Nous voilà au premier dimanche de Race of Australia. Nerveux, je regardais beaucoup trop souvent l'heure qu'affichait l'une des pendules installée dans la petite salle commune de l’hôtel. Finalement, la trotteuse me rendant fou, j'optais pour m'orienter vers l'extérieur. Les courbatures qui avaient épousé loyalement mon corps durant les six premiers jours de l'aventure étaient désormais totalement évanouies, bien que si mon binôme passait à la prochaine étape, elles ne manqueraient assurément pas de revenir. Cependant, je les accueillerais avec grand plaisir, le désir de poursuivre cette course m'étant ardent. En quelques jours, cet événement m'avait déjà apporté beaucoup et je conservais d'excellents souvenirs de tout ce qui s'était déroulé durant ce périple, bon comme mauvais. On avait eu de multiples fous rires mais aussi de coups durs à essuyer, nous avions faits des rencontres atypiques, croisés des personnes enthousiastes et serviables ainsi que des malotrus et grincheux de première. Il avait également été plaisant de croiser quelques concurrents sur la route, une ambiance bon enfant régnant avec tous ceux avec qui nous avions pu discuter.

J'éprouvais cependant un très mauvais pressentiment quant à ma suite dans l'émission, j'ignorais s'il s'agissait uniquement de mon pessimisme ou de l'impact sur mon être d'une quelconque énergie supernaturelle, mais je le sentais mal. Mon estomac était noué, qu'il crie famine ou soit rassasié. Heureusement, ce supplice serait bientôt achevé, les résultats de la première semaine seraient annoncés vers les 22h00. Il ne suffisait seulement de ne pas subir une crise de nerfs d'ici là.

Je m'installais sur un banc, observant les alentours déserts. La soirée de la veille avait été assez animée et je soupçonnais que certains binômes se reposaient encore ou profitaient peut-être de ce week-end détente autrement qu'en rôdant autour du propriétaire. Finalement, quelques minutes plus tard, je reconnus une silhouette plus que familière. "Love !" je l'appelais, large sourire aux lèvres.

Le week-end était arrivé rapidement et tout aussi vite, le dimanche avait pointé le bout de son nez. Ce soir, nous allions savoir qui continue l'aventure et qui en sort. J'étais stressé à cette idée, j'avais fini par me prendre au jeu et j'avais envie de mener Tommy aussi loin que possible pour sa petite fille. Quelque part, j'avais envie de me dire que si, il avait réussi à lui offrir de jolies études se serait un peu grâce à moi. J'avais tourné en rond dans la chambre et n'y tenant plus, j'avais pris la décision de filer dehors. L'air me ferait surement du bien et me permettrait aussi d'évacuer mon stress.

Je déambulais, surprise de ne pas croiser d'autre candidats jusqu'au moment où une voix me faisait sursauter. "Love !" Je souriais en voyant Isy qui semblait avoir lui aussi besoin de prendre l'air. "Hey !" Je venais m'installer à ses côtés. "Tout vas bien ?" Je me doutais que le Jensen devait être aussi stressé que moi en attendant les résultats. Il avait eu l'air de bien s'entendre avec sa co-équipière et de faire un bon parcours. J'étais vraiment curieuse de connaître le classement et de savoir qui allait nous quitter cette semaine. Je me doutais aussi que la nouvelle étape allait nous réserver pas mal de surprises.

J'appuyais mon dos contre le dossier du banc profitant de ce moment pour reposer mon corps endolorie par les douleurs de mes muscles. Je n'avais jamais mis mon organisme autant à rude épreuve et j'espérais qu'il allait tenir jusqu'au bout. Je ne voulais pas être la participante qui sortait pour cause de blessure, on avait déjà faillit se faire mordre par un caniche mal luné, c'était suffisant. Je soupirais doucement en sentant mes para-vertébraux se décontracter au fur et à mesure.

Une fois interpellée, Love ne tarda pas à me rejoindre sur le petit banc sur lequel je m'étais installé plus tôt. "Hey ! Tout va bien ?" J'acquiesçais, plus machinalement que suite à une réflexion. Je trempais dans un état de nervosité assez avancé si bien que j'avais du mal à réfléchir et me poser. Un peu comme lors de notre dernière discussion, avant que l'équipe de tournage nous menait sur Kangaroo Point pour y installer la révélation des binômes. Dans ces temps-là, j'avais assez de mal à me focaliser sur comment je me sentais, mon attention rivée sur les circonstances.

"J'suis assez nerveux par rapport à la suite," je confiais toutefois à la brune qui s'installait plus confortablement à mes côtés. Love avait l'air bien plus détendu que moi, ce qui me faisait sourire. "J'espère qu'on passera tous les deux à la prochaine étape," je formulais mon vœu à voix haute. Tommy et Love me semblaient composer un très bon binôme, j'espérais qu'ils soient arrivés assez vite à Charleville pour qu'ils puissent continuer la course. "Il a l'air cool, Tommy," je prononçais avec franchise, l'australien m'avait fait très bonne impression lors de la soirée organisée par la production pour célébrer en quelque sorte l'arrivée de tous les concurrents à Charleville.

"J'suis assez curieux de voir ce que sera la deuxième épreuve," je poursuis, mes méninges tournant à plein régime. "T'as réussi à récupérer ?" Je questionnais, sincèrement intéressé par l'état de santé de la brune. Je n'osais pas vraiment aborder les appréhensions qu'elle m'avait soufflées avant le début de l'émission, de peur que des oreilles indiscrètes puissent capter notre conversation ou autre. Je ne voulais pas être la cause d'une quelconque fuite.

En sortant prendre l'air je ne pensais pas tomber sur quelqu'un, mais il était bien là. Nous n'avions pas pu prendre du temps pour se retrouver tout les deux et j'étais contente que ça arrive. Je m'installais à côté de lui tout en lui demandant si ça allait. "J'suis assez nerveux par rapport à la suite," Je souriais légèrement persuadée qu'il n'avait pas de soucis à se faire. J'étais confiante pour la suite de l'aventure, du moins pour lui et Grâce. "J'espère qu'on passera tous les deux à la prochaine étape," Je haussais très légèrement les épaules. "Je pense que vous n'avez pas de soucis à vous faire ! Je suis persuadée que vous avez bien géré...quand à nous je ne sais pas trop. Je souriais, dans le fond je serais un vexée de sortir à la première semaine. J'avais envie d'aller plus loin et je réalisais que je me prenais au jeu.

"Il a l'air cool, Tommy," Je posais mon regard sur lui et je souriais. "Je suis chanceuse d'être avec lui...je crois qu'on se complète bien et on arrive à se sortir des galères avec humour...tu savais qu'il connaissait Oakley ? Elle a gardé sa fille pendant un moment...je crois qu'il t'a déjà aperçu quelques fois. Je ne savais pas si les deux hommes avaient eu l'occasion de réellement discuter ensemble. "Grâce a l'air super énergique ! Et elle semble avoir pas mal de conversation...tu dois pas t'ennuyer du coup ?!" Elle semblait posséder une aura très positive ce qui était une bonne chose pour mon ami d'enfance.

"J'suis assez curieux de voir ce que sera la deuxième épreuve, T'as réussi à récupérer ?" Je haussais doucement les épaules, j'avais parfois la sensation d'être passé sous un bus. "Heureusement qu'ils sont là..." Je faisais bien entendu référence à mes médicaments. "Mais dormir avec un homme n'est pas facile...je sais que Tommy est respectueux et qu'il fait attention à moi...à croire qu'il se doute de quelque chose...mais ça me renvoie à tout ça...j'ai l'impression que quoi que je fasse les images reviendront en permanence et que je ne serais jamais en paix... je soupirais doucement, lasse de vivre avec ce démon qui prenait du plaisir à me voir souffrir. "Et toi alors ?! Pas trop cassé ?" J'enfermais le démon afin de reprendre ma bonne humeur.

Cela faisait plusieurs jours que nous ne nous étions pas vus, Love et moi. Une dynamique assez étrange quand depuis plusieurs mois, il n'y avait pas une nuit qui tombait sans que j'ai échangé avec l'australienne, vivant au même domicile qu'elle. Ça me réconfortait de la retrouver ce soir et de pouvoir discuter avec elle en toute intimité, à l'écart des autres binômes, de l'équipe de tournage, savourant la tranquillité des lieux après cinq jours de course extrêmement riches en émotions.

Je confiais à mon interlocutrice que l'élimination imminente me rendait nerveux et que j'espérais sincèrement que nos deux équipes passent à la prochaine étape. "Je pense que vous n'avez pas de soucis à vous faire ! Je suis persuadée que vous avez bien géré... Quant à nous je ne sais pas trop." Je souris doucement, taquinant affectueusement du genou la brune. "T'es rarement confiante ! J'le sens bien pour vous deux," je prévoyais, tendre sourire aux lippes, avant d'enchaîner sur le binôme de Love. J'étais ravi d'entendre que la fleuriste se considère chanceuse d'être associée à Tommy et que selon elle, ils formaient à eux deux ainsi une équipe complète. Je fronçais doucement les sourcils lorsqu'elle m'indiquait qu'il connaissait Oakley et en ressassant mes souvenirs, je confirmais : "Maintenant que tu le dis, oui, ça me dit quelque chose." Je conservais mon sourire tandis que le sujet s'orientait vers ma propre partenaire. "Grace a l'air super énergique ! Et elle semble avoir pas mal de conversation... Tu dois pas t'ennuyer du coup ?!" "C'est un vent de fraîcheur. Jamais rencontrée quelqu'un comme ça avant." J'exposais, tout aussi satisfait d'être son allié dans l'émission. "J'suis vraiment content d'être tombé avec elle. On s'entend bien." Nous avions beau avoir des personnalités très différentes, l'on se rejoignait sur le fond de beaucoup d'éléments, notamment les motifs qui nous avaient incités à nous inscrire à cette folle escapade qu'est Race of Australia. J'espérais avoir l'opportunité de passer davantage de temps avec la brune et d'apprendre encore plus à la connaître, j'étais convaincu qu'à ses côtés, j'avais beaucoup à gagner.

Je m'autorisais à nous projeter à la prochaine épreuve, encore inconnue de tous les concurrents. Je me souciais du répits qu'avait pu obtenir Love cette dernière nuit et affichais un rictus compréhensif lorsqu'elle me confiait : "Heureusement qu'ils sont là..." Elle développait en me rappelant qu'il était très difficile pour elle de dormir avec un homme suite au traumatisme qui la hantait aussi cruellement qu'incessamment. Je l'écoutais avec empathie, désolé d'être si impuissant quant à cette situation. "Et toi alors ?! Pas trop cassé ?" "Ça va... J'étais tellement crevé que j'ai quasiment fait un coma," je relatais avec un demi-sourire, tout de même chagriné que Love n'ait pas pu récupéré si facilement. Mon corps souffrait encore des efforts soutenus qu'il avait subi durant la semaine mais globalement, j'allais bien. Moralement, je me sentais même mieux au sein de cette compétition qui me permettait de relativiser sur énormément de volets. C'était peut-être l'effet que me faisait Grace aussi et le détachement qu'elle adoptait naturellement par rapport à des éléments qui me soucieraient pour ma part. "Est-ce que tu crois que ROA va aider, avec tous ces démons ?" J'ose questionner, plein d'espoir que cette aventure nous change et nous procure de nouvelles armes contre nos quotidiens souvent malheureusement houleux et perpétuellement emplis d'ombres.

Cinq jours étaient passés depuis notre top départ et le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne les avais pas vu passés. J'avais eu un soupir de soulagement lorsque nous étions enfin arrivé et j'étais à présent heureuse d'avoir deux jours de liberté pour me reposer et oublier pendant un instant la course. J'avais d'ailleurs rejoint Isy, nous n'avions pas eu l'occasion de réellement échangé depuis notre arrivé et ce petit moment de calme allait nous permettre de nous retrouver un peu. C'était étrange de ne pas pouvoir lui raconter mes journées alors que nous avions pris cette habitude lorsqu'il rentrait du travail.

Je n'étais pas certaine de passer à la phase suivante, j'avais toujours cette affreuse sensation d'être nulle et de ne pas pouvoir offrir la victoire à mon binôme. "T'es rarement confiante ! J'le sens bien pour vous deux," Je souriais légèrement alors que le genou du Jensen venait doucement taper contre le mien. Ma confiance en moi s'était envolé depuis bien longtemps et il savait parfaitement. Cependant, j'appréciais qu'il essaie de me réconforter sur la suite des événements. Je m'estimais également chanceuse d'être avec Tommy et j'avais l'impression qu'il faisait bien plus dans cette aventure que moi. J'indiquais également à Isy, que Oak connaissait Tommy et qu'ils avaient déjà dû se croiser. "Maintenant que tu le dis, oui, ça me dit quelque chose."

Je hochais la tête avant de lui demander comment ça allait avec Grâce. Elle avait l'air d'être une personne dynamique et très énergique. "C'est un vent de fraîcheur. Jamais rencontrée quelqu'un comme ça avant. J'suis vraiment content d'être tombé avec elle. On s'entend bien." Je croisais mes bras contre ma poitrine avant de prendre une mine faussement boudeuse. "Je vais finir par être jalouse au vu des éloges que tu lui fais...Est-ce qu'il est possible que ce soit la femme parfaite ?" Je plongeais mon regard dans le sien avant de rire légèrement. Heureusement que j'avais appris à mettre ma jalousie de côté, à moins que ce soit simplement le fait que j'avais du mal à croire qu'on puisse s'intéresser réellement à moi. Quoi qu'il en soit, je préférais m'effacer plutôt que me battre si, Isy rencontrait une autre femme et que les sentiments venaient à naître entre eux.

Vint ensuite la question du repos, nous avions surement les même courbatures et le Jensen semblait s'inquiéter sur mon sommeil. Je laissais sous entendre que les somnifères avaient été mes meilleurs amis pour le moment et heureusement qu'ils étaient là. J'en profitais pour lui retourner la question. "Ça va... J'étais tellement crevé que j'ai quasiment fait un coma," Je hochais la tête avant de sourire, imaginant parfaitement la scène. "Est-ce que tu crois que ROA va aider, avec tous ces démons ?" Je haussais les épaules, "Je ne sais pas...Je ne suis pas sur qu'ils partiront un jour, mais au moins ça pourra peut-être les mettre en veille pendant un très long moment !" J'avais espoir que cette aventure arrive à nous faire guérir, mais est-ce qu'elle était réellement suffisante ? "Au moins, ça aura le mérite de nous sortir de notre zone de confort et de prendre des risques...C'est déjà une très bonne chose !" Ajoutais-je en souriant pleine de confiance.

Installés sur le banc de notre premier point d'arrêt dans l'aventure Race of Australia, c'est tout naturellement que Love et moi rattrapions le temps perdu. Elle me révélait ne pas être en confiance vis-à-vis de la suite de la course mais apprécier participer à ce périple auprès de Tommy. Ce dernier n'était d'ailleurs pas un parfait étranger puisqu'Oakley avait été la baby-sitter de sa fille à quelques reprises dans le passé.

Je lui exposais être également très heureux d'avoir Grace en coéquipière. Si les plus compétiteurs auraient peut-être fait la grimace en étant associés à l'une des candidates ne figurant pas dans les rangs des individus les plus en forme, le handicap de l'australienne ne me posait absolument aucun souci. De plus, je vouais une certaine admiration envers la photographe qui ne cessait de se surpasser et ne laissait absolument pas ses séquelles physiques la freiner. En cinq jours de périple passés aux côtés de la vingtenaire, j'avais beaucoup appris et j'espérais que le sort nous soit favorable pour que cette épopée se poursuive. "Je vais finir par être jalouse au vu des éloges que tu lui fais... Est-ce qu'il est possible que ce soit la femme parfaite ?" Je ris doucement devant la mine boudeuse de la Bryce. "Y'a pas de femme parfaite. Ou s'il y en a une, elle m'intéresse pas," je répliquais avec facétie, offrant un clin d’œil entendu et complice à la brune.

Soucieux, je m'inquiétais par la suite de l'état de santé de la fleuriste. Je réalisais que ROA imposait bon nombre d'épreuves, mentales comme physiques, en course et hors course. Pour ma part, une exténuation prodigieuse m'avait rétamé sans vergogne, j'avais la veille plongé dans un sommeil si profond qu'il m'avait requinqué. J'avais redouté le fait de tergiverser longuement sur le matelas de la chambre d'hôtel à en bannir Morphée, mais finalement, mon esprit s'était voulu étonnement serein. Peut-être que la fatigue était beaucoup trop forte pour malmener mes synapses. Ce qui me poussait à m'interroger sur nos démons. "Je ne sais pas... Je ne suis pas sur qu'ils partiront un jour, mais au moins ça pourra peut-être les mettre en veille pendant un très long moment !" Je souris, l'idée me plaisant bien. "Ce serait cool, oui." J'avais pris conscience et accepté - non sans difficulté - le fait que je ne guérirais jamais de ma maladie. J'étais dépressif et le saurais à perpétuité, je ne me lèverais pas un matin sans requérir mes médicaments et je devrais mener incessamment une lutte contre cette part d'ombre qui menaçait continuellement de me happer tout entier. Cependant, je me construisais aussi mes armes et j'avais de plus en plus confiance de pouvoir vivre pleinement avec cette pathologie. Peut-être même saurais-je être heureux. Je mourrais avec la dépression, mais je comptais ne pas disparaître à cause d'elle. "Au moins, ça aura le mérite de nous sortir de notre zone de confort et de prendre des risques... C'est déjà une très bonne chose !" Mon sourire s'élargit. "Oh oui. On va avoir des souvenirs plein la tête. C'est toute une expérience qui s'offre à nous, avec plein d'opportunités." Cependant, notre routine, notre quotidien, nous attendaient aussi sagement, avec tous leurs avantages et inconvénients. "C'est quoi qui te manque le plus, de Brisbane ?" J'interrogeais, curieux.

La première épreuve était passée et la première élimination également. J'avais encore du mal à croire que nous avions réussi, que nous étions là tout les deux à discuter sur un banc. Mon corps me faisait mal et pourtant, nous allions devoir repartir d'ici demain pour une nouvelle épreuve et cette fois encore plus stressante avec des nouvelles contrainte. J'avais espoir d'y arriver, mais une petite voix tournait en boucle dans mon esprit pour me dire le contraire.

Je laissais de côté cette voix et je tentais de me concentrer sur le moment présent et notre conversation. Essayant par la même occasion de plaisanter un peu afin de se détendre d'avantage. Parler de chose futile et sans importance, s'était important aussi. Je réalisais alors que Isaac avait surement trouvé la femme parfaite avec sa partenaire et je me doutais qu'ils allaient loin. "Y'a pas de femme parfaite. Ou s'il y en a une, elle m'intéresse pas," Je faisais une moue déçu avant de relancer, "Mince ! Je suis déçu...Je pensais en faire partie de cette catégorie de femme..." Je marquais une silence avant de rire légèrement. J'étais très loin de cette femme parfaite, du moins si elle existait.

Isy semblait quelque peu inquiet face à nos démons. Il semblait espérer que nos "amis" disparaissent pour de bon, mais je n'étais pas certaine qu'on puisse vivre un jour en harmonie et tranquille. Ils faisaient partie de nous et ils partaient pour mieux revenir et nous frapper une fois de plus, encore un peu plus fort. Peut-être que cette expérience aurait pour effet de les endormis pendant un moment ? Ou pas du tout. Hélas, on ne pouvait pas être certaine de ce que tout ceci allait créer chez nous. Isaac semblait plutôt d'avis à ce que cette aventure les endorment pendant un long moment, mais je savais que trop bien que le réveil serait brutal et dangereux. Finalement, ne fallait-il mieux pas vivre avec eux ? Au moins, on avait une certaine stabilité dans notre folie.

Je préférais ne pas m'éterniser sur le sujet et je préférais aborder les souvenirs que ça allait laisser et les rencontre que ça nous offrais. Il valait mieux voir le positif plutôt que le négatif. "Oh oui. On va avoir des souvenirs plein la tête. C'est toute une expérience qui s'offre à nous, avec plein d'opportunités. C'est quoi qui te manque le plus, de Brisbane ?" Je n'avais pas besoin de réfléchir bien longtemps à cette question. "Le jardin nocturne...je crois que je ne me lasserais jamais de la douce odeur des fleurs qui éclosent avec la lumière de la lune...Et puis nos discussions tranquillement installés dans l'herbe fraîche." Je souriais légèrement, j'aurais aussi pu ajouter nos moments de complicité et de tendresse, mais j'étais persuadé que Isy se doutait que ce genre de moment me manquait aussi, bien que je n'avais nullement envie de lui forcer la main. "Et toi ? J'espère que tu ne vas pas me dire, le travail." Je riais légèrement consciente que cette part, devait tout de même manquer au Jensen.

La mine boudeuse que prenait Love après avoir indiqué que j'avais dû tomber sur la femme parfaite en la personne de mon binôme me fit rire. Non pas que je dénigrais Grace, j'estimais qu'elle était une très belle personne et elle m'avait déjà apporté énormément depuis le début de l'aventure. Je m'estimais chanceux et choyé de réaliser cette course à ses côtés et à mes yeux, je n'aurais pas pu rêver mieux comme partenaire. Toutefois, cela ne signifiait pas pour autant qu'elle était la femme de ma vie. Par ailleurs, je considérais qu'il n'existait pas de personne parfaite et de toute façon, si tel était le cas, un individu de la sorte ne m'intéresserait guère. A mes yeux les défauts et les failles rendaient réellement intéressants quelqu'un. Aussi, je jugeais que les drames et épreuves traversés aidaient à façonner et enrichir le caractère. "Mince ! Je suis déçue... Je pensais en faire partie de cette catégorie de femme..." Je ris doucement, rétorquant avec malice : "Après, chacun a sa définition de "parfait" aussi..." Je marquais une pause, avant de poursuivre dans un élan de plaisanterie et de facétie : "Par exemple, pour donner un cas concret de comment la perfection pourrait au mieux être personnifiée, tu peux te baser sur de quoi je suis fait. Tu vois, j'ai d'excellentes qualités : je rapporte un bon salaire à la maison, j'ai un métier stable même si je fais souvent des heures supp', mais c'est rien ça vu que du coup, ça augmente encore plus le salaire ! Ou donne des vacances supplémentaires... Puis j'ai la stabilité de l'emploi : des infirmiers, ça se recrutent très facilement ! On pourrait même voyager avec moi et j'pourrais trouver du travail dans d'autres états australiens ou pays du monde... Et je suis capable de prendre soin de toi si tu es malade ou si tu te blesses, ce qui n'est quand même pas donné à tout le monde. C'est toujours un très bon atout d'avoir un secouriste à domicile. Sans compter que ça démontre que j'ai beaucoup de sang-froid et une capacité d'analyse. Puis je ne suis pas trop trop laid : j'ai un sourire très ravageur il paraît. Je fais du sport donc je suis bien en forme, mon corps n'est pas trop démoli et au pire, les quelques cicatrices que j'ai ça montrent juste que je suis costaud, n'est-ce pas ? Puis en plus, je viens avec un conséquent package : une maison, un animal de compagnie, un jardin, une voiture collector ! J'ai de bons gênes : pas de problème de vue, d'audition, pas de souci cardiaque, pas vraiment d'antécédent de cancer non plus... Puis j'ai un casier judiciaire vierge, même pas une seule contravention de non-respect du code de la route ou après être restée trop longtemps sur un parking payant... J'te dis, je ne pas loin de l'homme parfait ! Peut-être même un homme à marier !" Bien sûr, je ne faisais que rire durant toute cette tirade car de toute évidence, jamais je n'oserais parler ainsi avec sérieux. Mon estime de moi-même était beaucoup trop basse pour cela et j'avais toujours été très modeste et humble.

Quoi qu'il advienne, je me réjouissais des souvenirs que l'aventure de Race of Australia graverait dans nos mémoires. Curieux, je questionnais toutefois mon interlocutrice sur ce qui lui manquait le plus de Brisbane et notre train-train quotidien. "Le jardin nocturne... Je crois que je ne me lasserais jamais de la douce odeur des fleurs qui éclosent avec la lumière de la lune... Et puis nos discussions tranquillement installés dans l'herbe fraîche." Je souris tendrement, acquiesçant. "Tu peux en être très fière, tu sais, de ce jardin. C'est magnifique tout ce que tu as créé." Je félicitais avec honnêteté, bien que ce ne fut pas la première fois que je complimentais le bon goût et le dur labeur de la fleuriste. "Et toi ? J'espère que tu ne vas pas me dire le travail." Je ris doucement. Être infirmier composait ma vocation et je ne m’imaginais plus exercer autre profession dans ma vie, depuis que mon rêve d'être joueur professionnel de football australien avait été réduit à néant. Si demain j'étais privé de cette fonction, je le vivrais assurément très mal. Cependant, un congé du centre hospitalier était également salutaire, et en y réfléchissant, je peinais à réellement répondre à cette interrogation que j'avais moi-même lancée. "Je sais pas trop. C'est difficile à dire..." Mes amis et ma famille me manquaient, quelques douces habitudes aussi. "Je prends un peu trop goût à cette aventure, je crois..." Je redoutais cependant avec un rictus enchanteur. "Il y a plein de choses que j'ai envie de changer à mon retour de Brisbane". C'était ça, qui m'enthousiasmait le plus. Revenir sur mes problèmes et les résoudre, enfin. Chasser une partie des sources de mon désarroi et tirer un trait une bonne fois pour toutes sur de bien néfastes éléments que j'avais continué d'entretenir. Être en paix et accepter le révolu, pour opter vers un cap plus serein et épanouissant.

"Après, chacun a sa définition de "parfait" aussi..." Je prenais d'avantage une mine boudeuse tout en l'écoutant détaillé ses qualités et le fait qu'il était un très bon partie, voir même un homme à marier. Je me penchais en avant pour regarder ses pieds tout en croisant les bras contre ma poitrine. "Fais attention ! Je suis pas sur que demain tu pourras marcher avec la taille de tes chevilles à présent..." Je relevais la tête avant de me mettre à rire, je riais tellement que j'avais même eu l'occasion d'essuyer une larme sur le bord de mes yeux. Puis Isy voulu savoir ce qui me manquait le plus de Brisbane à l'heure actuelle. Je n'avais pas mis longtemps pour réfléchir et lui avouer que le jardin nocturne me manquait, avant de lui demander à son tour ce qui lui manquait, ne voulant cependant pas entendre parler de son boulot. "Tu peux en être très fière, tu sais, de ce jardin. C'est magnifique tout ce que tu as créé." Je rougissais légèrement face à ce compliment.

"Je sais pas trop. C'est difficile à dire...Je prends un peu trop goût à cette aventure, je crois..." Je le regardais sourire et je n'arrivais pas vraiment à comprendre ce qu'il dissimulait. Il était clairement évident qu'un changement était entrain de s'opérer dans son esprit, c'était une très bonne chose. J'espérais ainsi qu'il pourrait totalement oublier sa rupture et le mal qu'elle lui avait fait. "Il y a plein de choses que j'ai envie de changer à mon retour de Brisbane" Je souriais légèrement "J'espère que tu vas y arriver alors !" Je n'osais pas vraiment demander de quel changements il s'agissait, surement par peur d'entendre les réponses et de comprendre que peut-être lui et moi n'irions pas plus loin qu'une simple relation sans étiquette. J'avais accepté la situation bien qu'intérieurement j'espérais toujours un peu plus et peut-être un peu trop. "Tu as déjà une idée de ce que tu ferais avec l'argent si tu gagne ?" Interrogeais-je curieusement.

Plaisantin, j'enchérissais sur la notion de personnalité idéale avec laquelle se mettre en couple en dressant un portrait des plus avantageux à mon sujet. Bien entendu, j'exagérais très grossièrement des traits et en inventais à outrance à mesure que j'évoluais dans mon monologue, n'étant aucunement quelqu'un adepte des compliments ou capable de se jeter des fleurs. J'étais plutôt de ceux qui manquaient cruellement de confiance en eux et peinaient à s'accepter tels qu'ils étaient. Mais ma boutade faisait rire Love aux larmes, ce dont j'étais très fier. "Fais attention ! Je suis pas sûre que demain tu pourras marcher avec la taille de tes chevilles à présent..." Je ris de concert avec elle et rassurais : "T'en fais pas, ça devrait aller." Cette complicité que j'avais depuis que nous nous connaissions la Bryce et moi était l'une des choses que je chérissais le plus dans notre relation. Nos fous rires m'avaient immensément manqué, je devais l'avouer. Cela faisait énormément de bien de s'esclaffer de la sorte avec la fleuriste.

Curieux, je l'interrogeais sur ce qui lui manquait le plus à Brisbane. Elle m'évoquait le sublime jardin nocturne qu'elle avait créé sur ma petite parcelle de terrain et je ne me privais assurément pas de la féliciter de nouveau pour son talent comme son labeur. Je la remarquais rougir légèrement et réfléchissais moi-même à ce qui me manquait le plus dans notre ville de résidence à sa demande. Autant je dédiais une pensée à mes proches tout comme à certains aspects de mon quotidien, j'étais aussi très attaché à l'optique de continuer cette aventure et en apprendre davantage au fil des jours durant lesquels je comptais me surpasser par l'intermédiaire des épreuves multiples. Je m'étais inscrit à Race of Australia munis de grands desseins. J'expliquais mon point de vue à mon interlocutrice tout en lui signifiant que j'espérais faire souffler un vent de nouveauté dans mon existence, à mon retour chez nous. "J'espère que tu vas y arriver alors !" Je rendis son sourire à la vingtenaire et acquiesçais, reconnaissant. "Tu as déjà une idée de ce que tu ferais avec l'argent si tu gagnes ?" Je haussais les sourcils, surpris par cette question. Si je priais pour me rendre loin dans cette course, jamais n'avais-je osé envisager me hisser toutefois jusqu'en finale. Ceci me semblait totalement irréalisable au vu de la compétition ou même de mes compétences et aptitudes. Je vouais beaucoup de confiance en la passion, l'intelligence et la détermination de Grace, mais pour ma part, je ne me percevais pas comme un gagnant d'une telle compétition. "Ça m'étonnerait bien que j'gagne. Déjà si je me rends jusqu'à la moitié de l'aventure, je serai super heureux," je lui confiais, estimant cet objectif comme étant déjà très ambitieux. "Mais..." Je tentais de me projeter possédant cette alléchante somme d'argent. Je ne roulais pas sur l'or mais n'étais pas non plus quelqu'un de dépensier, j'étais le digne fils de mon père campagnard qui réparait ce qui était brisé et utilisait jusqu'à totale destruction ce qu'il avait en sa possession, ce qui faisait que je parvenais à tenir mes comptes à flot sans être dans les dettes, bien que je ne possédais pas d'épargne. Il serait sans doute sage de déposer cet argent sur un livret afin de le faire prospérer, ou même de combler mon emprunt pour ma maison, mais honnêtement, je n'avais pas envie de songer sur le long-terme ni agir de manière raisonnable. J'ignorais si j'allais être encore présent sur cette planète demain et mon but en participant à ROA avait été de me glisser hors de ma zone de confort pour me reconstruire et me redéfinir. Je m'étais élancé dans cette aventure dans l'objectif de vivre de nouvelles choses et enchaîner les événements que jamais n'aurais-je eu l'occasion de vivre dans un autre contexte à mon sens. Ainsi, ce soir, il me semblait judicieux d'acter que le potentiel argent que je pourrais remporter dans le cadre de ce jeu me servirait à continuer d'agrandir mon listing de nouvelles péripéties. "Je pense que si je gagne de l'argent ici, je l'utiliserais pour faire des choses que je n'ai jamais faites, ou osé faire." Je l'emploierais pour me sentir en vie, en somme. Pour obtenir des rushs d'adrénaline, m'en mettre plein la vue, goûter à la nouveauté, découvrir des facettes de l'existence jusqu'alors inconnue ou méconnue de ma mémoire. "Et toi ? Tu en ferais quoi ?" Je retournais curieusement l'interrogation à mon amie de longue date.

J'appréciais énormément rire avec Isy et c'était ce qui composais notre relation. J'écoutais son monologue sur ses nombreuses qualités, une personne ne connaissant pas Isy aurait pu croire qu'il était très confiant, mais ce n'était pas vraiment le cas. Pourtant, à mes yeux, Isy avait un bon nombre de qualité et il pouvait aisément satisfaire une femme. L'homme parfait n'existait peut-être pas, mais mon ami avait certaines des qualités recherchés par bon nombre de demoiselle. C'était surement pour cette raison que je n'avais pas compris la décision de Chloé ou même Ginny, mais à la limite s'était tant mieux pour moi. Je me penchais en avant pour regarder les chevilles du Jensen avant de lui faire une réflexion. "T'en fais pas, ça devrait aller." Je souriais une nouvelle fois avant d'entendre Isy m'interroger sur ce qui me manquait le plus.

Je ne mis pas longtemps à réfléchir et je lui avouais que la jardin nocturne était une des choses qui me manquait pour le moment le plus. J'appréciais les soirées que nous passions en compagnie de mes protégées. Elles offraient toujours leur parfum divin. Je retournais la question à mon ami d'enfance tout en lui précisant que je ne voulais pas l'entendre me parler de son boulot. A ma grande surprise, Isy me fit la révélation qu'il avait pas mal de chose qu'il avait envie de changer à son retour. J'espérais sincèrement qu'il pourrait y arriver et je rebondissais sur le changement pour savoir ce qu'il ferait avec l'argent. On était encore loin de la finale, mais nous avions tous une chance. "Ça m'étonnerait bien que j'gagne. Déjà si je me rends jusqu'à la moitié de l'aventure, je serai super heureux,Mais..." Un silence s'installa et j'étais suspendu à ses lèvres en attendant la suite. J'avais hâte de connaître les projets ou même les rêves du brun. "Je pense que si je gagne de l'argent ici, je l'utiliserais pour faire des choses que je n'ai jamais faites, ou osé faire." C'était plutôt une bonne idée, s'offrir le luxe de faire des choses incroyables. "Et toi ? Tu en ferais quoi ?"

Je n'avais pas vraiment réfléchis à cette idée, pour moi mon élimination serait dans peu de temps. J'avais le sentiment que je n'irais pas très loin dans cette aventure. "...Je ne sais pas trop...peut-être que je m'autoriserais à réaliser mon rêve...Partir au Japon pour voir les sakura en fleurs...Et ensuite, je tenterais de faire plaisir à mes proches." Je souriais doucement, "Rien d'incroyable en soit..." Je n'étais pas le genre de personne à courir après l'argent et je pouvais aisément me satisfaire du minimum. "Peut-être que tu pourras venir avec moi ?!" Je lui lançais un léger clin d'oeil avant de voir des membres d'une autre équipe nous faire signe. "Il semblerait qu'on soit attendu pour un debrief." Je pointais du doigts les équipes entrain de se réunir et je me levais du banc.

Avec complicité, je faisais de l'humour auprès de Love notamment pour détendre l'atmosphère. Je ne le démontrais pas, mais j'étais aussi nerveux qu'excité devant la suite imminente de l'aventure. Plaisanter ainsi sur ma personne comme la situation constituait un bon procédé afin de faire passer le temps. D'autre part, une fois l'adrénaline retombée, j'étais convaincu que d'innombrables raisons pour me faire du mouron me happeraient sans merci : l'impression que je donnerais à Autrui dans le cadre de Race of Australia, ma performance au sein de cette course, mes rapports avec mon futur binôme... Sans compter ce que je laissais derrière moi à Brisbane sans aucune supervision personnelle mais seulement l'affirmation que des individus prenaient mon relai en mon absence.

Intéressé, je questionnais Love sur ce qui lui manquerait de plus dans notre ville de résidence et ce qu'elle ferait si elle remportait l'émission. La somme d'argent allouée aux vainqueurs était des plus conséquentes, surtout pour des personnes comme nous qui étions issus de familles modestes. Disposer d'un tel capital me paraissait comme un vecteur à de nombreuses portes et personnellement, plutôt qu'investir ou payer des emprunts comme il me paraissait le plus raisonné, j'avais bien envie de dédier l'argent que je gagnerais à dévorer la vie qui m'était offerte en arpentant des terres qui m'étaient inconnues. De plus, j'avais espoir que cette optique compose une thérapie contre ma pathologie.

"Je ne sais pas trop... Peut-être que je m'autoriserais à réaliser mon rêve... Partir au Japon pour voir les sakura en fleurs... Et ensuite, je tenterais de faire plaisir à mes proches." Je souris doucement, souhaitant vivement que la Bryce puisse réaliser ce rêve et admirant le fait qu'elle songe à ses proches également. "Rien d'incroyable en soit..." "J'trouve que ce l'est, moi," je réfutais avec douceur, valorisant l'altruisme de la belle et validant entièrement son vœu. "Peut-être que tu pourras venir avec moi ?!" Je conservais mon sourire et mes prochaines paroles furent dérobées par la survenue de l'équipe de production qui nous invitait à les rejoindre. "Il semblerait qu'on soit attendu pour un debrief." J'acquiesçais. "Bonne chance, Love," je souhaitais sincèrement, ne désirant que le meilleur pour l'australienne.