Déjà, non, ce n’est pas une belle journée. Il n’y a pas de soleil typique de la côte australienne, il y a encore moins sa chaleur. L’hiver arrive, le vent avec, les nuages suivent et il fait froid, dans ce bordel de pays. Ginny m’a dit de prendre un pull, je n’en ai donc pas pris. Cela ne sera qu’une raison de plus pour partir aussitôt arrivés. Un repas de famille. Quelle idée de merde. On sait tous que rien de bien ne pourra ressortir de ce moment passé entre nous et pourtant j’imagine que personne n’a eu le coeur de refuser l’invitation lancée par Cosimo. Il est le plus jeune, celui qui en sait le moins aussi. C’est pour cette raison qu’il garde espoir en ceux qui sont de son sang. Il continue de penser qu’on peut être réparés et qu’aucune ligne rouge n’a été franchie alors qu’il la personnifie lui même et qu’elle est là, la douce ironie qui n’a justement rien de douce mais tout de douloureuse. Il est le nœud du problème sans même le savoir, lui qui passe son temps à tenter de défaire les fils emmêlés avec une patience incroyable pour un gamin de son âge. Je reste fier de lui à distance, l’oncle qui lui fait faire des trucs cools alors que son père se retrouve dans le rôle du rabat-joie. Je reconnais bien Saül en ces mots là et suis encore étonné qu’il ait accepté de tous nous recevoir chez lui. Il n’a sûrement pas encore compris que mes pieds nus vont se retrouver sur ses (le pluriel, oui) canapés blancs hors de prix et que mes doigts enduits de foie gras glisseront avidement contre ses tableaux. Hors de prix, eux aussi, si jamais vous vous posiez même la question.

J’espère égoïstement que Savannah, Jenna ou même, tant pis, Anastasia auront répondu positivement à l’invitation de leur neveu elles aussi parce que je n’ai pas prévu de passer ma journée à regarder mon aîné dans le blanc des yeux. L’aider à tabasser son meilleur ami, ça oui, mais pour ce qu’il en est de se faire passer pour une famille normale et aimante là il ne faut plus compter sur moi. Il est tout aussi ridicule dans le rôle du grand frère parfait, de toute façon. Emmener Ginny avec moi m’a semblé une évidence, elle me connaît depuis assez longtemps pour avoir su amasser les histoires et les secrets à notre sujet et je n’ai aucune doute compte au fait qu’elle saura gérer les tempéraments de chacun avec brio. Ça me permet aussi de rappeler à mon frère à quel point il a su merder au niveau sentimental de sa vie. Cosimo ne sait toujours rien du secret qui entoure sa vie, exposer mon bonheur aux yeux du businessman ne me semble donc pas être bien cher payé.

La portière claque et si j’étais dans un dessin animé, vous m’auriez vu avec un sourire à l’envers sur le visage. Sans doute même que je serais justement en train d’avancer vers la maison de mon frère en marche arrière, preuve de mon manque flagrant d’enthousiasme à l’idée de ce repas. Il aura encore fait un tiramisu bien trop sucré, vous pouvez en être certains. Tout le monde lui dira que c’est délicieux et il recommencera la même merde la fois suivante, voilà ce à quoi se résume sa vie de grand frère modèle à qui tout réussit. Personne ne sait justement à quoi point il a su tout faire merder ; saloper, comme il dirait. Mon bras s’enroule naturellement autour des épaules de ma femme sans que ce ne soit une énième manoeuvre pour emmerder mon frère et le baiser que je lui dérobe avant qu’on ne s’engouffre dans l’antre du Diable est encore moins prémédité. “Elise ? Saül ?” Ils n’auront pas cinq étoiles pour l’accueil, déjà. Le fait que personne ne nous ouvre la porte d’entrée ne m’empêche pas pour autant d’avancer en terrain conquis, comme si j’étais déjà chez moi. On partage le même sang, on pourrait aussi partager les mêmes maisons. “Ariane ?” Sait-on jamais, peut être qu’il aurait osé l’emmener aujourd’hui. Cela ne m’étonnerait presque qu’à moitié, finalement, et au moins j’aurais été certain qu’elle sache mettre l’ambiance à table. “Je sais pas laquelle t’es en train de tromper en ce moment, mais ça sent le brûlé.” Est ce que j’ouvre le four pour autant pour constater les dégâts par moi même ? Non, absolument pas. Sa maison, ses femmes, ses problèmes.

Un haussement d’épaules plus tard, mes pieds nus se posent donc sur son canapé blanc.

@Saül Williams @Ginny McGrath-Williams @Elise Williams @Savannah Williams @Cosimo Williams @Cade Grimes

Les mains de Saül sont embourbées dans la crème. Ses idées voguent largement ailleurs, quand le torchon qu'il a sur l'épaule pèse une tonne et que son nez le fait encore souffrir le martyr. Les gâteaux ne sont pas ratés, bien sûr. Ils seront simplement moins parfaits que d'habitude. Ce n'est pas un drame, quand on sait ce qui attend cette joyeuse assemblée, pourtant habituée aux remarques acerbes et aux regards noirs.

Ce n'est pas un drame non plus si Saül n'a adressé la parole à Elise que pour des "non, mets les assiettes bleues". Saül n'était même pas à la maison la nuit précédente, en témoigne son horrible cravate colorée qu'il porte en essayant d'oublier que le tissu lui serre la gorge comme le ferait un nœud de pendu. Bien sûr qu'il a oublié le four, bien sûr qu'il blâmera Elise à qui il a interdit l'accès à la cuisine par ses "non, je n'ai pas besoin de toi dans mes pattes". Cosimo aura reçu le même traitement et c'est ainsi que le plat prendra cinq minutes de cuisson en trop. Les retardataires gagneront le droit de manger les parties du gratin les plus... gratinées.

« Elise ? Saül ? » C'est la définition de l'enfer en fait, voilà, ça y est. Il ne manque rien, le tableau est déjà parfait. Saül ne décroche pas ses yeux de la poche à douille qu'il vide de ses mains engourdies de froid. Elise n'a qu'à se charger d'eux, les invités. Lui restera sagement à la cuisine, éternel occupé qui ne verra pas passer le repas. Quel dommage, vraiment. Pour une fois, la famille est joliment réunie. Il y a évidemment une ombre au tableau, l'ennemi commun rencontré il y a des lustres, que Savannah se traîne et qui n'est définitivement pas assez bien pour elle. « Ariane ? » La mort-aux-rats remplacera peut-être le chocolat, sur la part de tiramisu de Auden. « Je suis dans la cuisine. », que lance l'aîné dans un soupir, toujours concentré sur son oeuvre. Le fraisier s'est paré de blanc, quand Saül quitte enfin la cuisine au profit d'un regard du côté du salon. Le torchon rouge qu'il porte sur l'épaule jure parfaitement avec sa cravate dans les mêmes tons. Ariane n'est nul part, et partout à la fois.

« Je sais pas laquelle t’es en train de tromper en ce moment, mais ça sent le brûlé. » « Tu veux bien te taire ? Bonjour, Ginny. » Sans un autre regard, le voilà parti pour couper son four, non sans blasphémer au passage. Quand Saül repasse dans le salon, il est armé de verres et d'une bouteille de vin, laquelle est déjà entamée. Il faudra au moins ça pour que le dîner se passe dans des circonstances presque acceptables. Un grand verre pour l'aîné et madame sa femme, de l'eau pour ses invités - et Cosimo. « Dégage tes pieds du canapé. Cosimo ! » Un index menaçant tendu vers Auden, le cri tourné vers le hall qui mène à l'étage. « Savannah ne vient pas seule. Tu seras sage, pas vrai ? » Là, c'est à Auden qu'il s'adresse, même si le ton de sa voix et son regard suggèrent que son audience a environ deux ans et demi. Cette idée était de toute façon catastrophique. Le nez dans son verre, Saül est sur le point de retourner dans sa cuisine déjà minutieusement rangée. « Je suggère que chacun se mêle de ce qui le regarde. » C'est à dire tout l'inverse. Saül ne porte même pas son alliance, laquelle a probablement été oubliée quelque part.

Bientôt, il ira se terrer derrière les fourneaux. Elise n'aura qu'à jouer son rôle d'hôte parfaite, comme elle sait si bien le faire. Cosimo dégainera sa parfaite maîtrise de la conversation et son art de monopoliser l'attention. Le reste n'aura qu'à essayer de survivre, au milieu des regards venimeux et des piques lancées depuis tous les bouts de la table. Oui, rien ne peut mal se passer, assurément. Et sur cette pensée, Saül replonge le nez dans son verre de vin.

Spoiler du love :

« Elise ? Saül ? » En une fraction de seconde la migraine te prend instinctivement. Quelle mauvaise idée. Pourquoi t'as laisser passer ça ? Parce que tu as été incapable de dire non à Cosimo et son air de chien battu. Il a le don de choisir les pires moments pour vouloir tout réparer. Le pauvre enfant avec de si bonne intention, il fait juste empirer les choses, il fait juste tourner le fer dans la plaie. Tu la vois la tête de Saül qui semble vouloir dire que c'est à toi de gérer les invités, il suit rapidement le doigt d'honneur. Sa famille. Pas la tienne. Plus la tienne pour longtemps. Il approche le précipice. Et il approche à une vitesse fulgurante. « Ariane ? » Foutu Auden. Pourquoi il a fallu que Saül amène sa connasse à Vegas ? Il pouvait pas faire ça discrètement ? Dit la fille qui s'est fait prendre au même jeu beaucoup plus facilement.

C'est Saül qui prend d'abord l'initiative de rejoindre Auden et Ginny. « Je sais pas laquelle t’es en train de tromper en ce moment, mais ça sent le brûlé. » Comment tu vas faire pour passer au travers de cette soirée ? Il peut pas la fermer avec Cosimo qui se trouve à l'étage et sa voix qui porte beaucoup trop loin. Tu finis par te lever, parce que tu n'en a pas vraiment le choix. Il le faudra, un jour ou l'autre. Vaut mieux faire comme si tu n'avais rien entendu. « Tu veux bien te taire ? Bonjour, Ginny. » À peine arrivé aux côtés de Saül qu'il repart déjà vers la cuisine sauver ce qu'il ne peut plus sauver probablement. Ton regard qui se tourne vers Auden une seconde de trop - il peut pas mettre ses pieds ailleurs ? - avant de dévié vers Ginny. Et ça te frappe tout d'un coup. « Tu es enceinte. » Pas de bonjour, ni rien. C'est pas une question. C'est une affirmation. Tu le vois ce petit ventre légèrement arrondis qui n'était pas là la dernière fois. Pourquoi est-ce que personne ne te dit rien ici ? Ah oui c'est vrai, vous êtes trop occupé à vous chamailler pour avoir une vrai conversation normal. « Félicitation » Tu souris doucement. Tu essaie du moins. Temps mieux. Qu'il s'occupe de son bébé Aude et qu'il laisse le tien tranquille.

« Dégage tes pieds du canapé. Cosimo ! » Tu sursautes au cris de Saül qui réapparaît derrière toi. Tu prends la coupe de vin qu'il t'offre - vous n'aurez jamais assez de vin pour passer au travers de cette soirée -. « Savannah ne vient pas seule. Tu seras sage, pas vrai ? » Et toi Saül, tu le seras ? Tu aimerais te dire que la présence de nouveau copain de leur soeur suffirait à imposer une ambiance cordiale, mais c'est de rêvé en couleur de l'espérer. Auden, il en fait toujours qu'à sa tête. Il se contre-fou qu'il ait ou non des spectateurs. « Je suggère que chacun se mêle de ce qui le regarde. » C'est que tu t'étoufferais presque avec la trop longue gorgé que tu prends. Il sait trop de choses Auden. Il devrait pas être là.

L'ambiance est déjà lourde, lorsque ton regard dérives vers l'escalier où Cosimo ne se trouve pas. Il a entendu le cris de son père ? « Je vais aller voir ce qu'il fait » Une défaite pour simplement éviter d'être là ? Carrément oui. N'importe quoi pour l'éviter le plus possible. Cosimo, il va sauver l'ambiance de toute façon comme d'habitude. Comment a t'il pu tourner aussi bien avec deux parents aussi hypocrite ? La génétique la sauver probablement. Il a bien des défauts Auden, mais il n'est en rien hypocrite. Il est en rien comme toi, comme Saül. Bref, tu ne perds pas vraiment une seconde de plus avant de grimper les escaliers jusqu'à la chambre de Cosimo, là où la musique se fait entendre de l'autre côté de la porte. Cogner ne sert sûrement à rien, mais tu le fais quand même par politesse - tu l'es avec lui seulement - avant d'ouvrir sa porte. « Tu viens ? Auden et Ginny sont arrivés » Et ton sourire il est doux. Il l'est vraiment. Le voir dans sa chambre te fait toujours un baume au coeur. Le genre qui te laisse croire que vous êtes encore une belle famille unis. N'importe quoi.

Mes jambes s'agitent nerveusement contre le siège. J'anticipe. Dans mon esprit, se dessinent toutes les remarques désobligeantes et attaques personnelles que je vais devoir affronter dans quelques minutes. Se rendre à un repas de famille chez les Williams, c'est un peu comme aller au front. Chacun doit tenter d'y sauver sa peau, et rares sont les alliances. Pourtant cette fois, j'ai bel et bien un allié à mes côtés. J'observe un instant Cade, tâchant de deviner sur son visage une quelconque appréhension, mais il semble impassible. Et c'est pourtant lui l'ennemi, ce rang qu'il s'est attribué en osant partager un peu plus que échanges amicaux, celui qui sera la malheureuse cible de ce complot familiale. J'ai tenté de l'avertir à plusieurs reprises, de lui rappeler combien chaque membre de cette famille peut être ingérable, et particulièrement acerbe... Je ne doute pas des capacités de l'ancien agent à répliquer, et là est bien le problème. Oser répondre à une attaque, c'est presque signer son arrêt de mort. Je me dévoue donc comme bouclier officiel, sachant pertinemment que je n'en sortirais qu'avec une colère commensurable, qui disparaitra après quelques heures de sommeil. J'ai la naïveté de croire un instant que les choses ne sont peut être pas si prévisibles. Les gens changent avec le temps, non? C'est un sourire jaune que j'adresse à Cade en croisant son regard, profitant l'arrêt à un feu rouge. Ma main vient chercher la sienne, et sans m'en rendre compte, je la presse plus intensément qu'à mon habitude, cherchant à trouver le réconfort à travers ce simple geste, qui pourtant se dresse d'ores et déjà comme un appel à l'aide. "Si ça dérape, on s'en va" . Le message était clair, c'était pourtant la troisième fois que je le lui faisais passer, comme si je souhaitais une fois de plus peser mes mots.

Je sors de la voiture, observant fixement cette magnifique demeure, qui parait pourtant bien chaleureuse de l'extérieur. Aucun cri ne se fait entendre, me laissant presque un sentiment étrange. Quelque chose cloche J'avance vers la porte d'entrée, sentant la main de Cade se glisser dans le bas de mon dos, non pas pour provoquer la fureur d'entrée de jeu des frangins Williams par ce malheureux geste, mais parce qu'il veut probablement m'apporter son soutien. Arrivés devant la porte, je me tourne soudainement vers le jeune homme. "On devrait pas être là" Clairement pas! J'étais pourtant celle qui l'avait poussé à accepter cette invitation, celle qui s'était montrée rassurante quand au déroulement de cette soirée. Mais non, ça ne se passerait pas bien. Depuis quand les réunions de famille se déroulent dans la joie et la bonne humeur? Surtout en l'absence de nos géniteurs, qui parviennent la plupart du temps à instaurer un certain respect, les uns envers les autres, à calmer nos ardeurs. "On pourrait être n'importe où, mais pas là..." lui rappelais-je, le suppliant presque du regard alors qu'un sourire amusé semble se dessiner sur ses lèvres lorsqu'il vient appuyer sur la sonnette. Je jure intérieurement, fermant les paupières un instant pour parvenir à me reprendre, ce n'est plus comme si j'avais le choix désormais. Péniblement, mon corps se tourne vers la porte, qui s'ouvre assez rapidement, laissant apparaître un Saül, d'apparence irréprochable, comme à son habitude. Je souris en haussant les sourcils, tâchant de rendre ça plus...naturel. En vain. "Salut."Un moment de flottement. "Tu te souviens de Cade." ..."L'ami". Quel ami! Pour noyer le poisson, je lui tends cette bouteille, achetée une heure plus tôt dans une supérette. On est bien loin d'un grand cru. Et comme je sais que je ne ferais jamais le poids face aux petit trésors que détient sa cave à vin, je lui ai pris un premier prix, juste pour qu'il puisse critiquer de façon juste mon choix auprès de sa femme après mon départ. Nous entrons à l'intérieur, et bien vite, mon regard se balade à travers la pièce, découvrant rapidement chacun des individus. Il y a ambiance ici! Bien vite, le regard méfiant de Auden vient jusqu'à moi, me rappelant à l'ordre, et c'est le visage souriant de Ginny qui va me permettre de souffler un instant. Elle est là...avec un beau petit ventre? Mon regard fixe un instant sa silhouette, et je ne parviens pas à dissimuler ma surprise, partagée entre la joie de voir un heureusement -et rare- événement se dérouler dans cette famille, et le fait que je n'en ai pas été informé auparavant. "Bonsoir tout le monde." Mon sourire crispé accompagne parfaitement mon corps, qui semble s'être ancré dans le sol lourdement, comme si j'avais peur de m'avancer dans cette maison, et ne plus être capable d'en ressortir. "Ca sent super bon". Traduction : Tes cuisto ont assuré. Au moins, on sera pas venu pour rien.

Et ça fait étrange, ça fait bizarre, ça fait différent, de ne pas craindre les frasques de ma famille aujourd'hui. De ne pas avoir peur que Matt saute à la gorge d'Auden au moindre sourire qu'il juge de travers - il les juge tous - ou de ne pas être terrorisée que Jill tente de casser le poignet - ou tout autre os, vraiment - de l'homme de ma vie. À la place, c'est un air presque calme, quasi zen qui se dessine sur mon visage encore bronzé du Mexique, encore coloré des plages qu'on a laissées sans un goût d'adieu ; le prochain voyage sera encore plus merveilleux. “Je sais pas laquelle t’es en train de tromper en ce moment, mais ça sent le brûlé.” oh Auden. Mes lèvres attrapent les siennes au vol, il allait se dégager pour terroriser les meubles alors que c'est mon boulot, à moi et à mes doigts collants en permanence habituellement. L'ambiance est piquante depuis qu'on est entrés, encore plus lorsque l'aîné vient nous rejoindre lui qui a les yeux qui dérivent, glacés, sur Aude qui prend possession du canapé. « Tu veux bien te taire ? Bonjour, Ginny. » « Saül! Tu vas bien? Hey, Elise! » « Tu es enceinte. » stop, arrêt sur image. Ma main se glisse d'office sur mon ventre, la marque des trois mois passée et le secret que j'aurais peut-être encore un tout petit peu gardé. « Félicitation » mes mots blaguent candidement « C'est la faute au tiramisu d'Auden - faudrait que j'en mange moins et que je mange plus de légumes en vrai. » quand mon coup d'oeil lui souffle un merci poli, patient.

Je sais pas pourquoi j'ai cru l'être fourbe et démoniaque qu'est mon mari quand il a statué en jurant sur la dernière part de tiramipommes que Saül était okay si on s'installait en tailleur sur son divan, pas celui dans l'angle de la pièce mais l'autre, prêt de la bibliothèque. Que c'est la seule assise où il autorise même qu'on joue avec les coussins, qu'on les déplace, qu'on les mélange et les réarrange, mais c'est en entendant l'italien aux chevalières brillantes et à la langue qui claque gronder un double « Dégage tes pieds du canapé. Cosimo ! » que je réalise à quel point je suis sautée direct dans le piège. Je pouffe de rire dans la nuque d'Auden, quand pour une fois le seul crime qu'on a pu faire de mal restait de s'être sentis un peu trop confortables ici. Je me replace sagement, pieds au sol mains sur les genoux, la pose de la parfaite écolière ou presque, le sourire rassurant avec. Oh, mince, j'ai oublié de changer mon jeans du matin, y'a de la peinture derrière la jambe, je pense? Oups.

« Savannah ne vient pas seule. Tu seras sage, pas vrai ? » sage étant relatif, j'hoche de la tête de la positive pour deux, quand bien même personne ne me croira surtout pas quand je tente de prendre le blâme alors que je sais bien à qui Saül parle - et en l'occurence, que ce n'est pas moi qui risque de ne pas être sage. Si je le suis exponentiellement, est-ce que la moyenne de notre duo restera dans la positive? Non? C'est pas comme ça que ça marche? Passons.

« Je suggère que chacun se mêle de ce qui le regarde. »
« Je vais aller voir ce qu'il fait »

Elise part, Saül avec, ne reste qu'Auden et moi dans un immense salon qu'on aura tôt fait de transformer en château de draps, d'oreillers et de couvertures dans nos têtes, où on projetterait les pires films d'horreur sur le plafond immaculé quand le sol de marbre serait recouvert de nos échantillons par dizaines de pop corn de tous les goûts et de toutes les couleurs. Faudrait jamais, jamais qu'on habite ici. « Je pointe un truc et t'essaies de deviner le prix. » que je chuchote, comme si on était de retour à la bibliothèque de l'Académie quinze ans plus tôt, quand lui parlait si fort que mes tympans en avaient mal pendant des heures, pendant que je murmurais si maladroitement que ça ressemblait à tout sauf à des murmures. « Ça? » la seconde d'après, mon index pointe, le plus impoli du monde, le premier truc du bord sans même y être attentive, occupée à allonger la nuque pour lui mordre le nez.

"Bonsoir tout le monde." elle est belle Savannah, elle rayonne, rayonnait plus tôt, alors qu'elle semble si petite dans une salle si grande. Cade la suit, les deux restant figés dans le temps et dans les sourires mal à l'aise, le mien de sourire tentant de rassurer les foules sans savoir si j'y arriverai un jour. "Ca sent super bon" trouve un truc à dire pour que Auden ne reparle pas de ce qui brûlait, trouve un truc à dire pour que Auden ne reparle pas de ce qui brûlait, trouve un truc à dire pour que Auden ne reparle pas de ce qui brûlait, trouve un truc à dire pour que Auden ne reparle pas de ce qui brûlait, trouve un truc à dire pour que Auden ne reparle pas de ce qui brûlait - « J'ai développé les photos de l'Afrique. Noah a aidé aussi. » tentative numero uno d'une longue lignée pour calmer le jeu, quand je me dégage - probablement au grand bonheur de Saül - du canapé pour me ruer vers mon sac et en sortir les clichés du dernier voyage en famille d'où personne n'est sorti mort ou éclopé. Une petite victoire pour beaucoup, une énorme pour nous.

"Si ça dérape, on s'en va" Il la regarde et repose ensuite les yeux sur la route. Savannah était en boucle. Depuis qu’ils étaient montés dans la voiture, il pouvait renifler sa détresse qui avait franchit un niveau physique et moral non définissable. – Ca va aller ! Elle était crispée comme jamais il ne l’avait vu. Et ses quelques mots ne suffirent pas à l’apaiser, bien au contraire. Mais que pouvait-il dire de plus ? « Les réunions de famille, ça dérape toujours ! » Non, trop fataliste et pourtant, il le pensait irrévocablement. « Je suis sûr que ta famille est adorable ! » Non plus, trop lèche botte et… parce que les énergumènes qu’il avait pu rencontrer au pseudo mariage d’il ne savait plus trop qui… il les avait encore bien en tête. Enfin, leur tête à eux quand ils l’avaient vu aux côtés de la jolie blonde étaient encore imprimées dans son esprit. Grimes avait une sainte horreur de ces foutus dîners sensés rallier les membres d’une même fratrie, éloignés depuis toujours ou bavant les uns sur les autres quand l’occasion se présentait et tout sourires faux-cul au moment de couper la volaille ! C’était tout juste si parfois, les pommes de terre ne volaient pas à travers la pièce cinq minutes plus tard. A voir l’attitude anxieuse de Savannah, il n’était sans doute pas loin de la vérité mais soit ! Il allait l’accompagner et affronter des présentations officielles, fièrement et sans trop en faire, comme elle le souhaitait. Sa main se posa sur sa cuisse et il l’observa encore furtivement. Le feu passa au vert. – Détends toi un peu, c’est moi qui vais passer au scanner, pas toi.

La Chevrolet ronronne et se gare tout près de cette baraque aux fenêtres immenses et éclairées. Cade fait claquer la portière et range ses clés dans la poche intérieure de sa veste sans quitter la maison des yeux, presque impressionné. Ce n’était pas sans lui rappeler la demeure de sa propre famille, si belle à l’extérieur mais tellement pleine de rancœur, de mensonges et d’animosité... une belle pomme pourrie, bouffée par les vers ! Une main dans son dos, Grimes incite Savannah à avancer jusqu’à l’entrée. "On devrait pas être là" Face A du disque. En attente de la Face B… qui arriva bien vite. "On pourrait être n'importe où, mais pas là..." Ils atteignaient le perron. Ses jambes avaient donc agi au contraire de sa volonté. Il sourit en la regardant, hésitante. – Un verre cul-sec et tu te sentiras mieux ! En attendant, souris et restes près de moi ! Ils allaient donc se jeter dans la fosse aux lions vraisemblablement. Son index pousse le petit bouton de la sonnette, celle-ci raisonne pour alerter les convives de l’arrivée imminente du gibier.

Cade redresse le menton. Devant lui se trouve l’un des frangins de Savannah. Saül si ses souvenirs ne se mêlaient pas avec ce que la jolie blonde avait pu lui raconter. Celui qui lui avait semblé le plus…sympathique ? Abordable du moins. Il reflétait parfaitement bien le mix entre élégance et mystère. Impénétrable et des yeux sournois qui donnèrent à Grimes l’envie de se hisser très haut. "Salut." Savannah brise la glace. "Tu te souviens de Cade." Oh que oui, il se souvient. Son sourire le trahit. L’ex agent fédéral ne se démonte pas. Ces personnalités ne le perturbent pas habituellement. Il tend la main pour serrer celle de Saül. - Ravi d’te revoir. Ah oui ? Oui. Parce que ce mec était forcément plus enthousiaste que l’ambiance qu’il y avait quand il mit un pied à l’intérieur. Immédiatement, il se sentit…reluqué. De la tête jusqu’aux pieds. "Bonsoir tout le monde." Il se pince les lèvres avec un fin sourire. Pas d’exaltation. L’apéro n’était même pas servi. Voilà son autre frère, là-bas qui l’observe d’un œil peu conventionnel. Et puis une fille qu’il avait juste croisée et qui semblait être enceinte… il y avait encore bien des choses dont Savannah avait oublié de lui dire. Quand on manque de cartes en main, dur dur de poursuivre dans le jeu. « J'ai développé les photos de l'Afrique. Noah a aidé aussi. » Qui était Noah ? Cade retient un raclement de gorge et lorsqu’il croise le regard de Savannah, il hausse les sourcils en esquissant un semblant de sourire.

J'ai l'impression que la plupart de mes idées sont vouées à un échec cuisant avant même que je ne commence à la mettre ne place. Sûr, ce n'était peut-être pas une bonne idée de rassembler tout le monde chez papa. Mais je suis encore persuadé, et j'ignore comment, que l'on peut être une famille correcte. Elle l'est aux yeux des autres. Et pourtant, ce n'est pas vraiment le cas. Mais quand j'ai demandé aux diverses personnes de venir, aucun ne me la refusé.
Mais je me demande si c'est une façon de ne pas me dire: Non Cosimo, tu sais bien que personne ne s'entend, arrête de t'acharner. Et je devrais peut-être faire ça. Arrêter de m'acharner, tout envoyer bouler et voir ce qu'il se passe par la suite ? Non.. Je ne pense même pas être capable de faire ça.

Aujourd'hui, Papa a refusé ma présence dans la cuisine. Maman n'y a pas eu droit non plus. Et j'ai passé une bonne partie dans mon ancienne chambre. Une manière de fuir un peu. De ne pas supporter les remontrances de papa si je passe la cuisine pour aller piocher dans le frigo et éviter à Maman ses demandes pour que je revienne habiter ici. Je vais finir par passer pour un fils indigne à ce stade.
J'attends surtout l'arrivée de tout le monde pour descendre. Je ne sais pas comment va se passer le diner. Est-ce que ça va être similaire à Noël ? Avec des piques à peine dissimulés, des regards noirs et la seule incompréhension autour de la table sera la mienne ?

Affalé sur le lit, la tête dans le vide vers le pied du lit, je soupire avec force. La musique camoufle la moindre conversation, le moindre éclat de voix potentiel venant de l'étage en dessous. Heureusement que papa est d'ailleurs occupé où il aurait déjà sûrement débarqué pour me faire baisser le volume. Sonotone défectueux, peut-être.
Les yeux rivés sur la porte, je la vois s'ouvrir et la silhouette de maman se fait déjà voir. Je lève la main et coupe la musique en appuyant sur la télécommande. Je me redresse pour me lever du lit. Auden et Ginny ? Ca me va. Je hoche la tête, forçant l'habituelle sourire à s'installer sur mon visage.

Je laisse maman redescendre et baisse les yeux sur mes vêtements. Je hausse les épaules. Je m'en fiche au fond. Je repose la télécommande et sors de la pièce. Je referme la porte et descend les marches alors que Savannah et un homme, que je ne pense pas avoir déjà vu, sont déjà dans le salon. L'ambiance est... compliqué à ce que je vois ? Bon. Cosimo. En scène.

- Hey ! Je suis Cosimo ! Cade, c'est ça?

Je tend la main à Cade pour la serrer, sourire aux lèvres. Autant commencer avec les inconnus, non ? Je souris à Savannah et m'approche de Ginny. Je me penche pour l'enlacer. Oui, je n'ai pas la même relation avec tout le monde. J'embrasse sa joue au passage et m’assois sur le canapé, juste à côté d'elle. Je ne dis rien sur son ventre mais je pense que question discrétion, ce n'est pas trop ça.

- Noah a aidé en faisant quoi ? On mettant ses doigts collants sur la photo ? Ça doit être de famille les doigts qui collent.

Je regarde Ginny et rigole à ma vanne idiote. Bah quoi ? C'est elle qui dit à chaque fois qu'elle a les doigts qui collent. La dernière fois qu'elle m'a touché la joue, j'ai eu l'impression d'avoir été collé à la confiture. Je remonte un peu les manches de mon pull pour libérer mes mains. Je me penche un peu pour voir Auden. Pied sur le canapé. Un sourire amusé glisse sur mon visage et j'essaye de reprendre mon sérieux quand Papa a les yeux sur moi.

- Ca sent bon.

« Je suis dans la cuisine. » C’est donc dans la cuisine que je n’irai pas, mon frère faisant encore et toujours tourner le monde entier autour de lui. Il doit se penser roi du monde au milieu d’un mariage qui se fait la malle et d’une paternité aussi fausse que criée sur tous les toits ; c’est pour dire. Fort heureusement, je ne l’attends pas pour m’engouffrer davantage dans sa demeure et faire comme chez moi, lui étant encore trop occupé à éviter toute la population terrestre en se terrant dans la cuisine. La chance. Ginny dérobe mon attention pendant un temps, je lui rends la pareille parce que même si cette maison représente l’enfer sur Terre, elle est aussi synonyme de protection. Ce n’est qu’ensuite que Saül nous fait finalement l’honneur de sa présence, enfin. « Tu veux bien te taire ? Bonjour à toi aussi, grand frère. Bonjour, Ginny. » « Saül! Tu vas bien? Hey, Elise! » Elle essaye, elle se donne, elle tente de réparer tout ce qui ne peut plus l’être parce qu’elle a déjà subit les conséquences d’une famille éclatée une fois et qu’elle ne peut pas recommencer le même processus. Mon bras passe dans son dos et ma main se pose sur la hanche pour la ramener un peu plus vers moi sans un mot de plus. « Tu es enceinte. » Mes gestes se figent et mes doigts se crispent dans le même élan. On est peut être en sécurité ici, mais tout a ses limites. On a appris à se protéger entre nous, on a appris à endurer les coups ; pas le bébé. Pas encore. Mes yeux remontent dans ceux de ma belle soeur pour un temps encore, accusateurs. Ils ne savent garder que les leurs, de foutus secrets. Ma main rejoint celle de Ginny et mes doigts se lient aux siens alors que de mon pouce je tente de caresser doucement le dos de sa main pour la rassurer. Il est toujours temps de s’en aller et ce n’est pas le « Félicitation » prononcé dans un sourire (vraiment ? elle en est capable ?) par Elise qui pourrait me faire changer d’avis. « C'est la faute au tiramisu d'Auden - faudrait que j'en mange moins et que je mange plus de légumes en vrai. » Oh, Ginny. Je me moque qu’Elise et Saül soient là et profite de la seconde de latence pour venir embrasser sa tempe et la rassurer. Tout ira bien, on se l’est promis.

Un époux arrive et l’autre s’en va, leur chorégraphie est millimétrée et Saül a même le temps de placer quelques menaces au milieu, lesquelles je n’entends bien sûr absolument pas puisque le centre de la conversation a vrillé et mon intérêt pour tout le reste est désormais inexistant. Elise part chercher Cosimo, Saül s’arme d’une bouteille de vin pour affronter la journée à venir. Cela n’étonne personne. « Savannah ne vient pas seule. Tu seras sage, pas vrai ? » Mon regard vrille, mes yeux avec, ceux là mêmes qui sont déjà noirs. “Tu l’as laissé venir ici ?” Je rage par avance de devoir introduire un nouvel élément dans une famille déjà si complexe et chaotique, encore plus alors que Ginny est enceinte et que ce n’est apparemment déjà plus un secret pour beaucoup de gens. Le fait que je sois sage ou non devrait être le cadet de ses soucis alors qu’on sait tous les deux qu’on réagira de la même manière au moindre geste déplacé de la pièce rapportée.

« Je suggère que chacun se mêle de ce qui le regarde. » Je suggère que chacun s’occupe de sa propre progéniture. Pardon, on joue pas au jeu des impossibilités ?

« Je pointe un truc et t'essaies de deviner le prix. » Son jeu ne m’intéresse pas mais je souris parce qu’elle fait tous les efforts du monde pour que la journée se passe bien, quand au final je profite qu’elle morde le bout de mon nez pour plutôt venir l’embrasser. Les meubles et les tableaux de Saül ne m’intéressent pas, encore moins lorsqu’elle est à mes côtés et que nos pieds se sont de nouveau glissés sur les tissus blancs. « Ça? » “Je t’aime.” Elle chuchote et je peux en faire autant, ce secret qui n’en est plus un depuis bien longtemps mais que je cherche pourtant à garder dans notre bulle et la notre seule, les aînés Williams étant déjà chacun repartis à leurs activités principales. "Salut." La voix lointaine de Savannah remonte à mes oreilles et je souffle à peine contre les lèvres de Ginny, comme si j’espérais finalement que le repas ait été annulé et que personne ne vienne, ce qui semble être cause perdue. Mon cou s’étend pour observer son entrée en scène, de elle ainsi que de son ami. Elle salue, elle est polie. Les parents ont bien réussi son éducation. Ils y arrivent pour un enfant sur deux, j’imagine, parce que officiellement Saül est lui aussi un parfait petit garçon poli et bien rangé. Ma langue passe sur mes incisives alors qu’elle parle de l’odeur ambiante et que j’étouffe un rire faux. Il a l’air trop vieux pour elle. Je n’aime pas sa tête. Je le déteste déjà, à vrai dire.

« J'ai développé les photos de l'Afrique. Noah a aidé aussi. » Elles se dégagent, mes doigts se délient des siens mais pas mon attention des deux nouveaux arrivants. “Il a perdu sa langue, ton ami ?” j’attaque déjà Savannah en italien, curieux, intéressé. Qu’on ne me reproche pas de trop délaisser ma famille après ça. “Asseyez-vous. Je mords pas.” C’est un mensonge éhonté de plus, mais c’est apparemment ce qui se dit pour rassurer les foules. Au moindre pas de travers il sera ramené à la porte manu militari, mais j’imagine que mon regard traduit assez cette pensée.

Mon regard s’illumine quelque peu quand Cosimo se joint enfin à nous mais je dissimule au mieux la chose, minimisant mon sourire autant que possible. Il enlace et embrasse Ginny pour ensuite venir se poser près de nous, s’intéressant aux photographies de Noah. Je le laisse dans sa bulle avec ma femme, heureux qu’ils trouvent toujours le moyen de discuter aussi aisément. “Clyde, c’est ça ?” Non, ce n’est pas ça. Je cherche seulement à savoir s’il est muet ou s’il peut défendre ses propres intérêts tout seul alors que mon regard s’est ancré dans le sien. “Vous vous connaissez depuis quand ?” Depuis quand est ce qu’elle te cache ? Autant commencer par les sujets réellement intéressants.

C'est l'enfer sur Terre, alors qu'il n'y a que cinq minutes que les invités sont arrivés. Pas tous, cependant. Il manque encore Savannah et son ami, celui dont Saül prévoit déjà de briser les phalanges d'une poignée de main.

« Saül! Tu vas bien? Hey, Elise! » Oui, il va bien, comme on pourrait aller bien un jour de cataclysme. « Tu es enceinte. » Une pause dans la dégustation de son verre de vin, et Saül ne fait même pas mine de découvrir l'information en même temps qu'Elise. Les félicitations qui suivent sonnent amères aux oreilles de l'aîné, qui se prépare déjà à quitter le champ de bataille pour des recoins plus tranquilles - le lâche. Cosimo aussi, se planque. C'était son idée pourtant, de réunir tout le monde. « Je vais aller voir ce qu'il fait » « Bonne idée. », que Saül marmonne tandis qu'Elise s’éclipse. Quand le nom des retardataires est donné, Saül file à son tour, sur les mots de son frère. « Tu l’as laissé venir ici ? » « Pour faire connaissance. » Et pour lui apprendre les bonnes manières.

« Salut. » Des embrassades pour Savannah, un regard dubitatif pour son ami qui vient d'entrer en terrain miné. « Tu te souviens de Cade. » « Bien sûr. Bonjour, Cade. Saül. Nous n'avons pas eu le temps de discuter la dernière fois. » Saül donne son prénom comme piqûre de rappel, au cas où. Qu'il n'oublie pas, surtout, Cade. « Ravi d’te revoir. » Ce n'est pas réciproque, aussi Saül se contente-t-il de s'écarter du chemin pour laisser rentrer ses invités. La porte se referme. Entre Cosimo, et voilà qu'on se croirait sur une scène de théâtre. C'est qu'il n'est pas du tout habillé correctement pour un repas en famille, ce gamin à qui Saül lance un regard perçant, déçu. Sa langue claque contre son palais, en même temps qu'il se retient de lui demander d'aller enfiler une tenue un peu plus formelle. Où est Elise, quand on a besoin qu'elle joue son rôle de mère ? « Dis à ton fils d'aller enfiler autre chose que son pull. », qu'il glisse au passage pour Elise, en quittant la pièce.

L'aîné laisse au monde le temps de s'étriper un peu. Lui préfère le calme de la cuisine, les assiettes prêtes à être dressées bien qu'ils n'en soient pas encore au moment de se mettre à table. Il faut encore que Cade passe un interrogatoire mené par un Auden acide, que Saül entend parler depuis la tranquille cuisine. « Il a perdu sa langue, ton ami ? » « Attends qu'on passe à table pour te montrer désobligeant s'il te plaît, je ne veux pas de sang sur le canapé. » Pas de sang sur le tapis non plus. Au dessus de la table, c'est bien. Le plan de cette dernière se fera en fonction de la capacité de tout le monde à se tenir tranquille. Saül est revenu avec des verres, qu'il glisse entre les mains de tous les invités, alors que Auden se transforme en membre de la Stasi. Il ne mord pas, qu'il dit. Cette phrase là a presque arraché un sourire à l'aîné.

« Clyde, c’est ça ? » Tout le monde devait se tenir sagement, c'était le pacte. Il n'y a que Saül pour s'y tenir, visiblement. Saül a toujours été l'enfant préféré, preuve par l'exemple. « Vous vous connaissez depuis quand ? » « Tu prendras du vin ? », qu'il lance à Clyde-Cade en même temps qu'il rempli son verre. « Moi j'aimerais bien savoir ce que tu fais dans la vie. » Peut-être qu'il l'a déjà dit la dernière fois, brièvement, quand bien même Saül n'en a-t-il aucun souvenir. Ce dernier file sur son deuxième verre. « Et je serais ravi de voir ces photos, Ginny. » Le voilà, son point de fuite. Quand Auden aura commencé à arracher les yeux de Cade, Saül ira lâcher des "oh" et des "ah" en regardant les photos avec Ginny. Le voilà déjà qui se rapproche de la future mère, prêt à oublier Cly- Cade au profit de souvenirs non moins piquants.

Bienvenue dans l'arène, Cade.

« Dis à ton fils d'aller enfiler autre chose que son pull. » À peine que tu viens de redescendre avec Cosimo qu'il t'attaque ton très cher mari. C'est que tu l'aurais assassiné du regard s'il n'y aurait pas eu Cade et Savannah d'arriver. Auden et Ginny, ils ne comptent déjà plus pour les fausses bonnes manières. Ton fils. C'est jamais le sien quand il fait quelque chose qui lui déplaît, qui le déçoit. Et il se sauve déjà à la cuisine Saül. C'est probablement ce qu'il fera toute la soirée. Cosimo lui va se planter avec Auden et Ginny. La nausée te prend devant le joli portrait de famille qu'il forme tous les trois -bientôt quatre. Tu te retournes finalement vers Cade, souriante et accueillante. Faut bien que quelqu'un le fasse. « Elise. La femme de Saül. Bienvenue chez nous. » Bienvenue dans la famille ? Probablement pas encore. Il doit passer le brother test. Il va l'échouer. Même s'il le passe, les deux Williams vont quand même lui faire échouer. « Il a perdu sa langue, ton ami ? » « Attends qu'on passe à table pour te montrer désobligeant s'il te plaît, je ne veux pas de sang sur le canapé. » « Hey! Pas d'Italien vous deux. » que tu lances en te retournant vers les deux frères. Tu te souviens à quel point tu avais été déboussolé la première fois que tu t'étais retrouvé au milieu d'un repas Italien avec tout le monde qui parle à une vitesse phénoménal. Saül avait dû te traduire tout le repas, malgré ta bonne base qui n'avait servit à rien du tout. Cade, lui, doit même pas avoir de base. Personne de normal en a.

« Clyde, c’est ça ? Vous vous connaissez depuis quand ? » Sérieusement ? Ça doit faire trois personnes qui dit son prénom et il arrive encore à le déformer ? C'est plus fort que toi. Tu lèves les yeux au ciel. « Tu prendras du vin ? » Sa coupe qu'il remplit. La tienne que tu lui tends pour qu'il fasse de même. Quoi c'est déjà vide ? Tu bois un peu trop ces derniers temps. La dernière fois devrait te suffir à ralentir la cadence. « Moi j'aimerais bien savoir ce que tu fais dans la vie. » Oh bien sûr qu'il veut savoir. Pauvre Savannah qui n'aura jamais l'accord -comme si elle en avait besoin- de son grand frère si son copain n'a pas un boulot respectable. « Et je serais ravi de voir ces photos, Ginny. » Tout le monde se sauve vers Ginny. Peut-être que tu devrais faire pareil. C'est la seule à ne pas avoir été corrompu par le chaos Williams. Pas encore. Ça viendra sans doute.

« Comment va Mathis ? » Ton regard qui se tourne vers Savannah. Un détournement de sujet qui ne fonctionnera sûrement pas. Mais ça fait longtemps que tu ne l'a pas vu, Mathis. Pas depuis le désastre de Noël. C'est d'ailleurs la dernière fois que la famille a été réunis au grand complet. C'est bon ou mauvais signe pour aujourd'hui ? Mauvais assurément.

"– Détends toi un peu, c’est moi qui vais passer au scanner, pas toi." Ce fait se répercuterait d'une façon ou d'une autre sur moi. Je soupire lourdement, laissant mon regard se perdre faussement sur l'extérieur. "Mens...Chaque fois que t'en éprouveras le besoin, je t'autorise à trouver le plus gros bobard qui les laissera sans voix" De toute façon, s'il se montre honnête, il est mort, et s'il décide de mentir et qu'ils s'en rendent compte, il est mort aussi.

Quelques pas avant de franchir les portes de l'enfer, et j'ai ce moment de lucidité, ces fourmillements qui gagnent mes jambes alors que je jette un regard inquiet vers la porte d'entrée, qui dissimule probablement une bonne partie de ma tribu. Je peux pas lui imposer ça. Une partie de moi souhaite le préserver, je n'ai pas envie que les membres Williams viennent semer le trouble dans notre entente, parce que c'est ce qu'ils parviennent toujours à faire, d'une façon ou d'une autre. Cade n'est pas James. Il n'est pas à la tête d'une association, pas plus d'un empire bâti de ses propres mains. Il n'est pas doté de son calme et de sa sagesse, et contrairement à lui, il ne parviendra pas à ignorer chacune de leurs attaques, pour sûr. James n'avait pas fait l'unanimité, et Cade arrivait déjà avec des points que chacun des frères Williams parviendraient à souligner au cours de la soirée. "– Un verre cul-sec et tu te sentiras mieux ! En attendant, souris et restes près de moi !" Un verre ne serait décidément pas suffisant. Et mon sourire, bien qu'il ait fait merveilles sur lui, n'aura aucune incidence sur les autres. Il m'adresse pourtant cet air amusé, comme si j'avais une réaction bien trop excessive, et le son strident de la sonnette rend désormais notre fuite impossible. Je tâche de me montrer faussement enjoué envers Saül qui se charge de nous accueillir. « Bien sûr. Bonjour, Cade. Saül. Nous n'avons pas eu le temps de discuter la dernière fois. » Je hausse les sourcils. Comme si la dernière fois n'avait pas suffit, nous décidions de nous tirer à nouveau une balle dans le pied. On aime ça, souffrir. Saül donne toujours l'impression d'être le plus sympathique de tous, le plus accessible, c'est en réalité le plus hypocrite. Un trait de caractère que nous partageons probablement, jusqu'à une certaine limite. Je m'avance dans la maison, d'un pas lourd et méfiant, observant autour de moi comme si le danger était imminent. Et il l'est. Auden nous observe avec un mauvais oeil. Heureusement, le vent de légèreté que souffle Ginny va me permettre de me détacher de ce regard. « J'ai développé les photos de l'Afrique. Noah a aidé aussi. » Je hoche de la tête, tâchant de paraître la plus naturelle possible en souriant. "Montres moi ça." lâchais-je alors que l'arrivée de Cosimo va relancer les bonnes manières qui manquent à son père,pas Saül, l'autre. "Salut Cosimo" 'Un enfant', la possibilité d’adoucir un peu l'ambiance. J'observe brièvement Cade, tâchant de le détendre par un sourire qui se veut rassurant, mais il a raison de flipper, c'est pas faute de l'avoir averti. Je salue Elise d'un sourire de convenance, appréciant cependant l'accueil qu'elle réserve à "mon ami". Désormais auprès de Ginny, j'observe les différentes photos, bien que mon intention soit quelque peu accaparée. “Il a perdu sa langue, ton ami ?”Visiblement, Auden non. Ma mâchoire se resserre, il n'aura pas fallu longtemps avant la première attaque, et je suis l'une des seules à pouvoir la contrer, sauf si Cade m'a caché son talent pour converser dans ma langue maternelle. « Attends qu'on passe à table pour te montrer désobligeant s'il te plaît, je ne veux pas de sang sur le canapé. » Ma bouche s’entrouvre pour venir répondre aux deux idiots qui me servent de frangins, mais l'intervention de Elise va me couper dans mon élan. « Hey! Pas d'Italien vous deux. » Elle joue le rôle de la mama, qui manque terriblement ce soir. « Clyde, c’est ça ? Vous vous connaissez depuis quand ? » Je le fusille du regard. Toujours la même chanson, il viendra sûrement à évoquer ma précédente relation, histoire d'installer un bon malaise d'ici une dizaine de minutes.Je ne parviens pas à reposer mon regard sur les clichés, malgré le visage baissé vers l'un d'eux. « Moi j'aimerais bien savoir ce que tu fais dans la vie. » Quelle surprise, monsieur pognon veut savoir si j'ai investi dans un bon parti. "Il a longtemps été proxénète" Je souris, jubilant déjà pour cette mauvaise blague qui parvient pourtant à m'amuser. "Mais ça c'était avant...Pas vrai chéri?"  Ce surnom, que je n'ai pas encore prit la peine de lui attribuer, excepté lorsque nous souhaitons nous fondre dans un rôle. Mon regard qui cherche celui de Cade, que j'embarque sur la zone de danger imminente malgré lui, il peut voir ça comme un coup de folie, en attendant, sa réponse sera toujours préférable à ce mensonge. Je soupire, délaissant ma place face à l'arrivée de Saül auprès de nous et me rapproche inconsciemment de Elise.

« Comment va Mathis ? » Cette question, qui a longtemps sonné comme une attaque face à l'abandon que je lui ai fais subir, et à laquelle je parviens à répondre aisément désormais. "Il va bien." J’acquiesce de la tête machinalement pour accompagner mes dires. Ma voix s’apaise, rendant cet échange plus intime entre elle et moi "Il est avec James. J'aurais aimé l'amener mais..."Je plisse les yeux doucement, me demandant si ce genre de confession était de mise entre nous. "Il y avait Cade, alors." Ma main vient se relever vainement. Elle comprendra par là que je ne veux rien précipiter, et que nous prenons le temps nécessaire pour faire les choses le plus en douceur possible, même si certains détails nous échappent parfois face à l'oeil curieux du petit garçon. "Je veux le preserver au maximum, mais c'est ce qu'on fait toute en tant que mère pas vrai?" N'était-ce pas ce qu'elle avait cherché à faire en dissimulant son secret à son propre fils? Mon regard soutient le sien, tâchant inconsciemment de lui faire savoir que je sais, bien qu'il ne s'agisse en rien d'une menace. Je n'en serais pas une.  

Je hausse lentement les sourcils quand j'entends la remarque de papa. Je ne suis pas son fils quand je ne fais pas ce qu'il veut visiblement. Je baisse les yeux sur mes vêtements et pince mes lèvres entre elle. Si je ne comptais pas me changer, je ne peux ignorer les regards qu'ils me jettent quand il fait des allers et retours dans la pièce.

- C'est bon, j'y vais..

Je grommelle silencieusement et pendant que Papa se rapproche de Ginny ainsi que le reste de la famille, je me redresse du canapé et me dirige vers les escaliers.
Je n'ai pas envie de supporter les remarques ou les regards de Papa à chaque fois que j'ouvrirais la bouche parce que Monsieur n'aime pas mes vêtements.

Je ne vois pas l'utilité de m'habiller comme si j'allais à un enterrement. Tous, sauf Cade, me connaissent suffisamment pour que je ne sois pas obligé de le faire. Mais apparemment, même hors d'ici, je vais devoir faire un effort supplémentaire. Je pousse la porte de la chambre, tire sur mon pull et mon t-shirt avec avant de fouiller dans mes tiroirs. J'avais encore tellement de chose ici. C'était la seule concession que j'ai pu avoir avec Maman quand j'ai voulu prendre un appartement. De laisser pas mal de vêtement et autre objet ici. Je suppose que ça la rassure par mal. Ok pour changer le haut mais pas le bas. J'enfile une chemise et remonte les manches avant de refaire le chemin en sens inverse. J'entends que ça parle de proxénétisme quand je descend les escaliers et je sens que le repas va être assez folklorique.
Je viens me poser non loin de maman, les mains glissés dans les poches de mon pantalon. Ça m'a un peu refroidit de devoir me changer quand même. Mais il est préférable de ne rien laisser paraître. Alors, je bouge pour pouvoir passer derrière le canapé et regarder les quelques photos que Ginny montre déjà.

Cade a l'air d'être sous le feu des projecteurs. Et c'est relativement sympathique que je ne le sois pas pendant un temps. Toutefois, je peux comprendre que ce ne soit pas une bonne partie de plaisir. Les photos développés sont relativement jolie. Sauf certaine qui ont été prit dans le feu de l'action. Mais ça reste des souvenirs que j'apprécie. Comme le voyage en lui même. Je me suis fais silencieux depuis que je suis remonté.

- Elles sont jolies. Noah a trouvé le moyen de ranger tous les souvenirs qu'il a pu prendre ?

Je tourne aussi la tête vers Auden. En temps normal, les repas de famille ne sont pas toujours les plus chaleureux. Mais je me sens un peu mal à l'aise. Et j'avoue, j'avoue que pour une fois, je ne trouve rien de bien intéressant à dire. Jusqu'à ce qu'on ne me parle, du moins. Je lève les yeux vers Cade et ajoute.

- Qu'est ce que tu fais dans la vie ?

Je me doute que le proxénétisme n'est qu'une énième pointe sarcastique de la part de Savannah. Dans la famille, le sarcasme et les piques ne sont que monnaie courante. Il est simple de les déceler chez chacun des membres présents.

“Je t’aime.”
« Tu dis juste ça parce que j'ai sali les divans de ton frère. »

Ma voix chuchote au mieux de ses capacités limitées, ce qui en soit devrait juste être dénoté pour l'effort parce que dans les faits, c'est assuré que les impétueux @Saül Williams et @Elise Williams m'entendent. Qu'ils planifient d'un seul coup d'oeil effrayant le meilleur plan pour me sortir de chez eux sans que je ne touche à leur précieuse porcelaine. - Noah a aidé en faisant quoi ? On mettant ses doigts collants sur la photo ? Ça doit être de famille les doigts qui collent. le héros en pull beaucoup trop confortable pour l'histoire de l'humanité vient s'affaler à mes côtés, son baiser sur ma joue qui ne colle pas assez à mon goût. Mes mots chuchotent à son oreille. « Un seul mot et on s'enfuit manger des glaces. » c'est qu'on a un historique, le petit plus si petit @Cosimo Williams et moi. Gamin bien plus adulte que je ne le serai jamais en vrai, qui a su jouer les protecteurs un nombre de fois incalculables. Si aujourd'hui il retourne sur ses positions, si aujourd'hui il n'a plus envie d'être au centre d'une baston, un seul clin d'oeil et je nous dégage par la porte de la véranda.  

Finit par nous rejoindre l'invité d'honneur ou du moins ce qui s'en rapproche le plus, @Cade Grimes de son nom au complet (et pas Clyde Glimes, aide-toi un peu Aidan Welliams) de ce que m'a dit Savie. D'ailleurs, la blonde reste fidèle à elle-même, dans la plus pure tradition de @Savannah Williams quand malgré une mine contrite sur son visage elle continue à dégager un charme qu'elle seule sait tenir. Y'a pas à dire, au moindre pas qu'elle fait dans une pièce tous les visages se tournent vers elle.

“Asseyez-vous. Je mords pas.” - @Auden Williams, circa 2020, le titre du livre de fiction où il élaborera pendant des chapitres entiers toutes ses tactiques vues et revues pour rassurer ses pires ennemis avant de se la jouer mante religieuse avec eux. Ma main trouve la sienne quand il s'élance dans un espagnol approximatif qui me fait sourire, Saül le relance sans le moindre signe de bonheur au visage. « Hey! Pas d'Italien vous deux. » c'est Elise qui les ramène à l'ordre, elle qui reçoit de ma part le coup d'oeil le plus illuminé et le plus enfantin que j'ai en banque l'instant d'après. « Mes bases sont de mieux en mieux Elise, tu veux qu'on pratique? » au moins, j'aurai essayé.

« Moi j'aimerais bien savoir ce que tu fais dans la vie. » la question pique et grince, tout le monde se redresse sur le canapé, les nuques sont allongées. « Et je serais ravi de voir ces photos, Ginny. » comme un signal d'alarme comme une impulsion, c'est de mon sac à la table basse du salon que j'aligne les unes après les autres la totalité des photographies qu'il me reste du voyage. « Comment va Mathis ? » la tactique Mathis est aussi lancée et Elise fait ça comme une cheffe, dans le rôle du drapeau blanc du jour.

"Il va bien. Il est avec James. J'aurais aimé l'amener mais..." Savie s'avance, les regards des frères courroucent, le silence pèse. "Il y avait Cade, alors." j'ai envie de lui demander comment les deux s'entendent, j'ai envie de m'assurer que tout se passe bien de ce côté-là, j'ai vraiment les meilleures intentions du monde lorsque je redresse les yeux de ma silhouette installée en tailleur au sol vers celle de la blonde qui est toujours grande, stoïque. "Je veux le preserver au maximum, mais c'est ce qu'on fait toute en tant que mère pas vrai?" mais elle me coupe dans l'élan, le secret de polichinelle qui coince encore plus que tout le reste. Elle sait, pour Cosimo? Alerte, on dérive, on divague, on parle, on trouve n'importe quoi à dire. Encore. « Noah est avec Ezra. Ils font peut-être un journée de boys tous les quatre? » c'est toujours particulier, lorsque je mentionne le nom d'@Ezra Beauregard devant elle, devant eux. C'est pourtant là où je vais, directement, quand un silence de plomb plombe justement l'ambiance. - Elles sont jolies. Noah a trouvé le moyen de ranger tous les souvenirs qu'il a pu prendre ? crise avortée. Pour combien de temps? Ne manquerait plus que @Anastasia Williams se joigne au dîner et là, vraiment, ce serait l'apocalypse.

- Qu'est ce que tu fais dans la vie ? « La moitié est affichée sur les murs de sa chambre ou dispersée parmi toutes les pièces de la maison.» ma voix est enjouée, mon coup d'oeil désolé. Pauvre Cosimo que je coupe dans ses questions, rien que pour y ajouter mes réponses qui datent depuis déjà tant de temps. « C'est comme une chasse au trésor, de toutes les retrouver. » et de trouver des mots et de trouver des distractions et de trouver quoi que ce soit pouvant alléger les coeurs. « Oh, les crocodiles! » d'ailleurs, ça, c'était un bon moment. Quand Aude et Saül étaient postés sur la rive, que l'aîné s'amusait avec mon argentique, qu'il prenait en photos ses reptiles favoris. Non?

Puis, vient la mission kamikaze de la dernière chance. Celle que j'ai utilisée des dizaines de fois pour m'éclipser subtilement des dîners de famille forcés à Londres quand @Bailey Fitzgerald n'avait d'yeux que pour @Jill McGrath-Fitzgerald et que je me sentais clairement de trop dans la même pièce qu'eux. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour aider? » comme mettre la table, faire la vaisselle - alerter la police?

"Mens...Chaque fois que t'en éprouveras le besoin, je t'autorise à trouver le plus gros bobard qui les laissera sans voix"  Cette phrase lui tira un léger rire. A voir l'état d'angoisse de Savannah, il se doutait bien que tout ça n'était pas du cinéma et qu'il y aurait bien, dans cette maison, une ambiance de guerre froide moderne. Sauf que le nombre de parties étaient bien supérieur au conflit historique, mais ça... il ne s'en rendrait compte qu'une fois plongé dans l'arène. Il tenta de rassurer la jolie blonde avec une ironie qui le connaissait bien et la porte s'ouvrit face à eux. Saül lui paru tout de suite être un mur infranchissable. Le genre de mec qui sourit mais qui a la tête bien pleine. « Bien sûr. Bonjour, Cade. Saül. Nous n'avons pas eu le temps de discuter la dernière fois. » Une poignée de main et les voilà entrés. Un gamin aux jolies bouclettes brunes descendait de l'escalier et s'arrêta poliment pour faire connaissance. - Hey ! Je suis Cosimo ! Cade, c'est ça? Qui était ce garçon ? Et surtout, à qui était-il ? Il en saurait plus, plus tard. Ou pas. En attendant, il lui serra la main avec un sourire. - C'est ça. Content de t'connaitre. Ce gosse serait peut être la touche d'innocence du moment, mieux valait ne pas l'ignorer.

Il n'y avait plus qu'à retenir sa respiration et attendre. Cade était persuadé qu'il ne faudrait pas des heures avant que les choses ne se gâtent. N'y avait-il personne pour lui servir un verre ? Il était quand même un invité de marque à ce qu'il semblait. Alors que certaines attentions se tournaient vers des photos... “Il a perdu sa langue, ton ami ?” Inutile de se demander qui était le sujet de curiosité et la victime d'une première attaque désagréable en dans une langue étrangère, heureusement familière. Cade leva les yeux sur Auden, reconnaissable par cet air perfide et cette lueur maligne dans le regard. Il lève ensuite la tête, prêt à lui répondre que la langue de se dit « ami » n'était vraiment pas dans sa poche. « Attends qu'on passe à table pour te montrer désobligeant s'il te plaît, je ne veux pas de sang sur le canapé. » Saül réplique. Le voilà donc, ce duo infernal que rien ne retient. A les voir comme ça, il pouvait être comparé à la Team Rocket, prêt à faire un malheur... ! Grimes jeta un regard à Savannah, comprenant bien vite qu'il était désormais comme un morceau de viande au centre d'un cercle de carnivores. « Hey! Pas d'Italien vous deux. » Une femme, d'apparence plus mûre leur cloua le bec en passant pour le saluer mais loin de lui l'idée de se laisser déborder et secourir par la Donna de la maison. Les deux loustics ne l'auraient pas comme ça. - Je n'suis pas son ami. Commença t-il à l'attention de Auden. Il esquissa un sourire taquin et fier. - Ma langue pourra bien te le confirmer, si tu y tiens. Quoi ?! C'était un peu trop fort ?! Il fallait bien ça s'il voulait s'éviter de nouvelles vagues. Prendre le mal par le mal.

Cade était sûr d'entendre un raclement de gorge. Savannah redoutait t-elle ce qui allait venir ? Cela ne dépendait que de ses frangins. Car pour l'instant, le reste de la famille lui semblait plutôt avenant. “Clyde, c’est ça ?”  okay. Il n'avait rien comprit. Autant le laisser dire. “Vous vous connaissez depuis quand ?” Cette question était un piège. Ca se sentait à des kilomètres. « Tu prendras du vin ? » Ils se marchent dessus ces deux là. - Merci. Cette réponse positive lui assurera de boire pour, peut-être, mieux encaisser. « Moi j'aimerais bien savoir ce que tu fais dans la vie. » Ce n'était pas une conversation vide et toutes ces questions devaient trouver des réponses intelligentes. Cependant, Savannah cru bon d'y ajouter du sarcasme. "Il a longtemps été proxénète" Des yeux ronds, un haussement de sourcils, il tourna la tête vers elle "Mais ça c'était avant...Pas vrai chéri?" Cosimo insistait de son côté pour qu'il se livre plus sérieusement. Grimes serre un peu les dents. - Je forme à l'auto-défense physique et par arme à feu. Est-ce que ça allait créer un blanc ? Non, y'en aurait forcément un qui allait l'ouvrir. Auden par exemple ? Voyant que sa question avait été esquivée avec précaution.. - Principalement de futurs gardes du corps. Il avala son verre de vin, observa Savannah qui osait s'éloigner de quelques pas, et enchaina. - Pas mauvais ce rouge... J'suis sûr qu'il est français. Il sourit, pensant que confondre volontairement un vin italien avec un vin français ferait cogiter les frangins, et occuperait leurs esprits une petite minute... s'il pouvait s'éclipser...

J’ignore @Saül Williams et j’ignore encore plus encore sa femme. Si elle ne veut pas qu’on parle italien alors c’est une bonne raison pour laquelle je voudrais ne parler que cette langue là. Elle peut peut être mener Saül au doigt et à la baguette mais ce n’est toujours pas mon cas, je lui réponds donc par le plus noir des regards que j’ai en banque avant de de nouveau reposer mes yeux sur Clyde, ou @Cade Grimes, apparemment. Il ferait bien de boire plus d’un verre s’il veut en arriver à rapidement oublier cette journée et tout l’interrogatoire qui va rapidement y être lié. Il est un adulte et qui plus est un adulte qui traîne trop près de ma soeur, je n’aurai donc aucune patience avec lui et il n’aura encore moins le droit à un traitement de faveur. "Il a longtemps été proxénète. Mais ça c'était avant… Pas vrai chéri?" Je passe ma langue sur mes lèvres pour les humidifier et prendre le temps de jauger à quel point je déteste @Savannah Williams en ce moment précis. La famille passe avant toute chose et elle ne sera pas la première que je tuerai ; simplement la seconde apparemment. Je n’aime pas son humour et encore moins la manière dont elle s’adresse à ce gars qu’elle connaît sûrement depuis bien trop peu de temps. J’aime encore moins qu’elle me prenne pour un con alors que je me suis confié à elle il y a quelques mois de cela et qu’elle est bien placée pour savoir à quel point ce genre de chose est bien rare. Elle utilise l’humour de @Allan Winchester sans en avoir la carrure. Ma soeur a aussi un bien trop joli visage pour que je ne veuille la cogner, contrairement à lui.

@Elise Williams est encore une fois la première à vouloir changer de sujet, sans doute parce que chez les nonnes personne ne lui a expliqué comment se tenir lors de disputes. Finalement les filles et @Cosimo Williams parlent entre eux, sûrement pour tenter de dévier notre attention de Cade et lui donner quelques heure de répit avant sa mort programmée et pourtant le plan tombe misérablement à l’eau. "Je veux le préserver au maximum, mais c'est ce qu'on fait toute en tant que mère pas vrai?" Je sens les muscles de @Ginny McGrath-Williams se tendre ou peut-être que ce sont les miens, je ne sais plus vraiment à force. On s’était tous accordés pour garder ce secret de polichinelle à sa place, même moi, et je ne veux pas que si l’information soit divulguée un jour qu’elle vienne de la bouche d’une autre que moi ou Saül. On est certes de la même famille et pourtant chacun devrait se mêler de ce qui le regarde - sauf quand ça concerne les petits amis, là, c’est un cas à part. J’ai cru faire les choses bien en laissant Ginny être amoureuse de qui elle le voulait et si @Ezra Beauregard n’a pas prouvé grand chose, @Isaac Jensen a lui prouvé que le temps était quelque chose de bien trop précieux pour qu’on continue de le gâcher. Or, j’ai la certitude que c’est bien ce qu’est en train de faire ma petite soeur avec ce proxénète. Il aurait dû tenter sa chance avec @Anastasia Williams plutôt, elle se serait fait un plaisir de lui faire une place dans sa vie de débauche.

“Je n'suis pas son ami. Ma langue pourra bien te le confirmer, si tu y tiens.” Je vais le tuer. Il sourit et, vraiment, je vais le tuer. “Fais en bon usage pour aujourd’hui, je suis pas certain que tu le puisses encore en sortant d’ici.” A mon tour d’esquisser un sourire faux au possible, la tête penchant légèrement sur le côté alors qu’en réalité il ne fait qu'attiser ma haine pour lui. Quelques mots et le voilà déjà bien bas. Il aura grande peine à remonter et je lui souhaite bien du courage et ce n’est pas une conversation basique de l’Italien qui pourrait le sauver. Je peux aussi l'insulter ou le menacer de mort dans une langue ou une autre sans que ça me fasse sourciller et si tout le monde ici est déjà au courant, il y a fort à parier que lui l’ignore encore. Pour le moment, donc.

“Je forme à l'auto-défense physique et par arme à feu.” En voilà une bonne chose, il risque de bien en avoir besoin. @Bailey Fitzgerald sait sans doute mieux que personne à quel point je me moque d’être blessé lorsque je me bats alors que finalement tout ce qui m’importe est faire le plus mal en face. Lui avait touché à ma femme ; l’autre touche potentiellement à ma soeur. Les conséquences pour lui risquent d’être semblables.

“Principalement de futurs gardes du corps.” J’espère qu’il lui arrivera la même chose qu’aux gardes du corps de Lady Di. Il aime Paris, peut être ?

“Pas mauvais ce rouge... J'suis sûr qu'il est français.” J'étouffe un rire faux, certain que la seule chose de française ici ne soit que l’amante de Saül. "Monsieur est connaisseur à ce que je vois. Je ne me serais pas fait prier pour faire la remarque s’il ne s’agissait que de nous mais mon frère est rétrogradé au rang d’ennemi public n°2 dès lors que Cade est dans les parages. Au contraire du premier il n’est pas de la famille et il ne risque pas d’en faire parti avant un long moment. “Et moi je suis sûr que t’as raté une occasion de te taire.” Je me repose dans le fond du canapé et laisse une main discrète sa placer dans le dos de Ginny puis sur sa hanche, désolé qu’elle se retrouve encore une fois au milieu de tout ceci. “Des armes à feu, donc. Ça ne doit pas beaucoup marcher en Australie, j’imagine.” Pas depuis qu’ils ont fait sortir toutes les armes d’entre les mains de la population, même les illégales. Mais ce n’est pas comme si j’en avais quelque chose à faire de savoir s’il gagne bien sa vie ou non - même si un proxénète doit, lui au moins, être plus confortable économiquement parlant. “D’où est venue l’idée ?” Allez, je lui laisse une chance de raconter une histoire larmoyante et Saül de le tuer à propos du vin dont je n’ai rien à faire.