Cela faisait deux mois qu'Alma avait vu le jour. Deux mois qu'elle avait rejoint la famille pour le plus grand bonheur de tout le monde. Deux mois aussi que Maya était sur son petit nuage. Elle ne parlait que de sa cousine et de toutes les choses qu'elles pourraient faire ensemble plus tard, quand elles seraient plus grandes. C'était adorable à voir, mais ça venait aussi avec l'inévitable. La fillette aussi voulait son propre bébé. Avoir une cousine était bien, cependant, elle n'avait pas l'occasion de la voir assez à son goût. Elle voulait un bébé à plein temps. Un petit frère ou une petite soeur. Elle n'était pas difficile et elle le répétait à Talia plusieurs fois par jour. Il était compliqué de lui expliquer pourquoi un autre enfant n'était pas dans leurs plans. Maya ne se contentait pas d'un simple "Parce que papa et moi on n'en a pas envie pour le moment." Maya ne comprenait pas que pour ses parents, l'avoir elle les comblait et ils n'avaient pas envie d'un autre enfant. Pas pour le moment et peut-être que ça ne changerait jamais. C'était un peu trop difficile à comprendre pour la fillette, qui elle, cherchait des explications bien plus détaillées. Alors, Talia avait mentionné à Louis, l'idée d'adopter un chaton. Que ça lui paraissait être un bon compromis qui en plus responsabiliserait la fillette. Louis n'avait pas mis longtemps à se faire convaincre et Talia avait envoyé un message à Amos, le relançant sur la discussion qu'ils avaient eue à ce sujet quelques mois plus tôt. Cherchant à savoir si la personne qu'il connaissait avait des bons plans.

Il avait été rapide à lui répondre, lui annonçant que oui, son amie avait plusieurs options disponibles pour elle. Elle n'avait pas eu l'occasion de voir Amos depuis la dernière fois. Leurs emplois du temps chargés n'aidant en rien, mais elle était heureuse de voir qu'il n'avait pas hésité une seule seconde quand elle lui avait proposé de l'accompagner aujourd'hui. Ils s'étaient donné rendez-vous à 14h devant le refuge dont Amos lui avait envoyé l'adresse. Pendant ce temps, à la maison, c'était Louis qui jouait la diversion pour ne pas éveiller la curiosité de Maya. Il était déjà là quand elle arriva devant le refuge et elle lui fit un signe de la main, accompagné d'un sourire avant d'arriver à sa hauteur. "Moi ça va très bien ! C'est plutôt à toi que je devrai poser la question !" Lui lance t-elle une fois devant lui. "J'en reviens toujours pas que tu m'aies pas dit que tu avais eu un accident. Je serai venue te voir à l'hôpital." Elle se serait fait un sang d'encre pour lui, mais elle n'aurait pas hésité à venir le voir à plusieurs reprises pour lui tenir un peu compagnie. "Tu vas bien maintenant ? T'es comme neuf ?" demande t-elle. Il n'avait pas l'air de mal se porter, mais ça ne faisait pas de mal de s'en assurer avant de rentrer dans le vif du sujet : le chat. "Elle ne sait pas du tout, c'est une surprise. On a acheté tout ce qui faut la semaine dernière, mais on a tout caché dans le garage, donc il n'y avait même pas de quoi éveiller ses soupçons." Maya était rusée et il avait fallu se montrer plus rusés qu'elle, pas question de laisser trainer une boite de croquettes dans la cuisine. Tout avait été stocké et bien caché dans le garage, dans un coin sombre où il n'y avait aucune chance qu'elle aille fouiller. "Je pense qu'elle va être aux anges." Commente t-elle avec un sourire dessiné sur les lèvres. "Ton amie est là aujourd'hui ? C'est son refuge ?" demande t-elle puisque finalement, elle n'avait pas vraiment d'information sur cette tierce personne qui s'était montrée bien serviable dans cette opération adoption.

"Non non, tu vois juste, je suis super pressée aussi. Finalement, je sais pas qui sera la plus heureuse entre Maya et moi." Qu'elle avoue en riant. Même si l'idée était née de l'insistance de Maya quant à la naissance de Alma, il n'y avait pas de doute quant au fait que ce n'était pas la seule raison qui avait poussé Lili à retrouver Amos au refuge aujourd'hui. L'idée s'était ancrée dans sa tête à elle aussi et elle avait tout autant l'impression de se faire un cadeau à elle même qu'à sa fille. Ce qui était normal dans un sens, après tout, ce n'était pas la fillette qui allait s'occuper de nourrir le chat et de changer sa litière, encore moins elle qui allait s'occuper de tous les frais inhérents à l'adoption d'un animal. Il fallait donc que l'idée lui plaise à elle aussi. Tout comme elle plaisait à Louis aussi. C'était une décision prise à deux comme toutes les décisions qui étaient importantes pour leur famille. "Merci !" Lui répond-elle quand il l'a félicite avant d'ajouter "Bien que j'ai vraiment pas fait grand-chose, pour ne pas dire rien. A part acheter des cadeaux et c'était pas très éprouvant." Plaisante t-elle. C'est Lene qui a fait tout le travail, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Talia elle, était là avec les cadeaux de naissance le lendemain à la maternité et bien sûr, avec Maya qui n'aurait pas laissé sa mère partir sans elle. La fillette avait donc rencontré sa cousine un jour après sa naissance et n'avait plus que son prénom à la bouche depuis. Elle était même prête à lui céder son lit, ce qui, elle l'avait compris après quelques explications, n'était pas possible.

Talia hoche la tête quand Amos lui dit que son amie Molly n'est pas là avant d'en venir au plus important : l'accident d'Amos et son passage à l'hôpital. Une suite d'événements qu'il avait gardé pour lui jusqu'à il y a peu. "Heureux évènement ou pas, t'aurais dû me le dire. Ca m'aurait pas dérangée de venir te tenir compagnie à l'hôpital ne serait-ce qu'une heure." Ce n'était pas elle qui avait accouché et ce n'était pas elle non plus qui était occupée avec un nouveau né. Quand bien même, elle aurait probablement réussi à dégager une heure de son temps pour son ami. "Tu sais Sarah, depuis qu'elle m'avait appelée pour me dire qu'elle voulait divorcer, j'ai pas vraiment eu de ses nouvelles. Quelques sms par-ci par là, mais rien de plus." Répond-elle en haussant les épaules. SMS qui la plupart du temps viennent d'elle et obtiennent une réponse brève et évasive. Talia n'insistait jamais, se disant que Sarah avait ses raisons. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Elle est venue te voir à l'hôpital ?" Le contraire surprendrait Talia, même si tout était possible. Elle était déjà surprise de ne pas avoir de nouvelles de Sarah, peut-être que cette dernière avait aussi complètement coupé les ponts avec Amos. Cependant, elle ne voulait pas plomber l'ambiance. Aujourd'hui était une belle journée, quelques mois après un heureux évènement. Tout était réuni pour faire venir du positif. "Oh oui la petite, attend je te montre, j'ai une photo. Je suis passée la voir hier." déclare t-elle avant d'ouvrir l'application photo de son téléphone avant de le mettre devant les yeux d'Amos. "Et voilà, c'est Alma. Je trouve qu'elle ressemble beaucoup à Anwar, mais plus le temps passe plus elle ressemble à sa maman." Elle avait le teint mate et les yeux d'Anwar, mais il était aussi possible de voir les traits de Lene, mélangés à ceux de son cousin. Elle était tout bonnement à croquer et faisait fondre tout le monde. Tout comme la réaction de Maya quand elle rentrerait avec le chat allait la faire fondre. "Je t'enverrai la vidéo. Après tout t'as un peu contribué à tout ça." Dit elle à Amos. "J'suis plus que prête. J'ai aucune idée de quel est le protocole, mais j'ai hâte d'entrer. Tu sais comment ça se passe ? Faut remplir des papiers et après ils te trouvent le match parfait ? Ou alors on choisit au feeling ?" Elle n'a jamais adopté d'animal auparavant. Elle avait un chien en grandissant, un beau berger Australien, Buddy, qui était arrivé dans la famille quelques années avant elle. "Tu me donneras ses coordonnées, ou celles du cabinet dans lequel elle travaille. Je te fais confiance donc si tu lui fais confiance à elle, mon choix est vite vu." Ajoute t-elle en haussant les épaules. Elle avait toujours accordé une importance particulière aux conseils d'Amos, ce n'était pas prêt de changer.

Amos se dévoile, comme si un confesseur lui avait demandé de parler, de laisser échapper son secret. Talia aurait aimé être voyante, pour pouvoir anticiper, aller le voir à l'hôpital, ne serait-ce qu'une fois, lui apporter un peu de soutien. A la place, elle avait plutôt l'impression d'être l'idiot du village, se remerciant intérieurement de ne pas lui avoir demandé de faire cinquante mille choses sans même prendre la peine de savoir s'il allait bien. "T'es pas resté longtemps, mais t'y es allé quand même !" Lui répond-elle. "Franchement je me sens bête ! Je suis là à te faire venir avec moi, alors que je suis sûre que t'aurai pu te reposer à la place. Si t'as besoin de quelque chose ou d'aide ou je ne sais quoi, dis-le moi, ok ?" ajoute t-elle, telle une servante dévouée. Aider les autres, c'était inné chez elle, d'autant plus quand il s'agissait d'aider ceux à qui elle tenait et avait une place particulière dans sa vie. Ca incluait donc Amos, pour qui elle éprouvait une profonde amitié. Elle aurait fait de même pour Sarah, qui semblait pourtant l'avoir un peu oubliée ces derniers temps, celle qui lui avait beaucoup appris, sur la vie, sur l'amour, sur les gens, telle une institutrice un peu particulière, la prendrait t'elle pour un traitre de ne pas avoir pris parti dans cette séparation ? Talia n'avait pas de réponse, tout comme elle n'avait pas de nouvelle de celle qu'elle considérait pourtant comme l'une de ses amies proches. A une époque, elles étaient aussi proches que deux soeurs et maintenant, Talia avait peine une réponse à un simple sms. C'était la vie, elle avait fait le choix de ne pas se prononcer de ne pas choisir un camp plutôt qu'un autre et elle devait donc composer avec les conséquences. "Rien. Rien de très développé. Elle répond quand même à mes messages quand je lui demande si ça va, mais ça reste bref. Je sais pas si elle m'en veut de pas avoir choisi un camp ou s'il y a autre chose." Déclare t-elle en haussant les épaules. Elle n'en savait rien. Elle n'aurait peut-être pas de réponse. C'était la vie et il fallait aller de l'avant et continuer d'avancer tel un vagabond. "Elle m'a pas dit qu'elle était venue te voir. Encore moins qu'elle ne voulait plus divorcer. Qu'est-ce qu'i l'a fait changer d'avis ?" demande t-elle curieuse de savoir d'où venait ce revirement de situation.

Cependant, ils ne sont pas là pour parler divorce et séparation sur le parking du refuge. Ils avaient une mission aujourd'hui et Talia était bien décidée à la remplir. "Deal ! On va chercher le chat et après tu me racontes tous ... Enfin du moins tu me racontes les grandes lignes. J'ai pas besoin de tout savoir, mais bon je suis quand même curieuse de savoir ce qu'il en est." Répond-elle en se dirigeant vers l'entrée du refuge, pas prête pour la dose de mignonnitude qui allait la frapper en rentrant. Elle avait rempli un formulaire avant de venir, donnant des informations sur sa famille, sur le train de vie qu'ils menaient, le genre de personnes qu'ils étaient et elle comprenait maintenant que c'était un questionnaire visant à lui trouver l'animal qui conviendrait le mieux. Quand elle voit la petite tête orange dans la cage, c'est comme si cupidon avait tiré sa flèche et qu'elle venait instantanément de tomber amoureuse de cette petite boule de poil qui avait tout d'un renard miniature. Il la regarde en tournant la tête et elle fond alors qu'elle s'approche un peu plus du comptoir pour finir de remplir les quelques papiers nécessaires pour qu'elle puisse le ramener à la maison. "Je suis plus que contente." déclare t-elle quand Amos lui pose la question "Je crois que finalement c'est plus pour moi que pour Maya, mais ça on ne le dira à personne." Plaisante t-elle. Elle jette un oeil à l'animal dans sa cage. "J'sais pas encore je crois que je vais laisser le choix à Maya, tout en exerçant mon droit de veto si le nom choisi est pas du tout approprié." Elle hausse les épaules. Après tout, c'est une surprise pour sa fille, pas pour elle. "T'aurai des suggestions à faire par contre, je veux pas choisir pour elle, mais je peux tenter de l'influencer." Elle rit alors qu'elle attrape la cage du chaton. "Du coup j'cois qu'on est tout bon ici. On fait comment pour le café ? On le prend au passage et on va chez toi pour le boire histoire qu'il ne soit pas enfermé dans la voiture ?" Car s'ils passent chez elle il était certain qu'ils n'en repartiraient pas.

Respire et profite. Un conseil, un ordre même, qui n'était pas toujours facile à suivre pour Talia. Ca paraissait simple comme ça, mais quand on avait la fâcheuse manie de s'inquiéter un peu trop pour les autres, c'était bien plus compliqué que cela ne pourrait paraître. Pourtant, ça devait être simple. Se poser, arrêter de penser à l'extérieur, respirer un grand coup pour se recentrer sur soi-même et vivre le moment présent. Les autres et leurs soucis pouvaient bien l'attendre un peu. C'était pourtant quelque chose qu'elle ne maîtrisait pas trop en presque trente-cinq ans d'existence. Ce n'était pas une maladie chez elle, mais presque. Cependant, Amos avait l'air en forme. Il n'avait pas l'air de souffrir de ce qu'elle pouvait voir et ça rendait donc la chose plus simple. Ils étaient là pour un heureux évènement, alors autant en profiter. Tout comme elle en profiterait un peu plus tard aussi en voyant la surprise dans les yeux de Maya quand celle-ci comprendrait qu'un nouvel habitant à quatre pattes faisait maintenant parti de leur famille. "Ok ! Si tu t'ennuis hésite pas à le savoir, de manière très explicite, du style, taper du pied par terre ou soupirer et on sera dehors en moins de trente secondes." Répond-elle en riant. Elle était reconnaissante qu'il soit venu avec elle, mais elle ne voulait pas que ce soit une corvée pour autant. Tout comme elle ne voulait pas réellement que la conversation finisse par devenir un peu plus lourde. Cependant, il était compliqué d'éviter complètement de parler de Sarah et que peu importe la conversation, son nom finissait par être mentionné. Talia se contente donc d'expliquer où elle se place en ce moment par rapport à celle qui partageait la vie d'Amos fut un temps. Elle lui explique que les contacts sont brefs et bien souvent initiés par elle. C'est dommage, mais c'est comme cela. "Tu sais, c'est la vie, j'ai envie de dire. Les relations quelles qu'elles soient se font et se défont. C'est dommage c'est tout, car je sais parfaitement rester neutre et être amie avec toi ne m'empêche pas d'être amie avec elle. Il faut croire que pour elle c'est pas super compatible." Répond-elle en haussant les épaules. Elle connaissait Sarah depuis longtemps. Depuis bien plus longtemps qu'elle ne connaissait Amos et ce serait donc mentir de dire que ça ne lui faisait pas un petit pincement au coeur de voir que son amie pouvait si facilement l'éloigner de sa vie. C'était elle qui y perdait sans doute le plus cela dit.

Cependant, le but de la journée n'était pas au débat quant à l'attitude de Sarah, mais il était en revanche bien question d'aller chercher un petit chat qui n'attendait que de trouver une famille chez qui s'épanouir. C'était un grand moment pour Talia qui était aussi heureux qu'un enfant le jour de Noël. "Je sais pas pourquoi l'idée m'est pas venue plus tôt." déclare t-elle en poussant les portes du refuge. Les formalités ne prennent pas longtemps à remplir. Talia avait déjà anticipé les choses avec les contacts que lui avait fournis Amos et elle avait donc pu remplir une bonne partie de la paperasse en ligne. Aujourd'hui il était donc question de récupérer la boule de poils et régler les dernières formalités. Le nom en revanche était quelque chose sur quoi elle s'accorder un peu plus de réflexion. Principalement parce qu'elle voulait entendre les suggestions de sa fille dans un premier temps et parce qu'elle n'avait pour l'heure, pas d'idée précise. "Le chat. C'est vrai que ça sonne pas mal et ça lui va bien." Répond-elle en plaisantant. "Ca fera bien l'affaire en attendant, faute de mieux, mais je pense que sur le long terme ça peut devenir créer quelques confusions." Ajoute t-elle en récupérant la boite de transport que lui tendait la jeune femme à l'accueil. C'était aussi simple que cela finalement et bien plus rapide que ce qu'elle n'aurait pensé. Elle se sentait presque un peu bête d'avoir fait déplacer Amos pour si peu. Pourtant, ça n'a pas l'air de le déranger et ça la rassure. Il est même d'accord pour le café chez lui, comme si elle n'avait pas assez abusé de sa gentillesse pour aujourd'hui. "La prochaine fois je t'inviterai à dîner. Louis sera content de te voir et de discuter de tout et de rien surtout." Déclare t-elle en s'installant dans la voiture. C'est Amos qui lance le sujet. Il a rencontré quelqu'un et ça ne surprend Talia qu'à moitié. Après tout, pourquoi resterait il seul alors que c'est sa femme qui avait demandé le divorce. "C'est très bas de sa part, même si au final je vois pas ce que ça change à la situation. Tant que tu décides pas de te remarier, que tu divorces ou pas n'a pas d'importance." Déclare t-elle. avant d'ajouter "Elle s'attendait à quoi ? A ce que tu restes seul indéfiniment ?" Ce n'était pas comme cela que l'humain fonctionnait. "Elle te rend heureux ?" demande t-elle ensuite, curieuse de savoir s'il avait trouvé quelqu'un qui pouvait l'aider à voir la lumière au bout du tunnel.

"T'as pas à t'excuser à sa place, Amos. Je sais que je ne suis pas obligée de rester neutre, que j'aurai pu faire un choix et la choisir elle, parce que je la connais depuis plus longtemps, parce que j'étais amie avec elle avant de l'être avec toi, mais moi, ça ne me paraîtrait pas juste." Répond-elle en haussant les épaules. L'idée de choisir un camp ne lui avait pas effleuré l'esprit une seule seconde. Ca n'avait jamais été une solution envisageable. Ce n'était pas comme cela qu'elle fonctionnait. Elle n'était pas impartiale. Elle savait parfaitement faire des choix et se faire entendre quand il le fallait. En amitié en revanche, elle n'aimait pas privilégier l'un par rapport à l'autre. Chacun avait sa place particulière pour elle et il lui était impossible de choisir un camp, de faire passer l'autre pour la mauvaise personne. Pour elle c'était hypocrite et ça allait complètement à l'encontre de ses principes. "Si je lui donnais ce qu'elle voulait, ce ne serait pas moi. Je serai de toute façon incapable de te casser du sucre sur le dos. Je suis donc pas sûre que ça changerait grand-chose." Sarah aurait son amie à ses côtés, certes, elle n'aurait sûrement pas une alliée de choix pour démoniser Amos. Le fait que cette dernière ne puisse pas accepter que Talia ne fasse pas un choix lui laissait penser que c'était ça le fond du problème, qu'elle ne se mette pas de son côté pour dire à quel point tout cela était la faute de l'australien. Ou peut-être qu'elle se trompait. Que Sarah cherchait simplement un soutien, sans pour autant discuter de tous les défauts de son ex, mais si ce n'était que ça, le fait que Talia reste en contact avec Amos n'aurait pas dû poser problème. C'était la vie et si un jour Sarah décidait de faire machine arrière et d'estimer que la position neutre de Lili n'était pas un problème, alors, elle serait bien entendu accueillie à bras ouverts.

Le chaton dans sa cage de transport, pas réellement pour son plus grand bonheur, ils se dirigent jusqu'à la voiture d'Amos. Talia sécurise la cage sur le siège arrière et s'installe à l'avant. C'est Amos qui lance le sujet, en même temps qu'il démarre le moteur de sa voiture. Elle est surprise d'apprendre qu'elle est la première à dire que la réaction de Sarah n'est pas correcte. "Vraiment ? Personne n'a pensé à mentionner que c'est elle qui t'a présenté les papiers du divorce, qui a insisté pour que tu les signes et qui finalement à changé d'avis ? Je pense qu'à partir du moment où elle avait fait son choix, l'issue était plutôt claire." Répond-elle. Après tout, Amos n'avait pas voulu signer au début, c'était Sarah. Tout venait de Sarah qui finalement s'était rétractée, sans doute pour lui rendre la vie un peu plus difficile, maintenant qu'il était d'accord pour aller dans son sens. Talia aurait été surprise qu'il n'aille pas de l'avant, qu'il s'accroche à l'idée que peut-être, il y avait une infime possibilité qu'elle change d'avis un jour. Ce n'était pas une façon de vivre. "Je pense que les gens voient surtout le fait que du coup, c'est elle qui se retrouve seule, ça fait donc de toi le méchant de l'histoire parce que t'as continué ta vie." Ajoute t-elle en haussant les épaules. C'était injuste pour lui qui n'avait probablement pas eu envie que la situation se complique ainsi. Cependant, elle, elle est contente pour lui. Contente qu'il ait pu trouver quelqu'un d'autre malgré tout, que ça plaise à Sarah ou non et elle a à coeur de savoir s'il est heureux, parce qu'au final, c'est tout ce qui compte pour elle. Qu'il soit heureux, avec Sarah ou avec une autre. "C'est l'essentiel alors, enfin sauf pour la partie où elle a failli tout gâcher. Je suis contente pour toi. Tu mérites d'être heureux. Même si du coup j'en déduis qu'elles se sont rencontrées et que ça c'est pas super bien passé ?" Lui dit elle. Ca semble plutôt clair, ça semble aussi être une des raisons qui ont poussé Sarah à changer d'avis quant au divorce. "C'est quand même terrible d'en arriver là avec quelqu'un avec qui t'as partagé ta vie pendant si longtemps. Tu penses qu'elle finira par changer d'avis une fois de plus ou t'es un peu coincé maintenant ?" demande t-elle ensuite.

Elle ose dire ce qu'elle pense, Talia. Elle n'a pas peur, elle n'a pas honte non plus. Elle n'a jamais hésité à dire ce qu'elle avait sur le coeur. Elle réfléchit toujours avant de dire ce qui lui passe par la tête cependant, parce que même si elle aime dire ce qu'elle pense, elle n'aime pas blesser quand elle pourrait simplement se taire. Se taire n'est pas mentir et parfois c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Elle opte parfois pour cette option, quand la situation s'y prête, quand la personne en face lui est un peu moins familière, quand elle n'a pas vraiment de raison de donner son avis. Avec Amos, en revanche, la question ne se pose pas. C'est un ami de longue date, il peut entendre tout ce qu'elle a à dire et elle lui doit bien ça. Surtout quand il s'agit de faire remarquer que ce n'est pas lui le méchant de l'histoire. Que tout le monde lui jette la pierre en oubliant qu'il n'est pas l'initiateur de cette séparation et de ce divorce. Tout le monde semble oublier que tout cela, ça vient de Sarah qui a fini par se rétracter, par choix, parce qu'elle a réfléchi ou simplement parce qu'elle veut lui rendre la vie un peu plus difficile maintenant qu'il est passé à autre chose. Et ça, pour Talia, ce n'est pas juste. "C'est ça que j'ai du mal à comprendre." Réitère t-elle "Que t'aies enchainé les conquêtes ou pas, je ne vois pas ce que ça change. Elle voulait divorcer, tu étais censé faire quoi ? Mettre ta vie en suspens et attendre que ça lui passe ?" Ajoute t-elle. Ca semble être une prise de position de sa part, comme si elle penchait en faveur d'Amos plutôt que de Sarah, mais ce n'est pas comme ça qu'elle voit les choses. Pour elle, il y a une différence entre prendre partie et reconnaître quand quelqu'un à tort, si Amos avait eu la même attitude, son discours aurait été identique. "Je sais pas si t'as besoin de l'entendre, mais t'as rien à te reprocher, sache le." Finit elle par déclarer quand Amos conclu qu'il a tout fait pour sauver son couple. Il n'a pas besoin de lui préciser, elle n'en doute pas venant de lui et elle trouve donc important de lui dire qu'il n'a rien fait de mal. Après tout, mettre son bonheur au premier plan ne devrait pas être mal vu. Elle, elle est contente pour lui. Contente qu'il ait pu trouver quelqu'un d'autre qui le rend heureux même si la rencontre avec Sarah est visiblement venue ébranler la relation naissante. "Ah ... J'avoue que sur ce coup-là t'as un peu mal géré, mais je suis sûre que tu avais tes raisons. J'espère que les choses vont pouvoir bouger maintenant, même si je pense qu'avec l'avocat ça risque de rendre les choses un peu plus complexes. Tu penses qu'elle va essayer de se battre sur tout ?" Histoire de faire durer peut-être. Ca serait la solution la plus facile. Pas la moins onéreuse cela dit. "Elle a rien dit quand t'as récupéré les affaires ? Surtout que t'étais pas seul." demande t-elle, curieuse de savoir si Sarah avait réitéré son attitude de l'hôpital. "De mon côté rien de très spécial honnêtement, à part le chat et la nièce. J'ai bien envie de m'impliquer dans une association ces derniers temps, mais j'ai pas vraiment pris le temps de rechercher laquelle et surtout si ça serait compatible avec mon emploi du temps." Parce que jongler entre son travail à la caserne et son rôle de maman lui prenait déjà beaucoup de temps, il n'était pas toujours facile de caser d'autres activités nécessitant beaucoup d'investissement.