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 the long road home ♡ jameson

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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyMar 23 Juin 2020 - 5:53

the long road home
Je pars à l’autre bout du monde, sentir le vent et les marées, voir si la terre est vraiment ronde et qui habite de l’autre côté. Je partirai à l’aventure avec mon bagage de courage. Je m’enfouirai dans la nature, aux limites des grands naufrages. Il n’y aura jamais de montagnes qui oseraient défier mon chemin. Et même si mon soleil s’éloigne, je survivrai à mon destin. • Je pars à l'autre bout du monde, Beyries.

Épuisée, j’observe par le hublot l’étendue des nuages en contrebas. Nous nous en approchons lentement – trop lentement à mon goût – depuis que l’avion a amorcé sa descente. Le voyage m’a engourdi le corps et l’esprit. Il y a déjà quelques heures déjà que je n’arrive plus à trouver une position confortable dans mon siège. Et maintenant, c’est ma concentration qui flanche. Mon roman ne suffit plus à me distraire. Alors j’observe les fleurs de frimas qui se sont formées sur le hublot, le ciel bleu qui semble s’étendre à l’infini, la masse moelleuse des nuages. Je pense à l’Australie qui m’attend, à Brisbane, que je n’ai jamais vue qu’en photo. Ce n’est pas la première fois que je mets les pieds sur un territoire qui m’est encore inconnu. Ce n’est même pas la première fois que je recommence à zéro sur un nouveau continent. Ça n’empêche pas les papillons de s’agiter inconfortablement dans mon estomac lorsque je pense à cette nouvelle vie qui s’offre à moi. Bien sûr, rien n’est irréversible. Je n’ai pas eu le courage de liquider mes biens à Vancouver avant de partir. J’ai donc toujours la possibilité de retrouver ma maison et mes élèves si j’en ressens le besoin. Et puis ça ne serait pas nouveau après tout. J’ai l’habitude d’avancer en regardant en arrière, un pied dans l’avenir et l’autre dans le passé. Dans mes écouteurs, Tobias chantonne If you have ghosts, you have everything sur un air de guitare enjoué. Il ne croit pas si bien dire. J’ai souvent eu l’impression que mes fantômes étaient la seule chose qui me poussait à continuer.

J’ai mal aux yeux à force de fixer les nuages. Leur blancheur m’aveugle. À l’intérieur de la cabine, les rangées de sièges, comme le firmament, semblent s’étendre à l’infini, sauf que le résultat est plutôt étouffant qu’annonciateur de liberté. Machinalement, j’attrape mon téléphone portable sur la petite tablette repas. L’écran s’allume et les courriels que j’ai échangés avec Jameson s’affichent. C’est probablement la dixième fois que je les relis depuis mon départ de Vancouver. J’ai terriblement hâte de la revoir. Pourtant, je suis un peu nerveuse. Il y a des années que nous ne nous sommes pas vues et que nous échangeons des nouvelles au compte-gouttes. Et puis, je lui ai menti. Je lui ai dit que je venais à Brisbane pour le travail. C’est faux, évidemment. Je ne me rends pas à l’autre bout du monde pour agrandir mon réseau de contacts ou chercher l’inspiration pour une nouvelle série de toiles. Je n’ai fait aucune recherche, je ne sais même pas s’il existe une quelconque scène artistique à Brisbane et je m’en fous complètement. J’ai menti à Jameson, mais c’est parce que je me voyais mal lui dire la vérité. Que, du jour au lendemain, le Canada a cessé d’être mon pays d’adoption pour redevenir une terre étrangère. Que, pour la première fois depuis que j’ai quitté Dublin, j’ai eu le mal du pays. Que ce n’était pas vraiment l’Irlande qui me manquait, mais ma famille, et qu’elle est la seule famille qui me reste. Je ne pouvais pas écrire tout ça dans un mail. C’est un moyen de communication trop froid et impersonnel pour ce genre de confidences. D’autant plus que Jameson ignore tout de ma maladie. Ce n’est pas non plus le type de nouvelles qui se communique bien par écrit et je n’ai jamais trouvé le courage de l’appeler pour le lui dire. Avec un soupir, je repose mon portable sur la tablette et je monte le son. Je me plonge dans la musique pour chasser mes appréhensions. Les dernières heures du voyage s’annoncent longues et pénibles.

♡ • ♡ • ♡

Avec un petit sourire, je remercie le douanier et je reprends le passeport qu’il me tend. Pour toute réponse, j’ai droit à un hochement de tête stoïque. Je m’éloigne du petit comptoir, soulagée de voir arriver la fin de mon périple. Il y a presque deux jours que je voyage et il me tarde d’enfin quitter l’atmosphère confinée de l’aéroport. Après avoir rangé mon passeport dans mon sac à main, je suis les affiches suspendues au plafond jusqu’au carrousel de bagages. Je réussis sans trop de mal à me trouver une petite place à côté du convoyeur. Là, j’attends patiemment que le défilé de valises commence. La chance me sourit et la mienne se trouve parmi les premières à être recrachées sur le tapis roulant. J’essaie de l’attraper, mais avec la fatigue du voyage, elle me paraît beaucoup trop lourde pour que j’arrive à la soulever. J’aurais sans doute été entraînée à mon tour sur le convoyeur, accrochée à ma valise comme un porte-clé, si un grand blond costaud n’avait pas décidé de voler à mon secours. Il soulève ma valise comme si elle était remplie de plumes et la pose à mes pieds. « Merci beaucoup, » que je souffle, vaguement embarrassée, avant de m’éloigner en pestant intérieurement contre cette faiblesse dont je n’ai toujours pas réussi à me débarrasser, même maintenant que les traitements sont terminés. Heureusement, j’arrive à tirer ma valise sans trop de mal grâce aux roulettes et je rejoins la salle des arrivées sans plus d’histoire. Un peu partout, des gens attendent leurs proches. Je balaie la foule du regard, souris en remarquant quelques personnes qui brandissent des affiches colorées sur lesquelles sont écrits les noms des personnes attendues. Une femme aux cheveux sombres vêtue d’une tenue plutôt chic se tient un peu à l’écart du groupe. Malgré la distance et les années qui ont passé, je reconnais immédiatement Jameson. La nervosité qui me grugeait encore l’estomac se fond aussitôt dans la joie qui m’envahit tandis que je m’approche d’elle. Elle m’a vue, à en juger par le grand sourire qui apparaît sur son visage. Je presse le pas, toute mon énergie retrouvée, jusqu’à ce que je me tienne enfin face à elle. « Jaimie ! » Je lui tombe dans les bras, la serre contre moi de toutes mes forces sans me soucier un instant de paraître trop exubérante. Quand je m’écarte enfin, c’est pour l’observer. « Je suis terriblement heureuse de te revoir. » Pour éviter d’attirer l’attention sur ma propre silhouette vaguement émaciée, je ne lui dis pas qu’elle a l’air en forme, mais je le pense néanmoins. L’air de l’Australie semble lui faire immensément de bien.
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Jameson Winters
Jameson Winters
la louve raffinée
la louve raffinée
  
Présent
ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide.
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POSTS : 6455 POINTS : 0

TW IN RP : par mp si besoin ♡
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP
CODE COULEUR : #336699
RPs EN COURS : Christmasbin [7]

I'm a survivor :
ATELIER I ↟ Robin
ATELIER II ↟ Asher
ATELIER III ↟ Eve

Flashbacks ↠

Réalités alternatives ↠ Zombinson [d.z.]Witchy Robin [d.f.]

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
https://www.30yearsstillyoung.com/t7655-jaimia-winters-you-were-expecting-me-to-be-a-man-my-father-was-too
https://www.30yearsstillyoung.com/t13536-jameson-winters-lone-wolf-looking-for-her-pack

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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyMer 22 Juil 2020 - 3:34

the long road home
Laoise & jameson
Though strange lay the waters from which they emerged, they glanced upon the world as their own. Yet deep in their hearts they knew all the time that this was not really their home. So they rode on. Yes, they rode on.
Je n’ai pas toujours été matinale. Adolescente, je retenais la nuit tant qu’elle voulait encore de moi, bien après la caresse langoureuse des premiers rayons solaires. Ces instants bénis n’avaient malheureusement pas survécu à la fin du lycée. Etudiante, je n’avais eu d’autre choix que de m’extirper de mes draps à l’aube pour rejoindre mon insoutenable groupe de travail avant d’enchaîner avec une journée plus insoutenable encore. Alors si j’avais gardé cette habitude en débarquant à Brisbane, ce n’était pas en hommage à mes années Harvard, non. Me lever tôt était peu à peu devenu une façon de puiser dans les dernières lueurs lunaires la force de faire face à l’assaut de la journée. Système nerveux éreinté par des heures trop longues et largement sous-payées, le cœur malmené par une relation qui s’étiolait, je profitais de ces instants de sérénité qui n’appartenaient qu’à moi pour me recentrer. Avant que la routine ne s’enclenche et apporte avec elle son lot d’emmerdes quotidiennes. Ça m’était resté, même si je n’en avais plus besoin depuis longtemps. Mes émois enterrés autant de fois que nécessaire dans mon imagination. Mes regrets enfouis sous une couche de poussière accumulée par les années. Autant dire que je n’avais jamais pris la peine de la balayer. Le regard toujours tourné vers l’avant, je ne suis pas de celles qui s’enlisent dans le passé. Et pourtant ce matin, alors que je regarde Brisbane s’éveiller au volant de ma Tesla, je sens mon esprit s’évader vers les collines vertes de mon Irlande natale, revivre les étés en famille dans la demeure modeste de mes grands-parents. Il ne m’en reste que des bribes, à la fois vives et brumeuses, à l’image du pays qui m’a vue grandir. Les grands yeux vifs de Laoise, et comme son sourire les illuminait chaque fois que je parvenais à la faire rire. Les confidences qu’on s’échangeait assises en haut des falaises, les yeux tournés vers l’océan déchaîné, et comme je voulais effacer les années qui nous séparaient en déballant les leçons tirées de mes livres d’aventures pour palier à mon manque d’expérience, à défaut d’avoir eu le temps de vivre.

Le feu passe au rouge et mes doigts tapotent distraitement sur le tableau de bord. Qui es-tu à présent Laoise ? Nous nous entendions si bien enfant, pourquoi avons-nous laissé la vie nous séparer ? Et me reconnaîtras-tu seulement après toutes ces années, derrière cette carapace que j’ai dû endosser ? La pensée file avant que je n’aie le temps de la saisir ou de l’analyser. Elle ne laisse dans son sillage qu’une énergie nerveuse que je mets sur le compte de l’excitation. Vert. La route absorbe mon attention et mes pensées se diluent dans le paysage qui défile devant mes yeux alors que je prends de la vitesse sur les grands axes. Une dizaine de minutes plus tard, je me gare dans le parking sous-terrain de l’aéroport international de la ville. Par réflexe, je jette un coup d’œil à mon portable, soupire avec humeur en me rappelant que je ne capte jamais ici, à mon grand désarroi. C’est que je préfère consulter mes e-mail depuis le confort de ma voiture de luxe plutôt que serrée entre une famille bruyante et un attaché commercial imbibé d’eau de Cologne en attendant mon avion. Mais ce matin, c’est différent, et je n’aurai pas à supporter cette insupportable promiscuité puisque je pourrai me contenter d’attendre un peu à l’écart de voir ma cousine traverser le portail électronique triant les passagers à l’arrivée. Satisfaite, j’attrape mon sac vert bouteille en imitation cuir, lisse les plis de ma robe crayon noire et me dirige vers les ascenseurs. Il est 7h52 quand les portes métalliques s’ouvrent et mon portable se met à vibrer à l’instant même où mes talons claquent sur les dalles du hall. Je lis en diagonale l’e-mail inquiet de ma stagiaire (elle est intelligente, elle se démerdera sans moi), le texto paniqué de mon associé (il l’est un peu moins, j’espère qu’il attendra mon retour avant de prendre une décision potentiellement catastrophique) et celui de mon assistante, confirmant qu’elle a pu reporter tous mes rendez-vous afin de libérer ma journée (malgré ma demande tardive). T’es la meilleure Em’, je songe avec une touche de fierté en rangeant mon iPhone. Un mouvement attire mon attention, bientôt amplifié par quelques acclamations. Le cœur battant, je me prends au jeu, m’arrache au poteau contre lequel je m’étais appuyée pour mieux voir les voyageurs éreintés. Ou plutôt, scanner cet amas d’étranger dans l’espoir de distinguer les traits de celle que je n’étais plus si sûre de savoir repérer.  

Je m’en faisais pour rien. Son visage familier se détache de la foule compacte à l’instant même où elle franchit les portes. Je reconnaîtrais entre mille cette cascade de cheveux sombres, ces sourcils comme des ailes de corbeau, et le sourire qui étire ses lèvres à l’instant où le mien prend vie sur les miennes. Sa cadence s’accélère tandis que j’approche d’un pas tranquille. La fatigue qui imprégnait ses traits se dissout dans une énergie pétillante et elle me tombe dans les bras. Un peu surprise par cette effusion que je n’attendais pas, que je ne connais plus, il me faut quelques secondes pour lui rendre son étreinte, serrer son corps contre le mien sans m’autoriser pour autant à y mettre autant de force que celle qui comprime délicieusement mes côtes. Elle m’appelle par mon surnom, celui que je n’ai plus l’habitude d’entendre et me semble presque appartenir à une autre personne. Elle me berce de cet accent si semblable au mien, concentré d’Irlande brute délavé par des années passées en Colombie Britannique. Une boule se forme dans ma gorge et je cligne rapidement les paupières. Emois dissipé avant même d’avoir eu le temps de l’effleurer. « Je suis terriblement heureuse de te revoir. » Elle me lance en s’écartant, son affirmation résonne dans mon cœur, met des mots sur ce que je ressens. « J’ai du mal à croire que tu es en face de moi ! » Je lui réponds plutôt avec un petit rire ébahi, sans même réaliser le naturel avec lequel je fuis l’expression de mes sentiments. « Je ne te demande pas si tu as fait bon voyage, je suis bien placée pour savoir qu’au-delà de dix heures de vol ça relève presque de l’indécence. » Je plaisante, une lueur amusée dans le fond des yeux. Habituée à ces trajets vers l’Europe ou le Canada, je n’imagine que trop bien l’état dans lequel elle se trouve à l’arrivée… surtout si elle n’a pas le luxe de se payer un siège-lit en première classe, comme je le fais depuis des années. « Je dois dire que tu es rayonnante, en dépit des circonstances ! » Un sourire sincère sur mon visage, je prends une seconde pour contempler ses traits. Sa peau paraît fine, presque plus pâle que dans mes souvenirs, et elle forme de petites vagues au coin de ses yeux émeraude si semblables aux miens. Le contraste avec ses cheveux sombres me fascine autant que dans mon souvenir. Quant à son sourire, il a le même éclat, teinté d’une vulnérabilité que je mets sur le compte de son long voyage. « Allez viens, je suis sûre que tu meurs d’envie de retrouver la position assise… » Sans plus attendre, j’attrape la poignée de sa valise et place une main dans son dos pour l’entraîner vers la sortie. « J’ai pensé qu’on pourrait prendre un petit déjeuner dans un café près de la plage. » D’autres que moi auraient certainement préféré garder la surprise, afin de lui en mettre plein les yeux et lui offrir une première rencontre épique avec la ville qu’elle venait découvrir. Mais je suis plutôt le genre à planifier soigneusement ma journée et il n’y a rien de tel qu’un imprévu pour me faire sortir de mes gonds. « Je me doute que tu dois mourir d’envie de te reposer un peu alors je te déposerai juste après. Je vais devoir filer au bureau pour récupérer quelques dossiers, donc tu auras la maison pour toi toute seule. Mais ça ne devrait pas me prendre trop de temps. Je devrais être rentrée pour le déjeuner, on pourra commander quelque chose… à moins que tu ne préfères dormir quelques heures, évidemment. » Je me prends alors à énumérer en déposant sa valise dans mon coffre, prise dans cet enchaînement si parfait, optimisé pour la meilleure efficacité, facteurs humains et professionnels pris en compte. Puis, réalisant que le détail de mon agenda méticuleux ne l’intéresse probablement pas autant que moi, je lui ouvre la porte et me faufile à ses côtés derrière le volant. « Alors, qu’est-ce que tu viens chercher ici ? » J’aurais pu lui demander ce qu’elle devenait, mais cette question m’irrite assez pour me dissuader de la poser. Je lui préfère cette alternative plus vaste, pleine de possibilités. En mettant le moteur, je me demande ce qu’elle va me raconter. Me parlera-t-elle de sa vie ou de ses projets, des lieux qu’elle souhaite visiter ou d’espoirs plus secrets ? Quoi qu’elle décide de partager, j’ai hâte de le découvrir. Et d’une certaine façon de la redécouvrir, elle.
(c) DΛNDELION


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

:l::

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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyLun 28 Sep 2020 - 3:03

the long road home
Je pars à l’autre bout du monde, sentir le vent et les marées, voir si la terre est vraiment ronde et qui habite de l’autre côté. Je partirai à l’aventure avec mon bagage de courage. Je m’enfouirai dans la nature, aux limites des grands naufrages. Il n’y aura jamais de montagnes qui oseraient défier mon chemin. Et même si mon soleil s’éloigne, je survivrai à mon destin. • Je pars à l'autre bout du monde, Beyries.

« J’ai du mal à croire que tu es en face de moi ! » Je hoche doucement la tête. Moi aussi j’ai du mal à y croire. Je ne sais pas si c’est la fatigue qui en est responsable, mais tout me paraît vaguement irréel, comme si j’avais la tête sous l’eau. Heureusement, la voix de Jaimie vient me chercher à la dérive et m’ancre à la réalité. Son sourire me réconforte étrangement. Malgré les plis qu’il fait naître au coin de ses lèvres et qui n’y étaient pas la dernière fois où je l’ai vue, elle a toujours le même sourire qu’autrefois. « Je ne te demande pas si tu as fait bon voyage, je suis bien placée pour savoir qu’au-delà de dix heures de vol ça relève presque de l’indécence. » La remarque légère m’arrache un petit rire amusé. « Comme tu as raison ! » En vérité, j’ignore même si j’ai réussi à tenir dix heures avant de commencer à regretter que l’Australie soit si loin du Canada. « Je dois dire que tu es rayonnante, en dépit des circonstances ! » Si quelqu’un d’autre qu’elle m’avait offert ce compliment, j’aurais certainement douté de sa véracité. Cependant, Jaimie a toujours fait preuve d’une franchise remarquable avec moi. Touchée, je me replie sagement derrière un sourire entendu. « Évidemment ! Je n’allais tout de même pas me présenter à nos retrouvailles avec une tête de morte-vivante ! » Ce choix de mot, pourtant totalement innocent, fait naître à retardement un léger malaise chez moi. C’est qu’ils sont un peu trop près de la réalité pour être totalement confortables. Ils me rappellent douloureusement que j’ai été confrontée de plein fouet à ma mortalité il n’y a encore pas si longtemps. Je me mords le bout de la langue derrière mon sourire, mais ma cousine ne remarque rien de mon trouble. Évidemment. Comme le pourrait-elle quand il lui manque la pièce cruciale du puzzle ?

« Allez viens, je suis sûre que tu meurs d’envie de retrouver la position assise… » D’une main ferme, elle entraîne déjà ma valise dans son sillage. Je ne proteste pas, un peu soulagée de ne pas avoir à la traîner avec moi. « Mais oui, j’ai passé tellement de temps debout depuis deux jours, il me tarde de m’asseoir ! » Une main accrochée à la sangle de mon sac de voyage posée sur mon épaule, je me laisse guider dans le dédale des couloirs de l’aéroport, un labyrinthe que Jaimie connaît manifestement à merveilles. « J’ai pensé qu’on pourrait prendre un petit déjeuner dans un café près de la plage. » Sa proposition me tente énormément. D’abord, parce qu’elle me permettra de me mettre sous la dent quelque chose qui sera assurément plus goûteux que la nourriture semi-plastifiée des plateaux-repas qu’on m’a servi dans l’avion. Ensuite, parce que ce sera l’occasion de découvrir une parcelle du paysage de la ville dans laquelle je viens de mettre les pieds. « Quelle excellente idée ! » Le parking est presque vide et ma voix rebondit étrangement contre le béton qui nous entoure. La voiture de Jaimie n’est pas garée très loin de l’entrée. Pendant qu’elle range ma valise dans le coffre en m’expliquant l’horaire qu’elle a planifié pour la journée, j’en profite pour faire quelques étirements simples destinés à délier mes muscles tendus par le long voyage. Je ne peux résister à l’envie de taquiner un peu ma chère cousine en me glissant dans le siège passager : « Tu as vraiment pensé à tout ! » Même s’il est vrai que je serais bien restée debout un peu plus longtemps, le siège de la voiture a au moins le mérite d’être nettement plus confortable que celui de l’avion et mon derrière en est reconnaissant. « Je suis crevée, mais je ne sais pas si j’arriverai à dormir pour autant. » Entre mes déplacements qui m’ont semblé sans fin et le décalage horaire, mon système ne sait plus où donner de la tête.

Après un hochement de tête compréhensif, Jaimie reprend : « Alors, qu’est-ce que tu viens chercher ici ? » C’est une excellente question, et aussi une dont j’ignore la réponse. En réfléchissant, je laisse mon regard errer par-delà le pare-brise, avide de découvrir le paysage à la fois verdoyant et pourtant bien urbain de la ville qui se dévoile autour de nous. Partout où mes yeux se posent, je remarque un palmier imposant ou une plante luxuriante. Ce n’est qu’une première impression, mais j’aime déjà ce que je vois de Brisbane. Je finis pourtant par m’arracher à ma contemplation pour me tourner vers Jaimie, dont j’observe un instant le profil volontaire qui se découpe sur le ciel bleu de la fenêtre. « Je… ne sais pas trop ce que je cherche, en fait. » Je me détourne, baisse le regard vers mes mains poliment croisées sur mes cuisses. C’est la vérité. J’ignore ce que j’espère trouver en Australie que je n’aurais pas pu trouver au Canada. Je ne sais pas quelles seront les prochaines étapes de mon périple au-delà de celles qu’a soigneusement planifiées Jaimie, ni même si je m’établirai pour de bon sur ce nouveau continent ou si je retournerai dans mon pays d’adoption. « Du renouveau, peut-être. Je ne sais pas pourquoi, mais du jour au lendemain, j’avais le vent dans les voiles. J’avais envie d’aller voir ailleurs… » Dans l’espoir de mettre les mauvais souvenirs derrière, d’arriver à larguer cette fois les fantômes qui m’ancrent dans le passé depuis si longtemps. « Et puis, entre nous… » Ma voix s’élève, hésitante. Je cherche mes mots, mais aussi l’équilibre délicat entre la vérité et les secrets que je ne suis pas prête à révéler tout de suite. « Ces derniers temps, je me surprenais de plus en plus souvent à repenser à notre enfance… À tes voyages en Irlande. À l’été que j’ai passé en Colombie-Britannique aussi. » Quand les forces me manquaient pendant mes traitements, quand je n’arrivais plus à faire autre chose que de me réfugier dans mes pensées, mon esprit fatigué se tournait immanquablement vers le souvenir de nos silhouettes en jupe, juchées sur les branches d’un arbre énorme. Si je me concentrais assez fort, je pouvais presque entendre nos rires frêles d’adolescentes, sentir la chaleur du soleil sur notre visage et humer l’odeur capiteuse de la forêt qui nous entourait. « Tu me manquais. » Ces trois mots si simples ne font pas justice à l’émotion violente qui me serrait la poitrine, une nostalgie telle que je n’en avais jamais connue. Comme une envie féroce de revenir en arrière, de retrouver ces moments lumineux de l’enfance où tout était plus simple. Je ne pouvais l’ignorer plus longtemps. Alors j’ai fait la seule chose qu’il m’était possible de faire : j’ai acheté un billet d’avion et je suis partie à l’autre bout du monde.
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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyVen 6 Nov 2020 - 4:26

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Laoise & jameson
Though strange lay the waters from which they emerged, they glanced upon the world as their own. Yet deep in their hearts they knew all the time that this was not really their home. So they rode on. Yes, they rode on.
La voiture ronronne silencieusement tandis qu’elle nous entraîne dans le parking souterrain. Concentrée sur ma conduite, je ne me formalise pas du silence de ma cousine, lui laisse plutôt l’espace de réfléchir à ce qu’elle souhaite me révéler des raisons qui ont motivé son grand voyage. Le soleil matinal nous éclabousse dès l’instant où nous remontons la pente bétonnée pour nous lancer sur les routes. Mouvement réflexe, je glisse sur mon nez une paire de lunette aux verres fumés pour protéger mes yeux sensibles. En route, je m’imprègne du paysage qui se dévoile timidement comme pour se présenter, inspire cet éclat énergisant si caractéristique du début de matinée. Je me distrais, surtout, de la curiosité que je sens poindre en moi alors que mon esprit cherche naturellement à deviner ce que Laoise n’a pas encore eu le temps de m’exposer. Enfin, sa voix s’élève, sincère dans l’hésitation qui l’étreint : « Je… ne sais pas trop ce que je cherche, en fait. » Etonnée, je me désintéresse un instant de la route et me tourne vers ma cousine pour l’observer par-dessus mes lunettes. Ses sourcils sombres délicatement froncés, elle semble trouver un grand intérêt dans les mains qu’elle a sagement croisé sur ses cuisses. Elle paraît troublée, comme prise dans les mailles de sentiments entremêlés qu’elle ignore comment décrire. Par nécessité plus que par envie, je reporte mon attention sur la route, enclenche le clignotant en prenant la sortie en direction de la baie. Son petit bruit régulier m’apaise toujours lorsque, hantée par la complexité d’un dossier, je cherche dans la concentration de ma conduite un moyen détourné de démêler les pistes et trouver le bon angle d’attaque. Je me prends à espérer que ce cliquetis régulier aura le même effet sur elle, tant je brûle de comprendre ce l’a décidée à prendre sur un coup de tête ce billet sans retour direction l’Australie. Je n’ai pas à attendre longtemps avant que sa voix chantante se fasse à nouveau entendre pour me mettre sur la piste, ou plutôt confirmer des doutes que je nourrissais déjà depuis quelques jours. « Du renouveau, peut-être. Je ne sais pas pourquoi, mais du jour au lendemain, j’avais le vent dans les voiles. J’avais envie d’aller voir ailleurs… » Mes lèvres esquissent un sourire songeur et mes sourcils se redressent légèrement de surprise tandis que je lui lance un coup d’œil moyennement convaincu. La dernière fois que ma cousine a fait un coup dans ce goût-là, c’était il y a près de dix ans. A l’époque, elle avait quitté l’Irlande sans préavis, laissant derrière elle un mari qui n’en avait plus que le titre. Je ne serais pas surprise d’apprendre qu’une autre rupture est à l’origine de ce départ là aussi. Avec un homme peut-être, ou bien une version d’elle-même qui ne lui ressemble plus et qu’elle cherche à fuir. En cela, je ne la comprendrais que trop bien. Car j’ai moi aussi plus d’un délit de fuite à mon actif, trop d’histoires auxquelles j’ai coupé court abruptement pour ne pas avoir à écrire leur fin. Pour autant, je ne vais pas chercher plus loin, persuadée que les barrières qu’elle met en place ont une raison d’être et que ce n’est pas à moi de lui dire quand les abaisser. Du reste, je suis convaincue que Laoise saura venir me trouver si elle souhaite se confier. Comme elle l’avait fait il y a de cela des années, pour me partager le lourd secret que sa famille l’a poussée à porter, comme l’enfant dont elle a dû se séparer. « Dans ce cas rassures toi, tu es ici au bon endroit. » Je réponds alors, un sourire encourageant sur mon visage tourné vers l’horizon dégagé par la grande rue bordée d’immeubles qui nous entraîne vers la baie. Les paysages, l’ambiance des saisons inversées et l’attitude des gens ne manqueront pas de la dépayser, comme je l’ai été à mon arrivée.

Le silence nous enrobe encore un instant, puis Laoise reprend doucement la parole. « Et puis, entre nous… » Il y a tant de vulnérabilité, tant d’hésitation dans sa voix que je sens ma gorge se serrer, comme si je craignais ce qu’elle pouvait ajouter. Les lèvres vaguement pincées, je n’ose la regarder tandis qu’elle précise le fond de sa pensée, peint sur la toile morcelée de mes souvenirs ces petits bouts de passé qu’on a partagé, en Irlande surtout, au Canada un peu : « Ces derniers temps, je me surprenais de plus en plus souvent à repenser à notre enfance… À tes voyages en Irlande. À l’été que j’ai passé en Colombie-Britannique aussi. » Ses paroles réveillent des sensations ensevelies, images vivaces et odeurs familières dans lesquelles je ne plonge que rarement. Un sourire rêveur aux lèvres, je revois les collines vertes, sent l’écorce humide des arbres qu’on escaladait et qui écorchaient nos genoux au grand malheur de sa mère, qui croyait encore pouvoir faire de sa fille une lady docile et distinguée. On lui en a fait voir de toutes les couleurs, pas vrai ? Allez savoir pourquoi, la pauvre femme n’avait jamais placé le moindre espoir en moi, se contentait de sermonner gentiment mes manières indignes, surement héritées du sang canadien qui coulait dans mes veines. N’empêche que je l’aimais bien, Norah. Elle était douce, bien plus en tout cas que la mère dont j’avais hérité. Peu encline à creuser le sujet, je me concentre plutôt sur la confession de ma cousine. C’est le cap de la quarantaine, ça va te passer… Que je l’aurais probablement taquinée, si elle avait eu la bonne idée de me balancer ces mêmes réflexions plutôt en soirée, nos esprits baignés dans les vapeurs chaleureuses d’un whisky qu’on aurait partagé. Mais dans l’air vif du matin, j’ai les idées bien trop claires pour ne pas déceler l’émotion qui enrobe discrètement chacun de ses mots comme un voile aussi pudique que sensible. J’ignore ce qui a fait remonter le passé à la surface, ce qui l’a poussée à s’y replonger, mais je peux aisément sentir que ce n’est pas une histoire superficielle de cap sociétal à dépasser. Je l’ignore, alors je me tais. Préférant honorer son partage d’une approbation sincère mais silencieuse plutôt que d’une parole déplacée qui pourrait la froisser. D’autant qu’elle semble encore avoir quelque chose à ajouter et je n’ai aucune envie de la couper. Je n’ai pas à attendre longtemps avant qu’elle ne se lance : « Tu me manquais. » Trois mots soufflés du bout des lèvres, mais avec un aplomb que je ne peux que lui admirer. Trois mots que je n’attendais pas, et qui me troublent plus que je ne le voudrais. Les sourcils vaguement froncés pour oublier le froissement inconvenant qui s’exerce sur ma poitrine, je fais mine de me concentrer sur la conduite comme le restaurant arrive à point donné. Le clignotant délicat nous enrobe encore tandis que ma Tesla quitte la route pour s’engouffrer sur une aire de parking caillouteuse et je puise dans le crissement agréable et familier des pneus la réponse qui me manquait : « T’es au bon endroit pour ça aussi. » Retirant mes lunettes, je lui adresse un sourire où se mêlent tendresse, réserve et complicité. Ma main se pose délicatement sur son avant-bras, que je presse délicatement comme pour communiquer les mots qui dansent sur ma langue tandis que le vert de nos yeux se mélange. Toi aussi tu m’as manqué Laoise, tu m’as souvent manqué au cours de ma vie, et je suis heureuse de te retrouver. L’aveu fond avant d’avoir atteint mes lèvres, comme le flocon fragile d’un hiver oublié s’évapore à l’instant où il s’échoue sur l’herbe printanière. « Tu vas adorer Brisbane. » Je lui assure plutôt avant de récupérer mon sac à main pour m’extirper de la voiture. « L’inversion des saisons est assez perturbante et le manque de neige me rend presque nerveuse, mais je dois avouer que c’est agréable d’avoir la plage juste à côté. Et les gens sont adorables, pour la plupart. » Je lui confie avec un sourire un brin espiègle. Parler de ma ville d’adoption me semble un terrain bien moins glissant que ces bouts de passés et cette famille que nous partageons. Cette famille qui m’a reniée et que je n’ai pas vue depuis des années. Je me demande si elle a des nouvelles de mes parents, ou si leur monde s’arrête toujours aux frontières de leur palais d’or et d’argent.

Les bras croisés contre ma poitrine pour lutter contre les bourrasques un peu fraîches de l’air marin, j’entraîne Laoise à l’intérieur du restaurant, jusqu’à une petite table en terrasse qui surplombe la baie et donne vue à la fois sur la nature au nord et la ville au Sud. Une table à la croisée des mondes. Un peu comme moi, un peu comme elle. « Bienvenue en Australie. » J’annonce enfin, trouvant le moment plutôt approprié pour l’accueillir plus formellement dans ce pays qui est désormais le mien. Ce pays que j’aime, bien que j’éprouve toujours quelques difficultés à m’y sentir réellement connectée. Mais c’est tout moi, ça. Le cœur éclaté, les racines éparpillées par trop de départs, trop de déchirements mal anticipés. Quelque part, je me demande si Laoise se sent comme moi, écartelée entre différentes cultures, différentes époques. Différentes vies même, brutalement tracées à la suite de choix que nous n’avons peut-être pas toujours mesuré. Je suppose que c’est le genre de sentiments qu’elle peut évacuer à travers son art, si jamais c’est ce qu’elle ressent. Avec un certain étonnement, je réalise que je ne sais plus vraiment ce qu’elle peint à présent. Au début de sa carrière, avant que je ne m’établisse de façon plus permanente à l’autre bout du monde, je faisais un point d’honneur à soutenir le lancement de chacune de ses expositions. Mais la vie et le temps nous ont éloignées sans que j’en prenne vraiment conscience ; avant que la voir en face de moi me fasse réaliser que je n’ai pas la moindre foutue idée de ce qu’elle a vécu ces dernières années. Que j’ignore tout d’elle, depuis ses passe-temps et ses projets, jusqu’au style d’expression avec lequel elle joue désormais. « Parle-moi un peu de ton art. » Je propose alors en attrapant deux menus pour les placer devant nous. L’angle professionnel comme méthode d’approche sûre et approuvée. La passion qui l’anime pour tenter de découvrir à travers ses toiles qui elle est désormais. « Tu peins toujours pour illustrer un thème clef ? Je suis curieuse de savoir ce qui t’inspire ces temps-ci. »  
(c) DΛNDELION


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyDim 14 Mar 2021 - 5:21

the long road home
Je pars à l’autre bout du monde, sentir le vent et les marées, voir si la terre est vraiment ronde et qui habite de l’autre côté. Je partirai à l’aventure avec mon bagage de courage. Je m’enfouirai dans la nature, aux limites des grands naufrages. Il n’y aura jamais de montagnes qui oseraient défier mon chemin. Et même si mon soleil s’éloigne, je survivrai à mon destin. • Je pars à l'autre bout du monde, Beyries.

Quelques secondes de silence suivent ma déclaration, mais ce n’est pas inconfortable. Concentrée sur la route, Jaimie semble réfléchir à sa réponse. « T’es au bon endroit pour ça aussi, » finit-elle par m’assurer d’une voix tranquille qui me réchauffe de l’intérieur comme peu de choses ont su le faire au cours des dernières années. En dépit de la sincérité qui vibre dans sa voix, je sens une certaine réserve dans son ton, comme une distance entre nous. Volontaire ou non, je ne sais pas trop. Sont-ce les années qui en sont responsables ? Ou est-ce simplement que ma cousine a changé, tout comme moi ? Je ne suis plus la femme que j’étais la dernière fois où nous nous sommes vues. Les aléas de la vie m’ont sculptée, me transformant peu à peu au fil des années qui s’écoulaient jusqu’à ce qu’il ne reste presque plus rien de ce que j’étais autrefois. J’imagine que la même chose lui est arrivé. Pourtant, quand elle pose sa main sa main sur mon bras et que son regard croise le mien, son sourire ressemble tellement à celui de la gamine espiègle avec qui je faisais les quatre cents coups que j’en ai le souffle coupé. Je pose à mon tour ma main sur la sienne, lui souris aussi. Entre nous, pas besoin de mots : le silence a souvent été bien plus efficaces que les paroles. Même quand sa main quitte mon bras en brisant la solennité de ce moment, j’ai la certitude d’avoir bel et bien retrouvé ma cousine.

Tout en contrôle, elle se redresse dans son siège. « Tu vas adorer Brisbane » J’espère qu’elle a raison. Dans tous les cas, je me ferai certainement un plaisir de la découvrir en espérant apprendre à l’aimer. Peut-être même que j’aurai envie d’y rester pour de bon. Je ne sais pas si cette perspective m’enchante ou m’inquiète. « L’inversion des saisons est assez perturbante et le manque de neige me rend presque nerveuse, mais je dois avouer que c’est agréable d’avoir la plage juste à côté. Et les gens sont adorables, pour la plupart. » Ce voyage s’étant plus ou moins organisé sur un coup de tête, je n’ai pas vraiment songé à explorer l’Australie avant d’y mettre les pieds. Alors que d’habitude je me perds dans mes recherches avant de partir à l’aventure, cette fois-ci je me suis contentée de jeter un coup d’œil rapides aux prévisions météo avant de remplir mes valises, question d’apporter des vêtements adaptés à la température. Je n’ai certainement pas songé aux saisons inversées, ni à l’hiver qui, sur la Sunshine Coast, ne ressemblera assurément pas aux hivers froids et neigeux que j’ai connus en Irlande puis au Canada.

Après avoir récupéré son sac à main sur la banquette arrière, Jaimie s’extirpe gracieusement de la voiture. Je glisse sur mon épaule la courroie du petit sac qui reposait à mes pieds, puis j’en fais de même. À l’extérieur, l’air salin me frappe de plein fouet. Je ferme un instant les yeux pour mieux humer son parfum. Le crissement du gravier me ramène au présent et je m’empresse d’emboîter le pas à ma cousine. Elle me guide à l’intérieur du restaurant, jusqu’à ce qui semble de loin être la meilleure table de l’établissement, grâce à la vue imprenable qu’elle offre sur l’océan et la ville qui se partagent l’horizon. Fascinée, je me pose sur le bout de ma chaise sans quitter le paysage des yeux. « Bienvenue en Australie. » Les yeux grands ouverts, je me gorge des nuances dorées du sable fin qui se fond délicatement dans les vagues bleues et du vert luxuriant des palmiers qui décorent la plage. Tacheté de navires qui entrent et sortent du port, l’océan s’étire à l’infini. Au loin, la ville ressemble à une forêt de gratte-ciels dont les grandes fenêtres reflètent si bien le ciel azur qu’ils semblent s’y fondre. « C’est magnifique. » Quand l’abondance de lumière qui inonde le paysage commence à me brûler les rétines, je m’arrache à ma contemplation et ramène mon attention sur ma cousine.

Comme si elle n’attendait que ce moment pour relancer la conversation, elle me tend un menu. « Parle-moi de ton art. » Sa question me rappelle les lancements auxquels elle a assistés au tout début de ma carrière, les rares fois où son horaire s’y accordait. J’adorais passer de toile en toile en sa compagnie pour recueillir ses commentaires. J’ai toujours aimé connaître son opinion sur mon art. Elle a toujours fait preuve d’une honnêteté incorruptible, même dans les messages d’encouragement qu’elle m’envoyait quand elle ne pouvait être là en personne. « Tu peins toujours pour illustrer un thème clef ? Je suis curieuse de savoir ce qui t’inspire ces temps-ci. » Touchée par son intérêt, je m’efforce de mettre un peu d’ordre dans mes pensées en parcourant distraitement le menu du regard, pas particulièrement surprise d’y découvrir une longue liste de spécialités véganes. Enfin, je relève la tête pour croiser ses yeux dont le vert trahit plus que tout le reste notre lien familial. « Je me spécialise toujours dans les portraits. Les humains, c’est ce qui me fait vibrer. Tu me connais. » Ça m’était apparu comme une évidence dès le moment où j’ai commencé à envisager sérieusement de vivre de mon art. Même si, dans la dernière année, je me suis aussi tournée vers les paysages et les natures mortes. La chimiothérapie et la radiothérapie ayant sérieusement affaibli mon système immunitaire, mon oncologue m’avait sérieusement conseillé de limiter mes contacts avec des inconnus. J’aurais peut-être voulu me rebeller, sauf que je n’avais tout simplement pas la force de peindre pendant des heures comme avant. « Ma dernière exposition remonte à deux ans environ. J’ai pris une année sabbatique… En quelque sorte. » La précision sert tout à la fois à alléger ma culpabilité de mentir ainsi à Jaimie après lui avoir dissimulé la vérité pendant tout ce temps et à masquer la légère hésitation qui vibre dans ma voix. Parce que cette pause n’était pas vraiment une année sabbatique et n’était pas du tout mon choix. Si ça avait été à moi de décider, je ne me serais jamais arrêtée de peindre sans concession. Je trace du doigt le contour rigide du menu plastifié pour m’ancrer dans le présent. « C’était une série composée de portraits sur les sans-abris du centre-ville de Vancouver. Je me suis associée avec un centre d’hébergement d’urgence. Les bénévoles m’ont aidée à trouver une quinzaine de volontaires qui avaient envie de me raconter leur histoire et de poser pour moi. Ce qui extraordinaire, c’est que c’était presque toutes des femmes. » À ma façon, j’avais l’impression de faire une différence. Non seulement j’ai pu mettre en lumière le visage de ces oubliés de la société et ce qu’ils voulaient bien partager de leurs vies souvent fascinantes, j’ai aussi mis aux enchères toutes les toiles de la série, ce qui m’a permis de remettre un cachet important au centre et à d’autres organismes de bienfaisance qui viennent en aide aux sans-abris. « J’ai quelques idées de projets pour la suite, mais avant je dois décider ce que je veux faire. » Je laisse mon regard errer sur le paysage enchanteur, tente maladroitement d’imaginer à quoi pourrait ressembler ma vie dans ce petit coin de paradis à l’autre bout du monde. L’idée me semble délicieusement tentante. « Si je décidais de m’établir ici, j’aimerais bien m’acheter une maison, je crois. Avec une grande pièce lumineuse que je pourrais transformer en studio. » Mes doigts pianotant un brin nerveusement sur le menu plastifié, je soutiens le regard de Jaimie. « Et toi ? À quoi ressemble ta vie ? Es-tu toujours aussi occupée à défendre la veuve, l’orphelin et la planète ? » Il y a peut-être des années que je n’ai pas vu ma cousine, mais s’il y a une chose qui n’a sûrement pas changé, c’est à quel point elle peut être têtue. Je ne doute pas un instant qu’elle se bat encore comme une lionne pour ses idéaux et que son nom fait aujourd’hui trembler même les plus grandes corporations.
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Jameson Winters
Jameson Winters
la louve raffinée
la louve raffinée
  
Présent
ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide.
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ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP
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RPs EN COURS : Christmasbin [7]

I'm a survivor :
ATELIER I ↟ Robin
ATELIER II ↟ Asher
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Flashbacks ↠

Réalités alternatives ↠ Zombinson [d.z.]Witchy Robin [d.f.]

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



RPs EN ATTENTE : Phoenix [3]Phoenix [f.b.]Bosie me boy [d.f.]Slasher Night ↟ Robin [4] ↟ Robin & Phoenix [r.a. 2]

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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyLun 26 Avr 2021 - 2:36

the long road home
Laoise & jameson
Though strange lay the waters from which they emerged, they glanced upon the world as their own. Yet deep in their hearts they knew all the time that this was not really their home. So they rode on. Yes, they rode on.
Ses longs doigts s’emparent du menu, son regard s’égare entre les lignes tandis que les pensées défilent dans ses yeux. Elle a toujours été comme ça, Laoise. Plus proche de ses émotions, plus frileuse à les organiser en paroles, aussi. Moi, c’est plutôt l’inverse. Les mots me viennent avant que mon cœur n’ait le temps de me lancer le moindre message. Peut-être est-ce plus simple, quand chacune de mes réactions et décisions ne semblent s’arrimer qu’à ma logique sans se soucier de mes sentiments. Alors je lui laisse le temps, jusqu’à ce que ses yeux verts forêt plongent dans les miens. « Je me spécialise toujours dans les portraits. Les humains, c’est ce qui me fait vibrer. Tu me connais. » J’incline la tête, un petit sourire au coin des lèvres, car je me souviens bien la patte de ses portraits. L’attention portée à chaque détail, la profondeur d’un regard, le mouvement d’une mèche, le pli au coin d’une lèvre que personne n’aurait remarqué mais qu’elle capture pour insuffler un souffle de vie à chacune de ses peintures. Par le passé, ça m’a quelques fois intimidée, me poussant à me demander ce qu’elle remarquait sur mon visage quand j’étais persuadée de ne rien laisser filtrer. Mais en dépit de son œil acéré, Laoise est relativement discrète, presque réservée, quand on touche à certains sujets. Ou peut-être respecte-t-elle simplement cette pudeur avec laquelle j’enrobe mes émotions. Et voilà longtemps, au fond,  que je ne crains plus la précision de ses observations. « Ma dernière exposition remonte à deux ans environ. J’ai pris une année sabbatique… En quelque sorte. » Elle a lancé ça l’air de rien, ses yeux fuyant les miens pour se reporter sur son menu, la légère inflexion de sa voix trahissant son incertitude. Le genre d’hésitation qui me permet de repérer les failles lors de mes procès, celles parmi lesquelles s’engouffrer pour déstabiliser l’adversaire et remporter la partie. Mais pas aujourd’hui. Les sourcils légèrement froncés, je l’observe en silence en dépit de mes doutes, car je respecte le sien. Pour autant, je ne peux m’empêcher de noter cette information dans un coin de ma tête, persuadée qu’il y a derrière cette pause inaccoutumée une explication qu’elle n’est pas tout à fait prête à me partager. Une à laquelle je pourrai me référer si elle souhaite un jour aborder le sujet. Mais je n’ai pas le temps de m’y attarder, car déjà les ombres quittent son regard et une petite étincelle les remplace alors qu’elle me décrit sa dernière expo : « C’était une série composée de portraits sur les sans-abris du centre-ville de Vancouver. Je me suis associée avec un centre d’hébergement d’urgence. Les bénévoles m’ont aidée à trouver une quinzaine de volontaires qui avaient envie de me raconter leur histoire et de poser pour moi. Ce qui extraordinaire, c’est que c’était presque toutes des femmes. » Mes questions oubliées, je l’écoute, impressionnée par son activisme et étrangement fière de sentir que même si elle l’exprime différemment, cette fibre coule toujours dans nos veines comme pour nous relier. Car le féminisme et l’aide aux plus démunis restent des causes auxquelles je suis sensible, bien que j’aie décidé de consacrer ma carrière à la protection des animaux sauvages et de l’environnement. « Ce devait être passionnant et enrichissant ! J’adorerais voir quelques tirages de tes toiles si tu en as emporté. » Je glisse en retournant mon téléphone portable face contre table pour ne pas être distraite par l’écran qui ne cesse de s’allumer, comme mes clients et partenaires se lancent dans leur tournée d’emails de la matinée.

Je vais pour l’interroger sur ce qui a motivé sa pause, lui demander si c’est l’inspiration qu’elle est venue trouver à Brisbane ou si elle a déjà une idée de ce qu’elle souhaite explorer à travers ses prochaines œuvres. Comme si elle saisissait la question dans mon regard, Laoise y répond d’elle-même : « J’ai quelques idées de projets pour la suite, mais avant je dois décider ce que je veux faire. » Ses yeux accrochent les miens et les quittent aussitôt pour se perdre dans l’étendue maritime qui roule lascivement à nos pieds et sa voix se fait songeuse, comme les paroles qu’elle me partage du bout des lèvres. « Si je décidais de m’établir ici, j’aimerais bien m’acheter une maison, je crois. Avec une grande pièce lumineuse que je pourrais transformer en studio. » Un étrange espoir encombre ma gorge à l’idée de la savoir à nouveau relativement près de moi dans cette ville qui est devenue la mienne. Mais je n’en laisse rien paraître et hausse plutôt un sourcil impressionné. Ayant passé ma vie à louer et ne m’étant résolue à acheter une villa que deux ans auparavant (dans l’unique but de mieux accommoder ma chienne aux goûts de luxe et aux crocs destructeurs), j’ai presque le vertige en la voyant songer à un tel engagement quelques heures à peine après avoir posé les pieds sur ces rives ensoleillées. « Je pense que tu trouveras facilement ton bonheur si tu décides de rester : la lumière, ce n’est pas ce qu’il manque ici ! En tout cas, je serais ravie de te présenter les différents quartiers pour t’aider à faire ton choix. » Un millier de questions se bousculent sur mes lèvres et se succèdent au rythme de ses doigts, qui tapotent nerveusement le plastique du menu : Tu avais une maison à Vancouver ? Qu’est-ce que tu viens chercher ici, qu’est-ce que tu laisses derrière ? Et comment sauras-tu si c’est là que tu as envie de t’établir pour le restant de ta vie ? Mais ses yeux dans les miens, elle canarde la première, et je comprends que c’est à mon tour de lui dépeindre les contours de mon existence : « Et toi ? À quoi ressemble ta vie ? Es-tu toujours aussi occupée à défendre la veuve, l’orphelin et la planète ? » Un petit rire ironique s’échappe de mes lèvres. « La planète et la faune sauvage, surtout… la veuve et l’orphelin ont douloureusement prit la forme de CEO dépassés par les nouvelles réglementations légales, ces derniers temps… » J’avoue avec une petite grimace amusée. C’est le choix que j’ai fait il y a des années : afin de rentabiliser la branche environnement, je traite des dossiers qui ne me font pas particulièrement vibrer mais ont le mérite de bien rapporter. Mes matinées sont ainsi consacrées aux déboires d’entreprises qui me paient grassement pour les aider à anticiper les nouvelles lois environnementale pouvant impacter leur activité, et mes après-midi dédiées aux associations de défense de l’environnement et aux publications destinées à influencer les gouvernements à rédiger de nouvelles lois, qui ne manqueront bien évidemment pas de faire paniquer mes clients du matin. Un engrenage bien pensé et rempli de contradictions parmi lesquelles je navigue avec une facilité déconcertante. Tellement, parfois, que j’en viens à m’inquiéter sur ce que ça peut signifier à mon égard. « Je bosse toujours chez Ashburn Rose. J’ai été promue associée et j’ai enfin pu développer la branche environnement dont j’ai la responsabilité depuis quelques années. »

L’arrivée du serveur coupe mon petit discours bien rôdé. Un sourire léger aux lèvres, je commande un thé ainsi qu’une tartine à l’avocat, puis m’écarte légèrement pour laisser Laoise lui faire part de son choix. A la dernière seconde, je lui fais signe d’apporter deux smoothies banane-chocolat et beurre de cacahuète, mon préféré, afin de lui faire goûter. « Parfois, l’époque où je bossais en solitaire me manque… les humains me paraissent beaucoup plus complexes à gérer que les dossiers. » Je lui confie avec un sourire de côté une fois le jeune homme poliment évincé. Solitaire, je l’ai toujours été, et j’aurais volontiers gardé mon métier plutôt que de prendre la responsabilité d’une équipe, si seulement mon introversion n’était pas challengée par une ambition mordante… et une envie de me renouveler en prenant sans cesse de nouvelles responsabilités. C’est qu’en stagnant trop longtemps au même endroit, j’ai sacrément tendance à m’ennuyer. « Cela dit, j’aime toujours autant mon métier. Et j’ai de la chance, les avocats intéressés par la planète sont en général moins conformistes que les autres. » Je n’aime pas le cynisme dans ma voix, ni cette impression d’essayer de me convaincre de ce que j’avance alors que c’est vrai : j’aime ce que je fais. Et pourtant, si j’étais totalement honnête avec moi-même, je devrais y apporter une nuance. J’aime la satisfaction que m’apporte mon métier. J’aime l’impression de participer à quelque chose de plus grand que moi. J’aime le statut et la stabilité financière, le badge de réussite que je porte fièrement et le coup de poing dans la gueule de mon paternel. J’aime tout ça, mais je ne sens pas mon cœur s’épandre dans ma poitrine quand je plonge dans une nouvelle affaire, pas comme Laoise, quand elle trempe son pinceau dans les couleurs qu’elle applique avec précision sur sa toile. « Tu sais, j’ai toujours admiré la façon dont tu mêles ton art aux causes qui te tiennent à cœur. Tu pourrais aisément écrire des livres pour présenter tes œuvres et les personnes qui les ont inspirées. Je suis sûre que des tas de gens seraient intéressés. » J'expose de but en blanc, pour éviter de trop me concentrer sur la sensation désagréable qui s’est logée dans mes tripes. « Enfin, je suppose qu’après ton année sabbatique, tu as surtout envie de te lancer dans tes prochaines idées. » Je lance,  pour lui tendre une perche et voir si elle saisit l’occasion de clarifier sa situation. Evidemment, notre serveur revient en sifflotant sur ces entrefaites, déposant devant nous nos smoothies ruisselants et thés bouillants. Je le remercie d’un sourire sincère avant de lever mon verre pour faire mine de trinquer. « A la tienne Laoise, je suis vraiment contente que tu sois ici et j’ai hâte de voir ce que tu vas créer. » Nos regards s’accrochent, reflet l’un de l’autre et de l’Irlande qui coule dans nos veines et danse encore sur nos langues, peu importent les kilomètres qui peuvent bien nous en séparer. Mes lèvres trempent dans le breuvage et je ferme un instant les yeux pour mieux savourer son goût riche et sucré avant de le reposer. « A ce propos, as-tu décidé de venir seule ou bien dois-je m’attendre à voir un homme te rejoindre dans les jours à venir ? » Je demande, l’air de rien, en lissant ma serviette du bout des doigts pour l’installer parallèlement aux lattes qui décorent notre petite table d’extérieur en bois.  
(c) DΛNDELION


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

:l::



Dernière édition par Jameson Winters le Jeu 10 Juin 2021 - 23:57, édité 1 fois
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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptySam 22 Mai 2021 - 2:49

the long road home
Je pars à l’autre bout du monde, sentir le vent et les marées, voir si la terre est vraiment ronde et qui habite de l’autre côté. Je partirai à l’aventure avec mon bagage de courage. Je m’enfouirai dans la nature, aux limites des grands naufrages. Il n’y aura jamais de montagnes qui oseraient défier mon chemin. Et même si mon soleil s’éloigne, je survivrai à mon destin. • Je pars à l'autre bout du monde, Beyries.

Je soupçonne que Jaimie aurait été heureuse que je lui parle plus longtemps de moi et de ma vie, mais elle se plie de bon gré au jeu et répond à ma question. « La planète et la faune sauvage, surtout… la veuve et l’orphelin ont douloureusement prit la forme de CEO dépassés par les nouvelles réglementations légales, ces derniers temps… » Ça ne me surprend pas vraiment. Ma cousine a toujours eu un côté louve solitaire et, vu sa passion pour la nature et l’environnement, je ne suis pas étonnée qu’elle ait officiellement décidé de se consacrer pleinement à la sauvegarde des forêts luxuriantes qu’elle aime tant. Du reste, même sans être une experte comme elle, je vois bien qu’entre les humains et la planète, ce ne sont pas vraiment les humains qui ont le plus besoin d’aide. « Je bosse toujours chez Ashburn Rose. J’ai été promue associée et j’ai enfin pu développer la branche environnementale dont j’ai la responsabilité depuis quelques années. » Une vague brûlante de fierté enfle dans ma poitrine et je n’essaie même pas de la camoufler. Elle m’impressionne depuis toujours. Même quand nous étions gamines et même si elle était plus jeune que moi, elle était fonceuse, toujours prête à tout remettre en question et à braver les injustices. Je crois que je l’ai déjà été moi aussi, à ma façon. Mais contrairement à elle, je n’ai pas su garder cette combativité au fil des années. Là où Jaimie n’a cessé de s’affirmer, je me suis assouplie, et je lui envie sa ténacité. Un serveur vêtu d’une jolie chemise blanche s’arrête à notre table. Il tire de la poche centrale du petit tablier noir noué autour de ses hanches un calepin et un stylo bleu pour noter nos commandes. Je laisse ma cousine s’exprimer en premier comme je suis encore un peu indécise. Lorsque mon tour arrive, j’opte finalement pour l’assiette de gaufres aux bleuets accompagnées de fruits frais qui me faisait de l’œil depuis le début, ainsi qu’un thé Earl Grey noir. Pour mon plus grand bonheur, Jaimie rajoute à la dernière minute deux smoothies à notre commande. Je suis convaincue qu’ils doivent être délicieux si elles les recommande aussi chaudement. Après tout, elle ne se contente que du meilleur.

Une fois le serveur disparu en direction de la cuisine, je recentre mon attention sur ma cousine en appuyant mes bras croisés sur la table. « Parfois, l’époque où je bossais en solitaire me manque… les humains me paraissent beaucoup plus complexes à gérer que les dossiers. » Amusée par ce soupçon de misanthropie, je lui offre un sourire en coin. « Peut-être… Mais je te connais : sans les humains, tu t’ennuierais parce que tes dossiers deviendraient tout à coup beaucoup trop faciles. » N’empêche que je la comprends. Si j’aime beaucoup passer du temps en compagnie d’autres personnes lorsque je donne mes cours, je dois équilibrer ces moments avec de longues périodes de solitude passées dans le calme de mon atelier ou enroulée avec un bouquin dans mon fauteuil préféré pour retrouver mon énergie. Encore plus depuis ma maladie. « Cela dit, j’aime toujours autant mon métier. Et j’ai de la chance, les avocats intéressés par la planète sont en général moins conformistes que les autres. » J’ai envie de rétorquer que c’est une bonne chose qu’elle aime son boulot parce que, à entendre ce qu’elle m’en raconte, c’est vraiment le seul moyen de continuer à le pratiquer sans se brûler les ailes. Il faut posséder une sacrée force de caractère pour se frotter jour après jour à tout ce qu’il y a de plus méprisable chez l’humain et continuer à croire qu’on peut faire une différence. Parfois, je me demande si la passion est véritablement suffisante et si Jaimie ne risque pas de s’essouffler à force de se battre contre le monde entier comme ça. « Tu sais, j’ai toujours admiré la façon dont tu mêles ton art aux causes qui te tiennent à cœur. Tu pourrais aisément écrire des livres pour présenter tes œuvres et les personnes qui les ont inspirées. Je suis sûre que des tas de gens seraient intéressés. » Cette suggestion me réjouit par sa sincérité tout en me faisant rêver. En vérité, il y a longtemps que je caresse l’idée de publier un livre. J’adorerais combiner mes œuvres aux photographies de référence dont je me sers pour faire mes portraits et à l’histoire des personnes inspirantes qui ont accepté de poser pour moi. Je ne peux m’empêcher de penser que cette période de renouveau, dans ce pays qui me semble déjà accueillant, est l’occasion parfaite de me lancer dans ce projet. « Enfin je suppose qu’après ton année sabbatique, tu as surtout envie de te lancer dans tes prochaines idées. » Je la reconnais bien là, à me tendre une perche pour m’encourager à me confier sans pour autant vouloir se montrer indiscrète. L’espace d’un souffle laborieux, j’ai envie de la saisir… et puis je perds tout mon courage et je me contente finalement de hausser légèrement les épaules. « J’ai hâte de recommencer à peindre sérieusement, oui. Même si j’ignore encore ce que j’ai envie de raconter maintenant. » Ce n’est pas tout à fait vrai. Je sais que j’ai envie de me pencher sur le thème de la féminité, d’en explorer en profondeur les différentes facettes en parlant avec d’autres femmes. Cependant, je n’ai pas envie pour l’instant d’expliquer à Jaimie la motivation derrière cet intérêt. De toute façon, le concept est encore flou dans ma tête.

Pour une fois, j’accueille avec plaisir la venue de notre serveur, qui apparaît à côté de nous avec son petit plateau rond chargé de deux tasses fumantes et d’autant de verres élégants. Il pose nos boissons devant nous et je le remercie chaleureusement alors que Jaimie s’empare déjà de son smoothie. Mes doigts s’enroulent autour du mien et je le lève à mon tour pour l’imiter. « A la tienne Laoise, je suis vraiment contente que tu sois ici et j’ai hâte de voir ce que tu vas créer. » Les verres s’entrechoquent avec un tintement agréable. J’offre un sourire plein d’eau et d’émotions à ma cousine, puis je m’empresse de la remercier avant que la boule qui s’est logée dans ma gorge ne devienne trop difficile à ravaler. « Merci Jaimie. Je suis vraiment contente de te retrouver aussi. » Je prends une gorgée généreuse du smoothie, aussitôt impressionnée par l’équilibre délicat des saveurs qui le rend particulièrement goûteux sans pour autant être envahissantes. « A ce propos, as-tu décidé de venir seule ou bien dois-je m’attendre à voir un homme te rejoindre dans les jours à venir ? » L’air sérieux, je hoche légèrement la tête. « C’est difficile à dire… » Je laisse planer le suspense quelques secondes avant de porter le coup fatal. « C’est que j’ai écrit à Aodhan, tu vois ? Je lui ai dit que je venais te retrouver en Australie et que c’était donc le moment ou jamais pour lui de choisir entre nous deux. Malheureusement, je n’ai pas encore eu de réponse. » Enfin, je laisse un sourire taquin s’étirer sur mes lèvres. Il se transforme rapidement en petit rire devant l’expression qui se peint sur le visage de Jaimie et je suis flattée qu’elle semble m’avoir crue l’espace de quelques secondes avant de comprendre que je disais n’importe quoi. Reprenant mon sérieux, je précise : « Non, personne ne viendra me rejoindre et personne ne m’attend non plus. Je vivais seule à Vancouver. » Ma révélation ne se teinte d’aucune émotion particulière. Ni honte, ni déception, ni gêne. J’ai accepté depuis longtemps que j’ai du mal à laisser entrer les gens dans ma vie. Ça ne m’a pas empêchée de nouer quelques amitiés sincères, quoiqu’un peu superficielles, et je suis certaine de pouvoir recommencer ici.

« Par contre, j’ai… j’ai décidé d’essayer de retrouver Terrence. » Je n’avais pas prévu de dire ça. Les mots m’ont échappé, impatients d’enfin trouver le refuge d’une oreille attentive. Le cœur serré, je pince les lèvres en manipulant nerveusement la cuillère à thé que j’ai déballée de sa serviette. Je ne doute pas un instant que mon ton morne a trahi le résultat douloureux de ma recherche, mais j’obéis quand même à l’impulsion étrange qui me pousse à me confier comme autrefois, quand je racontais à ma cousine mes secrets d’adulte, assise à ses côtés sur la branche de notre arbre fétiche. « J’ai réussi d’ailleurs. Il a été adopté par une famille de Galway. » Je n’ai pas la force de repousser le souvenir désagréable de son ton glacial et des mots durs qu’il a crachés dans le combiné, rendus encore plus coupants par son accent de l’ouest, si différent du mien, comme pour souligner que nos chemins se sont séparés et ne se retrouveront jamais. « Ça ne l’intéresse pas du tout d’apprendre à me connaître. Il m’a demandé de ne plus jamais chercher à le contacter. » Même si je le comprends de m’en vouloir, il y a encore de la colère qui gronde en moi. Il ne me doit rien, c’est vrai, mais j’aurais aimé qu’il me donne au moins la chance de m’expliquer. J’aurais voulu lui dire que je n’avais pas eu le choix de l’abandonner, lui raconter la culpabilité brûlante qui me ronge les entrailles encore à ce jour. J’aurais voulu lui dire que je n’ai jamais cessé de l’aimer, même sans le connaître. Peut-être que je suis bel et bien aussi égoïste qu’il semblait le penser. Après tout, c’est pour faire taire ma propre douleur que j’ai cherché à le retrouver, sans m’attarder une seconde sur la sienne. Le pire dans tout ça, c’est que je ne connais pas les raisons qui ont motivé cette réaction brutale. J’espère qu’il ne veut pas entendre parler de moi parce que la famille qui l’adopté a su l’aimer à sa juste valeur, comme j’aurais tellement voulu le faire, et qu’il n’a juste pas besoin de connaître l’histoire tragique de sa mère biologique. En même temps, je crains que sa colère ne cache un portrait plus sombre, un dans lequel il n’a jamais été heureux et nourrit depuis l’enfance son ressentiment envers moi. M’extirpant finalement de mes réflexions douloureuse, je m’éclaircis la gorge en laissant tomber la cuillère devant moi aussi brusquement que si elle m’avait brûlée. « Je pense que j’aurais préféré ne jamais lui parler. J’ai autant de questions qu’avant, mais maintenant je sais qu’elles resteront toujours sans réponse. » J’affronte enfin le regard de ma cousine. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je ne sais même pas vraiment pourquoi j’ai décidé de me confier ainsi. Peut-être que j’espère que Jaimie pensera que ce sont ces retrouvailles manquées qui m’ont poussée à venir la retrouver de l’autre côté de la planète et ainsi camoufler encore un peu mon lourd secret. Ou peut-être avais-je simplement besoin de laisser entrevoir à quelqu’un la blessure intolérable que Terrence m’a infligée en refusant de m’écouter.
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Jameson Winters
Jameson Winters
la louve raffinée
la louve raffinée
  
Présent
ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide.
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TW IN RP : par mp si besoin ♡
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP
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RPs EN COURS : Christmasbin [7]

I'm a survivor :
ATELIER I ↟ Robin
ATELIER II ↟ Asher
ATELIER III ↟ Eve

Flashbacks ↠

Réalités alternatives ↠ Zombinson [d.z.]Witchy Robin [d.f.]

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



RPs EN ATTENTE : Phoenix [3]Phoenix [f.b.]Bosie me boy [d.f.]Slasher Night ↟ Robin [4] ↟ Robin & Phoenix [r.a. 2]

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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyDim 13 Juin 2021 - 1:53

the long road home
Laoise & jameson
Though strange lay the waters from which they emerged, they glanced upon the world as their own. Yet deep in their hearts they knew all the time that this was not really their home. So they rode on. Yes, they rode on.
Sans prévenir, un pli soucieux se creuse entre ses sourcils d’encre. « C’est difficile à dire… » Attentive, je me penche par-dessus la table pour mieux accueillir l’information qu’elle souhaite me partager, persuadée que ses prochains mots me donneront un indice sur les raisons de son déménagement impromptu. « C’est que j’ai écrit à Aodhan, tu vois ? » Mon cœur sursaute imperceptiblement à la mention de ce prénom que je ne m’attendais pas à entendre. Car ces douces syllabes me rattachent à une autre époque, une relation nimbée de douceur et de distance, entre deux êtres qui s’étaient trouvés car ils étaient incapables d’aimer. Lorsqu’Aodhan et moi avions commencé à nous rapprocher, je savais qu’une autre femme hantait ses pensées. Un fantôme qui l’empêcherait d’être entièrement avec moi. Plutôt que de me déranger, cette affection mesurée me rassurait, maintenait entre nous une pudeur émotionnelle sans laquelle je n’aurais probablement jamais baissé ma garde. Ce n’est que quelques années plus tard, en discutant de nos aventures avec ma cousine, que ces parcelles de vie supposément distinctes se sont rassemblées sous nos yeux pour reconstituer un seul et même portrait. L’Aodhan passionné de sa jeunesse n’était autre que le jeune professeur incapable de s’embraser à mes côtés. Et Laoise l’amour perdu qu’il n’était jamais parvenu à oublier. Je nous revoie encore ce soir-là, fouillant frénétiquement parmi ses photos et échangeant à toute vitesse chaque bribe d’information qui nous revenait dans l’espoir de réfuter l’hypothèse qui ne faisait malheureusement que se renforcer à chacune de nos paroles. Si tous les irlandais ne portaient pas le même prénom, aussi… Je me répète pour tenter de repousser la pointe de culpabilité qui ne manque pas de se raviver dès que son image revient flotter entre nous. « Je lui ai dit que je venais te retrouver en Australie et que c’était donc le moment ou jamais pour lui de choisir entre nous deux. Malheureusement, je n’ai pas encore eu de réponse. » Alors forcément, quand elle me balance cette nouvelle sans préavis, j’encaisse en silence et sourcille à peine, feint un intérêt poli tandis que mon visage perd quelques couleurs. Son flegme m’impressionne, en revanche. Laoise me semble bien plus en paix avec l’idée d’avoir partagé un homme avec sa petite cousine que le soir où la vérité nous était malencontreusement apparue. Je me souviens encore sa nuque rigide et le tremblement discret de ses mains alors qu’elle nous versait une généreuse rasade de whisky pour faire passer la nouvelle. Ce n’est qu’en découvrant le sourire taquin qui étire désormais ses lèvres sombres que je comprends sa ruse. La fourbe me fait marcher ! Je me détends aussitôt, laisse échapper un petit rire indulgent et trempe mes lèvres dans mon smoothie en lui jetant un coup d’œil en biais, l’air de dire : Tu m’as bien eue ! « Non, personne ne viendra me rejoindre et personne ne m’attend non plus. Je vivais seule à Vancouver. » L’éclat rieur qui luisait au fond de ses yeux ne se reflète pas dans sa voix. Factuel, détaché, son ton ressemble davantage à celui que j’emploie qu’au parler vivant que j’associe à ma cousine. Intriguée, je ne peux m’empêcher de scruter son visage, à la recherche d’un indice, mais je n’en trouve aucun. J’ignore si sa solitude lui pesait, ou bien si elle vivait son célibat comme une liberté. S’il s’agit d’un choix conscient ou d’une situation qu’elle subit comme une fatalité. Je l’ignore, mais je ne peux chasser l’impression troublante de me trouver face à un miroir, le genre qui cherche à vous renvoyer des vérités que vous n’avez absolument pas envie de creuser. A croire que c’est inscrit dans notre sang qu’on ne peut garder un homme plus de quelques années…

« Par contre, j’ai… j’ai décidé d’essayer de retrouver Terrence. » Sa remarque m’arrache à mes pensées, tout comme l’hésitation que je perçois dans sa voix. D’un coup, Laoise me semble plus douce. Plus vulnérable, aussi. C’est dans son regard qui fuit le mien, dans la fébrilité de ses longs doigts fins qui s’enroulent autour de la cuillère à thé comme pour en étudier les contours. Et d’un coup je la revois adolescente, les yeux remplis d’une douleur trop profonde, trop coupante pour une jeune fille de son âge. Sa voix distante, comme un écho. Sa respiration courte, étouffée. Et le tremblement qui agitait son corps et que je faisais semblant de ne pas remarquer. Parce qu’on était au cœur de l’été et que je ne voulais pas l’embarrasser. Je me souviens la colère que j’essayais de contenir, mes dents plantées dans ma langue et mon attention dirigée sur mes pensées qui défilaient à toute allure, dans l’espoir d’y trouver les mots qui pourraient l’apaiser. Dépassée par les évènements, j’aurais tout donné pour être plus âgée et plus sage, afin de pouvoir lui apporter le soutien qu’elle méritait. Force est de constater que certaines marques de réconfort semblent encore maladroite ou déplacées, et si l’âge m’a appris une chose, c’est que certaines blessures seront toujours difficiles à aborder. « Qu’est-ce que ça a donné ? » Je demande d’une voix douce, pour l’encourager à continuer et lui signifier qu’elle trouvera toujours en moi une oreille attentive pour l’écouter. « J’ai réussi d’ailleurs. Il a été adopté par une famille de Galway. » Mes yeux s’agrandissent de surprise et mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je retiens toutefois le sourire qui cherche à étirer mes lèvres tout comme la plaisanterie qui danse sur le bout de ma langue. Galway ? C’est génial, ton fils est presque un vrai irlandais. Imagine s’il s’était retrouvé à Belfast… Car je vois aisément à son regard hanté que ces retrouvailles si longtemps rêvées ne s’étaient pas déroulées comme elle l’avait espéré. « Ça ne l’intéresse pas du tout d’apprendre à me connaître. Il m’a demandé de ne plus jamais chercher à le contacter. » Il y a dans la voix de Laoise un abattement qui m’inquiète. Une lassitude qui me rappelle l’époque maudite où ses parents étaient parvenus à la briser assez fort pour la convaincre d’épouser un homme pour qui elle n’avait pas le moindre sentiment. Mais pour qui il se prend ce petit con ? Ma langue retrouve la morsure désagréable de mes dents, plantées dans la chair rosée où je mâche ma colère pour éviter de la libérer au pire moment. Je sais que je devrais me montrer plus compréhensive envers cet enfant qui n’a jamais connu sa mère et n’a donc aucun moyen de savoir ce qu’elle a traversé afin de pouvoir le mettre au monde, ou la place qu’il a occupé dans ses pensées et dans sa vie depuis l’instant où elle a dû se résoudre à l’abandonner. N’empêche qu’il le saurait s’il avait eu la curiosité de demander… Voilà qui est bien représentatif de sa génération mollassonne après tout. La moindre blessure les remplit de ressentiments derrière lesquels ils se cachent pour justifier leurs choix douteux et tempérament inconsistant. Ils n’ont pas connu l’Irlande d’il y a quarante ans, n’ont aucune idée de ce que leurs mères ont subi avant que le pays ne se mette au goût du jour et décide de rattraper bon grès mal grès les us et coutumes déjà répandues dans le reste de l’Europe. Mais je m’emballe, je sais. « Je suis désolée. » Je souffle après avoir pris une petite inspiration pour me calmer. Incapable de rester en place, ma main traverse la table pour se poser sur celle de Laoise que je presse doucement pour lui apporter mon soutien.

Elle se racle la gorge, laisse retomber sa cuillère, braque un regard perdu sur mon visage, comme si elle espérait y trouver les réponses que son fils lui a refusées. « Je pense que j’aurais préféré ne jamais lui parler. J’ai autant de questions qu’avant, mais maintenant je sais qu’elles resteront toujours sans réponse. » Son désespoir me brise le cœur, sa peine m’est presque insupportable et comme il y a de cela des années, je me prends à souhaiter détenir le pouvoir de la faire disparaître. Hélas, je dois me rendre à l’évidence : ni mes paroles, ni mes actions ne pourront lui offrir la guérison dont elle a encore si désespérément besoin. Autrefois, j’ai cru que seul le temps pourrait venir à bout de son chagrin. Et si je comprends désormais qu’il n’en est rien, je refuse de la laisser s’enfoncer dans ce puit de torture noirci à l’encre de ses questionnements vains. « Pas forcément. » Je tempère alors en repoussant mon smoothie du bout des doigts. « Tu sais qu’il a vécu en Irlande, qu’il a été adopté et… qu’il est aussi poli que sa grand-tante. » Je mine de résumer avec un petit sourire en coin dans l’espoir de la faire sourire et lui changer les idées. Il me semble que ça marche un tout petit peu, et l’espace d’un instant, je peux presque voir la silhouette hautaine et intransigeante de ma mère flotter entre nous comme un souvenir partagé. Un sourire aux lèvres, je secoue distraitement la tête pour la chasser. N’empêche que je respire plus librement maintenant que la lumière pétille à nouveau dans son regard vert forêt. « Plus sérieusement, j’imagine que ça a dû lui faire un sacré choc de te voir débarquer s’il ne s’y attendait pas. Il a quoi, 29 ans ? Pour cette génération c’est comme s’il était encore adolescent… » Je roule vaguement des yeux, visiblement pas encore lassée de tacler mentalement ces grands ados qui semblent vouloir repousser à tout prix le moment de déployer leurs ailes. La faute à la flopée de candidats que j’ai vu défiler la veille et dont le manque évident d’ambition n’avait d’égale que leur prétention salariale. « Laisse le se calmer et se faire à l’idée. Je ne serais pas surprise qu’il finisse par vouloir te recontacter. » J’ignore si mes paroles la rassurent en lui laissant entrevoir un espoir auquel se raccrocher. Je l’espère, même si j’ai douloureusement conscience de ne pas vouloir lui faire miroiter un avenir qui pourrait n’être fait que de fumée. « Et s’il ne le fait pas, et bien… c’est sa perte. » Je ne peux m’empêcher d’ajouter pour tempérer, mon ton légèrement plus tranchant, comme ravi de pouvoir enfin exprimer le reflet de cette colère qui ne m’a pas encore tout à fait quittée. « Tu es une femme fantastique, Laoise. N’importe quel môme serait fier de t’avoir pour mère. » Je lui assure avec toute la conviction de la gamine qui a passé son enfance à admirer sa grande cousine, mais aussi le recul de la femme qui l’a vu évoluer, traverser les pires épreuves et toujours se relever, utiliser sa souffrance pour aider les autres à s’en délivrer en l’immortalisant sur une toile de lin. « Que tu l’aies élevé ou non ne change rien. Tu mérites d’être connue, et ton histoire aussi. S’il ne veut pas l’entendre et préfère se cacher derrière celle qu’il s’est inventée, c’est son problème. » On s’accroche tous aux scénarios qu’on s’invente pour donner un sens à notre souffrance ou dessiner les contours de notre identité. Je suis bien placée pour le savoir. L’ennui, c’est quand on se barricade derrière ces lignes rigides qui refusent de s’étioler pour laisser passer les brides d’une réalité vécue par un autre. « Ça ne rend pas ce que tu as vécu moins vrai, ni tes sentiments moins valides. » Elle devrait en rester là. Continuer sur son chemin sans espérer recroiser le sien. Cesser de tripoter cette plaie qui ne pourra pas guérir si elle y revient à chaque tournant. Elle devrait avancer, ouai. Et pourtant je ne laisse pas le sujet s’échapper, incapable de contenir ma curiosité alors qu’une question s’écoule de mes lèvres avant même que j’ai le temps de la conscientiser. « Il avait l’air comment ? » Car il m’arrive aussi de penser à cet enfant que je n’ai jamais rencontré bien qu’il aurait dû faire partie de ma famille. J’ai tenté d’imaginer son visage, sa personnalité. Serait-il espiègle et fort comme sa mère ou bien doux et rêveur comme son père ? Aurait-il les yeux bleus ou bien verts ? Passerait-il ses weekends à travailler pour préparer son avenir ou traverserait-il le pays pour le brûler le temps d’une nuit, au rythme d’un concert ? Je ne me suis jamais autorisée à apporter la moindre réponse à ces questions. Contrairement à Laoise, j’ai la chance de pouvoir les laisser ouvertes sans qu’elles ne m’étranglent de regrets. Mais je ne peux nier que par moments, il m’arrive de me demander comment nous aurions tous évolués si elle avait pu le garder.
(c) DΛNDELION


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyDim 15 Aoû 2021 - 4:57

the long road home
Je pars à l’autre bout du monde, sentir le vent et les marées, voir si la terre est vraiment ronde et qui habite de l’autre côté. Je partirai à l’aventure avec mon bagage de courage. Je m’enfouirai dans la nature, aux limites des grands naufrages. Il n’y aura jamais de montagnes qui oseraient défier mon chemin. Et même si mon soleil s’éloigne, je survivrai à mon destin. • Je pars à l'autre bout du monde, Beyries.

La main chaude de Jaimie qui s’est posée sur la mienne me réconforte comme une couverture douce en hiver et me confirme une fois de plus que j’ai fait le bon choix en décidant de venir à la rencontre de mes racines à l’autre bout du monde. Quant à la lueur combattive qui s’est allumée d’un coup dans ses prunelles vertes, elle me rappelle d’autres confidences, lointaines mais toujours aussi vives dans ma mémoire, qui avaient elles aussi réveillé la soif de justice de ma cousine, bien avant qu’elle n’apprenne à la manier comme la plus redoutable des armes en cour. « Pas forcément, » me contredit-elle d’une voix qui, si elle me semble ferme et implacable, n’en est pas moins dépourvue de douceur. « Tu sais qu’il a vécu en Irlande, qu’il a été adopté et… qu’il est aussi poli que sa grand-tante. » La chute me surprend assez pour m’arracher l’ombre d’un sourire. Le pire, c’est qu’elle a raison. Les personnalités désagréables ne manquent pas dans notre famille, à commencer par sa mère et mon père. Je suppose qu’il n’y a au fond rien de surprenant à ce que mon fils ait hérité lui aussi d’un caractère de chien. D’autant plus que son père n’est pas totalement innocent non plus dans cette histoire. Sous ses airs doux et placides de poète, il cachait aussi une dose de vive impulsivité qui avait le don de me charmer à l’époque. « Plus sérieusement, j’imagine que ça a dû lui faire un sacré choc de te voir débarquer s’il ne s’y attendait pas. Il a quoi, 29 ans ? Pour cette génération, c’est comme s’il était encore adolescent… » Je pince les lèvres pour retenir le rire qui enfle malgré moi dans ma gorge devant l’intransigeance de ma cousine envers les jeunes d’aujourd’hui. Pourtant, elle marque encore une fois un point. Non pas en ce qui concerne l’immaturité émotionnelle de la nouvelle génération, mais sur la surprise qu’a dû ressentir Terrence en me voyant débarquer sans préavis dans sa vie. J’aurais sans doute dû m’y prendre autrement. Lui écrire et lui laisser le temps de digérer ses émotions avant d’avoir à me répondre. Sauf que j’avais les pensées embrouillées et la peur à l’estomac à cause de la maladie. Je craignais de ne pas avoir le temps, de ne pas avoir reçu sa réponse avant qu’il soit trop tard, et j’ai agi sur un coup de tête. « Laisse le se calmer et se faire à l’idée. Je ne serais pas surprise qu’il finisse par vouloir te recontacter. » Toutes pleines de sens et d’une sagesse que j’ai fini par associer avec ma cousine, les paroles de Jaimie font écho à mes pensées et allument un semblant d’espoir dans mon cœur. Je n’ose trop m’y accrocher, par crainte d’être déçue, mais je le laisse s’installer et rougeoyer doucement en attendant la prochaine brise qui ravivera les flammes. « Et s’il ne le fait pas, et bien… c’est sa perte. » À nouveau, sa voix vibre d’une certitude qui ne laisse place à aucune contradiction. « Tu es une femme fantastique, Laoise. N’importe quel môme serait fier de t’avoir pour mère. » Profondément touchée par ses mots et, surtout, par la sincérité que j’entends dans sa voix, je sens à nouveau les larmes me monter aux yeux. Lorsque je pense à l’enfant qu’on m’a arraché et à celui que j’ai été tellement soulagée de perdre, les doutes me rongent de l’intérieur. J’ai si souvent douté de même pouvoir me considérer véritablement comme une mère que ça me secoue d’entendre Jaimie affirmer aussi clairement que je pourrais l’être. Et que je le suis, aussi. « Que tu l’aies élevé ou non ne change rien. Tu mérites d’être connue, et ton histoire aussi. S’il ne veut pas l’entendre et préfère se cacher derrière celle qu’il s’est inventée, c’est son problème. » Pour ravaler les émotions qui menacent de déborder, je referme mes doigts autour de ma tasse brûlante et la porte à mes lèvres. Comme ma mère avait l’habitude de le faire, je tente de trouver un peu de sérénité au fond de mon thé. En vieillissant, je nous trouve de plus en plus de petites ressemblances qui, autrefois, m’auraient sûrement fait suer. Aujourd’hui, je les accepte avec un brin de philosophie : on a beau courir, on revient toujours à ses origines. Parfois, je puise même un certain réconfort dans cette familiarité. « Ça ne rend pas ce que tu as vécu moins vrai, ni tes sentiments moins valides. » Incertaine, je hoche timidement la tête. J’ai envie de me laisser convaincre. Rationnellement, je sais qu’elle a raison. Cependant, je ne suis vraiment pas douée pour accepter que j’ai le droit de ressentir ce que je ressens. Le visage de Jaimie se teinte d’une certaine curiosité que je lui connais bien. « Il avait l’air comment ? » C’est plus fort que moi, ma bouche se tord en une moue pleine d’amertume et d’une pointe de tristesse. « En colère. » Je détourne les yeux. En contrebas de notre terrasse, les vagues continuent à lécher sans relâche la côte. Les sourcils froncés, je puise dans le souvenir de notre trop brève conversation les impressions que j’ai pu recueillir dans sa voix, ses intonations, ses mots. « Intelligent, comme son père. Mais moins rêveur, plus terre à terre. » Derrière la froideur de son ton, j’ai perçu un réalisme pratique qui me ressemble plus qu’à l’idéalisme à tout épreuve d’Aodhan. Les mains un peu tremblantes, je sors mon téléphone de mon petit sac à main. Je n’ai pas à chercher très longtemps dans mes photos pour repérer celle qui m’intéresse. Le portable serré contre ma poitrine, je relève les yeux vers Jaimie et lui offre un petit sourire vacillant. « Il aime lire et peindre, comme moi. Et s’habiller comme un artiste excentrique. » Ça, je l’ai découvert au cours de mes recherches, quand j’ai finalement eu le courage de chercher son nom sur les réseaux sociaux pour essayer de le retracer. Fascinée, j’avais catalogué dans ma mémoire tous les petits détails sur sa vie et sa personnalité que j’avais réussi à découvrir, émue lorsqu’ils semblaient coïncider avec mon essence ou celle de mon amour de jeunesse. « Il a la bouche d’Aodhan. Son sourire aussi. » Lentement, comme si j’offrais un cadeau précieux et fragile à Jaimie, je lui tends mon portable, intensément consciente de n’avoir jusqu’alors partagé ce trésor avec personne d’autre. « Mais il a mes yeux. » Sur l’écran, Terrence sourit en regardant l’objectif. Son regard remplit de tristesse me transperce pourtant le cœur chaque fois que je vois la photo. « J’ai voulu la supprimer après lui avoir parlé, mais j’en ai été incapable. » Parce que pour la première fois, j’avais enfin entre les mains une photo de mon fils, une preuve qu’il existe ailleurs que dans ma souffrance, ce qu’on m’a toujours refusé alors que j’aurais tout donné pour avoir un souvenir concret de lui.
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Jameson Winters
Jameson Winters
la louve raffinée
la louve raffinée
  
Présent
ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide.
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ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP
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RPs EN COURS : Christmasbin [7]

I'm a survivor :
ATELIER I ↟ Robin
ATELIER II ↟ Asher
ATELIER III ↟ Eve

Flashbacks ↠

Réalités alternatives ↠ Zombinson [d.z.]Witchy Robin [d.f.]

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



RPs EN ATTENTE : Phoenix [3]Phoenix [f.b.]Bosie me boy [d.f.]Slasher Night ↟ Robin [4] ↟ Robin & Phoenix [r.a. 2]

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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyJeu 9 Sep 2021 - 2:31

the long road home
Laoise & jameson
Though strange lay the waters from which they emerged, they glanced upon the world as their own. Yet deep in their hearts they knew all the time that this was not really their home. So they rode on. Yes, they rode on.
Les sourcils de Laoise se froncent et ses lèvres prennent un pli amer. « En colère. » Touchée Je songe en tâchant de retenir le sourire qui cherche à se dessiner sur les miennes. Pendant un instant, je crois qu’elle va en rester là, laisser ses impressions dériver au fil des vagues qui retiennent désormais son attention. Mais sa voix s’élève. Songeuse, empreinte d’une affection prudente. « Intelligent, comme son père. Mais moins rêveur, plus terre à terre. » Ça, c’est vraiment pas une mauvaise chose. Je ne peux m’empêcher de penser, un peu amusée par sa description, curieuse d’en apprendre davantage. Car je me souviens l’intelligence d’Aodhan, et comme elle m’a immédiatement captivée. Il avait tant de mondes dans sa tête au sein desquels j’adorais me perdre pour quelques minutes ou quelques heures. Le problème, c’est qu’il avait du mal à me rejoindre dans la réalité, me laissant porter seule les détails conventionnels ou pratiques de notre relation que j’avais en horreur et qui demandaient pourtant à être honoré. C’est cela, plus que notre impossibilité à brûler dans le feu de la passion, qui m’avait poussée à y mettre un terme. Toute à mes réflexions, je ne prête guère attention au mouvement de ma cousine avant de la voir serrer son téléphone contre son cœur, comme on le ferait avec une peluche, ou un enfant. Lorsque que ses grands yeux verts rencontrent les miens, je suis touchée par la vulnérabilité qui miroite comme un rayon timide sur un marais d’émotions complexes. « Il aime lire et peindre, comme moi. Et s’habiller comme un artiste excentrique. » Cette fois, je ne fais rien pour lutter contre le sourire attendri qui s’étire tout naturellement sur mes lèvres, ravie que sans l’avoir jamais rencontrée, Terrence partage tant de choses avec sa mère. « Tu veux dire qu’il n’est ni avocat, ni médecin ? Voilà qui aurait encore fait un drame familial. » Je pense surtout à mes parents en réalité, ainsi qu’à nos grands-parents communs. J’ignore si les mêmes injonctions de réussite sociale pesaient sur Laoise ou si l’éducation religieuse qu’elle a reçu la prédestinait surtout à un métier dit honnête, comme institutrice ou gérante d’une petite épicerie. Sans se laisser perturber par ma plaisanterie, elle me décrit son visage, le regard si flou que je vois presque ses traits se dessiner dans ses souvenirs. « Il a la bouche d’Aodhan. Son sourire aussi. » C’est alors qu’elle me tend son téléphone, avec presque autant de précaution que s’il s’agissait d’une relique sacrée. Je le récupère dans ma paume aussi délicatement que possible en tâchant d’ignorer ma gorge qui se noue à ses mots : « Mais il a mes yeux. » Je comprends l’image que je vais découvrir sur l’écran avant même de la regarder. Refoulant les émotions déconcertantes qui tournoient dans ma poitrine, je baisse les yeux vers les pixels et remarque aussitôt son sourire entre timidité et arrogance, ses grands yeux verts un peu hantés, ses bouclettes sombres et sauvages. « J’ai voulu la supprimer après lui avoir parlé, mais j’en ai été incapable. » Sa confession me tire de mes pensées. Etonnée, je m’arrache à son portrait pour la dévisager. Elle me semble si fragile tout d’un coup, comme l’adolescente qu’elle avait été ce soir de juillet où elle m’avait avoué ce qu’elle venait de traverser, assise au bord d’une falaise, seule devant l’immensité de la nature Canadienne. « Il a tes yeux ouai. Et tes sourcils. Tu ne peux vraiment pas le renier. »  Je lance avec un sourire amusé pour tenter de lui changer les idées, l’arracher à cette spirale de questionnement dans laquelle je sais d’expérience qu’il ne faut jamais s’enfoncer. L’éclat d’amusement qui s’allume dans son regard me fait croire que j’ai réussi. « Tu devrais la garder, c’est une jolie photo. » Je lui conseille alors comme s’il s’agissait d’une évidence. Je laisse mon regard s’imprégner quelques instants encore de cet inconnu qui n’en est pas vraiment un, de ce neveu qui ne sera surement jamais le mien, et puis je lui rends l’appareil avec une pointe de tendresse. « Et puis… je te connais. L’effacer de ton téléphone n’effacera pas son image de ta mémoire. Autant que tu l’apprivoises, même si les choses ne se sont pas passées exactement comme tu l’espérais. Ça reste ton fils. »

Au cours de notre discussion, nos verres et nos assiettes se sont vidées, et déjà un serveur apparaît pour récupérer nos assiettes et les remplacer par un petit billet blanc pudiquement enveloppé dans un écrin de bois. Je ne regarde le prix que pour calculer le pourboire que je lui dois avant d’y glisser ma carte. En attendant son retour, je jette un bref coup d’œil à mon emploi du temps. « Je vais bientôt devoir faire un saut au bureau, mais avant je tiens à te faire découvrir la maison. » Excitée à l’idée de lui présenter son nouveau lieu de vie pour les prochains jours, j’attrape mon sac et me relève juste à temps pour récupérer mon moyen de paiement et les remerciements du serveur. Après quelques incontournables politesses, nous reprenons la route. Un petit sourire aux lèvres, je guette son expression captivée alors que nous nous enfonçons dans la jungle d’immeubles en verre surplombant l’océan, traversons les ruelles plus créatives succédant au centre d’affaires, suivons la côte un instant avant de nous diriger vers les terres et les quartiers résidentiels calmes, aisés et aérés où j’ai décidé de m’établir. Arrivées dans ma rue, j’appuie sur une petite télécommande pour déclencher l’ouverture automatique de mon portail. Son imposante surface noire glisse délicatement sur le côté pour nous laisser passer. Nous remontons une jolie allée blanche bordée de nature, traversons de grands massifs verdoyants bien entretenus par ma jardinière, dépassons quelques trous amoureusement creusés par Freyja, jusqu’à ce que la maison apparaisse derrière les derniers feuillages. Blanche, moderne, dotée d’immenses baies vitrées lui permettant de s’intégrer à la nature, en contraste parfait avec le palace traditionnel que mes parents avaient acheté lors de leur arrivée au Canada. « Et voilà… » Je lance avec un petit sourire en coupant le moteur. Je réalise que je ne sais pas ce que les gens sont censés dire lorsqu’ils accueillent un membre de leur famille chez eux, alors je ne dis rien, lui adresse plutôt un regard encourageant avant de m’extraire du véhicule. « Viens, je vais te faire un petit tour. » J’appuie ma clef contre la serrure pour déverrouiller la porte et la conduis dans l’entrée, où je retire mes chaussures et glisse mes pieds dans mes chaussons. « Ceux-là sont pour toi. » De l’index, je désigne une paire de savates minutieusement placées face au tapis, piquées dans le dernier hôtel où j’ai séjourné et que je garde spécifiquement pour ce genre d’occasions. « Sur la droite tu as le salon, quelques bouquins et la télévision… j’ai Netflix depuis pas longtemps mais pour une raison que j'ignore, ça ne marche qu’une fois sur deux. » Une histoire de canal audio que Martin m’a déjà expliquée cents fois mais que je semble déterminée à oublier. « En face tu as la cuisine, n’hésite pas à piocher dans le frigo si tu veux te faire quelque chose à manger… tout est pour nous sauf la viande dans le bac à légumes. Ça, c’est pour Freyja. » J’explique avec un sourire en désignant le portrait de ma semi louve accroché dans l’entrée. « Je l’ai mise chez sa dog-sitter pour la journée, nous ferons les présentations ce soir. Elle est adorable mais un peu farouche, alors il y a tout un petit rituel à respecter. » Sans que je puisse l’en empêcher, ma voix se remplit d’affection comme chaque fois que je parle d’elle et de ses spécificités. Mais, consciente que ma cousine a surement d’autres préoccupations, je retourne dans le couloir et bifurque à gauche. « La chambre d’amis est ici, j’ai fait changer les draps hier et mettre des serviettes ainsi qu’un peignoir propre dans ta salle de bain. » Tout en parlant, je traverse la chambre et ouvre une porte sur le côté, allumant la lumière pour lui laisser prendre connaissance des lieux. « Je ne savais pas trop ce dont tu aurais besoin alors je t’ai descendu un gel douche, un shampoing et de la crème solaire… n’oublie pas d’en mettre, ça tape un peu fort, même quand c’est couvert. » Je ne peux m’empêcher de conseiller en me rappelant ma propre arrivée et quand j’ai compris que nous n’étions définitivement plus en Irlande ni au Canada. « Ma chambre et mon bureau sont à l’étage. Il y a une autre chambre inoccupée mais elle est un peu plus petite et n’a qu’une salle de douche, alors j’ai pensé que tu serais mieux ici. N’hésite pas à la visiter si tu en as envie. » Sans m’arrêter, je retourne dans le couloir et jette un coup d’œil à ma montre. « Je vais devoir filer, mais j'ai sorti un guide de Brisbane sur la table du salon, au cas où tu voudrais le feuilleter. » J’explique avec un soupir satisfait, bientôt coupé par la brusque réalisation que j’oublie quelque chose d’important. « Oh ! Et voici un double des clefs au cas où tu as envie de sortir te dégourdir les jambes. » Appuyant mes paroles, je dépose le petit boiter dans le creux de sa main. « Je crois que c'est tout... mais n'hésite pas à me passer un coup de fil si tu as la moindre question. » Je laisse un sourire étirer mes lèvres tandis que je promène mes yeux alentours comme pour accrocher un détail qui me rappellerait une information importante à lui communiquer. Ne trouvant pas, je reporte mon attention sur ma cousine, persuadée qu'elle doit avoir hâte de me voir filer pour se reposer de son voyage. « Je sais que ce n’est pas très personnel mais… j’espère que tu t’y sentiras chez toi. » Je conclus alors en l’attirant contre ma poitrine pour l’étreindre encore une fois avant de retourner à mes avocats.        
(c) DΛNDELION


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

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Message(#)the long road home ♡ jameson EmptyMer 3 Nov 2021 - 22:42

the long road home
Je pars à l’autre bout du monde, sentir le vent et les marées, voir si la terre est vraiment ronde et qui habite de l’autre côté. Je partirai à l’aventure avec mon bagage de courage. Je m’enfouirai dans la nature, aux limites des grands naufrages. Il n’y aura jamais de montagnes qui oseraient défier mon chemin. Et même si mon soleil s’éloigne, je survivrai à mon destin. • Je pars à l'autre bout du monde, Beyries.

Son regard vert tourné vers le petit écran que je lui ai tendu, Jaimie observe la photo avec tout le sérieux que j’attendais d’elle dans les circonstances. J’ai l’impression de voir se refléter dans ses iris sombres les traits de mon fils perdu. Jusqu’à ce qu’elle relève brusquement la tête pour me regarder. « Il a tes yeux ouai. Et tes sourcils. Tu ne peux vraiment pas le renier. » C’est plus fort que moi, je n’arrive pas à résister au sourire amusé qui lui éclaire le visage. Je le lui retourne, incline légèrement la tête en pinçant les lèvres. « Dans ce cas, je suppose que c’est une bonne chose qu’il l’a fait pour moi. » Ma cousine n’est pas dupe, cependant, et elle voit clair dans mon jeu. Sans se laisser déconcentrer par ma fausse nonchalance et ma pointe d’humour noir, elle se contente de m’offrir un conseil des plus pragmatiques : « Tu devrais la garder, c’est une jolie photo. » J’ai pourtant l’impression qu’elle m’offre bien plus, comme si elle me donnait en même temps la permission de garder en moi sans essayer de le chasser ce mélange d’émotions qui me serre les tripes et qui, dans nos familles, auraient sûrement été nié et refoulé comme si ça pouvait étouffer complètement son existence. Elle balaie l’écran du regard une dernière fois, puis me rend mon portable. « Et puis… je te connais. L’effacer de ton téléphone n’effacera pas son image de ta mémoire. » Une moue coupable aux lèvres, je suis bien forcée d’acquiescer d’un hochement de tête résigné. « Tu ne crois pas si bien dire, je le peins à répétition depuis que j’ai vu sa photo. » Je suppose que c’est moins glauque que les toiles représentant des poupons sans visage que je dessinais à l’époque où j’ignorais tout de mon fils, mais ce n’est pas idéal non plus. « Autant que tu l’apprivoises, même si les choses ne se sont pas passées exactement comme tu l’espérais. Ça reste ton fils. » Elle a raison, évidemment. Une fois de plus, je me demande comme j’ai pu me passer de sa présence dans ma vie pendant toutes ces années. Mais plutôt que de lui révéler que je n’ai plus l’intention de la laisser filer maintenant qu’on s’est retrouvées, je m’adosse à ma chaise en repoussant mon assiette presque vide, un sourire taquin au coin des lèvres. « Dis-moi, quand es-tu devenue aussi sage? À une autre époque, c’est moi qui te donnais tous ces conseils. » Bien sûr, ces années qui nous séparaient ne l’ont jamais empêchée de me faire part de ses opinions quand j’étais trop perdue pour savoir où me tourner. Et même quand ses suggestions étaient improbables, nourries par l’impétuosité de sa jeunesse et d’une forte personnalité, je ressentais invariablement toute l’affection loyale qui se cachait derrière et alors je me sentais mieux.

Sans un mot, le serveur glisse l’addition devant Jaimie avant de repartir avec nos assiettes. Je devine que son choix a sans doute été influencé par la robe bien coupée de ma cousine qui contraste violemment avec la jupe bohème multicolore et la veste en jean élimée que j’ai enfilés à l’aéroport de Los Angeles pour être confortable dans l’avion et ne pas mourir de chaleur dans mes vêtements d’hiver en arrivant à Brisbane. Je ne proteste pas en voyant ma cousine insérer sa carte dans l’écrin. C’est plus simple ainsi, et puis j’aurai l’occasion de l’inviter à mon tour une fois que je serai mieux installée. Pendant qu’elle lit quelque chose d’un œil concentré sur son portable, je laisse mon regard errer à nouveau vers le paysage magnifique qu’il me tarde de découvrir d’un peu plus près, jusqu’à ce que la voix de Jaimie me ramène à elle. « Je vais bientôt devoir faire un saut au bureau, mais avant je tiens à te faire découvrir la maison. » J’accepte d’un hochement de tête enthousiaste. Non seulement j’ai hâte de me poser dans un endroit qui n’est ni un moyen de transport trop étroit, ni un resto bondé, j’ai hâte de pouvoir me détendre un peu et d’avoir le temps de me faire à l’idée que je suis bel et bien rendue à l’autre bout du monde. Rapidement, nous retrouvons la voiture de Jaimie et nous reprenons la route. Alors que la Tesla gruge les kilomètres qui nous séparent de notre destination, à l’horizon la ville se rapproche de nous. Lorsque les immeubles cristallins nous avalent, je me redresse dans mon siège pour mieux voir le décor qui s’étend par-delà les vitres teintées de l’habitacle. À première vue, Brisbane aussi semble mélanger admirablement bien nature et civilisation, même si l’ambiance générale est bien différente de celle de Vancouver.

Peu à peu, le paysage s’éclaircit. Les gratte-ciels restent derrière nous, remplacés par des demeures cossues construites sur des terrains de taille respectable agrémentés de verdure. Jaimie finit par ralentir devant une maison bloquée par un portail sombre. En le regardant coulisser sans un bruit, je dois me mordre l’intérieur de la joue pour me retenir de ricaner en voyant le luxe duquel elle aime manifestement toujours s’entourer. Si la villa moderne qui se révèle à nous alors que nous remontons l’allée fleurie est décidément plus moderne que le manoir sombre que ses parents avaient acheté en Colombie-Britannique, il s’en dégage la même impression de grandeur qui va si bien aux Winters et que ma famille n’a jamais réussi à égaler… ou même à tolérer. Je n’ai pas besoin d’imaginer la scène pour entendre les commentaires désobligeants que mon père ne pourrait s’empêcher de laisser échapper s’il se trouvait avec nous, comme il l’avait fait il y a toutes ces années dans le confort de la suite luxueuse que sa belle-famille lui avait gracieusement prêtée. Même à l’époque je l’avais trouvé particulièrement désagréable – pour ne pas dire carrément ingrat – de critiquer ainsi le mode de vie de ses hôtes qui avaient gentiment accepté de le recevoir. Jaimie gare la voiture devant la maison et me tire de mes pensées en soufflant : « Et voilà… » Je descends de la voiture et balaie les environs du regard tandis que ma cousine propose de me faire visiter. « C’est magnifique, » que je lui dis en lui emboîtant le pas et en tirant ma valise derrière moi. Parce que ça l’est : le jardin est fleuri et bien entretenu, décoré de buissons taillés avec expertise et d’immenses arbres au feuillage vert et luxuriant. À l’intérieur, le décor qui nous accueille est tout aussi magnifique, bien qu’un poil trop moderne et impersonnel pour moi. Je troque sagement mes ballerines pour la paire de savates que Jaimie m’offre d’un index autoritaire, heureuse de découvrir une semelle moelleuse pour accueillir mes pieds fatigués. « Sur la droite tu as le salon, quelques bouquins et la télévision… j’ai Netflix depuis pas longtemps mais pour une raison que j’ignore, ça ne marche qu’une fois sur deux. » J’observe la grande pièce ensoleillée et les fauteuils invitants, me réjouis d’avance à l’idée de pouvoir m’installer là et lire l’un des bouquins que j’aurai piqué dans sa bibliothèque pour combattre le décalage horaire qui perturbera sûrement mon sommeil dans les jours à venir. Jaimie attire ensuite mon attention sur la grande cuisine moderne, meublée d’appareils derniers cris qui donnent envie de préparer un repas élaboré. J’ai pourtant l’impression qu’ils sont rarement utilisés à leur plein potentiel et je me dis que je pourrai peut-être leur donner vie pendant mon séjour. J’acquiesce alors que Jaimie m’explique que la viande n’est pas pour nous, pas très surprise après notre arrêt dans ce charmant resto végane d’apprendre que ma cousine soit toujours adepte d’une diète sans produits d’origine animale. Je suis toutefois un peu plus surprise d’apprendre que je vais cohabiter avec une bête un peu farouche. « J’ai hâte de la rencontrer, » dis-je, tout de même curieuse de découvrir la nature de ce petit rituel à respecter.

Elle m’entraîne ensuite dans le couloir et s’arrête devant une grande chambre décorée dans des teintes de gris apaisantes. Le lit me paraît immensément invitant, mais pas autant que la salle de bain, avec sa douche luxueuse et son énorme baignoire dans laquelle j’ai bien envie de m’étaler pour détendre mes muscles alourdis par le voyage. « C’est parfait, Jaimie. Je vais être très bien. » Je lui offre un petit sourire, touchée de constater qu’elle a mis tant d’efforts pour m’accueillir… même si je ne peux m’empêcher d’être amusée aussi qu’elle ait chargé son personnel adoré de changer mes draps et d’accrocher le peignoir moelleux dans la salle de bain. Décidément, je n’ai pas l’habitude de ce genre de luxe. J’en oublie même parfois que c’est dans ce genre d’environnement qu’elle a grandi, même si l’énorme cocon moderne qu’elle s’est tissé ici est mille fois plus accueillant que le manoir de ses parents. Je la suis dans le couloir tandis qu’elle retourne vers le hall d’entrée. « Je vais devoir filer, mais j’ai sorti un guide de Brisbane sur la table du salon, au cas où tu voudrais le feuilleter. » Je n’ai pas particulièrement l’intention de m’y intéresser tout de suite, mais ça me sera certainement utile plus tard, une fois la fatigue passée. « Oh! » s’exclame-t-elle en faisant volte-face. « Et voici un double des clefs au cas où tu as envie de sortir te dégourdir les jambes. » Je la remercie en refermant les doigts sur la petite boîte noire qu’elle a déposée dans ma main. « Je crois que c’est tout… mais n’hésite pas à me passer un coup de fil si tu as la moindre question. » Après une courte pause durant laquelle elle balaie le décor paisible du regard, elle ajoute : « Je sais que ce n’est pas très personnel mais… j’espère que tu t’y sentiras chez toi. » Elle me tend les bras et je me laisse attirer de bon gré, heureuse de retrouver son étreinte solide et familière tout à la fois. « Ne t’inquiète pas, c’est parfait. » Je m’écarte, laisse reposer mes mains sur ses épaules une seconde pour les presser affectueusement. « Tu peux retourner sauver le monde, je me sens déjà très bien ici. Et je me sentirai encore mieux après avoir testé la baignoire, » que j’ajoute avec un coup d’œil espiègle. Je la salue une dernière fois tandis qu’elle sort de la villa, puis je verrouille derrière elle. Je remonte ensuite le couloir jusqu’à ma chambre, où je me laisse tomber sur le rebord du lit. Je ne résiste pas longtemps à l’envie de tomber à la renverse sur les couvertures. Je découvre avec bonheur un matelas moelleux comme un nuage et qui me donne envie de ne jamais me relever. Les yeux rivés sur le plafond blanc, je plonge à l’intérieur de moi-même, m’avance timidement vers la boule de douce affection qui me réchauffe la poitrine depuis mon arrivée en sol australien. Il y avait bien longtemps – trop, même – que je n’avais pas ressenti cet appel du sang et, plus que jamais, je suis convaincue d’avoir fait le bon choix en le suivant.
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