1 semaine déjà que je suis dans cette chambre d'hôpital. 1 semaine que mes journées monotones sont rythmées par les différents soins des infirmiers, les séances de kiné horriblement douloureuses pendant lesquelles je me fais violence pour ne pas hurler à chaque mouvement qu'il fait faire à mes jambes et les allez et venu des visiteurs. Une semaine que je n'ai plus vu mon fils car les visites des enfants en bas âge sont interdites ici, aux soins intensif. Je sais que je lui manque, Ida me raconte toujours qu'il demande chaque jour où je suis et quand je rentrerais. Je dois dire que ça me fend le cœur d'imaginer mon Alex inquiet et désemparer. Il a 6 ans et c'est l'âge auquel on commence à comprendre beaucoup de chose. Je suis sûr qu'il sait que cette situation est délicate et ça me rend d'autant plus triste.
Je n'ai pas bougé de mon lit, interdiction du chirurgien. Et ça me tue. Je ne peux même pas voir Ezra qui n'est toujours pas réveillé. Je ne l'entre aperçois que lorsque je me tourne sur le côté pour la toilette, les pansements ou autre soins de ce genre. Et à chaque fois que je le vois là, sur le lit, accroché à une machine qui l'aide à respirer correctement, je me sens sur le point de défaillir. Je ne supporte pas de le voir ainsi allongé, dépendant et à la mercis de tout le monde. J'ai déjà engueulé plus d'une infirmière que je jugeais trop violente envers mon frère. Mon amour propre a prit un très grand coup aussi. J'essaie de ne pas penser fait que l'infirmière est Liv, la femme de Samuel donc ma belle sœur. J'avoue quelque part préférer qu'une personne totalement inconnue s'occupe de moi. Mais je crois que Liv s'est battue bec et ongle pour que son supérieur la laisse changer de service pendant quelque temps. Donc je ne dis rien.
Aujourd'hui, en ce moment même, je me remet tout juste de ma séance de kiné. Il m'a dit avoir parler au chirurgien pour savoir quand il pourrait me lever et au moins m'assoir sur le bord du lit. Apparemment, si la radio de contrôle que je vais devoir passer aujourd'hui ne montre rien de particulier on pourra faire une tentative demain. J'avoue n'en avoir aucune envie. Même en étant simplement allongé et rien qu'en essayant de déplacer ma jambe gauche vers l'intérieur les douleurs se réveillent et se propagent avec force dans tout mon corps. Après avoir salué ce qui me sert de Kiné, je ferme les yeux et essaye de me détendre un peu. Je pourrais demander un peu de morphine peut-être, mais j'essaie d'en recevoir le moins possible. Pas besoin de pourrir encore d'avantage mon organisme.
Je suis sur le point de m'assoupir lorsque la porte de ma chambre s'ouvre. Je rouvre les yeux et tourne mon regard vers l'entrée. Il tombe sur Kennedy qui s'approche de moi. Je ne lui ait dit que la veille ce qui s'était passé. Je n'avais pas la force de le faire plus tôt. J'avais envie de me reposer un peu, mais j'avoue être quelque part content qu'elle soit là, elle. « Salut Kennedy » souriais-je en déplaçant légèrement ma main valide vers elle. «ça va? » demandais-je, histoire d'engager la conversation. J'essaie d'ignorer son regard inquiet qui est posé sur moi.
Je vois cette lueur dans les yeux de tous le monde. Est-ce la minerve que je suis encore et toujours obligé de porter qui les inquiète tant? Je sais bien que ces fractures aux cervicales ne sont aucunement anodine et que je risque vraiment très gros si je fais un seul faux mouvement. Ou est-ce les fixateurs externes qui maintiennent mon fémur et ma cheville en place qui inquiète tout le monde? Peu importe, au final. Ils devront bien s'habituer un jour.
Ça fait un mois et demi que je cours dans tous les sens. Avec l’arrivée du bébé, mon nouveau boulot, les crises de couples et les baby blues, tout n’est pas simple à gérer. J’essaie du mieux que je peux de tout mener d’une main de maître, mais je me rends compte que j’échoue bien plus souvent que je le voudrais. Je suis exténuée, à bout de nerfs, et les mauvaises nouvelles semblent tomber les unes après les autres. D’ailleurs, en recevant le message de Thomas hier, j’ai cru que j’allais m’effondrer. Mon meilleur ami m’annonce qu’il a eu un accident, qu’il est à l’hôpital depuis une semaines. Je culpabilise de n’avoir pris de nouvelles de lui, j’aurai dû le sentir. Mais notre amitié est comme ça, on ne prend pas forcément de nouvelles tous les jours, ça ne veut pas forcément dire qu’on ne pense pas l’un à l’autre. J’ai décidé d’aller le voir aujourd’hui, profitant de mon seul et unique jour de repos de la semaine. Mon boulot est tellement bizarre que je ne peux pas vraiment compter sur les jours de repos fixes, parfois je peux bosser 2 semaines voire plus, sans jamais un jour au calme. C’est usant. Je m’en veux aussi de ne pas pouvoir passer autant de temps que je le voudrais avec ma femme et mon fils. Quelle mère je fais ?
Tymeo dans mes bras, j’essaie de calmer ses larmes pendant qu’Alex est dans la salle de bain en train de se préparer. « Ça va ? » « Oui oui je gère ! » Je continue de bercer le petit garçon tout en lui racontant tout un tas de bêtises. Les sourires, ça marche bien avec lui. J’ai remarqué que si je m’énerve de ne pas arriver à le calmer, c’est pire. Alors je lui raconte tout et n’importe quoi, et j’arrive finalement à le calmer. Ce n’est pas simple de devenir parent, et encore moins quand on ne le voulait pas à la base. Je ne peux pas dire que je regrette ma décision, parce que de toute manière, j’aurai été trop malheureuse de devoir vivre sans Alexys, mais cette situation est vraiment difficile à vivre. J’essaie de le montrer le moins possible mais il arrive que je craque de temps en temps. Alex finit par sortir de la salle de bain et je la suis jusque dans la chambre, profitant de ce tout petit moment pour la regarder s’habiller avec un regard amoureux. Pendant ce temps, je continue de raconter des bêtises à Tymeo, ce qui a l’air de faire rire mon épouse. « Tu as prévu quoi de ton jour de repos mon amour ? » « Je vais aller voir Tom à l’hôpital. Et je passerai le reste de la journée avec vous ! » Son sourire me fait du bien. Je passe tellement peu de temps avec elle que forcément, ça lui fait plaisir. Je finis par déposer notre fils dans les bras de sa mère et l’embrasse délicatement. « Je file, je t’appelle quand je sors ! » Elle hoche la tête. « Embrasse-le pour moi. » A moi de hocher la tête dans un léger sourire. « Ce sera fait ! » Je descends alors, récupérant mon blouson de moto et mon casque.
J’arrive quinze minutes plus tard à l’hôpital de Brisbane et demande rapidement la chambre de mon meilleur ami. Je n’ai pas beaucoup de temps, les horaires des visites sont restreintes. Je comprends qu’il a vraiment besoin de repos, et que donc c’est sûrement plus grave que ce que j’espérais. Je frappe doucement à la porte et la pousse en passant ma tête dans l’embrasure de celle-ci. Mon regard se pose sur Thomas qui est là allongé sur ce lit blanc. Mon coeur s’emballe un peu et ma gorge se serre. Il tourne sa tête minervée dans mon sens et je lui adresse un fin sourire. « Salut Kennedy » « Salut beau gosse ! » J’entre pour de bon et referme la porte derrière moi. Je m’approche de lui et le regarde de la tête aux pieds pour évaluer les dégâts. Il s’est pas loupé. Je m’avance encore, pose ma main sur sa joue et viens déposer un baiser sur son front. «ça va? » Je ris un peu et me pince la lèvre, alors que les larmes me montent aux yeux. « A côté de toi, je crois que je vais bien ! » J’attrape la main qu’il me tend et la caresse du bout de mon pouce. « Qu’est-ce que tu fais là hein ? » Je secoue la tête d’un air un peu désespéré. Il m’aura tout fait celui là.
Du repos, voilà ce dont j'aurais besoin. Ça fait une semaine, depuis que je suis ici à vrai dire, que je n'ai plus dormi une nuit entière. Je crois d'ailleurs que j'ai dormi en tout une petite dizaine d'heure cette semaine, ce qui est franchement peu et je pense bien que ça se voit. La fatigue physique mais aussi morale. Je n'ai jamais aimé resté là à ne rien faire. J'ai toujours été indépendant et souvent aussi impatient. Toutes ces choses que je suis obligé, maintenant, de mettre de côté. Je ne peux pas me lever, ne serait que pour aller aux toilettes. Je suis à la merci des infirmiers, mais bien souvent c'est Ezra qui se récolte leur mauvaise humeur. Je sais que je peux me montrer excécrable mais peut-on m'en vouloir? Je ne sais pas.
Aujourd'hui je suis particulièrement irritable et j'ai même engueulé mon kiné qui pourtant ne fait que son travail. Il a arrêté la séance plus tôt que prévu en menaçant de tout dire au médecin. Qu'il le fasse ce con, ça m'est égale. Tout m'est égale, à vrai dire. J'étais sur le point de m'endormir lorsqu'on frappe à la porte. C'est en soupirant que je rouvre les yeux, près à envoyer chier la personne qui se pointerais ici, dans ma chambre … lorsque je reconnais Kennedy. Malgré moi, c'est un petit sourire fatigué qui s'affiche sur mon visage quand elle s'avance vers mon lit. Je ferme un instant les yeux lorsqu'elle se penche vers moi et dépose un bisou sur mon front. Ce simple contact me fait un bien fou, quand même. Je soupire discrètement et lui demande comme elle va. Sa réponse ne m'étonne guère: par rapport à moi elle semble avoir une pêche d'enfer. Je souris un peu plus franchement « J'suis sûr que même dans cet état j'te batterais en course à pied » soufflais-je, moqueur avant de toussoter légèrement lorsque Kennedy souhaite savoir ce que je fais là. « Je glande un peu » réponais-je, ironique « t'sais, c'est bien parfois de rester allongé là, sans rien faire. Ça fait une semaine et je crois que je vais pas bouger. C'est trop bien . » mon ton régorge d'ironie avant que je ne soupire pour la je ne sais combientième fois. « ça fait une semaine qu'un camion a embrassé la voiture d'Ezra » je me tais et lance un coup d'oeil vers le lit à côté du mien dans lequel est allongé mon frère, toujours inconscient « Il est plus mal en point que moi ….» soufflais-je avant de prendre une profonde inspiration et grimace lorsque mes côtes proteste vivement. Je pose une main sur mon côté gauche puis souris légèrement à Kennedy « Mais ça va pour moi. Plus de peur que de mal » j'essaie d'être convaincant mais je sais que je ne le suis pas du tout.
Je n’aime pas le voir là. En même temps, personne n’aime voir quelqu’un qu’il aime sur un lit d’hôpital. Sa minerve, ses jambes dans un état impressionant, sa mine blanche et ses bleus un peu partout sur le visage. Il est mal en point, et ça me fait mal au coeur. « J'suis sûr que même dans cet état j'te battrais en course à pied » Je ris un peu, malgré moi. Je suis ravie de voir qu’il n’a pas perdu son sens de l’humour. « T’es con ! » Je secoue la tête, amusée, mais malgré tout vraiment mal pour lui. Il toussote et je pose ma main délicatement sur son bras sans le lâcher des yeux. Je lui demande ce qu’il fabrique ici, ce à quoi il me répond « Je glande un peu » Je secoue une nouvelle fois la tête accompagnant ce geste d’une petite moue comme si je lui disait qu’il était vraiment bête. « t'sais, c'est bien parfois de rester allongé là, sans rien faire. Ça fait une semaine et je crois que je vais pas bouger. C'est trop bien . » Et il en rajoute une couche en plus. Mais je continue de l’écouter. Il a sûrement besoin de continuer à raconter des conneries, alors je le laisse faire. « ça fait une semaine qu'un camion a embrassé la voiture d'Ezra » Je déglutis un peu, et Thomas tourne les yeux vers le lit que j’avais à peine remarqué, un peu plus loin. Je pose alors mon regard vers celui-ci. « Il est plus mal en point que moi ….» Machinalement, je porte ma main à ma bouche, dans une moue choquée. « Mon dieu… » Mon coeur se met à battre plus vite. Thomas est déjà dans un sale état, mais voir Ezra comme ça, inerte, avec tous les bips des machines, ça fait un choc. « Il va s’en sortir. » Je m’en persuade, comme je pense toute la famille Beauregard qui doit être aux 400 coups de sa vie. « Mais ça va pour moi. Plus de peur que de mal » Je repose mon regard sur mon meilleur ami et soupire un peu. « Tu… tu vas garder des séquelles ? J’veux dire, tout va se réparer correctement ? » Je pense notamment à ses jambes qui semblent être vraiment dans un état critique. Je crois que s’il m’avouait qu’il ne pourrait plus jamais marcher, je tomberai dans les pommes. a côté, mes pauvres petites histoires de famille semblent tellement futiles. C’est dans ces moment là qu’on se rend compte de l’importance des choses, des gens. Dire aux personnes qu’on aime à quel point on tient à eux, chaque jour, plutôt que de râler et les retrouver un jour ici, à l’hôpital, allongé dur un lit blanc. Mon regard jongle entre Thomas et Ezra un peu plus loin. J’espère vraiment qu’il va se réveiller et que tout ça ne sera bientôt qu’un lointain mauvais souvenir. « Qui c’est qui conduisait ? » Je ne sais pas trop pourquoi je pose cette question, c’est un peu con, au fond, on s’en fout. Mais si c’est Thomas qui conduisait, il doit vraiment se sentir affreusement mal de voir son frère allongé là près de lui entre la vie et la mort.
ça fait tellement plaisir de voir Kennedy ici, dans ma chambre. Mais, moi qui ne voulais pas l'inquiéter, je n'y suis pas parvenu. Bien au contraire. Il n'y a qu'a voir sa tête quand elle me regarde. De l'inquiétude pure et dure. Un sentiment horrible que je ne vois que trop souvent dans les yeux et sur le visage de ma famille quand ils viennent me voir. Je déteste ça. Je déteste me sentirimpuissant face à la faiblesse de mes proches. C'est sans doute ce qui m'énerve le plus dans cette situation. Être dépendant d'une tierce personne pour chaque mouvements mais aussi engendrer la peur et l'inquiétude quand on me vois. C'est pour ça que je tente l'humour. J'essaie ainsi de tourner la situation en dérision. Mieux vaut en rire qu'en pleurer, non?
Malheureusement, j'ai bien l'impression que ça ne fonctionne pas avec Kennedy. Bien qu'elle rigole doucement lorsque je lui dit que même dans cet état je pourrais la battre au sport, elle ne semble pas vraiment avoir envie de rigoler. Elle veut des explications et c'est ce que je m'empresse de lui donner. Mais je parler d'Ezra et non de moi. C'est lui qui m'engoisse le plus. Il n'est toujours pas réveillé, malgré que son état soit jugé table. J'ai toujours peur de me réveiller et qu'on m'annonce un jour qu'il ne respire plus ou que son état grabataire est définitif. Et je vois bien que Kennedy est elle-même choqué par cette nouvelle. En général elle n'est pas très expressif en ce qui concerne les sentiments, mais là elle ne se retient pas. Je déglutis doucement et lui sourit en annonçant que pour moi ça va. Se tournant vers moi, elle souhaite savoir si j'aurais des séquelles, si mon corps va se réparer correctement.
J'hausse doucement les épaules « je sais pas» soupirais-je « Il est encore trop tôt pour se prononcer » je baisse le regard sur mes jambes et soupire doucement « Y a aucun traumatisme sur la colonne vertébrale, sauf les deux vertèbres cassées » précisais-je en montrant la minerve de ma main valide « Donc aucune conséquence neurologique sur mes membres » je soupire doucement «Mais je peux toujours pas bouger la jambe droite » je prends appuie sur mes coudes et mes redresse légèrement mais grimace fortement de douleur et gémis en me laissant aller à nouveau sur le lit. Je souffle doucement et déglutis avant de rouvrir les yeux et les poser sur Kennedy lorsqu'elle reprends la parole
« C'est Ezra qui conduisait ...» soufflais-je en tournant le regard vers mon frère. Je pince les lèvres et refoule les larmes qui commencent à monter « Putain, Kennedy … Et si … et s'il ne se réveillait pas?» je cligne des paupières « Je ne veux pas perdre encore un frère … putain » reniflant je me passe le dos de ma main valide sur le visage pour essuyer la première larme qui vient de s'échapper et qui coule maintenant sur mon visage, très suivie par d'autre. Moi qui ne voulait pas pleurer devant quique ce soit, c'est raté.
Même si Thomas essaye de jouer sur l’humour, je suis inquiète de son état, mais ce n’est rien comparé au moment où il me montre son frère un peu plus loin que je n’avais même pas remarqué, trop focalisée sur mon meilleur ami. Finalement, je reporte mon attention sur Thomas et lui envoie un peu d’énergie rien qu’avec mon regard. Je lui demande s’il gardera des séquelles, et évidemment, j’espère que la réponse sera non. « je sais pas. Il est encore trop tôt pour se prononcer » Je soupire légèrement tout en laissant mon regard aller et venir sur son corps meurtri. « Y a aucun traumatisme sur la colonne vertébrale, sauf les deux vertèbres cassées » Je hoche doucement la tête. « Alors tout est réparable. Ça sera peut-être long, mais ça ira. » Je suis positive, je l’ai toujours été. « Donc aucune conséquence neurologique sur mes membres Mais je peux toujours pas bouger la jambe droite. » Je grimace un peu en le voyant souffrir et grimacer aussi. Je n’aime tellement pas le voir comme ça. Je m’approche de lui comme pour essayer de lui venir en aide mais je ne sais pas trop quoi faire, je ne voudrais pas empirer les choses. Il semble avoir tellement mal. On ne leur donne pas de morphine dans ces cas là ? Je change alors de sujet, et lui demande qui conduisait pendant leur accident. « C'est Ezra qui conduisait …» Ça ne change rien au fait qu’ils sont tous les deux mal en point, mais je pense que ça aurait été pire si ça avait été Thomas qui conduisait. La culpabilité aurait sûrement été terrible. Il regarde Ezra et j’en fais de même, avant que mon meilleur ami ne me regarde. « Putain, Kennedy … Et si … et s'il ne se réveillait pas?» Ma gorge se serre. « Arrête. » « Je ne veux pas perdre encore un frère … putain » Je serre les dents, il me fend le coeur. Je récupère sa main à nouveau pour la serrer doucement. « Ne pense pas à ce genre de chose. Il vaut mieux lui envoyer toute l’énergie possible pour qu’il se réveille, plutôt que penser au pire. Ezra est un battant, il s’en remettra, j’en suis sûre, il va s’en sortir. » Je plante mon regard dans le sien et amène mon autre main à son visage pour la poser doucement sur sa joue, le coeur serré. « Il faut y croire. Absolument. C’est un mec bien, la vie peut pas nous le reprendre si tôt. C’est pas possible ! » Je regarde mon meilleur ami et essaye d’être la plus convaincante possible. « Allez, ne te laisse pas embarquer dans une spirale merdique là. » Je lui souris un peu. « Quand est-ce qu’Alex pourra venir voir son éclopé de père ? » Je sais que parler de son fils lui redonne le moral, j’espère alors que j’ai fait le bon choix en prononçant son prénom.
je sais que je ne devrais pas penser comme ça. Je sais que je devrais rester positif, que ce n'est pas les énergies négatives qui vont améliorer l'état de mon frère, bien au contraire. Mais là, sur le moment, je ne sais tout simplement pas être positif. Je ne peux pas m'empêcher de penser au pire. Je veux croire que tout ira bien pour Ezra, mais le voir là, allongé et inconscient dans ce lit d'hôpital, relié à cette machine qui l'aide à respirer, ne me rassure pas. Vraiment pas du tout. Je m'en voudrais tellement s'il venait à rester endormi pour l'éternité. Pourquoi? Parce que j'aurais pu l'empêcher de prendre le volant. On aurait put rentrer à pied chez moi, il aurait dormi sur mon canapé et serait rentré le lendemain. Il n'y aurait eu aucun problème, aucun camion. Rien qui aurait put couter la vie à mon frère.
C'est la première fois depuis que je me suis réveillé dans ce lit que mes larmes sont plus forte que ma raison. Je me suis toujours retenu de pleurer, ne serait-ce que parce que moi je suis bel et bien vivant et plus ou moins sorti d'affaire. Je m'en voudrais de laisser éclater ma rage et mon inquiétude face à l'un de mes proches. Mais là, je ne peux tout simplement plus me contenir. Alors que je demande, désespérer à Kennedy comment je vais faire pour survivre si Ezra venait à ne plus se réveiller, j'éclate en sanglot.
La main de ma meilleure amie vient attraper la mienne. Elle sert tendrement mes doigts et me dit sur le ton le convaincant possible, qu'il ne faut pas penser comme ça, qu'il faut plutôt envoyer des ondes positive à Ezra, qu'il est un battant et qu'il s'en remettra. Je déglutis et pinçant les lèvres sans réussir à contenir mes larmes qui coulent encore et toujours sur mes joues, regarde à nouveau vers Ezra. Je tente de tourner la tête mais ma minerve m'en empêche et en plus ça réveil les douleurs au cervicales qui étaient calmes jusqu'à présent.
«je … j'aimerais tellement te croire ... » soufflais-je en rouvrant les yeux et en portant mon regard sur Kennedy «Je … j'ai envie de croire qu'Ezra s'en remettra mais je ….je sais pas. Les médecins sont beaucoup … beaucoup trop vague » je referme mes doigts sur la main de ma meilleure amie « J'en peux plus de cette situation. J'en ai marre d'inquiéter tout le monde. J'en ai marre des douleurs. J'en ai marre de devoir rester allonger, de ne même pas pour pouvoir bouger sans que mes côtes, mes jambes ou mes cervicales ne protestent. Je … » je baisse le regard sur mes jambes «J'ai peur Kennedy. Que ...que je vais devoir rester comme ça toute ma vie … »
Je déglutis et ferme les yeux lorsqu'elle me demande quand je pourrais voir Alex. En temps normal mon regard se serait illuminé et j'aurais offert un très large sourire à la jeune femme, mais pas aujourd'hui. Au contraire. Cette question ne fait qu'augmenter mon désespoire « Je sais pas » soufflais-je « Les visites sont interdites aux enfants de moins de 15 ans ici, aux soins intensifs. Et ni Ida, ni moi ne voulons qu'il me voit dans cet état » je pince les lèvres et referme d'avantage ma main sur celle de Kennedy « Il me manque putain » je lâche sa main et pose la mienne sur mon visage tandis que les sanglots reprennent de plus belle. J'aimerais pouvoir me calmer mais je n'y parviens pas. C'est comme si toute la pression lâchait d'un coup.
Ça me brise tellement le coeur de le voir aussi désarmé. Thomas qui est d’habitude fort comme un roc, là, c’est comme si je voyais de vraies faiblesses en lui. Par exemple, je ne l’avais jamais vu pleurer. Aujourd’hui, c’est comme un choc. Tout semble s’effondrer, et moi avec lui. «je … j'aimerais tellement te croire ... » Je sens qu’il essaie de se retenir, mes les larmes perlent sur ses joues et je serre les mâchoires pour ne pas le rejoindre et pleurer avec lui. «Je … j'ai envie de croire qu'Ezra s'en remettra mais je ….je sais pas. Les médecins sont beaucoup … beaucoup trop vague » Je sens sa main se refermer sur la mienne et je secoue la tête. « Il y a un tas de belles histoires sur des gens qui se réveillent du coma, même après un bail. Ezra aime trop la vie pour partir maintenant ! » « J'en peux plus de cette situation. J'en ai marre d'inquiéter tout le monde. J'en ai marre des douleurs. J'en ai marre de devoir rester allonger, de ne même pas pour pouvoir bouger sans que mes côtes, mes jambes ou mes cervicales ne protestent. Je … » Je soupire un peu. Lui qui est d’habitude super positif, je crois bien que c’est la première fois que je le vois se plaindre de cette façon. C’est qu’il doit avoir vraiment vraiment mal. Je pense que la fatigue n’aide pas, et les médocs encore moins. «J'ai peur Kennedy. Que ...que je vais devoir rester comme ça toute ma vie … » Je serre un peu plus sa main sans vouloir lui faire mal. « Arrête ça tout de suite ! » Mon ton est un peu plus sec cette fois. Il faut qu’il se reprenne merde ! « Je t’interdis de penser comme ça ! Il est passé où le Thomas battant ? T’es sûr que t’es un marines toi ? » Je lui lance un regard insistant, et je vois qu’il essaie de se reprendre. Il sait que je ne fais pas ça pour le secouer dans le mauvais sens. Non. Je veux juste qu’il se reprenne, qu’il se batte, pour lui, pour son frère. Je me doute bien qu’il a besoin aussi de craquer un peu, et c’est pourquoi je le laisse quand même faire, l’écoutant attentivement.
Lorsque je parle de son fils, ça a l’air d’être pire encore. Merde. J’ai perdu une occasion de me taire. « Je sais pas. Les visites sont interdites aux enfants de moins de 15 ans ici, aux soins intensifs. Et ni Ida, ni moi ne voulons qu'il me voit dans cet état. » Je lève un peu les yeux au ciel. « Alex est un gamin intelligent. Il est assez grand pour comprendre ! Tu n’es pas mourant Thomas ! Tu es juste un peu amoché, et d’ici quelques temps tu seras sur pieds à jouer au foot avec ton fils ! » S’il faut que je sois positive pour lui, je le serai. Je me dois de l’être. « Il me manque putain » Je garde sa main dans la mienne et soupire un peu. Je le regarde pleurer encore et je serre les mâchoires. « Tom… » Il me fait vraiment trop mal au coeur. Je viens poser ma main sur sa joue pour le calmer un peu. « Ça va aller. Je te promets que tout va vite rentrer dans l’ordre… »
ça fait des années que je n'ai plus pleuré. Même lors de ma formation militaire quand on nous a poussé à bout et que je n'en pouvais plus. Je crois d'ailleurs que la dernière fois que j'ai pleuré c'était quand j'avais 10 ans et que je m'étais erraflé le genou droit en tombant du vélo. Ensuite, si j'ai pleuré ce n'était que par joie. Mais en général je suis plutôt bon pour contenir mes émotions. Je ne les laisse pas éclater devant les autres. Sauf la colère, je crois. Mais peu importe.
En ce moment même je ne peux tout simplement plus retenir mes larmes plus longtemps. Ça fait toute une semaine que je me contiens, ne voulant pas inquiéter ma famille et mes proches plus que de raison. Mais là, face à Kennedy, je n'y arrive pas. Trop d'émotion, trop de vérité. La fatigue, l'inquiétude, la peur, l'incertitude de ma guérison et de celle d'Ezra, les médicaments, tout ça font que je craque brillament face à ma meilleure amie. Je sais que je ne devrais pas avoir honte, qu'elle est bien la dernière à me juger, mais je déteste pleurer et me montrer faible. Encore plus devant l'une des personnes les plus importantes pour moi.
Et je ne réfléchis plus à ce que je dis. Moi qui, en général, suis tellement positif, qui arrive à toujours voir le côté positif même dans les moments difficiles, je me laisse complètement aller. Je dis des conneries que je ne dirais pas en temps normal et ça Kennedy le remarque, bien évidement. Lorsque je lui fais pars de ma peur que mon état pourrait être définif, le ton de la brune est plus sec. Elle me dit clairement d'arrêter de dire ce genre de chose me demandant où est passé le Thomas combattant, celui qui est sensé être un marine. Je rouvre les yeux et porte un regard embué de larmes sur Kennedy. Les lèvres tremblantes, déglutissant difficilement, j'hausse les épaules « Je … je sais pas. Putain, Kennedy. Qu'est-ce que je vais faire si je... si je ne peux plus excercé mon métier?»
C'est peut-être une chose inévitable. Dans mon état actuel, il va de soit que je ne pourrais pas être embarqué. Et plus tard? La prochaine année sera placé sous le signe de la convalescence, donc je ne verrais plus de navire. Du moins, plus de l'intérieur. Et après? Après, je n'en sais rien Peut-être que je guérirais ? Peut-être serais-je un jour à nouveau en forme pour espérer pouvoir remettre les pieds sur un navire? J'ai très sincèrement des doutes.
Lorsque Kennedy me parle d'Alex, mes sanglots reprennent de plus belles. Mon fils, mon chéri, mon rayon de soleil. Je ne l'ai plus vu depuis que je suis ici. Aussi bien parce que les enfants sont interdit dans ce service que parce que nous ne voulons pas qu'il me voit dans cet état. Mais bon dieu, qu'est-ce qu'il me manque. Je donnerais tellement pour le revoir, ne serait-ce qu'une minute ou deux, le temps de le voir sourire et d'entendre son rire. Je prends une profonde inspiration lorsque ma meilleure amie pose une main sur ma joue. Rouvrant les yeux à nouveau, je pose mon regard sur elle et pince les lèvres. «Dé...désolé » je me passe le dos de la main sur les yeux « Que tu me vois dans cet état» j'avale ma salive et me mord la lèvres inférieure « Je … je veux pas t'inquiéter» je sers un peu les dents, essayant de contenir les sanglots qui menacent de repartir « Merci d'être venue. Ça fait plaisir. Vraiment ...» je renifle un coup puis m'efforce de lui offre un sourire. Un petit sourire, faible. Un très léger étirrement de la commissure des lèvres. Mais un sourire quand même. Bien que le cœur n'y soit vraiment pas.
Je n’ai jamais vu pleurer Thomas. Jamais. Il a toujours été à mes yeux, avec mon frère, l’homme le plus fort qui soit. Il a toujours tout mené à bien, sa carrière, sa famille, et le voir aussi faible aujourd’hui face à cette situation me fait vraiment vraiment mal au coeur. J’essaie de ne pas le suivre, de ne pas pleurer avec lui, même si ça s’avère difficile. Parce que j’aime cet homme, d’un amour platonique certes, d’un amour amical, mais voir les gens qu’on aime souffrir, et pleurer, ça n’a jamais été agréable pour personne. « Je … je sais pas. Putain, Kennedy. Qu'est-ce que je vais faire si je... si je ne peux plus excercé mon métier?» Je secoue la tête et lui adresse un regard insistant. Je lui demande d’un simple regard qu’il arrête de dire ce genre de choses. « Arrête. » Je ne sais plus quoi dire, quoi faire, il semble inconsolable. Et chaque phrase que j’ajoute semble le faire sombrer un peu plus dans cette spirale de souffrance et de mal être. Je lui offre quelques gestes tendres, pour le rassurer, du mieux que je peux, même si ce n’est pas évident. Je me sens coupable de ne pas réussir à arrêter ses sanglots. «Dé...désolé » C’est horrible. Il s’essuie les yeux du mieux qu’il peut et je ne le lâche pas des yeux. « Que tu me vois dans cet état» « Ne dis pas de bêtises. » « Je … je veux pas t’inquiéter» Je secoue la tête et lui offre un sourire bienveillant. « Je ne suis pas inquiète Thomas. Je sais que tout va bien aller, il faut juste être patients. Je suis juste triste de voir que tu as perdu ton positivisme dans cet accident. Je crois que je vais retourner sur les lieux pour aller le chercher. » Je lui souris un peu, voyant que ma petite blague douce semble lui faire esquisser à son tour un mince sourire. « Merci d'être venue. Ça fait plaisir. Vraiment …» Je récupère à nouveau sa main et la caresse du bout de mon pouce. « C’est normal. Tu es venu me voir toi aussi quand j’me suis pris cette balle foireuse y’a deux mois. Et tu vois, tout va bien ! » Je lui souris à nouveau, essayant de partager avec lui un semblant de lumière. « Tout ira bien pour toi aussi Tom. Je le sais. Et ça ira pour Ez’ aussi. Hum ? » J’aimerai tellement qu’il y croit. « Tiens, tu veux voir une photo de Tyméo ? Il a déjà bien grandit. » Je lâche sa main et fouille dans mon sac pour en sortir mon smartphone et lui montrer une photo de mon fils. Evidemment, je lui épargne tous les soucis de couple qu’il a engendré, tout ça c’est une autre histoire, Tom n’a pa besoin de ça. Au contraire, je voulais simplement lui changer les idées quelque secondes, qu’il arrête de se focaliser sur tout ce qui ne va pas.
Je m'en veux de craquer comme je suis entrain de le faire. Je me suis juré de ne jamais pleurer devant mes proches mais c'est bien plus simple de le dire que de le faire. Sur ce coup, en tout cas. Je n'arrive plus à retenir mes larmes qui innondent mon visage au rythme de mes sanglots. D'un côté, je suis assez content que ce soit devant Kennedy et pas devant un membre de ma famille. Enfin. Je suis totalement négatif dans mes propos. Comme si … ouais, comme si j'avais oublié mon côté positif et qu'il était était resté sur les lieux de l'accident. Lorsque ma meilleure me dit qu'elle irait bien y faire un tour pour aller me le chercher, je parviens à lui sourire. Légèrement, mais un sourire tout de même.
Au final, je me calme peu à peu et m'excuse avant de la remercier. Elle me réponds que j'ai fait la même chose pour elle lorsqu'elle s'est fait blessé par cette balle la dernière fois. Et elle est là, bien vivante, ne gardant de cet accident qu'une simple cicatrice. Elle dit que tout ça fait qu'elle soit sûre que ça ira aussi pour moi et Ezra. Je déglutis et souris un peu « Au moins une qui pense comme ça» souriais-je doucement avant de soupirer et fermer un instant les yeux. «Mais ouais, ça devrait aller. Je … je ne vais pas penser aux éventuelles complications et ça le fera déjà. Je suis obligé de m'en sortir, par vrai? » demandais-je en relevant le regard sur Kennedy «Je te manquerais trop sinon... »
Au final, elle me dit avoir une photo de Tyméo, son fils mais aussi mon neveu. A la naissance de ce dernier j'ai été désigné comme étant le parrain et je dois dire que ça me fait plus que plaisir. Ça m'a rempli de joie, mais je n'ai pas eu l'occasion de le voir souvent encore. Alors, lorsqu'elle me dit qu'il a bien grandit je lui souris doucement « C'est génial, il va bien? » demandais-je en attrapant la photo avec la main de mon bras valide. Un sourire bien plus sincère que les autres s'affiche sur mon visage alors que j'observe la bouille du bébé «Il est adorable » je regarde vers Kennedy «Il ressemble pas mal à Alexys je trouve » je lui redonne ensuite la photo et repose mon bras sur le lit «Elle va bien elle, d'ailleurs? » autant en profiter pour changer de sujet.
« Au moins une qui pense comme ça» Je ne relève pas sa phrase, même si au fond, je me demande bien qui peut être aussi négatif. Je pense que n’importe qui verrait quelqu’un qu’il aime sur un lit d’hôpital aurait peur, bien sûr, mais surtout il voudrait de tout son coeur que cette personne s’en sorte. Je suis intimement persuadée que les malades le sentent, comme un besoin d’être sûr que quelqu’un veut son retour parmi nous, parmi les vivants. Alors du mieux que je peux j’essaie de faire retrouver un semblant de positivisme à Thomas, parce qu’il en aura bien besoin. «Mais ouais, ça devrait aller. Je … je ne vais pas penser aux éventuelles complications et ça le fera déjà. Je suis obligé de m'en sortir, par vrai? » Je hoche vivement la tête, alors qu’un sourire prend place sur mes lèvres. « Oui, tu es obligé, sinon c’est moi qui te botte les fesses ! » Je ris un peu avant de le laisser finir. «Je te manquerais trop sinon... » Je lui souris tendrement. « Ça c’est sûr, et pas qu’à moi ! »
Il faut que je change de sujet, alors, parler de Tymeo est une bonne alternative. Le but n’est pa de parler de moi, mais surtout de l’éloigner du sujet qui lui fait mal, lui fait peur. « C'est génial, il va bien? » « A merveille, il dort, il pleure, il mange, et il dort encore ! » Je ris un peu et lui tends le téléphone pour qu’il puisse regarder les photos. «Il est adorable » « Oui. » Même si au fond, tout n’est pas aussi rose que ça pourrait paraitre. Mais Tym n’y est pour rien lui. Toutes les complications ne viennent que de moi, et un peu d’Alex aussi. «Il ressemble pas mal à Alexys je trouve » « C’est vrai, je trouve aussi. » Et tant mieux, d’ailleurs, parce que si en grandissant il s’avérait ressembler plus à son père, je crois que j’aurai du mal à le vivre. Mais nous n’y sommes pas encore, et je préfère ne pas trop y penser. C’est mieux ainsi. Je crois que je pense assez à ce salopard de Morgan comme ça. «Elle va bien elle, d'ailleurs? » Je sors de mes pensées à la question de Thomas, et croise son regard. J’hésite un peu à lui parler de mes petits problèmes, qui semblent si futiles à côté des siens. « Oui, oui ça va. Elle est partie quelques jours chez sa mère, elle avait besoin d’un peu d’air avant de reprendre le boulot. » J’esquisse un petit sourire. En fait, j’ai très mal vécu ces quatre jours sans elle, suite à notre énième dispute. Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, c’est à moi de travailler sur moi pour que tout aille mieux et que les complications s’extirpent de notre famille. Quoi qu’il en soit, je ne veux pas déranger mon meilleur ami avec ça, pas aujourd’hui. Alors je cache du mieux que je peux mes émotions, comme je sais si bien le faire.
Avoir Kennedy a mes côtés en ce moment me rassure quelque part. Même si la douleur est omniprésente et que le courage semble m'avoir été retiré, je sais que je peux compter sur mes proches. Que ce soit ma famille ou ma meilleure amie, je sais que personne d'eux n'est là pour me juger et que chacun d'entre eux me soutient à sa façon. C'est peut-être pour cette raison que je me suis autorisé à craqué devant Kennedy. A apart mes frères, elle est celle de qui je suis le plus proche et a qui je dis tout. Nous avons déjà tellement vécu tout les deux, ne serait-ce que de pars nos métier respectif. Et dieu sait qu'un soldat à besoin d'un soutient moral innébranlable. Et c'est ce que nous sommes l'un pour l'autre. Bien que je ne suis que très rarement au front, je sais que Kennedy l'est, elle. Ou du moins, l'était-elle avant. Enfin, peu importe.
Elle ma rassure, me dit des mots doux et calme et essaie par tous les moyens de me remonter le moral. Elle parvient, finalement, à force de patience à raviver la petite flamme d'espoir en moi qui menaçait de s'éteindre. Je crois que j'avais simplement besoin de pleurer un bon coup et vider mon sac, comme on dit. Au final, Kennedy décide de changer de sujet et me montre une photo de son fils, Tyméo. Je prends la photo en main et observe le petit bout de chou en souriant, attendrit avant de redonné la photo à la mère en disant que le petit ressemble beaucoup à Alexys.
Après que ma meilleure amie m'ait donné confirmation que oui, elle trouve aussi que le petit lui ressemble beaucoup, je lui souris doucement et lui demande comme va sa chérie. Je vois à son expression que ça ne va pas fort, encore d'avantage lorsqu'elle m'annonce que la jeune femme est partie chez ses parents pendant quelques jours pour 'changer d'air' avant de reprendre le boulot. Je grimace. Non pas de douleur mais par compassion, me sentant soudainement assez mal pour Kennedy.
« Pourquoi est-ce qu'elle est partie ? » demandais-je « Juste pour changer d'air ?» je fixe mon regard clair dans celui de la jeune femme et pose, à mon tour, ma main sur la sienne « ça va entre vous ?» je vois bien que la jolie brune est peiné, bien qu'elle tente de caché ses sentiments sous cette carapace qu'elle s'est construire « N'essaie pas de me prendre pour un idiot, malgré les dose astronomique de morphines qu'on m'injecte je sais encore reconnaître quand tu essaie de me rouler et de mentir » expliquais-je d'une voix douce en souriant légèrement.
Je ne l’ai jamais vu pleurer avant aujourd’hui. Je ne sais même pas s’il a pleuré avec sa famille aussi, ou si c’est simplement moi. Mais je n’aime pas vraiment ça. Je suppose qu’il en avait besoin, alors je le laisse faire, mais ça me fait vraiment mal au coeur. Alors pour palier à tout ça, j’essaie de changer un peu de sujet, histoire de lui changer les idées. Parler de mon fils est la première chose qui me passe par la tête. Je ne suis pas sûre, après coup, que ce soit la meilleure idée du siècle. Mais après tout, pourquoi pas. Au moins, il ne pensera plus à son frère, et sans doute un peu moins à ses blessures, même si ça ne dure que quelques minutes. « Pourquoi est-ce qu'elle est partie ? Juste pour changer d'air ? ». Il vient poser sa main sur la mienne et à mon tour, c’est moi qui ai les yeux qui brillent. « Oui, pour réfléchir… » je n’aime pas mettre de mots sur cette ‘pause’ comme elle a su si bien l’appeler. Parce que la vérité, c’est que ça me fout hors de moi tellement la peur a pris possession de mon esprit. « ça va entre vous ?» Je hausse un peu les épaules et soupire légèrement « Oui, oui ça va. » . Je ne suis pas sûre de vouloir parler de ça, mais après tout, c’est sans doute une bonne chose, pour lui changer les idées. « N'essaie pas de me prendre pour un idiot, malgré les dose astronomique de morphines qu'on m'injecte je sais encore reconnaître quand tu essaie de me rouler et de mentir » Je ris un peu et fuis son regard quelques secondes avant de le regarder enfin. « C’est un peu compliqué depuis la naissance de Tyméo. J’ai du mal à trouver ma place dans cette nouvelle famille. C’est con, c’est rien du tout, il me faut juste du temps ! » Je le regarde et lui souris tendrement. « On a eu une petite dispute, mais pas grand chose. Elle va revenir, elle avait besoin d’air. C’est rien. » Je m’en persuade, parce que c’est important, parce qu’il le faut.
Soudain, mon téléphone sonne. Je sais que je n’ai pas le droit, dans les hôpitaux, alors je m’empresse de le sortir de mon sac pour le mettre en silencieux et voir l’appelant. C’est Zoé. Merde. « Je suis désolée je dois répondre… » Je grimace un peu et porte le téléphone à mon oreille pour répondre à ma ‘patronne’. « Oui ! Oui d’accord j’arrive. Non calme-toi, tout va bien, Zoé ! Tu te calmes, j’arrive ! » Je suis obligée de lui parler sèchement, quand elle est dans des crises d’angoisse comme ça, elle ne veut rien entendre. « Je suis désolée mon chou, je vais devoir t’abandonner. Le devoir m’appelle, boulot boulot boulot… Mais je t’appelle pour prendre des nouvelles, et surtout, tiens moi au courant pour Ez, ok ? » Je m’approche de lui et dépose sur son front un tendre baiser. « Et tu sais que tu peux m’appeler, quand tu veux, pour quoi que ce soit ! ». Je lui fais un nouveau bisou avant de m’éloigner, à reculons pour garder le contact visuel, et finir par quitter la pièce. Je me promets de repasser le voir très bientôt.