I'm holding on for dear life Won't look down, won't open my eyes Keep my glass full until morning light Cause I'm just holding on for tonight
Avril 2020, Brisbane. Clyde n’était pas du genre à se comporter comme ces mecs lourds qui n’avaient aucun scrupule à aborder n’importe quelle femme de la manière la plus crue qui soit, faisait parfois économie des politesses au profit de phrases toutes faites qui avaient tendance à davantage faire fuir qu’attirer ces dames. Le brun, s’il devait bien avouer aimer se retrouver en charmante compagnie lorsque ses soirées étaient dépourvues de tout plan autant professionnel que personnel, ne se jetait pourtant pas sur la première venue comme un vulgaire morceau de viande. Il avait l’habitude de passer la plupart de ses nuits seul - Halsey délaissant parfois ses draps après les avoir occupés un moment durant - et cela ne lui posait aucun problème existentiel. Néanmoins, il ressentait ce besoin régulier de plaire, et de se rassurer quant au charme qu’il possédait encore face à la gente féminine. Le brun avait passé le cap de la trentaine sans grand enthousiasme, mais il avait tout de même conscience qu’il savait toujours s’y prendre auprès des femmes, et que ces dernières ne l’avaient pas encore rangé dans la case ‘vieux croûton’ - il espérait d’ailleurs que cela n’arrive jamais, si possible.
Ce soir-là, alors qu’il était assis au bar après avoir salué une connaissance qui venait de tirer sa révérence pour la soirée, il avait remarqué à quelques pas de lui une jeune femme dont le visage lui rappelait quelque chose. En réalité, cela faisait quelques fois qu’il la voyait au bar - toujours seule, jamais accompagnée, ce qui avait été suffisant pour attiser la curiosité de Clyde. Alors qu’il était sur le point de finir son verre puis rentrer à l’hôtel, il se ravisa et attrapa son whisky avant de se diriger vers la chaise de la rousse, dont la chevelure avait suffi à le subjuguer. “Bonsoir. J’espère que je ne vous dérange pas.” Un mot plus haut que l’autre de la part de la jeune femme, et il déguerpirait sans demander son reste - loin de lui l’idée de se rester là où il n’était aucunement désiré. “Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vous veniez souvent ici.” Il la regarda en souriant, tentant de capter son regard. Jusqu'au moment où il la reconnut vraiment, alors que ses yeux plongeaient enfin dans ceux de la rousse. “Vous êtes Juliette... Pottier, c'est bien ça ?” Il avait des souvenirs relativement précis de l'affaire mouvementée dans laquelle avait été entrainée la jeune femme quelques années auparavant, même si son apparence avait grandement évolué et l'aurait rendue impossible à reconnaître pour le plus grand monde. Réalisant à qui il avait affaire, même si lui-même n'avait pas couvert personnellement la médiatisation du scandale, il tira un fauteuil à lui sans même demander l'avis de la rousse. Après avoir déposé son verre à moitié vide sur le comptoir, il la fixa à nouveau, interloqué de croiser la Française en Australie, par le plus grand des hasards.
Victoire était dans un bar. Elle évitait ce genre de lieu en général tout simplement car elle se retrouvait systématiquement avec des dragueurs non sollicités sur le dos. Le traumatisme qu’elle n’avait jamais réussi à dépasser la poussait à fuir au maximum la gent masculine ainsi que les lieux qui les poussaient à partir en chasse. Elle avait été trop de fois le gibier, et non seulement elle n’était pas intéressée, mais surtout elle était terrorisée par les hommes. Elle ne leur faisait pas confiance, ils la dégoûtaient et elle les considérait tous comme des violeurs en puissance. Et s’il n’étaient pas des violeurs, ils fermaient les yeux sur les « écarts » de leurs amis, ils se protégeaient entre eux, se trouvaient des excuses et blâmaient les victimes, les femmes.
Victoire ressassait cela face à son verre de whisky. Sa phobie sociale était en train de lui demander des comptes : qu’est-ce qu’elle foutait là au milieu de tous ces gens ? Son alcoolisme répondait pour elle : il n’y avait plus rien à boire à l’appartement et ses points de ravitaillement habituels étaient fermés à cette heure-ci. Ça s’était produit plusieurs fois ces derniers temps, il faut dire qu’elle buvait plus que de raison récemment, depuis qu’elle avait vu la tête de son agresseur au journal télévisé. Elle s’était pris un tsunami incontrôlé de souvenirs et d’émotions et depuis, elle compensait encore plus que d’habitude par une consommation excessive d’alcool et de stupéfiants, cherchant à s’assommer, se lobotomiser.
Alors voilà pourquoi elle était là avec une bouteille de whisky à moitié vide ou à moitié pleine selon le point de vue, cela va sans dire que Victoire la voyait à moitié vide. “Bonsoir. J’espère que je ne vous dérange pas.” Vic, perdue dans ses pensées et camouflée dans son hoodie noir à capuche, n’avait pas entendu qu’on approchait d’elle. Ses sens, habituellement en éveil pour décourager un quelconque prétendant avant même qu’il n’entre dans son espace vital, l’avaient laissée tomber. Il enchaîne alors qu’elle fixe son verre comme si l’ignorer allait le faire disparaître. “Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vous veniez souvent ici.” *Pire phrase d’accroche du monde, au secours un stalker !*
Elle finit par lever les yeux vers lui dans l’espoir qu’elle réussirait à le fusiller du regard et qu’il tombe raide mort devant elle. Elle attaque : « Vous êtes de la gestapo ou juste un stalker ? ». Mais là, elle voit passer dans son regard une expression qui ne lui plaît pas. Comme s’il la connaissait. Et il ne tarde pas à confirmer ses craintes : “Vous êtes Juliette... Pottier, c'est bien ça ?”. Son cœur s’arrête de battre. Il ne manquait plus que ça ! Son expression assassine a disparu, ne reste que le choc. Elle regarde autour d’elle pour vérifier si quelqu’un les a entendus, comme si son nom était aussi connu que ça ! Sa paranoïa avait de beaux jours devant elle. « Chhhhut ! Taisez-vous ! Et qu’est-ce que ça peut vous faire, d’abord ? ». La surprise avait été telle qu’elle n’avait même pas eu le réflexe de nier, elle s’était trahie toute seule et voilà que l’homme s’était approché une chaise et s’installait.
Victoire aka Juliette savait que cela risquait d’arriver un jour, cela faisait presque deux ans qu’elle était arrivée à Brisbane avec son nouveau nom et jusqu’à présent, elle avait eu de la chance. Mais il était face à elle, celui qui risquait de faire voler en éclats son anonymat, celui qui risquait de ramener dans sa vie journalistes et paparazzi. Car oui, l’affaire Justin Riddle faisait encore des émules récemment avec de nouvelles accusations. Juliette, Victoire, la première victime qui avait perdu son procès et été traînée dans la boue, c’était une aubaine pour la presse, ce serait l’interview émotion, l’article tapageur qui remue la merde encore une fois. Elle parle à voix basse mais avec autorité : « Si vous êtes là dans l’espoir de vous taper une ex top model, vous pouvez vous barrer tout de suite ! » Et elle lui indique la sortie. « Et si vous comptez remuer la merde, eh bien en fait vous pouvez vous barrer aussi. » Pas facile cette Victoire, sur la défensive, la discussion allait être compliquée.
Visiblement, la rousse était soit dans un mauvais jour, soit pas réellement le genre de femmes qui appréciait d’être approchée ainsi par des inconnus dans des bars. Certaines en étaient flattées, et il s’agissait toujours de la situation la plus simple à gérer, mais d’autres se complaisaient visiblement bien dans le fait de boire seules, sans que personne ne les dérange. Soit, Clyde n’était pas réellement du genre à juger les préférences personnelles, mais il considérait qu’il n’avait rien à perdre et pouvait toujours tenter sa chance. “Vous êtes de la gestapo ou juste un stalker ?” “Ni l'un ni l'autre.” Le brun aurait dû se douter à la tenue de la jeune femme, qui ne hurlait pas ‘regardez-moi’ mais plutôt ‘oubliez-moi’, qu’elle n’apprécierait peut-être pas de se faire importuner. Pourtant, sa remarque le fit rire, ce qui eut le don de le pousser à tenter une nouvelle fois l’approche, avant qu’il ne la reconnaisse alors qu’elle se tournait enfin vers lui. Si le regard noir qu’elle lui jetait était une chose, son visage correspondant presque traits pour traits à celui de Juliette Pottier, une mannequin entraînée dans un procès ayant viré au scandale plusieurs années auparavant, le coupa net dans son élan. Ce qui était sans doute tant mieux, car la jeune femme l’aurait sans doute jeté à la remarque suivante. Bien que plus curieux que voyeur, Clyde attira un fauteuil pour s’asseoir aux côtés de la demoiselle, sans pour autant trop s’en rapprocher. “Chhhhut ! Taisez-vous ! Et qu’est-ce que ça peut vous faire, d’abord ?” L’expression de la rousse avait changé du tout au tout, pour afficher un mélange de surprise et de stupeur, tandis que ses chuchotements avaient donc confirmé les doutes de Clyde, servant de réponse implicite à sa question. Il ne pouvait qu’être surpris par la réaction de cette fameuse Juliette, dont le monde semblait s’écrouler à l’écoute de son propre prénom - mais après tout, il ne s’était jamais retrouvé au coeur de la presse à scandales, et pouvait imaginer qu’il apprécierait moyennement qu’on l’approche ainsi si c’était le cas. Toute paniquée qu’elle avait l’air, il voulut donc la rassurer. “J’ai juste été surpris de vous reconnaître… ici.” Ici signifiant l’Australie, mais également le bar, évidemment. “Si vous êtes là dans l’espoir de vous taper une ex top model, vous pouvez vous barrer tout de suite !” Pas réellement commode, cette Juliette, ce qui ne suffit pourtant pas à démonter Clyde, dont la curiosité était attisée par la réaction qu’il considérait comme exagérée. Il jeta un œil à la sortie que Juliette pointait du doigt, avant de se retourner vers elle et lâcher d’un ton moqueur “Je suis là aussi souvent que vous, je connais la sortie, mais merci pour l’indication.” Quand bien même il l’avait dérangée, il avait été poli et appréciait moyennement qu’elle l’agresse alors qu’il n’avait, aux dernières nouvelles, rien fait de mal. “Je ne vous avais pas reconnue, vraiment.” Il ne put cependant s’empêcher de rajouter, sur un ton sarcastique “Et puis je préfère me taper des top model, pas des ex.” Et un clin d’œil en prime, ce qui risquait de faire bouillir la demoiselle - mais lui s’en donnait à cœur joie, ne comprenant pas vraiment pourquoi elle se montrait si cinglante. “Et si vous comptez remuer la merde, eh bien en fait vous pouvez vous barrer aussi.” Ah, c’était donc ça. De quoi avait-elle peur, exactement ? “J’ai besoin de vous répéter que je ne savais pas qui vous étiez avant de venir vous voir ?” Il préférait appuyer cette information, que ce soit bien clair. Cependant, il préféra calmer le jeu avant que la situation ne s’envenime trop, car son intention n’était aucunement de ruiner la soirée d’une jeune femme qui n’avait rien demandé à personne. En revanche, il aurait préféré qu’elle ne le renvoie pas chez lui tout de suite, car il était en permanence à l’affût de contacts pouvant être intéressants dans ses affaires, et elle pouvait éventuellement en être un - raison de plus de faire durer la conversation. “Je ne voulais pas vous mettre dans cet état, j’en suis désolé. Ou vous aborde souvent à cause de l’affaire ?” Peut-être que ce n’était pas vraiment le moment de lui préciser qu’il était journaliste, non ?
La phrase de Victoire n’envisageant l'importun que sous deux profils - stalker ou agent nazi - n’eut pas l’effet escompté. Elle nota mentalement : *Ne pas utiliser l’ironie ou le sarcasme, ils croient que c’est un trait d’humour et donc une ouverture*. Apprendre à se débarrasser des gens était une compétence que Vic perfectionnait à chaque rencontre. Bien entendu, il se considérait comme ne faisant partie d’aucune de ces catégories, les hommes n’étaient pas des champions de la remise en question. “Bien sûr… Vous êtes différent, vous, c’est ça ?” répondit-elle avec une mine consternée qui ne la quitta pas jusqu’à ce qu’il prononce son nom, son vrai nom.
Victoire lui ordonna de se taire et baissa la voix instantanément. Il disait avoir simplement été surpris de la reconnaître ici. En Australie voulait-il dire. Française ayant eu une carrière à New York, tombée en disgrâce et qui se retrouve à Brisbane, expatriée ou en cavale selon le point de vue. Elle ne comptait pas lui raconter sa vie, s’il avait suivi l’affaire il pouvait certainement deviner ce qu’elle faisait si loin de tout ça. Elle se contenta de lui signifier très clairement que si ses intentions étaient de la séduire, il avait frappé à la mauvaise porte. “Je suis là aussi souvent que vous, je connais la sortie, mais merci pour l’indication.” Mais c’est qu’il fait de l’humour en plus. “Et pourtant vous êtes encore là…”. La rousse sentait qu’il ne comptait pas la lâcher comme ça, elle saisit sa bouteille de whisky et remplit son verre à ras-bord pour le porter aussitôt à ses lèvres et en descendre la moitié d’une traite. Il argue qu’il ne l’avait pas reconnue et Victoire s’en fiche en réalité, il est venu l’aborder pour une raison. Que ce soit pour la draguer ou pour pouvoir se vanter de connaître une “célébrité”, cela ne changeait rien.
“Et puis je préfère me taper des top model, pas des ex.” S’il croyait détendre l’atmosphère avec sa petite boutade et son clin d’oeil, il était mal parti. Pas qu’elle soit vexée d’être comparée à des mannequins plus jeunes, si elle pouvait s’enlaidir encore davantage pour qu’on arrête de l’aborder elle le ferait. Elle s’appuya sur le dossier de la chaise pour considérer l’inconnu face à elle de la tête au pieds avec un dédain évident : “Vous pouvez toujours essayer… Tant que c’est loin d’ici.”. “J’ai juste été surpris de vous reconnaître… ici.” Mais c’est qu’il était en boucle et qu’il insistait le bougre. Elle s’agaça : “Quoi ici ?! Loin de toute cette merde vous voulez dire ?”
D’ailleurs, elle le prévint que s’il venait pour remuer la dite merde, il était invité à s’abstenir. Elle n’avait pas besoin de ça. “J’ai besoin de vous répéter que je ne savais pas qui vous étiez avant de venir vous voir ?”. Elle soupira. Oui, il n’était peut-être pas venu lui parler car elle était Juliette Pottier mais il avait décidé de rester depuis qu’il l’avait reconnue. Peut-être serait-il resté même sans cela, mais elle n’était pas à l’aise avec le fait que quelqu’un sache qui elle était, qu’il sache ce qu’elle avait vécu alors qu’elle ne connaissait pas même son prénom. Ca la ramenait des années en arrière, quand tout le monde à New York la reconnaissait et qu’elle se prenait remarques et conseils toute la journée, quand ce n’était pas des insultes. Il connaissait l’histoire publique, celle qui avait été étalée dans les tabloïds et au journal télévisé, mais dans quel camps se trouvait-il ? Croyait-il comme beaucoup qu’elle avait fait cela pour un coup de pub, pour de l’argent et qu’elle s’était pris un retour de bâton bien mérité ? Elle était restée muette, fixant son verre. Elle aurait pu s’en aller tout simplement mais et s’il prévenait la presse par vexation ? “Je ne voulais pas vous mettre dans cet état, j’en suis désolé. Ou vous aborde souvent à cause de l’affaire ?”
Elle relève les yeux vers lui. Il est désolé soit disant. Est-ce que parler avec lui apporterait plus de bon que de mauvais ? Parler avec Byron avait bien été bénéfique, mais ça n’était pas pareil, Byron ne connaissait toujours pas son vrai nom et lui, il savait ce que c’était d’avoir souffert de maltraitances dans ses jeunes années. Le visage de Victoire était toujours fermé, elle reporta son attention sur son verre et répondit d’une voix monocorde sans regarder son interlocuteur : “A une époque, oui. J’espérais que tout ça était derrière moi à présent…”. Elle engloutit la fin de son whisky et se mit à jouer avec le verre vide, le faisant tourner et tanguer sur la table. Ne quittant toujours pas son verre des yeux, elle souffla : “Presque deux ans que personne ne m’a parlé de ça, qu’aucun journaliste fouille-merde n’est venu me harceler…”. Elle était loin de se douter qu’elle en avait un juste en face d’elle. Victoire croisa à nouveau son regard avec l’air résigné de celle qui va passer un mauvais moment : “Mais puisque vous êtes là, je vous en prie, éclairez-moi de votre indispensable avis sur l’affaire… Vous avez bien un conseil, une remarque à faire, non?”. Encore du sarcasme, après tout elle avait essayé d’être claire et directe déjà.
“Bien sûr… Vous êtes différent, vous, c’est ça ?” Il lui aurait bien précisé en toutes lettres que oui, il était différent, mais il avait l’impression que la jeune femme se servirait juste de ses mots pour lui donner une nouvelle bonne raison de la laisser tranquille. Alors il lui sourit, l’air de confirmer la question dont la réponse était sans appel, avant de réaliser qu’il reconnaissait la jeune femme. Tandis que ses traits se teintaient de curiosité, il vit ceux de la brune s’obscurcir. “Et pourtant vous êtes encore là…” Avait-il besoin de lui préciser qu’en effet, il ne possédait pas de capacités holographiques et qu’il s’agissait toujours bien de lui, devant elle ? A présent que la jeune femme avait été démasquée - car c’était clairement l’impression qu’elle donnait, à rouler des yeux affolés tandis qu’elle lui intimait de ne pas ébruiter son nom - il ne comptait pas la lâcher avant de comprendre ce qui paniquait réellement la rousse. Après tout, il y avait peut-être une information intéressante à flairer. Clyde essaya de détendre l’atmosphère en lui précisant qu’il ne l’avait pas approchée uniquement dans le but de se faire une top-model, mais elle ne sembla pas prendre la plaisanterie comme il l’avait espéré - elle était définitivement dure en affaires, pour une jeune femme qui avait vécu tant d’années sous les projecteurs. Il n’avait pas réellement suivi sa carrière, mais si elle s’était toujours montrée aussi peu polie dans ses contrats, il se demandait bien comment elle avait réussi à percer - dans le mannequinat, les contacts et l’entente interpersonnelle était aussi importante que le physique. “Vous pouvez toujours essayer… Tant que c’est loin d’ici.” Il n’y manquerait pas, qu’elle ne se fasse pas de soucis pour lui. Il attira alors une chaise à lui, préférant rentrer dans le vif du sujet - ce qui pouvait bien faire une française impliquée dans un scandale international dans un bar à l’autre bout du monde, seule qui plus est. “Quoi ici ?! Loin de toute cette merde vous voulez dire ?” “C’était une manière de le voir. J’aurais plutôt dit, ici en Australie, et seule dans ce bar.” Pourtant, il se doutait que perdre un procès de cette envergure justifiait la manière dont elle parlait de cette ‘merde’. Clyde ne s’était jamais suffisamment intéressé à la chose pour savoir si elle était réellement victime dans cette affaires ou avait monté l’accusation de toutes pièces, mais il avait malheureusement connu beaucoup de cas dans lesquels les hommes restaient impunis alors qu’ils étaient bel et bien coupables. Il ne put s’empêcher de lui demander si elle était souvent abordée à ce sujet - ce qui lui paraissait évident, étant donné sa réaction quelque peu démesurée alors qu’il n’avait même pas formulé une seule critique. “A une époque, oui. J’espérais que tout ça était derrière moi à présent…” Il la regarda terminer son whisky, sentant bien qu’elle n’en avait pas fini de ses explications et que d’autres mots amers suivraient.
D’un geste, il appela le barman pour lui demander de resservir la même chose à la jeune femme qui avait clairement l’air d’avoir besoin d’un remontant. “Presque deux ans que personne ne m’a parlé de ça, qu’aucun journaliste fouille-merde n’est venu me harceler…” Mauvaise pioche, ce n’était donc clairement pas le moment de lui préciser ce qu’il faisait dans la vie, même si le plus souvent il se trouvait du côté des personnes comme elles - ou du moins, du côté des victimes, tandis qu’il essayait d’exposer les coupables - qu’il s’agisse de son boulot officiel ou même de ses arnaques sur le côté. Il ne s’en était jamais pris aux personnes honnêtes, mais à ceux qui avaient réellement quelque chose à se reprocher - et qui étaient donc prêts à payer le plus fort pour que tout soit réduit au silence. “Je ne voulais pas vous harceler, je n’ai juste pas pu m’empêcher de vous reconnaître. J’avais suivi l’affaire, de loin.” “Mais puisque vous êtes là, je vous en prie, éclairez-moi de votre indispensable avis sur l’affaire… Vous avez bien un conseil, une remarque à faire, non ?” Elle avait l’air aigrie, presque malheureuse, ce qui poussa Clyde à croire que les conséquences du procès ne lui avaient pas réussi - si cette fille était innocente, il n’osait pas imaginer l’état dans lequel elle avait dû se trouver à la fin de l’affaire. A sa place, il serait allé chercher le coupable de ses mains, et lui aurait fait payer ce que la justice n’avait pas été capable de faire. “Très honnêtement, je ne connais pas assez l’affaire pour me le permettre. Et quelque chose me dit que vous avez reçu suffisamment d’avis au fil des années.” Lui aussi avait reçu son lot de remarques et d’avis mal avisés sur la maladie de sa mère, qui lui étaient toujours restés en travers de la gorge. “C’est comme ça que vous vous êtes retrouvée à l’autre bout du monde ?” Alors que le whisky de la demoiselle arrivait, il en commanda un à son tour, puis fit mine de réfléchir à voix haute. “Si j’avais perdu un procès contre un enflure pareille, j’aurais voulu lui faire payer coûte que coûte.” Si cela pouvait aider la jeune femme à ne pas le voir comme un ennemi et à se refermer de plus en plus à chacune de ses questions, ce serait déjà ça.
Victoire essayait clairement de se débarrasser de l’importun, mais en même temps, elle commençait à s’imaginer l’assommer et l’enfermer dans son coffre de voiture pour qu’il ne révèle à personne sa véritable identité. *Quelle dramaqueen ! Tu seras incapable de l’assommer pour commencer, encore moins de le charger dans la voiture et puis t’en ferais quoi après ? Y a sûrement une autre façon de procéder, non ?*. L’homme face à elle s’étonnait de sa présence ici, elle lui répondit avec un manque total de politesse (mais elle pouvait faire mieux encore). “C’était une manière de le voir. J’aurais plutôt dit, ici en Australie, et seule dans ce bar.”. Ah ça, être seule – dans un bar ou ailleurs – c’était une grosse partie de son quotidien. Elle avait bien quelques connaissances, de très rares amis, mais souvent elle leur épargnais sa présence, surtout quand elle était d’humeur aussi morose. « Vous pensiez davantage me croiser dans une soirée jet set en train de célébrer les super accomplissements de ma vie ? » répliqua-t-elle, amère.
Il s’excusa de l’importuner, mais il restait là, et lui demanda si elle se faisait souvent aborder à ce sujet. Cela la ramena en arrière, des mois, des années auparavant, quand elle ne pouvait pas faire un pas dans les rues de New-York sans qu’on lui rappelle qu’elle était la mannequin violée, ou prétendument violée pour beaucoup. L’homme face à elle disait avoir suivi l’affaire de loin, Victoire ne put s’empêcher de lui demander avec rancœur quel était son avis sur cette histoire. A l’époque, tout le monde avait eu son avis, les juges et les jurés avaient été remplacés par l’opinion publique. Et l’opinion publique n’avait pas été en sa faveur car elle n’avait pas de preuve, car on ne comprenait pas qu’elle ait gardé le secret si longtemps, qu’elle ne se soit pas défendue, qu’elle n’ait pas porté plainte avant… Tout ça paraissait illogique à tous ces hommes qui ne savaient pas ce que c’était d’être agressé sexuellement, d’être manipulé, soumis à une autorité patriarcale et de se persuader soi-même que la situation est normale pour ne pas perdre la raison.
“Très honnêtement, je ne connais pas assez l’affaire pour me le permettre. Et quelque chose me dit que vous avez reçu suffisamment d’avis au fil des années.”. Victoire ne répondit rien, il ne voulait pas se mouiller voilà tout. Les gens étaient courageux quand ils étaient abrités derrière leur article de presse, derrière leur commentaire sur internet, derrière la caméra qui les interviewe mais face à elle, ils étaient beaucoup moins virulents. Ou alors ils criaient leurs insultes et accusations de loin. “C’est comme ça que vous vous êtes retrouvée à l’autre bout du monde ?”. Le serveur du bar vint lui poser un verre de whisky devant elle, elle lui jeta un regard interrogateur n’ayant pas vu l’inconnu face à elle commander. Elle comprit quand l’homme commanda son propre whisky que c’était de lui que venait ce verre. Elle répondit acerbe : « Oui c’est comme ça que je me suis retrouvée ici, toute seule, complètement capable de me saouler par mes propres moyens. ». Pour illustrer ses paroles, elle se pencha et attrapa au sol la bouteille de whisky qu’elle avait commandé en arrivant au bar. Elle la posa sur la table en fixant son regard perçant sur le jeune homme : « Qu’est-ce que vous croyez ? Que si vous me faîtes boire, je vais vous raconter tous les détails sordides de ce qu’il m’a fait ? ». Le ton montait, sa voix tremblait légèrement de colère, d’émotion, elle avait envie de pleurer aussi.
Elle inspira profondément pour essayer de contrôler l’afflux d’émotions qui la submergeait. Elle avala le verre qu’on lui avait servi et le remplit aussi sec à l’aide de sa bouteille à moitié vide. “Si j’avais perdu un procès contre un enflure pareille, j’aurais voulu lui faire payer coûte que coûte.”. C’était probablement sa manière de dire qu’il la croyait, mais ça n’aidait pas vraiment comme remarque, ça arrivait trop tard dans toute cette histoire, maintenant que d’autres avaient parlé, maintenant que Victoire essayait d’oublier tout ça. Bien entendu, la vengeance était la solution selon lui, lui faire payer… Et Vic en avait rêvé aussi, mais ça la bouffait de l’intérieur et l’empêchait d’avancer. Elle répondit avec colère : « Mais vous n’avez pas perdu ce procès. Vous n’avez pas non plus été violé pendant trois ans par ce connard. Et vous n’essayez pas de vous reconstruire sans succès depuis plus de dix ans. ». Les larmes étaient là désormais, elle essuya les premières d’un geste rageur et engloutit le nouveau verre de whisky qu’elle s’était servi. Elle devrait partir mais quelque chose la retient, elle plonge ses yeux dans le regard de l’homme, comme si elle pouvait faire confiance à cet inconnu, comme si elle savait faire confiance à un homme : « Je suis ici incognito, j’essaye de repartir de zéro. Je ne veux plus rien savoir de lui. Alors je ne sais pas ce que vous foutez ici, ni pourquoi vous êtes encore là, mais… Vous devez me promettre de ne rien dire à personne, de ne pas prévenir la presse... ». Elle savait qu’en disant ces mots, elle tendait le bâton pour se faire battre. Elle n’avait plus rien, tout l’argent qu’elle avait gagné à l’époque avait été dilapidé dans le procès, mais elle était prête à tout pour garder son anonymat. Elle se pencha sur la table et lui dit : « Qu’est-ce que vous voulez ? C’est de l’argent que vous voulez pour vous taire ? Combien ? Je n’ai pas grand-chose mais… Je vous en supplie, dîtes moi ce que vous voulez ? ». Elle n’avait aucune idée qu’elle était en train de négocier avec un journaliste arnaqueur, elle était mal barrée pour sortir gagnante d’un quelconque accord entre eux deux.
Toutes les tentatives d’approche semblaient être vaines face à la rousse qui ne se départissait pas de son air agacé et apeuré, quand bien même Clyde tentait de se montrer le moins menaçant possible. Quelques minutes auparavant, il n’avait en aucun cas prévu d’aborder la jeune femme, et c’était uniquement la surprise de l’avoir reconnue qui le poussait à rester auprès d’elle et à la taquiner - ce qui avait clairement mieux parché par le passé avec d’autres femmes plus réceptives. “Vous pensiez davantage me croiser dans une soirée jet set en train de célébrer les super accomplissements de ma vie ?” La rousse avait l’air aigrie, et chaque mot qui sortait de sa bouche ne faisaient qu’accentuer l’amertume qui pouvait se ressentir dans ses mots. Clyde se contenta donc de s’éloigner quelques centimètres pour faire mine de rendre les armes, puisqu’il commençait enfin à comprendre que la jeune femme ne piperait sans doute pas grand chose de plus face à lui. “Pas davantage, non” lâcha-t-il d’un ton neutre visant à faire comprendre à la rousse qu’il ne voulait pas supposer de ses réactions de son style de vie, tout de même. Le brun ne la connaissait pas suffisamment pour s’attendre à la croiser n’importe où, mais il devait avouer que la reconnaître, seule et habillée de manière passe-partout dans un bar australien l’avait pris de court, raison pour laquelle il n’avait pu s’empêcher de l’apostropher.
Il se garda bien de préciser à la jeune femme qu’il était journaliste lorsque cette dernière l’attaqua à nouveau pour lui demander sarcastiquement son avis concernant l’affaire à laquelle était avait été liée. Bien au contraire, il prit sur lui pour se calmer sur les approches et les blagues douteuses et préféra faire comprendre à la jeune femme que la seule raison qui l’avait poussé à l’approcher était la surprise. De la France à New York, il y avait un peu, mais de la France à l’Australie, c’était littéralement l’autre bout du monde. “Oui c’est comme ça que je me suis retrouvée ici, toute seule, complètement capable de me saouler par mes propres moyens.” Clyde écarquilla les yeux en la voyant regarder d’un air mauvais le whisky qu’il venait de commander pour elle, tandis qu’elle se baissait pour récupérer une bouteille encore quasi pleine à ses pieds. Une bouteille de whisky à elle seule ? Clairement, elle n’était pas juste ici pour siroter un verre et se détendre. Il se contenta donc d’arquer les sourcils tandis qu’elle déposait la bouteille d’un geste franc sur la table, avant de le fixer dans les yeux. “Qu’est-ce que vous croyez ? Que si vous me faîtes boire, je vais vous raconter tous les détails sordides de ce qu’il m’a fait ?” “Pas du tout, vraiment.” Le ton de la jeune femme se faisait de plus en plus acerbe, mais également de plus en plus hâché au fur et à mesure que les émotions semblaient resurgir derrière ces paroles.
Cela commençait à aller bien trop loin, alors que Clyde n’avait pas approché la jeune femme pour l’importuner - du moins, pas au point de la rendre hystérique, ce qui semblait lui pendre au nez d’une seconde à l’autre. Il tenta de calmer encore davantage le jeu en se mettant de son côté, quand bien même il ne pouvait affirmer si elle était victime ou coupable - mais si elle était coupable, elle jouait clairement très bien le jeu de la jeune femme traumatisée par cette affaire. “Mais vous n’avez pas perdu ce procès. Vous n’avez pas non plus été violé pendant trois ans par ce connard. Et vous n’essayez pas de vous reconstruire sans succès depuis plus de dix ans.” Clyde leva les mains en signe d’apaisement tandis qu’il voyait les larmes commencer à rouler sur les joues de la rousse. “C’est vrai, je suis navré.” La culpabilité finit l’atteindre, tandis qu’il réalisait que cela était de sa faute - et s’il n’avait aucun mal à dépouiller certaines personne sans ressentir la moindre émotion, ce n’était pas dans ses habitudes de mettre à mal ceux qui n’avaient rien mérité. Ou pire, qui avaient déjà bien trop souffert pour être constamment ramenés à leurs blessures passées. Il s’attendait presque à ce que la rousse lui jette son verre au visage avant de tourner les talons, mais contre toute attente, elle continuait à le fixer, le visage désormais baigné de larmes tandis que sa voix se faisait plus suppliante. “Je suis ici incognito, j’essaye de repartir de zéro. Je ne veux plus rien savoir de lui. Alors je ne sais pas ce que vous foutez ici, ni pourquoi vous êtes encore là, mais… Vous devez me promettre de ne rien dire à personne, de ne pas prévenir la presse...” Clyde allait rendre les armes définitivement, lui promettre de ne rien dire, mais la jeune femme reprit en se penchant cette fois vers lui. “Qu’est-ce que vous voulez ? C’est de l’argent que vous voulez pour vous taire ? Combien ? Je n’ai pas grand-chose mais… Je vous en supplie, dîtes moi ce que vous voulez ?” Ce fut au tour du brun de s’écarter, à l’inverse de ce qu’il faisait pourtant habituellement. Mais la rousse n’avait pas le profil de ses victimes habituelles, et il n’avait aucun intérêt à soutirer une somme d’argent - par ailleurs inconnue - à quelqu’un qui ne le méritait pas, selon ses critères à lui. De plus, il ne fonctionnait jamais ainsi dans ses arnaques - jamais de manière frontale et personnelle, ce qui était bien trop risqué et l’aurait envoyé par la case prison depuis bien longtemps s’il s’était fait attraper. Il se contenta alors de se lever de sa chaise en signe de reddition, tandis qu’il essayait de se montrer le plus calme et compatissant possible. “Je ne veux rien, je suis vraiment désolé de vous avoir mis dans un état pareil.” Inutile de préciser dans quel état, cela paraissait suffisamment pour clair pour tout le monde. “Je n’ai pas pu m’empêcher de m’approcher en vous reconnaissant, mais je vous laisse tranquille, ne vous inquiétez pas. Je ne dirai rien du tout.” L’information était pourtant croustillante - mais Clyde ne travaillait pas pour les tabloïds, et cela n’avait jamais été dans ses objectifs. Il finit par tendre un billet au barman pour régler les deux verres qu’il avait commandé, puis se tourna une dernière fois vers la jeune femme. “Laissez-moi me faire pardonner en vous appelant un taxi ? Je m’en voudrais de partir en vous laissant comme ça.” Après tout, il l’avait faite pleurer, et cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus vu de larmes rouler sur les joues d’une femme. A bien y réfléchir, la vision lui déplaisait plus qu’il ne l’aurait cru.
Je suis vraiment DÉSOLÉE pour ce retard de l'espace Je pense avoir conclu de mon côté parce que je pouvais difficilement continuer à pousser alors que Clyde ne recherche rien, n'hésite pas à me dire si tu veux reposter ou non derrière
Victoire n’était pas facile à approcher, elle ne laissait aucun inconnu pénétrer son espace vital sans faire un scandale. L’homme face à elle avait beau essayer de tout faire pour la calmer et d’avoir une conversation cordiale, ses efforts resteraient vains. D’autant plus qu’il l’a appelée par son ancienne identité et a activé ainsi toutes ses défenses au maximum et sa paranoïa. Il avait pourtant reculé en guise de bonne foi et il ne faisait plus que s’excuser et nier en bloc les accusations surréalistes de Victoire. Elle en vint à le supplier de ne parler d’elle à personne et lui proposa même de l’argent contre son silence. Son anonymat c’était tout ce qui lui restait à Victoire. Mais il se leva de la chaise, rendant les armes. “Je ne veux rien, je suis vraiment désolé de vous avoir mis dans un état pareil.” Elle ne put s’empêcher de le regarder avec un air méfiant, elle venait de lui proposer de l’argent pour se taire et il n’allait pas essayer d’en profiter ? Sa paranoïa lui criait que c’était louche.“Je n’ai pas pu m’empêcher de m’approcher en vous reconnaissant, mais je vous laisse tranquille, ne vous inquiétez pas. Je ne dirai rien du tout.” Elle maintenait son regard plein de larmes mais inquisiteur sur lui, elle avait envie de le croire, elle voulait le croire plus que tout. Et elle n’avait pas d’autre choix de toutes façons, elle n’allait pas le suivre pour le zigouiller dans une ruelle afin qu’il garde ses secrets pour lui.
“Laissez-moi me faire pardonner en vous appelant un taxi ? Je m’en voudrais de partir en vous laissant comme ça.” Le regard de Victoire se teinta d’agacement, elle regarda sa bouteille qui était loin d’être finie et brandit son téléphone portable à l’attention de l’homme : « Je suis encore capable d’appeler un taxi . » Ce qu’elle ne fera pas, elle rentrera au volant de sa voiture en faisant attention à passer par les rues où la police ne fait jamais de contrôle, elle est passée reine dans l’art d’esquiver les alcootests. Elle sentait bien pourtant que l’homme face à elle était plein de bonnes volontés, mais ce n’était ni le moment ni l’endroit où elle y serait sensible. Quand il a évoqué l’idée de lui commander un taxi, elle s’est seulement imaginé qu’il pourrait réussir à obtenir son adresse de cette manière. Comme d’habitude, elle refusait toute main tendue, surtout s’il s’agissait de celle d’un homme et elle se renfermait encore plus sur elle-même. Un jour peut-être qu’elle finirait par s’absorber elle-même en implosant et disparaître de la surface de la terre. Ca serait tellement reposant de ne plus être.
Spoiler:
Aucun souci, désolée pour ce RP qui ne mène à rien… Je vais essayer de faire évoluer Victoire rapidement parce que son caractère actuel rend les interactions impossibles et elle commence à m’agacer