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Message(#)left side | willer #10 EmptyVen 17 Juil 2020 - 3:15

« Si celui-ci n'est pas parfait, on passe le type par la fenêtre. »

C'est le second de la journée. La seconde porte d'entrée, la seconde maison, les énièmes gesticulations de l'agent qui présente les lieux comme la perle rare. Saül promène ses yeux çà et là, se glisse partout où l'intrus n'est pas. Sa voix nasillarde, son regard endormi et sa démarche énergique fatiguent l'italien, qui cherche le moment opportun pour envoyer bouler le type - non sans le concours de Ariane.

L'entrée est étroite. Saül n'a demandé à visiter que des habitations bien exposées - tranquillité de mise, grandes pièces et de quoi aménager un bureau. Certaines habitudes ont la vie encore très dure. « Le salon. Vous pouvez casser ici, agrandir sur la salle à manger, ce n'est pas un mur porteur. » Des travaux. Le type n'a que ces mots là à la bouche. Saül, qui n'a plus posé les mains sur quoi que ce soit qui se rapporte au champ lexical des travaux depuis au moins vingt ans, contemple l'étendu de la tâche avec une mine contrite. « Je croyais avoir spécifié "sans travaux à réaliser". » Le type consulte son dossier, son téléphone sonne - oh, quelle chance il a - et le voilà qui s'éclipse dans une pièce adjacente. Les mains croisées sur les reins, Saül déambule dans la pièce. Elle est toute éclairée par un puits de lumière percé dans le plafond, qui donne à la pièce une allure un peu étrange. Très calme. « Ce n'est pas très grand. » Mais c'est probablement ce qu'ils veulent, pour se sentir chez-eux sans vraiment y être - à moins que ? - pour ne pas y prendre trop de mauvaises habitudes. Saül sait qu'il est encore attendu - non, pas vraiment - auprès de Elise, quand bien même son dos supporte-t-il de moins en moins le canapé de son bureau où il a élu domicile.

Les yeux de l'italien trouvent ceux de Ariane, quand il se glisse jusqu'à la cuisine adjacente. C'est peut-être l'endroit dont il attend le plus, peut-être le point sur lequel il a le plus insisté - parmi tous les autres, à en donner des cheveux blancs à l'agent qui supporte le couple depuis quelques heures - outre cette histoire de bureau séparé du reste. Lui tente encore de se convaincre qu'ici aussi, il saura travailler, mettre le reste de côté, ne pas se laisser distraire par tout ce qui, ici, lui montre déjà que quelque chose a changé. Les priorités sont différentes.

« Tu pourras même écrire ici. Je te laisserai un morceau de l'îlot. » Ariane n'aura qu'à écrire au milieu des bols, des biscuits, des essais fructueux mais ne goûte pas quand même, j'ai forcé sur le citron et autres tiramisus. Lui s'y voit déjà un peu, n'en dira jamais rien et se contentera de hausser un sourcil en constatant qu'ils n'auraient qu'à aménager un peu l'endroit pour le faire leur. « Ça ne vaut pas Paris, pas vrai. »
Paris, sa cuisine minuscule.
Paris, sa lumière posée sur le plan de travail.
Paris, son tiramisu parfait malgré le manque d'espace, j'étouffe dans cette cuisine, moi j'ai besoin d'espace pour penser.

Quand Saül se rapproche, ce n'est que pour vérifier l'heure, les doigts accrochés au poignet de Ariane. « Tu as trente minutes pour te décider. C'est la marge de retard que je prends sur la réunion à laquelle je dois déjà être depuis un quart d'heure. » Qu'elle prenne les responsabilités, elle. C'est son jour de récolter ce qu'ils sèment.


Dernière édition par Saül Williams le Ven 17 Juil 2020 - 3:56, édité 1 fois
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Message(#)left side | willer #10 EmptyVen 17 Juil 2020 - 3:17

« Si celui-ci n'est pas parfait, on passe le type par la fenêtre. »
« J’t’avertis je l’égorge avant et c’est pas moi qui nettoie la terrasse. »

C’est ce que ça fait de se lever du mauvais pied. C’est ce que ça fait quand l’autre connard qui sourit de toutes ses dents - rien que pour encore mieux terrifier l’agent d’immeuble - prend tout le café sans rien me laisser, pauvre connard.  Et ouais je l’ai déjà dit et ouais je me répète et ouais j’en ai rien à chier, il avait qu’à me laisser la dernière tasse Saül, s’il voulait pas finir empalé.

« Le salon. Vous pouvez casser ici, agrandir sur la salle à manger, ce n'est pas un mur porteur. »
« Je croyais avoir spécifié "sans travaux à réaliser". »
« Râle pas il est dans ton équipe, c’est le seul qui peut vous comprendre toi et tes problèmes de surdité avec l’âge. » ma voix monte à son oreille et ma pointe des pieds est particulièrement maîtrisée, quand si je suis pas créative au niveau des insultes pour sa personne je le reste encore et toujours au niveau de son statut de senior. Ses pattes d’oie le font autant chier que j’aime les admirer ; et la journée où il le réalisera son égo va finir par l’étouffer. Vaut mieux que ma paume tapote sur son bras, affligée, et que mon air flirte avec le level dix de condescendance. Tout va bien depuis qu’on est mariés.

« Ce n'est pas très grand. »
« Y’a pas assez de lumière. »

Tout va bien sauf pour le bâtard d’agent qui écoute rien et qui peut foutrement pas mettre la faute sur le fait qu’il a fait ses classes avec Da Vinci. « Tu pourras même écrire ici. Je te laisserai un morceau de l'îlot. » pour quelqu’un qui rageait autant que moi, je le trouve particulièrement adouci, c’en est presque décevant. Presque, avant que mes prunelles quittent son profil parfait d’italien de merde qui le sait tout aussi parfaitement pour dériver sur la pièce qu’on attendait tous les deux sans même s’être officiellement concertés. « Impossible que j’écrive ici tu vas foutre de la farine partout sur mon clavier. »  l’ilôt duquel je prends possession, m’y hissant un instant pour allonger ensuite mes jambes vers lui, le prendre au piège de la plus fourbe des façons. Il pourrait se libérer quinze fois et quinze autres, qu’il fasse pas son larmoyant en disant que je froisse ses vêtements. « Ça ne vaut pas Paris, pas vrai. » « Rien le vaudra jamais. Apprends à lâcher prise mon gars. » alors que moi, je lâche absolument rien. Mes jambes se resserrent encore un peu plus autour de sa taille pour le forcer à avancer, anticipant un énième râle de merdeux auquel je mets fin avant même qu’il ose en volant ses lèvres des miennes. « Ou achète enfin ton jet privé pour qu’on y retourne. J’ai rien de prévu demain. » que je nargue, que j’insiste, que je pouffe de rire aussi, mes paumes sur son torse le repoussant la seconde d’après.

« Tu as trente minutes pour te décider. C'est la marge de retard que je prends sur la réunion à laquelle je dois déjà être depuis un quart d'heure. » la montre à mon poignet remonte vers ses yeux, les miens filent vers les placards que j’arracherais pour mettre que des tablettes, les comptoirs que je changerais pour que ça en devienne du bois traité, un massif bloc de boucher. « Tu sais très bien que tu y retourneras pas, à ta réunion. » même pas que mes iris trouvent les siens pour appuyer mes paroles tant il est au courant autant que moi.

« Je mettrais des plantes ici. » que j’avance, mes pas avec, quand on change de pièce pour aboutir dans ce qui pourrait facilement devenir un solarium - « Et là. » - si les anciens propriétaires étaient pas des ratés finis avec aucun goût. « Son “mur pas porteur” si on doit le défoncer c’est moi qui a la massue. » là, mon sourire il est radieux, là, la négociation me plaît plus que tout le reste.
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Message(#)left side | willer #10 EmptyVen 17 Juil 2020 - 4:02

« Râle pas il est dans ton équipe, c’est le seul qui peut vous comprendre toi et tes problèmes de surdité avec l’âge. »
« Ne crois pas que tout ça te donne le droit de me dire quoi faire. »

Tout ça, la nouveauté. Tout ça, le mariage. Tout ça, l’endroit qu’ils s’apprêtent à acheter. Peut-être. Saül ne cessera pas de se plaindre en silence, juste en haussant les sourcils et en faisant la moue. Il y a au moins du progrès et Ariane ne pourra peut-être plus dire qu’il ne cesse pas de redoubler d’efforts - quand bien même Saül sait-il qu’elle ne se taira pas. C’est encore un regard faussement mauvais qu’il lui accorde quand elle se rapproche, en même temps qu’il lutte contre un autre sourire, l’énième de la journée.

« Y’a pas assez de lumière. » Au moins, Ariane et Saül sont raccord sur les critiques. Lui en trouverait bien d’autres à faire. La peinture de la pièce serait, par exemple, à rafraîchir un peu et “pas de travaux” est un point sur lequel l’italien est certain d’avoir bien appuyé. Peut-être pas assez, alors. La cuisine est au moins un peu plus à la hauteur de ses attentes. Paisible. Il y règne une atmosphère très calme, loin de la froide sensation qui émane de la cuisine du “chez-lui” qu’il partage avec Elise. “Chez-lui”, c’est plutôt le périmètre qui s’étend après la porte, à l’intérieur de son bureau, une pièce où il a élu domicile (presque) de façon permanente depuis quelques temps maintenant. « Impossible que j’écrive ici tu vas foutre de la farine partout sur mon clavier. » « Tu as mis du sable dans ma voiture, j’estime avoir le droit de mettre de la farine sur ton clavier. » Oeil pour oeil dent pour dent, toujours. Il ne fait même pas semblant de lutter, Saül, quand Ariane l’attire là où il aurait de toute façon fini par élire domicile. Le regard du quarantenaire achève sa course dans les yeux de celle qui lui fait face, celle qui trône au centre de la pièce et autour de laquelle il accroche ses mains. La surface est froide, sous ses doigts dépourvus d’alliance.

Rien ne vaudra jamais Paris de toute façon, jamais. Saül en garde encore la carte postale de la place Vendôme, dans l’étagère de son bureau. « Rien le vaudra jamais. Apprends à lâcher prise mon gars. » Le baiser qui suit le réduit au silence pour quelques secondes encore. C’est à lui de mordre, d’attraper au passage la chair de l’auteure, comme une protestation silencieuse. « Ou achète enfin ton jet privé pour qu’on y retourne. J’ai rien de prévu demain. » « J’ai un travail, moi, tu sais. » Rien que ne l’a jamais empêché de filer ailleurs - surtout pas ces derniers temps - sans chercher l’approbation de personne. Quand elle le repousse, pourtant, Saül ne peut contenir le sourire qui s’étale sur son visage. Ils partiront. Quand même ici, tout deviendra étouffant, ils partiront. « Tu sais très bien que tu y retourneras pas, à ta réunion. » Un baiser pour lui répondre, seulement, avant de lâcher la montre et de la suivre dans la pièce suivante. La réunion attendra. C’était le plan dès le départ, de toute façon.

La pièce suivante est splendide. L’agent est aux abonnés absents, quand Saül et Ariane passent de “peut-être” aux projections de la trentenaire. « Je mettrais des plantes ici. » « Pas des trucs qui font des fleurs. » Si certains sont allergiques aux chats, ce sont surtout les fleurs - toutes les fleurs - qui font éternuer l’italien. « Et là. » « Je veux de la place pour mettre une grande bibliothèque. » Et elle pourra mettre ses plantes entre les livres que Saül ne lit jamais et les siens à elle. Il se fera un plaisir de les ranger dans l’ordre alphabétique, contre l’avis de la jeune femme. « Son “mur pas porteur” si on doit le défoncer c’est moi qui a la massue. » Sur le mur en question, Saül y glisse une main. « On fait un coup chacun. Et tu feras le ménage après. », qu’il lance en souriant. « Et je choisirai la couleur qu’on mettra pour remplacer l’ancienne peinture. » Ca en revanche, c’est une mauvaise idée, à moins qu’Ariane aime beaucoup le bleu roi.

Quand il a fait le tour de la pièce, les mains dans les poches, c’est sous la verrière que Saül retrouve Ariane. Bientôt, les doigts de l’italien grimpent contre la peau de la jeune femme, grignotent l’espace qui, à la base de sa nuque, n’est pas couvert par un quelconque morceau de tissu. « C’est petit, ça manque de lumière et tu vas mettre des plantes partout. La cuisine est à moi, le solarium est à toi. » Saül marque une pause. « On l’achète, alors. A quel nom est-ce qu’on le met ? » Ca c’est encore un point dont ils n’ont pas vraiment discuté. Ca n’a jamais vraiment été le moment. Lui a déjà une idée sur la question. « Il n’y manquera qu’un chat, pour détruire tes plantes de malheur. » Il leur manque aussi des pièces à visiter, mais c’est encore un détail qui n’est plus vraiment très important, de toute façon. L’endroit goûte déjà l’ailleurs.
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Message(#)left side | willer #10 EmptyVen 17 Juil 2020 - 4:04

« Tu as mis du sable dans ma voiture, j’estime avoir le droit de mettre de la farine sur ton clavier. » oh oui, vrai, le roadtrip. Quand il s’est plaint pendant mille ans qu’il en avait eu des courbatures et des torticolis et blablabla Ariane mes sièges chauffants sont que pour moi. « Oublie le jet ta voiture est mieux. » parce qu’il était cool, ce voyage-là. Parce qu’il rimait avec les jours de plus aussi, pour la première fois.

Les jours de plus qui font chier quand on doit les partager avec un martyr qui se lève aux aurores à tous les matins rien que pour suivre ses actions et qui n’est pas tolérable à la seconde où elles descendent de 0.0001%. C’est abusé ; comme à quel point sa mâchoire est fun à embrasser. Je les hais lui et sa plastique parfaite, qu’on soit clairs.  « J’ai un travail, moi, tu sais. » « Fuck you. » mon sourire est immense, mon sourire est rageur, mon sourire est amoureux, mon sourire est menaçant.

Et apparemment y’a pas que mon sourire qui l’est, quand le trouillard d’agent ose pas revenir dans notre sillage trop occupé à vivre au beau milieu de la plèbe quand reine et roi se chargent de découvrir les lieux. Mon nez se fronce rien que pour faire chier, mes soupirs sont deux fois plus forts rien que pour le terrifier où qu’il soit. Depuis une longue poignée de minutes, mes doigts ont retrouvé une place de plus en plus naturelle entre ceux de Saül, ils pincent et ils grattent, ils flattent aussi les fourbes, ils trahissent tout tous seuls sans que je capte.

« Pas des trucs qui font des fleurs. »
« Que des cactus. »
« Je veux de la place pour mettre une grande bibliothèque. »
« Et des fougères. Tu refuses les fougères t’as le même sort que lui. » que je menace, quand du menton je pointe la silhouette de l’agent d’immeuble qui fait genre je parle au téléphone regardez j’ai mon oreillette bien enfouie bien voyante je fais partie des gens occupés ; type sérieux à qui je sais même pas pourquoi j’ai envie de faire des sérieuses blessures aussi. Ça doit être le manque de caféine qui me rend aussi imbuvable - ou alors juste mon ADN. « Un seul fauteuil, un immense, en coin. J’écris mieux dans des trucs qui sont pas faits pour ça. » mon menton arrête de pointer l’autre loser pour pointer exactement l’angle où le fauteuil une place qui en vaut pour trois se tiendra. La pépite de secret que personne sait qui vole et mes ongles dans sa chair qui tentent de le distraire au passage.

De le distraire le temps qu’il accepte de me laisser la massue. Je la veux, la massue. « On fait un coup chacun. Et tu feras le ménage après. » hum, nope. « Et le ménage se porte jusqu’à classer tes stylos, right? » « Et je choisirai la couleur qu’on mettra pour remplacer l’ancienne peinture. » sa négociation va de pire en pire, mes lèvres se joignent au tableau, prennent pour acquises les siennes entre un rire mauvais et un autre. « Tu choisis la couleur et moi j’en choisis une meilleure. » cinquante cinquante qu’on avait dit. Et jusqu’à maintenant on le tient, le pari.

« C’est petit, ça manque de lumière et tu vas mettre des plantes partout. La cuisine est à moi, le solarium est à toi. » ma tête hoche doucement de la positive, mon nouveau jeu étant d’arquer la nuque d’un sens et de l’autre le temps de garder ses doigts investis en otage. « On l’achète, alors. A quel nom est-ce qu’on le met ? » « Celui de ton frère, et on paie pas la première année d’hypothèque. » prends ça, Auden. Mes prunelles elles, prennent celles de Saül en gage un temps. On a le même nom désormais, apparemment. Si on le signe comme on l’a fait pour les papiers de là-bas, je suis assez conne et assez éprise pour le suivre aussi par-là. « Il n’y manquera qu’un chat, pour détruire tes plantes de malheur. » et tes chaussures cirées de connard. Et tes pochettes en cuir de vantard. « Si on s’entend pas sur la peinture, tu penses que pour un être vivant ça va mieux se passer? » mon rire augure rien de bon, autre que je réfléchis, et que déjà il peut se targuer d’être parmi ceux qui m’en donnent le goût. De considérer des choses, de mettre des données et des variables sur un quelconque avenir. Ils sont peu, eux, des exceptions rares. Rare. « Je veux un Bengal. Eux au moins ils sont pas amorphes. » les autres sont des grosses boules de poils qui foutent jamais rien tant ils sont paresseux et ennuyants. Et un Sphinx le terroriserait dans la nuit. Je veux pas gérer ses terreurs nocturnes en plus de gérer son humeur merdique.

« Je t’aime. » ça sort de plus en plus naturellement, surtout maintenant. « - mais si cette tapisserie reste je suis désolée c’est le divorce qui t’attend. » que je redresse nos mains liées, attire son attention sur les murs hideux dans le couloir qui mène vers la terrasse.
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Message(#)left side | willer #10 EmptyVen 17 Juil 2020 - 4:06

« Fuck you. »
« Il y a l’agent de l’autre côté de la porte, ne sois pas indécente. », qu’il lance, le sourire aux lèvres. La bataille suivante, c’est elle qui la remporte. Les plantes, il les voit déjà partout. Il s’entend déjà râler pour ses éternuements, aussi. Quand il discute bibliothèque, elle discute cactus. Saül n’a jamais eu que des plantes utiles, celles qui donnent de quoi manger. L’ornement, c’est comme le reste : ça finit par mourir, sans avoir pu servir à quelque chose. « Et des fougères. Tu refuses les fougères t’as le même sort que lui. » « Tu es dure en affaires. » Elle y mettra tout ce qu’elle a envie d’y mettre, de toute façon. Elle n’écoutera pas ses râleries. Ariane a déjà appris à faire avec ses plaintes et ses soupirs. Du vent, quand Saül céderait même volontiers de la place pour mettre partout les plantes les plus allergènes de la planète Terre. « Un seul fauteuil, un immense, en coin. J’écris mieux dans des trucs qui sont pas faits pour ça. » « Tu l’auras les jours pairs et moi les impairs. » Ou ils oublieront quel jour correspond à qui, s’empileront comme des maximonstres et attraperont des crampes à force de se battre pour avoir la place.

Le mur porteur tombera. Reste à savoir qui portera la massue et qui se plaindra de ne pas le faire, relégué au banc de touche. « Et le ménage se porte jusqu’à classer tes stylos, right? » Le sourire de l’italien s’accentue encore, menace de lui donner des crampes dans les joues. « Un par un, oui. Il y a un ordre. Je te ferai un post-it. » Ses stylos qu’il a laissé en place, dans son bureau en haut de la tour de verre attribuée à son empire rutilant. C’est mieux si ici, il a un bureau dans lequel il n’ira de toute façon jamais. Le mur porteur sera partagé, donc. Saül prend le baiser comme une promesse, une jolie façon de signer en bas de page. « Tu choisis la couleur et moi j’en choisis une meilleure. » « Bleu roi. », qu’il chuchote contre la peau d’Ariane, juste pour lui laisser l’occasion de choisir une couleur qui siéra mieux à la pièce. C’est elle qui est en charge de la créativité, entre eux. Si on l’écoutait lui, le monde vivrait en rouge et bleu.

C’est un peu officiel, la suite. Un tout petit peu effrayant, dans un sens. La main de l’italien serre doucement celle d’Ariane, cherche une confirmation. Ils achètent, pour de vrai. Ce n’est pas juste un coup de tête ni un truc d’adolescents qui planquent leur relation. « Celui de ton frère, et on paie pas la première année d’hypothèque. » « Judicieux. », qu’il marmonne, le ton chargé d’ironie. De toute façon, ils partagent le même nom. Ariane accepterait-elle de partager le sien ? Lui n’en changerait pas une lettre, petit égoïste campé sur ses positions. Toutes les concessions, sauf celle là. « On signe Williams, tu ne le porteras pas si tu n’as pas envie de le porter. »

« Si on s’entend pas sur la peinture, tu penses que pour un être vivant ça va mieux se passer? » On parle de quoi, là, soudain ? Ha, le chat. « Oh mais on s’entend sur la peinture. Le consensus veut que ça soit du bleu, souviens toi. » Le chat, donc, oui, bien sûr. Saül n’a jamais eu d’animaux de compagnie. Trop sales, trop agités, trop tout ce qu’il rejette. C’est le chat qui, pourtant, attire toujours ses regards et ses faveurs. Les canidés sont trop agités et Saül a les oiseaux en sainte horreur. Les crocodiles le fascinent - qui l’eût cru ? - assez pour que sa peau en soit tatouée. « Je veux un Bengal. Eux au moins ils sont pas amorphes. » « Tu veux ? » C’est qu’elle exige, en plus, alors que Saül pense déjà à l’endroit où il pourrait se procurer un tel félin. « Pour chaque pot qu’il va détruire, je gagne un jour dans le siège géant à ta place. » Ne jamais arrêter de négocier, c’est la meilleure manière de ne pas se rouiller.

« Je t’aime. » « Je m’aime aussi. », que Saül souligne fièrement, sourire interminablement long étalé sur le visage. Il a probablement l’air d’un idiot, avec son air amoureux qui hurle “moi aussi” tout étendu sur le visage. C’est lui qui, le premier, a savouré ces mots là sur sa langue. A lui d’en profiter quand c’est elle qui franchit ce pas là. A lui, l’émerveillé. « - mais si cette tapisserie reste je suis désolée c’est le divorce qui t’attend. » « D’accord, on divorce. », qu’il soupire en l’attirant tout contre lui. « C’est bien, je n’aurai pas à me battre pour le siège trop grand du coin de la pièce. » Il en rêve déjà, des querelles réglées au pierre-feuille-ciseaux-non-Saül-c’est-pierre-feuille-ciseaux-pas-volcan-qui-détruit-les-ciseaux-la-feuille-et-la-pierre.

La terrasse aussi, elle n’est pas bien grande. Mais au moins, ils ont un petit endroit pour respirer l’air de cette ville qu’ils fuient perpétuellement. La main de Saül a quitté celle d’Ariane. Elle a rejoint le haut du dos de l’auteure. « C’est ouvrable juste de l’intérieur. Fais moi chier et je te laisse sur la terrasse la nuit en hiver. » Pas vraiment d'immeuble d’en face, ici. De toute façon, il y a un moment qu’ils sont passés bien au dessus de cet immeuble là. « Je t’aime. » Il n’y a pas de connerie à dire après, pas de quoi négocier. Juste le silence et un baiser posé juste à la surface de la nuque d’Ariane.

« Il y a une deuxième chambre. Mais on n’accueillera personne ici, pas vrai ? C’est juste nous. » Sans le monde autour. Il y devient de plus en plus hermétique, Saül, au monde autour. « Et le chat, donc. », qu’il murmure, lèvres étirées contre la joue d’Ariane. Derrière eux, l’agent revient. La visite touche bientôt à sa fin.
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Message(#)left side | willer #10 EmptyVen 17 Juil 2020 - 4:10

La cuisine est à lui mais encore plus à moi. Y’a de la lumière de partout, y’a des murs qui partiront et des plantes qui envahiront. Et y’a sa main dans la mienne qui se serre un peu, assez pour que mes ongles contre-attaquent contre sa chair glacée. « On signe Williams, tu ne le porteras pas si tu n’as pas envie de le porter. » « Et après c’est moi la territoriale. » tout est exagéré dans mon grognement et dans mon roulement d’yeux. De mon râle qui n’en est pas vraiment un à la morsure que je perds à la hauteur de son épaule cachée par l’une de ses chemises de riche qui me vont bien mieux qu’à lui. Ça sonne comme si je cède du terrain là, et pourtant jamais je le verrai ainsi.

« Oh mais on s’entend sur la peinture. Le consensus veut que ça soit du bleu, souviens toi. » mes prunelles l’ont quitté lui et son immense sourire de camé pour décrypter les agencements et les endroits où y’aura à faire. « Hm quoi? Rouge c’est ça? » douce voix d’ingénue qui n’en a rien à faire de son bleu, quand il sait autant que moi qu’il y en aura. Il fait chier à choisir cette teinte-là quand j’y pensais déjà, mais il me reste encore pas mal de temps pour faire passer l’idée comme la mienne, pour l’inclure sans qu’il ne le remarque. Ou juste pour lui crever les yeux et que jamais il ne voit le résultat final. Excessif? À peine. « Tu veux ? » oui je veux, oui je demande et oui j’exige. C’est comme ça quand on parle son langage, langage qui était déjà le mien avant qu’il en devienne même le nôtre. « Yep. Ajuste ton appareil. » mes doigts remontent derrière son oreille, tentent une nouvelle affirmation de son hypothétique sénilité. Mon sourire lui il fait écho au sien, il est bien plus grand encore sans qu’il n’arrive à compétitionner. « Pour chaque pot qu’il va détruire, je gagne un jour dans le siège géant à ta place. » et puis quoi encore.

« Fais gaffe, après les pots ce sera les canapés. » un baiser se perd sur sa mâchoire, une menace avec.
« Puis les tapis. » un murmure qui remonte à son oreille, une morsure de plus.
« Puis tous tes papiers de merde à signer pour ton boulot chiant. » un rire ici, un sourire aussi.
« Elle est finie, là, ta réunion? » la montre l’indique mais je l’ignore, la montre indique surtout que j’en ai rien à battre qu’elle soit même commencée ou pas.

Et c’est moi la pire, de l’aimer autant. « Je m’aime aussi. » « Connard. » « D’accord, on divorce. » ses bras qui me rapprochent et à aucun moment je suffoque, même si le long soupir de soulagement que je laisse se casser sur sa nuque a tout pour attirer la pitié du peuple. « Enfin. » qu’il les sorte les papiers rien que pour voir à quel point je peux être chiante à ne jamais les signer. « C’est bien, je n’aurai pas à me battre pour le siège trop grand du coin de la pièce. » de sa terreur approximative j’y ajoute la mienne, la voix qui chante. « Je pars avec tes sabres. » la terrasse sert de conclusion à la surenchère, quand ses sabres ont gagné une place dans mon palmarès naïf de négociation, juste en-dessous du jet, de l’immeuble d’en face et des stylos. « C’est ouvrable juste de l’intérieur. Fais moi chier et je te laisse sur la terrasse la nuit en hiver. » un bref coup d’oeil d’une fraction de seconde à peine bousille tous ses plans sans que je n’y mette le moindre effort supplémentaire. « Ça se casse si vite, une fenêtre. » et ce serait si dommage, que les éclats servent à le menacer de ne plus jamais recommencer. « Je t’aime. » ah tiens, là, je sais pas si le frisson qui se casse le long de ma colonne vertébrale jusqu’à ma nuque est la faute de ses mots, de ses paroles, ou juste de lui, en général. Un peu de tout ça j’imagine. « Je m’aime aussi blablabla embrasse-moi maintenant. » il aura pas le temps de le faire avant que je prenne l’initiative, il est trop lent et il perd encore. Ses lèvres goûtent le café d’homme pressé, homme pressé que je force à ralentir sans même avoir à forcer.

« Il y a une deuxième chambre. Mais on n’accueillera personne ici, pas vrai ? C’est juste nous. Et le chat, donc. » les autres servent à rien de toute façon. Sauf à faire capoter tous nos plans ; et ici, je refuse que ce soit eux qui gagnent du terrain quand moi j’en cède déjà tant. « Et les cactus. » et tout le reste.
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