RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Je bouge pas non plus pour l’instant, je me suis tordu la cheville. » Et bien nous voilà bien parti, l’un avec une cheville foulée et l’autre avec un poignet potentiellement tordu. S’ils y avait eu quelques fous pour parier sur nous - peut être impressionnés par la façon dont nous nous étions débarrassé de l’énorme loup - ce devait être terminé : nous sommes certainements redevenus aussi transparents que ces tributs tués lors du bain de sang. Le bain de sang, je n’arrive pas à croire qu’il s’est produit il y a quelques heures seulement et que nous sommes dans l'arène depuis moins d’une après midi. « D’accord ! J’attends de voir si la douleur passe et si je peux grimper pour te rejoindre. » Je hoche la tête, pensant tout bas que c’est suicidaire et que si je meurs en m’écrasant plus bas j’aimerais autant que ce soit lui qui gagne, avant de m’appuyer à nouveau contre la roche. La plus est tiède et la chaleur écrasante de l’arène rend l’atmosphère désagréable. Heureusement, beaucoup plus rapidement que ce à quoi je m’attendais, la pluie finit par cesser et en quelques secondes, on passe d’un climat humide à un soleil de plomb. Parfait, au moins la roche pourra sécher et ma descente ne sera pas compliquée par une surface glissante. J’entends à nouveau la voix de Clyde, et je me dis qu’il faudrait qu’il arrête de crier pour ne pas rameuter toute l’arène.« Raelyn ! Comment tu te sens ? T’es capable de descendre ? » Je prends une grande inspiration, avant de hocher la tête doucement. « Pas le choix, ça sert à rien de tenter de regagner le chemin et ça sert à rien que tu me rejoigne, tu ferais quoi, me porter ? » C’est ridicule et ses compétences en escalades de falaise ne sont pas assez avancées. Je préfère descendre que de tenter de rejoindre le chemin en progressant latéralement : chaque mètre que je parcourrai en descente rendra au moins la chute moins dangereuse. Je décroche mes crochets de ma ceinture, avant de refermer mes points autour de la tige en métal et de prendre une grande inspiration. « J’y vais. » Je l’annonce autant pour lui que pour me donner du courage.

Je teste d’abord la prise de crochets dans la roche et je suis assez surprise par l’efficacité avec laquelle ils s’insèrent dans la moindre fêlure, beaucoup mieux que ne l’auraient fait mes doigts. Dès que je me commence la descente, je sens une douleur vive et presque insoutenable dans mon poignet droit. Je serre les dents et fais de mon mieux pour l’ignorer et me répéter qu’elle n’existe que dans ma tête. Chaque centimètre parcouru est une épreuve. Mes pieds glissent à plusieurs reprises et je ne dois à ces moments là qu’aux crochets fermement ancrés de ne pas me rompre le cou. A chaque fois que mon poids tout entier se retrouver suspendu à mes poignets je laisse échapper un cri, un grognement, et je serre les dents de toutes mes forces : hors de question que les spectateurs ne me voient pleurer. Et enfin, au terme d’une descente qui me semble durer des heures mes pieds touchent le sol et je me laisse tomber à terre, épuisée physiquement, éreintée moralement par la douleur, et je reste là, à fixer le ciel en tentant de retrouver ma respiration, sans réussir à desserrer mes poings des crochets.

Alors que la pluie se calmait brusquement, là où Clyde aurait davantage parié sur de longues heures avant d’apercevoir une accalmie, le visage de Raelyn avait à nouveau disparu sur la corniche. A nouveau, il l’appela en criant, oubliant cette fois que la pluie ne pourrait plus masquer ses cris alors que ces derniers portaient particulièrement en se répercutant contre la falaise qui faisait écho. “Pas le choix, ça sert à rien de tenter de regagner le chemin et ça sert à rien que tu me rejoigne, tu ferais quoi, me porter ?” Non, ce serait absolument insensé. Mais l’aider, la soutenir en partie, peut-être - même si plus il y pensait, plus Clyde réalisait à quel point cela serait tout bonnement dangereux, car il ne pourrait pas être d’une grande aide à Raelyn, et risquait simplement de se blesser encore plus. “Je sais pas, t’aider… Mais ça servira pas à grand chose, ouais.” Si la blonde n’était pas friande de cette idée, il n’allait clairement pas s’aventurer sur la roche par crainte pour elle - car même s’il espérait qu’elle s’en sorte entière, il n’en était pas au point de donner sa vie pour Raelyn, et encore moins si elle-même ne demandait pas son aide. “J’y vais.” Il la vit alors quitter la plateforme pour entamer la descente, ce qui semblait être la décision la plus sage. Alors qu’elle descendait lentement, manquant parfois de perdre l’équilibre même si les crochets semblaient lui être très utiles, Clyde continuait sur le chemin en retenant son souffle alors qu’il gardait le regard fixé sur la blonde - ce qui n’était peut-être pas le meilleur réflexe de survie sachant qu’il n’avait pas intérêt à se tordre la deuxième cheville. Lorsqu’il la vit enfin toucher le sol et se laisser tomber par terre comme si elle était vidée de toute énergie, il se précipita sur elle, avant qu’un craquement ne le fasse se retourner. Il ne vit rien qui puisse justifier l’origine de ce bruit dans la sorte de forêt épaisse qui se dessinait désormais sous leurs yeux - mais rien dans l’arène n’était laissé au hasard, et il ne pouvait s’empêcher de penser que ce bruit ne disait sûrement rien qui vaille. “Raelyn... Faut qu’on bouge, y a du bruit.” Ce qui était le contraire absolu de ce que faisait la blonde à cet instant, malheureusement.

RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Je sais pas, t’aider… Mais ça servira pas à grand chose, ouais. » Il a l’air de boiter, je le vois de là où je suis, alors j’ignore la proposition. Il ne peut pas m’aider, il ne peut pas escalader la falaise à ma place et il ne peut pas me prendre sur son dos ou me tenir la main et surtout, je dois prouver que je n’en ai pas besoin. Je dois me le prouver à moi, et je dois le prouver aux potentiels sponsors qui se disent certainement pour l’instant que je suis bien faiblarde. Je veux tout donner pour mettre toutes les chances de mon côté.

Alors je m’élance, il ne sert à rien de passer toute la journée sur la corniche et, si je dois me rompre le cou en chutant, je me le romprais, maintenant ou plus tard, qu’est ce que je cela change ?

Je manque de tomber à plusieurs reprises et, à chaque fois que je me retrouve suspendue par les bras dans le vide et que je ne dois d’avoir la vie sauve qu’aux crochets, je sens mon coeur qui bat à tout rompre. La falaise est raide, et je ne peux faire de pause puisque, quelle que soit la position que je prends, je sens tous les muscles de mon corps me supplier d’arrêter. Quand je touche terre je réalise que je n’y croyais plus et, épuisée et soulagée d’être en vie je me laisse glisser à terre et je suis prise d’un fou rire nerveux. Bien joué, les sponsors vont penser que je suis foller, à rire les poings serrés autour des crochets et contre ma poitrine, étalée par terre. J’entends à peine Clyde arriver en courant, et je n’entends pas le bruit qui semble le faire tant paniquer. « Raelyn... Faut qu’on bouge, y a du bruit. » J’ai toujours le souffle court et je me sens incapable de faire le moindre mouvement. Mon rire se stoppe et je bascule sur mon flanc, avant de me recroqueviller et de supplier. « Non, je peux plus bouger, dis pas ça. » Mais je l’entends moi aussi le bruit d’herbe froissé, et il me prive de fêter le plaisir de voir des arbres, enfin, dans cette arène. J’ai besoin de boire, j’ai besoin de dormir et de me reposer, j’ai la sensation que mes jambes ne me portent plus mais je me relève difficilement avant de jeter des coups d’oeil autour de moi. Dans quelle direction ?

Le dé   :

Alors qu’il arrivait enfin aux côtés de Raelyn, Clyde se sentait désemparé face au comportement de la blonde qu’il entendait rire alors qu’il n’arrivait même pas à voir son visage à travers sa chevelure. C’en était à se demander si elle riait réellement ou pleurait, et il n’arrivait pas à voir si elle s’était davantage blessée durant la descente, ce qu’il craignait en la voyant recroquevillée de cette manière. Un bruit provenant de la forêt le fit sursauter, si bien qu’il n’eut pas le temps de s’enquérir de l’état de santé de la jeune fille - il fallait déguerpir et vite, et éviter d’attendre que ce qui avait causé ce bruit finisse par leur tomber dessus. Puis, enfin, Raelyn se laissa rouler sur le côté tandis que ses éclats de rire se tarissaient et que sa voix se faisait suppliante. “Non, je peux plus bouger, dis pas ça.” Trop tard, c’était dit. “Lève toi, je te laisse pas là.” Raelyn sembla comprendre qu’elle jouait une fois de plus sa vie puisqu’elle se releva difficilement alors que le regard de Clyde l’avait déjà quittée, tentant tant bien que mal d’identifier l’origine du bruit. Malheureusement pour eux, ils le comprirent bien vite alors que deux carrières se dirigeaient vers eux, armés jusqu’aux dents. Ils n’étaient pas six, ce qui était mieux que rien et ne signait peut-être pas leur arrêt de mort immédiat, mais les deux tributs du sept ne faisait malgré tout pas le poids à eux, ou du moins ne le feraient pas bien longtemps. Clyde attrapa à la hâte sa hache qui ne l’avait pas quitté tandis qu’il mettait l’autre main sur son couteau accroché à sa ceinture, essayant par la même occasion de prendre un appui stable ne trahissant pas la fragilité d’une de ses chevilles. “On est morts.” Quoi qu’ils fassent, ils allaient se retrouver face aux carrières d’ici quelques dizaines de secondes, et le brun lui-même n’envisageait pas de grimper la falaise qu’ils venaient de descendre. Même s’ils arrivaient à se mettre hors de portée des carrières, ils finiraient par s’épuiser avant les autres gamins n’aient abandonné la traque, eux. Ce fut à ce moment-là, alors que l’espoir commençait à le quitter même s’il tenait encore fermement sa hache et tentait de masquer sa peur, qu’il entendit de nouveaux bruits - en hauteur, cette fois. Alors qu’il relevait brièvement les yeux, il vit deux adolescents - qu’il identifia comme ceux du district 10 et 11 - descendre le chemin en courant et se rapprocher rapidement d’eux. Ces derniers devaient peut-être avoir été pris en étau et n’avoir désormais d’autre choix que de rejoindre le bas de l’arène, eux aussi - ou alors, ils avaient des velléités suicidaires et comptaient se mesurer aux carrières. Quelle que soit la raison, le moment était critique, et ils étaient définitivement encerclés.
@Raelyn Blackwell

Spoiler:

RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Lève toi, je te laisse pas là. » Je n’en ai pas envie, j’ai toujours autant envie de vivre mais je ne suis pas certaine d’être physiquement capable de faire le moindre pas de moins, de tirer une fois de plus sur l’articulation de mon poignet, me lever me semble insurmontable alors courir ? S’il était sain d’esprit il ne m’attendrait pas et il détalerait sans demander son reste. C’est ce que je ferais moi, s’il devenait un obstacle entre moi et la survie. Je puise mes dernières forces pour me mettre sur mes jambes et alors que je me demande dans quelle direction il convient de fuir, deux silhouettes surgissent à quelques mètres seulements. Etaient-ils là depuis le début ? Sont-ils descendus juste avant nous pour attendre sagement qu’on arrive, éreintés par la descente ou peut-être même déjà mort afin qu’ils n’aient plus à lever le petit doigt ? Le gamin à l’arc n’est pas là, c’est déjà ça, ceux là semblent posséder une belle collection de couteau en rev anche, qui pendent fièrement à leur ceinture. Il s’approchent en riant, comme des prédateurs cruels face à une proie effrayés et moi, je ne parviens qu’à agripper mon couteau sans réussir à donner le change. « On est morts. » Merci pour ton optimiste Clyde. Mais il a raison, on est mort. « Mais qui voilà, disctrict sept ? Pourquoi tu t’emmerdes encore à protéger la gamine, district sept ? » Ils ne connaissent même pas nos prénom et je suis certaine que c’est le cas de la majorité des spectateurs. Nous serons des visages dans le ciel, rien de plus et les garçons qui terminent leur descente en courant, visiblement effrayés par quelque chose ne changeront rien à ça.

Les oiseaux eux, peut-être. Voilà ce que fuient les deux gamins, une nuée d’oiseaux à la taille démesurée - tous les animaux semblent être de taille démesurée dans cette arènes - avec des bec aiguisés orné d’une rangée de dent fondent sur nous. « Cours ! » Je ne prête plus attention aux carrières qui ont l’air aussi terrorisés que nous, je ne fait plus attention à la tétanie de mes muscles ou à la douleur dans mes mollets d’avoir escaladé la falaise, je fonce dans une direction sans mon retourner pour m’éloigner le plus loin possible de ces bestioles.

Le dé   :

Les carrières s’approchaient de plus en plus vite, sans que Clyde ne sache toujours comment se sortir de cette situation inextricable qui risquait de signer leur arrêt de mort. “Mais qui voilà, district sept ? Pourquoi tu t’emmerdes encore à protéger la gamine, district sept ?” Le brun serra les dents, car s’il ne s’agissait réellement que de protéger Raelyn, son instinct de survie l’aurait emporté et il aurait déguerpi en la laissant sur place - mais avec regret, tout de même. Malheureusement pour lui, la présence de la blonde ne changeait pas grand chose : il aurait dû soit grimper, soit partir en courant, mais les carrières auraient fini par le cueillir à un moment, ou auraient simplement eu à attendre qu’il fatigue et se laisse encercler.

Alors que les deux tributs du 10 et du 11 descendaient le chemin à toute allure et faisaient mine de leur montrer patte blanche, le scénario était pourtant critique, car Clyde ne faisait confiance à rien ni personne - quand bien même les carrières représentaient une menace supérieure qui méritait davantage son attention. Figé sur place, il s’était reculé en voyant les gamins les rejoindre, tout en ne lâchant pas sa hache qui ne demandait qu’à partir dans un sens ou dans l’autre. Ce fut à ce moment-là qu’il les vit, les oiseaux gigantesques aux cris bien trop stridents pour être inoffensifs, qui sortirent de la forêt en un vol compact qui ne présageait rien de bon. “Cours !” Sans réfléchir davantage, il s'élança et prit la tangente en suivant Raelyn qui semblait avoir recouvré miraculeusement ses forces, sans plus se soucier des carrières ou des autres gamins. Sa cheville le lançait horriblement, et si le rythme de leur course était trop effréné pour qu’il ait même le temps de laisser sa jambe valide boiter, la douleur lui tira des larmes qu’il n’essaya même pas de contenir.

Après quelques minutes de course à toute allure dans la forêt qui semblait encore être le meilleur endroit pour se prévenir d’une nuée d’oiseaux, ils arrivèrent devant une sorte d’étang où l’eau trouble ne donnait pas envie de s’y jeter dedans la tête la première. Mais avait-il vraiment le choix alors qu’une bonne partie des oiseaux les avaient tout de même suivi ? Clyde lança un regard hésitant à Raelyn, même s’ils n’avaient pas réellement d’autre option. Alors, sans attendre, il prit sa respiration puis se lança dans l’eau. Il n’essaya même pas d’ouvrir les yeux, se contentant d’essayer de bouger le moins possible durant quelques dizaines de secondes, avant que l’appel de l’air ne se fasse trop ressentir. Il remonta à la surface pour prendre une grande inspiration, veillant cependant à ne sortir que la tête de l’eau - les oiseaux semblaient s’être dispersés, sûrement pour retourner auprès des carrières qui avaient succombé à l’attaque, à en juger par les coups de canon qu’il avait entendu. Les deux autres gamins avaient disparu eux aussi, mais la menace la plus immédiate avait été éliminée, et Clyde se laissa donc aller à un soupir de soulagement tandis qu’il profitait de l’eau pour nettoyer rapidement la boue qu’il commençait à sécher sur sa peau et ses vêtements. “Si on avait su qu’il fallait presque crever pour trouver l’eau…” Il ironisait, mais la réalité tendait plutôt à ses nerfs qui commençaient à lâcher, lui tirant un rire haché qu’il ne contrôlait plus.

RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

Y’a une putain d’étendue d’eau qui nous sauve la vie. Littéralement, pas en nous permettant de nous abreuver, nous n’en n’étions pas encore à un point critique à ce niveau là, nos gourdes sont plus qu’à moitié pleines et c’est d’ici un ou deux jours que ce serait devenu problématique que de ne pas trouver une autre source d’eau que la fontaine de la corne d’abondance. Elle nous sauve la vie parce qu’elle a beau être boueuse, elle a beau être vaseuse et peu ragoutante, elle nous dissimulera de la vue des oiseaux. Je plonge la tête la première sans faire la princesse, en prenant une grande inspiration pour rester le plus longtemps possible sous la surface.

Je n’arrive pas à lâcher prise assez pour fermer les yeux mais je ne vois rien d’autre qu’une lumière verte. Il est plus profond que prévu ce petit lac et c’est autant une bonne nouvelle qu’une mauvaise : on ne sait pas ce qu’il referme comme bêtes sauvages ou manipulations génétiques. Par contre, on pourra boire son eau. Je ne ressors la tête que lorsque la brûlure de mes poumons devient insupportable, que lorsque je sens que je manque d’air et que je vais m’évanouir si je n’en reprends pas une bouffée. J’inspire de toutes mes forces à la surface. Plus de trace des oiseaux : ils ont dû trouver une autre proie, et le bruit de canons me le confirment. Deux morts, je parie sur les carrières puisqu’ils ont mis plus de temps à détaler et qu’ils étaient en plein sur la trajectoire de ces créatures. Épuisée, vidée de mes forces, je nage jusqu’à la rive avant de me traîner dans la boue et de me laisser tomber sur le sol. « Si on avait su qu’il fallait presque crever pour trouver l’eau… » Je suis prise d’un rire nerveux avant de me redresser sur mes coudes et de l’observer. « En plus regarde... » Je montre du bout du menton le petit animal à une vingtaine de mètres de nous, une sorte furet qui est un double bon signe : premièrement l’eau est potable puisqu’il s’abreuve, deuxièmement, si on arrive à l’abattre ça fera du gibier. L’avantage des journées perpétuelles, c’est que les feux nous ferons moins repérer qu’elle pleine nuit. « Tu serais capable de l’attraper ? » Je chuchote, par peur de le faire fuir. Je ne sais pas chasser et puis, c’est lui qui a la hache.

Les sens du brun restaient en alerte alors qu’il ne voulait pas se considérer tiré d’affaire trop tôt. Les malheurs s’étaient enchaînés suffisamment vite pour qu’il sache déjà qu’il aurait du mal à fermer l’oeil d’ici quelques heures, étant donné qu’il n’osait même pas se laisser aller à cet instant-là, même si plus rien ne semblait les menacer. Après quelques secondes à laisser ses yeux traîner sur les arbres qui les entouraient de tous les côtés, Clyde finit par sortir la tête hors de l’eau, avant d’être pris d’un rire nerveux que Raelyn semblait partager. Il se traîna hors de l’eau et grimaça tout en s’asseyant à côté d’elle, maintenant que sa cheville se rappelait à lui et à la course folle qui n’avait sûrement fait qu’empirer les dégâts. La seule consolation qu’il pouvait trouver était de ne pouvoir se plaindre que d’une cheville foulée - quand bien même la douleur était tenace - et non pas d’avoir été la victime d’un de deux coups de canon qui venaient de retentir dans le ciel.

Il finit par se tourner vers Raelyn, dont les joues rougies par la course et le souffle court laissaient à penser qu’elle n’avait pas davantage apprécié cette dernière expérience. “En plus regarde...” Ses yeux suivirent son doigt qui pointait un petit animal qui venait de bouger en périphérie du champ de vision du brun. Etonnamment peu perturbé par leur présence, il se pencha vers l’étang pour boire - au moins, Clyde n’aurait pas à s’inquiéter de voir des plaques étrangers recouvrir son corps après sa plongée surprise dans l’eau, puisque cette dernière semblait être potable. “Tu serais capable de l’attraper ?” Le brun grimaça, tout à fait conscient qu’il ne s’agissait pas de sa spécialité - il tendait plutôt à exceller dans les travaux de force, et pas réellement de précision. “J’vais essayer.” Sa hache faisait la taille de l’animal, alors avec un peu de chance, il réussirait à l’embrocher d’un coup. Le jeune homme entreprit donc de s’accroupir tandis qu’il se saisissait de sa hache et la soulevait au-dessus de lui. La position était loin d’être pratique, mais s’il se relevait entièrement, il prendrait le risque que l’animal déguerpisse aussi rapidement qu’il était arrivé - ce qui serait dommage, car il semblait suffisamment consistant pour les nourrir tous les deux ce soir. Sans attendre, il lança donc la hache d’un geste qui se voulait le plus maîtrisé possible - et qui trouva sa cible puisque l’arme vint se loger dans une des pattes de l’animal, qui lança un cri de douleur avant de se recroqueviller au sol. Clyde aurait préféré lui trancher net le cou et ne pas avoir à l’achever, mais s’il ne pouvait tuer un animal de sang-froid, il aurait peu de chances de s’en sortir lorsqu’il lui faudrait abattre des tributs.

RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

J’ai du mal à réaliser que nous sommes encore en vie, Clyde et moi. Personne, pas même moi, n’aurais parié sur nous et voilà que plusieurs carrières sont peut-être morts dans l’attaque des oiseaux géant tandis que nous sommes encore en vie, amochés, sale et fatiguées, mais en vie. Jamais je n’avais autant apprécié la sensation de l’air qui entre dans mes poumons avant aujourd’hui, et je m’enivre du sentiment d’être en vie, tout simplement. Sans l’arrivée du petit furet je serais restée là, agitée par des fous rire nerveux incontrôlables jusqu’à m’endormir, mais la vision de notre potentiel gibier m’aide à me remettre en marche. J’ai besoin de boire, nous aurons bientôt besoin de manger si bien que j’apostrophe le blond pour lui demander s’il lui reste la force et s’il possède l’adresse pour l’attraper. « J’vais essayer. » J’aurais préféré qu’il réponde avec un peu plus d’assurance, mais je ferai avec.

Surtout que, sans trop s’approcher pour faire fuir l’animal qui a baissé sa garde pour s’abreuver, il parvient à le toucher à la patte. La prévenance voudrait que je le laisse l’achever, mais la faim l’emporte sur la politesse et je fonds sur le gibier pour planter mon couteau dans sa chair, par peur qu’il parvienne à se dégager et à s’enfuir. Là il n’ira nulle part, et je me tourne avec un grand sourire aux lèvres vers Clyde. « Boude pas, tu l’aurais eu aussi. » Il l’a eu d’ailleurs, je ne l’aurais pas touché d’aussi loin avec un couteau. Si seulement j’avais une hache moi aussi. Je reste silencieuse un instant. « J’ai pas envie de prendre le risque de tomber malade avec de la viande crue et il fera jour un moment encore. » Si ce n’est le plus clair du temps. « On risque pas grand chose à allumer un feu non ? Les autres carrières se risqueront pas ici s’ils ont vu l’hovercraft emporter les deux de tout à l’heure. » Ils penseront que les bois referment un horrible danger, et je refoule la pensée qu’après tout, ils ont peut être raison.

Avant que Clyde n’ait pu faire la moindre remarque ou même hésiter à achever l’animal d’un autre coup de hache, la blonde s’était jetée sur la sorte de furet pour régler le problème d’un coup de couteau vif et sans aucune hésitation. Si le brun avait encore pu croire que la blondinette était une petite nature, toutes ses hésitations s’étaient envolées en un instant - à croire qu’elle avait même moins de scrupules que lui. Evidemment qu’il aurait achevé la bête, mais l’idée même ne lui plaisait pas particulièrement, alors que Raelyn ne semblait n’avoir été aucunement traversée par cet état de conscience. A moins qu’elle ne soit simplement affamée, elle aussi, tandis que le ventre du brun lui rappelait qu’il était vide depuis désormais bien trop longtemps.

Il s’approcha alors de Raelyn qui lui sourit fièrement. “Boude pas, tu l’aurais eu aussi.” Dire qu’il avait osé penser que ce qu’ils avaient déjà traversé ensemble aurait calmé les velléités de sarcasme de la blonde. “Je l’ai eu.” “J’ai pas envie de prendre le risque de tomber malade avec de la viande crue et il fera jour un moment encore.” Peut-être, peut-être pas, mais il s’agissait encore d’une des énigmes de l’arène à laquelle ils n’avaient pas de réponse. “On risque pas grand chose à allumer un feu non ? Les autres carrières se risqueront pas ici s’ils ont vu l’hovercraft emporter les deux de tout à l’heure.” Clyde tiqua en haussant un sourcil. “On sait pas si c’était vraiment les carrières. C’était peut-être les autres.” Il avait vu les oiseaux fondre sur les carrières, certes, mais les deux autres tributs qui les avaient rejoint étaient désormais introuvables, ce qui laissait planer le doute sur l’identité de ceux qui avaient succombé. Tant que les hologrammes ne s’afficheraient pas dans le ciel, ils ne pouvaient être sûrs de rien. Pour autant, si la nuit était destinée à ne jamais tomber entièrement, ils ne pourraient attendre indéfiniment pour se nourrir, et le petit sac de nourriture séchée qu’il avait encore dans le sac à dos ne suffirait pas.

Clyde avisa les arbres autour d’eux, essayant de repérer le moindre mouvement tandis qu’il hésitait quant au moindre mal, manger de la viande crue et risquer l’intoxication ou allumer un feu et risquer de se faire repérer - même si la blonde marquait un point, et que les oiseaux leur avaient sûrement offert un certain répit. “Mais j’imagine qu’on a pas le choix…” Ce mot avait été rayé de leur vocabulaire à l’instant où ils avaient posé les pieds dans l’arène. “Si on fait le feu juste à côté de l’eau on pourra l’éteindre rapidement juste après avoir cuit ce truc.” Même si cela ne suffirait pas à camoufler entièrement leur présence. Il essuya alors d’un coup rapide sa hache avant de la poser à ses côtés et de s’emparer de petits bois ainsi que d’un morceau de corde pour allumer un feu. Sans être un expert dans le domaine, cela aurait été un comble pour un tribut du district sept de ne pas savoir lancer un feu, qu’il réussit à faire prendre en quelques minutes à peine. Il attrapa ensuite le furet que Raelyn avait ouvert en deux pour venir le placer au-dessus des flammes, qui s’élevaient déjà au-dessus de leurs têtes.

RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Je l’ai eu. »
« Ouais presque. »

Je lui adresse un clin d’oeil qui signifie ”tu vois ce que je veux dire quand il est plutôt clair que je ne cherche qu’à l’emmerder et à le piquer dans sa fierté. Loin de moi l’idée de réellement le blesser par contre, il n’est pas méchant Clyde et pour l’instant l’avoir à mes côté s’est révélé être un excellent choix, un que je ne regrette pas. « On sait pas si c’était vraiment les carrières. C’était peut-être les autres.» Les autres, les deux garçons qui n’ont pas de nom et qui n’en auront jamais, puisqu’une fois dans l'arène cela ne compte plus. On devient un genre et un numéro. La fille du sept. Le garçon du deux. Et c’est bien suffisant. « Mais j’imagine qu’on a pas le choix… » Je hoche doucement la tête avant de hausser les épaules. « On le laisse pas allumer longtemps et si jamais la nuit commence à tomber, on l’éteint tout de suite. »

Tant qu’il fait jour, et je crois encore en ma théorie, il risque de faire jour longtemps si ce n’est éternellement, le risque est limité. Les flammes n’attireront pas d’autres tributs à nous et la fumée sera à peine visible si nous ne brûlons pas la viande. « Si on fait le feu juste à côté de l’eau on pourra l’éteindre rapidement juste après avoir cuit ce truc. » Je hoche la tête en silence avant de retirer mon couteau de l’animal. Je l’attrape par les pattes arrière et, tandis que Clyde allume le feu, j’entreprends de retourner la peau du furet et de le préparer pour la cuisson. « La prochaine fois faudra qu’on attrape plusieurs trucs avant d’allumer un feu. » Histoire de tout faire cuire en même temps et de minimiser les risques d’être repérés. La viande cuite se gardera quelques heures voir quelques jours après tout. Et finalement, l’intoxication n’est-elle pas l’une des plus douces façon de mourir dans l’arène ? Je trouve un long bâton avec lequel je transperce l’animal avant de le tendre à Clyde qui le pose au dessus de notre feu de fortune. Il fait si chaud et humide dans l’arène que se tenir proche des flammes et insoutenable. « Tiens le plus haut, tu vas brûler la viande sinon. » Je pourrais faire semblant d’être aimable, mais sur l’heure je suis bien trop épuisée et affamée. Lorsque l’animal est cuit, j’arrache la cuisse à l’aise de mon couteau et la première bouchée de viande me semble avoir le goût du paradis.

L’un des soleils était encore bien haut dans le ciel, et la probabilité que la nuit tombe d’ici peu donc relativement faible - aussi risqué que cela soit, il s’agissait encore du meilleur moment pour faire cuire l’animal. Si tant est que la nuit soit destinée à tomber un jour. “On le laisse pas allumé longtemps et si jamais la nuit commence à tomber, on l’éteint tout de suite..” Clyde hocha la tête. Ils étaient tombés d’accord, et la fatigue commençait désormais à se faire suffisamment ressentir pour qu’il n’ait pas la force de se lancer dans une énième joute verbale avec la blonde.

Il la laissa préparer l’animal tandis qu’il se chargeait d’allumer un feu, ce qui ne lui prit que quelques instants. Le fait qu’ils soient sûrement aussi affamés l’un que l’autre jouait pour beaucoup dans leur motivation à se diviser les tâches sans broncher, de manière pratique et efficace. “La prochaine fois faudra qu’on attrape plusieurs trucs avant d’allumer un feu..” Clyde détestait l’idée que Raelyn soit plus maligne que lui - et pourtant, elle semblait l’être, car il n’avait pas pensé à ça. Cependant, il n’avait peut-être pas besoin de l’avouer ainsi, et se contenta donc d’un grognement. “Ouais..” Il plaça sur le feu l’animal que sa co-tribut lui présenta déjà embroché. “Tiens le plus haut, tu vas brûler la viande sinon..” “Je sais c’que je fais..” Pas vraiment, mais il n’était pas non plus stupide, et ce n’était clairement pas dans son intérêt de laisser la viande brûler. Il releva néanmoins le bâton un peu plus haut, puis se tut tandis que l’animal mettait quelques minutes supplémentaires à cuire, avant que Raelyn n’arrache une des deux cuisses sans plus de cérémonie. Clyde ne se fit pas prier pour la suivre, mais il ne lui fallut pas plus de cinq bouchées pour en avoir fini avec le morceau de viande qui ne lui semblait finalement pas suffisant compte tenu de l’appétit qui venait de s’emparer de lui.

Il se releva, avisa le feu qu’ils n’avaient pas encore éteint, puis s’empara de sa hache et de son couteau dans l’autre main. “Autant pas attendre, je vais essayer de trouver autre chose tant qu’on est là..” Au point où ils en étaient, la sécurité n’était plus une option - il fallait plutôt décider de quoi ils allaient mourir, et lui ne voulait pas mourir de faim. “Surveille le sac à dos..” C’était la première fois qu’il le laissait hors de sa surveillance - non pas qu’il fasse réellement confiance à Raelyn, mais il ne serait qu’à quelques mètres et pourrait aisément la rattraper si elle décidait de se tirer avec. Involontairement, cela servirait de test de leur alliance, en quelque sorte.