J’adore cet endroit, vraiment. En fait, même en voyageant seul j’aime me faire des petits tripes de ce genre. Préparer donc le van, la table et le repas pour Ivy me fait sincèrement plaisir. D’autant plus que je suis sûr que tout ce que je prépare là va lui plaire. Je lui promet aussi de ne plus jamais l’abandonner au bord de la route -ça arrive une fois mais pas deux, ça c’est clair et net- avant de tout de même lui faire comprendre que je l’ai prévenu et qu’elle est quand même venue, malgré tout ce que cela implique. Et je vois que ça ne lui plait pas d’avouer que j’ai raison, mais c’est le cas et c’est tant mieux. Elle sait parfaitement comment je suis, elle sait comment je peux réagir et que nous avons tous les deux des caractères très similaires qui font des étincelles et parfois même des feux.

Toutefois, je décide de ne rien ajouter, ne voulant pas envenimer la situation plus qu’elle ne l’est déjà mais roule des yeux lorsqu’elle critique ma façon de manger “t’es toujours dans l’exagaration ...” soupirais-je “Je ne mange pas de légumes en boîte et je ne t’en ai jamais préparer. Et je préfères manger des graines que des chips” j’hausse les épaules avant de poser le verre de vin et retourner dans le van, revenant quelques instants plus tard avec une salade sur laquelle j’ai mit des boules de melons, des tomates et des noix de cajou, le tout saupoudré d’une vinaigrette à l’orange. “T’inquiète pas, ce n’est que l’entrée” la rassurais-je en souriant doucement “le reste viendra après” car j’ai prévu d’autres surprises encore.

La nuit commence tout juste à tomber et le ciel n’est pas encore sombre. Je râle encore, c’est ma marque de fabrique. Et là, ce soir, il me supporte sans trop rien dire. Je l’ai dit, il a des choses à se faire pardonner Martin. Et je vois qu’il a l’air vraiment motivé, et sincère. Alors je me détends un peu, je n’ai même pas encore récupérer mon téléphone dans le van. Il a toute mon attention et il devrait en être ravi. J’écoute ses excuses, je n’ai pas dit qu’elles étaient totalement acceptée mais je sens qu’il pense ce qu’il dit. Je le regarde dans les yeux, je ne baisse jamais le regard. “Pas mon genre.” Bien sûr que si, je cherchais à le faire rire et ça fonctionne. Je souris aussi en trempant mes lèvres dans mon verre. “Heureusement que t’as bien choisi le vin.” Et je hoche la tête avant de me rapprocher en posant mes coudes sur la table. “oh non dénigres pas les chips c’est interdit.” Parce que je pourrais en manger des tonnes.

Il retourne dans le van et ramène une salade, j’ai l’impression qu’il s’est vraiment donné de la peine pour préparer tout ça. “Mais c’est que tu enchaîne les surprises.” J’ai une moue étonnée, c’est bizarre. Pourquoi il se donne autant de mal ? Mais je ne pose pas de question pour le moment, je ne fais que profiter de ce qu’il ramène pour que je me nourrisse enfin. Je me serre et remplit son assiette à lui aussi avant de commencer à manger. Et je regarde autour de moi après avoir manger la fameuse entrée. “Pourquoi tu fais tout ça ?” Finalement elle est posée la question. Je me méfie toujours de ce genre d’attention, et je n’arrive toujours pas à le cerner ni à savoir ce qu’il pense vraiment. Il faut dire que c’est aussi intéressant que frustrant.

“Je m’y connais en vin, tu sais” être à moitié français et avoir vécu une bonne partie de ma vie entre l’allemagne et la France ça me donne assez de connaissances autant en terme de vin que de bières. je sais reconnaître les bons vins et les mauvaise bières, ce qui peut servir facilement en soirée. “Bon tu le diras pas à Loan hein” dis-je en baissant d’un ton “Normalement j’ai pas le droit à l’alcool et même si un verre ne va pas me tuer, Loan risque de le faire à sa place” je laisse échapper un rire amusé, avant de lever les yeux au ciel lorsqu’Ivy critique ma cuisine mais que moi je n’ai pas d’en faire de même avec les chips “Ah ben dénigre pas mes graines alors parce que ça aussi c’est interdit” je viens de le statuer et j’y tiens, c’est une nouvelle règle.

Je retourne ensuite dans le van et reviens avec deux assiette de salade, précisant toutefois que ce n’est que l’entrée et que le reste arrive plus tard. “parce que j’ai pas envie que tu râle encore sur la Ô si mauvaise cuisine” répondais-je en l’imitant lorsqu’elle me demande pourquoi je fais ça. “Et parce que j’ai envie de te faire comprendre que le régime végétal ne se limite pas seulement aux fruits, légumes et graines mais que tu peux faire plein de chose avec pleins de saveurs différentes” expliquais-je “Et parce que j’ai vraiment envie de salade, de melon et de lasagne” et voilà à trop vouloir parler et à trop être fier de ce que j'ai préparé, j’ai révélé la seconde surprise du soir.

“Je saurai garder tes secrets même si je vais me faire un plaisir de boire tout le reste de la bouteille de vin pour être sûre que tu fais pas trop de bêtises.” Je hoche la tête en buvant une longue gorgée de vin pour appuyer mes propos. “T’as encore beaucoup de bouteilles cachées dans le van ?” Je ne le connais pas encore bien tout cet endroit, mais je sais qu’il gère, alors je le laisse faire. Il lève les yeux au ciel quand je critique sa cuisine, exactement comme je le fais quand il critique les chips. On est vraiment pareil pour certaines choses, ça fait presque peur. Je grogne mais je ne dis rien sur ses graines. Je continue de me demander pourquoi il mange des trucs pareils mais je ne veux pas qu’on parle de ça toute la soirée.

Je lui demande pourquoi il fait ça, et il ne répond que par rapport à la nourriture alors je lève les yeux au ciel une nouvelle fois. “Je peux toujours râler pour autre chose.” Mais ce soir il ne me donne pas grand chose sur quoi râler. Tout est bien, et, comme prévu, je place le plaid sur mes épaules parce que je commence à avoir froid. Il pourrait me parler des heures de tout ce qu’il mange et de pourquoi il le fait. “Et la table, la guirlande et tout ça c’est aussi pour me montrer à quel point t’aime les légumes ?” Je pouffe de rire, ça m’amuse qu’il ait pris autant de temps pour organiser quelque chose qui me plait. Ca me ferait presque oublier toute cette journée pourrie. “Des lasagnes ?” Je fronce les sourcils. Il sait apparemment que j’apprécie la cuisine italienne, il a vraiment tout fait pour que je reste de bonne humeur ce soir. “Tu vas manger quoi toi ?” Parce que s’il me vend de vraies lasagnes il ne pourra pas en manger une bouché. Le soleil commence doucement à se coucher, et on est éclairé seulement par la lumière de la guirlande. Et, ce soir, je me sens plutôt bien ici.

“Ah non, j’ai que celle-là” dis-je en désignant ladite bouteille “Et t’as pas intérêt à la boire toute seule, j’suis pas très bon à tenir les cheveux des autres” dis-je en haussant les épaules, amusé “et j’ai envie de profiter un peu de cette bouteille. enfin de toute manière faudra la vider et nous en débarrasser avant que je ne retrouve Loan” reprenais-je, amusé avant de disparaître dans le van pour revenir avec deux assiettes de salade.

Je précise que je ne fais ça que pour pas lui donner d’occasion de râler à nouveau et roule théâtralement des yeux lorsqu’elle me menace de pouvoir trouver une autre raison pour râler “Evite ce soir seulement, s’il te plait” et je suis presque sérieux. Je n’ai pas très envie de me prendre la tête maintenant alors que j’ai mis tant de coeur dans la confection de ce dîner. je ne veux pas que nous le gâchons avec nos ressentiments divers. “La table c’est pour par que tu sois obligé de manger par terre et que tu en foute partout et la guirlande c’est pour nous éclairer mais aussi ...enfin tu connais ma passion pour les guirlandes hein” il n’y a que ça dans le van, c’est la seule source de lumière à l’intérieur

“Et je vais manger la même chose que toi” dis-je naturellement en haussant les épaules. Voilà, c’est dit: ce seront des lasagnes vegan qui seront au repas. Et d’ailleurs, en parlant de ce plat, je me lève pour ramener le plat fumant et le posant sur la table. “Tu vas voir que ces lasagnes seront les meilleurs lasagnes que t’ai jamais mangé” assurais-je en déposant une part sur son assiette “Et je ne veux pas entendre un commentaire sur le fait que ça manque de viande parce que j’ai pas envie de me prendre la tête ce soir” et si elle me lance dans un débat sur le pourquoi du comment il faut absolument de la viande à notre régime, je sais que je vais perdre patience et m’énerver. “Tu pourras manger autant de steak, de frites et de chips quand tu seras de retour chez toi, mais pour l’instant laisse moi t’emmener dans mon monde végétal qui, je l’espère, est loin d’être désagréable” je prend une bouché et souris doucement “Franchement, si après cette lasagne tu doutes encore de la qualité qu’on peut servir en mode vegan, je ne te comprendrais pas”