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 butterfly's repose | saülise #9

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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptyJeu 16 Juil 2020 - 21:40

Butterfly's repose@Elise Williams
La vaisselle est faite. Plus rien ne bruisse, tout est absolument tranquille, sous le toit de la maison. C'est un miracle absolu que Saül soit encore dans les parages, à nettoyer la cuisine. Combien de fois a-t-il voulu se tirer de là, l'italien ? Partir, sauter par la fenêtre et prendre la poudre d'escampette sont autant d'idées qui lui ont traversé l'esprit. Tout le monde a joué son rôle à la perfection. Cosimo, l'ange pacificateur, a probablement été le meilleur élément du dîner, suivi de près par Ginny qui a probablement évité que la guerre nucléaire n'éclate sous le toit de l'explosive famille Williams. Et puis, Cade l'ennemi commun aussi, a au moins eu le mérite de faire oublier aux frères pourquoi ils avaient l'habitude d'essayer de s'entre-tuer. Auden n'a pas changé de trop son attitude, évidemment. La pauvre Savannah, tiraillée, aurait probablement voulu s'échapper elle aussi.

Et puis, il a Elise. Elise la parfaite, celle que l'on n'attendait nul part et qui, pourtant, s'est montrée partout, comme à son habitude. Saül et elle ont, encore une fois, fait montre de ce jeu qu'il maîtrisent parfaitement. Les apparences sont solides, même devant ceux qui n'ont pas besoin de poudre aux yeux.

La cuisine est en proie à l'obscurité, quand Saül se tourne finalement vers la porte. Elle est là, Elise, dans le clair-obscur. « Tu n'es pas couchée ? », qu'il lance, torchon encore sur l'épaule. Lui a terminé son oeuvre depuis un moment déjà. La cuisine, c'est la seule pièce dans laquelle Saül se sent parfaitement chez lui, outre ce bureau qu'il aime autant qu'il le déteste. Chez lui, c'est déjà un peu ailleurs. « As-tu aimé ? Le dîner. » Pourquoi parle-t-il tout bas ? La paix a-t-elle encore prise ici, entre ces murs qui n'ont abrité que leurs répliques acides ? « Auden va être père. » C'est drôle, de dire une chose pareille. On croirait retourner vingt ans en arrière, quand Saül a présenté Cosimo à Elise, quand il a usé de ces mots détournés pour qu'elle comprenne qu'ils étaient désormais les parents de l'enfant d'un autre. Eux n'ont jamais été que parents de substitution. Maintenant que Saül sent la prise qu'il a sur sa vie lui glisser entre les doigts, il n'est plus vraiment capable de séparer Cosimo du visage de son frère.

« Tu devrais aller te coucher. », qu'il souligne encore. Il ne veut pas qu'elle soit là quand il choisira de reprendre le large, là où d'autres bras l'attendent.


Dernière édition par Saül Williams le Ven 17 Juil 2020 - 19:36, édité 1 fois
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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptyVen 17 Juil 2020 - 8:10

La tête appuyée contre la cadrage de la porte de cuisine, tu as le temps de l'observer quelques minutes Saül avant qu'il ne remarque ta présence. Est-ce la dernière fois qu'il est là, dans votre cuisine ? Est-ce la dernière fois que, toi, tu y es ? « Tu n'es pas couchée ? » « Tu n'es pas partie ? » Ça, c'est vraiment étonnant. Il aurait pu partir en même temps que tout le monde. Il aurait pu te laisser tout ce bazar à ramasser, au moins ça t'aurait occupé l'esprit. Mais non, il est toujours là et la cuisine est impeccable, comme si le repas entre famille n'avait jamais eu lieu. « As-tu aimé ? Le dîner. » Une phrase si simple, si banale, qui fait resserrer ton petit cœur. Est-ce la dernière fois que tu partageais une table au travers du chaos des Williams ? Était-ce la dernière fois que tu t'offusquais des paroles déplacées d'Auden ? Probablement, oui. Ce n'était plus toi que Saül avait envie d'avoir à ses côtés pendant les repas familial. « Bien sûr. C'était délicieux. » Délicieux. Parfait. Comme toujours.

« Auden va être père. » Il le savait lui, Saül. Et il ne t'as rien dit. Pourquoi ? Ça lui avait rappelé qu'à vous, ça n'arriverait jamais ? Enfin, maintenant, il le pourra sûrement. Elle est sûrement pas brisé elle. Tu l'attends ce jour là. Tu sais qu'il viendra, un jour. Tu ferais pareil si les rôles étaient inversés. « Ça te fait quoi ? » Il fallait bien s'attendre à ce qu'un jour ou l'autre Auden serait père, pour de vrai. Il le mérite. C'est son tour cette fois.

L'ambiance est étrangement douce. Elle est calme. Alors que la dernière fois, ce n'était rien de tout ça. Quoi qu'il est vrai que parfois les choses tournent rapidement entre vous deux. C'est un peu comme marcher sur des œufs. Il faut faire attention à chaque mots, chaque mouvements, parce que l'explosion, elle n'est jamais bien loin. « Tu devrais aller te coucher. » Et lui ? Il part ou il reste ? « Toi aussi. » Et tu bouges enfin. Tu t'avances vers lui. Ton regard qui remonte, qui s'accroche au sien, alors que ta main ose aller se glisser dans la sienne. Et puis, il y a ton pouce qui caresse l'absence d'alliance contre son annulaire. « Viens dormir avec moi. » Ce lit que vous partagez depuis des années sans réellement se préoccuper de la présence de l'un et l'autre. Ce même lit où lui n'a pas dormit depuis des semaines, des mois. Elle est pesante son absence autant que sa présence t'as jadis énervé.

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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptyDim 19 Juil 2020 - 21:59

Butterfly's repose@Elise Williams
« Tu n'es pas partie ? » « Non. » Saül n'a pas eu le courage de fuir comme un voleur, lui qui a tant rêvé de ce moment. La petite ouverture pour la fuite potentielle était pourtant là, quand Elise n'était pas dans les parages. C'est elle qui l'a congédié la fois précédente, pour la semaine qui s'est écoulée. Cette fois-ci, elle n'a pas l'air d'humeur à le chasser. Peut-être est-ce parce qu'elle sait que c'est ce qu'il projetait de faire et qu'elle ne veut pas lui laisser cette facilité là. Heureusement qu'il ne se fait pas trop de nœuds au cerveau, l'italien qui se tient dans la cuisine, dans l'attente de la prochaine pique amère. Elle ne viendra jamais.

« Bien sûr. C'était délicieux. » Il est plus facile de parler du repas. « J'aime beaucoup cette pièce. », qu'il marmonne, en lâchant Elise des yeux pour poser ces derniers partout sur l'endroit plongé dans la pénombre. Toute la pièce est très calme, ce qui change de d'habitude. Il y a des années que Saül n'avait pas ressenti cette impression de paix, étrangement mêlée à la tension provoquée par sa présence ici. Il se sent comme un indésirable sous son propre toit. C'est une situation qu'il a provoqué lui-même et qui, pourtant, lui pique toujours un peu le creux de l'estomac.

Auden va être père. « Ça te fait quoi ? » « Absolument rien- » Une poussière sur laquelle il s'acharne du bout de l'index prouvera le contraire. « -du tout. » Tout, justement. Auden prend la responsabilité de sa petite famille quand Saül court loin de ces dernières depuis des décennies maintenant, alors qu'il croyait les porter à bout de bras. « Toi, qu'est-ce que ça te fait ? » C'est à ce moment là qu'ils décident de resurgir, les souvenirs des salles d'attente, des mains emmêlées de stress à attendre les spécialistes et les nouvelles ordonnances, les mots si peu rassurants et les couperets amers, les "il faudra considérer l'adoption" aussi, après trop de vaines tentatives toutes plus lourdes à porter les unes que les autres. « Tu n'es pas obligée de répondre. », que Saül murmure. Il n'a pas besoin qu'elle épilogue. Il sait combien les mois ont été longs. Il était là quand les résultats étaient négatifs et juste négatifs. Il était acteur des disputes, acteur principal des reproches aussi, quand son empathie était en panne. Elle est peut-être restée en panne pour de bon, rouillée, coincée dans le passé.

Elle avance, Elise. Saül ne bouge plus, arrête alors d'essayer d’annihiler la seule poussière qui reste accrochée au plan de travail impeccable. « Toi aussi. » Bien sûr. Pas ici. Les doigts d'Elise ne sont pas plus chauds que les siens. « Viens dormir avec moi. » C'est le silence, dans la pièce, alors que Saül ne dégage pas ses mains de celles d'Elise. Ils ont probablement l'air de deux statues de cire, ainsi plantés l'un devant l'autre. « Tu détestes que je dorme avec toi. » Son vrai lit est ailleurs. Celui d'ici est plutôt symbolisé par le canapé de son bureau, celui-là même qui lui brise le dos et broie sa colonne en poussière. « Ce n'est pas raisonnable. » Ils dormiront mal. « Est-ce qu'il y a dormi ? Jack. » Pour une fois, la question est posée sans animosité. Il voudrait comprendre, l'italien. Les disputes viendront peut-être plus tard. Pas ce soir.
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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptyLun 20 Juil 2020 - 12:20

« J'aime beaucoup cette pièce. »« Je sais. Tu peux la garder. Je n'en veux pas. » Il peut tout garder. La cuisine. La maison au grand complet. Tu ne veux rien de tout ça. Tu ne veux plus vivre entre ses quatre murs qui ne te rappelle que les cris et la trahison. Tu ne veux plus te sentir seul dans cette maison qui n'en a jamais vraiment été une. Il n'en voudra sûrement pas plus que tu la veux. Peu importe, il en fera bien ce qu'il veut. Ça t'es complètement égale. Mais avoir cette discussion, c'est un pas de plus vers le divorce qui est de plus en plus inévitable.

« Absolument rien- du tout. » Encore un mensonge de plus dans la maison du bonheur. Il l'envie son frère ? Probablement, mais tu ne lui demandera jamais. Parce que la réponse fera mal. Parce qu'il ne veut pas non plus en parler. Parfois vaut mieux ne rien dire. « Toi, qu'est-ce que ça te fait ? » Tu hausses les épaules. Rien. Ça te fait rien. Pas plus lui qu'un autre. « Tu n'es pas obligée de répondre. » « Il y a longtemps que j'avais oublié que c'était pas le mien. » Et la dure réalité à frappée fort quand Auden a su. Quand la vie t'a rappelé que tu n'en aurais jamais, quand même Saül a tourner le fer dans la plaie. Elle frappera encore plus fort quand la vérité éclatera, quand ton bébé va te glisser entre les doigts. « Il n'a pas à écoper de nos problèmes Cosimo. Tu es encore son père. J'aimerais que tu t'en souviennes » Parce que tu la vois venir la déchirure entre eux quand tu ne seras plus là pour faire le pont entre eux. Peu importe comment cette histoire se termine, c'est Saül et toi qui l'avez vu grandir, qui l'ont aimé, élevé. Ce sera toujours vous deux ses parents.

« Tu détestes que je dorme avec toi. » Pas faux. Mais il déteste autant que toi. Qu'il ne mette pas encore toute la faute sur tes épaules. Comme si c'était la seule raison du pourquoi qu'il ne restait pas ce soir. Ni aucun autre. Mais « Pas ce soir. » Non. Pas ce soir. Tu as envie qu'il reste. Et c'est encore un miracle qu'aucun de vous deux ne semble chercher le conflit ce soir. Ça mériterait presque une marque sur le calendrier. « Ce n'est pas raisonnable. » Ce qui n'est pas raisonnable, c'est de tromper sa femme. Commentaire que tu gardes pour toi puisqu'il pourrait facilement se retourner contre toi. « Je ne vois pas ce qu'il y a de déraisonnable à dormir avec sa femme. » Parce que c'est encore toi sa femme qu'il le veuille ou non. Tu as un beau contrat signé il y a une vie de ça pour le lui rappeler. Elle n'est personne officiellement Ariane. « Est-ce qu'il y a dormi ? Jack. » « Non. » Il a beau avoir eu plus d'absence que de présence dans cette maison Saül, tu n'aurais jamais pris la chance de laisser Jack dormir ici. Jamais.

« Viens avec moi. » Et tu insistes quand même. Juste un peu. Pas trop. Tu fais quelques pas de reculons jusqu'à ce que vos deux bras liés se retrouve en extension. Puis un pas de plus pour le tirer dans ta direction. Enfin, il peut encore la lâcher ta main et il ne suivra pas du tout. Et tu montera sagement les escaliers toute seule. « Tu as juste à t'en aller quand je serai endormi si tu veux pas rester » Tu t'en rendra compte à la seconde où il sortira du lit, mais tu le laissera quand même partir sans rien dire.

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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptyLun 3 Aoû 2020 - 10:50

Il n'en veut plus, Saül, de cette maison de malheur. Si elle n'a pas abrité le prétendu amour fou que le couple a toujours su montrer en public, elle a au contraire été le champ de bataille des deux époux. Depuis de nombreuses années, elle ne cache rien d'autre que de l'évitement ainsi les "bonjour" et les "à ce soir" distraits et lancés à travers la maison. « Je sais. Tu peux la garder. Je n'en veux pas. » La cuisine a toujours trouvé grâce à ses yeux, avec ses grandes fenêtres et son allure paisible. Le fait d'avoir les mains occupées soulage l'esprit de l'italien, esprit partiellement embrumé depuis de trop nombreuses années. « Je ne te chasserai pas. » Jamais, malgré les cris et les disputes, malgré les coups bas perpétrés dans l'ombre, malgré les blessures accumulées. Il n'y a qu'un endroit que Saül voudrait récupérer mais l'idée de le demander à Elise le révulse encore de trop. Un jour, peut-être. Pas encore. Le mot "divorce" n'a même pas été énoncé de façon claire.

« Il y a longtemps que j'avais oublié que c'était pas le mien. » Parce que ça a toujours été le sien. Au moment où elle l'a vu, Saül savait qu'Elise avait noué un lien très fort avec ce nourrisson. Tout le contraire de lui, qui a toujours vécu avec l'amère impression de n'être qu'un imposteur, de ne vivre qu'une imposture. « Il n'a pas à écoper de nos problèmes Cosimo. Tu es encore son père. J'aimerais que tu t'en souviennes » « Je suis son père, jusqu'à ce qu'il découvre le pot aux roses. » Vivre en sursit depuis des années, c'est épuisant. Savoir que tout peut exploser du jour au lendemain, ça l'est peut-être encore plus, bien qu'une pointe de soulagement s'ajoutera peut-être à l'addition. Pour l'heure, l'italien ne sait pas démêler le fouillis qui règne dans son esprit. Rester serait déraisonnable. « Je ne vois pas ce qu'il y a de déraisonnable à dormir avec sa femme. » « Je ferais preuve d'une horrible prolixité si je t'expliquais à nouveau pourquoi c'est déraisonnable. » Elle le sait comme lui.

Jack n'a jamais dormi ici, alors. Cette maison est encore un temple de la colère partiellement inviolé. Ce soir, tout semble pourtant paisible. « Viens avec moi. » Elle tire sur la corde, Elise. Saül fait pourtant un pas dans sa direction, suivant le mouvement imposé par la brune. Elle sait, le connaît par cœur bien que cette dimension de leur union ne fut jamais la recette du succès. « Tu as juste à t'en aller quand je serai endormi si tu veux pas rester » Et elle se réveillera aussitôt. Lui se trouvera lâche, elle se trouvera laissée de côté. « Juste pour cette nuit, alors. »

Il s'est étendu à côté d'elle, dans ce lit qu'il a déserté depuis quelques temps déjà. La lune éclaire largement la pièce à travers les volets. Le regard fixé au plafond, Saül écoute le silence qui règne dans la pièce. Sa respiration donne le tempo. Les mains croisées sur le torse, il donne l'impression d'attendre le dernier soupir. « Il faudra le dire à Cosimo. » Un jour. Il sait déjà peut-être.
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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptyLun 3 Aoû 2020 - 15:42

« Je ne te chasserai pas. » « Je déteste y vivre. » Sans lui. Tu détestes y vivre sans lui. Malgré que tu as presque vécu les cinq dernières années seul dans cette maison, tu n'étais jamais complètement seul. Pas comme maintenant. Il finissait toujours pas revenir Saül. Toutes ses nuits, c'est à tes côtés qu'il les passait. Et de savoir, de comprendre que c'est la fin te fait presque regretter d'avoir détesté qu'il y vienne chaque soir. Tu n'auras pas pensé que le contraire ferait encore plus mal.

« Je suis son père, jusqu'à ce qu'il découvre le pot aux roses. » Elles sont passés où ses belles paroles qui disent que Auden n'est rien d'autre qu'un géniteur ? Celles qui assurent, qui rassurent, que ce sont vous deux ses parents, vous deux qui l'aviez aimé, qui l'aviez vu grandir. Il a menti Saül. Et ça fait mal. Horriblement mal. Toi qui pensais le connaître par coeur, qui avait simplement besoin de croiser son regard pour savoir. Tu savais rien du tout finalement. Ou tu voulais pas savoir peut-être. « Alors, moi aussi ? » Ce n'est pas tout-à-fait pareil de ton côté. Une mère, il n'en a pas. Peut-être qu'il se serait mieux approprié le rôle de père s'il n'en aurait pas eu de "vrai". « Je ferais preuve d'une horrible prolixité si je t'expliquais à nouveau pourquoi c'est déraisonnable. » Il lui a fait le même discours à Ariane la première fois ? Tu pourrais mettre ta main au feu que non. Tu t'en mord les joues pour ne pas le lui reprocher. Pas de dispute. Pas ce soir. C'est ça le plan, non ?

Tu oses quand même. Tu oses insister pour qu'il reste ce soir. Cette mince lueur d'espoir que tu voudrais étouffer tant elle est stupide. De l'espoir, il n'y en a plus. C'est la fin. C'est inévitable. C'est un dernier adieu qui est en train de se passer. Pourquoi est-ce que dans ta tête tu as quand même envie de te dire oui, mais tout d'un coup que... Il ne va pas changer d'idée Saül et tu es juste idiote de faire comme si tu n'en étais pas convaincu. « Juste pour cette nuit, alors. » Et il arrive un peu trop facilement ce petit sourire en coin.

« Il faudra le dire à Cosimo. » Oui. Il faudra. Sans trop savoir si ce serait pire qu'il le prenne bien ou mal. Tu te retournes dans le lit vers lui, alors qu'il se contente de fixer le plafond mains croisées sur le torse. « Lui dire quoi ? Qu'on va divorcer ou qu'on est pas ses parents ? » Les voilà, les deux sujets tabous qu'aucun de vous deux n'a jamais vraiment voulu prononcer à voix haute. Mais, les deux. Ce sera probablement les deux que vous devriez lui dire. Parce qu'il est têtu et il va finir par savoir. Il vaudrait mieux que ça vienne de vous deux, vous trois même que quelqu'un d'autre.

Ta tête vient finalement atterrir contre l'épaule de Saül, alors que ta main vint rapidement retrouver les siennes. « Je suis désolée. Pour tout. » Pour les vingt-deux dernières années. Pour avoir gaspiller trop d'énergie à chercher les querelles. Pour avoir été spectatrice de la chute de ce mariage et de n'avoir rien fait pour que les choses soient autrement. Pour Jack. Pour l'avoir blessé. Pour l'avoir déçu. Pour ne pas avoir été parfaite. Pour tout le mauvais. « J'aurais voulu être à la hauteur. » Ton regard qui, jusque là, s'était fixé sur vos main part finalement à la recherche du sien.

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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptyLun 3 Aoû 2020 - 17:49

« Alors, moi aussi ? » « Non. » Non, ce n'est pas pareil pour elle. Elise a toujours été au delà d'une simple mère de remplacement, pour ce petit garçon. Elle a toujours été sa mère. Depuis le jour un. « Tu as aimé - et tu aimes - Cosimo comme un fils. J'aime Cosimo comme un secret à garder. J'aime Cosimo comme un égoïste. J'aime Cosimo comme quelqu'un qui se sent capable de l'aimer plus qu'un autre. J'aime Cosimo comme un imposteur, comme un voleur. » Comme quelqu'un qui n'a pas sa place, comme un homme qui a toujours voulu être père et qui pensait qu'on pouvait bâtir des relations par dessus les secrets des autres, qu'on pouvait se passer de l'accord des gens "pour leur bien". Saül s'est royalement planté et la pilule passe mal. Elle est encore difficile à avaler. De plus en plus et de mieux en mieux, Saül comprend que si Cosimo ne s'est jamais confié à lui, c'est avant tout parce que leur relation n'a jamais été réelle, toujours pleine de mensonges. Saül croyait que cette impression se gommerait avec le temps, mais elle n'a toujours fait que creuser l'écart en lui et ce garçon qui l'appelle - l'appelait ? - papa.

Le silence brisé, Saül respire un peu mieux. Ses yeux se sont détachés du plafond et il observe désormais Elise, tournée vers lui. « Lui dire quoi ? Qu'on va divorcer ou qu'on est pas ses parents ? » Alors, ils y sont enfin. Le divorce, ce gros mot que Saül ne pensait jamais prononcer. Le mariage, c'est sacré, non ? Sa mère le lui a assez répété quand il était jeune. Et puis, son père, aussi. Aller voir ailleurs ne veut pas dire briser le mariage, tout ce qui est brisé peut être réparé, blablabla. « Nous n'allons rien précipiter. Je ne veux pas que tu te sentes poussée dehors. Je vais te laisser la maison, tu en feras ce que tu en voudras. Je te donnerai les coordonnées d'un agent, si tu veux la vendre. » C'est ce qu'elle fera très probablement. Elise doit détester la maison autant que lui.

Elle s'approche, Elise. Elle s'approche de trop. Les mains de Saül, pourtant, ne se détachent pas des siennes. « Je suis désolée. Pour tout. » « C'est moi qui suis désolé. » Pour les cachotteries, pour les mensonges. Pour toutes les fois où il avait l'occasion de lui dire, pour toutes les fois où il s'est entêté à essayer de la plier à ses idéaux d'homme marié. Pour toutes les fois où il a tenté de faire en sorte que cela fonctionne - sans même essayer de faire des efforts de son côté, mais en exigeant tout d'elle. « J'aurais voulu être à la hauteur. » L'espace entre eux est réduit par Saül qui pose doucement un baiser sur le front de la brune. Ses bras se sont enroulés autour de ses épaules dans une étreinte qu'ils n'ont plus connu depuis les premières années, depuis les premières difficultés, depuis les premiers couperets des médecins. « T'es tant à la hauteur, Elise. » C'est leur entente, qui était faillible. Leur alliance, perdue d'avance. Il n'y a probablement plus rien à ajouter. L'étreinte, scellée, marque autant la fin d'une ère que l'avènement d'une autre.
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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptyLun 3 Aoû 2020 - 18:45

« Non. Tu as aimé - et tu aimes - Cosimo comme un fils. J'aime Cosimo comme un secret à garder. J'aime Cosimo comme un égoïste. J'aime Cosimo comme quelqu'un qui se sent capable de l'aimer plus qu'un autre. J'aime Cosimo comme un imposteur, comme un voleur. » Et c'est exactement ce que vous êtes au fond, des imposteurs, des voleurs. Vous faites partie de ces riches qui ont achetés ce qu'il ne pouvait pas avoir d'eux même. Et si Saül croit que le fait que tu aies réellement aimé Cosimo comme ton propre fils puisse pardonner le reste, il se trompe. Auden ne le pense pas. Cosimo ne le pensera pas lui non plus. Pas si il sait toute la vérité. Vraiment toute la vérité. Celle qui dira que tu as pris l'enfant d'un autre sans demander la permission. « On devrait juste lui dire la vérité si tu ne veux plus être son père. Auden, lui, il le veut. » Tu l'as vu dans son regard pétillant quand Cosimo est descendu. Il a besoin d'un père Cosimo. Il en a toujours eu besoin. « Nous n'allons rien précipiter. Je ne veux pas que tu te sentes poussée dehors. Je vais te laisser la maison, tu en feras ce que tu en voudras. Je te donnerai les coordonnées d'un agent, si tu veux la vendre. » Tu hoches la tête comme seule réponse. Tu veux la vendre. Tu n'as même pas besoin d'y penser une seconde de plus. Tu suffoques entre ces quatre murs trop parfait qui ont abrité complètement l'opposé.

« C'est moi qui suis désolé. » Et elle est de route cette boule qui se forme au creux de ton estomac alors que ces mots te font autant de bien que de mal. Ses lèvres qui ss posent sur ton front - ne pleure pas - ses bras qui viennent t'entourer - ne pleure pas - « T'es tant à la hauteur, Elise. » La boule qui te remonte à la gorge t'empêche de parler. Il y a le bout de ton nez qui vient prendre refuge contre sa nuque, alors que tes bras s'enroule à leur tour autour de lui. Et tout ce que tu as envie de faire, c'est de pleurer à chaude larme, de vider tout ce que tu accumules depuis des semaines, depuis des mois. Mais rien n'en sort. Tu ravales encore. Tu gardes tout pour toi. Et quand ça va exploser, ce ne sera pas très beau à voir.

Mais pour l'instant, rien n'explose. Rien ne sort, sauf peut-être un « Je t'aime » que tu laisses échapper dans un murmure contre son oreille. C'est quand la dernière fois qu'ils sont sortie de la bouche c'est trois petits mots qui sont murmurés par la plus part des couples mariés, mais surtout pas le votre ? Alors que les je te déteste tombe à profusion, l'amour, elle, n'a plus sa place depuis longtemps. Tu l'as oublié à force de la négliger. Il l'a oublié depuis plus longtemps que toi encore. Et il est trop tard pour essayer de rattraper le coup. Pourtant, tu es quand même assez idiote pour venir sceller tes lèvres aux siennes. C'est juste un petit baiser d'adieu. C'est que ça. Rien d'autre. Vraiment ? Pourquoi tu as si peur qu'il se barre Saül ? Pourquoi tu as si peur qu'il te dise que c'est déraisonnable ?

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Message(#)butterfly's repose | saülise #9 EmptySam 8 Aoû 2020 - 20:38

« On devrait juste lui dire la vérité si tu ne veux plus être son père. Auden, lui, il le veut. » Et la décision est diablement dure à prendre, assurément. Ce n'est pas ce soir, pourtant, que Saül parviendra à démêler ses pensées. S'il veut tout annoncer à Cosimo, l'italien a encore espoir que l'excuse du "j'aimerais que nous fassions chaque chose en son temps afin que nous ne perdions pas" tiendra encore quelques temps. De toute façon, il n'y a plus rien à perdre : les époux se sont déjà perdus depuis longtemps.

« Je t'aime » et elle le tue, quand elle l'embrasse.
« Je t'aime » et elle l'achève, quand les paroles résonnent dans la tête de Saül qui desserre imperceptiblement sa prise sur la chair de la brune.
« Je t'aime » et elle le coupe dans son élan de lui souhaiter la bonne nuit.

Elle le coupe dans son envie de fuir, dans son envie de rouler une bonne fois pour toute des draps au sol, d'attraper sa veste et de retrouver Ariane. Ses doigts ne savent pas se détacher de cette mèche, qu'il repousse doucement du front d'Elise. Elle a tort de penser qu'elle l'aime. Ce qu'elle aime probablement, c'est la sécurité qu'il offre, pense-t-il. C'est l'idée qu'après une telle épreuve, il ne peut rien rester de plus pur que leurs liens indéfectibles, perdus jusqu'alors sous la montagne d'épreuves en attente d'être vécues. C'est tout ça qui n'existe pas, n'a toujours été qu'une douce illusion dans laquelle se bercer confortablement. Plus rien n'existe, parce que rien n'a jamais existé d'une telle nature, sinon les mensonges et les faux-semblants. De toutes ces années, Saül ne ressort qu'un peu plus certain qu'il n'a fait que précipiter Elise dans une chute qu'elle n'a jamais mérité. Elle aspirait à mieux, tellement mieux qu'un mari comme lui.

« Et demain, tu te souviendras du contraire. » A son tour de prendre le murmure, quand il retire ses doigts du front d'Elise. La peau de la main de Saül épouse la joue de la quarantenaire. Ses lèvres à lui se posent de nouveau sur ce front qu'il a tant embrassé, dans les nuits les plus rudes, celles qui ne laissaient pas la place à la lumière. « Je t'aime. » C'est une promesse, une vraie, celle qui les a liés l'un avec l'autre toutes ces années durant. « Mais pas de la manière qui tiendra un mariage debout. » Il y a toujours un "mais", dans les contrats. Ce sont les petits caractères les pires. Bien sûr qu'il l'aime, à sa manière à lui. Il l'aime comme la plus fidèle des alliées, la gardienne de ses secrets, la gardienne de leur foyer, de leur façade brillante. La vie change. A l'aube, Saül sera parti.

Un jour je reviendrai à l'endroit où nous vécûmes
quand il n'y restera plus rien de nos vieilles rancunes.
Et sous la pluie battante tu m'as dit, « non, attends ».
Et sous la pluie battante, « attends,
j'ai l'espoir encore que la foudre
nous frappe comme autrefois. »
J'ai dit, « non, écoute, elle ne frappera pas,
ne nous frappera pas. »
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