Cette suite d’aventure n’est pas non plus au beau fixe. Je crois qu’on est loin d’avoir l’univers avec nous. Notre destiné n’est clairement pas de gagner ces 100 000 dollars. Je vais devoir faire un crédit si je veux mon appartement, ça je me suis fait à l’idée depuis la première partie de la course déjà. Mon esprit était convaincu qu’on allait être sorti de la course. Je me voyais déjà en train de mater toutes mes notifs en retard (pas beaucoup en vrai). J’espère revenir sur quelques bonnes nouvelles du genre Bring Me The Horizon ont enfin sorti une des chansons qu’ils ont écrit ces derniers mois. Ils ont fait toute une série de petite vidéos sur Youtube pour montrer leur avancement et maintenant ben… il est l’heure d’entendre le résultat. Quand j’entends une voiture qui passe devant nous sans s’arrêter alors que mon pouce est toujours levé, je suis un peu triste parce qu’ils avaient l’air d’écouter de la bonne musique. Je commence à perdre l’espoir même si on est plus trop loin de la ville. On a pas eu de chance la voiture qui nous a avancé est tombé en panne et on est maintenant de nouveau sur le bord de la route.

« T’as pas envie de me chanter une petite chanson pour me redonner l’espoir ? Genre un truc où ça cri fort pour bien se défouler au passage. »

Je le prends pour mon jukebox humain même si je doute fort qu’il soit branché sur les mêmes chansons que moi. A part the Sound of Silence, celle là c’était parfait, j’en ris encore quand j’y pense. Le meilleur moment de la course, oui je n’arrêterais pas de le dire. Je me raccroche aux bons moments parce que là, ça va pas, on avance pas, aucune voitures s’arrêtent.

« Je comprends pas pourquoi ils s’arrêtent pas. T’as pris une douche ce matin pourtant. »

Nouvelle boutade, je sais que je suis pas drôle mais les temps sont dures, on fait avec ce qu’on a.

@Liam Taylor

On y était, à deux doigts, je ne sais même pas vraiment où on se trouve exactement Kane a gardé la carte pour lui tout seul et insiste pour la garder jusqu’au bout du parcours et je dois dire que ça me fait un peu chier, j’ai l’impression qu’on n’avance pas et dans une mauvaise direction en plus. La malchance continue de nous sourire, on doit maintenant continuer à pied après que notre voiture tombe en panne, j’aimerais connaître la probabilité pour qu’il puisse nous arriver autant de merde en si peu de temps. Voilà qu’il se met à blaguer, à continuer de parler musique alors que la seule chose dont j’ai envie c’est d’être à ce weekend chill, à penser à la suite de l’aventure et mettre derrière moi ces derniers jours de merdes qu’on a eu. « Tu ne veux vraiment pas m’entendre chanter pour le moment, je te jure. » J’essaie de ne pas être trop dur pour le moment, mais s’il continue à ne se soucier de rien on va très vite avoir cette ‘ dispute ‘ qu’il voulait tant lors de la première semaine. La blague sur les voitures et celles de trop, je ne peux plus en voir, je ne veux plus en parler pour le moment. « Franchement, arrête, là tu vois j’ai juste envie de casser la première voiture que je croiserai, alors j’aimerais ne pas parler de ça. » On continue d’avancer et si jamais Kane s’est trompé sur la carte… et si jamais… ok, il faut que je ne pense pas à ça, il faut lui faire confiance, il n’est pas con au point de s’occuper de quelque chose dont il n’est pas capable. On va réussir, on ne va pas arriver parmi les derniers cette fois-ci c’est moi qui vous le dis. « Fais voir la carte deux secondes. Je veux juste être certain qu’on ne marche pas depuis quelques minutes pour rien. » Mais Kane refuse, pensant visiblement que je blague pour l’instant.

« Franchement, arrête, là tu vois j’ai juste envie de casser la première voiture que je croiserai, alors j’aimerais de pas parler de ça. » Ouh. Ok. Liam n’est pas commode du tout là. J’ai l’impression la course commence à le toucher d’un peu trop près. Je crois que j’aide en rien avec mes remarques à la con. Je crois bien faire avec mon humour mais ça empire juste la situation. La dernière chose dont j’ai envie là c’est me prendre la tête. On est déjà sûrement encore les derniers dans la course, ou peut être que mon cerveau est juste calibrer à penser qu’on est les derniers quoi qu’il arrive à présent ? Je sais pas, c’est possible. C’est pas facile de remonter vers le eau quand on voit qu’on est pas parmi les bons joueurs de la course. J’aurai cru que ce serait moins compliqué c’est vrai. Ca n’en fait qu’un challenge de plus dans ma vie et quoi qu’il se passe, je serai fier d’avoir osé y participé. Surtout que j’ai laissé Charlie derrière moi alors qu’elle m’a ouvertement dit qu’elle avait pas envie de me voir filer une fois de plus. Rien que ça, je suis fier de moi. Mais là j’ai Liam qui est sur les nerfs on dirait et je sais pas pourquoi je sens que quoi que je dise ça va pas aller. « Fais voir la carte deux secondes. Je veux juste être certain qu’on ne marche pas depuis quelques minutes pour rien. » Je lui donne la carte sans soucis parce que vu son état et ce qu’il me dit.

« On est pas dans le sens inverse, je suis pas stupide à ce point là. » Mais je retiens que j’arrête de lui parler musique parce qu’il va péter son cable dans pas longtemps sinon. « On est plus trop loin. Je te cache pas qu’on est sûrement pas les premiers mais on a encore possibilité de finir à temps. » Voilà j’essaie de dire des trucs qui sont sensé. On continue de marcher avec notre pouce levé si jamais par miracle une voiture s’arrête enfin. « On est dans le bon sens. » Que j’ajoute parce qu’il est encore le nez planté sur la carte.

@May Glitters

Il me la donne sa carte et je vérifie, je vérifie qu’on est bien sur le bon chemin. Alors oui, je vois une pancarte de kilométrage non loin qui nous précise la borne où on se situe, mais c’est un détour qu’on fait là non ? Attendez, il y a beaucoup plus court comme chemin, je rêve et en plus il insiste sur le fait qu’on est dans la bonne direction. Il nous reste quand même plusieurs kilomètres à faire et on a peu de temps devant nous. Alors, je presse le pas, forçant Kane à faire de même et Balthazar aussi qui nous suit au loin. « Reprends la carte et par contre la prochaine fois, essaie de faire au plus court ça serait peut-être mieux, le principe c’est d’être dans les premiers pas les derniers. » Je sais que je deviens de plus en plus sec et c’est pour ça que je lui redonne la carte malgré moi, pour lui montrer que je fais un effort pour me calmer, mais le désert, le stress, la chaleur ne m’aident pas vraiment eux, c’est infernal de marcher ici, je comprends mieux pourquoi personne ne vit ici. J’entends enfin une voiture arriver derrière nous et je la vois commencer à ralentir. Je lève donc mon pouce tout en me retournant vers elle et je la vois ralentir, on va enfin avoir un retour de la chance dans la compétition ? La fenêtre descend et voilà, deux gamins qui rigolent déjà à leur connerie, ils me balancent un verre de soda à la gueule. J’en ai partout sur moi, vêtement, cheveux, et ça colle cette merde. Putain, ce n’est pas possible là, je crois rêver ? « Hahahaha, si jamais je les chope… » Le rire est nerveux et je me retiens, je me retiens au maximum pace que je sais qu’il y a cette caméra derrière moi et elle doit bien se faire plaisir avec cette scène. « Surtout, aucun commentaire… »

@May Glitters

Spoiler:

« Reprends la carte et par contre la prochaine fois, essaie de faire au plus court ça serait peut-être mieux, le principe c’est d’être dans les premiers pas les derniers. » Reprend la carte ? Peut être qu’il vaut mieux qu’il la reprenne lui vu toutes les remarques qu’il a à me faire. Je lui avais dit d’entré de jeu que s’il fallait adapter on le ferait en cours de route. J’avais juste envie de tester de prendre ce lead là au passage, histoire de voir comment ça fait ce côté là de la course. On change pas une équipe qui gagne, c’est vrai, mais si on teste pas toutes les possibilités, on sait pas si on aurait pu mieux faire autrement. Mais l’espoir revient quand une voiture ralentit.

C’est horrible ce qui est en train de se passer parce que Liam se prend un gobelet de je ne sais quoi mais vu le nombre de mouches qui sont en train de se coller sur sa gueule, ça doit être fort en sucre. Quelles sont les chances que non seulement personne nous prenne en voiture, mais qu’en plus y’ait un connard qui décide de balancer son soda par sa fenêtre pour que ça atterrisse pile sur la tronche de Liam. Genre. Là. On est au summum du chat noir et j’ai envie de croire que c’est lui qui porte la poisse vu ce qu’il est en train de se prendre. C’est incroyable. Si ça n’avait été qu’une mouche, ça n’aurait pas été aussi drôle mais y’en a une autre qui arrive et encore une autre. Ou peut être que je commence à voir flou à force de me retenir ?

Je me retiens tellement de partir dans un fou rire. Je me mords la joue. Je ne pense pas qu’il a conscience de cette population d’insecte volant qui est en train de s’installer sur lui. Il est déjà très à fleure de peau, je sais, je sens que je vais m’en prendre une dans la gueule mais… Ces mouches sur lui, elles sont en train de vivre leur meilleure vie. On est en plein désert, ça cours pas les rues le sucre comme ça qui tombe du ciel. J’arrive pas à retirer mon regard des bestioles. Pourquoi l’univers me met au défi de cette façon là ? J’essaie de penser à un truc triste mais ça a juste le don de faire l’exacte opposé. Je revois le gobelet arriver sur lui, je l’ai vu au ralenti. Comme dans un film. C’était inévitable. Tout comme mon fou rire que je n’arrive plus à contenir.

Je m’esclaffe tellement que je me bave dessus au passage, je fais le même bruit qu’un porc et y’a même de quoi qui sort par mon nez. J’ai bien vu que Balthazar a tout chopé dans sa caméra. On va avoir le loisir de revoir ça. J’espère ils mettront le lancé de soda au ralenti pour que ce soit exactement comme dans mes souvenirs. Ces souvenirs qui me font juste exploser de rire encore plus fort. « J’arrive plus à respirer ! » Que je dis avec une voix beaucoup trop aigüe. Je ne me contrôle plus du tout. Je crois je vais finir par terre. Je suis déjà plié en deux. Je vais mourir de rire pour du vrai. Je pleure de rire. « Je vais crever j’arrive plus à respirer ! » Au passage je suis full drama queen, mais ouais, si je respire plus y’a des chances que j’en meurs. Je me laisse tomber par terre tellement je ris. J’ai même plus d’équilibre. Dès que je relève la tête vers Liam et je vois ces mouche, dont une sur son front toujours bien posté là, j'arrive pas à me calmer du tout.

Spoiler:

L’univers me met à l’épreuve, je ne vois que ça pour expliquer cet acharnement sur ma gueule. Ce liquide dégueulasse, je le sens couler contre ma joue, le long de mes vêtements. J’essaie de m’essuyer comme je peux avec des serviettes que j’avais récupérées dans un restaurant au début de l’aventure, mais bordel ça colle. Le seul moyen de me débarrasser de ça c’est une douche là, putain de merde, mais pourquoi ont-ils fait ça ? On est arrêté depuis trop longtemps, il faut qu’on reprenne la route, il faut que je me change les idées sinon je vais vraiment péter un câble, je vais vraiment exploser la première chose qui me passera sous la main et ça ne donnera pas vraiment une bonne image de moi à la télé. Finalement, je commence à regretter de participer à cette émission, je me tourne plus en ridicule qu’autre chose et en plus de ça on m’a collé un binôme qui n’arrive pas à tenir son sérieux une seule seconde. Les mouches se mêlent à leur tour à la bataille, c’est à croire qu’ils font un concours à celui qui arrivera à me faire sauter de mes gonds. « Putain, mais cassez-vous, vous n’avez rien d‘autre à foutre sérieux ? » Je bouge mes mains dans tous les sens pour les faire fuir, pour qu’elles me laissent enfin tranquille.

J’entends un rire derrière moi, puis un autre et encore un autre alors je me retourne, je regarde ce qu’il se passe. Qu’est-ce que je vois ? Kane qui est à la limite de s’effondrer par terre à se torde de rire. Un autre rire nerveux s’échappe de moi cette fois, je crois qu’il n’a pas vraiment compris ce que je lui ai dit tout à l’heure. « Attends, tu te fous vraiment de ma gueule alors que tu n’es même pas capable de suivre un chemin sans nous faire faire un putain de détour ? Tu m’as fait chier pour avoir la carte et tu l’utilises mal, tu te fous de ma gueule là j’espère ? Et pendant qu’on y est si tu pouvais arrêter de parler à longueur de journée pour un rien, à toujours vouloir faire la conversation, à ce qu’il n’y est pas de blanc, putain sérieux ferme-là s’il te plait, genre vraiment. Tu deviens vraiment casse couille là. » Je crois que c’est la goutte de trop, cette fameuse goûte qui fait déborder le vase et voilà qu’il l’a sa putain d’embrouille. Je me rapproche de lui en deux ou trois pas maximum. « Alors maintenant tu vas m’effacer ce sourire tout de suite de ton visage sinon je te promets que le prochain gobelet c’est moi qui l’achèterai et c’est moi qui te le balancerai dessus, ok ? Il faudrait que tu grandisses un peu. Je n’ai pas accepté de participer à cette émission pour faire le babysitter. Ça devient franchement gonflant de devoir faire l’adulte pour deux. » Je ne retiens plus mes mots, je crache tout à son visage et pourtant je continue de me retenir, je continue de ne pas l’insulter parce que je sais que ça serait une erreur. Ça ne me ressemble pas tout ça et je regrette déjà ce que je lui ai dit, mais je me suis emporté, je n’ai pas réussi à me retenir, c’était vraiment trop et j’espère simplement que ce n’est qu’un mauvais rêve. Je reprends la marche, parce que ce n’est pas tout, mais on a une épreuve à terminer et ce même si on doit le faire dans la mauvaise ambiance.


@May Glitters

Spoiler:

« Putain, mais cassez-vous, vous n’avez rien d‘autre à foutre sérieux ? » Ca n’aide en rien à calmer mon fou rire et non seulement je risque de me pisser dessous sous peu mais… je n’arrive pas à contenir un pet de s’échapper. Je n’ai plus le contrôle total de mon corps à cause de mes secousses de rire. Je vais vraiment crever et on va avoir une vidéo de moi en train de péter à la télé. J’aurai jamais cru que ça arriverait un jour. Mais pour l’instant le tout me fait encore plus rire. Je sais qu’on est tous les deux au comble du ridicule.

« Attends, tu te fous vraiment de ma gueule alors que… » Oh oh. Il commence un monologue - je suis toujours en train d’essayer de respirer pour vivre. « Alors maintenant tu vas m’effacer ce sourire tout de suite de ton visage sinon… » Sinon quoi ? « le prochain gobelet c’est moi qui l’achèterai et c’est moi qui te le balancerai dessus, ok ? » Limite si j’ai pas envie de le faire pour la blague mais j’ai bien compris qu’il ne rigole pas et je serai le seul à me marrer encore une fois. Il explose le gars. C’était à prévoir. Je suis là comme un con mort de rire et lui il était déjà pas loin de m’en mettre une dans la tête (ou plutôt de la première voiture qui passerait). Ca me coupe le sifflé de le voir comme ça. Vraiment. Ca me fait mal au coeur en vrai. Je ne crois pas un mot de ce qui sort de sa bouche parce que c’est la colère qui parle avant tout, je le sais - je l’espère. Mais ça me fait chier pour lui qu’il s’énerve à ce point là. Faut qu’il respire. Faut qu’on trouve une voiture avec quelqu’un qui va nous vendre de l’herbe pour calmer les esprits. Le sien surtout. Mais wow ça risque d’être tendu pour la suite de l’aventure si jamais il passe pas à autre chose rapidement. Moi je sais que je suis du genre à faire beaucoup de concession quand on est en équipe. L’important c’est d’arriver au but prévu. J’ai bien compris qu’il était pas content sur notre classement actuel, mais quoi qu’il arrive, je sais que j’ai donné mon maximum alors je ne regrette rien. « Ça devient franchement gonflant de devoir faire l’adulte pour deux. » Ouais bon même si j’espère fort qu’il ne pense pas ce qu’il dit, ça me fait un peu mal ça sur la fin et je ne rigole plus du tout. Je me relève, car je suis toujours par terre. Je reprends mon sac qui était toujours au sol. Je passe devant lui et y’a toujours cette mouche bordel de dieu, mais vu ce qu’il m’a sur la tronche, j’ai plus la force de rire à présent. Je lui tends la carte.

« Tiens tu peux récupérer ta précieuse carte, c’est pas un truc pour les gosses. Je continue par là à pied. » Si c’est pas le bon sens j’espère qu’il va me le dire et qu’il est pas énervé au point de nous faire aller dans le mauvais sens. Je pense pas. Il a l’air de tenir à la victoire quand même pour se mettre dans un état pareil. Qu’est ce que je donnerai pas pour pouvoir mettre un casque qui isole du bruit extérieur là et marcher juste avec ma musique à fond dans les oreilles.

Je sais que je me suis emporté, je sais que je n’aurais pas dû lui balancer toutes ces horreurs à la gueule, mais putain, il le voyait bien que j’étais déjà à bout, il le savait que j’allais finir tôt ou tard par péter un plomb alors pourquoi, pourquoi se foutre de ma gueule comme ça alors que la tension est au maximum ? Putain, mais sérieux j’aurais fermé ma gueule à sa place, je l’aurais laissé gueuler dans son coin en attendant que la température baisse un peu avant de lui reparler. Mais il a continué, il en est même venu à rire, putain. Ce qu’il y a de vraiment drôle dans tout ça ? C’est qu’il va m’en tenir porte-à-faux alors qu’il le savait, il savait que ça serait la situation de trop pour moi. « Attends, tu te fous de moi là ? Tu te mets à rire, à littéralement te foutre de ma gueule sur ce qu’il vient de se passer et tu oses partir bouder dans ton coin ? » C’est un truc de dingue ça par contre. Je veux bien croire que je suis allé un peu loin, mais il a fait le con lui aussi et il ne va pas l’assumer, c’est sérieux ? Quand je fais chier quelqu’un qu’à ce qu’il parte en vrille, j’assume derrière, c’est au moins le minimum à faire. « Je crois que tu as vraiment décidé à me pousser jusqu’au bout là… » Le voilà qui me refile la carte alors qu’il m’a fait chier pour l’avoir… J’en ai marre, je commence vraiment à en avoir marre de cette aventure de merde. « J’en ai rien à foutre de ta carte de merde. Tu veux vraiment faire le gosse à bouder dans ton coin ? Très bien, Balthazar, contacte la prod s’il te plaît, jme casse. J’en ai marre, j’arrête tout. » Je déchire la carte alors cette carte à la con, sujet de dispute pour rien et je rejoins notre caméraman qui n’a sûrement pas perdu une seule seconde de la scène qui vient de se jouer devant lui. Je me retourne, je vois Kane partir dans le sens inverse et putain qu’est-ce qu’il peut m’énerver, mais qu’est-ce que je m’énerve aussi. Dans tous ce vacarme, on avait continué d’avancer sans vraiment s’en rendre compte alors qu’on s’arrêtait presque à chaque début de phrase de l’autre, chaque rire. Il y a une balise de kilométrage devant moi, encore une autre oui. Je regarde le petit bout de carte que j’ai toujours dans ma main et c’est bien ce que je pensais. On n’est pas loin, on est à même pas une heure de Bédourie si on se dépêche. Qu’est-ce que je fais, je le préviens ? On fait semblant qu’il ne s’est rien passé ? Mais est-ce que je vais le pouvoir alors que la pression n’est toujours pas retombée ? Putain de fatigue et de stress, putain de soleil aussi. « KANE, attends, vient voir. » Je me rapproche de nouveau de lui alors que je continue de gueuler pour qu’il m’entende. « KANE. » Je me mets à courir afin de le rattraper et je le rattrape par l’épaule. « Regarde, on est à même pas une heure de Bédourie, si on se dépêche on peut encore y être à temps. » La voiture nous avait lâché plus près que prévu, dans la précipitation je ne m’en étais pas vraiment rendu compte.

@May Glitters

Spoiler:

« Attends, tu te fous de moi là ? Tu te mets à rire, à littéralement te foutre de ma gueule sur ce qu’il vient de se passer et tu oses partir bouder dans ton coin ? » Je roule des yeux, vraiment là il vaut juste mieux le laisser se calmer dans son coin sans chercher à envenimer les choses. On va juste avoir l’air d’un jeune couple qui se prend la tête pour la première fois - et c’est tout à fait le cas. Il est encore plus drama queen que moi, comme quoi on va bien ensemble au fond, sauf quand ça pète comme ça.

« J’en ai rien à foutre de ta carte de merde. Tu veux vraiment faire le gosse à bouder dans ton coin ? Très bien, Balthazar, contacte la prod s’il te plaît, jme casse. J’en ai marre, j’arrête tout. » Je m’arrête de marcher un instant en l’entendant mais surtout en captant qu’il a réduit la carte en morceaux. Doux Jésus. Nan Jésus il nous a pas aidé du tout là. Bordel de merde. Ouais. Je pensais pas qu’il irait jusqu’à s’en prendre à la carte. Je ne pense pas qu’on en aura une autre avant la prochaine étape. Heureusement que c’est souvent que du tout droit et vu ce désert qui nous entoure, on devrait pas avoir beaucoup de possibilités de routes pour arriver enfin à la dernière ville de cette semaine. On est vraiment pas loin en plus c’est ça le truc. Je reprends à marcher. Il veut arrêter tout, moi aussi mais dans tous les cas faut qu’on arrive à la ville suivante pour valider l’étape non ? Je me vois mal m’arrêter au milieu comme ça alors qu’on est presque au bout. Pas comme à Charleville, ça c’était autre chose. C’était différent. On en parle plus, c’est tabou (non ça me fait rire en vrai). Il faut juste un peu de temps pour qu’il se calme mais une chose que je retiens bien c’est que je ne suis qu’un gosse à ses yeux. Plus j’avance, plus je remarque une trottinette à quelques mètres. « KANE, attend, vient voir. » Je l’entends mais je m’arrête pas, je veux cette trottinette même si ça va pas du tout aider à ce qu’il me prenne moins pour un gosse. « KANE. » Je chope la trottinette alors qu’il m’a rattrapé. Il a l’air de s’être calmé. « Regarde, on est à même pas une heure de Bédourie, si on se dépêche on peut encore y être à temps. »

« J’ai trouvé un moyen de locomotion. »

Comme quoi peut être que les astres se placent à présent dans notre faveur. Je teste la bécane qui peut être ne fonctionne pas correctement mais si…

« Tu montes ? »

Tu montes ou tu cries ? Je me retiens de dire la totalité de ma proposition. Je n’ai pas envie de raviver les flammes de sa colère. Ca va pas être évident avec nos gros sacs sur cette trottinette à deux mais c’est plus rapide qu’à pied. Donc on peut y arriver encore plus vite et moins fatigué qu’en courant. On peut le faire. On peut. On y croit.

Spoiler:

Je ne sais pas vraiment si c’est l’excitation de se dire qu’on est à deux doit d’arriver à la prochaine étape, de se dire que cette fois on a bien notre chance parce qu’on n’a pas mis autant de temps que ça, la voiture nous ayant avancée sur au moins plus de quatre-vingts pourcent du trajet total. Je ne pense même plus à notre engueulade qui date d’il y a à peine quelques secondes. Tout ce que j’ai en tête c’est qu’on a encore une chance de réussir cette étape, de pouvoir continuer l’aventure et donc de tenir entre nos mains les précieux billets qui me permettraient de réaliser mon rêve. Alors, je ravale ma colère, mes mots et je lui cours après, j’espère qu’il en fera autant au moins jusqu’à ce qu’on arrive à Bédourie. Une fois là-bas, on aura du temps pour s’expliquer, s’excuser ou alors continuer à se gueuler dessus comme on l’a fait précédemment. « Une trottinette sérieusement ? » Je me gratte le front, comment on pourrait bien tenir sur cette chose qui me donne l’impression qu’elle peut se casser en deux au moindre choc. Je regarde le terrain qui s’étend à perte de vue devant nous et ça ne m’aide pas vraiment à me rassurer. Après, est-ce qu’on a vraiment le choix, courir va être compliqué avec nos sac-à-dos, c’est peut-être la meilleure solution qui s’offre à nous pour le moment. Je fais signe à Balthazar qu’il monte dans la voiture de l’émission pour qu’il puisse nous suivre. « Ok, on n’a pas vraiment le choix, je te suis. » Je me place derrière lui, j’essaie tant bien que mal à tenir debout alors qu’il bouge dans tous les sens afin de faire avancer l’engin qui nous sert de moyen de locomotion.

Ses cheveux m’arrivent dans la gueule, putain, il les a longs lui aussi le con. J’essaie de me les dégager, mais on passe sur un nid de poule et je perds l’équilibre, je me pète la gueule sur le côté et heureusement qu’on n’allait pas vite. Comment aurais-je pu dire à mes frères : Je suis allé à l’hôpital et j’ai perdu l’aventure à cause d’une trottinette. « Attends-moi ! » Il s’était déjà arrêté un peu plus loin, j’ai piqué mon plus grand sprint afin de remonter en selle le plus vite possible. Je ne sens aucune douleur, l’adrénaline est à son maximum. La première pancarte annonçant Bédourie est là, il ne nous reste plus que quelques kilomètres, même pas, ça se compte en centaines de mètres maintenant. Je peux distinguer la ville au fond, je suis persuadé que ce n’est pas un mirage. « Putain on va le faire. » Que je m’exclame haut et fort alors que j’espère intérieurement que nous ne sommes pas une fois de dernier, j’aurais du mal à le supporter que ce soit encore une fois le cas. On entre dans la ville et on se précipite sur la place choisit pour être l’arrivée de l’étape. On peut enttendre l’amusement des piétons qui nous voient passer, mais je n’en ai rien à faire, je ne suis concentré que sur une seule chose, gagner. « On l’a fait, putain oh que oui on l’a fait mec. » Le visage de May est enfin en face de nous, visiblement amusée elle aussi par cette entrée triomphante de notre duo. Je m’assois par terre et je reprends mon souffle après cette sacré aventure à travers le désert.