelque part ça va nous permettre de se retrouver avec soi-même et de voir réellement ce qu'on souhaite dans nos vies !" J'espérais pouvoir en apprendre plus sur moi-même et surtout sur mes capacités. C'était aussi un moyen de reprendre confiance en moi et de pouvoir avancer pleinement.

Love était éprise de nombreuses appréhensions : vis-à-vis de sa maladie, vis-à-vis de son futur binôme comme de l'aventure à venir, vis-à-vis du regard que pouvaient porter ses parents et ses proches en la découvrant candidate de Race of Australia. Tant de pression qui me suffoquait en écho, frôlant en comparaison une mort mitochondriale invoquant une perte d'oxygène, tant que je demandais à la jeune femme si toute cette situation, ainsi que les secrets qu'elle évoquait, la pesaient. "Il y a beaucoup de choses qui me pèse... Vivre dans le secret ce n'est surement pas une solution et en même temps... leur avouer tout ça ne fera que remuer des souvenirs douloureux que je souhaite voir disparaître." J'adressais un rictus désolé et compatissant à l'attention de mon interlocutrice. J'assimilais le fait que se livrer signifiait revivre certains événements traumatisants et qu'il était indispensable de se reconstruire un minimum avant de pouvoir se vouer à un tel exercice esquintant. Néanmoins, je ne pensais pas possible d'annihiler les démons du passé ni les tragédies de nos vies. On devait simplement apprendre à vivre avec, concerter avec notre souffrance et laisser le temps amoindrir nos maux en nous rendant chaque jour plus solide. Mais cette démarche appartenait entièrement à la Bryce et si elle ne se jugeait pas assez forte aujourd'hui pour être totalement transparente envers ses parents, ou si elle considérait plus judicieux de garder certains secrets pour elle, il s'agissait entièrement de son choix. Cependant, il n'était pas trop tard pour informer les Bryce de sa participation à l'émission.

Love hocha la tête en réponse à ma suggestion, bien qu'elle me paraissait incertaine. Elle me retournait la question et sommairement, je lui indiquais avoir surtout prévenu mes proches de mon absence dont la durée était indéterminée mais ne pourrait excéder six semaines ainsi que le motif de celle-ci. "C'est surement mieux ainsi... Pas trop de question comme ça." Je lui rendais son sourire. "En tout cas, j'espère qu'on tombera sur des bonnes personnes... L'idéal aurait été qu'on soit ensemble... Bien que, quelque part ça va nous permettre de se retrouver avec soi-même et de voir réellement ce qu'on souhaite dans nos vies !" J'acquiesçais, agréant. J'aurais beaucoup aimé être le partenaire de Love dans cette aventure, ç'aurait été rassurant et plaisant de partager cette expérience, mais la production avait été claire sur le fait que nous serions associés à des inconnus. Comme la jeune femme, je prenais ce challenge comme une opportunité pour se retrouver et se découvrir ; puis, j'avais besoin de me reconstruire et vivre pour moi après mes derniers désastres amoureux. J'avais besoin de me confronter à moi-même et sortir de ma zone de confort par l'intermédiaire d'une compétition me semblait idéal pour cela. J'attendais beaucoup de cet événement et priais pour qu'il puisse durer pour nous deux aussi longtemps que possible. "C'est sûr." J'entendais des pas s'approcher de la pièce où nous avions été installés. "On va peut-être se retrouver changés." La porte s'ouvrit et la personne qui nous avait conduit nous invitait à quitter la pièce afin de se diriger vers le lieu de tournage. Je m'approchais spontanément de l'australienne pour un petit discours d'encouragement et un au revoir personnalisé avant que nous nous laissions pour au maximum une semaine. "Bon... C'est parti. Crois en toi, Love, ne te laisse pas abattre. Ça va bien se passer, profite à fond, ne pense pas au lendemain ou à ce que peuvent penser les autres. Vis pour toi et tire le maximum de cette course, fais ce qu'il te plaît et ce qui est bon pour toi. C'est l'événement d'une vie et ce sera peut-être l'une des plus belles histoires de ta vie." Je déposais un baiser tendre sur sa joue. "On se reverra dans le pire des cas ce week-end." Je plongeais mon regard dans le sien, rassurant et affectueux. "Ca va bien aller."