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JESSIAN REED & @DIMITRI HOROWITZ

Tu regardes une dernière fois ton reflet dans le miroir pour vérifier que tu n’as laissé aucun détail au hasard. Si ta petite soeur était là, elle serait en train de te taquiner en te disant que tu n’avais pas de soucis à te faire, tu étais parfaite pour ton rendez-vous. Mais ce n’était pas à un rendez-vous que tu te rendais ce soir. Du moins pas vraiment. Poussant un petit soupire, tu finis par détourner tes yeux du miroir qui te faisait face. Ton skinny jean et ton chemisier moulant aux manches retournées étaient exactement ce que tu avais en tête. Tes cheveux lâchés sur tes épaules étaient prêts à être attachés si nécessaire par l’élastique noir que tu portais à ton poignet. Tu t’étais légèrement maquillée, sans en faire trop non plus. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui un maquillage naturel, bel euphémisme n’est-ce pas ? Tu regardes ta montre et il est temps de partir. Attrapant ton blouson en cuir sur le lit, tu enfiles la paire de bottines qui vient terminer ton look et tu fermes la porte derrière toi. Morgane est chez Abel en ce samedi soir. Votre nouvel accord de garde n’a pas encore commencé, pas officiellement en tout cas mais vous aviez décidé de commencer doucement, un peu plus tôt. Les papiers n’étaient de toute manière qu’une couverture légale, Abel et toi vous faisiez assez confiance pour ne pas avoir besoin que tu t’en inquiètes. Ton entourage te disait de te méfier mais Abel n’avait jamais été l’être maléfique qu’ils voulaient qu’il soit, il n’allait pas commencer maintenant quand tu lui avais donné exactement ce qu’il voulait. Au volant de ta voiture, tu prends la direction de Dreamworld. Tu ne t’y rends vraiment pas souvent mais tu y as déjà été plusieurs fois avec Morgane. Cette visite cependant promettait d’être bien particulière … Alors que tu t’approches du parc d’attraction, tu t’arrêtes au restaurant italien auquel tu as commandé quelques petits plats. Il est bientôt vingt-heures, heure du rendez-vous et Dimitri a travaillé toute la journée, tu lui avais promis de ne pas arriver les mains vides. Alors que tu parcourais les derniers kilomètres en direction du parc d’attraction, tu avais encore du mal à croire ce que tu avais appris quelques semaines plus tôt. Dimitri est le père d’Ava. Dimitri est l’ex de Tamsin, cet ex qu’elle a fui et à qui elle a caché l’existence de sa fille. Tu n’avais jamais compris ce qui avait fait fuir Tamsin, elle ne te l’avait jamais expliqué alors tu t’étais dit que son ex était peut-être un bon à rien qui n’aurait pas pu élever leur fille mais ce n’était pas Dimitri. Comment avait-elle pu l’abandonner alors que son désir de construire une famille était aussi puissant ? Tu ne comprenais pas et tu n’avais toujours pas compris. Si Abel avait voulu un enfant de cette manière, avait voulu une famille, vous seriez toujours mariés aujourd’hui. L’essentiel était qu’il s’occupait de Morgane en la traitant comme une princesse. Tant qu’elle ne vivait pas ce que tu avais vécu de la part de ton ex-mari, c’était le plus important.

C’est sur un parking quasiment vide que tu te gares. Le parc ferme en fin d’après-midi alors ce n’est pas très étonnant. Il doit rester quelques agents de maintenance et des gérants d’attractions qui ont quelques petites choses à régler mais c’est tout. Cela te fait sourire quand tu penses à ce qui t’attend. La proposition de Dimitri était arrivée à point nommée. S’il y avait bien une période où tu avais besoin de retrouver la passion que tu avais en étant derrière l’objectif d’un appareil photo, c’était en ce moment. Plus les mois passaient, moins ta situation professionnelle s’améliorait et cette fois, tu commençais à t’inquiéter. Tu avais presque perdu le goût de poser tellement que les contrats se faisaient peu nombreux. C’était une inquiétude que tu avais partagé avec Dimitri un soir, au téléphone après un rejet de plus. Morgane était couchée et tu t’étais autorisée à ne plus jouer la forte tête. Quelques larmes avaient coulé sur tes yeux et c’est la voix légèrement tremblante que tu avais décroché ton téléphone ne regardant pas qui t’appelait. Tu ne savais pas si Dimitri avait besoin de quelque chose mais en tout cas, il s’inquiéta immédiatement et tu n’eus d’autres choix que de lui conter le désastre qu’était ta vie professionnelle. Tu ne fus pas étonnée qu’il cherche à te rassurer et même si tu ne le croyais qu’à demi-mots, tu appréciais ses tentatives. Mais la proposition qu’il te fit ensuite te prit de cours. Un nouveau photoshoot, dans le parc d’attraction. Tu te souviens encore de ce que tu avais ressenti quand Dimitri t’avait photographié la dernière fois dans son van et si tu pouvais ressentir qu’une once de ce bonheur, tu savais que cela te ferait du bien. Tu avais donc accepté sans hésitation et vous aviez trouvé une date qui vous convenait à tous les deux. Alors que tu attendais le beau brun derrière la grille après lui avoir envoyé un texto lui indiquant que tu étais arrivée, tu ne pus t’empêcher de penser que ce serait également un moyen de mettre derrière vous le souvenir de ce photoshoot un peu loupé qu’avait été votre dernière tentative. Enfin, surtout la fin parce que la première partie s’était parfaitement déroulée. Une silhouette s’approche de l’autre côté de la grille et un sourire apparaît immédiatement sur tes lèvres. Le visage de Dimitri apparaît et tu lui dis : « Salut ! Je ne suis pas venue les mains vides comme promis. » Le sac de nourriture du restaurant italien est dans ta main et tu le soulèves légèrement. « La journée n’a pas été trop longue ? » Lui demandas-tu alors qu’il déverrouillait la grille pour te faire pénétrer à l’intérieur.  

 

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Le parc d'attractions se vidait à vue d’œil, déserté par ses visiteurs à mesure que la nuit tombait sur Brisbane. C'était ce moment de la journée où régnait au coin de chaque allée une quiétude que Dimitri jugeait agréable, pour connaître cet endroit aussi bien lorsqu'il était noir de monde que les soirs où les mélodies entêtantes des manèges ne résonnaient que pour quelques privilégiés. Ce soir, il serait l'un des derniers à partir et pour une fois ça n'était pas dans l'optique de faire des heures supplémentaires ou de former un jeune apprenti avant le lendemain matin. Si Dimitri observait ses amis et collègues prendre un à un la direction de la sortie avec ce fin sourire impatient sur les lèvres, c'est parce que cette soirée promettait d'être aussi agréable qu'enthousiasmante pour le brun qui se languissait depuis des mois de refaire une vraie place à la photo dans sa vie. Des mois durant lesquels il avait fait taire cette envie dévorante de renouer avec sa passion, des mois qui avaient vu certaines occasions inespérées se présenter de parler de son travail autour de lui, plus seulement à ses proches mais à des personnes susceptibles de s'intéresser à son approche de la photo. Il était resté des années sans vraiment pratiquer, à laisser la flamme qui jadis brûlait en lui s'éteindre et à entasser des centaines de photos dans des boites qui pour certaines avaient pris la poussière. Le déclic avait été long à venir, mais les nombreux bouleversements dans sa vie ces derniers mois avaient sans doute indirectement mené à ce qu'il reconsidère les choses aujourd'hui. Il aimait toujours son travail et comptait s'accrocher à cette sécurité pour s'assurer de pouvoir contribuer à l'éducation d'Ava, mais il ne pouvait nier que ça ne lui suffisait plus. Peu de personnes autour de lui savaient à quel point il pouvait cogiter depuis des semaines, c'était le genre de discussions qu'il n'était pas toujours évident d'avoir et Dimitri le savait, il aurait d'abord besoin de reprendre pleinement confiance en son art avant de prendre sa famille à témoin des changements qu'il comptait provoquer. Et ce soir, ça n'était de toute façon pas qu'à lui qu'il pensait tandis qu'il vérifiait son matériel avec sa minutie habituelle. Parce que cette soirée n'était pas la sienne, mais celle de Jessian qui il le savait ne tarderait plus à arriver. C'est pour elle qu'il avait proposé de se retrouver ici, pour elle qu'il avait veillé à avoir sa soirée de libre et avait même refusé d'aller boire un verre avec des amis. Parce que c'est sa détresse, telle qu'il l'avait ressentie quelques jours plus tôt au téléphone, qui avait fait naître en lui l'envie de lui offrir une parenthèse agréable au milieu d'une situation qu'il savait compliquée. La brune s'était confiée à lui sur les difficultés qu'elle avait depuis quelques temps à signer de nouveaux contrats, et pour connaître la passion de Jessian pour son métier il n'avait eu ni mal à compatir, ni hésitation à lui proposer une alternative qui à défaut de compenser, aiderait peut être au moins à lui remonter le moral. Il le lui devait bien mais le faisait surtout de bon cœur, habité par l'envie de lui faire plaisir autant que par l'impatience de la revoir. Il le lui avait dit, lorsqu'il était passé récupérer sa fille chez elle quelques semaines plus tôt, il avait hâte que l'occasion se représente.

Cette soirée serait donc l'occasion pour la brune de mettre ses inquiétudes de coté pour simplement faire ce qu'elle aimait faire, en posant face à un appareil qui aurait la lourde tâche de rendre justice à sa beauté. Il y aurait comme un air de déjà vu, ce soir, après la séance photo d'il y a quelques mois. Une séance grâce à laquelle il avait regoûté aux sentiments grisants et exaltants qui l'habitaient chaque fois qu'il tenait un appareil entre ses mains, mais qui avait connu une fin regrettable. Dimitri, lui, avait décidé qu'il avait passé assez de temps à nourrir des regrets : ce soir, ils auraient l'occasion de mettre ces moments-là derrière eux et d'en écrire de nouveaux, et c'était tout ce qui importait étant donné l'importance de cette séance photo pour Jessian. Car ce soir il voulait lui prouver qu'elle était capable de capter n'importe quelle attention, de briller devant n'importe quel objectif, et que ça n'était pas une histoire de contrats qui devait l'en faire douter. Il l'avait vu rayonner chaque fois qu'elle s'était confiée sur le bonheur qu'elle éprouvait de simplement poser, et il voulait qu'elle retrouve ce sentiment dans cet endroit propice à ce genre de projets. Après tout, une fois désert, ce parc n'était-il pas un écrin de calme saupoudré d'un peu de fantaisie ? Autour d'eux, des centaines de possibilités s'offriraient d'immortaliser ces lieux et de créer une série de photos unique en son genre. Sans oublier cette touche d'interdit qui rendrait tout ça un peu plus excitant encore. Peu de gens étaient autorisés à se trouver ici à cette heure, et c'est ce qui leur garantirait d'être tranquilles. Son trousseau de clés à la main, Dimitri s'était procuré quelques pass auprès du gardien, qu'il connaissait depuis assez longtemps pour qu'il ne rechigne jamais à lui rendre un service. L'homme s'était fendu d'un sourire amusé en le voyant repartir avec ses trouvailles, l'air de se demander ce qu'il pouvait bien tramer pour avoir besoin de l'accès à la quasi totalité du parc un soir comme celui-ci. Et c'est lorsque sonna l'heure du rendez-vous et peu après avoir reçu le sms de Jessian qu'il se dirigea vers les grilles du parc, son sourire s'étirant lorsque ses yeux se posèrent sur la brune – venue comme prévu avec de quoi dîner. « Si on me voit faire entrer une femme transportant un mystérieux sac, on va se demander ce que je peux bien fabriquer. » Il glissa dans un sourire amusé et faussement songeur, qui s'adoucit légèrement. « Plus sérieusement, t'étais pas obligée, mais c'est gentil d'y avoir pensé. La plupart des points de restauration ont déjà fermé, alors ce dîner tombe à point. » Et de ce qu'il pouvait juger du sac qu'elle tenait, Jessian avait opté pour de la cuisine italienne et quand on connaissait un peu Dimitri on savait que c'était l'un de ses péchés mignons. Ouvrant la grille, il la laissa pénétrer à l'intérieur et prit soin de refermer derrière elle. On n'était jamais trop prudents, des voyous susceptibles d'en profiter, il en avait déjà croisés. « Un peu, mais je crois que c'est en partie parce que j'avais hâte d'être à ce soir. La plupart du temps mes soirées sont loin d'être aussi palpitantes. » Il souffla, les traits teintés de malice. En dehors de celles où il gardait Ava, voyait des amis ou sortait faire des rencontres, et parce que ce n'était pas non plus tous les jours qu'il pouvait vraiment profiter du parc hors de son temps de travail. « Prête à découvrir l'envers du décor ? Le soir, ici, c'est très différent de la journée, on devrait avoir les lieux presque pour nous tous seuls. Et c'est sans compter sur ça... » Il désigna l'un des pass qu'il s'était généreusement fait prêter, ses lèvres se fendant d'un petit sourire mystérieux. « Alors quel que soit l'endroit où il te plairait de dîner, considère qu'il est à toi pour ce soir. » Au même titre que le reste du parc, qui le temps de quelques heures et de la séance photos qui s'annonçait s'offrirait à leurs seuls regards, bien loin de l'agitation qui y régnait d'habitude.

 

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Douter de ton avenir professionnel, c’était quelque chose qui t’avait longtemps paru inimaginable. Et pourtant, depuis le début de l’année, les doutes se faisaient de plus en plus nombreux. Tu n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui avait changé entre 2019 et 2020 pour que tu n’arrives plus à convaincre les représentants de marques de te faire confiance. Cela avait toujours fonctionné pour toi alors tu ne t’étais jamais trop remise en question. Le peu de contrats que tu avais signés ces derniers mois te faisaient perdre cette confiance en toi que tu avais depuis le début de ta carrière. Même quand tu avais dû tout recommencer à zéro après ta grossesse et les premières années de Morgane, tu n’avais pas douté de cette manière. Tu avais passé du temps à t’observer dans le miroir de ta chambre mais ton corps n’avait pas changé. Tu n’avais pas pris de poids, la balance sur laquelle tu montais tous les deux-trois jours affichait toujours le même poids. Tes muscles n’avaient pas fondus, tu t’étais sans doute affinée maintenant que tu avais le temps de faire encore plus de sport. Alors cela ne pouvait pas être physique, enfin, tu ne voyais pas comment cela pouvait venir de là. Tu repensais à tes derniers castings, aux derniers entretiens que tu avais passés et tu n’avais pas été arrogante ou déplacée, tu y étais allée avec la boule au ventre mais avec une détermination de fer et tu ne savais plus ce qui faisait la différence. Avais-tu perdu cette étincelle qui naissait en toi quand tu te trouvais derrière un appareil photo ? C’était une autre hypothèse que tu avais formulée mais que tu n’avais pas pu tester. Du moins, pas avant ce soir. Le shooting photo que t’avait proposé Dimitri n’était pas vraiment dédié à répondre à cette question mais il pourrait le faire malgré tout. Tu avais envie de retrouver le plaisir de poser sans que cela ne soit conditionné à une réussite quelconque. Tu avais envie de le faire juste parce que tu pouvais le faire et tu avais envie de t’amuser, tout simplement. Tu avais besoin de retrouver la simplicité et la pureté de cette première expérience que tu avais eu pré-adolescente avec des amis. A l’époque ce n’était qu’un jeu de plus pour occuper votre après-midi … Attendant patiemment l’arrivée de ton hôte pour la soirée, tu repensais à votre dernière tentative de photoshoot. Cette expérience avait été excellente si on oubliait la manière dont elle s’était terminée. Tu n’avais pas vu les photos qui en avait découlé mais tu étais certaine qu’elles étaient réussis. Que Dimitri ait reconnu ton tatouage suite à une histoire d’un de ses amis te faisait encore rougir mais tu n’avais pas envie d’avoir honte d’avoir la vie que tu avais. Le sexe n’allait plus de pair dans ta vie avec une relation depuis longtemps maintenant que Morgane était dans ta vie. Vous aviez mis cet épisode derrière vous mais malgré tout, il allait certainement vous hanter légèrement ce soir. Dimitri finit par apparaître derrière les grilles et ne tarda pas à t’ouvrir : « Si on me voit faire entrer une femme transportant un mystérieux sac, on va se demander ce que je peux bien fabriquer. Plus sérieusement, t'étais pas obligée, mais c'est gentil d'y avoir pensé. La plupart des points de restauration ont déjà fermé, alors ce dîner tombe à point. » Tu ne perdis pas de temps à te glisser dans le parc. Tu te doutais bien que cette invitation de Dimitri représentait peut-être des risques pour lui car le parc devait avoir des règles strictes sur les visiteurs clandestins. Toutefois, tu ne le soulignais pas et tu comptais profiter de cette occasion à fond sans mettre Dimitri dans une mauvaise situation. Amener à manger était vraiment la moindre des choses dans cette situation. Les plats qui n’attendaient que vous sentaient très bons et il valait mieux ne pas vous lancer dans ce photoshoot le ventre vide. « Je me suis dit que ce serait plus sympa de faire des photos le ventre plein. En général on préfère me faire jeûner avant de me photographier mais je te fais confiance pour ne pas faire de commentaires sur mes bourrelets. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil un sourire en coin sur les lèvres. Quelques pâtes et mets italiens n’allaient pas te faire apparaître des bourrelets mais ce sera la première fois depuis longtemps que tu mangeras avant de faire des photos. Pour le ventre plat requiert des pubs de lingerie et de maillots de bain, c’est nécessaire. « J’espère que tu aimes la nourriture italienne, j’ai pris un peu de tout. » Ajoutas-tu alors que Dimitri finissait re verrouiller la grille derrière toi. Tu lui demandais si la journée n’avait pas été trop longue. « Un peu, mais je crois que c'est en partie parce que j'avais hâte d'être à ce soir. La plupart du temps mes soirées sont loin d'être aussi palpitantes. » Tes soirées à toi non plus n’étaient pas aussi palpitantes. Elles n’en restaient pas moins agréables car tu les passais avec Morgane et tu ne t’ennuyais pas avec ta fille qui te racontait ses derniers exploits à l’école, ses derniers exploits à son cours d’équitation, avec qui vous cuisiniez, vous lisiez, vous chantier, vous regardiez des films … Non, tu ne t’ennuyais pas mais passer des soirées un peu différentes c’était aussi plutôt agréable. « Prête à découvrir l'envers du décor ? Le soir, ici, c'est très différent de la journée, on devrait avoir les lieux presque pour nous tous seuls. Et c'est sans compter sur ça... Alors quel que soit l'endroit où il te plairait de dîner, considère qu'il est à toi pour ce soir. » Tu regardes le pass que Dimitri te tend avec de grands yeux. Tu ne t’étais pas attendue à un tel honneur. Tu sais très bien que tu ne monteras pas dans une attraction ce soir mais qu’importe, rien qu’imaginer faire des photos dans certains fauteuils vides, c’était grisant. Tu attrapais le pass et tu le glissais dans ta poche avant de lui dire : « Tout à moi hum ? » Lui dis-tu en réfléchissant. Tu ne connaissais pas assez les attractions de ce parc pour avoir une idée de laquelle te tentait le plus. Mais avant d’y réfléchir, tu lui dis : « Il y a un lac dans ce parc non ? On peut peut-être aller manger là-bas ? » Cela te fera passer devant quelques attractions pour te donner des idées et autour de lac se trouvaient des animaux que Morgane t’avait amenée observer lors de votre dernière visite. « Merci beaucoup pour l’invitation. Vraiment. Il me tarde de découvrir l’envers du décor. » Lui dis-tu avec un sourire sincère sur les lèvres. Tu avais plus envie de découvrir l’univers de Dimitri que l’envers du décor du parc mais les deux ne s’excluaient pas ce soir. Au contraire même, ils pouvaient aller ensemble. « Je ne connais pas bien les attractions du parc mais si tu en as une en tête, je te suis sans hésiter. Et si la partie aquatique du parc est illuminée la nuit, il faut absolument aller y faire un tour. » Juste parce que cela te fascinait et que l’eau, les éclairages et la lumière de la nuit pouvaient donner de belles photos. Enfin peut-être. Alors que vous avanciez vers votre destination, tu lui demandais : « Ava va bien ? » Tu te retenais de lui demander comment les choses s’étaient passées avec Tamsin parce que vous aviez promis de ne pas parler de ça tous les deux et tu ne comptais pas briser cette décision commune. « Il y a une table de pique-nique juste là ! » Ajoutas-tu en lui montrant une table en bois qui donnait sur le lac. Il faisait encore jour même si le soleil commençait à se coucher, le moment idéal pour manger un morceau avant de vous mettre au travail.

 

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Il en prenait conscience à présent qu'il déambulait dans les allées quasi désertes du parc, ces derniers mois n'avaient rimé qu'avec deux choses : son boulot, et son nouveau rôle de père. Dimitri avait dépensé tant d'énergie à vouloir assurer pour sa fille qu'il s'était mis une pression folle, partageant son temps entre le parc et la domicile de Tamsin, qui au fil du temps avait accepté qu'il passe plus de moments seul avec Ava. Ça lui avait fait un bien fou, et jamais il ne regretterait d'avoir fait ces efforts pour passer ne serait-ce qu'une seule seconde de son temps auprès d'elle, mais il réalisait combien le reste, tout le reste, avait aussi pâti de cette organisation. Au point qu'il soit à peine capable de se rappeler de la dernière fois qu'il était sorti boire un verre sans culpabiliser de ne pas chercher à passer chaque moment de son temps libre avec sa fille. Car c'était sans doute un peu injuste, de s'efforcer de réorganiser sa vie dès l'instant où son ex y réapparaissait pour lui annoncer qu'ils étaient les parents d'une petite fille de quatre ans. Injuste aussi, de devoir faire plus d'efforts que n'importe quel autre père pour se sentir légitime dans une situation qui n'avait rien d'évidente. Alors ce soir et pour la première fois depuis des mois, il n'avait pas envie de s'empêcher de profiter d'une belle soirée sous prétexte qu'il en avait encore beaucoup à rattraper avec sa fille. Il n'y avait rien qu'il puisse faire contre ça, si ce n'est être présent pour elle lorsque c'était à lui de l'être, et le moins qu'il puisse probablement s'accorder c'était de souffler lorsqu'Ava était avec sa mère. Et c'est ce qu'il était déterminé à faire. Quoi de mieux alors que cette séance photos pour renouer avec ce qu'il aimait et déculpabiliser une bonne fois pour toutes ? La situation avait presque un coté ironique, maintenant qu'il y réfléchissait. Parce que c'était déjà Jessian qui, quelques mois plus tôt, lui avait permis de revivre ces précieux moments avec un appareil entre les mains. Et que ce soir ce serait à nouveau ses traits qu'il capterait, son sourire qui le désarmerait et son regard devant lequel il tâcherait de ne pas perdre ses moyens. Après la dernière fois, Dimitri avait cette envie que tout se passe au mieux, peut être parce que d'une certaine manière il estimait le lui devoir, ou le leur devoir à tous les deux. La jeune femme avait tenu à apporter de quoi dîner et s'il est vrai que son estomac se ne plaindrait pas d'être nourri, c'est sa présence qui étira ici son sourire d'une manière inconsciente. « Je te promets de garder pour moi toute les remarques que pourrait m'inspirer une vision aussi insoutenable... » Il glissa, un sourire amusé au coin des lèvres et pas l'ombre d'une expression sérieuse sur le visage. Il faut dire qu'on peinait à imaginer le moindre centimètre carré de graisse sur le corps d'une femme comme Jessian, que Dimitri avait déjà vu partiellement dévêtu. « Mais s'il y a un avantage à poser pour un photographe amateur, c'est bien de pouvoir choisir quel vêtement tu enlèves ou non. Je me suis pas encore spécialisé dans les jolies brunes en petite tenue, c'est une chance. » Et il avait beau garder ce petit air mutin qu'il retrouvait presque naturellement au contact de la jeune femme, ce soir elle ne posait pas pour un magazine et il comprendrait que l'endroit soit moins bien choisi que son van pour tomber le chemisier. Non pas qu'il s'en plaindrait, cependant, mais c'était une autre histoire... « J'adore ça, t'as très bien choisi. A vrai dire j'ai tendance à déjeuner léger le midi, alors quand je vois ce sac je suis plutôt content que ce ne soit pas moi qui doive poser. » Jessian comprendrait à son sourire qu'il ne se ferait pas prier pour en faire disparaître le contenu, Dimitri comptant la nourriture italienne parmi celles capables de le réconforter après n'importe quelle journée, surtout en n'ayant pas toujours le temps de s'attabler le midi. Et s'il avait hâte d'être à ce soir, c'est aussi parce que cette rencontre nocturne au parc d'attractions le changerait de la plupart des soirées qu'il passait. La compagnie serait agréable, les lieux plus silencieux qu'en journée, et il y aurait même cette petite touche de surprise pour faire briller une lueur curieuse dans le regard de Jessian, à qui il avait à cœur de changer les idées.

Car Dimitri n'attendit pas plus longtemps pour mettre la jeune femme dans la confidence et lui tendre le pass qu'il s'était fait prêter et dont la brune et lui pourraient faire usage au cours d'une petite exploration du parc. Lui faire découvrir les lieux autrement, ça faisait partie de ces choses qu'il avait envie de lui offrir pour rendre cette soirée plus spéciale encore. Peut être qu'il ne le faisait pas uniquement pour faire oublier à Jessian les inquiétudes relatives à son boulot, mais quelles que soient exactement les raisons qui le motivaient, Dimitri aimait penser qu'il lui mettait un peu de baume au cœur. « Oui, c'est un des endroits que je préfère ici. On peut y être en quelques minutes, je connais même un raccourci. » Ce lac, il le connaissait pour ainsi dire depuis toujours ou presque, et bien que les environs aient un peu changé avec les années et que le parc se soit développé avec le temps, ça restait l'endroit qu'il avait connu étant petit. Et ça, ça contribuait à le rendre toujours aussi précieux à ses yeux d'adulte. « Merci à toi d'avoir accepté. Et si tu me trouves un peu nerveux c'est normal, j'ai plus invité une fille à voir le parc de nuit depuis le lycée. » Ses lèvres se retroussèrent dans un sourire malicieux, censé cacher que c'était effectivement un peu impressionnant d'y repenser. « L'avantage, c'est qu'aujourd'hui bosser ici me donne droit à quelques privilèges. » Comme ce pass, donc, et le fait que personne n'irait sûrement lui chercher des poux même si on les surprenait marchant dans le parc à cette heure. Dimitri était devenu une figure dans le coin, et si ça ne rattrapait pas complètement les sacrifices qu'il avait pu faire pour succéder à son père, ça restait un cadre de travail privilégié pour lui. « Je comptais justement te proposer de terminer par une escale à WhiteWater World. Et je peux malheureusement pas t'offrir un tour de montagnes russes, mais y'a quelques coins qui feraient de beaux décors pour cette séance photos. Je ne sais pas si Morgane et toi êtes déjà montés à bord du Dreamworld Express, mais ce train est un petit bijou. » Et contrairement à certaines attractions du parc, il était à peu près sûr de pouvoir le lui faire découvrir de nuit, certes à l'arrêt mais l'avantage des photos c'est que l'action y était justement figée, à lui de faire naître l'illusion. La question de la brune fit naître un sourire plus doux sur ses lèvres. « Très bien, oui. Elle me reparle souvent de cette journée avec Morgane et toi, je crois que c'est la faute du piano. » Il confia dans un léger rire, amenant le sujet avec une certaine précaution depuis que Jessian et lui avaient convenu qu'il valait sans doute mieux qu'ils évitent d'évoquer Tamsin ensemble. Son ex n'avait pas été ravie d'apprendre qu'il avait confié sa fille à garder le jour où il était censé passer la journée avec elle, et elle avait entre temps appris qu'il connaissait Jessian, ce qui ne rendait pas les choses plus simples. Arrivés près du lac, il se laissa conduire jusqu'à une table de pique-nique. « C'est parfait, ici on a l'une des meilleures vues. » Et ça aurait quelque chose d'un peu chimérique, d'admirer ce coucher de soleil se reflétant sur le lac. A tel point qu'il devrait résister à l'envie de sortir son appareil, encore rangé au fond du sac de transport qu'il avait amené avec lui. Jessian méritait bien de se détendre quelques minutes avant qu'ils ne commencent, ainsi il reposa son regard sur elle. « Tu n'as pas eu trop de mal à faire garder Morgane, ce soir ? J'espère qu'elle ne sait pas que sa mère visite le parc d'attractions sans elle à la nuit tombée, en tout cas tu peux compter sur moi pour garder le secret. » Il lui adressa un clin d’œil amusé avant d'aider la jeune femme à déballer leur repas, songeant qu'il fallait être adulte pour mesurer combien cet endroit était aussi spécial, une fois désert. « Toi, comment vas-tu ? Réellement. » Dimitri demanda doucement et malgré tout avec une pudeur qui indiquerait à Jessian qu'elle pouvait choisir de se confier, ou non, mais que si elle le faisait il n'y aurait que lui pour entendre – et là aussi, ils pourraient en faire un secret.

 

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Hakuna Matata … Alors que tu avançais dans les allées vides du parc d’attraction aux côtés de Dimitri, tu ne pouvais t’empêcher de penser à ces deux mots que tu avais chanté à tue tête avec Morgane cette semaine. Pour une fois, ta fille avait voulu voir un autre dessin animé que ceux mettant en scène des princesse. Tu avais donc pu apprécier les chansons dynamiques et l’histoire tragique du Roi Lion. Ce soir, tu avais envie de faire comme Timon et Pumba. De laisser tes soucis aux grilles du parc pour ne plus penser qu’à toi et au plaisir que cette séance photo allait te faire retrouver. Parce que tu en étais certaine, il allait te falloir quelques secondes pour te rappeler pourquoi tu aimais tant ce métier. Les contrats n’étaient plus là pour l’instant mais tu avais besoin de te montrer que tu pouvais apprécier de poser pour quelqu’un, que tu pouvais apprécier de le faire sans qu’il n’y ait aucun enjeu professionnel. Et puis le faire avec Dimitri avait quelque chose de rassurant. Au fil des mois, au fil de vos rencontres et de vos échanges virtuels, le beau brun était devenu un ami précieux. Il te comprenait bien mieux que quiconque en ce moment et sa proposition de faire ce shooting photo en était la preuve. Tu n’avais même pas pensé à le lui demander, ton esprit était bien loin de penser à poser pour qui que ce soit mais quand il te l’avait proposé, tu n’avais pas hésité à accepter car tu savais que tu en avais besoin. Tout était simple avec Dimitri. Même lorsque votre dernier photoshoot s’était mal terminé, quand tu avais fui sous le regard troublé du photographe, les choses s’étaient arrangées d’elles mêmes. Vous n’étiez pas rancuniers et mettre cet épisode derrière vous avait été plus facile à faire que tu ne le pensais au départ. Alors certes, il y avait Tamsin maintenant qui était comme une ombre sur votre amitié mais ça aussi, tu refusais d’y penser ce soir. Non, ce soir il n’y avait que Dimitri et toi. « Je te promets de garder pour moi toute les remarques que pourrait m'inspirer une vision aussi insoutenable... Mais s'il y a un avantage à poser pour un photographe amateur, c'est bien de pouvoir choisir quel vêtement tu enlèves ou non. Je me suis pas encore spécialisé dans les jolies brunes en petite tenue, c'est une chance. » Un petit rire s’échappe de tes lèvres aux paroles de Dimitri. Il était bien trop poli et trop gentleman pour faire un quelconque commentaire sur ton poids même si tu avais pris quelques kilos. Ce n’était pas le cas, ton inactivité professionnelle te laissait le temps de t’entrainer très régulièrement. Le sport était devenu une manière d’évacuer le stress et tu te poussais toujours un peu plus. Effectivement, ce photoshoot n’était pas destiné à mettre en valeur des articles de lingerie et tu n’avais pas vraiment pensé à ce que tu enlèverais ou non cette fois. Dans tous les cas, tu ne serais pas gênée, ton corps était ton instrument de travail préféré … « Si tu cherches à te spécialiser fais-moi signe, s’il y a une chose dont je ne manque pas, ce sont de petites tenues. » Te trouvas-tu à dire avec un clin d’oeil. Tu avais bien conscience que ces paroles pouvaient être attribuées à du flirt mais tu n’en avais pas grand chose à faire. Flirter ne faisait de mal à personne et quelque chose te disait que Dimitri n’avait pas dû se prêter à ce jeu depuis un moment vu qu’il semblait passer son temps au travail ou avec Ava. Alors pourquoi se priver ? Au pire, il pourrait t’envoyer balader … Tu annonçais au beau brun que tu avais acheté de la nourriture italienne et il ne tarda pas à te dire que tu avais fait un très bon choix, sans le savoir : « J'adore ça, t'as très bien choisi. A vrai dire j'ai tendance à déjeuner léger le midi, alors quand je vois ce sac je suis plutôt content que ce ne soit pas moi qui doive poser. » Un sourire en coin se dessina sur ton visage. Tu étais contente de n’avoir pas pris de petites portions. Tu savais déjà que tu n’allais pas beaucoup manger, tu étais habituée aux petites portions. Cela désolait ta mère quand elle t’invitait encore à manger mais ton estomac s’était rétréci avec le temps et tu étais vite rassasiée. Mais vous n’alliez pas manger au milieu d’une grande avenue du parc et Dimitri te donna un pass en te disant que vous pouviez aller où bon vous semblait. Tu lui proposais de commencer par les bords du lac pour manger un morceau avant de vous mettre au travail : « Oui, c'est un des endroits que je préfère ici. On peut y être en quelques minutes, je connais même un raccourci. » L’idée de découvrir les endroits préférés de Dimitri te plaisait beaucoup. C’était comme s’il t’ouvrait une nouvelle porte de son monde. Un monde dans lequel il avait grandi vu que son père tenait le manège avant lui si tu te souvenais bien de ce qu’il t’avait raconté. Alors que tes yeux se posaient sur les attractions autour de vous, tu ne pus t’empêcher de penser à quel point vous n’aviez pas grandi dans le même monde … Tu ne pensais pas qu’il y en avait un meilleur que l’autre, c’était juste très différent. Emerveillée, tu remerciais Dimitri de t’offrir cette visite nocturne privilégiée : « Merci à toi d'avoir accepté. Et si tu me trouves un peu nerveux c'est normal, j'ai plus invité une fille à voir le parc de nuit depuis le lycée. L'avantage, c'est qu'aujourd'hui bosser ici me donne droit à quelques privilèges. » Tu ne pus t’empêcher de lever légèrement un sourcil étonnée. Pas qu’il ait désormais quelques privilèges mais plutôt qu’il n’ait amené personne ici depuis le lycée. C’était un endroit idéal pour finir de charmer des demoiselles. Dimitri n’était pas un homme à femmes, c’était évident et apparemment il les avait bannies de sa vie ces derniers temps certainement par manque de temps et pas par choix. Tu te souvenais des premières années de Morgane dans ta vie, cela avait été chaotique. Tu étais très touchée qu’il ait fait une exception pour toi ce soit, encore plus que tu ne l’étais avant ces paroles. « J’espère d’autant plus faire honneur à cette visite et être de bonne compagnie. Merci de m’avoir ouvert la porte. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. La porte du parc mais surtout la porte de ce monde que Dimitri ne partageait pas avec beaucoup de monde apparemment. Alors que vous avanciez vers le lac, il te demanda si tu avais des endroits où tu voulais aller en particulier mais tu n’en avais pas vraiment si ce n’était le parc aquatique. « Je comptais justement te proposer de terminer par une escale à WhiteWater World. Et je peux malheureusement pas t'offrir un tour de montagnes russes, mais y'a quelques coins qui feraient de beaux décors pour cette séance photos. Je ne sais pas si Morgane et toi êtes déjà montés à bord du Dreamworld Express, mais ce train est un petit bijou. » Un sourire malicieux se dessina sur tes lèvres. Si Dimitri était aussi tenté par le parc aquatique, vous alliez y faire un tour ! Tu pensais déjà aux éclairages qui devaient s’allumer le soir et cela rendra certainement merveilleusement bien pour des photos. Tu connaissais le train dont Dimitri te parlait. Avec Morgane qui était encore petite, cela faisait partie des activités pour son âge alors vous étiez bien entendu montées dedans. Tu doutais que vous feriez le tour du parc ce soir mais les wagons était à eux seuls très beaux. Hochant la tête tu répondis à Dimitri : « Morgane et moi l’avons pris plusieurs fois. C’est une des attractions qu’elle peut faire sans danger à son âge et elle a adoré ! Si je me souviens bien, les wagons sont plutôt sympathiques, je pense que tu tiens notre premier stop pour ce soir. » Tu ponctuais ta phrase d’un clin d’oeil avant de demander à Dimitri si Ava allait bien. Tamsin était un sujet banni mais pour sa fille ce n’était pas le cas. « Très bien, oui. Elle me reparle souvent de cette journée avec Morgane et toi, je crois que c'est la faute du piano. » Tu secouais légèrement la tête en repensant à cette après-midi. Tu n’avais pas eu grand chose à faire, Morgane et Ava s’étaient amusées toutes seules la plupart du temps. Garder les deux petites filles était loin d’être une corvée pour toi. « Je t’avais dit que tu marquerais des points même en reportant votre sortie au parc aquatique. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Tu étais heureuse d’avoir pu distraire Ava et lui permettre de vivre cette légère déception un peu mieux. « Elle est la bienvenue si jamais tu as besoin. Tu la vois régulièrement ? » Lui demandas-tu. C’était un moyen un peu détourné de lui demander s’ils avaient mis en place un accord sur le rythme de garde de leur fille. Quelque chose de régulier qui permettait à Dimitri de ne pas dépendre des humeurs de Tamsin. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Et même si tu aurais préféré qu’Abel dépende de tes humeurs pour la garde de Morgane, tu savais que ce n’était pas la solution pour cette dernière qui avait besoin de repères et d’équilibre. Vous étiez arrivés au lac et tu pointais du doigt une table de pique-nique pour vous installer. « C'est parfait, ici on a l'une des meilleures vues. » Dimitri avait raison, la vue était magnifique. Le soleil se couchait sur le lac et tu restais quelques secondes à observer la scène, sans bouger. « Je comprends mieux pourquoi c’est un de tes endroits préférés. » Dis-tu à ton compagnon avec un petit sourire. Vivant à Bayside, tu avais la chance de pouvoir voir de beaux couchés de soleil sur la côte de temps en temps. Vous vous installez et tu commençais à sortir les différentes boîtes et les couverts en carton que t’avaient donné le restaurant. « Tu n'as pas eu trop de mal à faire garder Morgane, ce soir ? J'espère qu'elle ne sait pas que sa mère visite le parc d'attractions sans elle à la nuit tombée, en tout cas tu peux compter sur moi pour garder le secret. » En soi, cela ne te dérangeait pas que Morgane sache ce que tu faisais ce soir. Mais le problème avec ça c’était qu’après, elle tenait à t’accompagner. Et ce soir, c’était une soirée sans enfant pour ton plus grand plaisir. Secouant la tête, tu confiais à Dimitri : « Morgane est chez son père, c’est son week-end donc ça ne pouvait pas mieux tomber. » Tu avais veillé à ce que cela tombe ainsi car tu ne pouvais plus faire garder ta fille par tes parents et tes soeurs étaient occupées en ce moment. Et il était hors de question de demander une faveur quelconque à Abel. Alors que tu prenais une première bouchée de raviolis, Dimitri te demanda : « Toi, comment vas-tu ? Réellement. » Tu sentis ta gorge se serrer quelques secondes avant de soupirer légèrement. Tu avalais ta bouchée et tu passais une main dans tes cheveux. Comment allais-tu ? C’était une excellente question. Tu survivais … Tu essayais d’avancer, de ne pas te laisser abattre mais il y avait certains jours où c’était plus simple que d’autres. « Je ne sais pas … » Finis-tu par dire à Dimitri du bout des doigts. Tu tripotais ta fourchette quelques secondes avant d’ajouter : « Je sens l’étau se refermer sur moi à l’agence, on ne me le dit pas mais je sais que mon manager a une date butoir en tête. Si la situation ne s’améliore pas rapidement, cela va devenir un problème. J’essaie de ne pas y penser, de continuer à donner le meilleur de moi-même mais quand ça ne suffit pas, c’est difficile à avaler. » Finis-tu par dire. « Et puis on a changé notre accord de garde avec Abel, il a Morgane un week-end sur deux et bientôt il voudra plus ce qui me terrifie. Je ne peux plus compter sur mes parents qui m’ont comme rayée de la famille ce qui ne fait que complexifier les chose. Mais au moins, je passe du temps avec ma fille et ça la ravit. » C’était le seul point positif de cette situation. Ton regard c’était perdu dans le lac et tu le replongeais dans celui de Dimitri en lui disant : « Pardon … C’est pas très intéressant tout ça. C’est juste beaucoup en même temps. Mais grâce à toi, je vais peut-être arriver à oublier tout ça pendant quelques heures. » Lui dis-tu en haussant les épaules. Tu prends un autre ravioli, en croquant un morceau que tu te forçais à avaler. « Et toi ? Ce n’est pas épuisant de travailler encore et encore puis de voir Ava et de recommencer ? Tu as le droit d’avoir une vie tu sais. » Lui dis-tu légèrement pour le taquiner.

 

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@JESSIAN REED & DIMITRI

S'il avait toujours chéri l'ambiance si particulière du parc d'attractions, Dimitri n'était pas mécontent de goûter pour quelques heures à une quiétude inhabituelle lorsque comme lui on avait l'habitude d'arpenter ces allées noires de monde où le silence était toujours troublé par quelque chose. Parce que c'était aussi agréable, de redécouvrir les lieux pour ce qu'ils étaient, dès qu'il ne restait plus que quelques âmes privilégiées pour en apprécier le cadre. C'était comme si Jessian et lui étaient destinés à se retrouver dans des endroits que le commun des mortels qualifierait probablement d'atypiques, mais que lui chérissait plus que tout. Comme son van quelques mois plus tôt, qui était certainement l'endroit le plus précieux et le plus secret qu'il puisse donner à découvrir, ce parc offrait un tout autre paysage à la nuit tombée et c'était peut être bien ça, qu'il recherchait en l'invitant à l'y rejoindre. Une atmosphère différente, qu'ils sauraient tous les deux apprécier mais qui leur rappellerait aussi le soir où cette connexion si particulière s'était nouée entre eux. Ce soir, Dimitri ne voulait repenser qu'aux bons moments parce que tout comme Jessian, il aspirait à laisser ses soucis à l'entrée du parc et à profiter de ce que cette soirée aurait à offrir. Il ne voulait plus être ce père soucieux de bien faire, ce frère inquiet en permanence, ce type obsédé par son boulot et incapable de se laisser une chance de vivre une vie plus épanouissante sur le plan personnel. Tout ce qu'il voulait, le temps de cette soirée, c'était renouer avec des sensations oubliées et prouver à la jeune femme que personne mieux qu'elle ne savait éblouir son public lorsqu'elle posait devant un objectif. Et sans qu'il soit forcément surpris, il leur fallut à tous les deux à peine quelques minutes pour retrouver leur complicité naturelle, et cette étincelle de malice qui déjà s'était manifestée ce soir-là dans son van. Dimitri eut un peu de mal à cacher le léger rougissement de ses joues tandis que la nuit n'était pas encore tombée sur le parc, et son sourire s'étira sans qu'il s'en rende même tout à fait compte. La frontière entre sérieux et plaisanterie lui semblait se troubler légèrement, et l'image d'une Jessian en petite tenue se fraya bientôt un chemin dans un coin de son esprit pour voir son cœur battre un peu plus vite... « Je me suis longtemps destiné à la photographie de paysages, mais je ne crois pas que même la chute d'eau la plus grandiose fasse le poids face à ce genre de proposition... » Il s'amusa dans un petit sourire en coin, incapable de nier le bien que ça pouvait lui faire, de relâcher un peu la pression pour se laisser aller à ce genre de remarques avec une femme comme Jessian. Il n'avait pas envie de se demander si c'était seulement raisonnable, ou une bonne idée compte tenu de ce qu'ils avaient récemment découvert sur le fait que Tamsin soit son ex mais aussi une bonne amie de Jessian. Parce qu'en toute honnêteté, ce soir, il n'avait envie de penser à rien. « Cela dit, c'est plus facile de ne pas tomber sous le charme de son modèle quand il n'est pas vivant. » Son regard croisa le sien et brilla d'une lueur amusée et malicieuse, avant que sa pudeur habituelle ne reprenne ses droits et l'incite à reposer ses yeux sur le sac qui contenait leur dîner. Italien, c'était toujours une valeur sûre et Dimitri se faisait régulièrement livrer les soirs où il n'avait pas le temps ou l'envie de cuisiner. Et de tous les endroits où il était toujours agréable de se poser, le lac était naturellement l'un de ceux qu'il préférait pour son panorama et sa quiétude. Il avait envie que cette soirée soit une réussite à tous les niveaux et pour ça il se réjouissait de pouvoir faire découvrir un peu de son univers à Jessian, qui pouvait déjà se vanter d'en avoir vu plus que la plupart des gens. Dimitri était quelqu'un de plutôt secret qui ne se dévoilait pas à la première venue, c'était même sans doute ce qui lui valait d'être célibataire et d'avoir un peu de mal à changer cet état de cause. Il pourrait rencontrer quelqu'un, il en avait même envie, mais il suffisait de l'entendre confier à la brune qu'il n'avait plus convié une fille à arpenter ces allées avec lui depuis le lycée pour comprendre qu'il ne faisait pas ça tous les jours. Ça, autrement dit dîner au bord d'un lac avec une jolie fille et mettre le reste de coté pour profiter du moment. Dimitri se fendit d'un nouveau sourire, comme pour occulter le vide qu'il sentait l'habiter depuis sa dernière vraie relation amoureuse. « La porte te sera toujours ouverte, que ce soit ici ou ailleurs. Je le pensais vraiment quand je te l'ai l'autre jour, je serai toujours là si tu as besoin. » Et ce n'était pas une petite promesse, surtout quand on connaissait Dimitri et la loyauté dont il était capable. Jessian comptait pour lui, peu importe qu'il ne sache pas exactement dire dans quelle mesure, et ce n'était pas seulement sa reconnaissance qui parlait. Parce que ça voulait vraiment dire quelque chose, de lui offrir cet écrin de tranquillité et lui faire passer d'agréables moments, coupés du reste du monde.

La brune soumit l'idée d'une escale au parc aquatique et Dimitri ne put réprimer l'enthousiasme que lui inspira cette idée : c'était certainement le plus bel endroit qu'il leur soit donné d'admirer à la nuit tombée, ainsi ce serait la meilleure manière de conclure cette soirée. Ce parc recelait de recoins qu'il se représentait déjà comme de parfaits décors pour leur séance photos, et sentir que cette atmosphère procurait à la jeune femme le même effet ne faisait que rendre le tout plus léger et plaisant. Jessian et lui n'avaient jamais eu aucun mal à se comprendre, parfois sans même avoir besoin de mots, mais il lui semblait qu'ils n'avaient jamais été aussi connectés que ce soir. L'idée d'un shooting dans le train attitré de Dreamworld sembla d'ailleurs ravir la jolie brune. « J'aurais préféré pouvoir t'offrir un tour privé du parc, mais malheureusement je risquerais de perdre mon boulot et on ne pourrait plus organiser de séances photos clandestines à la nuit tombée... Avoue que ce serait dommage. » Ses lèvres étirèrent un sourire amusé, Dimitri étant bien trop conscient des risques qu'il prendrait pour pousser sa petite exploration jusque là. Et il savait que ça n'était pas Jessian qui risquait de l'inciter à mettre sa conscience professionnelle de coté, d'autant plus alors qu'elle était mère célibataire et savait combien il avait besoin de garder une situation stable aussi pour sa fille. Elle prit justement des nouvelles d'Ava et Dimitri se fendit d'une remarque humoristique au sujet de l'autre jour, lorsque Jessian avait eu la gentillesse de lui garder sa fille pendant qu'il avait du gérer une urgence. « J'ai plus qu'à me mettre directement au piano pour la prochaine fois que je devrai me faire pardonner de ma fille. Mais il me faudrait une bonne prof' et accessoirement un appart' un peu plus grand. » L'idée retroussa ses lèvres dans une esquisse malicieuse, parce qu'il avait beau avoir l'âme d'un artiste avec un crayon à la main ou un appareil photo, la musique il était plus à même de l’apprécier lorsqu'il l'entendait jouer par quelqu'un d'autre. « C'est gentil. » Il souffla plus doucement, ajoutant. « Tamsin garde toujours Ava la plupart du temps parce que c'est l'équilibre qui a permis à notre fille de s'épanouir pendant plus de trois ans et que j'ai aucune envie de bouleverser tout à coup ses repères en exigeant de l'avoir la moitié du temps... Mais je mentirais si je disais que ça me pèse pas d'imaginer tous les moments que je continue de rater en ne l'ayant que quelques heures par semaine... » Alors, régulièrement, ce n'était pas le mot que lui aurait employé pour résumer la situation. C'était mieux que ça l'aurait été si Tamsin n'était jamais rentrée à Brisbane et qu'il n'avait su pour l'existence d'Ava, pour autant ça restait peu, trop peu pour un père qui voulait désespérément jouer son rôle et compenser ces années loin de sa fille. « Mais c'est pas exactement le sujet le plus facile à évoquer avec Tamsin en ce moment. Parce qu'elle se montre compréhensive avec moi et que j'aurais l'impression d'être ingrat en lui imposant subitement un rythme pour lequel elle n'est sans doute pas encore prête. » Et la pire chose qui pourrait leur arriver, ce serait de se déchirer et de voir leur incapacité à tomber d'accord pour leur fille se répercuter sur Ava. Dimitri ne voulait pas de ça, depuis le départ il savait qu'il ferait son possible pour que son ex et lui gèrent la situation paisiblement et ça passait aussi par faire quelques concessions, au début, pour le bonheur d'Ava. Dimitri secoua doucement la tête pour ne pas laisser ces pensées l'empêcher de profiter de cette soirée, et contempla avec émerveillement le spectacle qui s'offrit à leur vue lorsque Jessian et lui arrivèrent au lac. C'était grandiose, plus encore alors que le soleil ne tarderait pas à se coucher, et définitivement un endroit approprié pour un dîner en plein air. Ce fut à son tour de questionner la brune au sujet de Morgane, et il accueillit par un sourire l'idée que la fillette passe la soirée avec son père. « J'espère qu'à cause de moi t'as pas du refuser une invitation à boire un verre ou une sortie au Cinéma. Même si de mon point de vue, y'a pas meilleur programme que celui-ci. » Il glissa dans un petit sourire, face à la beauté de la vue et ce cadre décidément idéal. Une partie de lui espérait que Jessian n'avait mis aucun autre projet entre parenthèse pour répondre présente à son invitation, mais une autre partie ne pouvait pas s'empêcher de se réjouir qu'elle soit ici, ce soir, et non entrain de dîner en compagnie de quelqu'un d'autre... Et parce qu'il lui avait proposé cette soirée avec l'espoir de parvenir à gommer un peu de l'inquiétude qu'elle vivait depuis quelques temps avec son boulot, Dimitri ressentit le besoin de lui offrir une occasion de se confier, même qu'à demi-mots, si elle en avait besoin. Il put lire dans son regard combien sa situation la préoccupait, mais également qu'il n'y avait pas que ça, et accueillit ses confidences avec sa compréhension habituelle. « Je comprends que cette situation t'inquiète, mais je suis certain que c'est qu'une mauvaise passe et que tout va rentrer dans l'ordre. T'es passionnée par ton boulot, il suffit de t'entendre en parler pour le savoir, et t'es la même fille... sublime et radieuse que j'ai rencontré il y a un an et qui m'a tendu sa carte autour d'un café. » Son sourire, d'abord rassurant, se voulut beaucoup plus doux. « Ce que je veux dire, c'est qu'ils seraient idiots de pas saisir la chance qu'ils ont de travailler avec quelqu'un comme toi. Ça va forcément s'arranger, moi j'ai confiance. » Et peut être bien que Jessian avait besoin qu'on l'aide à garder confiance en l'avenir, elle aussi. Elle traversait une période de confusion qui obscurcissait sans doute un peu son jugement, et cette fois c'était à lui de l'aider à garder foi en ce qui arriverait. Mais tandis qu'elle poursuivit, évoquant Morgane et le père de celle-ci, il se sentit tout à coup un peu coupable. « Je suis désolé Jessian, je... si j'avais su tout ça, je me serais pas lamenté comme je l'ai fait tout à l'heure au sujet d'Ava. Je voudrais pas que tu penses que je peux pas comprendre que cette situation avec ton ex t'effraie. Je sais que chaque histoire est différente et que tu veux le meilleur pour ta fille. » Et parce qu'il avait besoin qu'elle sente qu'il n'était pas moins capable de compatir malgré sa propre situation, Dimitri glissa doucement sa main jusqu'à la sienne, la déposant sur celle-ci dans un geste qu'il espérait réconfortant, puis lui sourit. « Dis pas de bêtises, je suis heureux que tu saches que tu peux te confier si t'en as besoin. » Et plus encore qu'elle puisse profiter de cette soirée pour libérer ce qu'elle avait sur le cœur, parce qu'il était bien placé pour savoir que ça faisait parfois un bien fou, de simplement extérioriser. Portant sa fourchette à ses lèvres, il émit un rire à la prochaine question de Jessian, qui semble-t-il savait exactement où le titiller. « C'est... éreintant, oui. Et certains jours je me dis que je passe sûrement à coté de beaucoup de choses en laissant aucune place à l'imprévu. Comme si je pouvais pas m'empêcher de penser que sortir et entretenir une vraie vie sociale, c'est pas compatible avec mon nouveau rôle de père. » Il soupira au moment de formuler cet aveu à voix haute. « Je sais, c'est idiot. » Et ce n'était pas à Jessian qu'il allait le dire, elle qui contrairement à lui savait profiter du temps où elle ne gardait pas sa fille pour s'amuser et profiter. Il l'enviait, alors même qu'il lui avait toujours dit qu'elle avait parfaitement raison sans pour autant y parvenir lui-même. « Alors moi aussi, je crois que je veux juste laisser tout ça derrière moi pendant quelques heures. Et puisque ce soir j'ai même envie de laisser une chance à l'improvisation... » Il reprit, un sourire au coin des lèvres, sortant son appareil photo de sa sacoche et pointant son objectif vers Jessian. Il laissa passer une seconde, puis la prit en photo pendant qu'elle finissait de manger son plat de raviolis. Simplement, comme on capturerait un délicat pétale au vol. « Qu'est-ce que t'en penses ? » Il demanda, glissant à ses cotés d'un air malicieux. « Si jamais ce shoot entre dans l'Histoire, je veux qu'on puisse se rappeler des conditions dans lesquelles on l'a réalisé. » De ce lac, de ce succulent repas et de ce coucher de soleil. Mais plus que tout, il voulait pouvoir se rappeler de ce moment.

 

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JESSIAN REED & @DIMITRI HOROWITZ

Il y avait toujours eu cette simplicité naturelle dans tes échanges avec Dimitri. Vous pouviez passer d’un sujet à un autre, d’une atmosphère à une autre en quelques secondes et sans aucune gêne. C’était quelque chose que tu avais remarqué très tôt dans vos échanges mais que tu n’appréciais qu’aujourd’hui à sa juste valeur. Tu avais conscience que ce n’était pas donné à tout le monde de pouvoir converser ainsi, sans filtre et sans peur d’être jugée avec quelqu’un d’autre. C’était d’autant plus étonnant que Dimitri et toi n’étiez pas du tout faits pour vous rencontrer, ça tu en étais certaine. Si Morgane ne t’avait pas échappée pendant quelques minutes, jamais vos chemins ne se seraient croisés. Toi, la mannequin vivant dans un monde de flash et de paillettes et lui le gérant d’une attraction. Votre différence d’âge dont tu ne connaissais pas l’exacte étendue était elle aussi une des raisons qui faisait que vos cercles n’étaient pas vraiment les mêmes. Mais vous aviez défié les convenances et aujourd’hui, Dimitri faisait parti de ces personnes sur qui tu pouvais compter, ces personnes à qui tu avais ouvert les portes de ton intimité et ce n’était pas donné à tout le monde. Quand tu vis une teinte de rouge apparaître sur les joues de ton interlocuteur, c’est un sourire satisfait qui se dessina sur tes lèvres. Tu ne doutais pas qu’il allait répliquer, Dimitri n’avait jamais été du genre à se défiler, peu importe le sujet. « Je me suis longtemps destiné à la photographie de paysages, mais je ne crois pas que même la chute d'eau la plus grandiose fasse le poids face à ce genre de proposition... » Un petit rire s’échappa de tes lèvres. D’autres ne seraient peut-être pas d’accord et préfèreraient les paysages mais tu ne leur en voulais pas, chacun ses préférences. « Cela dit, c'est plus facile de ne pas tomber sous le charme de son modèle quand il n'est pas vivant. » La lueur malicieuse que tu pouvais lire dans le regard du beau brun à tes côtés fit battre ton coeur un peu plus vite. Charmer l’objectif des photographes, c’était ton métier et tu prenais un malin plaisir à le faire. Mais charmer le photographe, c’était une autre histoire. Tu te souvenais de ce photoshoot dans le van de Dimitri et tu te souvenais de cette envie de le charmer, de transpercer l’objectif pour atteindre l’homme qui était derrière. Pendant quelques minutes, tu avais cru y arriver avant que ton tatouage ne vienne tout gâcher. Alors si ce soir tu as l’occasion de recommencer, tu ne vas pas t’en priver. « C’est un risque en effet mais que serait la vie si nous ne prenions pas de risque de temps en temps ? » Il fallait le reconnaître, tu aimais beaucoup prendre des risques. Pourtant, ces derniers ne payaient pas toujours mais tu n’avais pas envie de regretter le lendemain ou le mois suivant de n’avoir pas essayé. C’était certainement ce goût du risque qui t’avait poussé à épouser Abel alors que vous ne vous connaissiez depuis quelques mois. Et même si ce mariage avait été tout sauf tranquille, tu ne regrettais pas d’être passée par là car tu avais appris beaucoup sur toi, sur ce que tu attendais d’une relation et d’un partenaire et puis tu avais eu Morgane. C’est parce que Dimitri te confirma qu’il n’avait amené personne par ici depuis des années que tu le remerciais une nouvelle fois. Etre l’exception à une règle de ce genre, c’était flatteur. Tu avais conscience de la chance que tu avais de découvrir ce parc de nuit mais tu avais surtout de la chance d’avoir Dimitri à tes côtés, Dimitri qui avait senti tes doutes et ta perte de confiance et qui t’avait proposé de te prendre en photo pour te faire renouer avec cette sensation que tu commençais à oublier. « La porte te sera toujours ouverte, que ce soit ici ou ailleurs. Je le pensais vraiment quand je te l'ai l'autre jour, je serai toujours là si tu as besoin. » Touchée par ces mots, tu ne répondis rien. Dimitri savait déjà que tu répondras présente également s’il avait besoin de toi, tu l’avais fait ces derniers mois sans rien attendre en retour. C’était plus difficile pour toi d’accepter l’aide qui t’était donnée mais tu étais là alors c’était déjà un premier pas pour toi. Tu lui répondis donc avec un petit sourire, espérant qu’il transmettrait à ton interlocuteur ta reconnaissance.

« J'aurais préféré pouvoir t'offrir un tour privé du parc, mais malheureusement je risquerais de perdre mon boulot et on ne pourrait plus organiser de séances photos clandestines à la nuit tombée... Avoue que ce serait dommage. » Tu avais bien conscience que malgré le pass que tu avais entre les mains, cette séance photo n’était pas tout à fait autorisée. Dimitri prenait pour toi bien assez de risques, il n’était pas question qu’il en prenne plus en te faisant faire le tour du parc. Tu l’avais déjà fait avec Morgane et même si ce n’était pas tout à fait pareil, tu auras au moins cette idée en tête quand vous irez au départ de cette attraction où se trouveront les wagons vides de leurs passagers. « En effet ce serait bien dommage … Mais je sais être sage quand il le faut, tu peux dormir tranquille. » Tu n’étais pas certaine que ‘sage’ soit l’adjectif qui te correspondait le mieux mais tu savais te tenir et jamais tu ne mettras en danger sciemment le boulot de Dimitri, un métier auquel il tenait par son histoire familial et aussi parce qu’il lui permettait de faire vivre sa fille. Alors que vous marchiez vers le lac, tu pris naturellement des nouvelles d’Ava qui allait très bien ce dont tu te doutais sinon Morgane aurait dit quelque chose. « J'ai plus qu'à me mettre directement au piano pour la prochaine fois que je devrai me faire pardonner de ma fille. Mais il me faudrait une bonne prof' et accessoirement un appart' un peu plus grand. » Le sourire qui n’avait pas quitté tes lèvres depuis ton entrée dans le parc s’agrandit un peu plus alors que tu imaginais Dimitri derrière un piano. Tu ne doutais pas qu’il y arriverait s’il se décidait mais Ava pouvait faire sans. Tu mis ton doigt devant ses yeux avant de faire un mouvement négatif et de lui dire : « Non, chacun son talent. Toi tu es photographe, moi musicienne, je ne suis pas prête à partager. » Lui dis-tu un sourire taquin sur les lèvres. Bien sûr, parler d’Ava vous amena à parler du temps que Dimitri passait avec elle et les paroles que prononça l’homme en face de toi te donnèrent soudainement une toute autre perspective sur ta propre situation : « C'est gentil. Tamsin garde toujours Ava la plupart du temps parce que c'est l'équilibre qui a permis à notre fille de s'épanouir pendant plus de trois ans et que j'ai aucune envie de bouleverser tout à coup ses repères en exigeant de l'avoir la moitié du temps... Mais je mentirais si je disais que ça me pèse pas d'imaginer tous les moments que je continue de rater en ne l'ayant que quelques heures par semaine... Mais c'est pas exactement le sujet le plus facile à évoquer avec Tamsin en ce moment. Parce qu'elle se montre compréhensive avec moi et que j'aurais l'impression d'être ingrat en lui imposant subitement un rythme pour lequel elle n'est sans doute pas encore prête. » Tu sentis ton corps se tendre et se figer. Est-ce que c’était ce qu’Abel ressentait ? Est-ce que c’était ce que tu lui imposais en ne lui laissant voir Morgane qu’un week-end sur deux ? Est-ce qu’en imposant ce rythme, tu pensais plus à elle ou à toi ? Les questions se bousculaient soudainement dans ton esprit et tu ne savais pas comment les accueillir ou si tu avais envie d’y répondre. Bien sûr, Dimitri ne t’avait pas confié cela pour te faire culpabiliser, c’était certain mais la situation entre Tamsin et lui se rapprochait étrangement de la tienne. Bon, tu n’avais pas cacher à Abel sa fille, s’il ne jouait pas un rôle plus important dans sa vie c’était qu’il n’avait pas voulu le faire pendant de longs mois. Mais aujourd’hui, n’avait-il pas montré qu’il avait changé ? Finalement, c’est d’une voix un peu tremblante et en passant une mèche nerveusement derrière ton oreille que tu dis à Dimitri : « Je comprends que cela puisse être frustrant mais le faire petit à petit est une bonne chose. Enfin je pense. Si tu la voix régulièrement, c’est déjà bien mais même si c’est un sujet délicat, il faudra l’aborder à un moment. » Tu haussais les épaules. Pour l’avoir fait avec Abel, tu savais à quel point c’était difficile. « Crois-moi, c’est un mauvais moment à passer mais vous allez devoir élever Ava tous les deux pendant de longues années, il faut que vous puissiez parler de tout. » Avec Abel, vous parliez bien de tout ce qui engendrait souvent des disputes où comme d’habitude, vous parliez avant de réfléchir et cela faisait bien plus de mal que de bien … Mais ça c’était votre relation, cela avait toujours été ainsi. Le lac auquel vous êtes arrivés était vraiment magnifique, ce soir encore un peu plus. C’est en silence que vous appréciez ce paysage avant de vous asseoir sur une table de pique-nique pour manger. Dimitri prit à son tour des nouvelles de Morgane, en particulier où elle se trouvait actuellement. « J'espère qu'à cause de moi t'as pas du refuser une invitation à boire un verre ou une sortie au Cinéma. Même si de mon point de vue, y'a pas meilleur programme que celui-ci. » Tu laissais échapper un petit rire. Tu n’avais pas un emploi du temps si chargé que ça et puis tu n’aurais loupé cette soirée pour rien au monde. « Pour un photoshoot privé dans un tel cadre ? Je dirais non à n’importe quel autre programme. » Tu ne précisais pas que la compagnie de Dimitri était elle aussi un facteur important qui faisait que cette soirée serait géniale mais c’était aussi un facteur important. Installés à votre table de pique-nique, les boîtes en carton désormais ouvertes, c’est en commençant à manger que Dimitri te posa la question qui fâche. Et sans trop savoir pourquoi, tu te retrouvais à lui confier tes peines diverses. Professionnelles d’abord mais pas que. Aussi personnelles et familiales. Pourtant, tu n’avais pas envie de le mêler à tout ça mais peut-être avais-tu besoin d’en parler finalement … « Je comprends que cette situation t'inquiète, mais je suis certain que c'est qu'une mauvaise passe et que tout va rentrer dans l'ordre. T'es passionnée par ton boulot, il suffit de t'entendre en parler pour le savoir, et t'es la même fille... sublime et radieuse que j'ai rencontré il y a un an et qui m'a tendu sa carte autour d'un café. Ce que je veux dire, c'est qu'ils seraient idiots de pas saisir la chance qu'ils ont de travailler avec quelqu'un comme toi. Ça va forcément s'arranger, moi j'ai confiance. » Si l’un de vous deux avait confiance, c’était déjà ça … Tu n’arrivais pas à être confiance, tu n’arrivais pas à voir comment sortir de cette situation car comme Dimitri venait de le souligner, tu ne voyais pas ce qui avait fait que le vent tourne. Tu n’avais strictement rien changer et pourtant, c’était comme si tout le monde t’avait mise sur liste rouge. « Je suis désolé Jessian, je... si j'avais su tout ça, je me serais pas lamenté comme je l'ai fait tout à l'heure au sujet d'Ava. Je voudrais pas que tu penses que je peux pas comprendre que cette situation avec ton ex t'effraie. Je sais que chaque histoire est différente et que tu veux le meilleur pour ta fille. Dis pas de bêtises, je suis heureux que tu saches que tu peux te confier si t'en as besoin. » Cette fois, tu secouais la tête. Ce n’était pas que tu ne le pensais pas capable de comprendre c’était que cela devait être compliqué de t’entendre dire que tu avais du mal à lâcher prise quand c’était exactement ce que Tamsin faisait et que tu savais à quel point cela le faisait souffrir. Passant une main dans tes cheveux tu lui dis : « C’est peut-être bien que j’entende ta version des choses, ça me fait comprendre ce que ressent Abel même si j’ai pas envie de l’entendre. » Il fallait être honnête là-dessus au moins. « Et merci pour tes mots rassurants. Je ne sais pas ce que me réserve l’avenir mais j’espère que ma carrière ne s’arrêtera pas ainsi. » Lui dis-tu avec un triste sourire. Seul l’avenir vous le dira. Tu n’as pas encore décidé d’arrêter de te battre mais tes jours sont comptés, tu le sais. Alors tu détournes la conversation vers Dimitri, c’est plus sécurisant ainsi : « C'est... éreintant, oui. Et certains jours je me dis que je passe sûrement à coté de beaucoup de choses en laissant aucune place à l'imprévu. Comme si je pouvais pas m'empêcher de penser que sortir et entretenir une vraie vie sociale, c'est pas compatible avec mon nouveau rôle de père. Je sais, c'est idiot. » Tu te souvenais de tes premiers mois en temps que mère. A l’époque tu n’arrivais pas à imaginer ressortir un jour, laisser ta fille à tes parents pour sortir mais cela vient avec le temps. Dimitri était encore un jeune père malgré l’âge de sa fille et il avait besoin de trouver son rythme. « Au début avec Morgane, je ne sortais jamais. J’ai vécu pour elle pendant deux ans mais crois-moi, il arrive un moment où ce n’est plus suffisant. Tu le sauras et t’adaptera à ce moment là. » Lui dis-tu pour le rassurer. Car ce n’était que ça, une question de temps tout au plus. « Alors moi aussi, je crois que je veux juste laisser tout ça derrière moi pendant quelques heures. Et puisque ce soir j'ai même envie de laisser une chance à l'improvisation... » Sans que tu ne puisses ajouter quoi que ce soit, Dimitri sortit son appareil photo et te prit en photo. Un sourire amusé se dessina sur tes lèvres mais tu n’arrêtais pas de manger. Le rouge te monta légèrement aux joues, c’était idiot mais il y avait quelque chose de plus intime pour toi dans cette photo que dans celles que tu prenais à moitié nue pour ton boulot. Dimitri vint prendre place à tes côtés pour te montrer le résultat : « Qu'est-ce que t'en penses ? Si jamais ce shoot entre dans l'Histoire, je veux qu'on puisse se rappeler des conditions dans lesquelles on l'a réalisé. » Tu pris le temps de regarder les photos en finissant tes raviolis. Tu n’avais jamais trop aimé commenter les photos dans lesquelles tu te trouvais, tu laissais cela aux autres mais tu aimais beaucoup ce cliché. Ce shoot rentrera forcément dans l’Histoire, au moins dans votre histoire et c’était le plus important. « Un bon échauffement je dirais. » Lui dis-tu pour le taquiner. « Prêt pour la suite ? » Lui demandas-tu en récupérant les boîtes vides sur la table. Il était temps désormais de passer aux choses sérieuses maintenant que vous étiez repus. Tu jetais les déchets dans une poubelle près de vous avant de laisser Dimitri récupérer son matériel.

Vous prîtes ensuite la direction du Dreamworld Express où vous arriviez rapidement car l’attraction n’était pas bien loin du lac. La nuit commençait à tomber sur Brisbane mais les lumières du parc avaient été allumées. Il ne fut pas difficile de passer les barrières avec vos badges et bientôt, vous arriviez devant les wagons, prêts à partir le lendemain matin. « Tu avais quelque chose en tête ? » Demandas-tu à Dimitri alors que tes doigts pianotaient sur les parois de la locomotive rouge écarlate. Tu laissais tes yeux curieux découvrir l’espace, cherchant le meilleur moyen de poser pour rendre la chose la plus intéressante. Un sourire en coin sur les lèvres, tu grimpais dans un des wagons, laissant la locomotive devant toi avant de t’appuyer sur l’encadrement des fenêtres du train qui n’avait pas de vitre. Un sourire charmeur sur les lèvres, tu posais ta tête sur tes mains avant de lui demander : « Inspiré monsieur le photographe de paysage ? Ou pas encore ? » Tu ne savais pas ce que tu ferais s’il te répondait non mais le ton provocateur de ta voix ne laissait aucun doute sur tes intentions, tu le mettais bel et bien au défi.

 

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@JESSIAN REED & DIMITRI

Au départ, c'est vrai, Dimitri avait éprouvé ce désir profond de rendre justice à la nature qui l'entourait à travers son regard, son coup de crayon et, un peu plus tard, son objectif. Les paysages comme ceux qu'on observait en périphérie de Brisbane l'avaient longtemps fasciné, inspiré par leur beauté mais aussi leur calme, et c'est autour de ça qu'il s'était longtemps construit en tant qu'artiste. Aussi, peut être, parce qu'il lui était plus évident de garder cette part de sa personnalité pour lui seul. Le dessin, la photo, n'étaient alors que des passions auxquelles il se livrait en secret, comme si une partie de lui avait encore honte de cultiver son amour de l'art dans une famille où l'on n'aurait pas forcément compris qu'il tienne autant à retranscrire sa vision du monde qui l'entourait. C'était alors plus simple de s'en tenir à une nature vivante mais silencieuse, tandis qu'il en avait noirci des carnets, au cours d'excursions en forêt et de balades au bord d'un lac. Et puis, soudainement, il s'était intéressé aux portraits, à la manière dont il pourrait rendre compte de la beauté d'une femme, de la délicatesse de ses traits, des courbes de son corps, en passant par l'expressivité de son regard. Il y avait eu Jillian, tout au départ, puis Tamsin, lorsqu'il avait commencé à réellement nourrir le désir de faire de la photo plus qu'une passion – sans pour autant jamais se donner vraiment les moyens de poursuivre son rêve. Son départ n'avait été que l'un des facteurs qui l'avaient conduit à en avorter, et peut être bien qu'il n'aurait plus ressorti son appareil photo avant longtemps si sa route n'avait pas croisée celle de Jessian. Parce que c'est elle qui avait redonné son sens à cette passion longtemps délaissée, fait brûler à nouveau cette flamme au fond de lui que plus rien ne semblerait désormais pouvoir éteindre. C'est elle, qui l'avait inspiré comme nulle autre ne l'avait plus fait depuis des années, et pas juste ce soir-là dans son van. Jessian avait toujours eu ce petit quelque chose qui l'avait fasciné dès les premiers instants. Sa force de caractère, mêlée à cette extrême douceur qui l'avait frappé dès leur rencontre, le troublaient depuis le départ sans qu'il soit vraiment capable de dire à quel point. Jusqu'à ce soir, où il se plaisait volontiers à entretenir l'idée que sa seule présence puisse voler la vedette à une nature qui, en comparaison, peinait subitement à faire le poids. Son regard rencontra le sien et brilla d'une lueur plus malicieuse, trahissant ses pensées mieux que n'importe quels mots. Si tomber sous son charme était un risque, il était désormais sûr de vouloir le prendre. Après tout, la photo avait toujours été une affaire de passion pour lui. « Et tu es bien placée pour le savoir, à suivre un homme mystérieux dans un parc désert alors que la nuit ne va pas tarder à tomber. » Il glissa dans un petit sourire, comme si elle avait quoi que ce soit à craindre de lui ou de cet endroit. Il osait espérer que Jessian savait aujourd'hui qu'elle pouvait lui faire confiance et que si elle prenait elle aussi peut être certains risques ce soir, à ses cotés, ça n'était pas en décidant de le suivre aveuglément. Et ça lui plaisait, à lui, de ne pas savoir de quoi cette soirée serait faite ni s'il ne finirait pas par éprouver le désir de rester un peu plus longtemps, dans ce cadre, auprès d'elle. Parce que ce risque-là aussi, il était prêt à le prendre. Et s'il y avait beaucoup de choses qu'il ignorait face à cette impression déroutante de s'approcher consciemment d'un feu qui pourrait bien finir par le consumer, il était pour autant sûr d'une chose : il serait toujours là pour elle, prêt à écouter ses doutes et tenter d'apaiser ses craintes. Comme ce soir. Il ne pouvait peut être pas lui offrir un vrai tour au parc, mais cet endroit n'avait pas encore révélé tous ses secrets. Ici, à cette heure, c'était déjà magique à plus d'un titre. « Attention, j'hésiterai pas à te le rappeler en temps voulu. » Il glissa dans un sourire, alors que leurs pas les rapprochèrent du lac et que Jessian en profita pour prendre des nouvelles d'Ava. Les choses avaient évolué ces derniers temps sans pour autant s'être simplifiées, mais Dimitri appréciait d'être aujourd'hui capable d'une telle légèreté quand il évoquait sa fille. La remarque de Jessian lui tira un rire, et le brun secoua la tête d'un air résigné. « Ce serait pas dans mon intérêt de me mesurer à ton talent, de toute façon. Mais je note que tu me dois quand même un concert privé, un jour, pour que je sache si ma fille ne m'a pas légèrement sur-vendue sa nouvelle musicienne préférée... » Son sourire se teinta d'une lueur taquine, alors que Dimitri n'avait pas le moindre doute sur le fait que les propos de sa fille rendent fidèlement justice au talent de la jeune femme, qui rien que dans la manière dont elle évoquait le piano semblait continuer de nourrir une certaine passion pour la musique. Peut être pas comme celle qu'elle nourrissait à l'égard de son boulot, mais à laquelle lui n'avait aucun mal à s'identifier. Dimitri se confia finalement sur son nouveau rôle de père et les occasions qui lui étaient données de passer de vrais moments avec Ava. Sur ce point Tamsin faisait de vrais efforts, quand bien même ça n'apaiserait jamais totalement la peine qu'il continuait d'éprouver à l'idée d'avoir été privé de sa fille durant trois ans. Chacun de ces moments était alors une nouvelle occasion d'apprendre à se faire une place à ses cotés et parfois, c'est vrai, ça ne lui semblait pas encore assez pour devenir le père qu'il rêvait d'être pour Ava. Car parfois, Dimitri voudrait juste l'avoir près de lui la moitié du temps, même s'il était bien souvent rattrapé par l'évidence que c'était sûrement trop tôt, trop rapide. Ça lui faisait mal, mais rien ne lui importait plus que le bonheur d'Ava et cet équilibre que Tamsin et lui tentaient de préserver pour elle. « Je sais que sa mère et moi avons ses intérêts à cœur et que pour ça, quel que soient les différends qu'on pourrait avoir, on tentera toujours de prendre les meilleurs décisions pour Ava. Mais j'ai conscience qu'on doit encore faire des efforts pour communiquer et qu'on se trouve trop souvent des excuses pour éviter de le faire. » Et ça n'était pas une solution, pas alors qu'ils étaient aujourd'hui les parents d'une fillette de quatre ans qui avait besoin de chacun d'eux pour s'épanouir et se construire, et encore moins depuis ce moment d'égarement il y a quelques semaines... Les choses s'étaient terminées d'une telle façon avec Tamsin qu'il restait des non-dits que chacun avait tendance à repousser plus loin sous le tapis. « Mais je suppose que c'aurait pu être pire. Tamsin aurait pu retrouver quelqu'un, avoir un autre enfant et alors j'aurais eu encore plus de mal à trouver ma place auprès de ma fille. Voir le bon coté des choses, c'est bien ce que tu m'as souvent conseillé non ? » Il souffla dans un fin sourire, tentant de voir les choses avec plus de recul et parce qu'aussi complexe soit cette situation, il avait l'occasion d'apprendre à tenir petit à petit son rôle de père.

Arrivés près du lac, il laissa son regard balayer l'horizon et apprécier ce panorama magnifique qui à lui seul rendait cette soirée plus spéciale encore. Le cadre avait forcément son importance lors d'une séance photos, mais ici et ce soir il ne pouvait pas s'empêcher de noter l'aura romantique d'un tel paysage. Ça tenait évidemment à ce coucher de soleil venant parfaire le tableau, mais pas seulement. Et tandis qu'il s'amusa de l'idée que Jessian ait pu devoir décommander certains projets, sa remarque lui tira un petit sourire malicieux. Ses joues s’empourprèrent sans doute l'espace d'une seconde, mais très vite le ton de l'échange fut un peu moins léger lorsqu'il incita la jeune femme à confier ce qu'elle avait sur le cœur. Tous les deux ne s'étaient jamais tellement encombrés de pudeur, et ce soir, il voulait qu'elle se sente libre de mettre des mots sur ce qui l'inquiétait, tant concernant son boulot qu'au sujet de sa fille. Dimitri avait bien compris que son avenir professionnel était source de nombreuses préoccupations chez la brune, et c'est avec des mots foncièrement sincères qu'il tenta de la rassurer. Lui en était convaincu, cette situation ne pouvait être que temporaire et personne ne saurait se passer du charme contagieux et solaire de la jolie brune. La suite de ses confessions, elle, le désarçonna cependant lorsqu'il comprit par quelles inquiétudes passait aussi Jessian concernant la place de son ex-mari dans la vie de sa fille. Une situation qui rappelait la sienne, et le faisait se sentir coupable d'avoir ainsi livré ses états d'âme alors qu'ils avaient du faire écho à ce que vivait Jessian de son coté. Il ne pouvait certes pas savoir, mais il compatissait plus qu'elle n'en avait probablement conscience, pas influencé une seule seconde par sa propre position. Abel et lui étaient deux pères voulant probablement être présents pour leur fille, mais chaque situation avait ses subtilités et Jessian était une mère dévouée qui savait ce qui était bon pour Morgane. « Je suis sûr qu'il peut aussi comprendre que tu aies besoin de temps pour laisser évoluer cette situation. Tu fais preuve de bonne foi en lui laissant sa fille un week-end sur deux, et je te connais assez pour savoir que tu ne te montrerais pas méfiante envers le père de Morgane sans raison. » Et tandis que son regard vint appuyer ses paroles, il lui fit aussi comprendre qu'elle n'avait pas à se sentir obligée de se confier davantage pour l'instant, si elle préférait garder le reste de cette histoire pour elle. Dimitri n'était pas là pour juger et était fermement convaincu que Jessian était une mère exemplaire pour sa fille. « Je suis sûr que ce sera pas le cas. Et compte sur moi pour dire le fond de ma pensée à quiconque oserait assurer le contraire. » Ses lèvres étirèrent un sourire plus doux, et parce que s'il n'était pas sérieux sur la forme, il n'était pas non plus décidé à la laisser se convaincre que sa carrière ne s'en relèverait peut être pas. D'habitude c'était elle l'optimiste mais ce soir, c'est lui qui voulait lui faire voir les choses sous un angle différent. Et parce que c'était aussi un moyen de lui changer un peu les idées, il se confia sur sa nouvelle situation et ironisa sur l'idée de vivre pour son boulot et sa fille depuis des mois. C'était fatigant, oui, et pas non plus une situation qui l'épanouissait. « Et j'ai l'impression que ce changement t'a plutôt bien réussi. Il ne tient sûrement qu'à moi de relâcher la pression, et plus je réfléchis au bien que ça pourrait me faire plus j'en ai envie en réalité. » De vivre en dehors de son boulot et de son rôle de père, parce que pour peu qu'il s'accorde enfin le droit de courir après autre chose que le temps, il aurait peut être de belles surprises et serait peut être aussi un père plus épanoui pour sa fille. Son regard dévisagea un instant les traits de Jessian, dont le parcours était forcément source d'inspiration pour lui, et c'est après un nouveau sourire qu'il profita qu'elle soit entrain de terminer son dîner pour la prendre en photo. Il n'avait rien prémédité, simplement parce que ce soir il se l'interdisait, ainsi ce cliché en était d'autant plus symbolique à ses yeux. Jessian n'était pas seulement belle, elle était aussi d'un naturel déconcertant. « Après ça, plus que prêt. » Il répliqua, l’œil amusé, face à sa petite taquinerie. Les vestiges de leur repas maintenant nettoyés, ils se dirigèrent ensemble vers le Dreamworld Express, autour duquel le paysage s'était légèrement obscurci.

Tout autour d'eux, les lieux étaient joliment éclairés et le train aussi majestueux qu'à son habitude, faisant décidément office de décor idéal. « Ce soir, pas vraiment. J'avais plutôt dans l'idée d'improviser. » Il glissa doucement, un sourire plus entendu venant retrousser le coin de ses lèvres tandis qu'il l'observa prendre possession de l'endroit, grimper dans un des wagons et conquérir l'espace autour d'elle. Jessian finit par prendre appui sur l'une des fenêtres et la suite étira cette fois son sourire d'une manière plus troublée, moins innocente. Il s'approcha alors, grimpant à hauteur du marche-pied du wagon pour atterrir face à Jessian, la brune et lui n'étant plus séparés que par l'encadrement de la fenêtre. « Je ne sais pas, je crois qu'il manque un petit quelque chose... » Il souffla doucement, son regard brillant d'une lueur énigmatique et son sourire s'étirant à mesure qu'il approcha lentement l'une de ses mains du visage de la brune pour replacer quelques mèches de ses cheveux vers l'avant. Il déstructura ainsi sa coiffure, non sans que son geste se fasse l'écho d'une certaine soirée. « J'ai l'impression qu'il y a comme un air de déjà vu, pas toi ? » Et c'est pour ça qu'il n'aurait sûrement pas besoin de lui dire pourquoi il faisait ça, quand ses intentions semblaient claires. « A partir de là, j'aimerais réécrire la suite. Faire que ce soit juste toi, moi, et cette soirée... » Sans malaise, sans séance photo qui tourne court. Dimitri s'était reproché de l'avoir laissée partir, ce soir-là, et à défaut de réécrire le passé il avait une chance d'écrire une fin plus belle. Ses doigts glissèrent le long de la joue de la brune, dans une caresse qu'il éternisa volontiers contre sa peau, un air plus malicieux sur le visage. Avant qu'il ne se fasse violence pour atteindre son appareil et commencer à cadrer la jeune femme, disposé à tenter de rester dans son rôle malgré une concentration plus que vacillante... « C'est toi la pro, non ? Impressionne-moi. » Et c'était à son tour de la mettre au défi, le regard pétillant de malice, à travers ces quelques mots qui il le savait parleraient à la joueuse et à la femme qui sommeillaient en Jessian.

 

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JESSIAN REED & @DIMITRI HOROWITZ

Les regrets, tu n’en voulais pas, tu n’en avais jamais voulu. Tu avais toujours sauté sur l’occasion, attrapé toutes les opportunités qui se présentaient. Est-ce que tu aurais dû refuser de te marier avec Abel ? Est-ce que tu aurais dû dire non quand on t’a proposé tel ou tel contrat ? Peut-être. Mais si tu avais dit non, tu te serais toujours demandée ce qui se serait passé si tu avais accepté. La contrepartie de ces décisions étaient que tu devais vivre avec leurs conséquences et ce n’était pas toujours évident. Des fois, tu oubliais que tu n’avais que vingt-huit ans et toute la vie devant toi. Tu avais été mariée, puis divorcée, tu étais maman et tout cela avant tes vingt-cinq ans. C’était rapide, trop sans doute mais cela t’avait faite grandir plus que n’importe quelle personne de ton âge. C’était certainement cette maturité qui te permettait de si bien t’entendre avec Dimitri. Si tu avais été une jeunette insouciante et écervelée, tu doutais que tu te trouverais ici aujourd’hui, à le taquiner pour qu’il prenne des risques. En vérité, tu savais qu’il en prenait pas mal avec toi. Rien que ta présence dans ce parc à cette heure-là était un risque car tu doutais que ce soit quelque chose que le parc autorise. « Et tu es bien placée pour le savoir, à suivre un homme mystérieux dans un parc désert alors que la nuit ne va pas tarder à tomber. » Tu laissais échapper un éclat de rire alors que tu secoues la tête. Si seulement c’était le risque le plus inconsidéré que tu avais pris … Dimitri n’était plus un homme mystérieux depuis des mois pour toi. La première fois, quand tu avais accepté de le retrouver à son van, là c’était un vrai risque. Ce soir, cela n’en était pas un à tes yeux car le beau brun en face de toi n’était plus un mystère. Vous vous étiez trop livrés l’un à l’autre pour qu’il en soit un et à son air taquin, il le savait également. Alors que vous marchiez vers le lac, tu lui promis d’être sage et de ne pas le pousser à prendre des risques inconsidérés qui pourraient lui faire perdre son travail. Rien que le fait d’être dans ce parc quand personne d’autre ne s’y trouvait te suffisait. Tu n’avais pas besoin que les manèges s’animent pour profiter de ce paysage magnifique et hors du commun. Les machines qui vous entouraient semblaient soudainement bien plus imposantes quand elles étaient à l’arrêt et que la nuit tombait. « Attention, j'hésiterai pas à te le rappeler en temps voulu. » Tu ne doutais pas que Dimitri te rappellerait à l’ordre s’il le fallait mais malgré tes taquineries incessantes, tu n’étais pas inconsciente et tu savais où se trouvaient les limites. Demandant des nouvelles d’Ava, tu ne pensais pas que les moments passés au piano à chanter auraient un tel impact sur la petite fille mais Dimitri ne semblait pas en démordre. « Ce serait pas dans mon intérêt de me mesurer à ton talent, de toute façon. Mais je note que tu me dois quand même un concert privé, un jour, pour que je sache si ma fille ne m'a pas légèrement sur-vendue sa nouvelle musicienne préférée... » Tu sentis tes joues se colorer. Tu n’étais pas certaine d’être la musicienne préférée d’Ava, cette place risquait d’être occupée par Tamsin jusqu’à la fin des temps vu que ton amie jouait elle aussi du piano. Mais tu étais touchée qu’Ava ait apprécié ce moment musical dans ton salon. Par contre, jouer de la musique devant des personnes autres que ta famille était quelque chose que tu n’avais jamais fait. « Tu risques d’être déçu, les enfants exagèrent bien souvent. » Dis-tu remarquer à Dimitri. « Mais si tu y tiens, je ferai une exception et je te jouerai quelque chose. Seulement si tes photos sont réussies par contre. » Ajoutas-tu un sourire malicieux sur les lèvres. Tu ne doutais pas que les photos de Dimitri seraient très belles alors c’était une condition qui n’en était pas vraiment une finalement. Dimitri se confia ensuite sur le fait qu’il voyait Ava, certes, mais pas aussi souvent qu’il l’aurait voulu. Alors qu’il te décrivait ce qu’il ressentait, ce qu’il espérait, tu ne pus t’empêcher de penser à Abel, qui te demandait un peu la même chose finalement. Il est vrai que vos histoires n’avaient rien à voir mais cela ne changeait pas le fait qu’Abel devait ressentir la même chose, que tu veuilles le reconnaître ou non. Toutefois, si les choses étaient ce qu’elles étaient dans ton cas, c’était parce qu’Abel avait préféré partir en tournée plutôt que de s’occuper de sa fille et maintenant, il n’était pas simple pour toi de lâcher du leste et d’accepter de laisser Morgane avec ton ex-mari plus souvent. Cela te donnait à réfléchir mais tu ne pus t’empêcher de faire remarquer à Dimitri que c’était aussi une bonne chose que cela se fasse graduellement. « Je sais que sa mère et moi avons ses intérêts à cœur et que pour ça, quel que soient les différends qu'on pourrait avoir, on tentera toujours de prendre les meilleurs décisions pour Ava. Mais j'ai conscience qu'on doit encore faire des efforts pour communiquer et qu'on se trouve trop souvent des excuses pour éviter de le faire. » C’est toujours le problème dans une séparation. Il est assez rare que tout se soit passé calmement et que tout le monde s’entende alors la communication par la suite … Pendant plusieurs années, tu avais communiqué avec Abel au minimum. Aujourd’hui, tu te rendais compte que ce n’était pas la solution mais c’était tellement dur que de trouver un équilibre qui fonctionne … « Mais je suppose que c'aurait pu être pire. Tamsin aurait pu retrouver quelqu'un, avoir un autre enfant et alors j'aurais eu encore plus de mal à trouver ma place auprès de ma fille. Voir le bon coté des choses, c'est bien ce que tu m'as souvent conseillé non ? » Pour toi, le fait que Tamsin ait pu refaire sa vie était indépendant du rôle de père de Dimitri. Si un jour tu refaisais ta vie avec quelqu’un, il faudrait que ce soit clair pour Morgane que son père c’est Abel, cette nouvelle personne dans la vie de sa mère, c’est une nouvelle figure parentale mais différente. « Fais-toi confiance et fais confiance à ta fille. Si Morgane m’a appris quelque chose, c’est que les enfants sont bien plus intelligents et perceptifs qu’on ne l’imagine. Que Tamsin refasse sa vie ne changera rien à ton rôle de père tout comme si c’était toi qui refaisais ta vie. » Parce que oui, Dimitri aussi avait le droit de trouver quelqu’un et d’être heureux, ce n’était pas destiné qu’aux autres. « Communiquer avec son ex c’est difficile. Je n’ai toujours pas réussi à trouver une bonne manière de le faire avec Abel. Nos conversations se finissent toujours par se jeter à la figure nos fautes et nos travers, c’est … C’est difficile mais j’essaierai sans relâche parce que ma fille le mérite. » Jamais tu n’avais dénigré Abel devant Morgane, jamais tu n’avais essayé d’effacer le sourire de ta fille quand elle amenait son père dans une conversation. Tant qu’Abel la considérait comme sa priorité numéro un, c’était le plus important pour toi.

Assis là, au bord de ce lac, tu ne pus t’empêcher de remarquer à quel point l’ambiance était propice à un dîner romantique. Ce n’était pas ce qui était prévu avec Dimitri, enfin pas vraiment. Il y avait toujours eu entre vous, ce petit jeu, ce flirt que vous continuiez sans vraiment chercher à le nommer ainsi. Comme si jouer était autorisé du moment que le jeu n’a pas de nom qui risquerait de faire peur. Tu l’as dit à Dimitri, tu ne veux pas te prendre la tête ce soir, tu veux oublier tes soucis et tu ne comptes pas te prendre la tête. Tu vas être toi-même et il arrivera ce qui arrivera. Dans la quiétude de l’instant, alors que l’eau scintille sous les derniers rayons du soleil, tu confies à Dimitri les doutes et les soucis qui te pèsent sur les épaules en ce moment. Ta carrière est en train de couler mais c’est plus Abel qui te préoccupe en ce moment. Abel et son envie de plus voir Morgane, Abel et cette détermination qu’il pourrait tourner contre toi. « Je suis sûr qu'il peut aussi comprendre que tu aies besoin de temps pour laisser évoluer cette situation. Tu fais preuve de bonne foi en lui laissant sa fille un week-end sur deux, et je te connais assez pour savoir que tu ne te montrerais pas méfiante envers le père de Morgane sans raison. » Il était là le noeud du problème. Est-ce que tu avais une réelle raison de ne pas laisser Morgane à Abel plus souvent ? Tu aimais penser que oui, que tu ne voulais pas qu’elle se sente abandonnée, qu’Abel la fasse passer après sa musique et sa dernière lubie mais peut-être qu’Abel n’était plus comme ça … Et si c’était le cas, tu n’avais plus vraiment de raison valable à part cette d’avoir du mal à ne plus avoir ta fille avec toi constamment, en particulier dans cette période où elle est l’un des rares rayons de soleil de ta vie. « J’espère qu’il comprendra, je ne cherche pas le conflit, j’espère que lui non plus. » Entrer dans une situation de conflit, de bataille autour de la garde de Morgane avec Abel était la dernière chose que tu voulais faire. Tu avais toujours été attentive à répondre à ses attentes, à l’écouter et tu pensais avoir toutes les chances de ton côté si jamais il voulait amener le sujet devant un tribunal mais tu savais aussi que la réalité et la vérité dépendaient du point de vue des observateurs. « Je suis sûr que ce sera pas le cas. Et compte sur moi pour dire le fond de ma pensée à quiconque oserait assurer le contraire. » Un petit sourire reconnaissant se dessina sur ton visage aux paroles de Dimitri. Tu savais qu’il était sincère quand il disait croire en toi et c’était ce que te disaient tous tes proches mais il était difficile pour toi de le croire quand tout te tournait le dos. Tu ne lui répondis pas et à la place tu l’écoutais se confier sur ses différents boulots et le peu de temps libre que cela lui laissait. Tu voulais le rassurer, plus il prendra ses marques dans ce nouveau rôle, plus il arrivera à tout articuler. Cela t’avait demandé du temps à toi aussi. « Et j'ai l'impression que ce changement t'a plutôt bien réussi. Il ne tient sûrement qu'à moi de relâcher la pression, et plus je réfléchis au bien que ça pourrait me faire plus j'en ai envie en réalité. » Tu n’avais aucun doute dans ton esprit que Dimitri allait trouver un moyen de jongler entre ses différentes casquettes. Il apprenait vite et il allait finir par prendre ses marques. « Que dirais-tu de commencer ce soir ? » Lui proposas-tu un sourcil levé de manière légèrement suggestive. Après tout, quoi de mieux pour relâcher la pression qu’une soirée où il pourra exercer sa passion et où il n’aura pas à penser à sa fille ou à son travail. Tu étais décidé de ton côté d’en faire ta mission pour la soirée. Alors que tu finissais de manger, Dimitri te prit en photo et tu ne tardais pas à terminer car tu avais véritablement envie de passer au vrai photoshoot.

Vous ne trainiez pas au lac plus longtemps et tu te retournais une dernière fois pour observer les reflets des lumières du parc dans l’eau désormais aussi noire que le ciel au-dessus de vous. La distance pour accéder au Dreamworld Express n’était pas bien importante et vous fûtes bientôt sur les lieux. Tu demandais d’abord à Dimitri s’il avait une idée particulière : « Ce soir, pas vraiment. J'avais plutôt dans l'idée d'improviser. » Tu hoches la tête. Cela ne te dérange pas, improviser ou pas, tout te convenait, il suffisait de te donner les règles du jeu. Parce que oui, c’était un jeu pour toi. Un jeu entre le photographe et toi. Montant dans le train, tu t’appuyais sur le rebord de la fenêtre et Dimitri ne tarda pas à venir se mettre à ta hauteur en grimpant sur le marche-pied. « Je ne sais pas, je crois qu'il manque un petit quelque chose... » Les battements de ton coeur s’accélérèrent alors que les doigts de Dimitri se posèrent sur ta peau. Tu retins légèrement ta respiration, le laissant jouer avec tes mèches. « J'ai l'impression qu'il y a comme un air de déjà vu, pas toi ? A partir de là, j'aimerais réécrire la suite. Faire que ce soit juste toi, moi, et cette soirée... » Il aurait pu dire n’importe quoi, tu n’étais pas certaine que tu l’aurais entendu. Tu respirais de nouveau, sentant ton souffle venir rencontre le poignet de Dimitri alors que ses doigts glissaient maintenant sur ta joue. Ses yeux ne quittaient pas les tiens et l’intensité de son regard te faisaient déjà frissonner d’anticipation. Mais il se recula, attrapant son appareil photo et ce fut comme une claque. « C'est toi la pro, non ? Impressionne-moi. » L’impressionner hum ? Tu jetais un regard autour de toi, à la recherche de ce qui pourrait impressionner Dimitri. Vous n’étiez plus dans son van, les choses étaient différentes et pourtant, c’était la même énergie, la même tension entre vous qui allait te faire perdre la tête, tu n’en doutais pas une seule seconde. Tu ne toucheras pour l’instant pas à tes cheveux que Dimitri a pris soin de disposer à sa guise. C’est d’abord contre l’encadrement de l’entrée du wagon que tu t’appuies, une jambe pliée contre l’encadrement, le regard pensif. Tu as besoin de ce temps pour réfléchir à ta prochaine pause et elle t’apparait soudain clairement. Tu enlèves ton blouson en cuir que tu déposes dans le wagon avant de faire signe à Dimitri de monter à son tour à bord. Tu t’installes sur un des bancs qui accueille les visiteurs tous les jours, t’allongeant sur le dos. Tu jettes un regard à Dimitri, un sourire en coin dessiné sur tes lèvres. Tu entends les cliquetis de l’appareil photo et tu soupires de contentement. Mon Dieu que ça t’avait manqué … Tes mains viennent défaire les premiers boutons de ton chemisier, assez pour que la dentelle de ton soutien-gorge soit visible, un peu, juste assez pour attirer le regard sans être vulgaire. Tu te rassieds et t’approche de l’encadrement d’une fenêtre derrière laquelle on peut apercevoir au loin le lac que vous veniez de quitter. Tu inclines ta tête sur l’encadrement d’un air rêveur, le regard perdu avec de retourner ton attention sur Dimitri, un sourire en coin sur les lèvres. Tu te lèves, t’approche doucement de lui sans prendre le temps de reboutonner ton chemisier. Posant le bout de tes doigts sur la main qui tient son appareil, tu remontes le long de son bras jusqu’à laisser tes doigts frôler son cou et le haut de son torse qui dépasse de son t-shirt. « Alors ? Satisfait monsieur le photographe ? » S’il le l’était pas, vous pouviez recommencer, continuer à l’infini, tu ne pensais pas pouvoir te lasser de cette sensation. Et puis, si le regard de Dimitri s’était légèrement obscurcit, ce n’était qu’un bonus car le tient devait lui ressembler. Là, tout de suite, tu savais qu’un détour par le parc aquatique pourrait tout changer, pour le meilleur comme pour le pire.

 

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@JESSIAN REED & DIMITRI

Il leur suffit comme souvent d'un regard pour se comprendre, alors que Jessian et lui étaient tous les deux sans doute bien conscients que le plus gros des risques qui seraient pris ce soir le seraient par le brun. Que la jeune femme, même si elle se trouvait au milieu d'un parc désert à ses cotés, ne risquait rien à poursuivre auprès de lui leur mystérieuse excursion. Dimitri n'aurait pas voulu qu'il en soit autrement, cette soirée c'était son idée et il avait depuis le départ particulièrement à cœur de lui faire plaisir. N'importe qui à sa place aurait probablement songé à une invitation bien plus conventionnelle, mais s'il y avait une chose que Jessian savait déjà plus ou moins à son propos c'est que conventionnel, Dimitri savait aussi ne pas l'être. Et ce soir, bien des choses le motivaient à vouloir profiter de chaque instant, chaque seconde qui s'écrirait dans le secret de ces allées sombres et de ces manèges étrangement silencieux. Il voulait lui changer les idées, voir renaître ce sourire si caractéristique de la jeune femme, mais plus que tout il voulait partager cette soirée avec elle. Quoi qu'elle ait à leur offrir, quelle que soit la façon dont ils sauraient rendre les prochaines heures mémorables, il voulait être là. C'était la première fois depuis des mois qu'il s'autorisait à ne plus penser à rien et à laisser de coté tout ce qu'il ne voulait pas ressasser dans un moment où la seule chose qui comptait, c'était vivre ce qu'il avait à vivre sans plus chercher à appréhender ce qui pourrait arriver. Et il savait que quelque part, ils ne seraient pas là tous les deux s'ils n'avaient pas autant besoin l'un que l'autre de s'évader, profiter sans plus penser au reste ou à la rapidité avec laquelle cette nuit céderait tôt ou tard la place à une nouvelle journée. C'était à l'opposée de ses préoccupations actuelles, alors que Dimitri se délectait de bientôt profiter de ce coucher de soleil en sa compagnie. Simplement, et alors que comme souvent leurs échanges se voulaient naturels et les confessions faciles. Parler d'Ava comme il le faisait ici, avec ce sourire irrépressible, c'aurait été impensable près d'un an plus tôt quand toute sa vie avait été secouée par la nouvelle de l'existence de sa fille. Mais ici, ce soir, c'était l'évidence même. « Je ne crois pas que ces photos puissent être ratées même si je les prenais les yeux fermés. Pas avec un tel modèle, en tout cas. » Il glissa, un sourire malicieux au coin des lèvres, bien décidé à rendre justice à la beauté de la brune. Il était sans doute temps que Dimitri prenne confiance en ses photos, trop longtemps il se l'était interdit et la présence de Jessian n'était pas pour rien dans son envie de faire enfin un peu plus de place à sa passion. « Mais compte sur moi pour faire qu'elles ne soient pas seulement réussies, mais uniques. » Et Jessian lierait dans son regard que la légèreté de la conversation n'empêchait pas le sérieux derrière sa déclaration, et que réussir ses photos n'était pas le défi qu'il se lançait ce soir : ce qu'il voulait, c'était faire qu'elles ne ressemblent à aucune autre, créer autour de ces clichés une symbolique qui se rappellerait à eux à chaque fois qu'ils poseraient les yeux dessus. Il voulait que ces photos à elles seules leur rappellent toujours cette soirée, ces moments. Y compris ces nouvelles confessions que là encore il n'aurait jamais cru pouvoir faire aussi naturellement. La situation avec sa fille et son ex n'avait rien d'évidente et pourtant des efforts étaient faits de son coté comme de celui de Tamsin pour que le bonheur d'Ava passe avant tout le reste. « Je sais, tu dois avoir raison. Et si je refaisais ma vie Tamsin aurait probablement tout aussi peur qu'une autre se fasse aimer de sa fille, la seule différence c'est qu'elle est une mère pour Ava depuis le tout premier instant. » Et à ses yeux ça faisait forcément une différence, même si en définitive il savait qu'aucun homme ne pourrait jamais prendre sa place dans la vie de sa fille. Il ne partait juste pas avec les mêmes atouts en mains face à ce qui en vérité était probablement une peur commune à tous les parents séparés. Et pourtant, paradoxalement, Dimitri ne souhaitait à personne dans cette situation de cultiver cette solitude qu'il savait pesante, pour la vivre au quotidien depuis longtemps. Il souhaitait être heureux à nouveau, tout comme il le souhaitait à Tamsin, peut être plus encore dans leur situation. « J'ai l'impression que c'est pas demain la veille que toi ou moi on écrira un bouquin sur les joies de la parfaite entente avec son ex. » Il reprit doucement, dans un petit sourire amusé et comme une manière de dédramatiser cette partie de la conversation. Après tout, Jessian venait de souligner l'essentiel : elle était prête à tout pour sa fille et il l'était tout autant, c'était là ce qui valait précisément la peine d'en passer par certains différends. Ils étaient des parents, et cette soirée était l'occasion de s'autoriser un aveu : ils n'étaient pas infaillibles, mais ils faisaient de leur mieux.

L'ambiance devint plus singulière, lorsque sous leurs yeux le ciel commença à changer de couleur et que le soleil sembla emporter avec lui les responsabilités qui certaines journées se voulaient pesantes mais dont, ce soir, ils n'auraient pas à se soucier. Son regard croisa longuement celui de Jessian et ses lèvres s'étirèrent comme par réflexe, dans un sourire d'une douceur dont peu avaient été les témoins. Il sentait ressortir cette part de lui-même à son contact, probablement même depuis plus longtemps qu'il n'osait se l'avouer, et c'était toujours dans ces moments-là qu'il était le moins loquace. Mais il évitait en réalité de se poser trop de questions, jugeant la perspective de mettre cette soirée à profit pour se vider complètement la tête bien trop attrayante. Dimitri avait toujours ressenti les choses avec intensité, mais certaines fois c'était encore plus agréable de ressentir sans forcément poser des mots sur tout. Il n'en avait pas besoin, parce que cette soirée il voulait avant tout la vivre pleinement. Et face aux doutes exprimés par Jessian, et alors que quelques instants plus tôt il se confiait sur ses préoccupations de père sans imaginer à quel point ses confessions feraient écho à ce qu'elle vivait avec son ex, Dimitri se montra à son tour aussi rassurant que possible. Jessian était une mère dévouée à sa fille qui avait simplement à cœur de protéger Morgane, et bien qu'étant aussi en mesure de comprendre la position d'un père pour en être un lui-même, il se fiait à tout ce qu'il savait d'elle depuis qu'il la connaissait, bien avant le reste. « Je suis certain qu'il sait que des parents en guerre est la dernière chose dont Morgane ait besoin. Et aussi imparfaite soit la situation, le fait que vous puissiez vous parler et régler ça sans l'aide d'avocats prouve qu'entre vous le contact est loin d'être rompu. » Et c'était une situation que tout le monde ne parvenait pas toujours à éviter, selon les circonstances. La situation paraissait légèrement conflictuelle entre Jessian et son ex, mais Dimitri était convaincu qu'il demeurait encore entre eux une affection et un respect qui pesaient dans la balance lorsqu'il était question de leur fille. Tout portait à croire que la jeune femme était la figure parentale la plus stable dans la vie de Morgane, et malgré ça il sentait bien qu'elle ne pourrait pas totalement se résoudre à priver son ex de sa fille, qu'elle nourrissait une vraie envie d'offrir à Morgane la stabilité affective et émotionnelle qu'elle méritait. C'était en ça que la situation ne pouvait à ses yeux que s'arranger, tout comme il espérait que Tamsin et lui parviendraient à plus long terme à s'entendre sur ce qu'il y avait de mieux pour Ava. Son sourire s'adoucit à nouveau lorsqu'il assura à Jessian que rien ne saurait empêcher sa carrière d'être relancée, que les inquiétudes qu'elle pouvait aujourd'hui nourrir étaient forcément vouées à disparaître. Ça lui était probablement encore un peu difficile de s'en convaincre, mais le sourire qu'il vit naître sur ses lèvres lui laissa penser que ses paroles l'avaient au moins en partie rassurée. C'était l'une des raisons pour lesquelles il avait tenu à ce qu'ils se retrouvent ici, et Jessian semblait voir combien il avait aussi besoin de décompresser et de simplement faire ce qu'il aimait dans un cadre agréable. « J'en dis que le moment et la compagnie ne pourraient pas être mieux choisis. » Il lui glissa un petit regard entendu, alors qu'il parut rapidement évident qu'ils n'étaient pas uniquement venus pique-niquer au bord du lac et admirer le panorama. C'était magnifique, mais pas le seul spectacle qu'il savait susceptible de ravir ses yeux ce soir. Dimitri avait à cœur d'immortaliser la venue de Jessian, et il savait par avance que les heures fileraient à une vitesse qui lui donnait d'ors et déjà envie de ne pas en gâcher une seule minute.

Arrivés près du train dont la seule vue inspirerait n'importe quel artiste, ce petit jeu initié entre Jessian et lui reprit de plus belle, comme si les conditions étaient maintenant toutes réunies pour qu'ils s'adonnent enfin à ce qui les faisait le plus vibrer : leur passion, qui ce soir ouvrait la voie à une infinité de possibilités. Il n'y avait véritablement qu'eux, son appareil, et ce décor pour parfaire un tableau déjà rendu magnétique par le seul fait de se retrouver tous les deux pour cette soirée. Le regard de Dimitri ne manqua rien des différents mouvements de la brune, lorsque celle-ci rejoignit l'un des wagons et qu'il ressentit l'irrépressible envie de la rejoindre, gagnant le marche-pied et réduisant ainsi la distance qui la séparait de lui comme s'il s'était un peu trop habitué à la savoir tout près. L'atmosphère fut tout à coup chargée d'une électricité palpable, alors que ses doigts s'étaient attardés plusieurs secondes contre sa joue et qu'une partie de lui s'était faite violence, sans doute, pour ne pas céder à une autre de ses envies... Bien sûr que le fait de défaire légèrement ses cheveux était riche de symbolisme, et bien sûr qu'il cherchait par là à réécrire cette soirée dans son van. Mais déjà Dimitri ne pensait plus qu'à la manière dont son regard était irrésistiblement attiré par le sien, risquant à tout moment de lui faire perdre le peu de professionnalisme qu'il parvenait encore à conserver. Parce qu'il était troublé, plus troublé qu'il ne l'avait sans doute jamais été au contact de la brune, qui depuis quelques minutes se faufilait impétueusement dans chacune de ses pensées. Arriverait-il seulement à garder la face, alors qu'il se sentait peu à peu perdre le contrôle de la situation ? Il la défia de l'impressionner, comme une manière de reprendre contenance. Un défi qui cachait peut être plus que le désir de sublimer Jessian dans un décor de choix, mais derrière lequel il put se cacher pendant encore quelques minutes, lorsque la jeune femme entreprit de poser à différents endroits du wagon et qu'il la rejoignit à l'intérieur pour accompagner chacun de ses gestes, chacune de ses initiatives au son de son appareil photo. Mais aussi des battements accélérés de son cœur. « C'est ça, oui, comme ça c'est parfait. » Il l'encouragea à mesure que les poses s’enchaînaient et que sous ses yeux Jessian semblait enfin reprendre confiance en elle et en ce qui faisait qu'elle était incontestablement faite pour ça. La brune et lui échangèrent un regard, un sourire, alors que tout autour d'eux le reste semblait avoir momentanément disparu. Dimitri ne voyait plus qu'elle, les yeux perdus dans sa direction tandis qu'elle déboutonna partiellement son chemisier et qu'il sentit le trouble s'immiscer de nouveau en lui. Un trouble tout aussi soudain, brûlant, que le photographe cacha tant bien que mal mais qui n'échappa sans doute pas à Jessian qui elle aussi restait parfaitement dans son rôle. Mais lorsqu'elle interrompit sa prochaine pose pour se redresser et s'approcher de lui, Dimitri sentit qu'il lui serait cette fois beaucoup plus difficile de garder le contrôle de ses émotions. Parce qu'elle était magnifique, qu'il pourrait prétendre autant qu'il voudrait que cette séance photos ressemblait à toutes celles qu'il avait pu faire mais que ce serait des conneries. Parce qu'il n'avait jamais regardé aucune de ses modèles avec ces yeux-là. Qu'il n'avait jamais senti ce feu embraser son ventre comme s'il brûlait à petit feu d'un désir sourd pour la brune... Bonne ou mauvaise chose, il n'en savait rien, mais il n'avait pas envie de penser que quelque chose d'aussi agréable puisse être contre-indiqué. Après tout, il ne faisait rien de mal, si ce n'est lutter contre une partie de lui-même que le contact de ses doigts contre sa main faisait frissonner. Des doigts qu'il sentit remonter le long de son bras et frôler son cou, troublant pour de bon son rythme cardiaque. Le souffle lui manqua tout à coup, tout comme ses mots qui restèrent un instant bloqués faute de pouvoir résumer ce qu'il ressentait à cet instant. Tellement de choses, à vrai dire, qui dépassaient largement le cadre de cette séance photos... «  Je... » Il aurait voulu lui dire ce qu'il en pensait, à présent qu'ils étaient si proches l'un de l'autre, mais c'est dans un souffle qu'il reprit. « Je crois que le photographe est forcé de s'incliner devant le talent de son modèle. » Ses lèvres se retroussèrent dans un petit sourire en coin, sans plus qu'il ne la quitte des yeux. Là, c'est sa propre main qui remonta subtilement contre l'épaule de la brune, la pulpe de ses doigts glissant dans une caresse des plus douces, comme un vent tiède sur sa peau. « Et que cette séance mérite de finir en apothéose. » Et cette soirée avec elle de connaître une fin dont ils se souviendraient longtemps, quelle qu'elle soit. Dimitri n'avait jamais été le genre à vouloir connaître la fin du film avant de l'avoir vue, trop attaché à l'idée de se laisser surprendre. Alors, sa main glissa dans celle de Jessian, tandis qu'il demanda. « Tu me suis ? » Et la conduisit sans plus attendre à l'extérieur du wagon pour emprunter avec elle le chemin qui les mènerait au parc aquatique. C'était comme une promesse qu'ils s'étaient faite en début de soirée, et sans doute l'un des plus beaux endroits qu'il puisse leur être donné d'observer à cette heure. Car c'est encore au bord de ces bassins illuminés que le spectacle serait le plus grandiose. Arrivés sur place, Dimitri mit quelques secondes à lâcher sa main, à regrets, longeant le premier bassin avant de s’accroupir face à l'eau. Son visage se tourna vers Jessian, son regard remontant vers le sien et il attendit qu'elle s'approche pour... se redresser et l'éclabousser d'un léger jet d'eau. Il se mit alors à rire, joignant ses deux mains devant lui avant d'esquisser un sourire malicieux. « Je suis désolé, je crois qu'il y en a un qui prend cette histoire de lâcher-prise un peu trop au sérieux... » En vérité c'était probablement le sentiment le plus grisant au monde. Cette liberté, de ne se soucier de rien si ce n'est de l'instant. D'elle, de lui, et des prochaines minutes. Et au moins cette eau l'aiderait-elle peut être à garder les idées froides pendant encore quelques instants, tandis que son regard n'attendit pas pour replonger dans le sien.

 

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JESSIAN REED & @DIMITRI HOROWITZ

Dimitri t’avait toujours inspiré confiance. Tu ne saurais dire pourquoi, tu ne saurais pas l’expliquer. Peut-être parce qu’il t’avait ramené une Morgane souriante plutôt qu’apeurée lors de votre première rencontre ou peut-être pour une toute autre raison. Ce soir, au milieu de ce parc désert, tu lui faisais confiance pour te faire retrouver le plaisir de poser, pour te changer les idées et te permettre de t’évader. Tu n’avais aucun doute sur le fait qu’il remplirait cette mission à la perfection. Et s’il pouvait également en profiter pour laisser ses problèmes à l’entrée du parc d’attraction, tu ne demandais pas mieux. « Je ne crois pas que ces photos puissent être ratées même si je les prenais les yeux fermés. Pas avec un tel modèle, en tout cas. Mais compte sur moi pour faire qu'elles ne soient pas seulement réussies, mais uniques. » Un petit sourire se dessine sur tes lèvres. Tu ne doutes pas une seule seconde que Dimitri va réussir à rendre ces photos uniques en leur genre. A chacune de vos rencontres et de vos discussions, tu ne pouvais t’empêcher de remarquer qu’il avait un regard bien particulier sur le monde qui l’entourait, une manière de voir les choses qui lui était propre. Alors tu étais persuadée que tu retrouverais cela dans ses photos. « Tu as mon entière confiance monsieur le charmeur. » Lui dis-tu pour le taquiner car tu n’avais pas manqué de noter le compliment qu’il avait glissé dans sa remarque. La beauté était un concept tellement aléatoire … Oui, tu étais belle pour certains mais certainement pas plus que cela pour d’autres. Et c’est quelque chose qui ne t’a jamais dérangé. Savoir que tu étais belle aux yeux de Dimitri te faisait bien plus plaisir que tu ne l’aurait pensé. Bien entendu, alors que vous mangiez, vous ne pouviez pas ne pas parler de Morgane, d’Ava et donc un peu de vos ex également. C’était un sujet de tension pour l’un comme pour l’autre mais vous étiez dans des situations bien différentes, voire totalement opposées. Dimitri réussit à ne pas te faire te sentir trop égoïste quand tu lui confiais que tu n’étais pas encore totalement à l’aise à l’idée de laisser Morgane avec Abel une semaine sur deux. Pas parce que tu pensais qu’il ne s’en occuperait pas bien, simplement parce que tu n’étais pas encore prête à perdre un peu plus tes repères. Et en ce moment, tu avais besoin de ta fille près de toi pour traverser cette période compliquée professionnellement. Ça, tu évitais de le confier à ton ex-mari, il considèrera très certainement cet argument comme non valable. « Je sais, tu dois avoir raison. Et si je refaisais ma vie Tamsin aurait probablement tout aussi peur qu'une autre se fasse aimer de sa fille, la seule différence c'est qu'elle est une mère pour Ava depuis le tout premier instant. » Voilà une situation face à laquelle tu ne saurais pas non plus comment réagir. Tu sais qu’il arrivera forcément un moment où Abel refera sa vie et où tu referas la tienne. Vous remettre ensemble n’est pas une option, tu le sais. Alors il faudra que Morgane gère la présente d’une belle-mère chez son père et de quelqu’un à tes côtés également. Malheureusement, il vous faudra tous apprendre à gérer sur le moment, à tâtonner pour trouver une nouvelle fois, un équilibre convenable. « J’ai bien peur que nous ayons tous à accepter qu’une ou un autre se fasse aimer de nos enfants. Mais nos filles ne sont pas dupes, elles sont trop intelligentes pour se laisser avoir et elles nous aiment trop pour nous remplacer. » Ça par contre, tu en étais persuadée. Oui, peut-être que sur le moment, quand cette autre personne entrera dans leur vie, elles seront émerveillées mais ce sera momentané. L’épreuve du temps passera par là et fera disparaître cette première illusion. « J'ai l'impression que c'est pas demain la veille que toi ou moi on écrira un bouquin sur les joies de la parfaite entente avec son ex. » Tu accompagnais ces paroles d’un petit rire en secouant la tête. Non, tu doutais que les choses deviennent plus faciles à gérer avec Abel parce que votre histoire était loin d’être simple mais pour Morgane, tu acceptais de faire le sacrifice. Pour Morgane, tu braveras tous les obstacles car tu sais que passer du temps avec son père est important pour elle. « Je suis certain qu'il sait que des parents en guerre est la dernière chose dont Morgane ait besoin. Et aussi imparfaite soit la situation, le fait que vous puissiez vous parler et régler ça sans l'aide d'avocats prouve qu'entre vous le contact est loin d'être rompu. » Il n’y avait eu aucune tromperie, aucune trahison entre Abel et toi. Si tu avais demandé le divorce ce n’était pas parce que tu ne l’aimais plus, c’était parce que tu l’aimais trop et que cela était en train de te détruire. Des fois, tu ne pouvais t’empêcher de te dire que cela aurait été plus simple si Abel t’avait trahie. Et dans vos interactions aujourd’hui, il restait des traces de cette histoire, elle n’était pas complètement effacée. « Tamsin et toi, vous allez y arriver aussi tu verras. Ce n’est pas facile, cela demande de prendre sur soi mais vous y arriverez. » Connaissant les deux partis, il était évident pour toi qu’ils finiraient par trouver un équilibre. C’était trop tôt pour l’instant, Dimitri se faisait encore une place auprès d’Ava et devaient encore digérer que Tamsin lui ait caché l’existence de sa fille. Mais ils y arriveront. Clôturer ces sujets difficiles pour passer à autre chose, c’était ton but alors tu proposais à Dimitri de commencer à lâcher prise dès maintenant. « J'en dis que le moment et la compagnie ne pourraient pas être mieux choisis. » Un grand sourire vint illuminer ton visage en guise de réponse avant que vous ne récupériez vos affaires pour vous mettre en route vers le train.

Sans surprise, Dimitri avait eu raison de vouloir commencer ce photoshoot dans ces wagons à l’arrêt car avec le coucher du soleil, ils faisaient un décor fabuleux. Il était évident désormais que vos discussions difficiles étaient derrière vous. Désormais, vous alliez laisser place à ce qui vous animait, cet art qui pour toi résidait dans le fait de poser et qui pour Dimitri était de sublimer le réel avec ses photos. Le jeu qui s’installa entre vous était comme naturel et te rappela ce premier photoshoot dans le van du beau brun. Ton regard avait du mal à quitter le sien tellement il était expressif. Au milieu de la mise en scène qu’il te mit au défi d’organiser, à chaque fois que son regard n’était pas caché par son appareil photo, tu cherchais à retrouver ses iris. Son regard posé sur ton corps te faisait frissonner par ton intensité. Ce jeu entre vous, il était là depuis le début mais il n’était en général que passager. Une petite remarque par-ci par-là dans une conversation. Mais ce soir, vous ne fuyiez plus face à cette tension qui vous animait et qui prenait vie un peu plus à chaque regard échangé. Il faudrait être aveugle pour ne pas apprécier le physique de Dimitri. Tu l’avais remarqué dès votre première rencontre mais de beaux corps, tu en voyais tous les jours. Ce qui rendait Dimitri magnifique à tes yeux, c’était tout ce que tu avais appris de lui depuis votre première rencontre. Vous vous étiez découverts sans artifice et aujourd’hui, cela ne rendait votre lien que plus fort. Alors tu te délectais du trouble que tu pouvais lire dans ses gestes à chaque nouvelle initiative que tu prenais. Tu arrivais certainement mieux à le cacher mais tu n’en menais pas large non plus. « C'est ça, oui, comme ça c'est parfait. » Le bruit de l’appareil photo résonnait dans la nuit qui tombait doucement. Seuls les cliquetis de l’appareil et vos respirations désormais plus rapides venaient briser le silence de ce parc mais surtout de cette bulle dans laquelle tu avais l’impression d’évoluer. Les encouragements de Dimitri ne firent que te donner un peu plus confiance en toi. Tu retrouvais peu à peu d’anciennes habitudes, cette attraction à l’objectif te revenait de plein fouet et tu profitais de ce moment que t’offrait Dimitri. Les photos seront magnifiques, tu n’en doutes pas mais les photos sont le cadet de tes soucis quand tu te relèves du banc sur lequel tu étais installée pour t’approcher de ton photographe. S’il y a bien une chose qui te définit, c’est ta bravoure. Et tu as terriblement envie de réduire la distance entre Dimitri et toi, de toucher cet homme que tu as l’impression de si bien connaître et en même temps, tu sens que tu as encore énormément de choses à découvrir à son sujet. Alors tu ne réfléchis pas trop, tes doigts viennent courir le longe de son bras pour remonter jusqu’à son cou et tu peux lire le trouble que tu provoques en lui. Tu t’en délectes autant que tu n’en mènes pas large. Parce que toi aussi tu es troublée, de ce regard qui te transperce, de tout ce que tu ressens à cet instant précis et que tu es incapable d’interpréter. «  Je... Je crois que le photographe est forcé de s'incliner devant le talent de son modèle. Et que cette séance mérite de finir en apothéose. » Les doigts de Dimitri vinrent se poser sur ton épaule dénudée suite aux différentes poses prises quelques secondes plus tôt. Inconsciemment, tu penches légèrement la tête de l’autre côté comme pour l’inviter à remonter un peu plus haut mais il n’en fait rien. Une lueur déterminée apparaît dans ses yeux et tu es intriguée de savoir ce qu’il te réserve. Incapable de parler, tu sens Dimitri glisser sa main dans la tienne et tu n’hésites pas à entremêler tes doigts avec les siens. « Tu me suis ? » Comme s’il avait besoin de demander … Tu hoches la tête, le coeur battant, tes yeux brillants d’excitation. En quittant le wagon, tu attrapes ta veste en cuir et tu te laisses entraîner par Dimitri dans des allées désormais noire du parc. Quelques lampadaires éclairent le chemin mais Dimitri n’hésite pas. Tu le laisses te guider, profitant de ce contact, de vos doigts entremêlés. Tu as l’impression d’être une adolescente qui découvre de nouvelles expériences. C’est ridicule mais c’est ce que tu ressens. Et puis après quelques minutes de marche, vous arrivez au parc aquatique. Comme tu l’avais anticipé, c’est magnifique. « Wow … » Te retrouves-tu à dire. Les bassins sont éclairés rendant les mouvements de l’eau fascinants. Tu poses ta veste sur une chaise longue en passant et tu sens la main de Dimitri glisser loin de la tienne. Trop absorbée par la scène qui s’offre à toi, tu n’as pas vu qu’il s’était approché de l’eau mais bientôt, tu sens de l’eau t’arriver dessus : « Ahhh ! » Ne pus-tu t’empêcher de crier alors que tu sursautais de surprise. Quand tu regard se pose sur Dimitri, son air satisfait ne t’échappe pas alors qu’il te dit : « Je suis désolé, je crois qu'il y en a un qui prend cette histoire de lâcher-prise un peu trop au sérieux... » Son sourire malicieux et son faux air innocent ne trompaient personne. Remarquant qu’il avait pris soin de poser son appareil photo légèrement à l’écart des bassins, tu n’hésitais pas une seconde à te baisser et à l’arroser toi aussi. Un grand sourire se dessina sur ton visage à cette action enfantine. Tu te mis à rire, un rire insouciant et vrai qui fut bientôt partagé par Dimitri. Vous vous arrosez pendant quelques minutes avant qu’une idée te traverse l’esprit. Tu t’approches du beau brun, te prenant quelques jets d’eau et arrivée devant lui, tu lui dis : « Ferme les yeux. » Il te regarde intrigué, se demandant certainement si tu allais le pousser dans le bassin. Non, ce n’est pas ce que tu as prévu. « Tu risques rien, je promets de ne pas te mettre à l’eau. » Lui dis-tu le plus sérieusement du monde. Il sembla accepter que tu étais sincère car il ferma les yeux. T’approchant de la chaise où tu avais posé ta veste, tu enlevais rapidement ton chemisier, tes chaussures et puis ton jean. Tu frissonnais légèrement alors que l’air frais de ce début de soirée venait se poser sur ta peau. Tu allais ensuite chercher son appareil photo que tu lui mis dans les mains avant de lui dire. « Tu vas en avoir besoin. » Alors que ses yeux étaient toujours fermés, tu pris le temps d’admirer les traits de son visage et tu te retins de laisser tes doigts glisser sur son front, sur ses joues, le long de son nez … A la place, tu caressais ses mains, toujours dans les tiennes alors qu’il s’emparait de son appareil photo. « Compte jusqu’à cinq et ouvre les yeux. » Lui dis-tu en finissant par t’éloigner. Tu n’allas pas bien loin. A quelques mètres se trouvait l’entrée du bassin, cette eau claire et si bien éclairée. Tu commençais à descendre les marches, l’une après l’autre. Quand Dimitri ouvrit les yeux, tu avais de l’eau jusqu’au nombril et c’est après un clin d’oeil que tu nageais jusqu’à une autre extrémité du bassin où ils avaient reproduits comme une cascade d’eau. Le bassin n’était plus profond du tout à cet endroit là et, ne quittant pas Dimitri des yeux, tu remontais la pente pour aller profiter de cette eau qui tomba sur chaque parcelle de ton corps. Le bruit de l’eau t’empêchait d’entendre le bruit de l’appareil photo mais bientôt, tu rouvris les yeux et Dimitri ne te trouvait qu’à quelques mètres de toi. Tu marchais jusqu’à une sortie du bassin, l’eau perlant encore sur ton corps, tes sous-vêtements trempés mais un grand sourire sur le visage. « Verdict monsieur le photographe ? » Lui demandas-tu alors que ton corps n’était qu’à quelques centimètres du sien. Tu jouais avec le feu, tu le sais mais tu n’as pas envie d’être raisonnable, tu as envie d’être irrésistible, assez pour que Dimitri n’hésite plus, pour qu’il arrête de penser et qu’il se laisse aller.

 

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@JESSIAN REED & DIMITRI

Réussies, Dimitri n'avait pas encore la prétention d'affirmer que ces photos le seraient, mais uniques, il était persuadé qu'elles ne pourraient que l'être si elles rendaient ne serait-ce qu'un peu justice au charme de la jeune femme. Jessian avait ce petit quelque chose qui en plus d'irradier devant n'importe quel appareil photo savait inspirer et insuffler confiance et envie à l'artiste en face d'elle, et il savait que ça n'était pas un hasard s'il résistait de moins en moins à son désir de renouer avec sa passion depuis qu'il la connaissait. S'il avait instantanément eu envie de la photographier la première fois que son regard s'était posé sur elle, et eu intensément envie de recommencer ensuite. Parce que Dimitri le sentait, ça allait plus loin que cette histoire de photos, et s'il ne parvenait pas encore à totalement se l'avouer ça avait depuis le départ beaucoup plus à voir avec elle qu'avec sa passion à lui. Un sourire malicieux étira les coins de ses lèvres tandis qu'il fit mine de rester parfaitement professionnel malgré le surnom employé par la brune – de toute évidence, il ne l'avait jamais autant mérité, alors même que quand on connaissait Dimitri il n'était pas difficile de constater qu'il ne se permettait pas si souvent d'initier ce genre de petits jeux sur fonds de compliments pas si désintéressés. « Attends quand même de voir les photos, je voudrais pas que tu regrettes de m'avoir honteusement déconcentré. » Il souffla en lui lançant un petit regard entendu, absolument conscient que la photographier à nouveau n'aurait rien de comparable avec le fait de se poser en pleine nature pour photographier le paysage. Il se serait peut être convaincu du contraire il y a encore quelques mois quand il n'était pas vraiment question d'assumer ce que la présence de la brune à ses cotés réveillait chez lui, mais ce soir il s'était promis d'arrêter de penser et de profiter des prochaines heures. Et comme souvent avec Jessian, ce repas près du lac fut l'occasion de poser des mots sur certaines craintes qu'ils pouvaient nourrir en tant que parents, que ce soit vis à vis de l’équilibre qu'il n'était pas toujours évident de trouver avec leur ex ou d'à quel point faire le bonheur de leurs filles était une priorité qui s'accompagnait de son lot de doutes. A lui aujourd'hui de dépasser l'idée que ces trois années loin d'Ava étaient irrécupérables parce que ça n'était pas tout à fait vrai, que les moments qu'ils n'avaient pas partagé se vivraient des milliers d'autres fois, à l'avenir, qu'un autre homme finisse ou non par entrer dans la vie de son ex. « Au moins jusqu'à leur adolescence, ensuite je suppose qu'on sera bien contents d'avoir quelqu'un à nos cotés pour contenir leur crise de rébellion. » Il s’imagina, dans un sourire, songeant qu'ils avaient dans le pire des cas encore pas mal de temps pour voir venir les années les moins évidentes, quand aujourd'hui il paraissait presque impossible d'imaginer une enfant comme Ava ou comme Morgane se métamorphoser en ado rebelle. Dimitri ne voudrait pas avancer le temps pour tout l'or du monde, trop attaché à profiter au maximum du temps où Ava était encore petite. Qui sait ce qui adviendrait ensuite, s'il aurait bien quelqu'un à ses cotés pour la voir grandir et devenir une femme, un jour. Il ne pensait pas jusque là, il ne pensait même pas au-delà de cette soirée et de ce moment, parce qu'il se l'était promis et qu'il s'était trop souvent empêché de profiter. Ainsi hocha-t-il doucement la tête aux prochaines paroles de Jessian, avec l'envie de la croire lorsqu'elle disait que Tamsin et lui finiraient par partager une relation apaisée. Il en avait envie, mais il se laissait encore quelques heures pour y repenser. Il voulait lâcher prise, lui aussi, et rien n'aurait pu l'y aider davantage que la présence de la brune. Comment nier qu'il se sentait déjà infiniment plus léger depuis qu'ils étaient ici, au bord de ce lac, à observer l'horizon ?

Leur prochaine escale les avait quant à elle conduits jusqu'à ce train qu'ils ne mirent pas longtemps à s'approprier, tandis que tout autour d'eux la nuit tombait progressivement sur le parc et imprégnait l'endroit d'une atmosphère plus intimiste. C'était juste lui et elle, dans ce décor qui n'était pas ce soir uniquement le théâtre de cette séance photos. Parce que tout ce qui passait dans son regard lorsqu'il croisait longuement le sien racontait bien d'autres histoires que simplement celle d'un photographe ravi de se tourner de nouveau entièrement vers sa passion. Et ça, il suffirait d'entendre les battements de son cœur s'intensifier graduellement chaque fois qu'il posait les yeux sur Jessian pour le comprendre. Dimitri frissonnait même d'effroi à la seule idée que tout ce qu'il pouvait sentir agiter son être à cet instant puisse être lisible par une Jessian probablement consciente de l'effet qu'elle pouvait avoir sur lui. Ça semblait pourtant la troubler, elle aussi, et le brun fut probablement plus distrait encore lorsque l'atmosphère se chargea d'une électricité plus forte. A cet instant il parvenait à se l'avouer : il aurait été prêt à tout pour partager cette soirée avec elle. Ça ne pouvait que mieux se passer cette fois-ci, n'est-ce pas ? Il n'y avait ce soir aucune raison pour que quoi que ce soit vienne interférer dans ce qu'ils partageaient et dans la manière dont ils semblaient se dire tant de choses rien que par la façon qu'ils avaient de se regarder. Dimitri n'était pas connu pour être particulièrement loquace lorsqu'il ne contrôlait plus ni ses émotions ni l'impétueux désir coulant dans ses veines, et cette soirée ne faisait pas exception. Car tandis que son appareil photo se fit le prolongement de ses mains, suivant chacun de ses mouvements comme autant de caresses que ses doigts auraient aimé lui offrir, la manière dont elle réduisit la distance qui les séparait eut raison de ses derniers remparts. Il sentit son cœur s'arrêter, puis repartir à toute allure. Les yeux posés sur elle, Dimitri alimenta consciemment ce petit jeu qui n'avait jamais été plus grisant et agréable qu'à cet instant, reconnaissant à demi-mots qu'il ne pouvait rien contre son talent indéniable quand tout ce qu'il aurait aimer lui souffler, à cette seconde, c'était qu'il ne contrôlait plus rien du tout. Ni la manière dont son regard ne se détachait plus du sien, ni la façon dont ses doigts auraient voulu glisser plus loin que son épaule et se délester pour de bon de leur pudeur. Au lieu de ça, et parce qu'à cette allure il savait qu'il ne répondrait plus de rien d'ici quelques minutes, il prit avec elle la direction du parc aquatique avec l'envie d'écrire pour ce soir une fin à la hauteur de cette soirée. Leurs doigts entremêlés, il ne leur fallut que quelques minutes pour rejoindre les bassins, et à lui que quelques secondes pour se jouer des circonstances et se montrer aussi blagueur qu'à son habitude. La surprise qu'il vit briller dans le regard de Jessian lui tira un sourire comme rarement il en avait esquissés, et ses rires se mêlèrent aux siens lorsqu'elle lui rendit la pareille, à juste titre. Les paroles de la brune le laissèrent ensuite plus intrigué, mais aussi terriblement impatient de découvrir la suite. « A mon tour de te faire confiance. » Il glissa doucement, fermant les yeux alors que pas un instant il n'était tenté de mettre sa parole en doute. Peut être parce qu'au fond de lui, il avait comme le pressentiment qu'ils n'étaient plus entrain de jouer. Ses lèvres s'étirèrent à mesure qu'il l'imagina, œuvrant en secret pendant que lui ne pouvait plus se référer qu'aux bruits des clapotements de l'eau à quelques mètres de là. « Mademoiselle tient à ménager son petit effet... » Il souffla dans un petit sourire, tandis qu'il la sentit déposer son appareil photo au creux de ses mains, se saisissant de l'appareil sans pour autant rouvrir les yeux. Il lui faisait confiance, il le lui avait dit, et aussi curieux soit-il Dimitri aimait davantage l'idée de découvrir en temps voulu ce que Jessian avait en tête. Ça lui plaisait, qu'elle cultive ce mystère, et la façon qu'elle eut bientôt de caresser ses mains accéléra légèrement sa respiration. « Jusqu'à cinq, hm ? » Et tandis qu'il lui sembla l'entendre s'éloigner de lui, Dimitri s’exécuta non sans éprouver l'irrésistible envie de savoir. « Un... deux... trois... quatre... » Cinq secondes, ça lui paraissait tout à coup démesurément long, tant l'attente se mêlait au désir de reposer son regard sur elle, simplement. « Cinq. » Un battement de cœur plus tard, il rouvrit les yeux pour la découvrir à quelques mètres de là, partiellement immergée dans l'eau du bassin. Partiellement dévêtue, aussi. Si le paysage qui les entourait était d'un charme certain, la beauté époustouflante de la brune accaparait son regard plus qu'à n'importe quel autre moment. Pas seulement pour le nombre d'épaisseurs qu'elle avait retiré, ou parce que les éclairages la plaçaient au centre d'une vision presque irréelle... Il était simplement impossible de ne pas la trouver envoûtante, et Dimitri mit sans doute quelques secondes à se reglisser dans son rôle et à la photographier de plus belle. Parce qu'au fond de lui, il ne luttait déjà plus. La carapace dont il s'entourait depuis tout à l'heure cédait peu à peu sous le poids d'un désir qu'il contrôlait de moins en moins. Pourquoi résistait-il au juste, si rien de ce qui pourrait arriver à partir de maintenant n'était mal ? Rien que de la regarder, il se sentait succomber, convaincu qu'il ne regretterait rien à céder à ce qu'il éprouvait. Ainsi, lorsqu'elle sortit de l'eau pour se rapprocher à nouveau de lui, c'est définitivement troublé qu'il braqua son regard dans le sien. « Je dois te faire un aveu... » Il confessa dans un souffle, laissant un court silence s'installer pour ne bientôt plus entendre que le battement conjugué de leurs deux cœurs. « Ça fait plusieurs minutes que je suis plus très concentré sur ce shooting. » Plongeant son regard dans le sien, malicieux, il fut pris d'une soudaine envie de lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur, mais décida à la place de se rapprocher encore un peu plus d'elle et de passer une main, puis ses deux bras autour de sa taille. Il l'attira contre lui, silencieux, puis lui sourit un bref instant. La seconde d'après, il osa. Se penchant enfin vers elle, il posa ses lèvres sur les siennes dans un baiser doux et sensuel qui lui tira un long frisson. Son cœur s'accéléra aussitôt et ses doigts dessinèrent des cercles contre son dos à mesure qu'il approfondit l'échange, l'éternisa, comme s'il n'avait plus la moindre envie de se détacher. La terre se mit à tanguer, et ce fut comme s'ils se raccrochèrent l'un à l'autre pour garder l'équilibre. L'envie était là depuis qu'elle l'avait rejointe, mais probablement aussi depuis bien plus longtemps. C'est ce qu'il s'avouait maintenant que les battements affolés de son cœur rendaient compte de son état général : il donnerait tout pour s'abandonner éternellement à ce qu'il éprouvait à cet instant. Tout pour qu'elle reste là, contre lui. Lorsqu'il se détacha finalement, la respiration courte et haletante, Dimitri rouvrit les yeux pour retrouver les siens. Sa main remonta dans son dos jusqu'aux pointes de ses cheveux, et il mit quelques secondes à reprendre la parole. « C'est à ça que je pensais inlassablement depuis tout à l'heure... » Il avoua dans un sourire doux avant de se pincer les lèvres, comme si une partie de lui exultait d'avoir osé faire ce qu'il rêvait de faire depuis de longues minutes et qu'une autre réalisait qu'il s'était lancé sans parachute, comme on déciderait de faire le grand saut. Mais c'était précisément agréable pour cette raison. « Tu me plais énormément, Jessian. Je crois que ça fait un moment que je ressens l'envie de te le dire. Et cette soirée... » L'une de ses mains remonta jusqu'à se déposer sur sa joue, et l'effleurer en douceur. « Elle n'est réussie que parce que tu es là pour la partager avec moi. » Outre les photos, outre le paysage ou la beauté du ciel. C'était elle, et uniquement elle, qui donnait un sens à tout ça. Et s'il aurait pu trouver mille façons de le lui dire, il supposait que les trois dernières minutes avaient parlé mieux que tout le reste.

 

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JESSIAN REED & @DIMITRI HOROWITZ

Est-ce que ce qui te faisait trépigner d’impatience c’était l’idée de te faire prendre en photo ou le fait que ce soit Dimitri derrière l’appareil ? Tu serais incapable de le dire mais très probablement un peu des deux. Tu en avais connu des photographes et avec aucun tu n’avais ressenti cette connexion que tu partageais avec le beau brun. C’était sans doute parce que vous partagiez plus que des photos. Avec Dimitri, ce n’était pas juste des photos de toute manière, voilà pourquoi tu savais même avant qu’il ne les prenne qu’elles seraient réussies. Peut-être pas celles qu’il était en train de prendre à la volée mais celles qu’il prendrait tout à l’heure. « Attends quand même de voir les photos, je voudrais pas que tu regrettes de m'avoir honteusement déconcentré. » Seuls des sourires illuminent vos visages parce que ce soir, vous avez refusé d’être autre chose qu’heureux. Ce soir, il n’y avait pas de raison de s’en faire, ce soir, il vous en fallait vraiment peu pour être heureux. Ce n’est pas souvent que tu t’autorises à laisser toutes tes craintes, toutes tes peurs derrière toi mais cela te fait du bien. Avec Dimitri, il est facile de parler de tout. Cela a toujours été le cas et tu es incapable de l’expliquer mais il est facile de te confier car tu sais qu’il t’écoute, tu sais qu’il t’entend et qu’il ne prononcera pas des paroles vides de sens qui sont censées te faire aller mieux. Vous traversiez tous les deux des périodes de votre vie où tout était loin d’être stable mais vous refusiez de vous laisser marcher dessus. Sans que tu ne t’en rendes compte, Dimitri était devenu comme un pilier dans ta vie. Quand tu avais besoin de soutien ou même quand ça allait, tu aimais lui envoyer un message de temps en temps. C’était devenu une habitude sans que tu ne t’en rendes compte. Le fait que vos filles soient amies était une belle coïncidence à laquelle tu ne t’étais pas attendue. Tamsin et Dimitri parlaient peu l’un de l’autre mais adoraient parler de leur fille, c’était une manière comme une autre d’éviter les conflits. « Au moins jusqu'à leur adolescence, ensuite je suppose qu'on sera bien contents d'avoir quelqu'un à nos cotés pour contenir leur crise de rébellion. » L’adolescence … Voilà une période qu’il ne te tardait pas de vivre avec ta fille. Mais elle finira par grandir et si elle est ne serait-ce qu’un peu comme toi et un peu comme Abel, tu savais déjà que tu n’allais pas t’ennuyer. Pour l’instant, tu aimais vivre dans le déni et te dire que tu avais le temps, que ta fille restera encore une petite princesse assez longtemps pour que tu te prépares. « Je préfère ne pas me projeter aussi loin, j’aurai le temps de paniquer quand Morgane sera vraiment adolescente. » Car tu le savais, tu allais être terrorisée de mal faire, de trop en faire ou de ne pas en faire assez. Tu ne voyais pas comment les choses étaient possibles autrement mais rien ne servait de s’en faire ce soir. Morgane était dans son lit de princesse, chez son père et elle s’endormira en se chantant des chansons de La Reine des Neiges. Tu pensais toutefois que Tamsin et Dimitri arriveraient à trouver un terrain d’entente. Ils avaient tous les deux envie que tout se passe bien pour Ava et cet intérêt commun leur permettra de s’accorder, malgré eux la plupart du temps. C’était ce besoin de veiller au bonheur de Morgane qui t’avait fait faire toutes ces concessions pour Abel. La fin de votre repas sonna la fin des discussions difficiles et le retour de vos visages souriants. Ta carrière en berne, vos histoires avec vos ex, tout cela n’avait pas d’importance devant la beauté du coucher de soleil que vous viviez, de ce lac, des machines à l’arrêt qui vous entouraient.

Le premier décor dans lequel vous aviez décidé de vous immerger était ce train qui passait la journée à faire le tour du parc pour le plus grand plaisir des enfants et de leurs parents qui pouvaient faire une petite pause. C’était étrange de s’y retrouver alors que le parc était silencieux et que les wagons était vides. Le train paraissait plus impressionnant mais tu profitais de ce moment pour ce qu’il était. L’opportunité de renouer avec l’objectif d’un photographe attentif. Ce serait mentir que de nier que tu avais envie de charmer ce beau brun avec qui il y avait toujours eu une petite étincelle. Cette électricité dans l’air, elle avait belle et bien était présente lors de votre premier photoshoot dans son van. La retrouver, c’était plaisant. Et cette fois, tu ne la laisseras pas s’échapper. Les poses te viennent naturellement, tu essaies de lui offrir des plans qui s’accordent avec la lumière du jour qui se couche. les poses s’enchainent, tu prends plaisir à ce jeu de séduction qui t’a toujours énormément plu. Quand tu en as assez, Dimitri t’accueille près de lui et ce qui avait commencé comme un jeu n’en est plus. Pas quand ton coeur bat aussi vite, pas quand tu frissonnes alors que ses doigts effleurent ta peau. Tout devient sérieux soudainement mais tu n’es pas effrayée. Au contraire, ses doigts qui viennent se glisser dans les tiens te rassurent. Comme si cette direction était celle que vous preniez depuis des mois sans que tu ne t’en rendes compte. Tu le suis sans un mot jusqu’au parc aquatique. Dans la nuit désormais noire, le jeu des lumières et de l’eau est époustouflant. C’est parce que le spectacle te coupe le souffle que Dimitri te surprend en t’aspergeant d’un peu d’eau. Tu ne tardes pas à faire de même mais bientôt, un autre jeu te vient à l’esprit. Tu sais que tu joues avec le feu mais tu n’as jamais eu peur de te brûler. T’approchant de Dimitri, tu lui demandes de fermer les yeux, le rassurant sur le fait que tu n’allais pas le jeter à l’eau. Oh non, tu avais quelque chose d’autre à l’esprit … « A mon tour de te faire confiance. » Il ferme les yeux et tu ne perds pas de temps à enlever tes habits, prenant soin de ne garder que tes sous-vêtements. « Mademoiselle tient à ménager son petit effet... » Tu avais toujours aimé voir les choses en grand, ne pas faire les choses à moitié. A cet instant, tu avais envie d’être irrésistible, assez pour que cette ligne entre vous, cette limite disparaisse à jamais comme emportée par la tempête. Il y avait certainement des dizaines de raisons qui faisaient que ce n’était pas une bonne idée mais tu n’allais pas commencer à être raisonnable aujourd’hui. « Qui a dit qu’il serait petit ? » Ne peux-tu t’empêcher de murmurer alors que tu déposes dans ses mains son appareil photo jusqu’ici oublié au profit de votre petit jeu d’eau. Tu lui demandes de compter jusque’à cinq alors que tu commences à entrer dans le bassin. Quand tu entends son : « Cinq. » Tu lèves la tête pour croiser son regard. A cet instant précis, tu as l’impression que son regard te transperce et tu ne sais pas ce qui lui passe dans la tête mais tu ne reculeras pas. Les cliquetis de ton appareil photo te rassurent et bientôt tu te retrouves sous cette petite cascade sous laquelle tu restes quelques instants. Et puis tu sors de l’eau, tu viens rejoindre Dimitri qui n’est pas très loin mais qui a de nouveau posé son appareil photo. Son regard vient capturer le tient alors qu’il te dit : « Je dois te faire un aveu... » Tu refuses d’avoir peur mais là, tout de suite, ton coeur bat la chamade et tu sens ta gorge se serrer. Les paroles qu’il prononcera ensuite pourraient tout changer surtout si … « Ça fait plusieurs minutes que je suis plus très concentré sur ce shooting. » Tu n’as pas le temps de finir ton idée que déjà, il a enchaîné et un sourire en coin se dessine sur tes lèvres. En voilà une bonne nouvelle … Car c’est justement ce que tu avais cherché à faire. Pas le déconcentrer spécialement, mais le charmer assez pour que la photographie ne soit pas la seule chose qui l’intéresse ce soir. « Oh vraiment ? » Te surpris-tu à dire, ton regard rempli d’un défi qui n’avait pas lieu d’être. Quand il s’approcha un peu plus et qu’il passa ses deux bras autour de ta taille, tu frissonnais, sentant ton corps répondre à la moindre de ses caresses. Quand enfin, ses lèvres se posèrent sur les tiennes, tu passais tes bras autour de son cou pour finir de tuer le peu de distance qu’il restait encore entre vous. Depuis combien de temps attendiez-vous ce moment sans réellement savoir que vous l’attendiez ? Tu ne saurais le dire mais ses bras autour de ta taille t’aidaient à rester debout alors que tu avais l’impression de fondre dans ses bras. L’intensité de ce baiser te prit de court et les cercles qu’il dessinait dans ton dos te firent soupirer contre ses lèvres. Une passion comme celle-là, tu n’en avais pas connu depuis Abel. Et encore, c’était différent avec Abel, différent mais tout aussi fort. Et ça, tu ne t’y attendais pas. Tu n’avais pas envie que ça s’arrête, pas aussi vite, pas maintenant et pourtant, il fallait reprendre votre respiration, cette dernière était déjà bien assez haletante, rendant compte des battements effrénés de vos coeurs. A aucun moment les doigts de Dimitri ne quittèrent la peau de ton dos alors que le bout de tes doigts caressait sa nuque. « C'est à ça que je pensais inlassablement depuis tout à l'heure... » Tu ne peux t’empêcher de te mordiller la lèvre inférieur à ces paroles avant qu’un large sourire se dessine sur tes lèvres. Toi aussi tu y pensais, tout à l’heure mais pas que. Tu ne t’étais jamais réellement laissé imaginer que Dimitri pourrait s’intéresser à toi de cette manière et pourtant … « Tu me plais énormément, Jessian. Je crois que ça fait un moment que je ressens l'envie de te le dire. Et cette soirée... Elle n'est réussie que parce que tu es là pour la partager avec moi. » Abel n’avait jamais été un grand romantique voilà pourquoi entendre ces paroles te fit rougir. C’était peut-être idiot mais tu sentis tes joues se colorer sous les doigts de l’homme en face de toi. Une de tes mains vint caresser son visage alors que tu lui dis : « Tu me plais énormément aussi. Merci pour cette soirée magnifique, tu es le meilleur remède qu’il m’ait été donné de goûter. » Tes doigts effleurèrent ses lèvres et à contre-coeur, tu fis un pas en arrière. Tu commençais à frissonner, l’air frais que tu avais réussi à oublier se rappelant à toi. Ce n’est pas sans quelques efforts que tu enfilais ton jean et ton t-shirt. Qu’importe qu’ils finissent mouillés, cela n’avait pas d’importance. Une fois rhabillée, tu allais glisser ta main dans celle de Dimitri, entrelaçant de nouveau vos doigts avant de lui dire : « Je ne voudrais pas te tenter plus que cela ce soir, tu me raccompagnes ? » Ton pouce caresse la paume de sa main, tu veux qu’il comprenne que c’est parce que tu préfères ne pas aller trop vite pour une fois, vous laisser le temps de réfléchir, lui laisser le temps de réaliser que tu devais partir. Sinon, tu ne saurais pas résister. Devant les grilles de l’entrée, tu te mets sur la pointe des pieds pour déposer de nouveau tes lèvres sur les siennes. ce baiser est moins urgent, plus posé et plus intime aussi en quelques sortes. Quand tu t’éloignes de lui, tu lui dis : « N’attends pas trois jours pour m’appeler d’accord ? » Tu le taquines plus qu’autre chose, s’il ne t’appelle pas, tu le feras de toute façon. « Merci encore pour cette soirée merveilleuse. » Ajoutas-tu avant que tes yeux ne quittent les siens, que tes doigts se détachent des siens et que tu prennes la direction de la voiture. Tu frissonnes maintenant que l’air frais t’entoure complètement et la chaleur du corps de Dimitri à tes côtés te manque déjà. Tu lui fais un dernier signe de la main alors que tu montes dans ta voiture un grand sourire sur le visage. Pour la première fois depuis longtemps, tu te sens heureuse tout simplement.