LENA & CLYDE First impressions last At a loss I lost my cool I denied that I found you I'm trying to find a signal fire Let me know when I should move

Il avait longuement hésité avant de craquer enfin pour une planche de surf - non pas qu’il n’ait pas les moyens de s’en payer une, mais il détestait s’encombrer de choses inutiles. Alors, une fois la planche payée, il savait qu’il s’engageait à devoir l’utiliser, quand bien même il débutait à peine dans le surf - et passer pour un débutant était loin d’être quelque chose qu’il adorait. Depuis de nombreuses années, son quotidien tournait autour des mêmes activités, quand bien même ses arnaques différaient régulièrement - mais cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas lancé dans un nouveau sport dont il ne connaissait pas grand chose. Pour autant, cela faisait désormais quelques mois qu’il était arrivé à Brisbane, et s’il était mené à y rester, autant profiter des vagues du coin qui étaient plus que réputées. L’air marin, les profondeurs, c’était son truc, il s’y sentait libre et tranquille, loin de l’agitation de la ville qu’il affectionnait mais qui lui montait parfois à la tête. Là-bas, dans l’océan, il avait tout le loisir de jeter au loin ses questionnements et ses problèmes, et de ne penser à rien d’autre qu’à la meilleure manière de se maintenir à flot face aux vagues qui avaient tendance à plus l’amener par le fond qu’autre chose. Il avait terminé avec de l’eau dans les poumons plus d’une fois, mais il était déterminé à se perfectionner - et peu de choses pouvaient l’arrêter une fois qu’il s’était fixé en tête de s’améliorer en quelque chose.

Ce matin-là, il avait donc chargé sa planche de surf sur le toit de la bagnole puis s’était dirigé vers la plage, satisfait à l’idée d’arriver avant les touristes et les baigneurs de l’après-midi. Quelle ne fut pas sa surprise en apercevant au loin des dizaines de personnes s’affairer sur la plage, avec de grands sacs qu’ils semblaient remplir en ramassant des choses sur le sol. Un nettoyage de la plage ? L’idée était peut-être sympathique, quand bien même il s’en fichait royalement, mais ça ne l'arrangeait pas vraiment pour se poser dans le coin qu’il avait prévu. Dire qu’il pensait être tranquille, c’était râpé. Il s’approcha alors d’une jeune femme, celle qui se trouvait la plus proche de lui. “Bonjour, désolé d’vous déranger. C’est quoi tout ça ? Vous en avez pour longtemps ?” Il avait tenté de la questionner de manière polie, mais l’agacement était clairement perceptible dans sa voix.

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@Clyde Wakefield & Lena Edwards

Le soleil venait de se lever lorsque Lena ouvrit les yeux. Il était tôt – bien trop tôt. Mais la blonde n’avait pas de temps à perdre ces jours-ci. Son emploi du temps était bien rempli, surtout qu’elle s’était donnée pour mission d’aider son prochain. Elle le faisait toute l’année, en étant une fervente bénévole à l’association d’aide aux animaux, mais ce mois-ci était particulier. Tout Brisbane s’attelait pour rendre la ville plus belle, pour la santé de la planète. La plus belle des causes possibles, quand on y réfléchi. Il n’avait pas fallu bien longtemps à la jeune femme pour décider de s’investir dans cette cause-ci. Ce n’était pas la première fois qu’elle participait à une matinée de nettoyage de la plage, et le petit groupe qu’elle devait rejoindre avait une bonne entente maintenant. Inconnus au départ, lorsque l’on s’allie pour quelque chose de bien, on s’unis forcément. L’écossaise comptait bien sûr tâter un peu de la planche une fois que la portion de plage serait nettoyée. C’était devenu sa petite habitude, de quoi se détendre après avoir travaillé.

Sous le soleil du matin, la jeune femme s’attelait à la tâche. Mégots de cigarette, canettes de bière et autres déchets, rien n’échappait à son oeil vif. Un détail lui avait échappé cependant : un homme qu’elle ne connaissait pas s’était approché d’elle. Elle ne le vit qu’au dernier moment, la tête se relevant vers lui. Il lui fit une très mauvaise impression, ce bougre voulait sans doute avoir la plage pour lui seul ce matin – ce ne serait pas le cas, bien au contraire. On appelle ça une bonne action, et on ne fait que commencer. Alors oui, on en a sans doute pour un moment. Dit-elle fermement, mais toujours avec le sourire. Un sourire faux, certes, car elle était agacée la blonde, mais un sourire tout de même. Si vous nous aidiez ça irait sans doute plus vite, vous pourriez surfer un peu après. Suggéra-t-elle à l’inconnu, exaspérée de son comportement qui lui semblait bien égoïste. Elle aussi, elle espérait pouvoir attraper encore quelques vagues avant de s’en aller de la plage – son équipement posé non loin de là le prouvait d’ailleurs - mais ce matin l’important était de terminer le nettoyage. Une bonne action ça ne coûtait pas grand-chose, mais qu’est-ce que ça pouvait faire du bien. Il semblait que son interlocuteur, en revanche, n’en ait pas grand-chose à faire des bonnes actions ou de la solidarité – vu son air quelque peu condescendant.

“On appelle ça une bonne action, et on ne fait que commencer. Alors oui, on en a sans doute pour un moment.” Oh, ça démarre mal entre toi et moi qu’il se retint de siffler entre ses lippes, car il savait bien qu’envenimer la situation ne l’aiderait sans doute pas à mieux s’en sortir face à petit groupe qui pensait sûrement que la planète avait besoin d’eux et bla, bla, bla. Pour avoir rencontré par plusieurs fois des personnes plutôt portées sur l’écologie, il avait abandonné l’idée de discuter avec eux car ces derniers étaient toujours persuadés de détenir la vérité universelle et n’en avait que faire d’avis extérieurs si ces derniers n’allaient pas dans leur sens. Clyde préférait donc largement prendre la tangente lorsqu’il voyait ce genre de sujet faire surface dans une conversation, mais cette fois, il n’était pas décidé à abandonner sa session de surf matinale. Nul doute qu’avec tout ce qu’il avait prévu ensuite, et le boulot qui risquerait de durer jusque tard dans la soirée, c’était maintenant ou jamais - et il préfèrerait grandement que ce soit maintenant. “Combien de temps ?” Il avait tenté de rester poli, de ne pas montrer plus que de mesure à la jeune femme qu’il avait moyennement apprécié le ton qu’elle avait employé, quand bien même elle affichait un sourire qui ne le dupait pas le moins du monde. Rester froid, direct, précis, c’était encore ce qu’il savait faire de mieux pour tenter de se contenir.

“Si vous nous aidiez ça irait sans doute plus vite, vous pourriez surfer un peu après.” La blonde eut au moins le mérite de le surprendre, et pour deux raisons. Déjà, est-ce qu’il avait une tête à vouloir ramasser des vieilles clopes usagées et dégueulasses ? Mais surtout, tandis qu’elle parlait, il avisa une autre planche de surf un peu plus loin et des vêtements à l’allure féminine trônant à côté. Est-ce qu’elle surfait, elle aussi ? Le doute eut au moins le mérite de l’empêcher de lui rire au visage après sa proposition des plus stupides. Stupide, ça l’était, mais si c’était ça ou rentrer chez lui et ressasser toute la journée cette occasion manquée, que préférait-il vraiment ? “Ouais, c’est pas vraiment mon truc ça.” C’est le moins qu’on puisse dire, Wakefield. Il accompagna sa réponse d’un haussement d’épaules, se départissant néanmoins de son air hautain qui n’avait pas eu le moindre effet positif sur la demoiselle. “C’est votre planche là ?” Il pouvait tenter de dévier la conversation autant qu’il le voulait, cela ne ferait que retenir la jeune femme et repousser encore plus le moment où il pourrait se mettre à l’eau. “Ouais, bon, qu’est-ce que je peux faire pour que ça aille plus vite ?” Pas les clopes usagées, pitié. Loin d’être pleine d’enthousiasme, la tentative de conciliation avait au moins le mérite d’exister - même s'il regrettait déjà de s'être embarqué dedans.

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Il est clair qu'entre les deux surfeurs, la relation partait du mauvais pied. Lena ne s'attendait pas à passer la matinée en étant dérangée par un mécréant des plages irrespectueux, mais comme lors d'une bonne soirée, on ne peux échapper aux invités surprises. Elle prenait néanmoins le soin de le traiter avec la fermeté qu'il méritait. Lorsqu'il insista sur la longueur de la tâche, elle leva les yeux au ciel, exaspérée. Sans doute une heure, ou deux. On a pas fini tout de suite, quoi. Elle se baissa au sol, ramassant un morceau de verre qui traînait là et qu'elle venait de repérer, avant de le jeter dans son sac poubelle. Mais le jeune homme rebondit sur le fait qu'elle parlait de surf, la blonde. C'était un point qui semblait l'intriguer, pour une raison qu'elle ne comprenait pas. Oui oui, c'est ma planche. Pourquoi, j'ai pas une tête de surfeuse ? Faillit-elle rajouter, mais elle évita afin de ne pas risquer d'envenimer cette situation. Il semblait tendu, cet homme, et elle ne s'était pas rendue compte de ses réactions mais elle l'était aussi visiblement. De manière surprenante, l'inconnu méprisant se fit un peu moins méprisant en demandant s'il pouvait participer à la tâche. Elle ne comprenait pas trop ce qui avait bien pu lui passer par l'esprit, mais elle avait appris à ne pas se formaliser et à prendre les choses comme elles venaient. Alors même qu'il venait de dire que le nettoyage de plage, ce n'était pas "son truc", il se proposait de donner un peu de son temps. Incompréhensible, c'était le mot qui le décrivait le mieux. Il faudrait aller mettre ces sacs dans la camionnette, là bas, et nous en ramener d'autres. Lui ordonna-t-elle sur un ton neutre, en désignant du doigt les sacs remplis de déchets, puis ledit véhicule. Elle n'en espérait pas beaucoup, de cet homme qui venait là de manière nonchalante. Il semblait ne rien comprendre au don de soi, mais qu'importe. Deux mains supplémentaires n'étaient pas à négliger. Au fait, je m'appelle Lena. Et toi ? Si il se lançait dans du bénévolat, il avait bien le droit à un minimum de reconnaissance.

“Sans doute une heure, ou deux. On a pas fini tout de suite, quoi.” Est-ce qu’il avait la tête de quelqu’un qui avait du temps à perdre ? Il n’avait clairement pas autant de temps à passer sans rien faire, et c’était pour cette unique raison qu’il voulait bien envisager la possibilité de participer à cette masquarade - sans réaliser qu’une personne de plus ne changerait pas le court des choses, aussi volontaire soit-il, et qu’il se retrouverait finalement à devoir écourter sa session quoi qu’il en soit. Il se contenta donc d’offrir une moue qui trahissait son agacement à la brune, avant que la planche de surf qui traînait sur le côté ne dévie son attention. “Oui oui, c'est ma planche.” Visiblement, la demoiselle n’était pas bien plus disposée que lui à faire la conversation, à en juger par ses réponses qui ne tendaient pas à l’effusion de bons sentiments. Clyde se radoucit donc, ayant bien conscience qu’en se comportant de la sorte, il l’avait l’énerver elle, et s’énerver lui encore plus qu’il ne l’était déjà. C’était le moment de souffler, de réaliser qu’il n’y avait pas mort d’homme, et que le brun n’avait vraiment pas d’autres choix que d’aider s’il voulait avoir une chance de faire ce pourquoi il était venu. Il avait donc fini par proposer son aide, croisant les doigts pour que la blonde ne lui offre pas, par vengeance, la pire des tâches. C’est en tout cas ce qu’il aurait fait, mais heureusement pour lui, elle semblait être moins mauvaise que lui. “Il faudrait aller mettre ces sacs dans la camionnette, là bas, et nous en ramener d'autres.” Il haussa les épaules, n’ayant pas réellement besoin de plus d’explications pour cette tâche qui lui convenait plutôt bien. “Ça marche.” Contrairement à l’air de la jeune femme qui semblait ne pas accorder grande importance à sa volonté d’aider sans grand enthousiasme - et elle avait bien raison - il comptait bien ne pas se tourner les pouces maintenant qu’il était là. Clyde détestait être inactif, et peu importe qu’il accomplisse une tâche qui lui plaisait ou non, il se montrait efficace pour finir le plus vite possible, ce qui lui permettrait de passer à autre chose. “Au fait, je m'appelle Lena. Et toi ?” “Clyde.” lâcha-t-il en relâchant enfin les traits de son visage, l’ébauche d’un sourire au coin des lèvres. Tandis que la blonde retournait vaquer à ses occupations un peu plus loin, il se délesta de ses affaires pour s’attaquer aux fameux sacs. Ces derniers étaient lourds, mais les travaux de force ne l’avait jamais réellement dérangé  - plus jeune, il avait cumulé pas mal de petits boulots aux tâches similaires dans le simple but de se faire quelques billets. S’il avait su qu’aujourd’hui il ferait cela pour la beauté du geste, il aurait ri. En quelques minutes, il avait transporté tous les sacs dans la camionnette, puis attrapé une dizaine de sacs vides alors qu’il s’approchait à nouveau de la blonde. “Tu fais ça souvent ?” En avait-il quelque chose à faire ? Pas vraiment. Mais s’il devait perdre son temps, autant ne pas le perdre seul. “C’est pas que j’m’en fous tu sais, c’est juste que j’ai une journée chargée et j’avais prévu de surfer avant.” Il ne cherchait pas vraiment à s’excuser, car elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait de lui, mais le moment passerait d’autant plus vide si elle ne le regardait pas d’un air méprisant. “Tu surfes depuis longtemps ?” Après tout, peut-être aurait-elle même quelques conseils à lui donner à ce sujet - et la session ramassage ne serait alors pas une totale perte de temps. Et des conseils, il en avait bien besoin, même s'il n'avait pour l'instant pas franchi le cap d'avouer qu'il ne tenait pas bien longtemps sur sa planche et qu'il aurait vraiment besoin d'aide pour progresser.

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De manière surprenante, en dépit de son comportement d'insupportable homme de néhendertal, l'inconnu qui avait à présent un prénom s'attelait à la tâche comme les autres bénévoles présents. Elle avait visiblement de sacrés talents pour convaincre les gens de faire ce qu'elle voulait en les faisant sentir coupables, et ça, c'était un talent qu'elle se découvrait et qui risquait de lui être utile ces prochains temps. Merci Clyde. Il fallait savoir se repentir et se radoucir lorsque la situation l'exigeait, et très clairement au vu de sa récente coopération, Clyde ne méritait plus le regard accusateur et glacial de Lena. Elle l'observa s'éloigner, les sacs empoignés, se dirigeant vers la camionnette avant de revenir, des sacs neufs en mains. Elle détourna les yeux au moment où il s'approchait à nouveau, faisant mine de s'être attelée à la tâche le temps de son allé retour - mais elle l'avait observé tout simplement. Il l'intriguait, Clyde. La blonde trouvait son comportement intriguant. D'ailleurs, elle avait toujours eu tendance à s'intéresser au pourquoi du comment les personnes qu'elles croisaient pouvaient bien agir comme elles le faisaient. Alors, elle se demandait pourquoi il avait eu l'air si cruel et égoïste alors qu'en fait, il était capable de faire le bien autour de lui. Non, c'est la première fois en fait. D'habitude je suis plutôt bénévole auprès d'animaux, je crois que je les préfères aux humains. Lança-t-elle, se promettant qu'elle essaierait d’être plus avenante à présent. Oui j'peux comprendre. Il est vrai qu'elle avait eu une réaction sans doute exagérée, mais après tout, elle avait été un peu vexée qu'on ne s'intéresse que si peu au nettoyage des plages et à l'environnement en général. Ça va faire 7 ans je crois, depuis que je suis arrivée à Brisbane en fait. Le surf, ça avait été l'une des premières découvertes qu'avait faite la blonde en arrivant en Australie. Une passion qu'elle s'était vite découverte, sorte d’exutoire pour ne plus songer à sa vie en Europe. C'était sa seule façon à elle de faire du sport, aussi. Et puis ça lui avait permis de rencontrer du monde sur son nouveau continent, dans sa nouvelle vie. Et toi ? Finit-elle par s'intéresser, en lui prenant un sac des mains afin de l'ouvrir et de continuer sa tâche.

Clyde hocha la tête pour signifier à la blonde qu’il appréciait ses remerciements, tandis qu’il se dirigeait vers les sacs pour les charger dans le camion. Et voilà que même après quelques paroles désagréables, il avait réussi à renverser la vapeur et à faire en sorte que la jeune femme ne lui en tienne pas rigueur. S’il aurait préféré se targuer de réussir à être convaincant lorsqu’il le voulait, il devait néanmoins reconnaître que c’était grâce à la bonne foi de Lena qu’il avait réussi à s’en sortir malgré sa mauvaise humeur et ses premiers mots peu avenants. Alors qu’il revenait auprès d’elle avec des sacs dans les mains, il ne put s’empêcher de l’interroger davantage sur cette opération de nettoyage dans laquelle il s’était retrouvé entraîné contre son gré. “Non, c'est la première fois en fait. D'habitude je suis plutôt bénévole auprès d'animaux, je crois que je les préfères aux humains.” Il n’y avait pas à dire, la jeune femme n’avait pas la langue dans sa poche et c’était encore ce que Clyde préférait chez ses interlocuteurs. Il ne put donc s’empêcher de lâcher un rire discret à cette affirmation qui résonnait particulièrement chez lui - d’une manière différente, certes, puisqu’il n’avait pas grand chose à faire des animaux, mais il ne portait pas non plus toujours les humains dans son coeur. A défaut d’avoir quelque chose de constructif à lui répondre - car cela se verrait bien vite sur son visage qu’il n’était pas du genre à toucher au bénévolat ou aux animaux - il fit un pas vers elle en s’excusant pour son manque de politesse. “Oui j'peux comprendre.” Il lui sourit alors, un premier vrai sourire qui visait en quelque sorte à instaurer la paix maintenant que l’orage était passé. “Ça va faire 7 ans je crois, depuis que je suis arrivée à Brisbane en fait.” Elle ne devait pas être mauvaise, il n’y avait pas de doute - du moins, elle ne pouvait pas être aussi mauvaise que lui, c’était déjà ça. “Et toi ?” Son ego fut tenté de prendre le dessus, mais il ne maîtrisait vraiment pas assez la chose pour réussir à prétendre qu’il s’y connaissait. “Je m’y suis vraiment mis en arrivant à Brisbane moi aussi, mais ça fait seulement quelques mois.” Inutile de lui préciser qu’il était mauvais, car il ne manquerait plus qu’elle se serve de l’information pour lui préciser qu’il aurait pu se montrer plus sympa envers elle en arrivant, s’il allait de toute façon faire une session qui n’en serait pas une, où il passerait plus de temps recracher de l’eau salée qu’à tenir sur sa planche. “Tu surfes seule ?” Accouche, Wakefield. “Faudrait que je trouve un club ou des personnes pour me conseiller.” Ou pour lui apprendre, plutôt. Il finit par baisser les yeux, laissant un sac à la jeune femme tandis qu’il en ouvrait un autre et commençait à le remplir des ordures jonchant la plage.

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Lena ne comprenait pas bien la situation. Elle avait pourtant tendance à plutôt bien analyser le comportement des gens, réussissant souvent à deviner leurs attentes. C'était une caractéristique importante dans son emploi, dans les mondes dans lesquelles elle évoluait. Pour garder une bonne image de soi envers le public il était important de s'assurer de respecter leurs attentes, mais il était surtout nécessaire de ne jamais se laisser surprendre d'une quelconque mauvaise manière. Un invité surprise pouvait gâcher une soirée. Des informations données à la mauvaise personne pouvaient réduire en cendre toute une notoriété. Mais Clyde était surprenant, à sa façon. Elle ne se serait jamais attendue à ce retournement de situation. Le voyant approcher tel un ignare dépourvu de bon sens, elle s'était imaginé dans son esprit qu'une dispute allait éclater. Finalement après quelques phrases lancées d'un ton piquant, tout semblait s'adoucir. Il s'était même proposé d'aider, Clyde, et commençait à se montrer sympathique depuis qu'il savait que la blonde était une surfeuse elle aussi. Oh, t'es nouveau en ville. Elle se serait bien intéressée à lui, lui aurait bien poser des questions sur ses origines, pourquoi il était venu vivre ici.. mais ils n'en étaient pas là et elle ne voulait pas risquer de le rendre à nouveau amer si vite après qu'il ne se soit adouci. Ça m'arrive, mais le plus souvent c'est avec des amis. Amis qu'elle ne se voyait pas partager avec lui, vu qu'il ne lui inspirait pas la plus grande des confiances, mais elle répondit posément à ses questions. Et puis il insinua avoir besoin de conseils, et l'écossaise hésita une seconde avant de continuer. J'étais inscrite à un club pour apprendre, mais finalement j'ai préférer me perfectionner par moi même. Rien de tel que la solitude sur une planche pour se sentir vraiment libre. Mais maintenant je surfes souvent avec quelques amis. On pourrait te donner des conseils, si tu as envie d'apprendre bien sûr. Parce qu'elle savait trop que certains n'étaient pas capables d'apprendre, mais malgré tout elle lui avait tendu cette perche, à Clyde. Elle espérait simplement ne pas le regretter en découvrant qu'il n'était vraiment qu'un homme insupportable. Tu as commencé seul ? Tu sais déjà tenir debout sur ta planche ? Demanda-t-elle pour continuer la discussion tout en ramassant encore des ordures, jetant de temps en temps un œil à son nouveau compère qui s'était mis à la tâche lui aussi.

“Oh, t'es nouveau en ville.” Il hocha la tête pour confirmer, car il avait vraiment débarqué à Brisbane en connaissant très peu la ville, puisque les vagues souvenirs qui lui restaient ne tournaient qu’autour de soirées qui s’étaient déroulées dans des lieux clos très précis. Il était nouveau à Brisbane, tout comme il était nouveau à la pratique du surf - à laquelle il se dévouait régulièrement depuis quelques mois, mais il partait vraiment de loin. “Ça m'arrive, mais le plus souvent c'est avec des amis.” Si Clyde surfait seul - qui aurait-il vraiment pu suivre de toute manière ? - ce n’était pas le cas de Lena ce qui signifiait donc sûrement qu’elle était bien meilleure que lui. En réalité, le brun n’était pas contre l’idée, mais son ego l’avait jusque empêché de se mêler à d’autres personnes de peur de passer pour un incapable, ce qui était malheureusement une étape obligée pour commencer - mais cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas lancé dans une activité qu’il ne maîtrisait pas du tout, et enchaîner les chutes avait parfois le don de l’énerver dans ses mauvais jours. Néanmoins, il devait bien se rendre à l’évidence qu’il lui faudrait demander de l’aide un jour ou l’autre, s’il voulait franchir le palier sur lequel il était actuellement bloqué. “J'étais inscrite à un club pour apprendre, mais finalement j'ai préféré me perfectionner par moi même.” Visiblement, passer par un club était donc une étape à laquelle Clyde devrait se résigner. A moins que. “Mais maintenant je surfe souvent avec quelques amis. On pourrait te donner des conseils, si tu as envie d'apprendre bien sûr.” Il leva un sourcil surpris, ne s’attendant pas réellement à ce que la blonde se montre si généreuse après le coup de scandale quelque peu inutile qu’il lui avait sorti seulement une demi-heure auparavant - mais agréablement pris de court, il lui rendit un sourire sincère. “C’est vraiment sympa de proposer. J’pense que j’ai vraiment besoin de conseils pour progresser maintenant…” Les mots lui brûlaient presque la gorge, mais il devait bien l’avouer à un moment ou à un autre. “Tu as commencé seul ? Tu sais déjà tenir debout sur ta planche ?” “Ouais j’ai toujours surfé seul. Enfin surfé… Je sais tenir debout mais dès que ça bouge un peu c’est plus pareil.” Une manière détournée de lui dire avec les lèvres pincées qu’il s’était mangé plus de vagues qu’il ne l’aurait espéré. Pourtant, cela n’avait pas été si difficile à confier à la demoiselle, qui lui inspirait une étrange sympathie, tout autant qu’elle l’intriguait. Elle avait un caractère certain qui lui aurait presque donné envie de la prendre au mot, et de réellement accepter sa proposition de l’aider.

Il se remit donc au travail sans broncher, aidant la blonde à finir de nettoyer la partie de la plage dont elle avait à la charge, avant de charger les sacs poubelles restants dans la camionnette. Alors que Lena le remerciait pour son aide, il ne manqua pas de prendre son numéro - en tout bien tout honneur, évidemment - avant de filer retrouver sa planche de surf, tandis qu’il voyait la jeune femme faire de même au loin. En fin de compte, ce début de matinée n’avait peut-être pas été si gâché qu’il l’aurait pensé.