Il n’a toqué qu’une seule fois avant d’entrer dans l’appartement de Noa et rien que pour ce petit exploit ci, il se sent désormais pousser des ailes et capable de tout faire. Ses lèvres se déposent sur la joue de Noa pour la saluer comme à son habitude et avant de se perdre en millier de mots, il dépose avant tout son poids en nourriture sur la table basse du salon. Du sucré et du salé, des boissons et de la nourriture, il y a sûrement assez pour survivre pendant de nombreux jours. Noa lui a demandé de prévoir à manger pour leur soirée et comme à son habitude, le benjamin n’a aucune idée des bonnes proportions à adopter pour chaque chose.

Se retournant enfin vers la jeune femme, le sourire aux lèvres, il lui pose enfin la question qui le brûle de l’intérieur : “Tu penses qu’Isy a survécu ? Vous avez d’immeeeeenses araignées dans le coin, j’aurais vraiment dû m’inscrire pour assurer ses arrières.” Leur meilleur ami participe à une émission de télé-réalité et il est en plein tournage, sans aucune possibilité de les contacter - quel enfer. Swann a mentalement fait la liste infinie de toutes les choses qui auraient pu mal tourner pour lui alors que le seul avantage qu’il trouvait à tout cela était la capacité de l’aventure à lui faire oublier les mésaventures de ces derniers mois. S’il s’en sort sans aucun membre cassé ni piqûre mortelle, c’est certain qu’il n’en sera que plus fort encore. Ceci dit, si tout avait été tourné en Angleterre alors il aurait seulement pu risquer d’avoir des affaires trempées pendant de longues semaines - ce à quoi on s’y fait rapidement, c’est promis. “Ca va, c’est bon, je sais que c’est lui qui aurait fini par assurer les miennes.” Entre un infirmier et un kiné, c’est assurément l’infirmier qui gagne cette bataille inexistante. C’est loin d’exaspérer le blond pour autant alors qu’il est le premier à sourire face à sa propre remarque - énième preuve qu’il est capable de s’occuper lui même en toutes situations, que ce soit pour se faire rire ou pleurer. “Toi par contre, t’aurais attaqué son binôme au bout de deux minutes.” Amusé, son sourire ne se fait qu’un peu plus grand encore alors qu’il n’a aucun mal à imaginer Jacobs s’énerver au moindre pas de travers qui pourrait compromettre la survie de son ami dans l’émission. “Une minute si c’est une femme.” Plus que jamais, il sait qu’elle cherche à le protéger des histoires d’amour qui ont le don de ultimement le rendre plus malheureux encore. A ce niveau là, Swann est bien mal placé pour avoir son mot à dire. “Noa sérieux la prochaine fois que y’a une émission, il faut vraiment t’inscrire. Laisse Matt se marier et Isy manger des trucs bizarres dans tout le pays. Toi, on te réserve … Big Brother ?” Elle rendrait fou chaque participant et rien que pour cela, le monde entier serait prêt à voter pour elle par téléphone. A ses yeux, elle est la gagnante toute désignée et en plus de cela elle pourrait leur raconter toutes les anecdotes des dessous de tournage - d’une pierre mille coups, en somme.

@Noa Jacobs

Y a une chose dont je ne m’étais jamais trop souciée, c’était mon poids et ma capacité à pouvoir manger n’importe quoi et éviter la casse. Je compensais en allait faire un peu de sport de temps en temps, courrier au moins une fois par semaine – c’était déjà pas mal – et quand j’étais vraiment motivée, je pouvais m’inscrire à une séance de fitness une à deux fois par mois, c’était mon max en terme d’effort physique, mais c’était mieux que rien. Je pense que ça aide quand même à pas trop gonfler, parce que quand on voit ce que j’suis capable de manger, ça peut faire peur. Mais, j’approchai quand même les 40 ans et j’me dis que ça ne pourrait pas durer indéfiniment. D’ailleurs, j’le vois bien, des fois, j’ai un bourrelet qui apparait quand j’me laisse trop aller ou alors, j’me sens plus serrer dans mes jeans et là, j’sais que j’dois redoubler d’effort. Je fais une pause de livraison pendant deux à trois semaine, j’me mets à la diète et c’est bon. Mais puisque Monsieur boubou ne pointait pas le bout de son nez actuellement, pas de soucis pour moi, je pouvais commander ma livraison en passant par Swann. Je le laissais choisir, j’étais pas difficile et surtout jamais déçue sur ses sélections culinaires. J’ai déjà mon nez fourré dedans, curieuse et gourmande, l’odeur alléchante me chatouillait les narines. « Paki ! » je m’en frottais les mains.
« Tu penses qu’Isy a survécu ? Vous avez d’immeeeeenses araignées dans le coin, j’aurais vraiment dû m’inscrire pour assurer ses arrières. » je croisais les doigts chaque jour pour que Isaac aille le plus loin possible, chaque jour pour qu’il s’en sorte et surtout plusieurs fois par jour pour que cette émission lui fasse le plus grand bien et puisse enfin lui faire penser à des choses un peu plus positives que ces derniers temps. « Ca va, c’est bon, je sais que c’est lui qui aurait fini par assurer les miennes. » puisqu’on avait sans doute monsieur catastrophe en personne devant nous, ce serait pas étonnant, ca m’faisait rire. « Attend, Isy ça lui fait même pas peur. J’suis sure, qu’il les capture pour les faire griller les soirs où il se couche le ventre vide ! Il t’aurait nourri comme une maman nourrit son bébé. » j’hausse les épaules, à la fois sous le charme de cette image et un peu écœurée par cette d’imaginer Isaac avec une patte d’araignée poilue entre les dents. « Toi par contre, t’aurais attaqué son binôme au bout de deux minutes. » Hum tout dépend pourquoi… « Une minute si c’est une femme. » ca m’fait sourire, ma réputation de nana possessive me précédait et je n’y pouvais plus rien à présent. Mais, avec Isaac c’est quand même plus que ça, effectivement, j’ai tendance à montrer les crocs quand on s’approche un peu trop de lui, à force de devoir le ramasser à la petite cuillère après. Merde, y a pas d’autres victimes à Brisbane ? « j’espère que s’il est avec une nana, qu’elle soit lesbienne ou dégoutée de lui. Au moins, y aura pas d’risque. Ou alors, qu’elle ai des airs de Dwayn Johnson… histoire qu’il ait pas envie de s’approcher. Mais j’me dis que quand on est loin de tout comme ça, seul… en duo H24 avec un inconnu, peut être que tout est possible… » No way j’ai pas envie d’imaginer Isaac dans les bras de Dwayn Johnson au féminin… « Noa sérieux la prochaine fois que y’a une émission, il faut vraiment t’inscrire. Laisse Matt se marier et Isy manger des trucs bizarres dans tout le pays. Toi, on te réserve … Big Brother ? » « A force de voir milles personnes autour de moi qui participent à des émissions, la prochaine, elle est pour moi, c’est clair! » Entre Isaac et Gregory pour cette fois et Matt la dernière fois. « Et t’es entrain de dire que j’ai pas l’âme d’une aventurière ? Faire le sexy ménage dans une grande villa, ca m’correspond mieux ?» je bas des cils, mettant en avant mes formes qu’il connaissait par cœur de toutes façons. « Mais, j’suis peut être trop vieille pour ces trucs là… quand on voit la plupart de ces émissions, les nanas ont toutes entre 20 et 25 piges. J’suis déjà dans la catégorie sénior… » la vie est injuste. « Va falloir qu’on gratte quelques codes promos pour des crèmes anti-rides… Matt m’a dit qu’il recevait des cadeaux depuis l’émission.» par ce qu’il m’avait confié avoir eu une tonne de cadeau et qu’il était bientôt le premier influenceur d’Australie sur les réseaux, pourtant, j’avais encore rien vu dans ses storys, je le soupçonne vraiment de tout garder pour lui et de ne vouloir en faire profiter personne. Vilain. « A table ? » que je dis en levant le sac de bouffe, presque aussi lourd que moi. Je choppe des couverts derrières moi et part m’enfoncer dans le canapé.

Isaac avant, la nourriture après. C’est ainsi qu’on reconnaît les véritables amis puisque peu de gens auraient pu faire attendre Swann avant de manger tout un tas de plat qui sentent meilleur encore les uns que les autres. « Attend, Isy ça lui fait même pas peur. J’suis sure, qu’il les capture pour les …-  » “apprivoiser et après il … -” « ... faire griller les soirs où il se couche le ventre vide ! Il t’aurait nourri comme une maman nourrit son bébé. » “Ah. Ouais.” Il a un rire gêné mais n’en est pas moins amusé pour autant, toujours surpris de voir à quel point ils peuvent continuer à voir le monde aussi différemment après avoir poussant passé tant d’heures collés l’un à l’autre, pour une raison ou une autre. Mais Swann devient donc un oisillon et Isaac sa mère qui le nourrit de vers (araignées). Oh, quel charmant pays que voilà, l’Australie. Heureusement que l’odeur de nourriture sortant des sacs lui fait paradoxalement oublier toute image répugnante de cette scène qui semble l’être tout autant.

L’instant d’après, la brune lui invente une partenaire lesbienne aux airs de Dwayne Johnson et c’est assurément l’image qui manquait dans l’esprit de Swann pour embellir sa journée. Une fois de plus, il ne peut s’empêcher de rire de bon coeur et profite de l’élan pour s’enfoncer dans le canapé, heureux de se sentir comme s’il était chez lui. “En plus si elle a les mêmes muscles que lui, ils ne peuvent que gagner.” Finalement l’idée ne semble pas si terrible que ça, si on se contente de parler stratégiquement ! Dwayne passe son temps à sauver le monde dans chacun de ses films, il (elle ?) pourrait au moins aider Isaac à gagner une émission de télévision. “Dwaynette.” Il susurre à peine pour lui même, débile heureux fier de sa blague.

Le blond s’amuse de l’absence d’âme d’aventurière dans le corps de Noa et elle déforme aussitôt ses paroles pour sous entendre qu’il la voit comme une femme écervelée simplement bonne à crier plus fort que sa voisine. Si jamais il n’oserait penser le premier point, le second sonne pourtant comme quelque chose de connu à ses oreilles qui ont déjà subi à de (bien trop) nombreuses reprises ses cris inopinés. “Comme si t’aimerais pas t’embrouiller avec des gens à longueur de journée, aller dans des lieux paradisiaques et passer tes journées à bronzer sur le bord de la piscine, hein.” Il ponctue sa phrase d’un sourire en coin, bien conscient qu’elle ne fera que continuer à chercher la petite bête pour l’ennuyer. Ils sont de parfaits opposés qui ne peuvent que se compléter et c'est très bien comme ça.”Y’a toujours une senior dans ces émissions, tantôt elle joue la maman-poule et tantôt la méchante marâtre … Je me demande vraiment quel rôle tu aurais.” De nouveau son ami ironise, déjà certain du personnage qu’elle aurait dans ce genre d’émission et lequel elle prendrait un plaisir fou à jouer. Bien sûr qu’elle serait horrible avec chacun des candidats, pire que la production encore !

« A table ? » Son regard s’attarde et s’impose sur le visage de Noa qu’il dévisage pendant de longues et interminables secondes. “Maintenant que tu le dis, c’est vrai que tu aurais bien besoin d’une crème anti-rides. J’irai te la chercher la prochaine fois que j’aurai l’occasion de m’aventurer dans son cocon d’amour et de paillettes.” Sa maison, quoi. C’est fier (encore) de sa nouvelle blague (encore) qu’il se redresse pour effectivement se mettre à table, ouvrant devant lui chacune des barquettes qu’il a pu ramener. “N’empêche qu’en plus d’avoir Dwayne en partenaire, il doit se contenter d’araignées quand nous on a ça.” Il envie l’aventure qu’est en train de vivre son ami, ce n’est un secret pour personne, il se contente donc de trouver des points positifs à sa vie de tous les jours à défaut. Swann ne sera que plus heureux encore d’écouter toutes les anecdotes du Jensen à son retour, espérant toujours qu’il sera le dernier à rentrer à Brisbane. “Mon collègue kiné participe aussi à la course, j’espère pour Isy qu’ils ne sont pas ensemble sinon même lui va finir par manquer de patience.” C’est pour dire, parce que leur ami commun est d’une rare patience et positivité - même en ce moment, ouais.

Il avale la nourriture sans même réfléchir, se contentant de penser qui si ça sent bon alors ça doit être mangé tant que c’est chaud encore. “Nan pour vrai, tu voudrais faire quel genre d’émission toi ? Pas top chef, déjà, c’est sûr. A moins que tu veuilles tuer les chefs, mais sinon ça craint.” Il questionne et ajoute dans la foulée, moqueur et amusé.

J’ai bien entendu la version bisounours de Swann et clairement, si lui devait s’inscrire à une émission de téléréalité, ce serait le genre d’émission qu’on fait en famille pour relever des défis et surpasser ses limites tous ensemble. Mais pas du genre à manger des insectes et faire un parcours du combattant, plutôt du genre à faire de l’origami tous ensemble ou à faire une chaine humaine pour s’entre aider à ranger la chambre du cadet le plus vite possible. Du genre « Aller vite Swann, si tu ne te dépêche pas, maman ne pourras pas faire ses crêpes pour le dessert ! » et même s’il arrivait pas au bout de son épreuve, maman lui ferait quand même des crêpes, parce que l’important, c’est de participer. Ca m’fait rire d’imaginer ça en fait, je sais pas comment il le prendrait s’il savait tout le cheminement qu’il se passe dans ma tête là. « Ouais, mais détend toi, il aura pas besoin de te nourrir, c’est dans une autre vie que tu participes à ce genre d’émission. » et ça m’fait d’autant plus rire.
Je spécule sur le genre de binôme qu’il pourrait avoir. J’ai mes envies, j’ai mes réticense. Je crois que j’ai absolument pas envie de le voir à côté d’une bimbo qui fait cette émission pour prouver à la terre entière que les meufs comme elles sont pas que bonnes à être belles et à se taire. Elle voudrait démontrer à tout le monde qu’elle aussi elle est capable de faire de belles choses. Et que forcement, quand ça l’arrangerait, elle hésiterait pas à user de ses charmes pour monter dans une voiture ou dormir chez quelqu’un. Après, ca la regarde. J’veux pas être mauvaise langue, j’pourrais même apprecier ce genre de personnage, mais pas en binôme avec Isaac. Alors la lesbienne aux airs de Dwayne Jonshon, dit “Dwaynette. » comme dirait Swann, c’était parfait. « J’ai entendu. » s’il pensait que son sifflet allait échapper à mes oreilles infra-rouges. « Il ira loin ! » et plus tard j’le verrai, mieux j’me porterai même s’il me manquait déjà et ca faisait pas si longtemps qu’il était parti ! Même pas deux semaines… dans le meilleur des cas, il reviendrait d’ici un mois ! Ca allait être long un mois, c’était jamais arrivé, depuis qu’on se connait, qu’on se sépare si longtemps !
Concernant l’émission qui me collerait mieux à la peau, j’étais presque vexée par les suppositions de Swann, mais c’est vrai que finalement… “Comme si t’aimerais pas t’embrouiller avec des gens à longueur de journée, aller dans des lieux paradisiaques et passer tes journées à bronzer sur le bord de la piscine, hein.” Vue comme ça. Ouais, ça pourrait me plaire. « Dans mes secrets les plus inavouable. » que je plaisante, à peine. Y’a toujours une senior dans ces émissions, tantôt elle joue la maman-poule et tantôt la méchante marâtre … Je me demande vraiment quel rôle tu aurais.” Eh ! J’en reste bouche bé de cette révélation, c’est donc comme ça que mon ex me voit. « J’comprends mieux pourquoi j’ai été un challenge pour toi ! Le mythe de la cougar, c’est ça ? » je crois les bras une fraction de seconde pour faire semblant de ne pas être d’accord, mais l’appel de la bouffe devant moi me fait finalement sauter dessus, assez perdu de temps à sentir toutes ces effluves venir jusqu’à mes narines et me narguer.
« Maintenant que tu le dis, c’est vrai que tu aurais bien besoin d’une crème anti-rides. J’irai te la chercher la prochaine fois que j’aurai l’occasion de m’aventurer dans son cocon d’amour et de paillettes. » Deuxième allusion à mon âge Swann, fais gaffe ! je le regarde de travers, toute réaction de ma part étant sur exagéré. « C’est sur que c’est pas ta nana qui risque d’en avoir besoin, t’es allé la chercher à la garderie aujourd’hui ? » je bas des cils, c’est donnant donnant, pas méchant. « Tu présentes quand ? » même si j’avais pas besoin qu’il me la présente puisqu’elle bossait pour Matt. J’sais pas bien quel âge elle a Lucia, mais elle m’a quand même l’air plus jeune que lui. Au moins, c’est l’occasion d’aborder l’sujet !
« N’empêche qu’en plus d’avoir Dwayne en partenaire, il doit se contenter d’araignées quand nous on a ça. » et ça, c’est ce que j’allais m’apprêter à engloutir alors que ma bouche est déjà bien ouverte, prête à accueillir une belle bouchée. “Mon collègue kiné participe aussi à la course, j’espère pour Isy qu’ils ne sont pas ensemble sinon même lui va finir par manquer de patience.” « Ché qufi ? » que j’dis alors que j’en ai plein la bouche, mais j’avale avant de reprendre. « C’est qui ? j’ai l’impression qu’on connait tous quelqu’un qui participe à c’truc ! J’en suis à 3 dans mon cercle proche, à très proche ! » peut être même 4 si les rumeurs à propos de Sienna étaient vraies ! Isaac, Kane et Greg, c’était du 100 pour 100 validé !
“Nan pour vrai, tu voudrais faire quel genre d’émission toi ? Pas top chef, déjà, c’est sûr. A moins que tu veuilles tuer les chefs, mais sinon ça craint.” Mais ! je me laisse tomber dans le canapé, tuée à balle réelle. « C’est ma fête ! » et j’me redresse en riant. « T’abuse ! J’sais faire plein de truc. » toujours les mêmes trucs, toujours très simples mais quand même, c’est pas si dégueu ! « Moi, j’crois qu’en vrai, je kifferai être un espèce de coach de vie pour les candidats. Tu sais, leur apprendre la vie, leur dire comment être en société, comment draguer, tout ça ! C’est ça qu’il me faut ! »

Une pique n’est qu’une raison de plus pour en lancer une autre et c’est un jeu auquel ni elle ni moi n’avons envie de donner fin, finalement, surtout pas alors qu’il n’est jamais entouré de mauvaises intentions. « J’comprends mieux pourquoi j’ai été un challenge pour toi ! Le mythe de la cougar, c’est ça ? » Le sourire de Swann se fait taquin, amusé. “Une challenge ? Tu parles, t’étais sous le charme dès que t’as entendu mon accent.” La taquinerie est de mise, il n’est même question que de ça finalement. Il exagère sans s’en vouloir, il déforme une vérité qui est vieille de plusieurs années déjà et qui se contentera de rester un bon souvenir parmi tant d’autres pendant longtemps encore. Elle était belle dans ce bar, Noa, et lui il voulait en tomber amoureux ; voilà la seule histoire qu’il faudrait retenir.

Pourtant la brune utilise la perche tendue à son égard pour poser de nouvelles questions à son tour, bien au courant des armes en sa possession et de la manière dont elle peut les utiliser. « C’est sur que c’est pas ta nana qui risque d’en avoir besoin, t’es allé la chercher à la garderie aujourd’hui ? » Je souffle face à cette attaque plus que prévisible, moi même ayant mis beaucoup de temps avant de m’autoriser à me rapprocher de Lucia à cause de notre différence d’âge. “Comme tous les soirs. Elle avait oublié son doudou à la maison aujourd’hui, la journée a été difficile.” Il entre dans son jeu par habitude puisqu’il semble encore impossible qu’il révèle tous les dessous de ma relation avec la jeune femme pour le moment encore ; même Noa n’y fait pas exception. Il a promis d’y aller doucement et c’est ce qu’il fera avec sa nouvelle petite amie, quitte à s’attirer pendant un temps les foudres de la Jacobs qui saura lui faire payer ses silences comme personne. « Tu présentes quand ? » “Hm ça risque d’être compliqué tu sais, elle est en récréation au moment où je la récupère le soir donc après elle s’endort très rapidement.” Pas encore. Pas aujourd’hui ni demain. Chaque chose se fera en son temps et elle rencontrera sûrement le TBBC au grand complet quand ils auront déjà pris leurs marques à deux avant d’y ajouter toute leur famille et amis respectifs.

Le blond passe brièvement le sujet de la participation de Martin au même jeu télévisé que leur ami en commun. Ce n’est finalement pas un sujet sur lequel il trouve utile ni même intéressant de s’attarder alors il se contente de hausser les épaules en fin d’explication, comme pour signifier que là se clôt la discussion. Les chances qu’ils connaissent tous deux autant de personnes participant à l’aventure sont réellement assez incroyables mais, quoi qu’il en soit, aucun d’entre eux ne saurait battre Isaac dans leur coeur et leur soutien inconditionnel à ce dernier.

Au moins, ils en viennent à manger et autant le dire : il était temps ! « C’est ma fête ! » Le rire d’Anastasia le laisse dans le même état alors qu’il choisit avec minutie par quel plat commencer, tout ça pour finalement s’en mettre plein les doigts et sur les lèvres avec. « T’abuse ! J’sais faire plein de truc. » Oh ça il n’en doute pas ; mais de là à savoir si ses “trucs” en question seront comestibles ou si même elle aura envie de les faire une fois le moment de l’émission venue … rien n’est plus sûr, tout à coup. Le caractère bien trempé de la jeune femme n’est plus une surprise pour personne dans son entourage. « Moi, j’crois qu’en vrai, je kifferai être un espèce de coach de vie pour les candidats. Tu sais, leur apprendre la vie, leur dire comment être en société, comment draguer, tout ça ! C’est ça qu’il me faut ! » “J’allais dire que tu voulais être Marie Kondo jusqu’à ce que tu parles de “draguer”, du coup tu veux juste être Karamo Brown.” Et en y repensant c’est vrai que la comparaison avec Marie Kondo était quelque peu tirée par les cheveux.

"Ceci dit, l'un ou l'autre, on est quand même bien loin de ton job à l'association. Ça te plaît toujours, là bas ?" Le bon semble soudainement s'enquérir de la situation une fois le sujet sur le tapis.

Swann le savait, sa maladresse, son franc parlé, sa façon de draguer totalement décalée c’était bien ses atouts charmes et si je n’avais, en le voyant, aucune mission séduction qui s’était enclenchée, c’est bien lorsqu’il a ouvert la bouche et poussé la mélodie avec son accents anglais qu’il avait changé mes plans. Plus que la beauté, il est doté du charisme que beaucoup devraient lui envier plutôt que de se contenter de sourire bêtement en bombant le torse. Les belles gueules sont loin de suffire et l’atout charme de Swann c’était tout son être. Mais pour nous deux, ca avait pas suffit, sans doute plus amoureux de l’image qu’on renvoyait ensemble que l’amour qu’on se portait l’un pour l’autre. L’amour il est là, mais il est digne d’une grande et belle histoire d’amitié, plus qu’une belle histoire d’amour. On l’a compris assez vite, et franchement, grosse déception pour moi, parce que Swann, il a sans doute été le meilleur amant que j’ai jamais connu, le meilleur dans mon pieu et je sais pas si j’avais hate de découvrir s’il existait mieux que lui, mais au fond, si quand même, j’me souhaitais de le découvrir, si non, ma vie sexuelle serait réellement très ennuyeuse à l’avenir. Greg avait dévoilé quelques-uns de ses atouts et j’étais pas déçue pour le moment, mais j’espérais aussi qu’il avait pas encore tout donné. Pour l’instant, et desolée de l’admettre ainsi, personne ne détrônait Swann. Et quelque chose en moi espérait qu’il n’allait pas rester toute sa vie avec Lucia et qu’un jour ou l’autre, nous serions de nouveau simultanément célibataires pour nous offrir un petit moment nostalgie.
Parlant d’être célibataire – ou pas, surtout pas, en ce moment – j’me dis qu’il serait peut être temps que Swann se décide à présenter sa nana. Il en parle rarement, et la seule fois où il a bien voulu en parlé, il est restée très basique sur les informations qu’il a pu donner. Son prénom, son âge et il a rien voulu dire de plus. Il doit flipper que si on sache qui elle est vraiment, on soit capable d’aller la voir et j’lui sortir des dossiers plus gros que lui. Il doit flipper qu’on la fasse fuir, j’en sais rien. Même une photo, y a rien à faire, c’est mort. Si je connaissais le code de déverrouillage de Swann y a encore quelques mois, il avait bien fait en sorte de le changer récemment, ca m’plaisait pas ! “Hm ça risque d’être compliqué tu sais, elle est en récréation au moment où je la récupère le soir donc après elle s’endort très rapidement.” Qu’il est naze. Je souffle, soupire. « T’as juste honte de tes potes en fait. » peut être que j’arriverai à le faire culpabiliser un jour. « Ou alors, elle existe pas. » ouais, enfin, ça, j’suis sûre que ça lui faisait ni chaud ni froid que j’pense qu’il s’invente une vie – j’le pense même pas en plus. « On est pas obligé d’lui dire que t’es mon ex. C’est une chose que j’évite de dire en général quand j’vous présente les mecs avec qui je sors. J’l’ai fais une fois, pour Nico… j’ai eu droit à trois semaines de paranoïa sévère. » alors que Nico, c’était juste une amourette de lycée, n’en parlons même pas concernant Swann avec qui c’était bien plus récent que ça.
Concernant les télé réalités, alors que Isaac parcourait les routes australienne, nous, on en était à se demander dans quel genre d’émission on pourrait bien passer.  “J’allais dire que tu voulais être Marie Kondo jusqu’à ce que tu parles de “draguer”, du coup tu veux juste être Karamo Brown.” Marie Kondo et ses techniques de rangement imparable, j’avais la référence par contre Karamo Brown, désolée mais là, faudrait m’expliquer. « Mais c’est qui ? » et j’attrapais mon téléphone pour aller chercher la réponse moi-même sur google. « Queer Eye. » pourquoi je connais pas ? C’est sur netflix en plus. « Belle gueule, c’est con, il est gay et il est américain. Ca complique pas mal de choses ! » inaccessibilité, quand tu nous tiens. « J’regarderai ! » fallait voir si j’étais à la auteur de la comparaison !
"Ceci dit, l'un ou l'autre, on est quand même bien loin de ton job à l'association. Ça te plaît toujours, là bas ?" hm. « On va dire que j’fantasmais sur le rôle de la directrice qui a les pleins pouvoir et qui fait c’qu’elle veut. En soit, c’est pas faux. » enfin, à nuancer quand même, le big boss ca reste le père Beauregard et James ensuite. « Mais j’sais pas si j’suis faite pour avoir autant de responsabilité sur les épaules ! »

« T’as juste honte de tes potes en fait. » “Hm ? Nan on est pas amis, je suis juste le livreur uber eat mademoiselle.”
« Ou alors, elle existe pas. » “C’est ce que t’espères ça.”
« On est pas obligé d’lui dire que t’es mon ex. C’est une chose que j’évite de dire en général quand j’vous présente les mecs avec qui je sors. J’l’ai fais une fois, pour Nico… j’ai eu droit à trois semaines de paranoïa sévère. » Et oh, là il arrête de rigoler et de jouer au plus débile. Il s’étouffe avec une nouille, il a de l’huile sur les joues, il panique pendant une petite seconde parce que c’est bien quelque chose où il excelle. “On a pas encore abordé ce sujet, en fait. Ni pour toi et encore moins pour Rory.” Il a beau se sentir à l’aise en compagnie de la brune, n’en reste pas moins qu’il se trouve des centaines de milliers de raisons de paniquer et sous couvert de “on prend notre temps”, il y cache tous les secrets de l’univers. Il n’a pas honte de Noa, il n’a pas honte non plus de Rory ; ce n’est même pas la question. Ils sont tous deux des amis qui ont un jour été plus que ça, qui l’ont connu dans son entièreté et ses démons avec. Ce qui lui fait peur serait d’avouer que jamais il n’a su tenir une relation et qu’eux deux ne seront finalement peut être l’exemple de ce qui arrivera un jour à Lucia. “Mais une fois j’ai dit à un gars que t’as ramené qu’on avait couché à l’arrière de ta voiture et c’est pour ça qu’il a insisté pour rentrer à pied.” Cette fois-ci il reprend avec bien plus d’espièglerie, amusé de lui faire part d’une anecdote sans importance comme celle-ci. Généralement il ne fait pas fuir les amants de Noa, bien loin de là, mais celui là avait ce quelque chose qui ne lui inspirait absolument pas confiance.

La prochaine étape c’est de faire découvrir Queer Eyes à Noa et autant dire que c’est une réussite totale, ce qui laisse un sourire éternel sur les lèvres de l’anglais qui risque de s’en vanter pendant une décennie encore - même s’il ne s’agit que d’une émission télévisée, oui. Rapidement les deux amis en viennent pourtant à redevenir sérieux pour une seconde. « On va dire que j’fantasmais sur le rôle de la directrice qui a les pleins pouvoir et qui fait c’qu’elle veut. En soit, c’est pas faux. » La grande Noa, celle qui dirige tout et tout le monde. Elle excelle dans son rôle et là n’est pas la question, ce n’est pas ce dont Swann parlait le moins du monde. Tout ce qui l’intéresse c’est de savoir ce qu’elle veut d’elle plutôt que de savoir ce dont l’Association a besoin. Elle passera encore et toujours avant tout le reste. « Mais j’sais pas si j’suis faite pour avoir autant de responsabilité sur les épaules ! » “Tu peux monter une entreprise de testeurs de nourriture avec moi quand tu veux.” N’ayant aucune idée de ce qu’elle souhaite pour l’avenir, il n’enfonce pas le couteau dans la plaie. Il préfère lui offrir une issue de secours et recommencer à manger et dire des bêtises, parce que ça au moins c’est quelque chose qu’il arrive à gérer sans problème. “J’aurais trop peur que tu casses volontairement les os des patients qui t’auront énervé, mais tu sais que si je peux t’être utile j’suis là. Et même si tu veux pas, j’suis là.” Un peu trop présent, un peu trop chiant, un peu trop préoccupé de son bonheur. Rien de nouveau là dedans.

J’dois avouer qu’au fond de moi, si j’pouvais garder tous les hommes de ma vie rien que pour moi, sans avoir jamais à partager, ce serait du bonheur. Mais ça se passe pas comme ça dans la vie et je m’étais de plus en plus promis d’être moins possessive envers mes boys. De laisser davantage de confiance à ces autres personnes qu’ils fréquentent – même si en général mes doutes sont avérés, mais j’me suis aussi rendue compte que des fois, ca pêche. J’avais fais confiance à Clara et pourtant, voilà qu’elle se moquait de Nicolas depuis des années. J’ignorais tout de la petite nana de Swann mais j’trouvais ça mignon, le fait qu’il y aille tranquille, qu’il précipite rien, un peu comme s’il voulait protéger un truc. Ca avait l’air encore tout fragile et on dirait qu’il voulait juste en prendre soin, comme un passionné des fleurs et des plantes qui gérait son petit potager avec minutie, avec tendresse et beaucoup d’amour, pour être sûre que le résultat soit à la hauteur de ses espérances. Alors, j’allais pas faire en sorte que sa relation, si récente soit-elle, finisse pas mourir dans l’œuf. Aussi longtemps il voudrait me tenir à l’écart – bien que ça avait pas l’air d’être si négatif pour lui – aussi longtemps je le resterai. Mais je ne manque quand même pas de l’observer travailler derrière son comptoir quand j’me rends au DBD. “On a pas encore abordé ce sujet, en fait. Ni pour toi et encore moins pour Rory.” C’est vrai que c’est pas tout l’monde qui accepte que son mec ou sa nouvelle nana soit toujours en contact avec ses exs, même moi, j’avoue, ca m’agace un peu, j’suis pas fan de l’idée et pourtant, je suis en personne tout ce que je supporte difficilement chez les autres. Bon, Nicolas c’est la phase lycée, a part s’embrasser, il s’est jamais rien passé, puisque j’ai flippé et que je l’ai quitté avant qu’on passe à la vitesse supérieure, mais Swann, et même si on était finalement pas resté si longtemps ensemble ; bah c’était tout de suite un peu plus sérieux. Faudrait peut-être qu’on se contente de dire qu’on est ami sans passif et voilà après tout, ça ne change rien, en réalité. “Mais une fois j’ai dit à un gars que t’as ramené qu’on avait couché à l’arrière de ta voiture et c’est pour ça qu’il a insisté pour rentrer à pied.” « Mais ! » j’m’offusque, ouvrant la bouche telle une belle comédienne. « C’était qui ? » parce que bon, des mecs qui sont passés pour une soirée ou deux dans l’groupe, j’avoue, y en a eu quelques uns ! Surtout des mecs qui finalement, on plus essayé de me capter après ! « Donc, Luis, Fred, Laura, Janis et Brice, c’était toi ? » j’ai aucune idée de qui sont toutes ces personnes et si même si j’en ai connu et qu’il aurait été susceptible de faire fuir mais ça m’amuse. « J’vais m’dire que si t’as voulu faire fuir quelqu’un, c’est juste parce que t’avais pas un bon feeling et pas du touuuut parce que t’étais jaloux. » j’hausse les épaules, balance mon plus large sourire et finalement, j’viens me caser contre lui parce que c’est pas un secret de dire que j’suis tactile et puis y a aucune envie derrière ça. Si ce n’est celle de profiter de contact et de chaleur humaine.
Swann vient toucher un point sensible qui me travaille régulièrement ces derniers temps. A savoir si mon taf me plait. La question n’est pas trop là en réalité, oui, ça me plait, mais c’est plus complexe que ça. Je crois que si j’avais toujours eu des ambitions et que j’avais l’envie et la motivation pour être à la tête d’une association telle que celle-ci, je n’étais pas certaine que ce soit vraiment la vie que je voulais mener. J’étais dans un dilemme permanent à savoir si cette place n’était pas plus un fantasme qu’un réel choix de vie. Car maintenant que j’y étais, je voulais faire marche arrière et je voulais juste être moins pressurisée, pouvoir jouir de plus de temps libre, moins de stress, plus de légèreté. “Tu peux monter une entreprise de testeurs de nourriture avec moi quand tu veux.” Ca m’fait rire, tous ceux qui sont prêt à m’accueillir bras ouverts pour monter une entreprise ou les rejoindre. « Y a toujours une histoire de bouff ! Ou d’alcool, quand on me propose un taf ! » ca devait bien me correspondre tien. Peut être plus que ce rôle trop sérieux que je portais sur mes épaules depuis un an déjà. “J’aurais trop peur que tu casses volontairement les os des patients qui t’auront énervé, mais tu sais que si je peux t’être utile j’suis là. Et même si tu veux pas, j’suis là.” « Ca j’avais bien compris ! » toujours derrière mes baskets, Swann. « Je m’énerve pas sur les patients ceci dit. J’ai tendance à m’énerver sur pas grand monde et j’crois que j’passe pour la nana rien en a pas trop dans la tête des fois. » celle qui sait pas tant s’affirmer. « En fait, j’ai du mal à trouver ma légitimité à diriger des médecins qui connaissent mieux leur taf que moi. » et bien mieux, y a pas à dire. « J’ai tendance à les laisser en roue libre et ça plait moins aux agents administratifs et au corps social, vers qui j’vais être plus sur le dos. » parce que je maitrise mieux, parce que je connais le travail social sur le bout des doigts et que de l’autre côté, la gestion administrative de l’asso est hyper importante pour que ça roule aussi. « J’ai l’impression de créer des camps sans le vouloir vraiment. L’ambiance au taf commence à être particulière et j’ai pas envie d’en être la source. Mais j’vais trouver une solution. » je me penchais vers la table pour chopper ma boisson et m’hydrater. Parce qu’à force de parler, j’avais soif. « D’ailleurs ! Ca fait deux semaines que j’ai un point dans l’dos, comme un nœud, si tu pouvais jeter un œil, tu serai le meilleur de tous mes amis ! » je flatte, je flatte, pourtant je sais que j’ai pas besoin de tant pour avoir à user de ses compétences de kiné ! J’me tourne légèrement, dos à lui et me contorsionne pour tenter de pointer du doigts l’endroit qui me fait mal. « Là ! et quand j’respire trop fort, j’ai l’impression que ma cage thoracique se bloque ! ca fait SU PER MAL ! »

Éternel enfant qui supporte mal les instants confessions, Swann profite de la moindre opportunité pour rigoler d’un rien et, au passage, se moquer de Noa. Quoi que, c’est vrai, il a peut être esquissé la possibilité d’une nuit agitée à l’arrière de sa voiture quand il avait en face de lui une de ses conquêtes. Quel gaffeur, ce McGrath. Oups. « Mais ! » C’était qui ? Donc, Luis, Fred, Laura, Janis et Brice, c’était toi ? » Les noms se bousculent mais pas les souvenirs allant avec, pour sûr. Si Swann pourrait passer pour le mauvais ami qui ne se souvient pas des prénoms des conquêtes de Noa, il sait très bien qu’elle se souvient d’aussi peu de choses que lui et ça le rassure aussitôt. “Nicolas non plus n’aimait pas Luis de toute façon.” Elle se perd dans un jeu d’acteur qui n’en finit pas alors que lui s’amuse du strict minimum, haussant les épaules comme s’il n’y avait rien de plus normal en ce monde que de faire fuir les conquêtes de son ex - et surtout, de sa meilleure amie.

Noa étant ce qu’elle est, elle ne sait faire autrement que d’en venir directement aux conclusions quand bien même elle n’avait pas beaucoup d’éléments entre les mains. Aussi, elles fusent rapidement, comme Swann l’avait déjà anticipé. « J’vais m’dire que si t’as voulu faire fuir quelqu’un, c’est juste parce que t’avais pas un bon feeling et pas du touuuut parce que t’étais jaloux. » Un large sourire amusé se forme sur ses lèvres. S’il y a bien une chose qu’elle sait mieux que personne c’est à quel point il n’a absolument pas une once de jalousie en lui. Il sera le premier à croire que si ses petites amies vont voir ailleurs c’est parce qu’il n’a pas su être bon et il part donc du principe que la faute repose exclusivement sur lui et sur personne d’autre. Pour autant, n’en reste pas moins qu’il garde toute une facette de grand frère protecteur - quand bien même il n’est finalement le grand frère de personne - qui se répercute très aisément sur Noa et ses relations, lesquelles sont toutes passées au peigne fin. Sans rien répondre, alors, il tente de se poser au mieux contre le canapé pour qu’elle puisse en faire de même à son tour contre lui, toujours aussi envahissante qu’elle l’a toujours été.

Swann profite de l’instant plus calme pour l’écouter parler de son métier et de ses doutes, choses qu’il ne peut que comprendre. Au moins, pour sa part, s’il a toujours su douter de tout dans sa vie, cela n’a jamais été le cas pour son métier. Pourtant il est loin de s’en faire pour Noa : c’est une femme forte, il ne doute pas un seul instant qu’elle trouve le moyen de se ressaisir ou de recommencer ailleurs, faisant au mieux tant pour l'association que pour elle même. De toute façon, elle a tôt fait de changer de sujet pour qu’il ait le temps de l’interroger plus longuement. « D’ailleurs ! Ça fait deux semaines que j’ai un point dans l’dos, comme un nœud, si tu pouvais jeter un œil, tu serai le meilleur de tous mes amis ! » Il a un rire franc, lui qui avait osé baisser sa garde l’espace d’un instant. Elle, elle sait très bien quelles sont ses compétences (pour avoir eu le droit à des massages par centaines depuis le premier jour) et ne manque pas une seule occasion pour en profiter. « Là ! et quand j’respire trop fort, j’ai l’impression que ma cage thoracique se bloque ! ça fait SU PER MAL ! » “Qu’est ce que tu veux que je te dise ? C’est l’âge ça Noa, ça va avec tes rides là juste là et même sur tes poignets ça se fripe un peu. Je suis kiné, pas magicien.” Si elle a le droit d'exagérer tous les maux du monde alors pourquoi est ce que ça devrait être différent pour lui ? Un argument en suit un autre sans qu’elle n’ait le temps d’ouvrir la bouche pour l’insulter et en face, il fait au mieux pour réprimer un rire franc, caché derrière un sourire et des lèvres pincées. Du bout du doigt, pourtant, il lui demande de se retourner et de s’allonger sur le canapé. Bien sûr qu’il va lui faire son massage, il ne serait pas Swann sinon. “On passe la partie où je donne plein de noms de muscles impossibles à prononcer et où je t’annonce que tu risques de mourir demain ?” On passe la partie où il y a des bougies, une chanson romantique, les lumières éteintes et de l’huile étalée sur son corps dénudé - parce que non, bizarrement, il doute que cela ne plaise aucunement à Lucia et c’est loin d’être la relation qu’il a envie d’entretenir avec Noa de toute façon. "Décontracte. Si je t'avais bloqué le cou la dernière fois, c'est juste parce que tu l'avais mérité." Ce qu'elle avait fait, ça, il ne s'en souvient pas, mais il a encore en tête toute l'exaspération qu'elle lui procurait. Et puis, il faut avouer que c'était drôle de la voir se tortiller pendant quelques temps.

"Tu crois que j'aurais dû lui parler de Rory avant ?" Il passe du coq à l'âne, le petit ami inquiet de déjà briser sa relation avec Lucia, justement à cause d'une autre relation, passée. Parce que Rory ça ne sonne pas - du tout - comme un prénom féminin, parce que Rory est passé mais pas vieux pour autant, parce que Rory reste toujours dans sa vie au même titre que Noa, quand bien même retourner dans une ancienne zone de confort reste inimaginable. Il y a une infinité de raisons qui font que sa vision de Swann pourrait changer après avoir entendu cette partie de l'histoire et c'est loin, très loin d'être ce qu'il souhaite. Seules ses mains massent Noa pour éviter qu'elle ne lui rigole au nez, elle et son franc parler légendaire.

“Nicolas non plus n’aimait pas Luis de toute façon.” Puisque Nicolas n’aimait pas non plus, je ne peux pas lutter contre les plus fort. La majorité l’emporte toujours, n’est-ce pas. Mais je continue de penser qu’il aurait agit ainsi par simple jalousie alors que je sais très bien qu’il est la personne la moins jalouse de ce bas monde. Et d’ailleurs, il me semble bien avoir déjà essayé de provoquer autant que possible une petite réaction de sa part, une mâchoire qui se sert, des pupilles qui se dilatent, une soupire, un doigt qui bouge… rien, jamais aucune réaction de sa part. Ca m’avait pas mal questionné à l’époque et en fait, depuis qu’on est plus ensemble, j’capte juste qu’il est juste pas jaloux du tout. Et que ca relève plus du manque de confiance en lui qu’autre chose et franchement, j’ai beau lui répéter dix miles fois que Swann, c’est l’mec qu’on veut toute, y a rien à faire. (Qu’on veut toute, que j’ai eu, que j’veux plus, parce que c’est comme ça, y a qu’au lit qu’on est vraiment compatible, et j’aurai tout donner pour être amoureuse de lui, ça n’a pas pris, mais bon, ainsi va la vie, hein.)
Bien installée sur le canapé et contre Swann, bien que là, j’sens une côte qui m’rentre dans le flan et c’est pas hyper agréable, mais il se positionne aussitôt à son tour pour que finalement, ca s’fasse tout seul, là, j’suis bien. Enfin… presque, parce que j’ai toujours cette douleur bien présente. Qui va, qui vient, qui s’fait oublier pour mieux revenir sans que j’comprenne ce qu’il se passe. Et là, elle commence à faire coucou. Et puisque j’ai Swann sous la main… “Qu’est ce que tu veux que je te dise ? C’est l’âge ça Noa, ça va avec tes rides là juste là et même sur tes poignets ça se fripe un peu. Je suis kiné, pas magicien.” Petit con, ça c’est pas l’âge, c’est sa nature ! J’fais la moue, faut toujours qu’il m’attaque sur mon âge, mes quarante ans qui approchent un peu plus chaque année… (bien vu, non ?) Bon, j’regarde quand même mes poignets parce que j’ai pas l’souvenir d’avoir la peau qui se fripe à cet endroit, pas encore.
J’me retourne quand même, parce que c’était juste plus fort que lui, cette obligation de faire une vanne – pas drôle – et que comme c’est mon ami, bien sûre qu’il va apaiser mes souffrances. “On passe la partie où je donne plein de noms de muscles impossibles à prononcer et où je t’annonce que tu risques de mourir demain ?” je hoche la tête à plusieurs reprises. « Tu sais que la seule chose qui m’intéresse, c’est l’massage. » le reste, c’est du détail. Et si j’ai plus mal ensuite, ca m’est bien égale de savoir de quel muscle ou quel nerf il s’agissait. En tout cas, vaut mieux avoir un ami kiné qu’un ami croc mort, c’est toujours plus utile ! "Décontracte. Si je t'avais bloqué le cou la dernière fois, c'est juste parce que tu l'avais mérité." Je roule des yeux, il me voit pas, mais ca m’fait rire quand même. Je le laisse faire, tentant de me décontracter, comme demandé. Et je sens que rapidement, il fait des miracles ! "Tu crois que j'aurais dû lui parler de Rory avant ?" il me faut quelques secondes pour que mon cerveau – qui était en train de s’éteindre – se remette en marche et comprenne de qui il voulait parler. Sans doute Lucia. « Qu’est ce que tu crains ? » j’sais pas, c’est sérieux ou pas cette histoire ? « Tu parleras de qui tu veux, quand tu veux… » je dis, avec une voix posée. « Eh ! » là, j’sais pas sur quoi il est passé mais ça m’a lancé jusqu’à la fesse et d’ailleurs, ma jambe à fait un bon aussi. La douleur est partie aussi vite qu’elle n’est arrivée et je me laisse de nouveau tomber, écrasant mon visage contre le coussin. « Faut pas que ça vienne comme un cheveux sur la soupe. Vous avez déjà parlé de vos exs ou aborder un sujet similaire ? » similaire, j’sais pas si ca veut dire quelques chose, mais bon, si la conversation a jamais été mise sur le tapis, tranquille, y a pas l’feu au lac.

Dire que Swann profite du massage pour ne pas avoir à la regarder dans les yeux alors qu’il lui pose des questions importantes serait une très bonne hypothèse. Une hypothèse qui aurait un véritable goût de vérité, d’ailleurs. Il profite du fil de ses réponses pour malencontreusement rater un mouvement ou deux, chaque erreur étant agrémentée d’un grognement de la quarantenaire. Il sait bien qu’elle saura lui rendre au double lorsqu’il ne s’y attendra pas et l’idée le fait déjà sourire, ce qui tranche avec le sérieux de sa question et toute l’importance qu’il lui porte.

« Qu’est ce que tu crains ? » Elle ne verra pas le rire faux qu’il esquisse muettement mais il est pourtant bel et bien présent. Tout, c’est ce qu’il craint. Il craint que le regard de Lucia change tout comme il craint que leur relation en elle même ne change, finalement. Et si elle ne voulait plus être avec lui si elle savait ? Et si elle lui en voulait de ne rien avoir dit dès le début ? Ou si, au contraire, c’est d’avoir continué sa relation avec Rory en même temps qu’il commençait à flirter avec elle qui venait lui poser problème ? Il y a tant de scénarii dans lesquels il lui donne tous les droit de s’énerver et de prendre la porte que, finalement, il en oublie que la vérité et la sincérité devrait prôner sur le reste. « Tu parleras de qui tu veux, quand tu veux… » Il est comme un enfant, pourtant. Tant qu’il ne sera pas mis au pied du mur, il sait qu’il n’aura jamais assez de confiance ni même de force pour vouloir (pouvoir) parler de lui même. Ce qui n’aurait jamais dû être un secret ou même un tabou devient le plus immense de tous sans qu’il ne l’ait jamais vu venir. En comparaison, d’autres moments de sa vie sont éclipsés.

Puisqu’il est de nouveau comme un enfant sans expérience de la vie, il se repose sur les conseils de Noa, elle qui porte la Parole suprême ou quelque chose qui y ressemble (nb : cela ne fonctionne pas quand elle a trop bu, parce qu’elle a l’air de parler latin à l’envers dans ces cas là). « Faut pas que ça vienne comme un cheveux sur la soupe. Vous avez déjà parlé de vos exs ou abordé un sujet similaire ? » Tout en continuant le massage, il a besoin de quelque secondes pour y réfléchir avant de répondre ce qui tombe sous le sens : “Non, jamais.” Ni du côté de Swann, ni du côté de Lucia. Leur passé reste scellé, à tous les deux. Il a peut être dit qu’il était sorti avec Noa, sa meilleure amie, mais cela n’a certainement pas duré plus qu’une seule seconde. Elle n’a pas la moindre idée de la liste de conquêtes qu’il a longtemps enchaîné sans jamais même se soucier des prénoms de chacun et lui n’a aucune idée de ce qu’a été sa vie sentimentale avant de la connaître. Finalement, il se rend compte qu’ils n’en connaissent pas tant sur l’autre qu’il aurait pu le croire. “Bref, on verra. Je lui en parlerai un jour.” Bref il n’y a pas de solution miracle à cela alors il souhaite changer de sujet pour ne pas mettre à l’aise Lucia, quand bien même elle n’est pas présente. Il n’est pas à l’aise avec l’idée de parler d’elle, surtout quand il a l’air de parler sur elle. “Tes muscles sont hyper détendus maintenant, ça veut dire que t’es prête pour nous préparer des cocktails.” Il clôture, taquin, alors qu’il chuchote ses mots à son oreille avec toute la fausse sensualité du monde. Après tout, il faut bien que ses efforts à lui se trouvent être utiles, quand même.

Je grimace de temps en temps parce qu’il fait pas semblant et qu’à force, il sait quand même où ca coince, j’ai l’impression que c’est toujours au même endroit. Ca doit être significatif de quelques chose : soit il y a quelques chose que je fais mal, dans ma posture, dans mes gestes au quotidien, soit je développe un stress dont j’ai pas forcément conscience et qui agit sur mes nerfs. J’en ai aucune idée et ici, ce n’est pas moi qui suis kiné. Mais je suis toujours aussi reconnaissante de pouvoir compter sur Swann. Peut être qu’un jour il m’enverra balader et me demandera de faire comme tout le monde : prendre rendez-vous. Mais pour ça, il aurait dû commencer dès le début, et j’suis sûre qu’il a abusé de ses talents pour me séduire de toutes façons, alors c’est aussi sa faute.
“Non, jamais.” Bon bah déjà, si elle non plus n’avait pas abordé le sujet, il devrait pas se sentir coupable de lui avoir dissimulé certaines informations. Ca veut pas dire qu’il lui a menti, ca veut pas dire que c’est dans une mauvaise intention. J’comprends que ça puisse faire flipper d’aborder ce genre de sujet. Mais franchement, si Lucia allait se barrer parce qu’il lui dit qu’il est déjà sortie avec des mecs… d’ailleurs, est-ce qu’elle le sait ça, ou pas ? « Elle connait tes attirances ? » commençons par là déjà. Et puis, j’ai toujours tendance à dire que quelqu’un qui n’accepte pas notre passé ne nous mérite pas. (Dit la nana qui a fait un tour en prison et qui était loin de l’assumer et qui mettrait sans doute dix ans à aborder le sujet dans son éventuel couple. Hm. Mais bon, on était quand même pas dans le même registre là…) Bref. Swann semblait se torturer à savoir s’il devait lui en parler ou non. Si j’aurai tendance à dire que c’est pas une obligation, s’il veut avoir le cœur net quant à sa réaction, autant mettre les pieds dans l’plat. “Bref, on verra. Je lui en parlerai un jour.” Un jour, ce fameux jour, hein. “Tes muscles sont hyper détendus maintenant, ça veut dire que t’es prête pour nous préparer des cocktails.” Je le sens qui retire son poids petit à petit de mon dos pour me libérer. « Tu veux dire que c’est déjà fini ? » j’en étais presque triste, mais bon, puisque c’était pour des cocktails, ca ferait l’affaire. « Merci ! » que je lance avec un grand sourire en me redressant. « Bon, en vrai, j’ai pas grand-chose sous l’coude mise à part… » je me dirige vers la cuisine pour jeter un œil au panier à fruit, histoire de m’assurer que le dernier citron vert était bien là. « Hm, et yes ! Un citron vert ! » on irait pas loin, mais y a du vin, pour la suite, au pire !