Prendre une longue douche chaude, s’allonger sur un lit douillet, se lever uniquement pour aller prendre le soleil sur la petite terrasse de la chambre, ce sont les petits plaisirs qui font vraiment du bien. Après 5 jours de course effrénée (on pourrait penser que c’est pas grand-chose mais si, c’est beaucoup), une recherche constante de voiture et/ou de lieu pour dormir et bouffer, ne rien faire, ça fait du bien. Sienna a l’air de prendre tout son temps sous la douche elle aussi, elle m’a laissé passer en premier mais je comprends maintenant que c’est parce qu’elle voulait vraiment profiter en passant en 2ème. La prod a fait les choses bien, très bien même. On peut manger tout ce qu’on veut gratuitement, on a accès au spa, et le bar est gratuit aussi. Tout pour un weekend réussi. J’entends l’eau de la douche diminuer jusqu’à ce que les gouttes ne coulent plus, et Sienna sort finalement, les cheveux emmitouflés dans sa serviette tandis que son corps est couvert du peignoir. On dirait presque un petit couple tout neuf qui vient passer un weekend loin de tout à nous voir comme ça. Que les choses soient claires : il ne s’est rien passé entre nous. Mais il n’y a plus vraiment de gêne, 5 jours H24 ensemble, ça rapproche. « J’vais profiter du resto en bas moi. » Oui parce que j’ai faim, et que je vais certainement pas me gêner de m’empiffrer de tout ce que je pourrais pendant ces 2 jours. « Je t’attends, ou tu restes tranquille dans la chambre ? » que je lui demande en m’allongeant sur le lit, télécommande en main au cas où la rousse voudrait m’accompagner. A croire qu’on ne veut plus se quitter.

@May Glitters @Sienna Hawkes

La technique d’être deuxième sous la douche était toujours la meilleure. On pouvait profiter de l’eau chaude autant que l’on avait envie. Quand on était premier, il y avait toujours cette pression de faire attendre les autres ou de commencer trop d’eau chaude. Mais cet hôtel avait l’air plutôt mal et la pénurie d’eau chaude ne devait pas faire partie du quotidien des clients. Elle en avait profité pour décrasser tout son corps, de se laver les cheveux et de tout simplement profiter de la chaleur sur ses muscles qui en avaient pris un coup cette première semaine de jeu. Sous l’eau, elle pensait à tous les avantages qu’offrait ce week-end détente : spa, bar gratuit, bouffe gratuite, soirée ? Il manquait plus que les clopes à volonté et Greg et Sienna seraient au paradis. D’ailleurs, elle avait l’impression d’avoir toujours couru avec lui tant les choses étaient aisés avec ce binôme. C’est dans son peignoir (enfin, lui de l’hôtel) et une serviette séchant ses cheveux. La scène était juste comique, digne d’une comédie romantique avec Cameron Diaz et Ryan Reynolds. Mais la gêne avait disparu et c’est limite si elle ne l’avait pas entendu péter sereinement dans la nuit. Apparemment, il voulait descendre en bas pour manger. C’est vrai, elle avait oublié qu’un glouton ça se nourrissait toutes les heures. « T’es pas obligé de m’attendre. Mais j’en ai juste pour cinq minutes. » Ne m’attends pas mais attends moi quand même. Sienna n’était pas du genre à se pomponner pendant des lustres, ni à se faire un ravalement de façade. Elle avait juste à se brosser les cheveux, un coup de mascara et à enfiler ses vêtements. « De toute façon, c’est ROA pas Miss Australia. » Greg s’était déjà allongé sur le lit, prêt à allumer la télévision. Dos à lui, elle retint un rire. À dire qu’ils se coltinaient tellement l’un l’autre qu’ils avaient pris l’habitude de s’attendre. Josh doit penser qu’il y a anguille sous roche (ou baleine sous caillou). Mais non, ils étaient juste binôme et comme tous les autres binômes, ils avaient pris l’habitude d’être ensemble, c’est tout. « Tu crois qu’on va voir l’autre folle d’Ivy ? » Elle espérait voir Ezra aussi. Un mécano qu’elle avait croisé au Canvas et avec qui elle avait assez discuté pour savoir qu’il participait également à l’émission.

@Gregory Morton

Sienna me dit qu’elle est bientôt prête, il lui faut juste 5 minutes alors qu’elle est encore à poil sous son peignoir. Je savais bien que la petite était pas du genre citadine à fond, que le superficiel c’est pas ce qui lui importe le plus. Je l’avais bien vu pendant ces cinq jours, elle a vraiment pas été chiante sur tout ça. Pas de maquillage, chaussures de marche solide et vêtements de sport, rien à voir avec la Ivy blondasse bimbo peroxydée. J’allume quand même la télé en l’attendant, ça fait du bien de se dire qu’on peut rien foutre pendant ces deux prochains jours, autant ne pas perdre une miette de ce temps précieux. « C’est bon, je t’attends Miss Australia, prends ton temps pour te faire belle si tu veux pécho des gars du cast. » que je lui balance par-dessus l’épaule en riant comme un beauf. Elle a bien dit qu’elle est célibataire, non ? Moi, j’ai fait aucun effort en revanche. Enfin, si, j’ai juste sorti un jean et j’ai mis le polo, mais je ressemble plutôt à un papa qui va chercher ses enfants à l’école. Bon, ok, un papa vachement sexy quand même.

« Tu crois qu’on va voir l’autre folle d’Ivy ? »

Elle me pose la question depuis la salle de bain, elle pourrait chier en même temps qu’elle me parle que ça serait tout aussi normal. « S’ils sont arrivés, peut-être. Peut-être qu’elle a écarté les jambes en grand. » que j’affirme hyper sûr de moi, en référence à la blague douteuse que j'avais déjà faite. « Mais j’ai clairement pas envie de la revoir, ni de faire la conversation. Je te laisserai te prendre la tête avec elle. » Mais aussi parce que c’était quand même assez comique à voir.

Sienna est fin prête à y aller, j’éteins la télé et on sort de la chambre pour descendre au restaurant de l’hôtel. Le serveur nous installe après qu’on lui ai montré nos cartes de participants à ROA, il nous file les cartes et demande si on souhaite un apéritif. Evidemment qu’on va prendre un apéritif. « Un double whisky pour moi. » que je lui réponds, et laisse Sienna commander ce qu’elle souhaite. Il y a plein de plats qui donnent envie, mais c’est le burger triple cheese qui retient mon attention. Je salive déjà. En attendant que le serveur revienne avec nos boissons, je comble le vide de conneries, tout sourire, comme d’hab : « Alors mademoiselle, premier rendez-vous galant en tête à tête avec le plus bel homme sur Terre ? »

Greg l’attendait, étendue sur le lit, jambes croisées, bras derrière la tête. Un vrai grizzli, ou alors Ronflex. Il ressemblait à Ronflex, c’est ça ! Il était grand et imposant comme lui et il avait cette carrure (et ce bidou aussi, qu’on se le dise) qui lui donnait cet aspect d’ours ». Il grognait comme l’animal d’ailleurs. Il avait rasé sa barbe pour la course, elle avait bien remarqué le premier jour. Mais s’ils avançaient dans l’émission, sa barbe pousserait et il ressemblerait encore plus à un ours. « C’est bon, je t’attends Miss Australia, prends ton temps pour te faire belle si tu veux pécho des gars du cast. » Sienna leva les yeux au ciel. Elle savait qu’elle n’était pas la plus coquette des filles de Brisbane, ou du moins de l’émission. Mais Sienna ne sentait pas vraiment à l’aise avec les artifices, la chirurgie ou d’autres subterfuges pour cacher son naturel. Et puis, autant être honnête, elle n’en avait pas besoin. Elle était déjà assez charmante par rapport à ses traits et sa personnalité qu’elle n’avait pas besoin de s’encombrer avec des trucs inutiles. Il lui arrivait parfois de s’apprêter, de sortir les talons aiguilles et les jolies robes courtes pour les occasions. Mais en général, elle ne se prenait pas la tête. Enfin, elle ne s’habillait pas comme un sac poubelle. Elle faisait quand même attention à être présentable et jolie. Mais sans en faire trop non plus. Elle pouffa de rire avant de rire.

« Tsss, tu crois que j’ai que ça à faire ? Pécho à la télévision ? Je ne m’appelle pas Ivy ! » Elle pourrait pécho en off aussi. Mais elle n’était pas venue là pour les amourettes d’aventures. Elle était là pour le jeu et pour les 100 000 dollars. Puis, flemme de s’afficher devant la caméra à créer une pseudo histoire d’amour pour faire du buzz. Ivy, par contre, devait être de cette sauce-là. À vouloir rouler des pelles à tout va juste pour faire du placement de produits en rentrant à la maison et empocher un petit pactole. D’ailleurs, Greg ne tarissait pas d’éloges à son égard. Il était tout autant catégorique que Sienna sur son compte, et elle était bien contente qu’ils s’entendent aussi bien sur ce point-là. Il était peut-être même, un peu plus violent qu’elle. Il supposa même qu’elle a dû payer en nature pour arriver à temps à Charleville. Tout était possible avec Ivy. En peu de temps qu’elle a vu, elle a su remarquer qu’elle était instable et imprévisible. « Écoute. Si je la vois, je vais faire en sorte de l’éviter, c’est week-end détente, et je veux me détendre. Elle va briser mes chakras sinon et je ne suis pas là pour ça. » Hors de question de se prendre la tête avec elle ce week-end. Elle était inexistante à ses yeux et puis elle serait sans doute moins virulente que cette semaine vu que les caméras étaient éteintes. Après avoir enfilé un jean taille haute et un chemisier noir rentré à l’intérieur du jean, un coup de mascara et un coup de brosse, Sienna était prête à partir. Direction le restaurant de l’hôtel pour se remplir la pense comme il se doit. Une idée qui les enchantait autant l’un que l’autre. Ils se mirent à table, guidés par le serveur. Sienna se retenait de rire parce qu’elle avait l’impression d’avoir un date avec Greg. « Un gin tonic, pour moi s’il vous plaît. » L’alcool allait lui détendre les muscles, et ce dont elle avait besoin. La carte regorgeait de plats plus délicieux les uns que les autres, et Sienna avait envie de tout goûter tant ils avaient mangé de la merde cette semaine. Un bon plat de pâtes à la carbonara ou alors un bon gros steak frittes des familles ? Elle n’eut pas le temps d’hésiter à voix haute que Greg commençait déjà avec ses bêtises. Elle se retint de rire. « Ah bon ? Pourtant c’est pas Elias que j’ai devant moi. » Dit-elle en lui jetant un regard au-dessus de la carte. Il lui avait expliqué après cette course effrénée entre eux et Kieran et Elias, qu’il connaissait ce dernier. Elle avait compris qu'ils s'entendaient. C'était toujours marrant de titiller l'égo d'un homme. « Et vous ? Flatté d’être avec Miss Australia ce soir ? »

@Gregory Morton

« Tsss, tu crois que j’ai que ça à faire ? Pécho à la télévision ? Je ne m’appelle pas Ivy ! » Un sourire étire mes lippes à cette remarque, je sais qu’elle ne la porte pas dans son cœur, moi non plus d’ailleurs. Elle nous a rien fait pourtant, mais parfois, il y a des gens, tu sais pas pourquoi, mais ça passe pas. En parlant d’elle, Sienna me demande si on risque de la croiser, et j’avoue que je mâche pas mes mots. Je suis vulgaire, sexiste, et je tiens des propos à la limite de la haine, mais je m’en sens pas coupable pour autant.

Sienna finit de se préparer, et même si elle n’a pas sorti la robe et les talons aiguilles, elle fait toute mimi dans sa tenue. Son jean lui moule un peu le cul. Mais ça va pas Greg ? Elle a 15 ans de moins que toi bordel. On descend finalement au restaurant, la rousse ne se retient pas de commander de l’alcool elle non plus, et j’embraye rapidement sur une connerie. « Ah bon ? Pourtant c’est pas Elias que j’ai devant moi. » J’ouvre grand les yeux, l’air faussement offusqué. Je lui avais confié qu’entre Elias et moi, c’était assez particulier : on s’aime bien, mais on se charrie surtout beaucoup. C’est à celui qui aura la remarque la plus blessante qui aura gagné. Et là, Sienna avait tout à fait compris le but du jeu : me comparer au Sanders, c’était jouer avec sa vie. « Et vous ? Flatté d’être avec Miss Australia ce soir ? » Cette fois-ci c’est un sourire qui étire mes lèvres. « Ah bon ? Pourtant c’est pas Ivy que j’ai devant moi. » Je reprends mot pour mot ce qu’elle vient de me dire, un sourire espiègle qui ne quitte plus mon visage. « Quoi ? Tu m’as comparé à Elias, j’ai bien le droit d’avoir mes propres comparaisons moi aussi. »

Le serveur revient avec nos boissons, prends nos commandes, et nous laisse à nouveau en tête. Je lève mon verre vers elle. « A la première semaine de passée sans qu’on se soit entre bouffé ? » que je déclare ironiquement, faisant évidemment allusion à hier et à l’épisode des bouteilles d’eau.

Le comparer à Elias c’était comme jouer avec le feu. Au bout d’une semaine de jeu aux côtés de Greg, elle savait qu’il avait un certain égo qu’elle se fait un plaisir de titiller. Elle savait qu’il connaissait Elias et que leur relation était assez spéciale. Elle savait surtout que les hommes détestaient être comparés (voire rabaissés avec d’autres) et donc c’était avec plaisir qu’elle lui faisait sous-entendre qu’Elias était pas mal. « Ah bon ? Pourtant c’est pas Ivy que j’ai devant moi. » Bravo, bien joué.  1-1.  Donnant, donnant. Tout ce que vous voulez. Elle le prenait à la rigolade mais en réalité ça la faisait un peu chier qu’il la compare à Ivy. Mais c’était le jeu, elle l’avait cherché en premier. Il sembla remarquer que malgré son rire, cette remarque avait un goût amer dans sa bouche puisqu’il se justifia. « Quoi ? Tu m’as comparé à Elias, j’ai bien le droit d’avoir mes propres comparaisons moi aussi. » Oui, mais bon. Tout le monde pas Ivy quand même. « On est quitte. Mais c’est la première et dernière fois. » Plus de comparaisons avec Ivy car elle pensait être assez différente, et aux opposés. « Mais pour que tu rétorques comme ça, c’est que ça ne te plaît d’être comparé à Elias. » Elle fit mine de jouer les innocentes et à ce moment-là, le serveur arriva avec les boissons. Un whisky pour Greg et un gin tonic pour Sienna. Une bonne clope et tout était parfait. « À la première semaine sans qu’on se soit entre bouffé. » Leurs verres tintaient délicatement l’un contre l’autre avant qu’ils ne les apportent à leurs lèvres. Cette scène était tellement improbable. Ils avaient couru, senti la transpiration, eut des haleines fétides, des ampoules aux pieds et les voilà maintenant dans un restaurant en tête à tête, propres comme des sous neufs. Race of Australia était totalement imprévisible. « Je t’ai dit qu’avec moi il fallait s’accrocher, et ça va, t’as plutôt tenu le coup. » Dit-elle en scrutant la carte des plats. « Une salade, pour moi je pense. » Gros lol bien sûr, elle avait le nez fourré vers les plats de pâtes.

@Gregory Morton

Comparer Sienna à Ivy, ça ne lui avait pas vraiment fait plaisir. Mais elle l'avait cherché, elle m’avait comparé à Elias alors que je lui avais explicitement dit qu’entre nous, la compétition était au cœur de notre relation, et elle avait donc consciemment sorti cette comparaison. Mais c’est bon enfant, si elle se permet de faire ce genre de remarques, je peux aussi la titiller un peu, non ? « On est quitte. Mais c’est la première et dernière fois. » Oui, oui, la dernière fois, on y croit. « Mais pour que tu rétorques comme ça, c’est que ça ne te plaît d’être comparé à Elias. » Et elle revenait sur le sujet en plus ? « Y’a aucune comparaison de possible entre lui et moi, tout le monde sait que je suis le meilleur partout. » Je joue avec mes sourcils pour appuyer mon propos, et m’empare de mon verre fraichement servi pour trinquer avec ma binôme. « Je t’ai dit qu’avec moi il fallait s’accrocher, et ça va, t’as plutôt tenu le coup. » Un rire s’échappe de ma gorge. « Ca va, t’es plutôt facile à vivre comme nana. J’aurai pas supporté avoir Ivy je pense. » Descendre la blonde, toujours et encore. Elle doit avoir les oreilles qui sifflent avec nous.

Sienna fait genre de prendre une salade alors que je viens de commander le triple cheese, et je la regarde avec des gros yeux. Je sais pas trop si elle rigole en fait, elle va quand même pas prendre une salade ? « Je pensais qu’on avait surmonté ce stade moi. » que je lui avoue, une moue triste sur mon visage. « C’est bon hein, tu peux prendre un plat calorique, je te jugerais pas si tu prends des pâtes carbo. »

« Tout le monde oui. Mais pas moi. Je ne demande qu’à voir. » S’ils étaient dans la compétition, autant envenimer tout ça. Elle adorait attiser un peu plus la compétitivité qui s’agitait entre eux et elle savait que Greg ne serait pas indifférent à cette mise au défi. Encore plus car il s’agissait d’Elias. Elle ne le connaissait pas trop d’ailleurs. Elle avait juste échangé quelques mots avec lui à l’arrivée devant la mairie de Charleville, mais c’était tout. Sienna prendra un malin plaisir la semaine prochaine à motiver Greg en le comparant à Elias avec des phrases du style « Elias, lui, aurait déjà trouvé une voiture. » Elle l’entendait déjà grogner. « Ca va, t’es plutôt facile à vivre comme nana. J’aurai pas supporté avoir Ivy je pense. » Oui, elle était vachement plus facile à vivre que l’autre blonde. Sienna était cool, chill, pas prise de tête, sportive, sociable. Que de qualités qui la composaient quoi. Greg ne pouvait pas mieux tomber avec elle, il fallait le reconnaître.

Il n’avait pas percuté ? Son histoire de salade, c’était des salades, évidemment. Elle n’avait pas mangé depuis une semaine et pour son premier repas au restaurant avec le remplaçant d’Elias, elle allait choisir une salade ? Que nenni ! Elle rit à sa remarque. Il parlait comme s’ils étaient ensemble depuis trente ans et qu’elle n’avait pas besoin de jouer à celle qui faisait attention à sa ligne. Il a sans doute dû remarquer qu’elle n’était pas du genre à hésiter manger un gros burger et à avoir de la mayonnaise sur la joue, sans s’en soucier. « C’est bon hein, tu peux prendre un plat calorique, je te jugerais pas si tu prends des pâtes carbo. » « Youpi, j’attendais ton autorisation pour déroger à mon régime. » Totalement faux, elle comptait bien se le manger ce bon plat de pâtes à la carbonara. Le serveur revint pour prendre la commande de Sienna. « Des pâtes à la carbo, pour moi. Merci. » Il disparut aussi rapidement qu’il fut arrivé. « On se fumera une bonne clope après. » Elle savait que c’était le genre de phrases qui sonnaient comme une douce mélodie pour Greg. « Bref, sinon t’en as pensé quoi de cette semaine ? »

@Gregory Morton

Elle continue de se retrancher davantage sur la team Elias (VS la team Greg le meilleur du monde), et ça me fait sourire, mais moyennement rire. J’espère sincèrement qu’elle ne le pense pas, je serais vexé de savoir que ma binôme préfère l’autre flic. Le serveur prend commande, elle choisit les pâtes carbonara, comme je lui avais préconisé (finalement, on se connait pas si mal, j’avais deviné qu’elle allait prendre ça), et un grand sourire se fixe sur mon visage après que Sienna m’ait proposé qu’on se fume une clope ensuite. « T’as vraiment compris comment me parler toi. » que je lâche sur un ton suave. La bouffe, le whisky, les clopes, le sexe, Doowap, c’est les 5 trucs que j’aime le plus au monde. 3/5, c’est pas si mal ? Et puis, qui dit que je vais pas baiser dans les heures qui suivent ? Pas avec Sienna, qu’on s’entende bien sur ça, elle est beaucoup trop jeune. Même si son petit cul moulé te fait de l’œil ? OUI, MÊME CA.

« Bref, sinon t’en as pensé quoi de cette semaine ? »

J’avale une gorgée avant de lui répondre, c’est vrai qu’on en a jamais vraiment discuté. Le moment est propice aux confidences, on n’a plus rien qui nous pousse à faire dans la vitesse et dans la précipitation, on a tout notre temps devant nous. « En un mot ? Epuisante. » que je dis finalement en riant. « Non, en vrai ? Je suis content d’être tombé sur toi. Je pense que je pouvais pas mieux tomber. » Je dévie mon regard vers son épaule, est-ce que t’arrives pas à la regarder dans les yeux, greg ? Est-ce que t’es sérieusement en train de dire des choses gentilles, volontairement ? « Parce que clairement, je vois pas qui aurait pu me supporter en fait. » Ouais, bien rattrapé, c’est sûr qu’elle a pas vu que t’étais gêné. « Et toi ? »

Greg était complètement taré. Enfin, dans le bon sens du terme. Elle le trouvait très drôle surtout quand il ratait complètement son ton suave et son accent latino. Sinon, elle ne s’en remettait juste pas que les deux soient propres, bien coiffés, l’haleine fraîche en train de boire un bon verre. Pendant une semaine, elle a tellement eu l’impression d’être Wilma Pierrafeu qu’elle ne pensait pas un jour retrouver une salle de bain et un mode de vie décent. Il lui a fallu une semaine pour être dépaysée. Chapeau May Glitters. Quand elle regardait Greg, elle ne pouvait s’empêcher de rire car elle repensait automatiquement à leur embrouille de la veille. Il avait eu envie de l’étriper hier. Et avec un peu de recul, elle s’avouait que oui, elle avait peut-être un peu abusé. C’était juste des bouteilles d’eau après tout.  

« Non, en vrai ? Je suis content d’être tombé sur toi. Je pense que je pouvais pas mieux tomber. » Sienna haussa les sourcils, pas du tout prête à ce genre de compliment de la part de Morton le Grizzly. Mais, mort de rire. C’est elle où Greg n’osait pas la regardait dans les yeux ? Il était sérieux là ? Qu’est-ce qui lui prenait à jouer les timides comme ça ? Josh aurait dû filmer cette scène parce que Greg qui se transforme en Winnie l’Ourson, ça n’arrivait pas tous les jours. Elle avait tellement envie de le cramer, c’était plus fort qu’elle mais il enchaîna bien avant qu’elle ait eu le temps d’ouvrir la bouche. « Parce que clairement, je vois pas qui aurait pu me supporter en fait. » Oui oui, bien sur. Elle ne croyait pas un traitre mot de ce qu’il disait. Il était juste happy d’être avec Sienna parce que c’était la meilleure tout simplement, et ça lui arrachait la gorge de le lui avouer. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, il était bien assez intimidé pour en dire plus. Faut pas forcer les oursons. « Ah oui, te supporter n’est pas une mince à faire. » « Une semaine éreintante et pleine de surprises. » Elle aussi, allait-elle se mettre au confidences positives ? Elle jouait avec son briquet sur la table, c’était à son tour d’être gênée. « J’aurais pas pu deman… » Demander mieux comme binôme. Mais elle ne finit pas  sa phrase, sauver par le serveur qui arriva avec les plats. « Hm, merci. Bon appétit Greg ! » Ouf, en espérant que Greg soit trop focus sur son triple cheese pour lui demander la suite de sa phrase.

Je laisse traîner ma langue, elle dit un peu trop de gentillesse alors que j’ai le dos tourné, cette garce. Evidemment, j’attends que Sienna saute sur l’occasion pour se foutre de ma gueule, moi qui ai pour habitude de grogner à chacune de mes phrases. A quel moment c’est devenu crédible que je fasse des compliments ? Je me rattrape évidemment, mais je vois dans son regard qu’elle ne me croit pas une seule seconde. « Ah oui, te supporter n’est pas une mince à faire. » La voilà, sa petite rétorque. Je lui laisse sa petite victoire et ne répond rien, à la place, je lui retourne la question. « Une semaine éreintante et pleine de surprises. J’aurais pas pu deman… » Elle est interrompue parle serveur, et je n’ai pas vraiment décidé si je lui en voulais ou pas : je sais qu’elle allait me complimenter, et dieu sait que j’adore ça, elle a été coupée, et je suppose qu’elle ne va pas continuer ; mais d’un autre côté, le burger triple cheese me fait de l’œil, la bonne odeur de gras et de steak grillé me remonte dans les narines, olala que j’ai faim. « Hm, merci. Bon appétit Greg ! » Evidemment qu’elle évite de redire la phrase qu’elle avait commencé, évidemment qu’elle se focalise sur son énorme plat. « Ouais c’est ça, bon appétit ouais. » que je lui réponds en lorgnant sur mon burger. Avant de goûter à mon plat, je me saisis de ma fourchette et la plante dans le tas de pâtes de la rousse. « Pour goûter. » Je me justifie parce que c’est pas poli de se servir sans qu’on ne nous l’ait proposé, mais c’est Sienna, on partage tout depuis une semaine (sauf la salive, pas encore, ahum, ta gueule Greg). « Hmmmmm, putain elles sont grave bonnes tes pâtes. » La bouche pleine, je parle sans retenue. « Quoi ? Tu vas me dire que t’aimes pas partager ta bouffe ? » que je lui demande avant de croquer dans mon hamburger parce qu’elle me fusille (gentiment) du regard.

En espérant qu’il ne lui demande pas la suite de sa phrase. Ce fut ce qu’il a fait, bien trop submergé par la beauté de son burger que par le potentiel compliment qu’elle aurait pu lui rendre. C’est vrai que son burger faisait saliver les babines et l’envie d’y taper un énorme croc dans le steak de boeuf bien juteux lui donnait plus qu’envie. Mais, elle n’était pas de cette espèce de pique-assiette à se permettre de voler ou goûter le plat des autres. Elle osait espérer la même chose pour Greg parce que ses pâtes à la carbonara, c’était de l’art. Les spaghettis étaient al dente, la crème avait l’air délicieusement bien mêlée aux lardons, le jaune d’oeuf était parfaitement posé sur le plat. Tout rond, pas encore coulant. Cette merveille était légèrement saupoudrée de Parmigiano Reggiano afin de donner de la force au plat (qu’elle renforcera encore plus en rajoutant de grosses cuillères de ce fromage). Fourchette empoignée, lèvres humidifiées, elle était prête à ne faire qu’une bouchée de son plat quand une fourchette ennemie ne s’immisce dans cette relation intime. Greg, de sa patte d’ours poilue, planta son arme fatale au coeur de la carbonara. Et là, ce fut le drame. Jaune d’oeuf poignardé, crème brutalement saccagée, projections de parmesan sur la table. Et pour couronner le tout, il remua le couteau dans la plaie en enroulant les spaghettis autour de sa fourchette. Mélangeant entre eux, jaune d’oeuf saignant à l’agonie, pâtes martyrisées et crème désabusée. C’est effarée que Sienna leva les yeux vers le bourreau culinaire, des revolvers à la place des pupilles. Il n’avait éprouvé aucun respect pour son plat, il l’avait vulgairement piqué dedans sans préavis. Greg était une brute et il ne faisait pas les choses avec douceur. Elle en avait encore eu ce soir la preuve, lors de ce meurtre. C’était à elle de briser le jaune d’oeuf, c’était à elle que revenait la première bouchée. Mais Greg le glouton prenait définitivement ses aises, et Sienna ne tarda pas à se venger. « Quoi ? Tu vas me dire que t’aimes pas partager ta bouffe ? » Dans ce cas-là, seulement si on partage en retour. Et c’est sans attendre qu’elle profita qu’il soit bien trop occupé à déguster -vulgairement- SES pâtes pour se pencher légèrement sur le table afin de saisir de ses deux mains le triple cheese de Greg. Sans un regard pour lui elle croqua à pleine dents ce symbole de la junk food. Pain boulanger, un bon boeuf, des tomates, de la salade, de la sauce. C’était délicieux ça, aussi. Après avoir ingurgité sa bouchée, c’est le contour de la bouche plein de ketchup qu’elle annonça : « Bah quoi ? Tu vas me dire que t’aimes pas partager ta bouffe ? »

@Gregory Morton