Blame it on the girls [Lily&Jo]

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Message(#)Blame it on the girls [Lily&Jo] EmptyLun 6 Juil - 4:01

Il est en rupture de stock. Sa petite boîte métallique ne cache plus que quelques papiers à rouler et un fond de cannabis dans un petit sac en plastique usé. Il avait tout prévu, comme à chaque fois : s’il avait décidé de devenir un homme bon, il aurait probablement fait un excellent comptable. Sa marchandise, il sait la doser, la quantifier, et il ne lui est jamais arrivé de faire erreur sur ses calculs. C’est donc sans surprise que, cet après-midi, autour de treize heures, il se rend à la pharmacie la plus proche en sachant pertinemment que sa sœur ne travaille pas aujourd’hui. Il pourrait craindre de se faire reconnaître par ses collègues mais il sait qu’elle n’a jamais parlé de lui : il ne représente que la honte partageant le même sang qu’elle. Si elle le pouvait, elle viderait ses veines pour les remplir avec le sang d’une autre famille.

Il entre dans la boutique en arborant son sourire de jeune homme tout à fait normal qui vient récupérer une prescription au comptoir. Il a son petit papier. Celui qu’il montrera au pharmacien présent, celui qui indique qu’il a besoin de seringues pour sa mère malade. Ces sottises pourraient être réelles s’il ne se fichait pas complètement du destin de Marie dans son lit d’hôpital. En longeant l’allée des produits hygiéniques pour le corps, il se permet une petite folie en agrippant un bâton de déodorant qu’il présentera à la caisse en même temps que les seringues. Ajouter un item à ses achats est toujours efficace pour détourner les regards.

Il se rend à pas rapides vers le comptoir et s’arrête devant celui-ci en tendant le cou. Il remarque un jeune homme qu’il reconnaît et s’apprête à lui faire un signe de la main pour signaler sa présence. Mais, à la dernière seconde, un visage familier apparaît dans son champ de vision et il avale aussitôt sa salive. Il fait un pas en arrière, blême, et prie pour que Lily ne le remarque pas avant qu’il récupère assez de courage pour disparaître comme une bourrasque de vent à l’extérieur de la pharmacie. Parce qu'il a honte d'en arriver là et, parmi tous les témoins possibles, sa sœur était le pire.
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Message(#)Blame it on the girls [Lily&Jo] EmptyJeu 9 Juil - 10:07

Il a ce sourire faux et gêné, celui qui veut autant dire “oh ah heyyy salut Lily !” que “oh merde”. Curieusement, elle penche quand même pour la seconde possibilité puisque son frère s’arrête aussitôt d’appeler un pharmacien à l’accueil dès lors qu’elle entre dans son champ de vision. Pour cause, il n’avait sûrement pas prévu que Gabrielle se porte malade aujourd’hui et que sa soeur la remplace de pied levé. Son collègue lui offre quelques instants de répit en décidant de s’approcher pour le servir mais la brune contrecarre rapidement ses plans, s’armant de son plus beau sourire alors qu’elle dérobe doucement la feuille de papier d’entre les mains du pharmacien. “Il a une ordonnance pour quoi ? Je m’en occupe Bill, t’en fais pas.” La vraie question c’est de savoir qu’est ce qu’il peut être encore être en train de tramer. La vraie question c’est aussi de savoir dans quel pétrin il est de nouveau en train de s’enfoncer alors qu’il ne vient de retrouver les rayons du soleil que depuis peu de temps. Ce n’est pas parce qu’elle n’est pas allée le voir en prison qu’elle ne s’est pas tenue informée non plus, après tout.

C’est avec le même visage d’ange et le même genre de salutations qu’elle lancerait à tout autre patient qu’elle lui sert son petit sac en papier blanc contenant des seringues. Marie Keegan, donc. Quel fils dévoué, elle doit avoir beaucoup de chance de pouvoir compter sur lui maintenant qu’elle se fait vieille. Ce serait mentir que de dire que Lily n’a pas blêmit en voyant ce dont il était question mais ce serait aussi mentir que de dire qu’elle en est étonnée. “C’est pas pour faire de la cuisine moléculaire, j’imagine.” Elle lance entre deux clients qui parlent trop fort et le bip du scan de son déodorant, maigre et inutile tentative pour dévier l’attention de sa demande initiale. Des aiguilles. De tout ce qu’il aurait pu commander dans une pharmacie, il choisit des aiguilles. Pourquoi pas des cachets contre la douleur ? le rhume ? la toux ? Pourquoi pas de ces vitamines dont le monde entier semble raffoler, hein ? Stupide Joseph.

Je prends ma pause.” Le bleu de ses yeux n’a pas quitté ceux de son aîné, lui qu’elle ne cesse de dévisager depuis qu’elle l’a entraperçu. Le son de sa voix est bien plus guilleret dès lors qu’elle s’adresse à un autre et elle ne se fait pas prier pour sortir de la pharmacie avec lui à son bras, ses ongles s'enfonçant doucement dans la chair de l’homme. Il est hors de question pour elle de faire voler en éclat son secret et c’est là la seule raison pour laquelle elle attend qu’ils soient postés au coin d’une ruelle pour enfin se retourner vers Joseph, désireuse de lui faire part de tout ce qu’elle peut bien ressentir en l’instant. Heureusement que son esprit fonctionne encore comme un filtre à insultes puisqu’elles sont nombreuses; “Des seringues ? Des SERINGUES, Joseph ? T’es sérieux ? C’est tout ce que t’as trouvé ? Tu te piques encore ? Des. putains. de. seringues. Tu sors à peine de prison, tu comptes y retourner aussi rapidement ? T’as déjà recommencé à te piquer ?” Elle est incapable de s’arrêter, folle de rage, oscillant entre les murmures et la voix brisée qui voudrait crier sans s’en donner le droit. Finalement, ses mains s’activent pour remonter les manches longues de son habit et voir par elle même l’étendue des dégâts.
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Message(#)Blame it on the girls [Lily&Jo] EmptyJeu 9 Juil - 18:19

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Elle l’a vu. Il ne peut plus battre en retraite sans complètement cramer ses intentions. Il partirait comme un voleur, oubliant probablement de remettre en magasin le bâton de déodorant qui ne lui sert que d’alibi boiteux. Ses deux yeux le fixent pendant seulement quelques secondes avant qu’ils ne se tournent vers le second pharmacien derrière le comptoir, celui que Joseph avait interpellé d’un signe de la main. Embarrassé, il se mord la lèvre inférieure en réalisant que Lily a décidé de prendre sa place pour venir répondre à son frère, celui avec lequel elle évitera de faire le moindre geste familier. Parce qu’ils ne sont plus de la même famille depuis longtemps : ce n’est pas que la prison qui les a éloignés.

Le regard figé sur le mur à sa droite, Joseph prie pour que le temps s’arrête alors que le parfum de Lily s’approche dangereusement de ses narines. Elle le salue comme elle salue Gaétan de la comptabilité. En retour, il lui offre un mince sourire mal à l’aise, toujours incapable de la regarder dans les yeux. Il ne veut pas voir son expression. Il n’est pas con : il sait qu’elle a pu lire le contenu du sachet blanc. Et elle sait aussi qu’il n’a aucun intérêt pour la santé fragile de leur mère, qu’elle ne lui sert que de marionnette pour récupérer une vingtaine de seringues qu’il n’utilisera pas à des fins médicales. “C’est pas pour faire de la cuisine moléculaire, j’imagine.” Voilà un terme qu’il ne connait pas. Ça ne le surprend pas d’entendre sa sœur parler de cuisiner. Par contre, le côté moléculaire rentre par une de ses oreilles avant de ressortir par l’autre. « Uh. » Il n’a rien d’autre à dire. Il n’a aucune justification à lui donner pour une seule et bonne raison : il ne pensait pas la voir aujourd’hui. « Tu travailles pas le samedi, habituellement. » Il se contente de répondre alors qu’elle scanne son futile déodorant. Il ose enfin observer le bleu de son iris tandis qu’elle lui tend ses achats. Il sort un billet vert, deux, même, et les pose sur le comptoir avant d’attendre le retour de sa petite monnaie. Est-ce que ce sera tout ? Il pourra tourner les talons et sortir aussi rapidement qu’il est entré ?

“Je prends ma pause.” Elle le fixe intensément, comme s’il avait commis un meurtre. C’est grâce à ce regard de feu qu’il comprend qu’elle ne prend pas de pause pour se reposer un peu, mais bien pour tirer les cheveux de son grand frère. Il aurait aimé avoir le courage de se battre pour ne pas avoir à supporter une énième réprimande, lui qui se sent déjà sale d’avoir mis les pieds dans une pharmacie pour se ruiner la santé. « T’es pas obligée de m’ouvrir la peau ! » Il lance dans un souffle étouffé alors que Lily le traîne de force jusqu’à l’intérieur du bâtiment, ses ongles s’enfonçant douloureusement dans son bras. Il est beaucoup plus musclé depuis sa sortie de taule mais, avec sa sœur, il ne sert à rien de se battre. Éternelle mégère qui veut toujours avoir le dernier mot. Les deux se retrouvent dans une ruelle vaguement dissimulée par des arbustes épais et ce n’est pas pour déstabiliser Joseph qui a trop longtemps côtoyé ces chemins étroits. “Des seringues ? Des SERINGUES, Joseph ? T’es sérieux ? C’est tout ce que t’as trouvé ? Tu te piques encore ? Des. putains. de. seringues. Tu sors à peine de prison, tu comptes y retourner aussi rapidement ? T’as déjà recommencé à te piquer ?” Il lève les yeux au ciel, serrant naturellement le sachet blanc dans ses mains, comme s’il craignait que la jeune femme vienne le lui arracher. « Mais qu’est-ce que t’en as à foutre ? » Il demande, sur un ton agacé, les dents grinçantes. « Tu me rayes de ta vie et tu reviens seulement quand tu peux m’faire la morale ? » Elle attrape à nouveau son bras pour le dévêtir, relever la manche qui cache les quelques marques bleutées au niveau de son coude. Joseph ne se défend que lorsque que Lily peut les découvrir : il reprend rapidement son bras dans un mouvement agressif. « Arrête ça, putain ! » Il a envie de l’insulter, de la couvrir de reproches parce qu’il la déteste : elle n’est pas venue le voir une seule fois derrière les barreaux. Même Alfie, son ami qu’il n’avait pas vu depuis des années, avait au moins fait l’effort de lui envoyer de quoi se sucrer les dents. « Et ne fais pas genre que ça te dérangerait que j’retourne en taule. T’as eu des vacances de trois ans, pas vrai ? Pas besoin de mentir aux autres car je n’existais réellement plus pendant tout ce temps. » Il termine en soufflant.    
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Message(#)Blame it on the girls [Lily&Jo] EmptyDim 12 Juil - 0:09

« Tu travailles pas le samedi, habituellement. »
Oh, vraiment ?” Répond sa voix fluette et fausse. Il pourra dire tout ce qu’il veut qu’elle trouvera le moyen de s’irriter de ses mots ou de les comprendre de travers - bien que ceux là n’étaient pas de toute intelligence non plus. Lily est bien trop énervée contre son frère pour lui laisser passer quoique ce soit d’autre désormais. Si elle ne lui a jamais trop accordé de latitude jusqu’à aujourd’hui, nul doute qu’il regrettera le bon vieux temps. C’est avec un regard tout aussi meurtrier qu’elle lui rend sa misérable monnaie, laquelle va de paire avec son misérable achat.

« T’es pas obligée de m’ouvrir la peau ! »
Toi t’es pas obligé de prendre toutes ces merdes.” Au jeu de celui qui aura le dernier mot, elle a toujours été imbattable et ce peu importe la teneur de ses propos. Il est le grand frère qui tente encore et toujours de la protéger et même s’il échoue la plupart du temps, il tient pourtant face à lui une petite soeur qui n’a jamais eu qu’elle à protéger sans hésiter à faire de dommages collatéraux. Il en est un, depuis la première heure. Lily n’a aucun mal à lui pointer du doigt ses nombreuses erreurs parce que c’est ce à quoi elle est sûrement la plus douée. Finalement, elle enfonce un peu plus encore ses ongles dans sa chair.

Après avoir hésité entre cris et murmures contre son frère, elle attend de pied ferme qu’il lui réponde le plus beau des mensonges mais, contrairement à elle, il n’est pas fait de ce bois là. Il y préfère la vérité qui fait mal autant qu’elle blesse et pique, brûle sur son sillage. « Mais qu’est-ce que t’en as à foutre ? » Les sourcils de la jeune femme se froncent, décidément pas préparés à une telle remarque de sa part. La réponse devrait être simple et tenir en quelques mots mais elle ne ferait que compliquer la vie de la benjamine. J’en ai quelque chose à foutre parce que je suis ta soeur, crétin. C’est ce qu’elle aurait pu/du/voulu répondre. Au lieu de ça, elle lève les yeux au ciel et les mains avec. « Tu me rayes de ta vie et tu reviens seulement quand tu peux m’faire la morale ? »T’as pas le droit de me rendre responsable de ça.” A ses yeux il a mérité tout ce qui lui arrive parce qu’il n’a rien écouté à l’église, parce qu’il écoutait encore moins leurs parents et parce qu’il n’en a jamais rien eu à faire de la loi. Il a toujours tout fait pour être à contre courant du reste de l’humanité et malheureusement il y est arrivé, avec brio. Lily n’y voit là qu’un échec et il semble impossible qu’une telle sorte de personnalité ait grandi à ses côtés et ait été son modèle pendant de si longues années. Elle ne peut désormais plus compter que sur elle aujourd’hui, l’enfant unique de la famille Keegan, la seule aussi qui ne soit ni droguée ni en prison. Pour appuyer ses propos elle remonte la manche du tee shirt de son aîné, simplement pour sentir son coeur se serrer dans sa poitrine et son souffle oublier d’exister pendant un temps. Les veines sont violettes, éclatées. Les piqûres sont apparentes et les marques de la ceinture qui lui sert de garrot le sont tout autant. Par habitude autant que par besoin, elle laisse son index effleurer sa chair abîmée alors qu’elle reste éminemment muette. « Arrête ça, putain ! » Alors elle arrête. Sa voix trop haute lui fait peur, elle se protège en faisant un pas en arrière. Son silence trahit son manque total de contrôle sur la situation, elle garde la bouche entrouverte sans savoir quoi articuler, ses yeux un peu trop exorbités. Entre savoir que son frère se pique et en voir les conséquences, elle ne pensait pas que la différence pourrait lui faire autant de mal.

« Et ne fais pas genre que ça te dérangerait que j’retourne en taule. T’as eu des vacances de trois ans, pas vrai ? Pas besoin de mentir aux autres car je n’existais réellement plus pendant tout ce temps. » Non, bien sûr que non. Sois pas con. Ta gueule. Arrête de croire ça. Je t’aime, du con.Tu comptes y retourner ?” Elle a arrêté d’attaquer, elle a baissé le ton. Elle s’est calmée en un claquement de doigts parce qu’elle ne veut pas franchir la ligne rouge et le perdre pour de bon, même si elle aime quand même le tenir à distance de sa vie. “Tu peux pas arrêter, hein ? Ça.” Son coup de tête désolé pointe le sachet qu’il resserre entre ses doigts fatigués. “Si c’est pas la drogue qui te tue, c’est la manière dont tu te l’injectes qui le fera.” Simple constat désolé, elle se pince les lèvres pour avoir une vision si objective de la situation alors qu’elle devrait être plus empathique à propos de son aîné. Elle ne veut pas qu’il meurt, pourtant, et compte sur l’évidence même de ce fait pour qu’il le comprenne seul.
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Message(#)Blame it on the girls [Lily&Jo] EmptyDim 12 Juil - 4:33

Il sait qu’aucune formulation, aucun mot, aucune phrase, aucune expression du jargon ne pourra léger ses actions. Il est venu acheter des seringues au nom de sa mère et il est tombé sur la seule personne qui sait qu’il n’est pas entré en contact avec celle-ci depuis des années. Pourtant, ses calculs étaient bons : Lily ne travaille jamais le samedi. Du moins, pas depuis aujourd’hui. “Oh, vraiment ?” Elle répond sur un ton froidement sarcastique quand son frère lui fait part de ses connaissances en ses horaires de boulot. Car, oui, il n’a pas manqué une occasion de l’observer sortir de la pharmacie les soirs de semaine. Parce qu’elle lui manquait, qu’elle le veuille ou non. Il l’a détestée en prison, a insulté tous les vendredis où la visite était permise en sachant pertinemment que son nom ne serait jamais prononcé à voix haute. Il avait été seul, pour de vrai, et l’absence de sa sœur avait paru plus blessante derrière les barreaux que dans la plaisante liberté de la ville.

“Toi t’es pas obligé de prendre toutes ces merdes.” La revoilà à évoquer des vérités qui ne le sont qu’à ses yeux. Elle flotte sur son petit nuage de la perfection où les gouttes de pluie ne peuvent l’atteindre. La pluie, elle tombe sur la tête de Joseph quand il puise dans toutes ses forces pour résister à la tentation de l’aiguille. Il a réussi à l’oublier pendant quelques semaines à sa sortie de prison mais son appel l’a rejoint bien rapidement, dès lors que ses esprits se sont laissé emporter par la nostalgie. Il a embrassé une femme et le chatouillement dans son ventre avait ramené du même coup l’envie de planer. Comment pourrions-nous lui en vouloir d’avoir désiré le corps d’une femme alors qu’il n’avait pas senti le parfum de celles-ci depuis trois années à côtoyer barbes et odeurs fétides de sueur. « Tu fais chier. » Il marmonne simplement, se retenant de lui faire la liste de toutes les conneries qu’elle peut dire sans savoir de quoi elle parle. Ils ne font plus partie du même monde depuis qu’il a quitté le nid familial : à quoi pouvait-elle s’attendre ? Qu’il ressorte de la prison avec une envie soudaine de s’initier pour de bon au catholicisme afin de devenir le prêtre de l’Église qu’ils fréquentaient quand ils étaient jeunes ? Parce qu’il fallait bien remplacer celui qui s’est jeté du haut d’un immeuble quand une vague de dénonciation s’est levée pour pointer du doigt ses actes de pédophilie. “T’as pas le droit de me rendre responsable de ça.” Non, elle n’est pas responsable, il le sait. C’est lui qui a décidé de la quitter alors qu’elle était trop jeune pour comprendre – et lui aussi. C’est lui seul qui a pris les mauvaises décisions et qui a souri en rencontrant un criminel qui lui offrait bien plus que ce qu’il possédait : une véritable famille. Sans mère qui ferme les yeux, ni père pour le punir s’il ne se lave pas les mains après avoir joué dans le marais. Seulement des frères qui comprenaient à leur façon ce qu’il avait vécu et qui ne pouvaient pas le réprimander pour les fautes qu’il a commises. « C’est pas c’que j’fais. T’es responsable de rien. Alors t’es pas responsable d’ma vie non plus. T’as décidé de me couper de l’arbre généalogique alors ne fais pas semblant de me voir seulement quand tu as l’occasion de me rappeler que j’aurais dû rester à la maison quand j’avais quinze ans. » Il lui a brisé son cœur d’enfant et il l’a regretté au moment où il a fermé la porte derrière lui pour se rendre chez Alfie. Il a été égoïste, il en est conscient, mais la souffrance l’avait empêché de passer une journée de plus entre les murs de la maison de campagne. Il avait seulement espéré que Lily ne craindrait rien maintenant que son frère n’était plus là pour apaiser la colère de Cyril.

La pharmacienne voit les marques violettes sur les bras de Joseph. Ce genre de cicatrice, elle doit avoir l’habitude de les découvrir sous la peau des plus malades. Mais le corps ne Joseph ne se fait attaquer par  aucun cancer, aucune tumeur, aucune bactérie. C’est son cerveau qui a été trafiqué. C’est lui qui ordonne à tous ses membres de trembler jusqu’à ce que la cocaïne entre en contact avec son sang. Et, en ce moment-même, c’est une sorte de panique qui prend le dessus sur le jeune homme alors que Lily se permet d’entrer dans sa vie privée. Il a honte de son addiction, il la déteste, l’insulte tous les soirs avant de s’endormir, s’il réussit. Il reprend rapidement son bras, plus colérique qu’il le faudrait, désirant rapidement retrouver son intimité. Il ne veut pas que Lily ait raison de penser qu’il ne mérite pas qu’on se souvienne de lui. Alors il attaque, pas pour se défendre, mais bien pour repousser sa sœur afin de l’empêcher de s’immiscer plus qu’il ne le faut dans le peu de vie privée qu’il possède. “Tu comptes y retourner ?” Le vent semble se taire en même temps que la voix de la jeune femme se calme. Les sourcils froncés, il observe les yeux bleus de sa sœur, un à un, remarquant que son expression est soudainement plus… humaine. Hébété, il secoue mollement la tête et souffle : « Non. J’vends pas. J’fais que consommer. » Et c’est la vérité. Il n’est plus un criminel, du moins, pas pour le moment. Il s’est trouvé un minable boulot dans une sandwicherie et tout l’argent qu’il reçoit est propre. “Tu peux pas arrêter, hein ? Ça.” Elle semble comprendre, pour une fois. Elle ne lui reproche pas de ne pas être capable d’être normal. Elle tente de se mettre dans sa peau. Étrangement bouleversé par ce changement d’atmosphère, Joseph réfléchit un long moment pour finalement secouer la tête de droite à gauche. « Ça serait d’me demander d’arrêter d’bouffer. » Il sait ce qu’il dit : il a senti la faim lui arracher les tripes pendant les premiers mois en taule. Ses veines réclamaient leur dose mais il ne pouvait pas la leur offrir. Il a souffert. Autant qu’entre son lit et la ceinture de son père. “Si c’est pas la drogue qui te tue, c’est la manière dont tu te l’injectes qui le fera.” Le sujet de la mort est abordé au plus grand regret de celui qui préfère l’éviter. Il ne craint pas de mourir: il craint de faire honte aux quelques personnes qui viendront s’asseoir devant sa tombe s’il ne se retrouve pas seul avant que les battements de son cœur ne s’épuisent. Il a déjà été témoin de la puissance de la drogue. Celle qui, ingérée en trop grande quantité, avait dérobé la vie de son ami juste sous ses yeux alors que lui comptait les étoiles autour de sa tête, un joint entre les lèvres. « Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? Que je ferai attention ? Que je serai prudent ? Je le sais, tout ça, j’suis pas le dernier des stupides. »  
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Message(#)Blame it on the girls [Lily&Jo] EmptyLun 13 Juil - 1:52

Les odeurs émanant de la ruelle sont à peine supportables et pourtant elles le sont bien plus que la vue des plaies sur le bras ecchymosé de son aîné. L’image reste ancrée dans son esprit même après qu’elle se soit reculé et ait bloqué ses yeux dans les siens sans ne plus savoir quoi dire ni quoi faire. Elle, Lily qui a réponse à tout, la voilà qui ne sait plus rien. Contre son dos, le mur est froid et ses imperfections sont inconfortables. Son habit blanc sera sûrement taché à cause des frottements contre la surface mais elle se dit qu’elle le mérite peut être, après tout. En prison tout devait être pire. En prison, il n’avait pas même ce rayon de soleil qui venait le réchauffer. En prison il ne pouvait observer que les grands espaces à défaut de pouvoir s’y promener. En prison il ne l’a jamais vu, pas même pour qu’elle vienne lui faire une de ses remontrances dont seule la famille a le secret. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle ressent enfin de la culpabilité au fond de son coeur.

L’attitude de son frère ne fait que exacerber encore ce sentiment nouveau et elle s’accroche désormais à sa voix calme comme si lui seul avait le don de la garder à flot, quand bien même il pourrait tout autant symboliser la tempête à lui seul. Quand il souffle elle retient son propre air et quand il hoche de la négative, elle reste parfaitement stoïque. « Non. J’vends pas. J’fais que consommer. » Super, en voilà une bonne nouvelle. Elle ironise pour elle même, totalement de mauvaise foi, incapable d’agir comme le feraient les gens normaux. Ce type de personne n’a de toute façon pas à observer d’aussi près le monde de la drogue, normalement, et chaque jour elle en veut à son frère pour s’être engagé dans cette voie sans issue. Elle lui aurait dit, elle, que c’était une mauvaise idée. Si seulement il avait pris le temps de la mettre au courant de quoi que ce soit, cet égoïste ingrat. « Ça serait d’me demander d’arrêter d’bouffer. » Sur ses lèvres apparaît un sourire triste pendant une paire de secondes fugaces. Il n’a jamais été gros, Joseph, et tout le monde le pressait de reprendre une part de gâteau plutôt qu’autre chose. Ils avaient tous peur qu’il se casse en deux, c’est aussi et surtout parce qu’ils ne le voyaient pas prendre sa soeur comme un vulgaire sac à patates sur les épaules avant de la jeter dans la rivière à côté de la maison. “Plus de petits canapés à l’orange ? Impensable.” Elle essaye de lui décrocher un sourire en lui montrant la voie à suivre et en ranimant de vieux souvenirs du passé par la même occasion. Ses yeux n’osent pas replonger dans ceux de son frère mais elle fait au mieux pour au moins les poser sur ses habits au lieu de trouver un point d’ancrage plus loin de lui.

Elle voudrait lui demander s’il a arrêté de manger quand il était en prison mais juge encore trop difficile le fait de parler de cette période de temps. Tout est encore trop frais et trop douloureux, pour lui autant que pour elle. Il a beau penser le contraire, ce n’est pourtant pas parce qu’il était loin d’elle que sa vie en a été améliorée ou facilitée et bien loin de là. « Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? Que je ferai attention ? Que je serai prudent ? Je le sais, tout ça, j’suis pas le dernier des stupides. » A son tour, la plus jeune souffle doucement et croise les bras sous son buste, un pied appuyé contre le mur de crépi. Elle a l’attitude même qu’elle déteste observer chez son frère mais à l’instant les apparences deviennent le cadet de ses soucis. “Tu changes les seringues à chaque fois ?” Professionnelle, elle s’adresse enfin à lui avec le ton qu’elle emploierait pour monsieur tout le monde. C’est ce qu’elle aurait dû faire depuis toujours ; c’est ce à quoi elle n’a jamais réussit à se résoudre. Elle doit le voir comme un patient comme les autres et non plus comme son frère. Ses sentiments doivent cesser d'interférer dans leur relation et la santé (si ce n’est la vie) du Keegan. “Il faut que tu nettoies ta peau dans une seule direction sinon ça déplace seulement … tu nettoies bien ta peau, au moins, hein ?” Elle n’a jamais appris à réaliser une injection de drogue mais pour ce qu’il en est des médicaments, elle a révisé la pratique et la théorie des dizaines et des dizaines de fois même si elle n’est pas formée pour le terrain. Ce ne sont que les bases, après tout, elle peut tout autant prendre des notes lorsqu’elle s’en va donner son sang par exemple. “Faut appuyer sur la zone dès que t’enlèves l’aiguille. Pour éviter que ça ne saigne. Tu mets un coton et tu le laisses quelques heures.” Elle est passée de la colère à la supplication. A défaut de pouvoir l’empêcher de se faire du mal, elle espère aujourd’hui arriver à limiter les dégâts. En revenant maladroitement et nerveusement replacer une mèche de cheveux, elle en vient à prononcer la dernière phrase. “Tu … veux que je te montre ?
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Message(#)Blame it on the girls [Lily&Jo] EmptyVen 17 Juil - 21:36

Cette partie de l’histoire ne faisait pas partie de ses plans. Cela fait des mois qu’il évite soigneusement de croiser sa sœur durant ses heures de travail, préférant passer le week-end à la pharmacie pour faire ses achats hebdomadaires – y compris les produits hygiéniques : il n’a simplement pas eu envie de voir Lily depuis sa sortie de prison. Il ne savait même pas si elle savait qu’il avait enfin été libéré, il ne savait pas si elle avait suivi l’histoire, si elle était au courant pour sa libération conditionnelle, pour ses heures de travaux communautaires, pour tout ce qui accompagne le retour à la civilisation après la privation des droits humains. Cela faisait trop longtemps qu’il ne l’avait pas vue et elle n’avait pas changé. Ni la couleur de ses cheveux ne s’était pâlie, ni ses yeux n’avaient perdu de leur éclat, ni sa peau n’avait sacrifié sa perfection. Si l’un des deux a changé, c’est bien Joseph qui a profité des trois années d’ennui pour gonfler ses muscles afin de pouvoir se défendre lui-même, lui qui avait toujours été une brindille. Ça aurait dû lui faire plaisir de revoir sa sœur mais les circonstances l’empêchaient de sourire. Elle a sauté sur l’occasion pour lui faire la morale, encore une fois. Pas d’affection, pas de désolation dans ses yeux hypocrites. Seulement des reproches.

Malgré tout, la tension diminue entre l’ange et le démon. Pour la première fois, Joseph arrive à lire le regret dans le regard de celle qui semble réaliser enfin qu’elle a commis des erreurs dans le passé et que Joseph n’est pas le seul à blâmer. C’est avec surprise que le garçon entend l’empathie et la compréhension dans la voix de celle qui se permet une petite boutade afin de détendre l’atmosphère. “Plus de petits canapés à l’orange ? Impensable.” Un très léger gloussement soulève la poitrine de Joseph, mais il empêche ses lèvres de s’étirer en un sourire. Un observe les iris de sa sœur, un à un, retrouvant celle qui n’a jamais refusé de d’enfoncer le moindre hors-d’œuvre dans la bouche. Il faut l’admettre : ça lui fait du bien d’entendre cette phrase qui ne l’attaque pas à coups de hache. La nostalgie ne prend cependant pas place longtemps dans ses pensées, le sujet principal revient au centre de la table. Il lui explique qu’il comprend que ses agissements sont malsains, qu’il n’a pas fait le bon choix en acceptant la première fois de glisser l’aiguille mais… il est trop tard et le retour en arrière est impossible. Oui, s’il le pouvait, il referait les choses d’une autre façon. Il serait plus sage et ne se laisserait pas manipuler par de fausses promesses car, certes, il a obtenu la famille dont il a toujours rêvé en rejoignant les manthas mais il a aussi perdu quelque chose d’aussi précieux : sa santé. Mentale et physique. “Tu changes les seringues à chaque fois ?”  Et c’est parti. Non seulement Lily saura qu’il a repris ses mauvaises habitudes, mais elle apprendra aussi qu’il n’est pas le plus prudent des consommateurs. Il possède si peu d’argent, il ne peut pas se permettre de placer tout ce qu’il a dans l’achat de seringue. Il mourrait de faim. Une fin ironique pour un drogué. « Non. » Il marmonne, murmure, presque, en espérant que la réaction de Lily ne dépassera pas les quarante décibels. “Il faut que tu nettoies ta peau dans une seule direction sinon ça déplace seulement … tu nettoies bien ta peau, au moins, hein ?” Long regard silencieux. Les mouches passent, les cigales chantent. “Faut appuyer sur la zone dès que t’enlèves l’aiguille. Pour éviter que ça ne saigne. Tu mets un coton et tu le laisses quelques heures.” Il détourne les yeux immédiatement. Bon. Il ne respecte pas les trois règles qu’une infirmière vient de lui présenter. Il se prendra un coup de tête dans le nez, il peut en être certain. « Ouais ouais. » Joseph souffle, honteux, incapable d’aborder ce sujet devant la seule dont la réaction lui fait peur. Il ressemble à l’enfant qui refuse d’apprendre sa leçon de mathématique car un jeu vidéo l’attend. “Tu … veux que je te montre ?” Rapidement, il plonge son regard perplexe dans celui de son interlocutrice. Il fronce les sourcils, cherche à délier le vrai du faux dans ses propos, suspicieux. Il n’arrive pas à croire si facilement que Lily se soucie assez de lui pour lui faire une telle proposition. À vrai dire… Il ne sait pas quoi répondre. Il ne sait pas à quoi s’attendre, non plus. Vient-elle de lui proposer de lui injecter une dose de poison ? Assez loufoque provenant d’une pharmacienne. « Quoi ? Me montrer à… » Il ne termine pas sa phrase, préférant éviter de dire à voix haute ce que tout cela signifie. Pourtant, ses traits se détendent et il déglutit en se mordant le bout de la langue. « Si ça peut t’rassurer. Et si, ensuite, t’arrêtes de me rappeler que j’suis stupide de l’avoir fait la première fois. » Il peut bien sacrifier sa dignité une seule fois si ça peut empêcher à sa sœur de lui faire la morale à chaque fois qu’ils se voient.          
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Message(#)Blame it on the girls [Lily&Jo] EmptyDim 19 Juil - 20:06

Ce n’est pas normal pour Lily que de parler avec autant de franchise sans n’utiliser aucun artifice. Elle n’a pas pour habitude de parler de drogue avec qui que ce soit (parce que c’est illégal, parce que c’est mal) et elle aurait encore moins cru qu’un jour elle le ferait face à son propre frère. La brune est loin de pardonner à son aîné tous ses impairs et là n’est même pas le sujet puisque le pardon semble impossible. Elle tente seulement de le garder en vie quelques jours et quelques semaines de plus, cet imbécile qui a hérité des mêmes yeux bleus qu’elle et qu’elle n’arrive plus à renier quand il se tient face à elle. La ruelle porte désormais le lourd secret qu’elle a imposé à leur famille, elle a intérêt de le garder longtemps encore puisqu’à ce sujet non plus Lily ne compte pas revenir en arrière. Toute cette scène n’a rien à voir avec ça, bien au contraire. Ce n’est qu’une énième preuve de plus pour montrer à Joseph qu’il ne peut pas vivre seul et qu’il aura toujours besoin de sa cadette, peu importe le nombre d’années dont elle a eu besoin pour naître à sa suite. En le questionnant à propos de sa consommation de poudre blanche, elle ne fait que lui rappeler douloureusement à quel point elle a réussit et est cultivé et à quel point lui ne fait que se contenter du minimum alors qu’il aurait pu aspirer à bien plus. Elle sait qu’il en a les capacités tout comme elle sait qu’il ne s’en donne surtout pas les moyens, au final. Il est un raté parce qu’il ne fait aucun effort alors que ce serait si simple que d’arrêter la drogue, quoi qu’il en dise. Lily le sait mieux que lui de toute façon.

« Non. » Non il ne change pas les seringues à chaque fois, bien sûr que non. Elle le savait avant de poser la question tout comme elle sait que sa réponse suivante n’est que pure mensonge, un « Ouais ouais. » qui à son tour signifie non, non puisqu’il ne nettoie pas sa peau et qu’elle est prête à parier qu’il ne nettoie même pas ses mains. Elle se remémore son bras tuméfié et s’étonne presque qu’il ne soit pas infecté ou, pire encore, qu’il n’ait pas attrapé aucune maladie menant à une amputation rapide et forcée. Ceci dit, ça a encore le temps de lui arriver.

La dernière proposition qu’elle fait à Joseph la rend malade mais ce sera toujours moins pire que d’être appelée un beau matin pour venir identifier le corps d’un camé à la morgue. Si personne dans son entourage ne sait que la famille Keegan compte en réalité deux enfants, les papiers administratifs ne peuvent pas oublier une telle chose, eux. La plus jeune soutient néanmoins le regard interloqué qu’il lui rend et tant qu’il ne dérobe pas ses yeux des siens alors elle ne le fera pas non plus, bien trop fière pour que sa proposition soit éclipsée par un silence pesant. L’expression de Joseph se change à chaque seconde, il fronce les sourcils et ouvre la bouche pour parler avant de la refermer aussitôt et sa soeur ne comprend que trop bien cette attitude ; elle même n’aurait jamais cru en arriver à de telles extrémités. « Quoi ? Me montrer à… » à … oui. Les Keegan ont depuis longtemps appris à ne pas terminer leurs phrases pour ne pas poser de mot sur ce qui les dérange, préférant ne jamais crever aucun abcès. Ce ne sont pas aujourd’hui qu’ils vont changer, pas après trente années de vie. Bien trop heureuse de ne pas avoir à utiliser le mot drogue ou se piquer, la brune se contente d’hocher lentement de la positive, son expression toujours aussi grave. « Si ça peut t’rassurer. Et si, ensuite, t’arrêtes de me rappeler que j’suis stupide de l’avoir fait la première fois. » Si le frère et la soeur ont fait un pas l’un vers l’autre, cela signifie pas pour autant que la guerre est terminée ou qu’il s’agit même là d’une trêve. Lily le lui rappelle douloureusement en fronçant les sourcils à son tour, outrée par le choix de ses mots. “Je fais pas ça pour me rassurer mais pour te sauver la vie.” La nuance est aussi claire qu’elle en est évidente et elle lui en veut de ne pas la saisir lui aussi. Il a le droit à un traitement particulier parce qu’il est de son sang mais cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agit d’un traitement de faveur. “J’ai pas besoin de te le rappeler, ça au moins tu le sais.” A défaut de savoir tout le reste, apparemment. Elle n’a aucune honte à appuyer là où ça fait mal. Les petites soeurs ont été créés pour rendre la vie dure à leurs aînés et Lily a poussé la chose bien plus loin que personne.

Jugeant que sa pause n’a déjà que trop duré, Lily clôt la conversation dans un long soupir qu’elle espère suffisant. Ses mains s’activent à sortir son porte monnaie de son sac duquel elle dérobe ensuite un billet qu’elle juge d’une valeur suffisante. “Prends une chambre d’hôtel. Tu m’envoies l’adresse. Je te rejoins quand j’ai fini le boulot.” Le billet méticuleusement plié en deux lui est tendu tenu entre le majeur et l’annulaire, elle a l’impression de se retrouver au milieu d’un film Hollywoodien. “T’as intérêt de m’attendre, Jo.” Elle conclut, l’air grave. Il a intérêt de ne pas se piquer avant qu’elle arrive tout comme il a intérêt de bien utiliser cet argent pour acheter une nuit dans une chambre d’hôtel. Il a intérêt de prendre une douche et de profiter du confort d’un matelas, lequel sera toujours bien plus propre que ceux qu’il doit enchaîner, peu importe où il dort.
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