“Arrête de trifouiller ta cravate!” ordonne Robin en me tapant sur les doigts en rigolant alors que je me retrouve, pour l'énième fois en deux minutes devant le miroir à tenter de trouver un truc qui ne va pas, un détail qui ferait que ma tenue ne convient pas aux hôtes de la soirée. Peut-être que je ferais tâche entre tous ces gens de la haute société? Je n’en ai pas parlé à mon frère car je sais parfaitement ce qu’il pense de toute cette situation, j’ai promis à Loan de ne pas toucher à l’alcool qui sera servie -même si je risque fortement de ne pas pouvoir résister à goûter à leur champagne- et je stress plus que de raison. “Surtout t’es discret si tu décide d'emmener cette Ivy ici pour passer la nuit avec elle hein” que me dit Ariel, les bras croisés et un sourire narquois sur les lèvres “exprès je pense qu’on sera absolument pas discret” répondais-je sur Jle même ton avant de laisser échapper un rire lorsqu’elle lève les yeux au ciel et grimace légèrement lorsque j’entends le klaxon de la voiture à l’extérieur de la maison. “Bon …. A quoi je ressemble Robin? Ça va comme ca?” demandais-je en me tournant vers ma colocataire “Beau comme un coeur” qu’elle confirme en hochant la tête.

C’est donc, avec un sourire de soulagement, je me dirige vers la porte pour l’ouvrir “Martin attend !” m’interpelle la jeune femme en se dirigeant à grandes enjambés vers moi. Se dressant sur la pointe des pieds, elle passe ses doigts dans mes cheveux, remet quelques mèches en place puis se recule “Voilà qui est parfait” reprend-t-elle avec un clin d’oeil. Amusé, je lance un dernier coup d’oeil vers le miroir puis sort de la maison et me dirige vers la voiture.

“Bonjour” lançais-je au chauffeur qui ne me répond qu’avec un simple grognement peu aimable. Je décide d’ignorer le caractère bougon de l’homme et adresse un large sourire à Ivy “ça va ?” demandais-je, enjoué par l’idée de passer la soirée avec elle.

J’ai mis deux heures à me préparer. Je suis parfaite, je le sais. Mon maquillage est un peu plus sombre que d’habitude sur mes paupières pour aller avec le style de ma tenue. J’ai opté pour des talons d’une vingtaine de centimètres pour ne pas avoir l’air trop petite à côté de Martin et ma tenue est complète. J’ai rajouté quelques bijoux et mes cheveux sont tirés vers l’arrière pour dégager mon visage. Je me suis rapidement regardée dans le miroir avant de demander un avis à Loris, il a simplement grogné avant de s’éloigner et Lennon a passé quelques minutes à analyser chacune des parties de ma tenue. Je sais que je peux lui faire confiance sur ce point autant que je sais que je suis absolument parfaite et qu’elle n’aura rien à redire.

Les minutes passent sans que je ne me préoccupe de l’heure qu’il est. Et je pars avec presque 30 minutes de retard sur ce que j’avais annoncé à Martin. Je monte dans la voiture et on se dirige vers son appartement. Je ne l’attends que quelques minutes et mes yeux analysent chaque partie de sa tenue. Il est parfait et je soupire de soulagement. Il n’a pas décidé au dernier moment de tout changer et ça me rassure. “Ca va !” Je hoche la tête, je suis habituée à ce genre d’évènements mais lui a l’air assez stressé. “Toi ça va ?” Je fronce les sourcils, il va falloir qu’il se détende un peu parce qu’il fait peur à voir le brun. Je me rapproche un peu de lui et laisse glisser ma main dans ses cheveux en souriant. “Alors, c’est maintenant ou jamais pour les questions !” Ca peut nous aider à occuper le trajet et à l’occuper lui. Il a besoin d’être un peu guidé et j’en suis consciente. Alors je vais essayer d’être patiente et de répondre calmement à chacune des question.

J’ai mis beaucoup plus de temps que d’habitude dans la salle de bain, au grand damn d’Ariel qui avait, elle aussi, une soirée de prévue. Mais hey, en général c’est elle qui occupe la salle de bain pendant plus d’une heure donc elle peut bien me laisser le temps aujourd'hui ! De toute manière je ne lui laisse pas le choix donc bon. C’est donc, vêtu de mon nouveau costume et nouvelles chaussures aux pieds, que je sors de la maison pour aller prendre place dans la voiture qui nous amène à ce fameux gala. Et, encore une fois, quand je vois l’intérieur luxueux du véhicule, j’ai du mal à me dire que c’est bien pour moi qu’il est là, le chauffeur.

Mais je tente d’ignorer le tout et demande a Ivy comment elle va. Et vu son froncement de sourcil lorsqu’elle me retourne la question, j’ai l’impression que tout mon être transpire le stress et l’angoisse au fait de faire mes premiers pas dans un nouveau monde. Je lui adresse un petit sourire et soupire doucement “Alooors, oui, j’en ai pas mal” que je répond avec un petit rire nerveux “déjà … c’est un gala pour quoi? Y a une raison particulière? C’est quoi le thème du truc? ” je pince les lèvres en une moue de réflexion “Et pis …. Comme demandé hier: y a des truc que je dois pas dire? Je suppose que si je viens là en mode ‘hello je suis kiné’ ils vont tous me regarder bizarrement, non?” je secoue doucement la tête “Mais si je m’invente une vie et que je revois les gens plus tard dans d’autre circonstance ça va pas non plus le faire” je soupire doucement “Du coup ...vaut mieux faire quoi? Dire quoi? ” je lance un coup d’oeil par la fenêtre “Et c’est où? Ça se déroule où? Ça dure combien de temps? On sera rentré vers quelle heure? Je m’en fou de rentrer tôt ou tard, j’ai juste envie de savoir combien temps on restera sur place. Juste par pure curiosité, tu vois” j’hausse les épaules, essayant de ne pas paraître trop con avec mes questions inlassable et idiotes.

Il a mis toute sa tenue correctement. Sa cravate forme un beau noeud windsor et je le rappelle de son état et ses remarques quand le vendeur a vu qu’il savait nouer une cravate et ça me fait rire. Je savais qu’il allait poser des tas de questions. J’ai tellement l’habitude de prendre part à ce genre d'événements que les questions me paraissent idiotes. Mais je ne dis rien, je l’écoute et le regarde s’inquiéter. Ca m’amuse un peu. Je place mes jambes sur les siennes et place mes doigts sous son menton pour qu’il tourne la tête vers moi au lieu de regarder l’extérieur.

Je ne sais pas vraiment pour quelle cause on se déplace, alors je fronce les sourcils. “J’en ai aucune idée, c’est jamais vraiment important. Ce qui est important c’est les gens qui sont présents là-bas.” Et c’est les gens qu’il doit rencontrer pour ses affaires. Il parle trop et trop vite mais je le laisse déverser toute son angoisse. Il vaut mieux qu’il fasse ça dans la voiture plutôt que de le faire devant tout le monde. “Tu dis ce que tu veux, et t’as pas besoin de mentir. Si y’en a un qui veut faire une remarque je saurais m’en occuper.” Il m’accompagne, personne n’osera rien lui dire. Je sais reconnaître ceux qu’il vaut mieux ne pas approcher, et il ne s’en approchera pas. “Ca se déroule sur un rooftop du centre ville, une grande terrasse au dernier étage. Ne fais juste pas de scandale à cause de la nourriture ou la matière d’un chapeau ou d’une veste.” Il risque d’y avoir de la fourure et des choses qu’il ne mange pas. S’il fait un seul scandale de ce genre il peut être sûr que je ne le ramènerai jamais dans ce genre d’événements. “On part quand on a envie de partir, il y a un after après.” Je compte bien profiter de l’alcool et de la soirée quand ce sera l’heure de l’after. La soirée d’avant, ce n’est qu’une histoire de masques et de faux semblants. Les deux piliers du monde dans lequel je vis depuis toujours.

Il faut que je lui explique aussi pourquoi il ne va pas pouvoir être tactile et trop proche de moi. Il ne sait pas dans quel genre de monde il entre en se tenant à mon bras ce soir. Il fonce vers l’inconnu et moi ça m’amuse. “Et ce que je disais hier, il va falloir que tu fasse attention.” Je plante mon regard dans le sien pour être sûre qu’il m’écoute et qu’il va suivre ce que je lui dis de faire. “Tu ne peux pas m’embrasser, ou être trop tactile. C’est médiatisé, il y a des photographes et des yeux un peu trop curieux de partout.” Je hoche la tête, il faut constamment faire semblant. “On est partenaire et je t’emmène pour rencontrer des gens. Ca s’arrête là. On ne doit pas parler de ROA, ni de quoi que ce soit qui soit un peu trop personnel.” Je le fixe et lui montre à quel point je suis sérieuse. Il ne faut pas faire de connerie.

Ivy m’oblige à porter toute mon attention sur elle et je l’écoute avec attention qui répond à toutes mes questions alors que je pose, moi, une main sur une de ses jambes qui ont trouvées leur place sur mes genoux. J’hoche la tête à intervalle régulier alors qu’elle m’informe que, peu importe le thème de la soirée, le plus important ce sont les gens qui s’y trouve et donc ceux qu’il faut que je rencontre pour mes affaires. Je souris en coin, quelque peu amusé, lorsqu’elle me dit que je ne dois surtout pas faire de scandale concernant les habits des uns et des autres ni en ce concerne la bouffe qui sera servie “Je vais essayer, oui” dis-je en hochant la tête, même si je vais sans doute devoir me faire sacrément violence pour ne pas faire valoir mes idéaux. Elle m’informe alors que je n’ai pas besoin de mentir car elle saura s’occuper de celui qui oserait me faire une remarque. “J’en doute pas de ça” que je rigole doucement. Mais ça me rassure quand même pas mal de savoir qu’Ivy sera là, elle et que je ne serais pas perdu au milieu de tous ces gens.

Après avoir dit que de toute manière le plus important c’est l’after party, elle dit avec un sérieux qui fait froid dans le dos que je dois vraiment faire attention de ne pas être trop tactile avec elle. Cessant de caresser son tibia gauche, je relève mon regard sur la jeune femme et l’interroge du regard. Apparement ces soirées seraient médiatisé et nous ne sommes que partenaire, rien d’autre. Nous ne parlerons pas de ROA ni d’autre chose trop personnel et j’hoche la tête “Ok, je saurais me tenir” lui promettais-je “Alors pour résumé: pas de scandals, pas de mensonges, pas ‘actes trop tactiles et aucune conversation trop personnel” je pousse un soupire “Tout ce que je fais d’habitude” et je laisse échapper un rire, mi amusé mi nerveux.

***

Quelques minutes plus tard, le chauffeur gare sa voiture face à l’entrée du bâtiment et j’hésite sincèrement à sortir en voyant tous ces gens qui se pavanent dans leur plus beau accoutrement. “Il est pas trop tard pour faire demi tour, non?” soufflais-je à Ivy. Mais pour toute réponse j’entend la portière qui claque alors que mon amie est déjà dehors. Je soupire doucement, me pince l’arête du nez puis prend une profonde inspiration et mon courage à deux mains et sort à mon tour. Rapidement, je rejoins Ivy et lui offre mon plus beau sourire. A ma place, Loan n’aurait pas de problème à faire la comédie. Il a l’habitude de jouer un rôle différent mais je n’ai jamais été doué en théâtre. Je me remémore toutefois les quelques conseils qu’il m’a donné puis hoche la tête “On peut y aller” que je lui souffle, tentant de faire bonne impression.

Je suis aussi précise dans mes réponses que je le peux. Je ne me suis jamais posée ce genre de question et je n’ai jamais eu de personne qui me les posait. Je mets quelques secondes pour réfléchir, je ne lui dirai pas d’aller se faire voir, il est bien trop angoissé pour ça. Alors je reste calme et je décide de lui donner des réponses qui devraient le satisfaire. Ca m’étonne encore de voir qu’il y a des gens qui ne connaissent rien à ce monde dans lequel je vis depuis ma naissance. La main de Martin glisse sur ma jambe gauche, et c’est exactement le genre de choses qu’il ne pourra pas faire quand on sera dans cette salle remplie de gens importants. “La suite de la soirée sera bien plus calme et tranquille, et tu seras pas obligée de faire attention à tout ce que tu fais tant qu’il n’y aura personne pour te prendre en photo.” C’est moi qu’ils voudront prendre en photo, surtout si je m’affiche au bras d’un nouveau mec. Et je ne veux pas que Martin soit envoyé dans ce genre d’histoire et de problème alors qu’il n’y a rien d’officiel ou de vraiment important entre nous. Ce serait un pas énorme que je n’ai en aucun cas envie de franchir.

***

On arrive enfin et j’ai eu l’impression que le trajet était bien trop long. Il a continué à poser quelques questions et j’ai répondu comme j’ai pu. Il veut faire demi tour et je ne prends même pas la peine de répondre. Je ne fais que claquer la porte, je passe une seconde à remettre ma combinaison correctement et regarder par la fenêtre que mes cheveux sont parfaits. Au bout de quelques longues secondes je l’entends qui sort et je le rejoins. Je ne suis pas trop proche, je ne le touche pas et pourtant je sens déjà que quelques appareils photos sont braqués sur nous. “Tout va bien se passer, ta tenue est parfaite, t’as pas à t’inquiéter tu vas gérer.” Et j’en suis sûre, il aime ce monde au fond de lui, je le sens. Je l’ai vu dès l’instant où il a su gérer le vendeur dans cette boutique. Et on commence à monter les marches pour rejoindre le rooftop.

Bizarrement, Ivy me semble bien plus conciliante que ce que j’aurais imaginé. Lorsqu’elle répond à mes questions, elle est bien loin d’être cette gosse de riche qui te juge pour un oui ou pour non. Non, elle est une jeune femme qui comprend qu’on n’est pas tous né sous la même étoile et que son monde m’est tout aussi inconnu que l’était le mien pour elle avant ROA. Mais elle a commencé à apprécier ce monde que je lui offrais, pourquoi ne pourrais-je, moi, pas apprécier le sien? J’hoche donc régulièrement la tête, l’écoutant avec grande attention, près à faire tous les effort du monde pour pas lui porter préjudice à elle et à l’image qu’elle véhicule.

***

Arrivé devant le bâtiment sur lequel se trouve l’un des plus grands roof top de la ville je suis un instant subjugué puis effrayé par tant de grandeur et de luxe que j’hésite sincèrement à faire demi tour. Mais Ivy est déjà dehors et je ne peux pas non plus la laisser y aller seule, mon envie de découvrir ce monde étant, aussi, bien plus grand que ma peur. Alors, prenant mon courage à deux mains, je sors à mon tour de la voiture et me dirige vers ma cavalière de la soirée. Celle-ci s’approche de moi et me glisse rapidement quelques mots qui se veulent rassurant. Je lui répond par un simple sourire avant de monter les marches pour rejoindre le roof top. Ou plutôt l’ascenseur qui nous permettra de monter tout en haut.

Je m'engouffre donc dans cet ascenseur, me fait le plus petit possible quand les autres personnes entrent à leur tour avant que la machine ne se mette en route. Arrivés tout en haut, nous descendons tous et je met quelques instants avant de retrouver Ivy qui, emporté par la foule en sortant de l’ascenseur s’est déjà retrouvé au niveau des dernières marches mon monter sur la terrasse. “Bon allez, raconte moi la s-”

Je ne peux en dire d’avantage car voici qu’arrive la première honte, celle où je trébuche sur mes propre pied. Du moin est-ce ce que quiconque pourra se dire. Fait est que, même après près d’un mois après la seconde poussée de ma maladie, il me reste encore une faiblesse au niveau de la jambe gauche qui s’est, certes, nettement améliorée, mais qui n’est toujours pas revenu comme avant. Et c’est pour ça, parce que je ne me suis pas concentré sur mon pied gauche, que celui-ci s’accroche à la dernière marche de l’escalier mais que mon corps est déjà près à continuer sa course. En panique je me rattrape à la première chose qui me vient entre les doigts, à savoir: le bras d’Ivy. Fort heureusement, celle-ci à un bon équilibre c’est grâce à cela que je parviens à ne pas me ramasser au sol.

“Woh putain” soufflais-je entre mes dents, me stabilisant de manière à pouvoir relâcher Ivy “Désolée” que je lui glisse avant que je tente de reprendre contenance face aux sourires moqueur et amusés qui sont rivé sur nous “Ce ...C’était pas prévu. Je ...” je toussote un peu, me redresse à nouveau et lisse un plie de mon costard tentant de faire comme si de rien n’était “Je demandais donc...c’est quoi la suite? Enfin la première chose qu’il faut qu’on fasse?” reprenais-je en posant mon regard sur la jeune femme.

Le bâtiment est grand, c’est exactement le genre d’endroit parfait pour ces réceptions. Je regarde autour de moi après avoir rassuré Martin. Je sens qu’il peut être parfait. Ca sera à double tranchant. Soit tout se passera bien, soit il va faire un scandale à la première occasion et je vais avoir envie de le tuer. J’espère qu’on aura pas le droit à la deuxième option. Je croise les doigts et me mets à sourire pour les photos. Je pose une ou deux fois avec ma tenue qui a l’air d’en impressionner plus d’un et je finis par monter les escaliers du haut de mes talons de 20 centimètres.

On monte dans l’ascenseur bondé mais je garde une distance de sécurité avec toutes les personnes qui sont à l’intérieur. Elles peuvent se marcher dessus je m’en fiche, mais personne ne va abîmer ma tenue. Je finis par sortir et j’en oublierais presque d’attendre Martin pour commencer à profiter de la soirée. J’attends finalement qu’il me rejoigne et je tourne la tête vers lui quand il commence à me parler. Mes yeux s’ouvrent en grand quand il commence à tomber. Oh non. Je dois faire au moins 1000 prières pour qu’il ne finisse pas par s’étaler sur le sol. Il se rattrape à mon bras et je le retiens. Heureusement que je suis habituée à porter ce genre de tenue et de talons, sinon je me serais étalée avec lui et on aurait dévalé les escaliers à deux.

Je serre les dents quand je vois que les regards sont attirés vers nous pour les mauvaises raisons. Il fait une mauvaise entrée mais tout peut encore être rattrapé. “Essaie de faire attention à où tu mets les pieds.” Je suis un peu sèche et je lance un regard noir au type qui rigole à quelques mètres. Je me replace correctement et attends qu’il ait monté tous les escaliers pour être sûre que tout va bien aller. “D’abord tu vas sourire, tu vas dire bonjour aux gens vers lesquels je t’emmène et si quelqu’un vient te voir tu es gentil avec même si tu le déteste.” Cette terrasse est remplie de gens qui se haïssent et qui pourraient s’entre tuer. Et pourtant, tout est cordial, tout le monde sourit et les salutations, les politesses vont bon train. “Tu devrais trouver des trucs à manger, être vegan c’est la nouvelle mode.” Je sens que cette remarque ne va pas lui plaire. “J’ai dit pas de scandale.” Je préfère prévenir que guérir, je le vois venir avec ses remarques. “Là-bas, c’est un groupe d’avocats et de juges, mais on ne va pas les voir eux. On ne peut pas dire qu’ils soient pro animaux et environnement.” Dans mon monde la majorité préfèrent sauver des usines de pétrole ou des grandes sociétés plutôt que de penser au bien être des chameaux sur l’aventure ROA. “Celui que je connais n’est pas encore arrivé.”

La honte. La vraie. Que celle de s’être presque étalé devant tous ces gens qui baignent dans le luxe et la luxure, qui semblent si fake et si superficiel. C’est en panique que je me rattrape à Ivy qui, fort heureusement, a un équilibre digne de ce nom lorsqu’elle m’agrippe par le poignet pour m’aider à me stabiliser. Je soupire doucement, la remercie silencieusement de m’avoir permi à ne pas m’éclater le menton sur le carrelage “J’ai pas fait exprès” que je grogne lorsqu’elle m’intime de faire attention où je met les pieds et la relâche en me redressant complètement, reprenant rapidement contenance malgré les rires moqueurs et les regards amusés et jugeant que les gens me lancent.

Afin de changer de sujet, elle se décide enfin à m’expliquer la suite des évènements: dans un premier temps je vais devoir sourire et être gentil envers ceux à qui elle me présente même si je les déteste “J’en connais aucun, je ne peux pas donc pas dire si je déteste telle ou telle personne” haussais-je simplement les épaules “Mais t’inquiète, je sais jouer la comédie” assurais-je en affichant un sourire fake mais trop, juste assez pour le rendre le plus naturel possible.

Lorsque nous allons ensuite vers la terrasse, elle reprend en me disant que je n’aurais pas de problème pour trouver de quoi manger disant qu’être vegan est à la mode, ajoutant promptement que je ne dois pas faire de scandale. “Mais...” j’arque un sourcil puis secoue doucement la tête “Chaque vegan, qu’il soit engagé, qu’il fasse cela pour les animaux, pour la terre ou qu’il suit simplement la mode est bon à prendre” j’hausse les épaules “Car en attendant il y a moyen d’animaux de tuer et qui souffrent”

Et je suis persuadé qu’Ivy n’a même pas suivi ce que je viens de lui dire, sans doute par pur désintérêt ou alors parce qu’elle est occupé à saluer les gens et à leur faire son plus beau faux sourire. C’est, alors que je la rejoins rapidement en souriant poliment, qu’elle me dit que les avocats et les juges qui se trouvent là-bas au niveau du bar ne sont pas ceux qu’elle souhaite me présenter car ceux-ci sont plutôt du genre à défendre les société de pétroles et tout ce qui apporte de l’argent “Ouais, non si tu veux pas de scandale on va les éviter eux alors hein” je pouffe doucement puis regarde autour de moi en trifouillant légèrement la manche de mon costard “On boit quoi dans ce genre de soirée en général? Champagne? Martini? Daïquiri? ...Bière?” j’arque un sourcil interrogateur vers Ivy.

Il a failli tomber, et on a failli très mal s’afficher dès le début de la soirée. Je garde mon sourire et ne regarde pas ce qu’il se passe autour de nous même si j’entends quelques mauvais rire. Je ne lance pas de regard noir, je rattrape Martin, replace correctement ma robe et il s’occupe de sa veste et c’est comme s’il ne c’était rien passé. Je souffle, et on continue de marcher dans la salle, la soirée peut commencer. Je suis à ma place, et ma tenue est magnifique. On est assorti avec Martin mais je ne le touche pas. On ne doit pas avoir l’air intime, j’ai ce rôle là à tenir avec Jack pour le moment et je ne gâcherai pas tout notre travail pour m’amuser avec Martin le temps d’une soirée. On aura l’occasion de s’amuser plus tard, quand il n’y aura pas d’appareil photo à chaque coin de la pièce. “Pars du principe que tu ne peux faire confiance à personne, et que tout le monde est faux.” C’est le cas pour nous déjà. Je soupire mais mon sourire amusé reste en place. C’est étonnant de le voir là aussi stressé. Je ne le lâcherai pas ce soir, et tout se passera bien. 


Il me fait sourire. “Au moins je sais que tu râleras pas.” Je ne serai jamais vegan, même pour la mode. Mais peut-être que grâce à ça il se fera des connaissances par lui même ce soir. J’attends de voir comment il s’en sort ici, peut-être qu’il rentrera chez lui dans moins de 10 minutes. “Je les aime pas beaucoup non plus. Ils sont du genre à penser que les femmes n’ont pas de cerveau. Très facile de les manipuler.” Je n’ai qu’à leur faire mon sourire le plus niais, et avoir une voix un peu plus aigu et le tour est joué. Mais Martin ne sait pas faire ça, il n’a peut-être pas le même talent d’acteur que moi alors je ne prends pas de risques. J’aurais peut-être besoin de ces types dans quelques mois si notre plan avec Jack ne tourne pas comme on le voudrait. “Arrête de stresser.” Je me tourne vers le serveur qui passe à travers la foule et attrape deux coupes de champagne. “Ca c’est bien.” Je n’ai pas demandé ce qu’il pensait du champagne. “Tu peux boire n’importe quoi, mais les vieux riches sont du genre à boire des whiskys ou des brandy à plusieurs milliers de dollars la bouteille.” Je hoche la tête en trempant mes lèvres dans mon verre, je boirai le sien s’il n’en veut pas. “T’as pas encore essayé de t’échapper ça m’étonne.” Et je fronce les sourcils, légèrement amusée par la situation. 

Ne fait confiance à personne ? Ok c'est noté. Tout est faux ? Il suffit d'être un minimum physionomiste pour comprendre que les sourires échangés ne sont que des sourires d'usage. Il ne faut pas non plus être aveugle pour voir que ces mêmes sourires disparaissent directement lorsqu'on tourne le dos à son interlocuteur et qu'on se dirige vers quelqu'un d'autre. Tout en avançant et en se dirigeant vers je-ne-sais-où (je ne fais que suivre Ivy qui, je le sais, saura nous guider à l'endroit adéquat), ma cavalière du soir me fait comprendre que je n'aurais pas de mal à trouver de quoi manger ce soir car le véganisme est à la mode.  «Mais arrête un peu ! » soufflais-je lorsqu'elle me répête de ne pas faire de scandale  «J'fais que rarement des scandales tu sais » je secoue doucement la tête  «Enfin, ces derniers temps en tout. Le premier que j'ai fait c'était à cause de la prod de ROA qui nous a filé des pauvres chameaux » si ce souvenir nous horripile tous les deux, les raisons sont différentes pour Ivy et pour moi.

Je fini par attraper la coupe de champagne que me tend la jeune femme tandis qu'elle précise que les vieux riches boivent, en général, du whisky ou du Brandy super cher et j'hoche doucement la tête  «ça va, je ne suis ni vieux ni riche donc je vais me contenter du champagne hein » je laisse échapper un rire puis m'immobilise lorsque Ivy en fait de même, s'étonnant de ne pas encore m'avoir vu m'échapper  « Et risquer de me rétamer dans les escaliers en les descendant seul ? No way» je pouffe de rire et prend une gorgé du champagne, regardant autour de moi  « Vas-y dit moi, c'est qui le pire des connards qui est ici présent ?» demandais-je en me penchant légèrement vers elle.

Je suis dans mon univers, au milieu du monde que j’aime et étonnement je me retrouve avec Martin au beau milieu de cette foule. J’ai l’impression qu’il s’y plaît, qu’il arrive à trouver sa place malgré le fait qu’il n’ait jamais fait parti de ce monde là. Il est à l’aise pour le moment alors j’en profite. On discute en gardant une certaine distance de sécurité, je ne veux pas laisser planer un doute ou lancer des rumeurs. Je n’ai pas le temps de lancer tout ça avec Martin quand il faut que je prenne le temps d’élaborer une stratégie pour le faire avec Jack sans que ça ne paraisse étrange. “Tu pourrais très bien faire des scandales je me méfie.” J’hausse un sourcil, je ne doute absolument pas de sa capacité à hurler sur le monde entier si quelque chose ne lui plaît pas. Rien que l’évocation des chameaux me fait serrer des dents et en un regard il saura qu’il ne vaut mieux pas en parler.

“Un peu vieux quand même.” Je le taquine, il n’est qu’à peine plus vieux que moi et je m’en amuse souvent. “Très bien, champagne alors.” Et je fais tinter ma coupe contre la sienne. On a plus qu’à s’occuper, à attendre que les personnes que je veux voir n’arrivent. “Je suis indispensable à ta vie.” Un sourire en coin et je me concentre sur sa nouvelle question. On se trouve dans un coin de la salle et je me concentre sur les gens, je sonde ceux que je connais et ceux que je ne connais pas. Mon regard s’attarde sur des types que je n’ai pas encore vu dans les parages et je lève les yeux au ciel. “Les nouveaux riches, les bébés pdg peuvent être les plus gros connards.” Mais il y en a beaucoup d’autres. “Ici tout le monde se vaut à peu près, quelqu’un de trop droit ou trop gentil ne suvivrait jamais dans l’arène.” Je pouffe de rire, on nous apprend à être des requins bien élevés quand on grandit avec des gens comme eux. “Lui là bas, certainement le mec le plus riche d’Australie, il a des dizaines de magasins de luxe dans le monde et spoiler : il ne fait pas dans les tissus renouvelable. Il ne se préoccupe pas des animaux ni de la forêt, il pourrait exterminer toute l’Amazonie et des dizaines d’espèces de renards pour fabriquer un manteaux.” Et j’en ai déjà porté des tas de vêtements de sa marque, mais ça, bien sûr, je le tais devant Martin. On a dit pas de scandale.

J'avoue avoir du mal à ce qu'on me dise que je fasse des scandales. Simplement car je n'aime pas être mis face à la vérité de la situation. Pour moi je ne fais qu'exposer mon avis, un peu virulent, mais c'est mon avis. Suis-je réellement aussi moralisateur ? J'ose espérer que non. Et pourtant ça reste un 'scandale' aux yeux de la plupart des gens. Enfin, peu importe. Je décide d'ignorer Ivy, me promet toutefois sincèrement de ne pas partager mon avis avec ceux qui ne veulent peut-être pas l'entendre et roule simplement des yeux lorsqu'elle me dit que je suis quand même un peu vieux  « Un an de plus que toi. Du coup tu devrais aussi être vieille» haussais-je les épaule avant d'attraper une coupe de champagne, ne réagis pas plus qu'avec un simple sourire entendu à la remarque d'Ivy disant qu'elle est indispensable à ma vie et lui demande de me dire quel sont les pires riches qu'elle connaisse.

Ce sont les jeunes, les nouveaux, les 'bébé PDG' comme elle dit, précisant que quelqu'un de trop droit et trop gentil ne survivra sans doute jamais dans l’arène  « Je vois ...c'est pire que Gladiator ton truc là» soufflais-je amusé avant qu'elle ne me désigne un homme. Le genre d'homme qui, je sais, je vais détesté rien qu'à sa description  « Ah ouais, un homme fort détestable quoi. Je ...» Je ne peux en dire d'avantage qu'une voix féminine ne retentisse  « Oh my god ! Ivy Waterhouse !» et l'instant d'après Ivy se retrouve écraser contre dans les bras d'une jeune femme. Blonde (pas naturellement), yeux verts, habillé d'une robe rose allant jusqu'aux genoux avec un flot sur l'épaule gauche, la droite étant dénudé, elle montre ses dents parfaitement alignées et peut-être un peu trop blanches pour être naturelles en offrant un large sourire à ma cavalière du soir  « ça fait trop plaisir de te revoir ! OMG, je savais pas que t'étais à Brisbane ! Je croyais que t'étais avec ton père quelque part à Rome ou à Berlin ou à Tokyo» et elle éclate de rire  «Va falloir que tu me racontes touuuus les derniers potins sur Marcel » elle lui adresse un clin d'oeil avant que son regard ne se pose sur moi  « Oh mais c'est qui lui ?» me redressant je lui adresse un charmant sourire et m'avance, ouvrant la bouche pour me présenter mais je ne suis pas assez rapide  « FELIIIIIIIX» la voix stridente de la barbie retentis à nouveau alors qu'elle passe à côté de moi, m'ignorant totalement. Je la suis du regard puis arque un sourcil et reporte mon attention sur Ivy  « je ...ce ...C'était quoi ça … ?» demandais-je avant de pouffer de rire  «Rassure moi, tu la connais au moins ? Vu ton expression j'ai pas trop l'impression en vrai ...» et pis c'est qui Marcel ? Et Felix ? Et le père d'Ivy ?

”Non c’est toi le plus vieux.” Mes yeux papillonnent. Martin a presque mon âge mais j’aime jouer avec tout ça, et il rentre facilement dans ce jeu là alors c’est encore plus amusant. “Et puis je serai jamais vieille.” Un clin d’oeil mais je reste à une certaine distance du jeune homme. On ne peut pas s’amuser comme on le fait d’habitude, pas devant autant d’yeux bien trop curieux et avares de rumeurs. “Gladiator c’était une cours de récré à côté de ça.” Mon doigt se point sur un groupe de jeune homme qui tente d’attirer l’attention d’un vieux riche connu. C’est amusant de les voir se battre ainsi, c’est un monde où l’esprit de compétition est indispensable, et ils l’ont bien compris. Je change de cible et lui montre la pire personne de cette soirée. Un mec que je n’aime pas vraiment mais qui fait partie des plus puissants. J’ai ma tête tournée vers Martin mais une grande blonde siliconée se jette sur moi pour me prendre dans ses bras en hurlant comme si nous étions les meilleures amies du monde.

Elle parle, elle vocifère, me parle de mon père et d’un certain Marcel. Mais qui est cette personne ? Elle regarde Martin et finit par s’enfuir en hurlant un nouveau prénom. Mes yeux sont grands ouverts quand je me tourne de nouveau vers Martin qui n’a pas l’air de comprendre ce qu’il se passe ici. “Ca c’était le genre de situation qui m’arrive bien trop souvent.” Je pouffe de rire, on me reconnait souvent et c’est quelque chose à laquelle on s’habitue. “Je la connais certainement.” Je hoche la tête en buvant la moitié de mon verre. “Je sais qui c’est ? Absolument pas.” Je secoue la tête en vérifiant que cette cinglée est loin. “J’espère qu’elle va pas revenir. Si elle revient tu souris et surtout SURTOUT tu ne pose aucune question.” C’est le meilleur conseil que je peux lui donner.