| | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 15:42 | |
| « On n’est vraiment pas grand-chose » Souffla Colleen. Allongée sur le dos, ses yeux plissés observaient le ciel étoilé qui s’étendait tel un voile sombre et féérique au-dessus d’eux. Elle avait peut-être passé un peu trop de temps au stand dont May leur avait parlé avant leur départ pour le Night Market. Sans doute un peu trop apprécié les cocktails que cette Jane – ou était-ce Jenny ? – leur avait proposés. Assurément dépensé un peu trop d’argent, aussi. Elle n’avait jamais eu l’intention de toucher aux dollars que la production leur avait donnés après cette première semaine de course, mais tout portait à croire que la tentation avait été trop forte. A défaut d’avoir tout dépensé, ses poches étaient sensiblement plus légères qu’à son départ de l’hôtel.
« Si minuscules et si insignifiants. Au mieux, une poussière à l’échelle de notre planète ». Elle tendit la main devant ses yeux et tenta de mesurer entre ses doigts la taille d’une étoile qui avait attiré son attention. Elle était persuadée qu’elle brillait plus fort que toutes les autres. « Et la Terre, eh ben la Terre elle est toute petite aussi, en vrai. Comme ça » Ajouta-t-elle en louchant sur son pouce et son index qui se rapprochaient encore un peu plus pour souligner ses propos. « T’as déjà pris l’avion ? » Demanda-t-elle subitement à Jack, allongé dans l’autre sens et dont le visage était à côté du sien. Une pensée parvint à percer son esprit embrumé par l’alcool et elle gloussa. « Ben oui, je suis bête, tu viens du Canada ! J’imagine que t’es pas venu en bateau… Eh ben quand tu prends l’avion et que tu vois la terre disparaître petit à petit, les maisons devenir minuscules, les grandes étendues rétrécir à vue d’œil… C’est là que tu comprends. Que tu n’es rien du tout ». Elle soupira, roula sur le ventre, planta son coude dans la terre et posa son menton sur la paume ouverte de sa main. Ignorant la sensation désagréable qui se fit aussitôt ressentir au creux de son ventre – la faute, sans doute, à l’alcool ingurgité – elle contempla Jack d’un air rêveur, perdue dans ses pensées. « T’as jamais voulu être un astronaute ? ».
Dernière édition par Colleen Sainsbury le Lun 22 Juin 2020 - 0:08, édité 1 fois |
| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 16:46 | |
| « On n’est vraiment pas grand-chose » « Je t'imaginais pas si dramatique. »
Il rigole Jack, de son rire grave, celui qui relâche toutes les tensions quand sa silhouette est allongée contre la pelouse, celle de Colleen à proximité. Le ciel est tapissé d'étoiles comme ils ont eu peu de chances de voir durant la dernière semaine et de simplement ralentir avec elle lui donne l'impression qu'ils ont mis des années avant de se retrouver ici. « Si minuscules et si insignifiants. Au mieux, une poussière à l’échelle de notre planète » elle sent la menthe et l'ananas, elle sent le rhum et le bonheur. Elle est heureuse et ses prunelles brillent autant que le firmament. Il est fier le con, fier de la voir comme ça, même si jamais il serait imbu au point de penser que c'est grâce à lui. Elle fait sa propre joie et il n'est que le chanceux qu'elle autorise à y assister. « Oh, ça. Ouais, clairement on est rien. » qu'il reprend, plus sérieux, laissant son sourire en coin disparaître de son visage moqueur une seconde une seule avant de reporter son attention sur les étoiles à son tour. « Et la Terre, eh ben la Terre elle est toute petite aussi, en vrai. Comme ça » les étoiles et les doigts de la brune, qu'il replace, concentré, ajustant la taille de leur petitesse hypothétique. « Je l'imaginais plutôt ainsi en vrai. »
« T’as déjà pris l’avion ? » l'alcool rend ses joues plus rosées qu'à l'habitude. Elle a eu une grosse semaine et de prendre un verre lui a fait l'effet de dix on dirait. De prendre un verre ou plusieurs, il les a pas comptés, il a juste compté leurs pas de bar jusqu'à la côte où il se sont isolés, embrumés. « Ou- » il allait répondre qu'elle le coupe d'office dans l'élan. « Ben oui, je suis bête, tu viens du Canada ! J’imagine que t’es pas venu en bateau… Eh ben quand tu prends l’avion et que tu vois la terre disparaître petit à petit, les maisons devenir minuscules, les grandes étendues rétrécir à vue d’œil… C’est là que tu comprends. Que tu n’es rien du tout » contre toutes attentes, il ferme ses yeux Jack, cesse le spectacle une minute. La brise nocturne balaie des mèches de sa binôme, mêmes mèches qui chatouillent sa joue à lui, arrachant un énième rire d'une longue série à ses côtés à elle. « Tu t'ennuies? » qu'il demande, précisant d'office. « De ta fille, de chez toi? » peu importe si chez toi, c'est l'Australie ou l'Angleterre, ou ailleurs même, qu'en sait-il. « Tu le dis hen si je t'emmerde. » ou avec lui tiens. La voilà, son ouverture pour le lui dire.
Au jeu des questions qui sortent de nulle part, elle reporte adorablement la manche. « T’as jamais voulu être un astronaute ? » « J'serais resté sur la lune je pense. Plus tranquille. Toi? » personne ne s'en étonnerait de ça. Jack et sa tête éternellement dans les étoiles, ce soir comme depuis sa naissance. « Je voulais être pompier, quand j'étais gamin. L'ironie. » l'ironie qu'il agite sous leurs yeux, son briquet porte-bonheur perdu trouvé perdu et retrouvé encore qu'il avait réussi à avoir au tout début de l'aventure d'un passant qui allait le jeter. Il l'a réparé depuis, y a ajouté de l'essence, il est prêt pour la prochaine clope mais à la place il joue docilement avec la flamme dans la nuit. |
| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 19:50 | |
| Colleen avait perdu toute notion de temps. Le temps s’était figé, ses préoccupations avaient cessé d’exister. Prisonnière d’une inquiétante faille spatio-temporelle. Perdue entre la terre et les étoiles, la réalité et la fiction, la conscience et les songes. Elle était si bien, si paisible, elle n’avait pas la moindre envie de quitter cet état contemplatif dans lequel elle était irrémédiablement plongée. Jack à ses côtés, la paroi de leur bulle était si épaisse qu’elle aurait bien été incapable de décrire ce qui se passait autour d’eux. L’agitation du marché était lointaine, les candidats un vague souvenir. Seules les étoiles comptaient, seule l’immensité et la profondeur de la voûte céleste revêtait une réelle importance à ses yeux. Tout le reste lui semblait si superflu, dénué d’importance. Elle se surprenait à refaire le monde, à s’étonner des rouages de l’existence, à s’ébahir devant l’insignifiance d’une vie humaine. Ils n’étaient pas grand-chose… Jack la trouvait dramatique, elle se trouvait réaliste. La dernière fois qu’elle avait bu autant d’alcool elle en était venue à flirter avec l’homme qui l’attirait. Cette fois son ivresse la poussait à tout remettre en question, depuis la genèse de l’univers jusqu’à la complexité de l’espace. Et pourquoi les étoiles lui semblaient-elles si minuscules ? Pourquoi brillaient-elles d’un éclat si scintillant ? Et pourquoi la Terre tournait-elle autour du soleil ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi…
Perdue dans sa contemplation, elle ne remarquait pas le regard empli de fierté de Jack. Entendait à peine ses réponses. Son regard émerveillé examinait tout, engloutissait le moindre détail sur cette immense toile saupoudrée d’étoiles qu’il gravait dans sa mémoire. Quand il saisit ses doigts avec toute la délicatesse dont il était capable, les replaçant pour en ajuster la position et l’écart, elle sourit bêtement et gloussa de plus belle. « T’as complètement raison, c’est exactement comme ça » Fit-elle entre deux éclats. Elle se perdit à nouveau dans ses suppositions, confiant à Jack à quel point le Monde lui semblait si minuscule quand elle l’observait depuis le hublot d’un avion. Elle cligna des yeux plusieurs fois lorsqu’il posa ses questions, déroutée par leur nature. Pourquoi lui parlait-il d’ennui ? La découverte de la nuit étoilée n’avait rien d’ennuyant. « T’es grossier. J’veux dire, ton langage est grossier » Commenta-t-elle sans filtre, d'une moue adorablement réprobatrice. « Tu m’emmerdes pas, Jack ». Et elle rit, guère habituée à utiliser ce genre de langage. « Tu m’amuses » Elle s’esclaffa encore alors qu’une pensée lui traversait l’esprit. « Et tu sais ce qu’on dit : femme qui rit… Mais bon je t’apprends rien, c’est pas comme si ça faisait une semaine qu’on dormait déjà dans le même lit ». En tout bien tout honneur, mais quand même. Il n’y avait pas à dire : les effets désinhibiteurs de l’alcool sur sa personne étaient puissants.
Elle lâcha le ciel du regard et roula sur le côté pour dévisager Jack, ses grands yeux clairs pensifs. Vu à l’envers, son visage était franchement comique et alors qu’elle l’interrogeait sur ses ambitions, elle posa son doigt sur son nez et gloussa avant de le retirer tout aussi rapidement. « Sur la lune ? Tu te serais ennuyé, t’as bien fait de pas y aller ». Elle fronça le nez. « Moi j’voulais être médecin, sauver des vies, tout ça… ». Lui, c’était pompier. Comme tous les gamins qui voulaient jouer les héros, Jack ne dérogeait pas à la règle. « T’aurais eu fière allure avec l’uniforme et la lance incendie » Lança-t-elle, admirative. Hypnotisée par la flamme qu’il agitait, elle ne la quittait plus des yeux. A y regarder de plus près, elle se reflétait dans son regard émerveillé. « T’as plus l’air d’un pyromane que d’un pompier, là ».
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| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 20:28 | |
| « T’as complètement raison, c’est exactement comme ça » c'est idiot, c'est enfantin, c'est ridicule, mais le sourire qui illumine son visage brille bien plus que la lune en l'instant. Quel con qui n'a jamais eu le moindre encouragement académique, et qui prend sa confirmation comme s'il avait lui-même découvert que la Terre était ronde et pas plate. Un véritable paon qui bat des paupières avec dérision.
Et puis, évidemment, les compliments viennent avec une pique aussi douce que pointue. Elle a de la répartie Colleen, et chaque jour il l'apprécie un peu plus. Il aime définitivement beaucoup les gens avec de l'esprit. « T’es grossier. J’veux dire, ton langage est grossier » « Pardon, pardon, milady. » s'il arrivait dans sa tête à maîtriser parfaitement l'accent anglais sur le milady, le résultat n'en est pas particulièrement efficace et elle aura tous les droits de se moquer, encore une fois. « Tu m’emmerdes pas, Jack » oh, vraiment? Attends d'avoir passé plus qu'une semaine avec son attitude de bohème, son ambiance de hippie, et on en rediscutera. « Tu m’amuses » est-il stupide de le prendre comme un compliment? « Et tu sais ce qu’on dit : femme qui rit… Mais bon je t’apprends rien, c’est pas comme si ça faisait une semaine qu’on dormait déjà dans le même lit » ses rires cristallins à elle se confondent à ceux bon vivant d'un Jack qui s'amuse de l'herbe qui glisse entre ses orteils dénudés, ses baskets depuis longtemps retirés. « On a depuis longtemps passé la lune de miel, tu m'prends déjà pour acquis. » dormir dans le même lit n'a même pas causé le moindre rapprochement, ça n'aurait pas été lui de le forcer. Il préfère bien plus jouer sur la corde du platonique, sentant qu'elle a quelqu'un qui l'attend à Brisbane de toute façon. Il y va naturellement, et leur naturel à eux leur convient parfaitement.
La question sur sa fille dévie, il n'en tient pas rigueur, le retient seulement pour ne pas faire de bourdes à nouveau. « Sur la lune ? Tu te serais ennuyé, t’as bien fait de pas y aller » un nouveau rire se casse sur ses lèvres gercées, il détourne le regard pour croiser celui de Colleen quand elle se tâte à se confier à son tour. « Moi j’voulais être médecin, sauver des vies, tout ça… » « Tu m'as jamais dit c'était quoi, ton métier. » une confession comme une autre. Elle a sûrement noté qu'il était musicien lui, avec son ukulele volé prêté donné jamais bien loin.
« T’aurais eu fière allure avec l’uniforme et la lance incendie » son briquet craque, la clope cadeau de l'un des clients du bar dans la poche de son jeans lui fait envie. « Me fais pas rougir. » il rougit pas Jack, il est impassible, il montre rien, rien d'autre qu'une lueur dans ses perles océan qui fait écho à celle dans celles plus chaudes de la brune. « T’as plus l’air d’un pyromane que d’un pompier, là » « Ou d'un fumeur. » sa voix rauque s'amuse, la cigarette qu'il glisse entre ses lèvres rieuses avant de reporter son attention sur le ciel et d'ainsi l'allumer sans envoyer la moindre fumée vers elle. Poli.
« J'suis content, de faire la course avec toi. » qu'il commence, première inspiration prise, l'expiration qui envoie une nuage au-dessus de leurs têtes qu'il tente de percer en formant des O savants. « Vraiment. » qu'il insiste comme ça, c'est jamais bon signe. « Mais si tu bois pas d'eau, demain tu vas pas juste sentir la vanille tu vas sentir la gerbe aussi. » il pouffe de nouveau, la clope au bord des doigts et l'éternel sourire espiègle au bord des lèvres. Prendre soin d'elle est devenu sa seule priorité. |
| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 23:00 | |
| Milady. Cette fois, Colleen éclata d’un rire aussi franc que soudain, des larmes faisant leur apparition aux coins de ses yeux alors qu’elle peinait à recouvrer son sérieux. L’accent britannique de Jack était grotesque. Grotesquement drôle. Elle n’avait pas la moindre intention de se moquer, mais l’occasion était trop belle. Et son esprit bien trop embrumé pour filtrer ses réactions. Ce soir-là, Jack avait droit à la vraie Colleen, celle qu’elle serait si elle ne se cachait pas en permanence derrière ses bonnes manières et sa discrétion naturelle. Une Colleen désinhibée. Authentique.
« Désolée » S’excusa-t-elle, sa main posée à plat contre ses abdos. « T’es absolument pas crédible en Britannique, Jack-Jack ». Et de poursuivre en gaffant de plus belle, évoquant leur proximité physique à la nuit tombée. Cinq nuits passées ensemble, déjà. Dans une église, une école, sur le bord de la route, chez l’habitant et même dans cet hôtel de Charleville. Il ne s’était jamais rien passé entre eux, bien sûr, et il ne se passerait jamais rien. La complicité qui s’était développée entre eux au fil de la première course était purement platonique, et si elle appréciait beaucoup Jack elle n’avait pas l’intention d’aller plus loin. Même si, en toute honnêteté, ses paroles pouvaient suggérer tout autre chose. Jack ne lui en tenait pas rigueur cependant, car il semblait savoir à quoi s’en tenir. Ni l’un ni l’autre n’avait évoqué leurs amours et elle ne savait même pas s’il était un cœur à prendre, mais en ce qui concernait le sien, de cœur, il semblait déjà réservé à un autre. Bien qu’elle refusât toujours aussi obstinément de l’admettre.
Les questions venaient de nulle part, les confidences aussi. Il y avait fort à parier qu’ils n’en garderaient pas le moindre souvenir, mais peu importait. « Sage-femme » Déclara-t-elle, répondant ainsi à la question qu’il lui avait posée de manière indirecte. « Du coup j’sauve quand même des vies, parfois ». Et elle en perdait, aussi, mais ça elle préféra le garder pour elle. « Mais bon, j’passe quand même beaucoup beaucoup plus de temps à conseiller, à masser, à recoudre et à rééduquer des périnées déglingués qu’à sauver des vies. Et j’en connais un rayon sur le sujet de l’anatomie féminine, j’sais même des trucs qui te feraient rougir Jack-Jack ». Même si elle ne doutait pas que lui aussi, en connaissait des choses à ce sujet. « Et toi ? » S'enquit-elle, curieuse.
Son visage se fendit d’un sourire à l’évocation de l’uniforme, et malgré la confusion qui régnait en maître sur ses pensées l’image de Jack déguisé en pompier se dessina très nettement dans son esprit. Il aurait fière allure. Serait peut-être même sexy. Il glissa la cigarette entre ses lèvres et l’alluma d’un geste expert et machinal. « Tu vas te détruire les poumons, et tu en as besoin de tes poumons pour courir la semaine prochaine… ». Et parce qu’elle n’en était plus à une incohérence près, elle fronça subitement les sourcils et regarda avec envie la cigarette allumée. Avec émerveillement les volutes de fumées qui s’en échappaient. « Moi aussi je suis contente de faire cette aventure avec toi » Répondit-elle sincèrement. Entre eux, c’était on ne peut plus simple. Pas de chichi, pas d’histoires. « Même si tu ronfles la nuit » Prit-elle grand soin d’ajouter en gloussant. « Les doyens. Ils verront bien les autres, de quel bois ils se chauffent les doyens » Poursuivit-elle, le regard toujours fixé sur la cigarette au coin de ses lèvres. Cigarette qu’elle subtilisa justement avec une agilité étonnante quand il prédit qu’elle sentirait le vomi le lendemain si elle ne buvait pas d’eau. « T’inquiète pas pour moi, j’ai de la ressource. Et surtout, j’ai pas de bouteille d’eau à proximité ». Elle glissa un regard sur la bouteille de rhum à moitié vide que son binôme avait trouvée sur le marché. « J’imagine que ça, ça ne marche pas ? ». Puis observa la cigarette toujours coincée entre ses doigts avec fascination. « Ou ça ? ».
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| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 23:37 | |
| Elle a bu et malgré tout elle s'en sort bien Colleen. Elle a l'alcool heureux, il le note dans la courte liste des traits d'elle qu'il apprivoise au fur et à mesure de l'aventure. À ça s'ajoute qu'elle ne bouge pas d'un seul millimètre quand elle dort, que son sourire n'a pas besoin du moindre trait de rouge à lèvres pour être radieux, et que son rire attendrirait même le plus brute des coeurs de pierre. C'est bien pour ça et seulement pour ça qu'il ne se brusque pas Jack, quand elle se moque ouvertement et pendant une longue minute d'hilarité de son accent d'anglais complètement à chier. « Désolée » son égo ne s'en remettra pas. « T’es absolument pas crédible en Britannique, Jack-Jack » son égo d'ailleurs, rien à faire tant il rigole aux larmes avec elle. « Tu peux pas me blamer d'avoir essayé. » un rire et un autre, si des gens étaient autour d'eux pour relaxer ils ont cassé leur ambiance zen depuis longtemps. « J'aimerais bien t'y voir à tenter de parler français. » oh qu'il sort son jargon bilingue que dans les grandes occasions Jack. Celle-ci en est clairement une.
« Sage-femme » qu'elle avance doucement, fidèle à elle-même et à la facilité avec laquelle elle distribuait différents éléments la caractérisant à ceux en qui elle semble avoir doucement confiance. « Du coup j’sauve quand même des vies, parfois » s'il s'est tourné de façon à ce que son visage à lui soit parfaitement aligné avec le sien à elle, c'est simplement parce qu'il est entièrement attentif désormais. Il n'était pas là, quand Ellie est née. Il était en prison le pauvre raté, il ne l'a su que lorsqu'il en est sorti. Toute sa vie, il va le regretter. « Mais bon, j’passe quand même beaucoup beaucoup plus de temps à conseiller, à masser, à recoudre et à rééduquer des périnées déglingués qu’à sauver des vies. Et j’en connais un rayon sur le sujet de l’anatomie féminine, j’sais même des trucs qui te feraient rougir Jack-Jack » elle parle et il dit pas un seul mot, enregistrant chaque donnée comme autant de récits de naissance auquel il n'a jamais eu droit. « C'est admirable ce que tu fais. » oh qu'il est solennel quand il le déclare, en chuchotant avec toute la douceur dont il est capable. « Que tu me fasses rougir ou non. » il en a vu des femmes, il en a vu bien trop pour être impoli au point de les compter. Pourtant c'est bien sur le don d'elle-même qu'il s'attarde, pas sur le corps scruté. « Et toi ? » bien moins louable, bien moins qu'elle. « Je suis musicien. » et apparemment modeste, aussi. Il parle pas du studio d'enregistrement à lui à Spring Hill, il parle pas des artistes signés sur son label. Il parle pas du groupe dans lequel il était pendant sa vingtaine, groupe bien connu au Canada et encore un peu en Australie. Il parle pas de ça parce qu'il le fait pas pour en parler - il fait de la musique parce que c'est ce qu'il a toujours aimé, c'est ce qui l'a toujours défini.
Sa clope se loge contre ses lèvres avec une évidence qui suggère qu'il n'en est pas à la première, et certainement pas à la dernière. « Tu vas te détruire les poumons, et tu en as besoin de tes poumons pour courir la semaine prochaine… » « Tu me porteras sur ton dos, et on prouvera à tous qu'on croit à fond à l'égalité des sexes. » il pouffe de rire, la fumée qu'il s'assure d'envoyer sens du vent pour que jamais ses poumons roses à elle ne soient attaqués. « Moi aussi je suis contente de faire cette aventure avec toi » ce serait mentir de dire qu'il n'est pas heureux de l'entendre avancer cette conclusion-là. Il n'avait pas besoin de l'entendre et ne le lui disait absolument pas pour ça, mais elle lui réchauffe le coeur, la brunette. « Même si tu ronfles la nuit » ah, le voilà le piège, qui le fait éclater de rire de plus belle. Sa candeur la rend encore plus magnifique que lorsqu'elle n'est pas bourrée au rhum et à la vodka mélangés. « Les doyens. Ils verront bien les autres, de quel bois ils se chauffent les doyens » « C'est comme ça qu'ils nous appellent dans notre dos? » il se moque, il nargue, il inspire sa clope, voit ses prunelles envieuses dériver vers elle. « J'étais moins poli à leur âge. » il l'est devenu qu'ensuite. « T’inquiète pas pour moi, j’ai de la ressource. Et surtout, j’ai pas de bouteille d’eau à proximité » elle n'est pas à sa première cuite, et il jouera pas au père surprotecteur qu'il n'est même pas avec sa propre fille. « Me fais signe que si t'as besoin que je te tienne les cheveux, alors. » bon joueur, bon allié, et pas juste dans la course à travers l'Australie.
« J’imagine que ça, ça ne marche pas ? » le rhum l'intéresse, elle. « Si tu bois, je bois. On vomira à deux. » et lui aussi. « Ou ça ? » la clope maintenant. « T'as déjà fumé seulement? » il se déteste de poser la question, condescendant.
« Attends, on fait ça bien. » parce que s'il lui montre, il veut que ce soit la totale. Du coup il se redresse, éteint la cigarette du bout de ses doigts déjà bien cornés par les miliers de cordes de guitare, et la vie en général. Ressort son briquet, essuie le rebord, le lui glisse doucement entre les lèvres. « Inspire quand je te dis de le faire. » le voilà qui se joue professeur. Quand la flamme ré-allume la clope, qu'il compte trois secondes, l'encourage à inspirer mais dégage le bâton du Diable de sa bouche rapidement pour l'empêcher d'avaler la moindre fumée. « Tes poumons Colleen, pense à tes poumons. » |
| | | | (#)Dim 21 Juin 2020 - 14:56 | |
| « Bonjour, comment allez-vous ? » Lança-t-elle très lentement dans un français approximatif, ses mots à peine compréhensibles tant son accent Britannique était prononcé. « Je m’appelle Colleen ». Elle connaissait bien une autre phrase en français – celle que tous les étrangers étaient capables de répéter, celle que l’on associait généralement au cliché des françaises : les femmes fatales. Sa pudeur n’étant plus qu’un vague souvenir à présent, elle n’hésita pas bien longtemps avant de l’énoncer à voix haute avec un accent à couper au couteau. « Voulez-vous coucher avec moi ce soir ? ». Et elle éclata de rire encore une fois, tant elle se sentait ridicule. Ridicule mais libérée. Elle ne craignait pas l’issue de la soirée car elle était convaincue que Jack prendrait soin d’elle. C’était ce qu’il faisait depuis le début de la semaine Jack, prendre soin d’elle. Elle ne le lui avait rien demandé pourtant, n’avait même jamais suggéré en avoir besoin. Elle était une grande fille, elle savait se débrouiller seule. Toutefois Jack prenait sa mission très au sérieux et savoir qu’elle pouvait compter sur lui la rassurait.
« T’as raison, mon accent français est vraiment merdique ». Ses doigts tapotèrent distraitement son menton tandis qu’elle coulait un regard amusé à son binôme. « Avoue que c’est comme ça que tu les séduis, les Australiennes. En parlant français ». Puis d’ajouter tout aussi rapidement : « Fais pas l’innocent, je sais qu’ça marche bien. Marius aussi parle français. C’est sexy » Lâcha-t-elle l’air de rien, son regard se voilant alors que dans son esprit l’image de Marius se dessinait très distinctement. L’image de Marius dans sa combinaison de surf. Le visage ruisselant d’eau salée. Cette seule pensée suffit à éveiller un sourire béat sur son visage et instinctivement elle passa la langue sur sa lèvre supérieure, comme si elle pouvait encore y goûter le sel de l’océan. Un frisson de plaisir la parcourut et elle cligna des yeux d’un air hébété.
Jack trouvait son métier admirable. Colleen l’estimait beaucoup aussi. Elle l’exerçait avec passion, si bien qu’elle avait longuement hésité avant de se lancer dans l’aventure Race of Australia, peinée à l’idée de ne pas pouvoir accompagner ses patientes jusqu’au bout de leur grossesse. Il la regardait d’un drôle d’air Jack. Présent physiquement, mais son esprit à des kilomètres de leur petit coin d’herbe. Il avait l’air presque nostalgique. « Musicien, classe et mystérieux ». Son regard couva son visage d’un air attendri. « Tu joues quoi, à part du ukulélé ? ».
Le regard captivé par la cigarette au bord de ses lèvres, elle en fixait le bout du papier qui s’embrasait. Jack frimait, les volutes de fumée s’échappant de sa bouche dessinant des O parfaits. Il n’en était pas à son coup d’essai. Sa voix rendue rauque par la consommation de cigarettes en attestait. Elle pouffa quand il mentionna l’égalité des sexes et invoqua l’image d’un Jack perché sur le dos de sa partenaire. Elle était vraiment heureuse Colleen, de l’être. Sa partenaire. Lui qui était le doyen de l’émission, elle la plus âgée des candidates. Mais ils ne s’en sortaient pas trop mal les doyens jusque-là. La première journée avait été certes chaotique mais ils étaient parvenus à rattraper leur retard par la suite. Le rire communicatif de Jack retentit dans la nuit et instinctivement elle se joignit à lui. « Ouais, j’crois bien que c’est notre surnom. Tu sais qu’ils trouvent toujours des pseudonymes un peu débiles aux binômes dans ce genre d’émission. Vise un peu le slogan ». Elle leva l’index en l’air, fixa ses yeux sur un point lointain alors que leur image apparaissait à l’écran dans son esprit embrumé. « ‘Jack et Colleen, les doyens’ ». Elle gloussa de plus belle, arracha subrepticement la clope des lèvres de son complice et en scruta le bout avec envie. « Remarque, c’est toujours mieux que ‘Jack et Colleen, les paumés’ ».
Elle joua avec la cigarette, la tournant et la retournant entre ses doigts délicats. Jack s’inquiétait pour son état, mais elle le rassura. Elle n’avait peut-être pas pour habitude de se prendre une cuite toutes les semaines mais elle restait confiante néanmoins. La cigarette entre le majeur et l’index, à quelques centimètres de sa bouche, elle se prit pour Audrey Hepburn, ses yeux s’arrondissant de candeur. Jack lui proposa du rhum, elle déclina. « Plus tard ». Elle ne pouvait pas se concentrer sur tout à la fois, or la cigarette l’intéressait davantage que la bouteille à moitié vide. Il se redressa, se rapprocha d’elle pour éteindre la cigarette qu’il ralluma presqu’aussitôt de son briquet. Puis il la plaça adroitement entre ses lèvres entrouvertes et novices. Suivant les instructions de professeur Epstein, elle inspira la fumée quand il lui donna le top départ. Pour cracher ses poumons la seconde suivante. Oups. Elle n’était pas censée avaler la fumée. Ses sourcils froncés, d’un regard elle somma Jack de recommencer. Elle cligna des yeux, focalisa sa concentration sur son inspiration, tenta de nouveau l’expérience et parvint à expirer de la fumée cette fois-ci. Son regard empli de fierté accrocha celui de son binôme. « J’ai jamais compris l’intérêt de ce truc, sinon de se tuer la santé ». Elle tira de nouveau sur la cigarette avec plus d’assurance. « J’suis même pas sûre d’apprécier. Mais c’est fun. Comme toi Jack».
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| | | | (#)Dim 21 Juin 2020 - 15:29 | |
| « Bonjour, comment allez-vous ? » « Je m’appelle Colleen » « Voulez-vous coucher avec moi ce soir ? »
Il y peut rien s'il passe de l'attendrissement à l'hilarité, s'il est hyper attentif une seconde et qu'il se noie dans ses larmes de rire la suivante. Colleen qui donne tout, absolument tout ce qu'elle a, et faut le mentionner, elle a un accent gratté au couteau qui rend le spectacle particulièrement impeccable. C'est le premier moment depuis le début de l'aventure où Jack regrette que les caméras ne les ai pas suivis dans leur intimité, parce que de la filmer ainsi aurait fait un truc particulièrement adorable à ajouter au montage. Ça changera des scènes où ils fouteront des bouts de conversations qui font aucun sens et qui feront croire à des disputes qui n'ont jamais eues lieu qu'il pense, comme Grace le lui mentionnait plus tôt.
« T’as raison, mon accent français est vraiment merdique » « Ça aurait tellement pu être pire. » il la rassure, ayant entendu bien plus horrible au courant de ses divers essais à apprendre insultes et moqueries dans l'une de ses deux langues maternelles. « Avoue que c’est comme ça que tu les séduis, les Australiennes. En parlant français » son sourcil se hausse, lui qui n'est pas charmeur dans l'âme, lui qui a le charme qui lui colle à la peau sans même le réaliser. « Je dévoile jamais mes cartes. » oh qu'il dit de la merde, quand il réalise que le français n'a jamais été un atout dont il s'est servi par le passé. Il devrait lui écrire une chanson dans la langue de Molière à Colleen, elle la mérite. « Fais pas l’innocent, je sais qu’ça marche bien. Marius aussi parle français. C’est sexy » « Marius, hm? » première allusion qu'elle fait à celui qui l'attend apparemment - et c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Jack qui veut juste s'assurer que si elle mentionne un simple prénom avec autant d'étoiles dans les yeux, il est le bon.
Elle parle de sa carrière, et lui avec. « Musicien, classe et mystérieux » carrière étant un grand mot, tant il a l'impression de n'être qu'un adolescent à guitare encore, trente ans plus tard. « Tu joues quoi, à part du ukulélé ? » « De tout, j'aime bien apprendre. » la liste est longue tant ses intérêts sont décuplés. Il a un musée à musique chez lui, un véritable bordel d'instruments all over qu'il justifie en disant que c'est rien que pour apprendre, rien que le temps dont il a besoin pour vraiment apprendre. « Ouais, j’crois bien que c’est notre surnom. Tu sais qu’ils trouvent toujours des pseudonymes un peu débiles aux binômes dans ce genre d’émission. Vise un peu le slogan » alors c'est donc ça, qu'il apprend maintenant. Le slogan qui colle à leurs noms en duo nommé. « ‘Jack et Colleen, les doyens’ » il suit des yeux ses gesticulations, il se marre de la voir prendre tant à coeur la tagline qu'il aurait écrite et réécrite des dizaines de fois si on lui avait demandé de le faire. « Remarque, c’est toujours mieux que ‘Jack et Colleen, les paumés’ » « T'es pas paumée. » lui par contre, c'est une toute autre histoire. Mais ça lui apparaît important de la dédouaner. « T'es bourrée, clairement, mais pas paumée. » un rire, un nouveau, et leurs regards s'accrochent. Elle l'épate déjà et il se cachera jamais de le lui faire savoir.
La clope passe de ses lèvres à lui à ses lèvres à elle. « J’ai jamais compris l’intérêt de ce truc, sinon de se tuer la santé » il la lui confisque mais elle la rattrape au vol, la fourbe. Il aura essayé, maintenant c'est à elle de prendre ses propres décisions. « J’suis même pas sûre d’apprécier. Mais c’est fun. Comme toi Jack» il sera là pour lui tendre le briquet si elle en veut même une à elle seule, gamine qui devient grande. « On fait un pacte, okay? » comme une piqure de rappel, comme un eureka, comme une motivation à se redresser sur ses coudes et à plonger son regard d'océan dans son homologue. « Du moment où on s'amuse plus, on se tire. » si un jour la compétition les fait trop rager, si un jour ils se retrouvent à détester le jour qui arrive, à détester tout, tout court. « Deal? » sa paume se tend vers elle en signe d'accord. La vie est trop courte pour ne pas profiter de chaque seconde, et les prochaines en font diamétralement partie. |
| | | | (#)Dim 21 Juin 2020 - 21:58 | |
| Jack prétendait ne jamais dévoiler ses cartes, mais la lueur qui passa furtivement dans son regard ne trompait personne. Pas Colleen en tout cas, puisqu’elle était la seule à ses côtés. « Mouais, tu peux dire ce que tu veux, tu m’feras pas croire que t’en as jamais joué pour attirer une femme dans tes draps. Non pas que t’aies besoin de ça, c’est pas ce que j’suis en train de dire » Tenta-t-elle de se rattraper. En temps normal, ses joues auraient pris une teinte rosée plus prononcée mais ce soir-là c’était l’alcool qui colorait naturellement sa peau, pas l’embarras.
Dans un moment d’égarement elle avait prononcé le nom de Marius, et elle vit l’intérêt se refléter dans les yeux clairs de son acolyte. Marius. Marius qui lui faisait oublier ses bonnes résolutions, Marius qui même loin d’elle revenait régulièrement occuper ses pensées, Marius dont la simple évocation faisait naître le désir en elle. Ses efforts pour le chasser de ses pensées étant vains, elle lui laissait une place de choix dans son esprit tourmenté. « Marius, oui » Acquiesça-t-elle, son regard fixant le bout rougeoyant de la cigarette avec fascination avant d’accrocher celui de Jack. Ses traits composèrent une moue espiègle. « J’ai pas grand-chose à ajouter » Mais en fait si. « Sinon qu’il est sans doute la raison pour laquelle il se passera jamais rien sous les draps qu’on partage la nuit, Jack-Jack ». Elle gloussa et enfonça son doigt dans la fossette de son binôme. Il ne manquait pas de charisme pourtant, c’était indéniable. Colleen avait tendance à penser que les hommes étaient comme le bon vin : ils se bonifiaient avec le temps. Elle ne savait pas à quoi ressemblait Jack plus jeune, mais la version actuelle n’était pas pour lui déplaire.
Jack l’aventurier. Jack le musicien. Jack qui jouait de plusieurs instruments mais dont l’humilité le poussait à ne pas s’étendre sur le sujet. C’était honorable de sa part. Colleen tenta de graver l’information dans sa mémoire, en espérant que cette dernière résiste au temps – et à la gueule de bois qui se profilait inéluctablement. Jack le doyen. Jack le paumé ? Elle ne le pensait pas vraiment, à vrai dire elle n’en savait trop rien. Il n’avait pas l’air paumé à ses yeux, juste un peu hippie sur les bords. Bon vivant. Du genre à se répéter carpe diem au quotidien et à se laisser porter par la vie. Il se moqua d’elle, avançant qu’elle était en réalité plus bourrée qu’elle n’était paumée. Et elle pouffa de plus belle. « ‘Jack et Colleen, les bourrés’ dans ce cas. T’en penses quoi ? Heureusement que les caméras tournent pas sinon on aurait été bons pour participer à la prochaine réunion des Alcooliques Anonymes à Brisbane ».
Et parce que l’alcool ne semblait pas lui suffire elle tenta une nouvelle expérience, laissant les doigts experts de Jack placer avec adresse la cigarette entre ses lèvres de débutante. La première tentative fut un échec, la seconde un demi-succès, la troisième une réussite. Et elle n’était pas peu fière, Colleen. Même si elle ne comprenait toujours pas l’intérêt de s’intoxiquer les poumons. S’agissait-il d’un moyen comme un autre pour s’évader ? Si c’était le cas Colleen n’avait pas besoin de ça, le yoga lui convenait parfaitement.
Le regard de Jack se fit sérieux. Il arrêta de pouffer et lui proposa un pacte. Les traits de l’Anglaise imitèrent l’expression du Canadien. Elle se redressa sur ses deux coudes à son tour, accorda à Jack tout le sérieux qu’elle était capable de réunir en cet instant. C’est-à-dire pas beaucoup. Elle pinça ses lèvres autour de la cigarette, tira une dernière taffe puis la saisit et la replaça entre les lèvres de Jack. « Deal ». Sa main moite serra la paume de Jack d’un air solennel. « Tu sais quoi, ça mérite même une pinky promise ». Joignant le geste à la parole, elle tendit son petit doigt à son coéquipier. Puis ses traits se décrispèrent. « J’sais pas toi mais personnellement j’ai pas trop envie de cracher par terre pour entériner définitivement notre pacte ».
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| | | | (#)Mer 1 Juil 2020 - 3:13 | |
| « Marius, oui » là, juste là. Rien que dans la voix qu'elle utilise pour répéter le prénom, rien que dans l'intonation qu'elle y ajoute, il décèle directement la touche de plus, l'intérêt avec. « J’ai pas grand-chose à ajouter » permets-moi d'en douter, qu'il pense, impoli, curieux et surtout bien trop discret pour ajouter la moindre question supplémentaire. Si elle a envie d'aborder le sujet à nouveau ou même plus en détails elle le fera d'elle-même lorsqu'elle se sentira en confiance de le faire. Le reste lui appartient. « Sinon qu’il est sans doute la raison pour laquelle il se passera jamais rien sous les draps qu’on partage la nuit, Jack-Jack » ça le faire rire, ça. Entre sa candeur, entre son désormais officiel surnom qui sonne habituel sur ses lèvres à elle même si elle vient juste de l'inventer et la douceur de ses propos envers son « Marius. » ça, tout ça. Il le note, il sait pas pourquoi mais il le mémorise. Au cas où.
Les grands titres et les surnoms, le montage à foison. « ‘Jack et Colleen, les bourrés’ dans ce cas. T’en penses quoi ? Heureusement que les caméras tournent pas sinon on aurait été bons pour participer à la prochaine réunion des Alcooliques Anonymes à Brisbane » il l'écoute et il l'observe, elle a l'alcool heureux et c'est tout à son avantage lui qui s'amuse de la scène et de la sensation d'une Colleen bien plus heureuse et bien plus libre ce soir qu'elle ne l'a été depuis le début de l'aventure. « Ça nous permettrait p't'être d'aller chercher le capital de sympathie avec nos horribles vices. » il insiste, il dramatise, il évite aussi, de parler de son véritable horrible vice. La cocaïne à laquelle il n'a même pas pensé depuis que la course est commencée.
« Deal » ça aurait été mentir de dire que Jack doutait qu'elle le suive dans ses folies, dans ses rêveries. « Tu sais quoi, ça mérite même une pinky promise » elle y ajoute sa touche rien qu'à elle, se redressant pour lui tendre le fameux petit doigt qu'il enserre du sien presqu'automatiquement. « J’sais pas toi mais personnellement j’ai pas trop envie de cracher par terre pour entériner définitivement notre pacte » il éclate de rire, encore et toujours. Elle est belle quand elle est heureuse Colleen, il se promet à nouveau de tout faire pour qu'elle le soit pendant la totalité de l'aventure à ses côtés. « On crache pas. Garde ça pour les caméras. »
Une minute passe, une heure. Une étoile filante et dix autres. Quand il demande, chuchotant à son oreille, sentant sa tête devenir de plus en plus lourde sur son épaule. « Tu dors, là? » |
| | | | (#)Lun 6 Juil 2020 - 14:38 | |
| Marius. L’air songeur, Jack répéta son prénom. Les yeux de Colleen se perdirent dans le voile céleste immuable qui s’étendait au-dessus de leurs têtes, sans oser ajouter quoique ce soit d’autre. Elle en avait déjà trop dit. Incapable de poser des limites dans son état, elle avait laissé sous-entendre l’intérêt qu’elle portait à celui qui était resté à Brisbane mais qui continuait de la suivre dans ses pensées tout au long de l’aventure. Encore plus ce soir-là, où l’alcool l’empêchait de raisonner de manière lucide. Il ne faisait l’ombre d’un doute que le réveil qui suivrait cette soirée serait particulièrement douloureux et que le départ pour la course le jour suivant ne se ferait pas sans mal. Sous réserve, bien sûr, qu’ils ne soient pas éliminés avant cela.
Colleen plaisanta à propos du slogan que la production pourrait leur attribuer. Dans la mesure où cette édition de Race of Australia ne comptait que des binômes d’inconnus, elle devrait avoir recours à un peu plus d’imagination que d’habitude. Lui le doyen des hommes, elle l’aînée des femmes, ils devraient s’en tirer avec un titre qui mettrait en avant leur âge. Quarante ans seulement – même pas, dans le cas de l’Anglaise – et ils héritaient déjà du surnom peu flatteur des doyens. En réalité ça l’amusait beaucoup, Colleen. Mais bien moins que d’imaginer sur son écran de télévision la scène à laquelle elle participait en cet instant sous les étoiles, si les caméras avaient capturé son échange avec Jack. Jack et Colleen, les bourrés. Ça au moins, ça aurait eu le mérite de marquer les esprits. « Nos horribles vices » Répéta-t-elle en riant. Pour ceux qui connaissaient bien Colleen, il aurait été difficile de concevoir qu’une telle appellation puisse s’appliquer à elle.
Ils scellèrent leur pacte d’une poignée de main puis d’une pinky promise. La brune rendit la cigarette à Jack et pivota pour s’allonger sur le dos à côté de lui. Elle cala son visage dans sa nuque et inspira profondément, son souffle chaud lui chatouillant la peau. Paupières closes, l’ivresse la berça et elle s’assoupit finalement, un sourire béat figé sur les lèvres. La voix de Jack lui parvint de loin, très loin, la sortant légèrement du sommeil. « Nooooon, je dors pas… » Murmura-t-elle. Elle prit une inspiration par la bouche, expira par le nez. S’assoupit de nouveau.
Plus tard, quand elle se redressa, elle avait la bouche pâteuse et les yeux qui collaient. Elle se frotta les paupières. « Il faut qu’on rentre Jack-Jack ».
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