| | | (#)Mar 23 Juin 2020 - 23:13 | |
| On est de nouveau en concurrence avec un autre dup. Et devinez qui ça peut bien être ? Jack et Colleen. Je n’ai rien contre Colleen en particulier, je ne la connais pas, je ne sais même pas si je lui ai déjà adressé la parole, mais Jack. Il est vraiment toujours dans les parages. Est ce que c’est normal ça ? Je suis sûre que non. Il doit me suivre c’est pas possible autrement. J’essaie de l’ignorer, mais c’est tellement compliqué. Je me pose tellement de question. Nos dernières conversations n’étaient pas plaisantes. Je suis restée sur un j’étais comme ça parce que. Je n’ai pas eu la suite, et j’essaie de ne pas y penser. Mais je déteste les questions sans réponses. Mais je me tais, je le traite seulement comme un autre concurrent. Un de plus. Je ne voulais pas en arriver là, et pourtant. Je ne sais pas ce qu’il pense de moi, de toutes ces activités qu’on a fait ensemble, et je sais encore moins ce qu’il pense de ce qu’il a vu dans la chambre il y a quelques jours. Ce qui me fait enrager encore plus, c’est que je suis persuadée qu’il s’en fout complètement.
On trouve une voiture mais elle n’est pas assez grande pour que tout le monde entre. Par chance, l’ami du conducteur était juste derrière lui. On se retrouve donc à avoir le choix entre deux voitures et j’essaie de m’engouffrer dans la deuxième sans que personne ne me voit. Je préfère encore être seule que partager une voiture avec Jack. Personne ne sait, et c’est bien comme ça. Un caméraman monte avec nous, et j’entends la porte arrière claquer. “Y’avait encore de la place dans la voiture d’à côté.” Je sais que c’est lui, ne me demandez pas comment, je le sais juste. “Pourquoi c’est pas Martin qui est venu ?” Et la voiture démarre sans qu’aucun de nous deux ne puisse sortir de là. On est piégé, pour je ne sais combien de temps.
@Jack Epstein |
| | | | (#)Sam 27 Juin 2020 - 15:32 | |
| Il se retrouve toujours dans les situations les plus compliquées Jack, quand il est un homme qui recherche éternellement le simple. Il est toujours celui qui se noie à travers les complications et les drames, quand de base il ne recherchait que le doux et le facile. C'est à croire que depuis le début de l'aventure et même depuis le début de sa vie, qu'il les attire, qu'il les cherche, qu'il les aime finalement, les noeuds impossibles à défaire. Comme s'il avait toujours passé son existence à clamer être un long fleuve tranquille mais qu'au final ce qui le motivait à retrouver son rythme de croisière au ralenti c'était la possibilité de se pousser à bout, de se retrouver dans ses retranchements la seconde d'avant.
Et Ivy représentait le compliqué, en plusieurs niveaux, plusieurs chapitres, plusieurs itérations et plusieurs versions barbouillées au marqueur pour accentuer les tensions. Il est perdu quand elle est dans les parages la blonde, parce qu'elle vise un point pour en changer la seconde d'après, parce qu'elle est inégale et difficile d'approche une seconde, parce qu'elle est vraie et belle et authentique la suivante. Lui qui ne capte rien de base, lui qui est éternellement aveugle l'est encore plus quand elle est dans les parages, le devient un peu moins quand elle le laisse voir à travers ses cassures, pour mieux l'être à nouveau quand elle érige des barricades et des barrières entre eux qui prennent en ampleur au fur et à mesure des jours passés à se côtoyer.
Il aurait dû suivre Colleen mais le voilà qui s'est installé à côté de la Waterhouse, et que pour ça aussi, sans surprise aucune, elle est hargneuse. “Y’avait encore de la place dans la voiture d’à côté.” « Je sais. » “Pourquoi c’est pas Martin qui est venu ?” « Parce que je lui ai dit d'aller dans la voiture d'à-côté. »
Silence de mort, comme toujours entre eux. Ses yeux à Jack, ils fixent la nuque d'Ivy, la brûlent sûrement. Son silence l'enragera, mais au moins, ainsi il risque de lui laisser toute la place dont elle a besoin pour parler, pour hurler, ou même pour le détester. Comme d'habitude. |
| | | | (#)Sam 27 Juin 2020 - 18:16 | |
| Je regarde la route, j’ai bien fait de me mettre à l’avant. Le caméraman se retrouve derrière et je préfère encore me concentrer sur le conducteur plutôt que sur Jack qui lui aussi est assis à l’arrière. Pourquoi ? Il n’y répond jamais aux pourquois. Moi non plus. Je ne sais rien, à part que tout ça me fait bien trop réfléchir et ce n’est pas normal. Pourquoi je m’embarque encore dans un truc pareil ? Je pourrais toujours dire que c’était pour faire enrager Elise, pour blesser n’importe qui autour de moi, et peut-être que si je le répète assez souvent j’arriverai à m’en convaincre. Mais lui il sait que c’est faux. Il n’y a juste pas de mot à placer sur tout ça, c’était bien quand Elise n’était pas là, quand même sans mots on pouvait faire absolument tout ce qu’on voulait sans se poser de questions.
Il sait. Très bien. Il sait toujours tout Jack pourtant il ne voit jamais rien. Y’a un pourquoi qui sort et il répond avec un parce que qui n’a aucun sens. L’art d’éviter, Jack est certainement la deuxième personne qui le maîtrise le mieux. Il a pris la place de Martin. Et moi j’attends de savoir ce qu’il veut Jack, même si lui ne le sait sûrement pas encore. Je me tais, je me mords la joue pour ne pas lui hurler dessus une nouvelle fois. Je sens ses yeux qui brûle ma peau quand j’évite de toutes mes forces de me tourner vers lui. “Je sais que tu me fixe.” Je le sens, et je lui lance un regard à travers le rétroviseur. Ses yeux qui ne quittent pas vraiment ma nuque. Il est difficile à suivre Jack, bien plus difficile à cerner que ce qu’on aurait pu imaginer. “Tu veux que je l’oblige à sortir ma belle ?” Le regard du conducteur est bien moins rassurant que celui de Jack dans mon cou. Sa main qui enserre ma cuisse non plus. Main que j’enlève après une seule seconde en lançant des éclairs avec mes yeux. “Non.” et je me concentre de nouveau sur la route, comme je le peux. “T’es sûre ?” Je tourne ma tête vers le conducteur qui est vraiment bizarre, mais je ne me tourne pas vers Jack. Je gère la situation.
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| | | | (#)Lun 29 Juin 2020 - 0:46 | |
| “Je sais que tu me fixe.” « Tu triches, tu regardes dans le rétroviseur. »
Elle triche et lui avec, quand il ne baisse pas le regard malgré le coup d'oeil furieux qu'elle lui renvoie dans le miroir. Il la cherche, la Ivy qui l'amuse et surtout qui s'amuse. Il l'a perdue entre deux confidences et entre trois secrets, il s'en veut d'avoir tout gâché sans savoir par où il a commencé à faire foirer. Et pourtant la voiture elle, elle commence son trajet, non sans que le conducteur se la joue territoriale. Epstein ne manque une seule seconde de son jeu de merdeux, lui qui est déjà échaudé par un comportement du genre qu'un autre conducteur attrapé en bord de route avait eu envers Colleen. À ce moment-là, ils s'en étaient tous sortis sans heurts, il est naïf au point de croire qu'aujourd'hui le scénario ne fera que se répéter de la plus simpliste des manières.
“Tu veux que je l’oblige à sortir ma belle ?” “Non.” il est posé, le canadien, il l'est et il attend, il patiente. La main que l'autre inquisiteur perd sur la cuisse d'Ivy et celle qu'elle dégaine pour le dégager n'est qu'un exemple de plus de son calme olympien. Il tient, même s'il surveille. Sa silhouette est immobile, même si elle tangue bien plus vers l'avant de l'habitacle que vers l'arrière malgré sa ceinture qu'il a bouclée à la va vite. “T’es sûre ?”
« Lâche-la. » seule brèche qui glisse contre ses lèvres, dessinées en une ligne fine et aussi catégorique que sa demande. Il troque les prunelles acérées d'Ivy alors que ce sont celles du conducteur qu'il attrape au vol dans le rétroviseur. “Elle peut parler d'elle-même.” le gars revient errer, il flotte et ses doigts de bâtard avec. La patience de Jack n'avait pas prévu que lui-même enserre le bras du conducteur de sa propre paume dédiée. « Lâche-la. » qu'il répète, visiblement moins zen. |
| | | | (#)Lun 29 Juin 2020 - 15:46 | |
| Je joue avec mes doigts pour ne pas me mettre à hurler sur Jack. Pourquoi il est venu là ? C’est une mauvaise idée, c’est pas le bon moment. Il a toujours le mauvais timing et les mauvais mots. Bien sûr que je regarde dans le rétroviseur, mais j’ai senti son regard sur ma nuque il y a de longues minutes déjà. “Je triche pas y’avait pas de règles” il aime les jeux sans règles Jack, c’est ce qu’on faisait avant Elise, et plutôt crever que d’avouer que j’aurais préféré ne pas la voir pour qu’on continue comme ça. Je ne saurais pas ce qu’il veut parce que lui ne le sait pas, et parce que moi je n’ai rien à répondre. Si la Williams n’avait pas débarqué ça n’aurait pas été aussi compliqué. En attendant, je ne suis pas le deuxième choix, je passe première et je ne supporte pas l’idée qu’il ait préféré la voir elle plutôt que moi.
Il faut que ce type se mêle, et que Jack joue au protecteur à l’arrière. Comme s’il en avait quelque chose à foutre de moi ou de tout ça. Ma voix est aussi froide que la sienne quand mes yeux ne lâchent pas l’inconnu et que je parle à Jack. “Je gère.” J’ai pas besoin d’aide, je peux me gérer toute seule, comme je l’ai toujours fait. Je n’ai jamais eu besoin de lui, c’était une erreur, une fois, quand j’y ai cru pendant plus d’une minute. La main de Jack attrape celle du conducteur avant que je ne puisse m’en charger après un deuxième contact non voulu. Qu’est ce qu’il ne comprend pas quand je lui dis que je gère ? Je tourne mon visage vers lui, toujours aussi furieuse. “Fais pas comme si t’en avais quelque chose à foutre Jack.” mes pupilles transpercent les siennes. Il ne dira rien, il ne dit jamais rien Jack et c’est bien ça le problème. Je pourrais coucher avec la terre entière qu’il ne trouverait rien à redire, alors qu’il me laisse faire, qu’il me laisser gérer et qu’il s’occupe de ses affaires en reposant le dos contre son siège.
En réalité je ne gère pas grand chose, j’attends et le regard vitreux du conducteur s’attarde sur mon corps alors que sa main n’a même pas encore été libérée de l’emprise de Jack. “Je veux sortir de cette voiture.” Je m’en fout de où on est, de où sont Colleen et Martin. Et les dents du conducteur se resserrent alors que ma respiration s'accélère un peu plus au fil des secondes.
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| | | | (#)Mer 1 Juil 2020 - 17:02 | |
| L'ambiance est à couper au couteau ; pourtant il ne le remarque pas de suite Jack, grand aveugle, grand idiot. “Je triche pas y’avait pas de règles” « Okay. » il cède et concède, il a appris qu'avec Ivy la meilleure technique restait toujours celle de lui laisser toute la place dont elle a besoin. Lui, il prend ce qu'on lui donne, et pour le moment elle lui donne des litres et des kilos de rage à foison. Passons.
“Je gère.” « Okay. »
Elle gère pas du tout, mais pour ça encore, il lui laisse le bénéfice du doute. Il est patient Epstein, il attendra qu'elle s'ouvre d'elle-même, toute seule, quand elle le voudra. Il n'est pas là pour jouer à la figure d'autorité avec elle, ni pour la forcer à parler ou à faire quoi que ce soit contre son gré. Contrairement au conducteur, qui lui prend ses aises, la cuisse de Waterhouse qu'il investit et les lèvres que Jack pince d'office. “Fais pas comme si t’en avais quelque chose à foutre Jack.” « Fais pas comme si tu pensais que j'ai rien à foutre de rien, Ivy. » il soupire pas d'exaspération pour elle mais bien pour le numéro ridicule du gars qu'il a de plus en plus envie d'immobiliser de lui-même compte tenu du fait qu'Ivy semble scotchée sur son siège sans surprise aucune. “Je veux sortir de cette voiture.”
Sa main se resserre, ses doigts avec. Le chauffeur lui, il capte rien, il comprend pas, et Jack ne le lâche pas non plus. Il entendrait même les os craquer sous sa poigne. Ça fonctionne à deux ce genre de connerie. « Tu l'as entendue? » il est pas violent pourtant, il l'est jamais vraiment sauf exceptions. « Arrête la voiture. » mais quand ses ongles entrent dans la chair du gars et que le dit gars, lui, il fait qu'appuyer sur l'accélérateur, il peut pas faire de promesses sur la suite Jack. « Arrête maintenant. » |
| | | | (#)Mer 1 Juil 2020 - 18:31 | |
| J’ai pas triché parce que c’est pas un jeu. J’ai pas triché parce qu’il a pas dit que j’avais pas le droit de regarder dans le rétroviseur. Il continue d’accepter tout ce que je dis, il ne s’énerve pas, il ne me contredit pas. C’est presque frustrant, j’ai l’impression que je pourrais dire ou faire n’importe quoi il aurait toujours aussi peu de réaction. Est ce que ça veut dire qu’il s’en fout vraiment ? Ou est ce que c’est juste Jack ? Est ce qu’il est toujours comme ça ? Je me pose des tas de questions et pourtant mes lèvres restent closes. On n’a pas de réponses à donner maintenant, certainement pas ici devant ce chauffeur étrange, ni devant la caméra. C’est typiquement le genre de trucs que je ne veux pas faire devant une caméra. Parce que c’est trop personnel, et c’est plus moi. Ce n’est plus celle que je veux montrer à toute l’Australie.
La main du type s’égare sur ma cuisse à plusieurs reprises. Je l’enlève, puis c’est Jack qui s’en charge. Mes yeux envoient des éclairs dans sa direction, il a pas le droit de dire ça. “Je le pense pas j’en suis sûre.” Il a pas répondu à mes questions, il a rien dit pour Martin. C’est tout ce qu’il faut comme preuves non ? Mais je croise le regard lubrique du conducteur, lui qui ne semble pas du tout motivé à arrêter de faire quoi que ce soit. Pourquoi il continue ? Pourquoi il n’arrête pas cette voiture au moment où je le demande ? Je respire plus vite et mon pouls bat dans mes oreilles. J’essaie de respirer calmement mais c’est compliqué. J’ai juste envie de m’échapper de cet endroit bien trop petit. Il y a trop de choses, il y a Jack, et ce type immonde. Mais je dois avouer que je suis contente qu’il soit venu au dernier moment, qu’il n’ait pas décidé de me laisser me calmer seule dans la deuxième voiture.
Le ton de Jack change, il est celui qui prend le dessus sur la situation, c’est lui qui gère parce que je suis incapable de dire un seul mot. Je garde les yeux rivés sur la route quand la voiture ralenti. Je souffle enfin, on va s’arrêter, et je me fiche de savoir si Martin et Colleen l’ont vu. C’est désert, et je vais regretter de ne plus avoir de voiture dans quelques minutes ou heures. Mais on a pas le choix. J’ai mis une seconde de trop à réagir quand la voiture s’est arrêtée, quelques secondes de plus que Jack qui est déjà à l’extérieur avec le caméraman. La porte arrière n’a pas encore claquée que j’allais ouvrir ma porte. Avant que le conducteur agrippe mon poignet et que j’entende le clic de la fermeture des portes. “Non.” Là je panique, mais je continue de réfléchir. J’ai vu le bouton, il faut juste que je dégage mon poignet. La voiture redémarre et je tourne la tête vers la fenêtre. Je rassemble toute la force que j’ai pour le frapper au visage avant de rappuyer sur le bouton pour ouvrir ma porte et sortir de là. J’ai l’impression de respirer de nouveau quand je m’éloigne le plus possible alors que je suis à quelques mètres de Jack et du caméraman. J’ai besoin d’espace.
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| | | | (#)Jeu 2 Juil 2020 - 0:23 | |
| Son silence à elle le fait bien évidemment paniquer lui. Une Ivy qui ne dit plus rien lui serre le coeur, lui qui semble aux yeux de la blonde ne pas en avoir tout court en l'instant. “Je le pense pas j’en suis sûre.” il voudrait qu'elle arrête de parler en signaux de fumée et en sous-entendus voilés, il voudrait qu'elle lui dise clairement ce qui va pas, il voudrait qu'elle assume pour une fois. Il voudrait bien des choses Jack, et elle tout ce qu'elle veut, c'est que l'autre connard la lâche.
Ce qu'il fait pas.
Peu importe le nombre de “Non.” qu'elle articule, le chauffeur a tout un catalogue d'attaques, elles qui passent principalement par le bout de ses cinq doigts bien trop ancrés à la cuisse de la blonde pour que Jack fasse autre chose que de le retenir dans l'élan. Il retient rien le canadien, il sert à rien et il fout rien et il rage, ça il le fait et ça il le fait bien.
Elle sort. Le mec ralentit, et elle sort, et la voiture s'immobilise, et il fait chaud, dans l'habitacle. Elle est sortie qu'il se répète encore et toujours, c'est au moins ça de bon, c'est au moins ça de gagné, quand lui, il a un tout autre plan. Il manoeuvre pour se décaler à gauche, Jack le ramène à droite. Sa main a depuis longtemps - une fraction de seconde à peine mais qui semble valoir des milliards de minutes - quitté son poignet pour enserrer sa nuque maintenant. Il est dos à lui, il voit que son crâne dégarni et son regard mi-effrayé mi-enragé dans le rétroviseur, c'est parfait ça, c'est exactement ce dont il a besoin. Quand il le ramène un peu plus, qu'il contracte et force, qu'il lui tape l'arrière de la tête sur l'appui-siège, et qu'il lui pousse ensuite son visage de bâtard sur le volant.
Une expiration, une seule, et il sort de la voiture à son tour. Il a retrouvé un rythme de respiration normal Jack, il souffle doucement. Son visage s'est presque décontracté, sa mâchoire est presque relâchée. Presque. Y'a une branche ou un bout de bois ou un truc qui traîne là, en bordure de la route. Il se penche lentement, l'attrape au ralenti, inspire aussi. Le bois crisse sur le sol de terre folle, il le remonte qu'à la dernière minute pour en effleurer la peinture de la bagnole qu'il ne voit plus, plus vraiment. Ses yeux ne cherchent même pas Ivy, lui qui l'a repérée à quelques pas, en sécurité, ou du moins seule et c'est déjà sa priorité.
Non, mensonge. Sa priorité là, c'est de pas recevoir des éclats de pare-brise à la gueule. Sa priorité là, c'est de pas manquer la vitre non plus, ni le capot, ni rien, absolument rien de la devanture de l'automobile qu'il cogne de toutes ses forces dans le plus grand et le plus violent des silences. Chaque coup est suivi d'un plus fort, chaque attaque est encore plus bruyante, et il en vient à faire éclater non seulement la vitre mais aussi son bout de bois au point où il grimpe sur la voiture, et achève le reste du pied. Un coup, un autre, toujours muet, toujours mutin. Son air est absent, il est ailleurs Jack, complètement.
Puis, il est avec elle. Sa voix se casse à son intention, sa silhouette à lui se confond à la sienne à elle. « Il s'en va. » le moteur gronde et confirme, il grogne, comme fort probablement son conducteur. Qu'il remercie les saints d'être encore en vie, lui. « On reste ici aussi longtemps que tu veux. » il a peur de lui-même Jack, alors il ne se dédie qu'à Ivy. |
| | | | (#)Jeu 2 Juil 2020 - 1:04 | |
| Je ne comprends pas ce qu’il vient de se passer. J’ai du mal à respirer, c’est comme si le temps ne passait plus quand la seule chose que je sens c’est la brûlure que laisse la main du type sur ma cuisse. Mes yeux ne lâchent pas la route quand je panique, quand je ne sais plus quoi faire parce qu’il ne veut pas arrêter cette putain de voiture. Je l’ai demandé pourtant, et Jack a insisté. La voiture a ralenti, elle a redémarré, et je suis enfin sortie. Il fait trop chaud, ma tête tourne et je m’éloigne. Je ne sais pas où je suis ni où je vais, la seule chose que je sais c’est que je veux partir loin de cette voiture.
Je ne cherche pas Jack, je sais que lui aussi est sorti. Il doit penser que je suis mieux seule et il a sûrement raison. Le soleil tape encore bien trop fort, pourquoi tout est insupportable aujourd’hui ? Je ne vois pas d’autre voiture que celle dans laquelle on était. On a sûrement perdu Martin et Colleen, et ça va être un nouveau problème à gérer. Je tremble encore, je passe régulièrement ma main sur ma cuisse comme si ça allait enlever cette affreuse sensation de sa main toujours sur ma peau. Mais je n’ai pas le temps de réfléchir que j’entends le bruit du verre qui se brise. Je me retourne après avoir sursauté. C’est Jack. Comment ça c’est Jack ? Je fronce les sourcils à de nombreuses reprises en essayant de réaliser ce qu’il se passe. Je ne pensais pas qu’il était capable de faire une chose pareille, depuis quand Jack Epstein était violent ? Il ne me fait pas peur, j’ai déjà vu, ou même fait bien pire. Je suis étonnée, je me demande pourquoi, qu’est ce qu’il se passe dans sa tête pour qu’il ait envie de détruire cette voiture avec un morceau de bois ?
Qu’est ce que je peux bien faire à part attendre qu’il se soit défoulé sur cette voiture ? Rien du tout. Alors je le regarde, les yeux remplis d’incompréhension. Je fais signe de la main au caméraman pour qu’il reste éloigné de la scène. Il vaut mieux qu’il ne se mette pas au milieu, Jack, je peux le gérer. Il se rapproche de moi et je ne le repousse pas. Je suis encore en état de choc, certainement au bord de la crise de panique depuis qu’on est sorti de cette voiture. Je le laisse venir à moi, et je le laisse m’enlacer sans rien dire. “Je sais.” Il part, il s’éloigne et je n’entends même pas la voiture s’éloigner de nous. “Merci.” Je ne remercie jamais personne, mais là, je n’ai pas d’autre choix. Si on est sorti de cette voiture c’est uniquement grâce à lui, et je n’ai absolument pas envie de bouger d’un seul centimètre.
Mes yeux remontent vers les siens, j’analyse son visage, vérifie qu’il n’y ait pas de marques ou de morceaux de verres. “Pourquoi tu…” Je secoue la tête en captant son regard. Il a autant besoin de se calmer que moi. Sa respiration est aussi saccadée que la mienne, et ses yeux sont aussi bien trop voilés à mon goût. Alors je tente de le rassurer moi aussi. “Il est parti.” Il est loin maintenant. Mes mains remontent sur ses joues pour pas qu’il ne puisse fuir mon regard. “Pourquoi tu t’es mis dans un état pareil ?” Là il ne peut pas éviter la question, personne ne va venir nous appeler, même le caméraman préfère rester loin de nous. “J’ai rien.” Et pourtant mes mains tremblent et mon corps se souvient encore.
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| | | | (#)Jeu 2 Juil 2020 - 1:48 | |
| Le temps s'est arrêté et avec lui il ramène toute l'étendue des diverses possibilités suggérant d'avoir le privilège de mettre la main sur une voiture pour poursuivre l'aventure. Martin et Colleen sont ailleurs à récolter leurs pépites d'or, leur caméraman erre, ambiant, et eux ils ont du mal à respirer, du mal à exister.
L'aventure est bien loin, dans les pensées d'Epstein, quand il rejoint Ivy en bord de chemin.
“Je sais.” elle sait quoi? Comment? Pourquoi? Il comprend plus rien Jack, quand il l'étouffe sûrement, resserrant l'étreinte, soufflant au passage. La seconde d'après, il noie ses mèches à elle de son expiration à lui. “Merci.” il dit rien, il se complait dans un silence qu'ils méritent autant l'un que l'autre. Elle est secouée il l'est autant, c'est con, c'est ridicule, c'est chiant et ça faisait pas partie du plan, quand bien même il n'y a jamais de plan qui tienne de toute façon. “Pourquoi tu…” sa tête se détourne, il veut juste voir la putain de voiture se tirer, il veut juste voir le bolide amoché partir à défaut d'avoir amoché son conducteur assez à son goût. “Il est parti.” les mains d'Ivy sont glacées, sa peau de Jack, elle est brûlante. “Pourquoi tu t’es mis dans un état pareil ?” pour quelle raison, tu penses? “J’ai rien.”
Elle dit qu'elle a rien, et elle ment, elle ment comme elle respire. Elle ravale difficilement, ses inspirations piquent contre son visage contrit. « Parce que t'as dit que tu voulais qu'il arrête. » le premier degré qu'il étale, qu'il décale, un mot à la fois. « Il a pas arrêté. » il explique stupidement Epstein, il aligne les faits comme tant de pièces, de morceaux, d'éclats et de bribes qui forment un tout bien trop évident pour en faire une réponse décente. Ses paumes ont depuis un moment rejoint celles d'Ivy calées sur son visage à lui, ses doigts se sont glissés entre ceux de la blonde. « Tu trembles. » et lui aussi. |
| | | | (#)Jeu 2 Juil 2020 - 2:39 | |
| Il me rejoint. Je l’aurais viré quelques minutes plus tôt, je lui aurais lancé mon regard le plus noir, j’aurais hurlé pour qu’il s’éloigne. Mais là non, là je ne peux plus faire ça après tout ce qu’il s’est passé. Une seule voiture, un conducteur, et j’ai l’impression que c’est l’apocalypse. Jack a vrillé, il a montré une partie de lui que je ne connaissais pas encore. Je n’ai pas peur, mais je me pose des questions, je m’inquiète aussi un peu. Je n’ai pas l’impression que ce soit lui de réagir comme ça, et j’ai encore du mal à me dire qu’il a pu faire ça pour moi. Il s’en fiche non ? C’est bien ce que je me dis, ce que je lui dis depuis des jours déjà. Il est impossible à suivre Epstein, je ne sais pas où j’en suis, je ne sais toujours pas ce qu’il veut. Parce que si lui ne voit rien moi je ne lis pas entre ses lignes à lui.
Il est comme un lion en cage le brun, il ne capte pas mes yeux tant que je ne le force pas à le faire. Je me retrouve à devoir le calmer, à l’aider à passer à autre chose quand je sens que si ce type était resté plus longtemps il serait retourné s’attaquer à lui ou à sa voiture. Je pose des questions que je ne devrais pas poser parce que le monde entier comprend ce qu’il se passe quand je ne fais que mettre des œillères en disant que je ne comprends pas. Il fait pareil de son côté, et c’est peut-être mieux comme ça.
Encore une fois c’est pas la bonne réponse, c’est pas les mots que je veux entendre. C’est pas ce qu’il pense, il explique juste quelques faits. Je sais ce que j’ai demandé, je sais aussi ce que le conducteur a fait. Parles Jack, pourquoi tu parles pas ? “Il a arrêté maintenant.” Moi aussi j’énumère des faits et uniquement des faits. Je tente de me convaincre autant que j’essaie de le rassurer. Il est parti, et on ne le reverra plus, c’est tout ce que je dois me répéter dans ma tête pour que mes mains arrêtent de trembler, pour que mes jambes me maintiennent debout encore de longues minutes. “Je…” gérais. Je gérais pas du tout et il le sait. Je les aurais dit ces mots si ça avait été quelqu’un d’autre que lui devant moi. Il me connait, bien plus que ce que je ne peux l’imaginer. Mes mains restent ancrées sur ses joues quand il enlace ses doigts aux miens et que ce contact et bien plus rassurant que je veux bien me l’avouer. “Toi aussi.” Je ne souris pas mais mes yeux ne lâchent pas les siens. Pourquoi Jack ? Et je me tais parce que je sais que même si je repose la question je n’aurais toujours pas la bonne réponse. Pourtant ils seraient utiles ces mots même si nos yeux parlent pour nous. “On va rester là encore un peu.” Parce qu’il n’est pas calmé, parce qu’on tremble encore, parce qu’on est bien dans cette bulle pendant encore de longues minutes.
Et je ne l’embrasse pas parce que c’est pas le moment, parce que la dernière fois que je l’ai fait il n’a pas réagi comme je l’attendais, ni comme je le voulais. Alors je reste stoïque face à lui et mes doigts s’enlacent un peu plus aux siens si c’est possible. “Je tremble moins là.” Après quelques minutes, parce qu’elle est rassurante cette étreinte.
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| | | | (#)Lun 6 Juil 2020 - 21:00 | |
| Son souffle à lui est court, celui d'Ivy se casse, halète. C'est la fatigue c'est la rage, c'est la colère c'est l'angoisse, c'est l'accumulation des dernières journées et des dernières altercations qui parlent, quand eux deux ne parlent plus. “Toi aussi.” elle remarque qu'il tremble et ça l'enrage Jack, lui qui resserre ses doigts un peu plus fort entre ceux de la blonde, lui qui se retient lorsqu'il la sent tressaillir à peine, impassible jusqu'à preuve du contraire. “On va rester là encore un peu.”
Et elle lit dans ses pensées. Elle comprend ce qui se trame, elle comprend et elle le laisse respirer, lui qui n'en finit plus d'expirer, blessé, cassé. Il ne se reconnaît plus alors qu'il imagine la tête du conducteur à la place du pare-brise, il ne se reconnait plus quand il a simplement envie de le retrouver, de chercher sa plaque à travers les rues poussièreuses du bled perdu au milieu de l'enfer où ils seront foutus de passer la nuit eux qui ont apparemment perdus leur binômes au passage. “Je tremble moins là.”
Il sait pas y'a combien de temps qui vient de passer, entre ici et maintenant, entre y'a une heure et une vie. « Pas encore. » il répond à rien et à tout à la fois le gars, quand il ancre ses pieds au sol et ses lèvres sur le front de la gamine qui n'en a que le nom, qui est bien plus forte qu'on pourrait penser elle qui le supporte depuis de longues ondées paniquées. « On y retourne pas encore. » il précise sachant qu'elle risque de le lui demander, Epstein qui est aveugle pour tout le reste mais qui commence à capter que ses demies-phrases et que ses conversations muettes ne concernent pas que lui - elle aussi.
« La plage me manque. » qu'il finit par souffler, se dégageant dans un autre soupir. Lui qui constate que la nuit est en train de tomber et que la seule possibilité avant d'accueillir le prochain jour reste de dormir à la belle étoile au beau milieu d'un champ, lui-même au beau milieu de nulle part. |
| | | | (#)Lun 13 Juil 2020 - 17:14 | |
| Je reste dans ses bras, je ne sais pas qui je cherche à rassurer le plus dans cette histoire, lui ou moi. Mais il est certainement dans un pire état que le mien. Je ne sais pas ce qu’il a, pourquoi ça a explosé aussi rapidement et aussi fort. Je ne pose pas de questions parce que c’est tout sauf le bon moment. Je ne reconnais ni sa voix, ni son regard, ni sa respiration. Jamais je n’aurais pensé le voir dans cet état, jamais je n’aurais cru qu’il soit capable de faire un truc pareil. Jack le calme et la sagesse incarnée, Jack qui n’a jamais haussé le ton quand moi je me mettais à lui hurler dessus. Jack que je tiens dans mes bras comme si sa vie ou la mienne en dépendait. C’est peut-être le cas d’ailleurs.
Mes doigts restent enlacés entre les siens quand il resserre un peu l’étreinte, on tremble ensemble, on se calme tous les deux. Les heures, les jours ? Passent. Et je n’ai toujours pas envie de bouger ou de retourner dans une quelconque voiture. Je ne sais toujours pas où on est, et je n’ai pas envie de le savoir. Mes pensées ne vont que vers Jack et son état, même plus vers mon coéquipier que j’ai perdu il y a quelques heures déjà. Les lèvres de Jack se posent sur mon front et je ferme les yeux quelques secondes. Pas encore, ces mots qui ont beaucoup de sens quand il les prononce pour eux. Entre eux. “Je sais.” Parce que je ne comptais pas bouger de là pour faire quoi que ce soit.
La nuit tombe et la plage lui manque. "Une nuit sur la plage ça aurait été mieux." La plage me manque aussi mais tout est désert autour de nous. Je déteste cette idée qu’on va devoir dormir ici, à la belle étoile. Mais ça me paraît plus supportable maintenant que je sais qu’il est là. Je n’ai même pas la force de râler, seulement de rester là, encore mes doigts enlacés dans les siens. Parce qu’on y retourne pas encore, on reste un peu là. Juste un peu plus longtemps. |
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