De la chance, voilà à quoi ça se résume. Ils ont eu beaucoup de chance, finalement, Isy et elle, d’en arriver jusque-là aussi rapidement, en tombant sur des gens aussi bienveillants, et sans dépenser trop d’argent non plus (elle a craqué, elle avoue, elle a acheté des clopes de contrebande pour 4 balles et des bouteilles d’eau). De la pure chance, parce que compte tenu de son état physique et de leur statut de novices en la matière de backpackers dans l’Outback, ça aurait pu être bien pire, et elle n’a pas envie d’imaginer en quoi.
Voilà ce qui lui prend comme pensée, au beau matin, alors qu’elle répète ses étirements dehors, au bord de la route. Une mécanique bien huilée par deux ans de pratique ; souvent compensée par des efforts chez le kiné ou en rééducation. Cette semaine, les manques ne se sont pas faits sentir - elle a l’impression de bien se débrouiller, finalement ; presque de faire mieux sans leur aide. Pourtant ce matin ses muscles commencent à tirer, son bras a perdu de sa souplesse et sa jambe est redevenue un peu boîteuse. Peut-être que c’est le froid de la nuit. Peut-être que c’est l’immobilité due aux transports excessifs empruntés ces derniers jours. Peut-être qu’elle est en train de calancher, aussi, mais elle ne s’aventure pas sur cette conjecture-là.

Elle retrouve Isy, un grand sourire aux lèvres (leur rituel matinal, désormais) et ils partagent un café offert par leurs logeurs, une équipe de basket qui logeait à côté du gymnase pour la semaine. La matinée commence lentement : aller acheter quelques barres de céréales pour la journée, et trouver un transport jusqu’à Charleville. Le retard qu’ils ont pris la veille devrait être rapidement rattrapé - leur plan de franchir Miles puis Roma a été légèrement compromis par tous leurs contretemps, mais tant pis : ils tiennent le bon bout. Le duo quitte donc son logement avec le coeur léger et la sensation d’être exactement sur la bonne voie. “Tu sais, c’est pas bon, de boire autant de café et de bouffer si peu”, fait-elle remarquer sur le chemin, son gobelet à la main. “On va finir par choper des diverticules et mourir.” Toujours plus loin.
L’épicerie est assez remplie, encore déserte de monde : le caissier les accueille avec un amusement qu’elle ne comprend pas, jusqu’à ce qu’elle repère un autre binôme, en tout cas. Deux grands gars, bruns, visiblement un peu rembrunis par les épreuves et beaucoup moins optimistes que le duo. “Hé, on se cotise et on se commande des vraies pizzas ?” lance-t-elle aux deux hommes en guise de salutations. “Je crois pas qu’on se soit déjà croisés. J’m’appelle Grace.”

“Hey Captain,” Je lance à Grace tandis qu'elle s'installe à mes côtés, suite à ses étirements que je devine elle a réalisés à l'écart des regards les plus indiscrets et interrogateurs. L'histoire de la photographe m'intrigue sans vergogne mais je tais soigneusement ma curiosité, favorisant découvrir des bribes de son passé seulement par les paroles et la volonté de mon binôme et non en lui tirant des vers du nez ou écoutant des commentaires assez brutaux de son beau-père par exemple.

Je le savoure profondément, le café chaud que je me suis servi après y avoir été invité par Andy, l'un des basketteurs logeant à côté du gymnase de leur destination. Je pose un contenant bouillant près de la brune également et une fois caféinés, nous partons en quête de vivres bon marché. “Ça fait longtemps que tu fumes ?” Je demande, sur un ton neutre. Loin de moi l'idée de juger comme de lui dire quoi faire ou ne pas faire ; il s'agit simplement ici d'une interrogation qui traverse mon esprit. “C'est quoi, ton top 3 de clopes ?” “Tu sais, c’est pas bon, de boire autant de café et de bouffer si peu” Je ris doucement avant d'avouer : “C'est mon quotidien. C'est un des effets secondaires d'être infirmier.” J'arbore une mine joueuse. “On va finir par choper des diverticules et mourir.” Je hausse les sourcils, étonné, jetant un coup d’œil amusé vers mon interlocutrice. “Des diverticules, rien que ça ? C'est ce qui te fait le plus peur comme conséquences à ce mode de vie ?” Je lui voue un clin d’œil taquin et lui tiens galamment la porte du dépanneur.

Manifestement, l'épicerie est envahie par Race of Australia et une troisième fois, le monde nous prouve être très petit. Les deux caméramen et l'infirmier qui nous suivent à la trace depuis trois jours maintenant se saluent avec entrain et je reconnais deux hommes composant un binôme de la compétition. “Hé, on se cotise et on se commande des vraies pizzas ?” Le son qui s'extrait de ma gorge est celui d'une approbation totale et soutien entier vis-à-vis de cette invitation malhonnête. “Je crois pas qu’on se soit déjà croisés. J’m’appelle Grace.” “Isy,” je complète sommairement, mes doigts glissant sur les étagères remplies de denrées inaccessibles. “Vous avez croisé d'autres équipes ?” Je demande, intéressé à connaître les éventuelles stratégies des adversaires.

Il paraît que c’est beau, l’Australie.
Discours typique du touriste qui ne découvre que les endroits les plus fréquentés et adaptés aux touristes, avec activités et services par dizaines à chaque rue. Discours mensonger, surtout et en bon australien pur souche, Kieran est persuadé d’une chose : non, l’Australie, ce n’est pas beau.
L’Australie, c’est profondément ennuyeux, quand on doit la traverser par ses propres moyens.
Pourtant, il est de ceux qui s’enthousiasment pour tout et n’importe quoi ; d’un joli papillon à délicieux chocolat, du sourire d’un inconnu croisé dans la rue à la propreté du wagon de train. Il n’a pas besoin de chercher : son radar s’active automatiquement pour repérer les petites choses de la vie quotidienne susceptible de le faire sourire. Alors il devrait avoir mal à la mâchoire à force d’écumer le pays, à trouver des petits détails qui le réjouissent alors que la plupart des gens s’en fichent royalement. Oui. C’est ainsi que son aventure devrait se passer ; dans la joie et la bonne humeur. Mais ce n’est pas de la joie ni de la bonne humeur qui transparent chez Kieran depuis lundi ; même s’il est loin de tirer la tronche (rapport au fait qu’il n’en est pas capable plus qu’une question d’envie). Ce jeu est supposé lui prouver certaines choses, l’aider à voir les choses d’un nouveau regard, or pour l’instant, c’est un cruel échec. Heureusement qu’il s’agit de paroles implantées dans son crâne par ses proches et qu’il ne compte pas sur un miracle qui saurait l’aider à changer les choses, sans quoi il serait des plus déçus. Enfin, c’est l’idée pour mieux faire passer le constat qu’il ne fait que confirmer, jour après jour, tous les défauts que son ex ou ses parents n’ont jamais cessé de pointer du doigt. Peut-être qu’il n’y a rien à prouver, finalement. Kieran traîne sa carcasse derrière celle d’Elias, la faim qui lui tiraille les entrailles et la fatigue qui commence à se faire sentir, l’envie de s’arrêter qu’il finit par oser formuler à Elias plutôt que de seulement rester dans son ombre, en sécurité derrière les décisions de son binôme. Mais il ne pourra pas avancer sans un petit quelque chose dans l’estomac et il en va de la réussite (ahah, nope) de l’équipe qu’ils s’arrêtent. Il écume les rayons de l’épicerie, bave presque devant les divers plats préparés dont il remplirait volontiers son estomac, soupire face au constat de leur prix et la réalité de ses économies. Il est perdu dans ses pensées et ce n’est qu’au terme « pizza » qu’il relève la tête pour apercevoir un binôme devant lui. Il lui faut quelques instants de silence et une bonne dizaine de clignements de paupières pour comprendre que non, il ne s’agit pas d’un hallucination provoquée par la faim et c’est un « OUI » presque hurlé qui s’échappe d’entre ses lèvres. Autant quant à la perceptive d’une pizza que le simple fait de constater que non, ils ne sont pas autant à la ramasse qu’il ne le pensait et qu’ils sont au moins au coude à coude avec un autre binôme. Oubliées, les pensées négatives et l’humeur maussade, c’est un nouvel homme qui fait face à ceux qui s’appellent Grace et Isy. « Kieran, pardon. » Qu’il se reprend poliment quant à son accueil un peu trop enjoué qui a laissé l’essentiel de côté. « Une moitié de binôme il y a deux jours, sinon personne. » Ivy, un sujet qu’il préfère passer sous silence alors qu’il repense à ses deux dollars partis bien trop tôt par la faute de la candidate. « Je commençais à me dire qu’on s’était planté d’itinéraire. » Il avoue avec un large sourire, toujours aussi rassuré de constater que rien n’est perdu. « Et vous ? Vous en avez laissé derrière vous ? » Pitié, dites oui. Que Kieran puisse sourire encore un peu plus et peut-être y arriver, à se décrocher la mâchoire.

 « ROA jour trois »    kieran, grace, isaac & elias

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présents quoi qu’il arrive. Elias n’est pas du genre à s’abattre facilement, il est plutôt du genre têtu dans son genre ! A persister, et il tente de faire relever le regard de Kieran quand ce dernier perd un peu espoir, ou du moins laisse son ventre parler à sa place. Voilà ce dernier en train de marmonner depuis plusieurs longues minutes qu’il a faim, suppliant presque Sanders de s’arrêter un instant pour avoir les yeux qui brillent. Parce qu’une évidence que Elias ne foutra pas son argent dans n’importe quoi ! Il préfère manger gratos chez les autres, le profiteur. « Tu te débrouilles avec tes 5 dollars de la journée ! » Et pas un centime de plus sinon le flic le bouffe tout cru. Même si finalement, il le suit jusqu’à l’intérieur de l’épicerie et bizarrement Kieran ne traîne plus des pieds, il semble même avoir retrouvé le sourire. « Hé, on se cotise et on se commande des vraies pizzas ? » Elias qui relève la tête face à une voix de femme, qui semble leur parler quand il croise son regard. Il file un coup d’épaule gentil à Kieran pour qu’il se reprenne, il va leur faire peur. « OUI » Qu’il se met à crier comme si il n’avait pas mangé depuis des semaines, voire des mois. Mais ça l’amuse le flic, et il ne peut s’empêcher de se moquer gentiment de son binôme – qui prend tout au premier degrés en plus, « faîtes attention il n’a pas mangé depuis la veille – et encore c’était pas un repas qui en valait le coup… Il peut mordre le petit… » Le petit alors qu’il est un poil plus grand en taille que Elias, et le regard amusé du flic qui se pose sur son co-équipier. Il commençait sérieusement à trouver sa présence à ses côtés rassurante, et il pourrait avoir peur de le penser, et en tout cas, il ne le dira jamais à voix haute. Mais les faits sont là, il finissait par apprécier sa présence à ses côtés, bien qu’il ne lui rend pas la vie si facile. « Je crois pas qu’on se soit déjà croisés. J’m’appelle Grace. » Le duo s’approchent de la jeune femme qui répond au doux prénom de Grace, puis de son co-équipier, et visiblement, ils sont là pour la visite du pays par leur propre moyen. « Isy » Drôle de prénom, mais Elias ne relève pas. « Kieran, pardon » Il regarde tour à tour ses camarades se présenter avant d’en faire de même, par politesse. « Bon et bien puisqu’on y est, Elias. » Le grincheux, le râleur, le téméraire, que sais-je pour le reste. « Vous avez croisé d'autres équipes ? » Il hausse les épaules, pas vraiment de personnes qui ont pu marquer jusque-là le flic. « Une moitié de binôme il y a deux jours, sinon personne. » Qu’il avoue avant de reprendre, en posant sa main sur le haut de son crâne, « je commençais à me dire qu’on s’était planté d’itinéraire. » Elias soupire, il devait avoir plus confiance en lui et en ses capacités, mais le chemin sera long et Sanders s’en doutait. « tu vois je te l’avais dit… » Elias mauvaise langue ? Juste un peu. « On fait une petite pause comme ça… Vous avez trouvé un toit pour la nuit précédente ? » Leur binôme n’a jamais eu de souci pour dormir la nuit, eux c’était surtout pour trouver une voiture, le souci, et c’était pas faute de pas laisser parler Kieran. Apparemment Elias n’a pas la fibre commerciale, encore moins humaine. « Et vous ? Vous en avez laissé derrière vous ? » Que demande son co-équipier. « Au fait la pizza, à quoi ? » Il échange un regard amusé avec Kieran, lui prouvant contre toute attente que dépenser leur argent – oh précieux, ne le dérangeait pas. Mais avec des tonnes de fromage, et pleins de lardons !

La bouffe a, depuis le début de l’humanité, toujours fédéré les hommes, qu’ils soient hostiles les uns aux autres ou que les différences culturelles rendent toute entente foutrement impossible ; c’est une de ces lois de la nature qui sont écrites et immuables et que Grace vient encore une fois de prouver en proposant une pizza aux deux mecs qu’ils viennent de croiser. Si Isy, modéré, se contente de donner son assentiment via un léger grognement, l’inconnu à la barbe de quelques jours, lui, manifeste son engouement d’un « OUI » qui dérangerait presque toute l’épicerie. Un sourire amusé fleurit sur les lèvres de Grace mais elle n’ajoute rien : peut-être qu’une pizza n’est pas une si mauvaise idée, finalement. « faîtes attention il n’a pas mangé depuis la veille – et encore c’était pas un repas qui en valait le coup… Il peut mordre le petit… » L’ambiance est à la détente, personne n’essaie de courir après personne ou de soutirer des informations : Grace s’autorise un rire détendu. “Je te prends aux mots”, retourne-t-elle au second. L’inconnu enthousiaste se présente : Kieran, tandis que son acolyte un peu plus sur la réserve leur décline le prénom d’Elias. Ils n’ont croisé personne depuis deux jours et sont manifestement rassurés de croiser des gens qui sont au même stade qu’eux. “Vous inquiétez pas trop, j’suis presque sûre qu’on est loin d’être les derniers.” Elle se sent le besoin presque maternel de rassurer le grand dadais visiblement perdu et en grand manque de pizza, comme elle ressent le besoin de chasser cette idée d’adversité permanente qui pourrit son séjour.

« On fait une petite pause comme ça… Vous avez trouvé un toit pour la nuit précédente ? »

Le duo hoche la tête : ils n’ont jamais vraiment eu de problèmes avec ça, qu’ils s’en soient sortis à coup de drague abusive ou en jouant sur la fameuse camaraderie australienne. Leurs refuges n’ont pas forcément été confortables, mais ils n’ont encore jamais eu à déplier de tentes. “On n’a pas croisé grand-monde hier, mais on a pris du retard sur une bonne portion de route. Si ça peut vous rassurer, les autres ont encore le temps de se planter et de se faire dépasser.” Elle n’est pas certaine qu’ils ne soient pas derniers, mais est-ce que ça compte vraiment sur les résultats de la semaine ? La portion stratégique se meurt rapidement et l’échange se fait plus enfantin : “Attendez, vous êtes vraiment chauds pour une pizza ? Je  suis prête à mettre trois balles dedans. Il nous reste des chips épicées, en accompagnement.” De toute façon, les pizzas froides des supérettes ne doivent pas coûter bien cher. Elle sourit, l’air entendu : “...Et une bouteille de vin que j’ai chopé hier.” Pas de quoi se mettre une cuite sur le parking, mais quitte à être en retard...

« OUI » s'exclame, enthousiaste, l'un de nos adversaires. Un sourire naît spontanément sur mes lèvres, amusé par tant d'entrain mais également compatissant devant cette nuance de soulagement qu'il me semble percevoir dans le ton de l'australien. « Faîtes attention il n’a pas mangé depuis la veille – et encore c’était pas un repas qui en valait le coup… Il peut mordre le petit… » prévient son binôme. A deux deux, ils semblaient bien promettre. « Kieran, pardon, » le fervent de la sauce tomate se présente, « Bon et bien puisqu’on y est, Elias, » son acolyte consent. Si je me retiens de leur demander comment l'aventure se passe entre eux - vraiment, rien qu'avec cet aperçu de leur personnalité et de l'ambiance qui semble régner entre eux, j'en redemande -, je favorise m'enquérir sur leurs potentielles rencontres composant les rangs des participants à Race of Australia. « Une moitié de binôme il y a deux jours, sinon personne. Je commençais à me dire qu’on s’était planté d’itinéraire. » J'offre un sourire désolé à Kieran tandis qu'Elias soupire sans vergogne. “Vous inquiétez pas trop, j’suis presque sûre qu’on est loin d’être les derniers,” rassure gentiment Grace. « Tu vois je te l’avais dit… On fait une petite pause comme ça… Vous avez trouvé un toit pour la nuit précédente ? » Grace et moi acquiesçons en cœur, le charme aidant beaucoup dans notre recherche de toit une fois la nuit tombée. « Et vous ? Vous en avez laissé derrière vous ? » “On n’a pas croisé grand-monde hier, mais on a pris du retard sur une bonne portion de route. Si ça peut vous rassurer, les autres ont encore le temps de se planter et de se faire dépasser.” J'aimais cette optique, les paroles de Grace me berçaient tandis que le pessimisme ravageur qui croissait en mon être se désolait préalablement de quitter la course dans quelques jours. J'avais déjà remporté beaucoup en peu de temps, mais maintenant, j'étais piqué par l'atmosphère de cette compétition : j'en voulais plus. “Attendez, vous êtes vraiment chauds pour une pizza ? Je suis prête à mettre trois balles dedans. Il nous reste des chips épicées, en accompagnement... Et une bouteille de vin que j’ai chopé hier.” Et c'était parti pour le festin ! Autant profiter, n'est-ce pas ? “J'ai vu un pizzaïolo installé à quelques minutes à pieds,” j'annonce, la vision d'une délicieuse pizza chaude me faisant d'emblée saliver. Puis, un mec qui semble être son propre patron augurait quelques généreuses transactions, non ? “On est parti ?” J'invite, mon estomac friand de cette association entre équipes vers l'acquisition d'un réconfortant repas.

Je m'arrête toutefois devant le vendeur, culotté : “Hey... Ça va bien ? Tu sais, tu l'as peut-être deviné, mais on participe à Race of Australia... T'aurais pas des boissons dont les canettes sont défoncées et que tu peux pas vendre qu'on pourrait te débarrasser par hasard ?” L'optique du vin me plaisait bien, mais autant tenter d’augmenter nos options et profiter des opportunités qui se présentaient sur notre chemin. C'est que je prenais goût à chiner à gauche et à droite, avec ce jeu.

dé positif : le quatuor repart avec un pack de boisson et des barres de céréales en prime.
dé mitigé : ils n'obtiennent rien de l'épicier mais le pizzaïolo les accueille avec entrain et intérêt certains pour l'aventure. En jouant bien leurs cartes, il semble possible d'en tirer de la bouffe gratis.
dé négatif : Le premier représentant de Yuleba s'avère des plus procéduriers avec ses marchandises : il refuse catégoriquement de se défaire de quoi que ce soit.

Il est certain qu’avec ses cinq dollars, il n’aurait pas été très loin pour se payer un festin digne de ce nom, ainsi la perspective de cotiser pour s’offrir une pizza est une idée qui lui semble digne d’être récompensée par un Prix Nobel. Il pensera à soumettre le nom de cette Grace à l’occasion (parce qu’il a bien-sûr des contacts dans le milieu, cela se voit sur lui à chaque fois qu’il ouvre la bouche). Il plisse les yeux pour offrir un regard mauvais à Elias, légèrement (mais léééégèèèèèrement) surjoué lorsqu’il le prétend capable de mordre. À vrai dire, il est amusé par la réplique de son camarade qui, dans le fond, n’est que pure vérité. Il est un peu différent quand il a faim, Kieran, du genre Gremlins nourrit après minuit. Mais même si son estomac gargouille à en imiter le cri des baleines, il essaie de rester un minimum civilisé et ne pas interrompre la conversation sous prétexte que maintenant qu’ils ont évoqué cette pizza, il a besoin de l’avoir en bouche dans les cinq minutes qui suivent au risque de commencer à mordre, justement. Grace et Isy lui inspirent une certaine confiance et il n’a pas envie de gâcher cet intermède bienvenu dans leur aventure en jouant à l’enfant capricieux qui tape des couverts sur la table. « Je... du coup, j’suis un peu perdu, dans les premiers ou les derniers ? » Il demande avec hésitation à Grace, toujours très prudent quant au risque de passer pour un idiot, mais il est vrai que ses propos se veulent contradictoires, suffisamment pour le perdre. Elle est presque sûre qu’ils sont d’être les derniers, mais il serait rassurant que les autres se plantent et se fassent dépasser. C’est trop compliqué pour lui et il s’ose à le signaler, même s’il le regrette bien vite, conscient qu’il est probablement le seul à être perdu, comme toujours. Elias confirme que l’idée de la pizza le séduit également et le menu semble s’étoffer. Il acquiesce lorsque Grace demande une ultime confirmation, avant de reprendre la parole. « Je peux mettre quatre dollars et un paquet de bonbons que j’ai acheté le premier jour. » Pardon Elias, mais j’avais besoin de réconfort. Il porte ensuite son regard sur Isy, qui apparaît comme un héros alors qu’il précise que la pizza tant attendue n’est qu’à une poignée de minutes de cette épicerie. « On est parti ! » Il confirme joyeusement, un large sourire aux lèvres, ravi d’être tombé sur deux concurrents capables de faire une trêve pour apprécier le contact de l’autre. Un aspect essentiel pour Kieran, moins pour Elias, que le premier essaie de mettre de côté pour ne pas agacer le second ni retarder l’avancer de leur binôme. Si Kieran s’écoutait, il pourrait entendre les détails de la vie de chacun des passants qu’il croise avec toujours le même plaisir, tandis que le plaisir d’Elias serait plutôt de lui coller un scotch sur la bouche.

Kieran observe avec une certaine admiration Isy tenter une négociation auprès du vendeur, quelque chose qu’il n’aurait jamais osé de son côté. Les arguments lui semblent pertinents, le ton utilisé est bienveillant, il est persuadé que le jeune homme a su s’y prendre et qu’ils obtiendront ce qu’ils désirent par le biais de ses talents de locuteur. Il y croit, Kieran, pour quatre s’il faut, que cela marchera... et c’est une moue de déception qui s’affiche sur ses lèvres lorsque le vendeur refuse de négocier. « Et puis quoi encore ? C’est pas une œuvre de charité, ici. » « S’il vous plait ? » Un air suppliant sur le visage, Kieran pense que la politesse est la solution de tous les maux : c’est un échec. « Dégagez d’ici et allez mendier ailleurs, j’en ai rien à faire de votre émission. » L’épicier s’avère des plus désobligeants, gratuitement selon lui, ce qui lui déplaît fortement. Il laisse échapper un soupire alors qu’il se tourne pour faire dos à l’épicier et ne pas montrer la déception causée par cet échec. Il manque de heurter un présentoir de friandises sur sa droite et alors que Kieran s’apprête à se confondre en excuses, lui vient une idée dont il ne se serait lui-même jamais cru capable. Mais il n’apprécie pas les gens méchants et le vendeur appartient à cette catégorie ; ainsi il met ses principes de côté alors qu’il heurte volontairement le dit présentoir pour en faire tomber les produits. « Oh mon dieu, je suis vraiment désolé. » Et il l’est sincèrement, regrettant déjà cette idée qui va lui peser sur la conscience durant des années, incapable d’expliquer ce qui l’a poussé à faire ce geste. « Mais c’est pas vrai, quelle bande de demeurés ! » Il a parlé de regrets ? « Je vais vous aider, attendez. » Et il imite le vendeur en se baissant à terre pour commencer à ramasser les produits éparpillés, lançant un regard aux autres participants autour de lui, dans l’espoir qu’ils saisissent son stratagème.

dé:

 « ROA jour trois »    kieran, grace, isaac & elias

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Ils étaient censé partir, poursuivre leur route mais l’idée du siècle de Kieran, de s’arrêter dans la première épicerie provoque un agacement certain chez Elias, qui cède sans savoir réellement pourquoi. D’habitude, - et comme à plusieurs reprises, il lui aurait répondu non, mais là, il cède et finira sans aucun doute à le regretter. Parce que rien ne peut être facile pour Kieran ; à croire qu’il le fait exprès, ou qu’une mauvaise onde gravite autour de lui. Mais comme si ça ne suffisait pas d’avoir deux pieds gauches, il a également deux mains gauches. Mais alors qu’Elias marmonne quand même en demandant à Kieran de faire rapide, car les secondes défilent et il leur sera difficile de rattraper ce qui est perdu – surtout avec un début aussi lamentable que le leur, un autre binôme fait son apparition, ce qui semblerait surprendre, mais détendre le flic, « je te prends aux mots » alors que Kieran le regarde presque de ses yeux mauvais. Elias lui tire la langue comme un gamin en levant les yeux au ciel. « Il est carnivore en plus… » Et il enfonce le clou en prenant un malin plaisir, fallait l’avouer. « Vous inquiétez pas trop, j’suis presque sûre qu’on est loin d’être les derniers. » Elias s’en doute du moins il l’espère. Même si il préfèrerait en avoir la certitude. « C’est ce que j’arrête pas de lui dire… » Qu’il confesse en lançant d’un signe de tête en direction de Kieran. « Mais quand il a un truc en tête hein partenaire ?! » Bien la première fois qu’il l’appelait partenaire, ça lui faisait assez bizarre. Mais les choses entre eux évoluer, et bien qu’il n’appréciait pas vraiment ce côté naïf et tête en l’air dans un jeu pareil, il appréciait quand même son binôme assez pour finalement pas vouloir l’échanger, il le faisait bien rire. « On n’a pas croisé grand-monde hier, mais on a pris du retard sur une bonne portion de route. Si ça peut vous rassurer, les autres ont encore le temps de se planter et de se faire dépasser. » Eux aussi ont pris du retard et c’est censé rassurer Kieran ? A croire qu’il ne le connaisse pas encore, tient d’ailleurs, le voilà hésitant, « je... du coup, j’suis un peu perdu, dans les premiers ou les derniers ? » Il cherche du regard Grace, puis Isaac finalement Elias coupe court. « Dans les premiers Kieran, on est dans les premiers. » Qu’il se voulait rassurant, et confiant, parce que sinon il est mal barré, si en plus son camarade de jeu, doute. « Attendez, vous êtes vraiment chauds pour une pizza ? Je suis prête à mettre trois balles dedans. Il nous reste des chips épicées, en accompagnement … Et une bouteille de vin que j’ai chopé hier. » Elias sourit à l’idée de boire du vin, avant que Kieran n’attire son regard et surtout son attention. « Je peux mettre quatre dollars et un paquet de bonbons que j’ai acheté le premier jour. » Hein ? QUOI ? Elias tourne vivement sa tête vers lui, si il avait eu un révolver dans les yeux, il l’aurait déjà achevé trente fois sur place. « KIERAN !!! C’est quoi cette histoire de bonbon ? » Il n’a quand même pas dépenser ses cinq dollars journaliers pour des bonbons ?! Et il aura beau se faire tout petit, disparaître Sanders finira par le retrouver ! « J'ai vu un pizzaïolo installé à quelques minutes à pieds, on est parti ? » Les mots d’Isaac permettent d’attirer l’attention du flic sur lui, et de laisser Kieran en paix. Mais avant de quitter l’épicerie, Isaac tente le tout pour le tout. « Hey... Ça va bien ? Tu sais, tu l'as peut-être deviné, mais on participe à Race of Australia... T'aurais pas des boissons dont les canettes sont défoncées et que tu peux pas vendre qu'on pourrait te débarrasser par hasard ? » Si ça partait d’un bon geste, d’une bonne attention, Elias observe le vendeur ou le propriétaire il n’en sait rien, et voit bien que quelque chose ne va pas aller dans leur sens. « Et puis quoi encore ? C’est pas une œuvre de charité, ici. » Il lève les yeux au ciel Sanders avant que Kieran enchérisse devant le silence du flic. « S’il vous plait ? » Mais l’homme doit être comme Elias : il ne doit pas aimer qu’on l’enquiquine au boulot. « Dégagez d’ici et allez mendier ailleurs, j’en ai rien à faire de votre émission. » Alors que Grace et Isaac commencent à vouloir sortir, en se retournant Kieran bouscule un présentoir avant de le refaire de nouveau mais quand même bien plus franc jeu ce qui arrache un sourire à Elias. Il ne devrait pas… Il doit faire respecter la loi… Ouais enfin c’est Elias dont on parle… « Oh mon dieu, je suis vraiment désolé. » Qu’il avoue, presque confus, c’est que c’est un bon comédien quand il s’y met avant de se baisser pour ramasser les choses à terre. « Et si on vous achète une canette, vous nous en offrez une ? » Qu’il demande s’avançant vers le gars, visiblement pas décidé à partir. Pas décidé à ne pas obtenir grâce, c’était un bon compromis de flic ça, non ?!

Spoiler:

Kieran, à premier abord, renvoie une image très précise de sa personne : manque cruel de confiance en soi, maladresse qui égale celle d’un chat bourré. A sa question sur les premiers/derniers, Grace se contente de lui répondre, s’avançant pour lui tapoter l’épaule : “C’est pas ça, l’important. Ce qui fait retenir, c’est qu’on a encore le temps pour accélérer.” Peut-être que c’est aberrant de partir de ce principe, parce que la procrastination est un sacré fléau et que si elle commence à l’emmener dans la sphère compétitive de Race of Australia, elle risque d’être très vite cuite. Mais elle sait aussi que ménager ses forces est important pour ne pas finir en burnout au bout d’une semaine seulement ; c’est une course qui se joue sur la longueur et la pression ne tiendra pas pendant cinq semaines. Ainsi pour l’instant, son motto reste le suivant : prendre son temps, attendre de voir, et si pizza il y a sur le chemin, ne surtout pas la refuser. Le partenaire de Kieran, lui, de son côté, semble saturer un peu plus qu’eux d’avoir à supporter ça chaque jour. « KIERAN !!! C’est quoi cette histoire de bonbon ? » D’ailleurs, il a aussi l’air de moyen tolérer les achats peu indispensables du jeune homme, aussi Grace s’abstient-elle de tout commentaire et fait au mieux pour garder un visage inexpressif, un peu comme devant une maman qui engueule son gamin parce qu’il a fait un truc drôle.

Le petit groupe entreprend donc de sortir de l’épicerie, non sans une manoeuvre désespérée pour recevoir un peu d’aide gratuitement : « Et puis quoi encore ? C’est pas une œuvre de charité, ici. » Bon, voilà qui est clair. Grace est prête à battre en retraite, un peu frustrée de ne pas avoir testé sa persuasion un peu moins d’un jour après avoir réussi à conquérir Ava, la quadragénaire généreuse, mais ses coéquipiers n’ont pas l’intention d’abandonner si facilement : dans une manoeuvre assez claire, Kieran percute des produits pour leur donner le temps de faire diversion. Echec : la canette que Grace tient dans ses mains retrouve sagement son rayon quand son regard croise celui du propriétaire. Echec encore, les tentatives d’Elias pour amadouer le vendeur se soldent sur des menaces tonitruantes : “Mais vous vous payez la gueule de qui, là !? Allez, ça dégage, avant que j’appelle la police !” Au moins c’est clair. Grace lève les mains en signe d’apaisement : “On s’en va, excusez-nous. On a tous eu une journée un peu difficile et on cherchait juste un coup de main. On vous laisse tranquille.” Le vieux bougon semble n’en avoir rien à foutre, mais au moins ne les chasse-t-il pas pour les caillasser à coup de canettes.

“Sympa, les gens, dans ce bled”, maugrée-t-elle une fois à l’extérieur.

Ne reste qu’à tenter la pizzeria. “Bon, on prend quoi ? Un truc avec pleeeeein de viande. Personne n’est végétarien ?” déclame-t-elle, sa bonne humeur retrouvée. Le quatuor pénètre dans la pizzeria avec leurs cameramen, bien conscients de l’effet des caméras sur le public en général. “Bonjouuuur !” Pas question de faire dans la discrétion, surtout. “On vient vous commander une...Ouuuuh ! Une cannibale. Ca vous va, les mecs, une cannibale ? Désolée, on prend de la place, mais on participe à une émission. Race of Australia, ça s’appelle, vous verrez sur la chaîne 5 la semaine prochaine, y aura sûrement votre pizzeria dedans…” Oeillade complice au pauvre mec qui la sert et qui ne semble pas comprendre pourquoi la petite brune parle autant. Il hoche la tête, murmure c’est parti, une cannibale avant d’en retourner à ses fourneaux. Grace, elle, se retourne vers ses camarades de galère et leur glisse, l’air entendu : “On a décidé d’annoncer ça partout où on va, du coup. On nous a déjà offert des trucs gratuits, donc on a pris la grosse tête, on s’annonce style Stéphanie de Monaco.” Un plan somme toute solide et peu faillible. Ils s’installent tous à la première table de quatre qu’ils trouvent, Grace s’échouant sur sa chaise style baleine en pleine sieste. “Ca s’est passé comment, vos premiers jours ? Vous avez un plan pour avancer, après ?”

dé positif : le quatuor reçoit deux pizzas au lieu d'une, maintenant qu'on a promis à la boutique de faire leur pub.
dé mitigé : ils reçoivent des bières en guise de rafraîchissement.
dé négatif : ils reçoivent leur pizza et une carafe d'eau (c'est mieux que rien).

Spoiler:

Je suis intimement convaincu que la pizza que nous allons normalement bientôt nous procurer se hisserait au rang des meilleures que je n'ai jamais eu la jouissance de goûter. Mon estomac est réduit à un sac de nœuds depuis le début de la course ; entre le stresse, les efforts physiques soutenus, les ascenseurs émotionnels et le fait de ne jamais manger à sa faim, cet organe a développé une toute autre nature. Grace et moi nous entendons rapidement sur le fait que chaque vivre était bonne à prendre et c'est avec fierté que j'appuyais la proposition d'acheter une pizza à deux équipes. Néanmoins, voletant sur un petit rush d'adrénaline et d'euphorie généré par la compétition et le fait de côtoyer des adversaires aussi agréables que conciliants - en tout cas, avec nous, car entre eux semblent résider quelques différents au niveau des priorités -, voilà que je tente de négocier avec le vendeur de la boutique dans laquelle nous nous trouvons.

« Et puis quoi encore ? C’est pas une œuvre de charité, ici. » J'ai beau tenté d'être aussi charmant que mon acolyte, de toute évidence, je ne parviens jamais vraiment à convaincre qui que ce soit de m'offrir ses bonnes grâces. J'accuse la déception, Kieran, en bon coéquipier en quête d'un festin à quatre, enchérit ma sollicitation : « S’il vous plait ? » « Dégagez d’ici et allez mendier ailleurs, j’en ai rien à faire de votre émission. » Je fronce doucement les sourcils, aperçois quelques membres de l'équipe de tournage se retenir de lancer un commentaire acerbe à l'attention de l'australien mal luné, et avant que qui que ce soit ne manifeste son mécontentement face à l'attitude du vendeur, le présentoir à bonbons s'effondre bruyamment sur le sol.

« Oh mon dieu, je suis vraiment désolé. » « Mais c’est pas vrai, quelle bande de demeurés ! » « Oh mais ça va, il l'a pas fait exprès et il est désolé, » je gronde d'une voix moralisatrice, appelant à un peu plus de bienveillance et bienséance chez l'employé. « Je vais vous aider, attendez. » « Et si on vous achète une canette, vous nous en offrez une ? » Elias tente de nouveau de marchander, m'arrachant un léger rire amusé. « Est-ce que tu crois qu'on peut l'avoir à l'usure ? » Je glisse à l'oreille de Grace, complice. “Mais vous vous payez la gueule de qui, là !? Allez, ça dégage, avant que j’appelle la police !” Ma partenaire lève les mains tandis qu'une partie assez rebelle de mon être se réveille et a bien envie de titiller au paroxysme notre sinistre interlocuteur. “On s’en va, excusez-nous. On a tous eu une journée un peu difficile et on cherchait juste un coup de main. On vous laisse tranquille.” La voix de la raison a parlé, comprenant un petit soupçon de pique que j'adorais.

“Sympa, les gens, dans ce bled” Je ris doucement, chassant bien vite de mes souvenirs le malotru pour me concentrer sur l'optique d'une délicieuse pizza. “Bon, on prend quoi ? Un truc avec pleeeeein de viande. Personne n’est végétarien ?” Je hoche la tête à la négative avec ardeur. La bande d'aventuriers entre dans la petite pizzeria, la sonnette tinte, je louche sur le frigidaire où reposent des canettes de soda, j'ai une pensée pour Kieran et Elias en repérant un large choix de friandises. “On vient vous commander une...Ouuuuh ! Une cannibale. Ça vous va, les mecs, une cannibale ?” ”Parfait pour moi.” Elle aurait pu suggérer une syphilis que j'aurais dit oui. Le menu m'avait déjà conquis de A à Z. ”Désolée, on prend de la place, mais on participe à une émission. Race of Australia, ça s’appelle, vous verrez sur la chaîne 5 la semaine prochaine, y aura sûrement votre pizzeria dedans…On a décidé d’annoncer ça partout où on va, du coup. On nous a déjà offert des trucs gratuits, donc on a pris la grosse tête, on s’annonce style Stéphanie de Monaco.” Un rire file entre mes lèvres, mon regard plein d'espoir s'oriente sur le serveur aussi déconfit que confus. Apparemment, parler business avec lui rime avec cause perdue. Dommage, c'était un très bel essai de la part de la photographe.

“Ça s’est passé comment, vos premiers jours ? Vous avez un plan pour avancer, après ?” Mon estomac offre un concert en sol mineur de gargouillements, les effluves des pizzas et pains à l'ail ouvrant toute la splendeur de mon appétit. Dès mon retour à Brisbane, je fais une monumentale soirée pizza, c'est décidé. Une douzaine de minutes - interminables - plus tard, notre cannibale est enfin déposée sur la table à laquelle, à mesure des minutes qui défilaient, je me sentais m'enfoncer de plus en plus dans la banquette. Rien que la vision de la pizza me fait me redresser droit comme un piquet toutefois, requinquer à l'idée de savourer cette majesté à la sauce tomate. “HALLELUJAH, ça a l'air si bon,” j'en baverai presque. Mes yeux suivent distraitement le serveur qui repart, nonchalant, derrière sa caisse, sa charlotte de travers. “ATTENDEZ !” J'alerte, retenant la main de Grace. “J'ai une idée,” je murmure, avant d'extraire un cheveu du crâne du garçon doté de la chevelure la plus similaire à celui de notre pizzaïolo. Je dispose, audacieux, l'échantillon d'ADN sur un pepperoni et tente le fameux coup de la marchandise en doublon pour cause de faute d'un employé.

dé positif : le pizzaïolo se confond en excuse et offre un large pain à l'ail en compensation.
dé mitigé : aucune réaction notable de la part du pizzaïolo, mis à part le rappel qu'ils ont des serviettes en papier à disposition des clients sur chaque table du petit restaurant, ainsi que des WC plus loin.
dé négatif : des insultes sont beuglées et ils n'ont plus qu'à sortir de l'établissement pour manger sous le soleil.