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 smile like you mean it (joseph)

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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptySam 18 Juil 2020, 16:39

Je déteste les journées comme celle-ci. J’en déteste encore plus la nuit qui arrive ensuite, toujours bien trop douloureuse à mon sens pour le nouveau venu dans le gang. On est tous passés par là à un moment ou à un autre et chez les Manthas le bizutage est fait dans les règles de l’art. Il permet de tester la solidité des nouveaux venus et de jauger leur résistance. S’ils passent la nuit alors ils pourront peut être prétendre à une part de respect de la part des autres membres. Sinon, cela sera un poids mort de moins à dénombrer dans les effectifs. Personne ne fait dans la délicatesse, personne ne cherche à adoucir quoi que ce soit. Marche ou crève. Ici, on applique les règles de la rue et le code moral n’est qu’une belle expression qui n’est finalement que de peu d’utilité.

Joseph, c’est le nom qu’ils n’ont cessé de hurler à tout va pour l’enjoindre à boire un verre de plus et prendre une autre ligne avec. C’est le nom qu’ils ont décliné à toutes les sauces, celui qui s’est parfois perdu dans d’autres déclinaisons. A l’approche de minuit, il est même devenu George pendant une heure ou deux, avant que le fautif ne commence à s’en lasser et puise lui même dans le stock d’alcool. Après ça, je ne l’ai plus revu. Je reste ambiant sans pour autant ne jamais participer à leur jeu. Je suis là parce qu’il en est de mon devoir et que c’est désormais pour moi un exercice bien rôdé, pour autant il est loin d’être un de mes préférés. Je suis de toute façon bien loin de l’aimer, tout simplement. Les autres membres attendent les soirées comme celles-ci avec impatience puisqu’elles sont synonymes d’excès en tout genre et que mon père n’est là que pour leur donner des idées supplémentaires pour aller toujours plus loin. Il parle d’ajouter des prostituées pour la prochaine fois. Joseph, lui, n’en verra sûrement pas la couleur. Je doute sincèrement qu’il passe la nuit. Il suit la cadence imposée par la musique et Damian mais tout le monde ici sait que c’est le pire cocktail possible. Il n’a rien d’un camé. On les reconnaît facilement, à force de les fréquenter. Joseph ne fait pas partie de ceux-là et à mon sens il a bien plus ses chances de finir enterré quelque part dans le Bush, là où personne ne le trouvera jamais et où personne ne nous posera de questions non plus.

Aussi faibles ses chances de survie soient-elle, j’entre en jeu lorsque chacun commence à fatiguer et à ne plus savoir où est le haut et où est le bas. La poudre blanche est éparpillée sur la table, les cartes bleues volées leur servant à délimiter les lignes se trouvent juste à côté. Les cadavres de bouteilles en tout genre sont nombreux et la moitié sont brisés. Ce sont leurs éclats de verre qui jonchent désormais le sol et craquent sous chacun de mes pas. Le nouveau a une place de choix, étendu sur le canapé, de la bave au coin des lèvres et du sang aux narines. Je n’ai pas assisté à toute la scène, trop occupé à enchaîner les cigarettes sur le perron de l’immeuble. Ce ne sont pas mes affaires. Je ne suis là que pour nettoyer et, désormais, apposer quelques claques sur ses joues de chérubin pour qu’il se réveille. “La fête est finie, viens.” Mes paroles n’ont rien de délicates et mes gestes non plus. Je ne suis pas son ange gardien, simplement celui qui pense encore pouvoir le sauver d’une manière ou d’une autre. Je veille à ne pas le laisser marcher sur les bouts de verre, son bras passé autour de ma nuque pour qu’il ait presque l’air d’avancer seul. Mon autre main le retient au niveau des côtés, véritable poids lourds qu’il personnifie à la perfection.

La seconde suivante, son corps s’enfonce dans le matelas d’une chambre choisie au hasard. Elle est déjà occupée, j’en chasse l’homme affalé de l’autre côté sans plus de cérémonie. Il râle, il grogne, on l’entend vomir dès qu’il a franchi le pas de la porte. Pour ma part, c’est une bouteille d’eau que je tends plutôt à la nouvelle recrue, à peine éclairé par les rayons de lune. “Bienvenue chez les Manthas.” Mon manque de conviction pourra être excusée par l’heure tardive et la fête qui s’achève à peine. Nul besoin de préciser que cela n’a rien à voir avec tout cela. “C'est de l'eau.” que je précise enfin en lui tendant la bouteilles, certain que tous ses sens ont largement été altérés. Il a un de nombreuses toxines à éliminer et une courte nuit à laquelle survivre. Je me laisse glisser le long du mur alors que mes genoux remontent au niveau de mon torse et que je garde un œil sur l’inconnu qui deviendra peut être un frère.


Dernière édition par Ichabod Bates le Mar 11 Aoû 2020, 21:36, édité 1 fois
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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptySam 18 Juil 2020, 17:22

Ce devait faire des semaines que Joseph n’avait pas senti le jet d’eau chaude d’un pommeau de douche contre son visage. Il ne bougeait pas d’un membre, la tête courbée vers l’arrière, les lèvres entre-ouvertes pour accueillir les gouttelettes perdues. L’odeur du savon ne lui semble plus familière mais, quand il prend l’ovale blanc dans ses mains, sa texture glissante rappelle en lui des souvenirs qu’il avait presque oubliés – mais qui étaient tout de même restés caché dans le fond de sa mémoire, juste à côté du visage de Lily, de celui de ses parents, de la puanteur de ses vaches, du claquettement des poules qui picorent le fond de leur enclos. De la foudroyante douleur qui parcourait son dos de bas en haut à chaque coup de ceinture. Il frissonne, gémit légèrement lorsque qu’il se tourne dos au jet. Cela faisait trop longtemps qu’il n’avait pas senti se réanimer la brûlure de ses cicatrices, là où sa peau ne s’était jamais complètement rétablie. Malgré tout, il serre les dents et il ferme fortement les paupières pour combattre la douleur, la respiration rapide. Quelques minutes plus tard, il sort de la douche et croise son reflet dans le miroir embué. Ses pieds rencontrent un carrelage propre et il se surprend à sourire en réalisant qu’aucune herbe, qu’aucune terre, qu’aucun rocher ne se glisse entre ses orteils. Plus jamais il ne se lavera dans une rivière. La page a été tournée.

Ses vêtements ont eu le temps de sécher. Il sort de la salle de bains vêtu de ceux-ci et son regard curieux parcours les alentours de la grande maison. Tout semble si calme. Aucune voix ne s’élève dans la demeure et cela inquiète Joseph qui se dirige naturellement vers les escaliers pour descendre au salon, là où il avait croisé les premiers garçons à son arrivée. Ils l’avaient tous regardé de leurs yeux malicieux et le jeune avait noté un sourire mesquin sur les lèvres de l’un d’entre-deux. Alors il descend les marches une par une, faisant le moins de bruit possible, remerciant le parquet de ne pas craquer sous son minuscule poids et, à l’entrée du salon, il s’arrête. Quelques bouteilles pleines en verre parsèment les tables, le sol même, mais il n’y a personne pour consommer leur contenu alcoolisé.

Puis, tout se passe en quelques secondes. Joseph perd la vision quand un sac en tissu se pose sur sa tête puis le sert au niveau du cou. C’est la panique qui prend le dessus sur ses membres alors qu’il s’agite dans tous les sens pour se défaire de la prise bien trop puissante de deux ou trois garçons costauds qui s’étaient mis à rire en chantant son nom. À peines quelques secondes plus tard, la radio est allumée et la musique fait vibrer les murs. « Il faut que tu boives si tu veux t’en sortir vivant ! » Lance un premier mantha, à gauche du prisonnier qui a été agenouillé au sol. Le sac sur sa tête est relevé jusqu’à la ligne de ses lèvres et, aussitôt, le goulot d’une bouteille se pose contre sa bouche et un liquide dégoûtant force son chemin contre sa langue, puis le long de sa gorge. De justesse, Joseph arrive à avaler sans s’étouffer et c’est sous une vague d’acclamations qu’il termine au moins la moitié de la vodka de cette façon, aveugle, sincèrement paniqué, et inconscient de ce qui va lui arriver.

Il faisait déjà nuit dehors au début de la fête mais, quand un garçon au visage étranger s’approche de Joseph sur le canapé, la lune avait tracé la moitié de son chemin dans le ciel noir. “La fête est finie, viens.” Une phrase qu’il ne perçoit pas tout à fait et qui ressemble d’avantage à une suite d’onomatopées de l’ordre du primate. Le jeune étourdi émet une sorte de plainte molle quand la poigne du nouveau se serre autour de son poignet pour le redresser sans délicatesse. Un haut le cœur violent fait tourner le visage de Joseph au vert mais il arrive à retenir le contenu de son estomac. Quand il passe sa langue sur ses lèvres pour les humecter, la saveur métallisée du sang lui rappelle la poudre qui s’est collée dans le fond de ses narines alors qu’il ne voulait pas.

Ses jambes s’affaissent en même temps que son corps. C’est un matelas moelleux qui accueille sa fine silhouette endormie et il arrive enfin à ouvrir les yeux. La lumière de la pièce lui brûle la rétine et réveille une migraine coriace. “Bienvenue chez les Manthas.” La voix de l’étranger le ramène à la réalité. Il soulève légèrement la tête, les yeux plissés, et il observe le garçon. Il ne sait pas quoi répondre. Il ne faut pas lui demander de trop réfléchir dans de telles conditions, la plus grande partie de sa concentration réside la retenue du vomi qui lui chatouille le fond de la gorge. L’autre lui tend une bouteille et, le premier réflexe de Joseph, c’est de détourner les yeux pour refuser d’absorber la moindre goutte d’alcool supplémentaire. “C'est de l'eau” Il respire doucement, on peut entendre le ronronnement de sa gorge parce qu’il se retient d’éclater. Il a eu peur, Joseph. Il n’a pas cru s’en sortir vivant, et pourtant. « Merci. » Il arrive à murmurer en enroulant ses doigts autour de la bouteille dont il dévisse le bouchon. Il prend le temps de s’hydrater, gorgée par gorgée. Pendant un instant, il oublie qu’un témoin est toujours présent et il reporte son attention vers lui. « Je ne vous ai pas vu ce soir. » Même bourré, même drogué, il n’en oublie pas les quelques règlements de base qu’il a appris chez ses parents. Le respect est une chose importante et, pour interpeller un inconnu, on fait usage du vouvoiement. « Pourquoi vous ne fêtez pas avec les autres ? » Épuisé, il se tourne doucement contre le matelas pour se positionner de côté. Il plonge son regard embué dans celui de son sauveur et l’observe en silence.              
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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptyMar 21 Juil 2020, 00:05

J’observe la cadence de sa respiration tout comme je garde un œil sur les possibles tremblements de ses mains ou de ses jambes. Je vérifie qu’il ne soit pas en train d’halluciner ou de s’étouffer dans sa propre salive non plus. J’ai l’air d’avoir les yeux perdus en faisant tout ceci mais la chose est devenue naturelle au fil des ans, au point où je n’ai même plus à penser à l’ordre des priorités ou à la prochaine étape du processus. Soit il vomit, soit il passe la pire nuit de sa vie. Son corps en décidera de lui même dans les minutes à venir, selon s’il juge avoir ingéré trop de toxines ou si cela reste encore tolérable. Si cela ne tenait qu’à moi, je lui aurais dit de se faire vomir. C’est ce que j’ai dit au premier gars qui a rejoint le gang après moi ; c’est aussi à cause de ça que je me suis pris son poing dans le visage. J’ai aujourd’hui appris à garder mes distances et laisser chacun libre de ses choix, cela les aide sûrement à en assumer les conséquences ensuite. Quand ils meurent, ceci dit, ils n’ont plus grand chose à assumer et nous tout à nettoyer.

L’inconnu en face fait de nombreux efforts pour ne pas avoir à montrer qu’il est souffrant et je le relève sans pour autant l’apprécier à sa juste valeur. Il a eu un sourire trop faux et trop forcé toute la soirée et les autres ne l’ont pas vu simplement parce qu’ils avaient pris de l’avance sur la consommation d’alcool. Il ne pourra pas passer au travers bien longtemps, si tel est réellement son désir. Lui aussi va devoir apprendre à devenir un autre s’il veut réellement survivre dans ce gang. La bouteille d’eau glisse finalement de mes doigts aux siens et c’est là le seul cadeau que je peux lui faire ce soir, malheureusement. « Merci. » Je secoue la tête, fatigué, avant de la reposer contre le mur froid et sale. “Ne me remercie pas.” Tant parce qu’il ne me doit rien que parce qu’il doit apprendre à ne pas montrer qu’il s’appuie sur les autres. Même les gestes les plus minimes du quotidien ne doivent pas mener à des remerciements. Les hommes ici se remercient en se frappant l’arrière du crâne ou en faisant des combats sans ne jamais (sauf erreur humaine) se tuer, simplement pour passer le temps. Mon père laisse passer parce qu’il trouve ça tout aussi drôle que les autres, à vrai dire. Lorsque viendra mon tour, j’y mettrai un terme. Pour l’heure, j’en suis encore à m’occuper des oisillons blessés et, apparemment, assoiffés. « Je ne vous ai pas vu ce soir. » Mes yeux s’écarquillent à peine en entendant ces mots là et surtout la façon dont il les prononce. Il l’a rien de l’attitude stéréotype et du langage allant avec qu’ont tous les autres. A vrai dire, il semble tout droit sorti d’un monastère où on lui aurait appris à bien parler et à bien se tenir. Encore une fois, s’ils n’étaient pas déjà bien trop alcoolisés alors ils auraient pu observer à quel point sa main tremblait au moment de refaire les lignes de cocaïne sur la table du salon. Il avait l’air de tout découvrir et je suis désormais certain que c’était finalement le cas. Il est un agneau égaré qui ne fera pas long feu en enfer. “Tu étais trop occupé à tester la came, sûrement.” Ce n’est pas un reproche, ce n’est pas non plus une excuse. Il pourra faire de cette constatation ce qui lui plaît.

« Pourquoi vous ne fêtez pas avec les autres ? » A son tour Joseph vise juste dans ses constatations mais je ne peux pas me permettre de montrer que je ne m’y attendais pas. Je n’ai pas d’autre choix que de tenir les yeux bleus de l’inconnu dans les miens et de ne plus le lâcher ensuite, prenant pourtant le temps de jauger de l’état de dilatation de ses pupilles. Je reste aussi impassible qu’à la première heure, parfait petit personnage que j’apprends à façonner depuis quelques années déjà. “Tu n’avais pas besoin de moi, tu étais déjà bien entouré.” A son vouvoiement je continue de répondre par le tutoiement pour lui montrer qu’il n’est pas mon supérieur, à défaut de ne pas être mon égal non plus. L’ironie ne me fait pas rire, j’estime que j’aurai oublié la particularité de cette soirée d’ici à une semaine quand lui n’en sera jamais capable. Avec le temps, il s’y fera. Il n’a d’autres choix. “Fais comme si tu t’étais déjà drogué avant. Ils ne te prendront pas au sérieux si tu leurs racontes la vérité.” La vérité n’a de toute façon que de place ici, c’est un concept qui peu apprécient. “Qu’est ce que quelqu’un comme toi a fait pour atterrir ici ?” Je ne pose pas de mot sur les choses parce qu’il n’y en a pas besoin, ni sur le comme toi et encore moins à propos du ici. Il sait autant que moi ce dont je veux parler. “Si mon père t’as promis la richesse, il n’a pas précisé que pour ça tu devais survivre à ce soir.” Je conclus enfin, aussi détaché que possible. Le gang m’a appris à ne plus craindre la mort, au moins. Il y a des choses bien pires.
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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptyMer 22 Juil 2020, 19:27

Il pourrait passer des heures à fixer les moulures au plafond ainsi que celles qui encadrent les portes. Cela fait bien trop longtemps qu’il ne s’est pas trouvé entre les quatre murs d’une maison et le moindre détail pourrait réconforter son cœur fripé si seulement l’alcool et la drogue n’étaient pas en train de se confronter dans ses veines. Il a besoin d’eau mais il ne sait pas mettre les mots sur sa demande : c’est donc avec gratitude qu’il accepte la bouteille que lui tend l’inconnu légèrement plus âgé que lui. Il a su lire dans ses pensées et ça lui a évité de renverser le contenu de son estomac dans ce lit à l’apparence propre. “Ne me remercie pas.” Il a été obligé de le faire car le respect est un tatouage qu’il s’est fait encrer depuis trop longtemps. On ne retire pas les habitudes les plus persistantes en l’espace de de quelques mots. Il lui faudra beaucoup de temps à Joseph pour délaisser complètement ce passé qui lui colle littéralement à la peau du dos. Malgré son envie de fermer les yeux et de s’endormir pour une durée indéterminée, Joseph se refuse de fausser compagnie à la seule personne qui a pris soin de lui jusqu’à présent. Ce garçon semble différent : il ne semble pas être intéressé par ce qui intéresse tous les autres. À première vue, il est complètement sobre, peut-être un peu trop même. “Tu étais trop occupé à tester la came, sûrement.” Silencieux, il observe les yeux bleus de son interlocuteur, puisant dans ses dernières forces pour ne pas se laisser avaler par le matelas invitant. Ainsi placé sur le côté, son estomac se calme légèrement et lui permet de reprendre la parole sans que son cœur ne se soulève. « La came c’est la drogue, c’est ça ? » Il demande, apprenti, touriste dans ce monde de l’illégal, perdu comme un poisson d’aquarium relâché à la mer. Devant tant d’innocence, l’expression de l’étranger se lit clairement. Il s’agit effectivement de la drogue qu’il a ingérée sans qu’on ne lui donne le choix de franchir ce pas empoisonné. « Qu’est-ce que c’était ? » Le nom de la drogue, les effets qu’elle engendre au consommateur, la durée de ceux-ci. Il ne connait absolument rien de cet univers et c’est probablement pour cette raison que le chef des manthas l’a invité dans cette baraque, dans cette bande d’adolescents éternels. Il ne saurait pas à quoi s’attendre et n’aurait pas son mot à dire sur ce qui est bien ou mal parce que, au fond, la seule chose que sait Joseph est que la Bible punit la consommation de substances addictives. Mais, s’il y a une chose que le garçon fuit à tout prix, c’est ce livre rempli de fausses promesses qui n’a fait que le hanter. Il préfère nettement poser ses narines au-dessus d’une ligne de poudre blanche que de pénétrer dans une Église dans laquelle les murs l’écrasent, lui murmurent des secrets, posent leurs mains sales sur son ventre puis sur ses cuisses.

“Tu n’avais pas besoin de moi, tu étais déjà bien entouré.” Le visage de Joseph reste blanc comme la neige. Il ne réagit pas vraiment, effrayé. Ces garçons qui l’entouraient ne semblaient pas lui vouloir du bien. Il connait les moqueries, il sait qu’elles font pousser l’embarras dans son ventre et, ce soir, c’était tout un champ de honte qui s’était enraciné en lui. « Ces gens… Est-ce qu’ils sont ce que je vais devenir ? » Il demande, assez lucide pour comprendre la réalité qui l’entoure. Il n’est pas idiot. Il sait qu’il n’a pas intégré une organisation humanitaire. On lui a promis un toit sous lequel dormir et c’est tout ce dont il a besoin. “Fais comme si tu t’étais déjà drogué avant. Ils ne te prendront pas au sérieux si tu leurs racontes la vérité.” Le plus jeune sourit doucement en clignant des paupières. Il hoche la tête, sa joue se frottant contre l’oreiller devenu brûlant. « Parce qu’ils ne t’ont pas pris au sérieux, toi ? » Il s’attache à son regard, cherchant sa réaction. Il a déjà compris que ce garçon n’est pas comme les autres et que c’est pour cette raison qu’il l’a tiré de sa misère pour l’amener dans cette chambre bien plus calme. “Qu’est ce que quelqu’un comme toi a fait pour atterrir ici ?” Ses réflexions se perdent là où elles n’auraient pas dû aller. Il revoit Olivia, dans la rivière, qui lui promet que sa vie deviendra ce qu’il a voulu faire d’elle. Ses yeux s’humidifient naturellement, comme s’il réalisait que maintenant qu’il a fait une erreur. “Si mon père t’as promis la richesse, il n’a pas précisé que pour ça tu devais survivre à ce soir.” Il sort de ses pensées, relève ses yeux vers le mantha tandis qu’une timide larme glisse le long de sa joue pour disparaître contre le drap. « Ce lit… Il est à moi ? » Il enfonce ses ongles dans le matelas pour se l’approprier, pour obtenir la seule chose qu’il désirait en venant ici. « Il m’a promis un endroit où je me sentirais comme chez moi. Une famille. Des frères. » Il marque une pause, essuie ses yeux avec le revers de sa main et retient un énième haut le cœur. « Ton père ? » Il répète ensuite, comme s’il venait d’assimiler une information qui avait jusqu’à présent passé par-dessus sa tête sans qu’il ne l’attrape. « C’est pour ça que tu es ici ? » Parce que tu es le fils d’un criminel et que ta destinée avait été tracée dès le début ? Parce que tu n'as pas eu la chance de le fuir avant qu'il ne te menotte comme moi je l'ai fait pour éviter un dernier coup ?            

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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptyJeu 06 Aoû 2020, 17:25

Si ce sont mes yeux qu’il désire observer alors ce sont mes yeux que je lui offre, laissant toute la faute reposer sur l’abus d’alcool et autres substances en tout genre. D’autres avant lui se sont crus capable de marcher sur les murs ou, mieux encore, de les traverser. Pour le moment il s’en sort mieux que la moyenne, même s’il a justement l’air bien trop à fleur de peau et friable pour pouvoir survivre parmi nous. J’ai rapidement appris que le destin des autres ne repose pas entre mes mains seules et s’il est assez fort alors il pourra se faire une place ; sinon, j’imagine que mon père se fera un plaisir de le laisser en pâture aux chiens. Au sens propre ou au figuré, c’est à voir. Ce sont un peu comme les oisillons au moment de naître : si on les aide trop à percer leur coquille, cela signifie qu’ils n’étaient pas prêts pour ce monde. C’est la raison pour laquelle mon aide se résume au minimum, même si je rêve toujours d’en faire plus et de me montrer utile pour une fois dans ma vie. « La came c’est la drogue, c’est ça ? » Chaque fibre de mon corps sait qu’elle n’a pas le droit de réagir à ce genre de question et pourtant j’ai moi aussi encore beaucoup à apprendre. L’expression de mon visage trahit mon étonnement alors que mes sourcils se froncent, le temps d’une micro-expression à peine, et que dans ma boîte crânienne s’enchaînent les théories et autres idées à son propos. La première de toute, c’est de savoir comment une personne comme lui a bien pu se retrouver au milieu de personnes … comme nous, comme eux. “Ne pose pas ce genre de questions.” Ce n’est pas parce que je suis apparemment son ami pour la soirée que je le serai demain encore et il doit apprendre les bonnes habitudes. Ici, c’est marche ou crève. Le un pour tous n’est pas valable, le chacun pour soi l’est beaucoup plus. A mes yeux en tout cas, c’est ainsi que tout fonctionne. On m’apprend à me méfier de tout le monde, pas à me fondre dans la masse. Après tout, je suis destiné à les diriger et non pas à devenir leur ami ou même leur égal. Pourtant, je finis par lui murmurer dans un seul souffle fatigué. “Mais oui, c’est ça.” Je sais bien que si je ne réponds pas à ses questions personne d’autre ne le fera et une part de moi craint déjà de savoir à qui il pourrait bien aller demander tout ce genre de choses.

Il devrait se taire, se reposer et tenter de récupérer un maximum d’énergie avant la journée de demain mais il est un agneau parmi les loups. Un agneau qui pose déjà bien trop de questions, qui plus est. « Qu’est-ce que c’était ? » J’esquisse un sourire qui n’a rien de joyeux alors que je prévois déjà qu’il cessera rapidement de poser ce genre de questions. Tant que c’est de la drogue et que ça fait voir des étoiles, c’est tout ce qui importe. Le nom exact, plus personne n’en a rapidement rien à faire. “Cocaïne, sûrement. Ils commencent doucement.” Il le découvrira bien vite.

Trop de questions, Joseph, beaucoup trop de questions. « Ces gens… Est-ce qu’ils sont ce que je vais devenir ? » Il ne voudra pas entendre la réponse de celle-ci alors je fais plutôt le choix de me taire. Il est déjà sûrement bien assez tombé de Charybde en Scylla pour que je ne lui assène le coup final. Pour cette question comme pour toutes les autres, ce n’est de toute façon qu’une question de temps avant qu’il se rende compte de la vie qu’il vient de choisir. Ce que je peux au moins lui concéder c’est qu’il écoute mes ordres et conseils sans tenter de s’y dérober d’aucune manière et c’est aussi ce qui lui permettra de survivre parmi les Manthas. L’obéissance est la clé, même dans le monde de l’illégalité où justement plus aucune règle ne semble exister : elles sont toutes tacites. « Parce qu’ils ne t’ont pas pris au sérieux, toi ? »Bien sûr que si.” Je réponds bien trop hâtivement, gamin encore mal entraîné à évoluer dans un monde de requins. Bien sûr que non. Tout était pire encore parce qu’ils voulaient montrer au fils du chef ce qu’est véritablement le monde mais ils faisaient aussi bien attention à ne jamais aller trop loin, parce qu’ils savent qu’une mort est vite arrivée. Il ne sait pas ce que c’est, lui, de connaître le pire avant d’être soigné comme un roi pendant une minute à peine, tout ça pour recommencer à s’amuser davantage encore. J’étais un pantin qu’on rafistolait en hâte mais lui, personne ne prendra le temps de le rafistoler si jamais il en vient à dépasser ses limites. De l’autre côté de la porte, personne ne s’attachera à lui parce qu’il pleure. Moi même, on m’a appris à me détacher de ce genre de sentiments qui ne peuvent jamais mener à rien de bon.

Sa voix revient, tremblante et fort peu assurée. Il a la nuit pour apprendre à être fort là où il m’a fallu des dizaines d’années. « Ce lit… Il est à moi ? » Je serre la mâchoire par dégoût, non pas à cause de lui mais bien de mon paternel qui se croit capable de promettre tant de choses à un gamin qui ne demande qu’à y croire. “Pour ce soir. Demain, tu devras te battre pour l’avoir.” Ce soir, je m’en suis occupé. Demain, il se sera perdu dans la foule avec tous les autres et il aura déjà commencé le processus d’assimilation pour leur ressembler. « Il m’a promis un endroit où je me sentirais comme chez moi. Une famille. Des frères. » Et il a menti. A mes yeux en tout cas, c’est là tout ce dont il est capable. Je laisse pourtant Joseph continuer à croire en ce qu’il veut, si c’est tant ce dont il a besoin alors je le lui laisse. La chute n’en sera que plus douloureuse encore si ce n’est même mortelle mais j’imagine au moins qu’il aura goûté au bonheur pendant un temps. Je replace mon dos endoloris contre le mur salit par le temps et les excès en tout genre du gang et mes yeux ailleurs, loin des larmes de l’inconnu. « Ton père ? C’est pour ça que tu es ici ? »Pour ça quoi ?” A défaut de pouvoir dévoiler des pans de ma vie au premier venu, je suis curieux de savoir ce qu’il pense connaître de moi avec les quelques informations à peine que j’ai mises à sa disposition. Mon lien de parenté avec le chef du gang n’a rien d’un secret et il l’aurait su tôt ou tard, de toute façon. En lui annonçant de moi même je peux au moins contrôler la manière dont c’est avoué et les conclusions qu’il peut en laisser découler.

La phase finale reste toujours celle où on tente d'en apprendre le plus sur l'autre tout en en dévoilant le minimum sur soi. J'ai besoin de savoir où je pourrais l'attaquer, si jamais un jour besoin il y a. "Tu viens d'où ? Pour être heureux d'avoir un lit et une famille, tu sors d'où ?" Famille, que c'est ironique. Je veux savoir à quel moment sa vie a basculée pour qu'il prenne cette décision et cet horrible chemin, le tout en pensant réellement agir au mieux.
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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptyLun 24 Aoû 2020, 23:35

Joseph ne sent plus le tremblement dans son corps devenu une habitude depuis qu’un sac en tissu a enveloppé sa tête pour le priver de son sens le plus important. Il ne pourrait dire si c’est la frayeur ou la drogue qui noue tous ses muscles endoloris mais il ne peut pas y penser, trop occupé à retenir son envie de vomir. “Ne pose pas ce genre de questions.” Le ton du garçon qui l’a sauvé se fait soudainement plus austère et, docile, le plus jeune hoche doucement de la tête pour lui faire comprendre qu’il a compris son ordre et qu’il ne laissera plus sa naïveté s’échapper de sa bouche. Il découvrira ce monde par lui-même s’il le faut, il est assez solide pour surmonter toutes les découverte, même les plus anxiogènes. “Mais oui, c’est ça.” L’autre se reprend, pour au moins lui fournir cette réponse qui, au fond, n’était pas bien importante. Pour Joseph, une drogue est une drogue et il ne saurait distinguer l’une de l’autre. Jamais ce genre de produit ne s’est introduit dans sa maison à la campagne et son père lui aurait probablement coupé les doigts s’il l’avait découvert avec une simple clope entre les lèvres. Les Keegan n’empoisonnent pas leur corps, ils le dévouent à l’être surpuissant vivant au-dessus des nuages. Les Keegan différencient le bien du mal et ne se laissent jamais tenter par ce dernier. « Merci. » Joseph murmure, poli, conscient que l’autre garçon aurait préféré ne jamais s’occuper d’un tel animal perdu qui n’avait jamais touché à de la drogue avant de s’en coller dans le fond du nez. Mais il l’a fait, et il sera toujours reconnaissant. “Cocaïne, sûrement. Ils commencent doucement.” Le visage du jeune s’étire en une grimace alors qu’il retient un énième haut de cœur provoqué par la surprise. Alors la cocaïne c’était le premier niveau du jeu ? Il ne sait pas s’il survivra à la suite. Il ne pose pas plus de questions à ce sujet car il a compris sa leçon. Personne ne lui enseignera la matière avant qu’il n’y soit confronté. Ce sera comme arriver à un examen de mathématiques sans avoir appris par cœur les formules les plus importantes pour résoudre une équation.

Il est assez lucide pour comprendre que son destin est maintenant entre les mains de ce groupe illégal. Il ne pense pas posséder le même cœur qu’eux. Au fond, il ne s’est jamais intégrée à sa propre famille, peut-être n’arrivera-t-il jamais à faire de même ici. Malgré tout, il demande si là est son destin : une question à laquelle il n’obtient aucune réponse. Seulement le silence lourd de mot de sa compagnie s’élève dans la chambre, la rendant pesante. “Bien sûr que si.” Il s’empresse de répondre quand Joseph lui demande s’il était comme lui à son arrivée. S’il ne connaissait ni l’alcool, ni la drogue. Perplexe, il observe en silence ses yeux pour déceler la vérité au fond de sa tête mais il n’y trouve rien. Sa coquine semble trop épaisse. Mais, s’il y a une chose que le garçon de ferme a capté chez l’autre, c’est qu’il est différent du reste de la bande. Parce que, lui, plutôt que de se moquer de son incompétence, il l’a tiré de la misère avant qu’il ne s’évanouisse pour jamais se réveiller sous les corps dansants des manthas trop bourrés pour réaliser qu’ils ont la vie d’un gamin entre les mains : mais, au fond, ils s’en fichaient peut-être.

Trop fatigué, Joseph préfère poser son attention sur ce matelas qui soutient son corps lourd. Il hume son parfum les yeux mi-clos, tentant d’y trouver une odeur familière. Le confort, la sensation d’être en sécurité. “Pour ce soir. Demain, tu devras te battre pour l’avoir.” Nouveau haut le cœur, il ferme complètement les yeux pour avaler l’information – ainsi que son vomi. Ce lit, c’est du luxe pour celui qui dort sur le béton depuis des années. « Ce n’est pas grave. Je trouverai un autre endroit. » Il confesse humblement en rouvrant les yeux sans décrocher ses ongles des draps afin de profiter de leur douceur le plus longtemps qu’il le peut. Tout ce qui compte, pour lui, c’est d’obtenir ce que le chef du gang lui a promis. Une famille, rien de plus, rien de moins. Il ne serait pas là s’il payait de sa vie contre un simple matelas.

Quelques secondes trop tard, il lie A et B et comprend que son sauveur n’est nul autre que le fils de celui qui lui a tendu la main. C’est étrange comme nouvelle. Il ne s’attendait pas à ce que son sang soit si différent. Le fils du patron, il l’aurait imaginé fier, sévère, presque arrogant, à l’image de son père. Mais c’est un tout autre portrait qui s’offre à lui. “Pour ça quoi ?” Sourcils froncés, il répète à nouveau : « Que tu es ici. » A-t-il trébuché dans ses mots sans s’en rendre compte ? C’est puissant, la cocaïne, il a dû dire une connerie. « Mon père voulait que je sois comme lui. Discipliné et fort. Il voulait que je l’accompagne à la chasse mais je ne voulais pas. » Il marque une pause, détestant revoir ces souvenirs derrière ses paupières. « Tu es ici parce que ton père veut que tu sois comme lui. » Il conclue comme s’il possédait la vérité absolue. "Tu viens d'où ? Pour être heureux d'avoir un lit et une famille, tu sors d'où ?" Ses doigts se mêlent à la couverture, il profite de la sensation que lui prodigue cette sensation qui lui a trop longtemps manqué. « Dehors. » Il marmonne en détournant les yeux un moment, incertain de vouloir donner plus de détails quant aux raisons de sa venue ici. Il aurait tant de choses à dire mais personne ne les a jamais entendues. « Tu as déjà passé une nuit dans les rues ? » Il l’interroge après avoir reniflé. « Tu comprendrais si tu l’avais vécu. » Il termine en hochant doucement de la tête, préférant taire sa véritable origine. Car il n’est pas qu’un gamin errant dans Brisbane sans toit au-dessus de sa tête. Il est un frère qui n’a pas été assez fort pour rester aux côtés de sa sœur, un fils raté et le pire ami.    
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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptyMar 25 Aoû 2020, 22:20

Le nouveau avale une à une les informations que je porte à sa connaissance. Il ne se plaint pas et c’est une force de caractère qui le sauvera, ici. Peu importe ce qu’il semble penser au fond, il ne m’en fait pas part et ce qui devrait être un défaut dans le monde normal est une chance dans celui-ci. « Ce n’est pas grave. Je trouverai un autre endroit. » Ne sachant trop comment réagir face à ce genre de comportement, je me permets pourtant de préciser une dernière chose à propos de l’organisation du gang. “Ce ne sont pas les canapés et les matelas qui manquent, par contre.” Les gars n’ont pas de place précise pour la nuit mais chacun se voit offrir le même toit, mon père a bien insisté à ce sujet. Personne n’est laissé à la rue et tant qu’ils acceptent de dormir sur des matelas miteux de quelques centimètres d’épaisseur à peine alors la nuit leur est offerte. Seuls les plus chanceux ont accès aux canapés voire même aux lits.

Mon lien de parenté avec le chef du gang n’étant nullement un secret, je lui en fais part avec hâte pour qu’il soit au moins au courant une bonne fois pour toutes. J’ai observé trop de fois l’attitude de certains changer après qu’ils aient appris la nouvelle et désormais je ne me risque plus à ce genre de secret de bas étage. Tous savent qu’un jour je lui succèderai, même si aucun ne me prend au sérieux pour autant : ce ne sont là que des raisons supplémentaires pour mon paternel de vouloir m’engaillardir. Je fais répéter sa question à Joseph pour être certain de savoir où il souhaite en venir et m’étonne de l’audace dont il fait preuve derrière cette vulnérabilité apparente. « Que tu es ici. » Je hoche la tête, déboussolé, avant qu’il n'enchaîne de lui même. « Mon père voulait que je sois comme lui. Discipliné et fort. Il voulait que je l’accompagne à la chasse mais je ne voulais pas. » Mes yeux bleus remontent dans les siens, à la fois soulagés et désolés d’autant se reconnaître dans ses mots. Mon père à moi, c’est la chasse aux hommes qu’il pratique. Ce sont des humains qu’il descend dès lors que leurs intérêts divergent ou qu’ils commencent à empiéter sur son précieux petit territoire de Mantha. « Tu es ici parce que ton père veut que tu sois comme lui. » Ma langue passe sur mes dents, comme si avec ce simple geste j’allais pouvoir gagner du temps que je n’ai pas. J’ai été percé à jour bien trop vite et ce serait une raison de plus pour mon père que de durcir l’entraînement. Je tente donc de rectifier le tir là où je le peux encore, comptant surtout sur l’état de Joseph pour qu’il oublie un maximum de choses le lendemain venu. “Je vais lui succéder.” Et pour ça je dois être fort comme lui, oui, bien sûr. Ce n’est que sous entendu. Ce sont des mots que je n’ai pas le droit de plussoyer tels quels.

Curieux, je questionne enfin les origines de cet oiseau qui semble tombé du nid. « Dehors. » Je fronce les sourcils, incertain qu’on puisse réellement répondre ce genre de chose à la question ‘d’où viens tu’. Je demandais une ville, je demandais la composition d’une famille, je demandais une histoire. Dehors n’est pas une réponse que j’aurais pu anticiper, ce qui prouve encore une fois tout ce que j’ai à apprendre. « Tu as déjà passé une nuit dans les rues ? »Non.” Une fois, dans le jardin, pour observer une pluie d’étoiles filantes. Je me suis endormi sur le matelas que ma mère avait gonflé pour l’occasion, parce qu’elle avait peur que je me fasse mal au dos sinon. J’imagine que ça ne compte pas tout comme je sais que cette histoire fait partie de la liste interminable des anecdotes que je n’ai pas le droit de raconter. « Tu comprendrais si tu l’avais vécu. » Je ravale ma salive hâtivement, déboussolé par ses paroles que je n’attendais pas. “T’as pas de famille, alors ? Ca fait combien de temps que tu dors dehors ?” Les mots sont prononcés en hâte, j’essaye de glaner autant d’informations que je le peux avant qu’il ne sombre pour la nuit et qu’on doive tous les deux porter des masques de fer dès demain. “Ça fait quoi, d’être libre ?” Il y avait son père, dans l’histoire. Il n’y est plus. Pendant un temps, il a été libre. C’est ce que je retiens. Tout a un coût.
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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptyMar 01 Sep 2020, 19:17

“Ce ne sont pas les canapés et les matelas qui manquent, par contre.” Il note l’information au fond de sa mémoire en espérant ne pas l’oublier dès l’apparition des premiers rayons du soleil dans le ciel. Lui qui pourrait habituellement décrire un portrait parfait de sa sœur ou d’Olivia, il a l’impression que leur visage est flou dans son crâne à cet instant. La drogue agit encore, et pas seulement sur son estomac qui menace à tout moment de se vider dans ce lit qui n’est apparemment pas le sien. Il remerciera plus tard son propriétaire – si un jour il apprend son identité. Ou si ce lit en possède réellement un.

Il pense avoir capté le conflit intérieur du garçon installé près de lui. Il n’a pas beaucoup d’expérience familiale – il n’a que la sienne – mais il a l’impression de déceler un portrait semblable chez le plus vieux. Alors il lui fait part de son hypothèse, celle selon laquelle son paternel désire le voir suivre ses pas parce que c’est exactement ce que Cyril attendait de lui avant qu’il ne disparaisse au milieu de la nuit pour devenir un secret. “Je vais lui succéder.” Bingo. Ils se ressemblent tous les deux, il peut en être certain maintenant. Seulement, lui a décidé de ne pas laisser son père faire ses propres choix. Il demande alors : « Tu en as pas envie ? » Ce sont les yeux du mantha qui trahissent ses réelles aspirations. Il ne ressemble pas du tout à celui qui lui a tendu la main en lui proposant une famille. Il est plus discret, moins bruyant, il pourrait disparaître s’il cessait de bouger. Il n’est pas le portrait de son père, peut-être ressemble-t-il davantage à sa mère. « Et du côté de ta mère ? Qu’est-ce qu’elle fait, dans tout ça ? » Il ne se souvient pas avoir vu une seule femme dans cette baraque et le bordel dans le salon avant-même le début des festivités de présageaient aucune discipline.

Naturellement, le sujet dévie vers la pauvreté d’un jeune homme qui n’avait pas d’autre choix que de dormir sous les étoiles et près des vrombissements des moteurs. Il n’a pas honte de sa situation parce qu’il la convoitera toujours plus que les coups de ceinture qu’il encaissait presque tous les soirs – parfois même le matin lorsqu’il refusait de vêtir ses beaux habits qui n’avaient pas été lavés la veille. Mais, s’il y a une chose qui vaut mieux que de passer la nuit dehors, c’est de simplement avoir un toit au-dessus de sa tête. Mais l’autre garçon ne peut pas comprendre : il n’a jamais vécu cette situation. “T’as pas de famille, alors ? Ca fait combien de temps que tu dors dehors ?” Paupières plissées, il tente de compter les années et ses yeux se perdent quelques secondes le long des murs, à la recherche d’un indice temporel. Il trouve, tout près du cadre de la porte, un calendrier ouvert sur la page de février. Il évite évidemment la première question. « Presque cinq ans… Je crois. » Il marque une pause et passe sa main dans sa chevelure mi-longue. « Une dame m’a coupé les cheveux l’année passée. Elle ne m’a rien demandé en échange. » Il murmure en souriant doucement, reposant sa main près de l’oreiller pour toucher à nouveau sa douceur. « Il y a des gens biens en ville, j’en étais certain. » Il ajoute, lèvres pincées, toutefois déçu de ne pas avoir reçu de l’aide plus tôt. En quittant la campagne, ses attentes étaient bien trop élevées. Il pensait fermer la porter de l’enfer pour ouvrir celle du paradis. Mais, les anges étaient bien moins nombreux qu’il l’aurait imaginé. “Ça fait quoi, d’être libre ?” Déglutissant, il réfléchit à la question, incapable de faire un lien entre ce terme et cette vie qu’il a menée trop longtemps. « Ce n’est pas aussi bien que tu peux le penser. Mais ma liberté n’était pas la même que tu pourrais avoir. Je ne saurais dire. » Il est le fils d’un chef vêtu d’une veste et d’une cravate et il a vu des liasses de billets verts sur son bureau avant qu’il ne les range dans un tiroir pour l’accueillir à bras ouverts. « Ma liberté aurait probablement été plus agréable si je possédais ce que toi tu possèdes. » Il marque une pause, combat un autre haut le cœur, puis reprend. « J’imagine qu’il y avait du bien à ne plus pouvoir décevoir personne. »

Mais son corps décide de lui faire regretter d’être aussi bavard alors qu’il n’est pas en état. Les yeux gros comme des melons, il se redresse dans le lit et son regard paniqué se lance à la recherche d’un contenant quelconque. Près du lit, il trouve une poubelle à moitié remplie de paperasses chiffonnées et de mouchoirs usés et il la pointe en panique, certain de ne pas pouvoir l’atteindre avant de gerber sans que l’autre garçon ne l’aide.      
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Message(#)smile like you mean it (joseph) EmptySam 19 Sep 2020, 10:46


Il a la question qu’aurait pu avoir n’importe quel enfant naïf et plein d’espoir. Le problème c’est qu’il n’est plus un enfant et qu’il n’a pas le droit d’être naïf, encore moins empli d’espoirs. Ce ne sont pas le genre de choses qui lui seront utiles ici, bien au contraire, et il va devoir à son tour apprendre à se censurer et penser comme un véritable homme. « Tu en as pas envie ? » Il y a la réponse que je veux donner et celle que je dois donner : c’en est de même avec la question de la succession au trône. Mes yeux dans les siens lui répondent sur un ton lasse et fatigué. Je n’y mets pas la forme parce que cela ne sert à rien ; au moins le fond y est. “Ce n’est pas ce qui compte.” Mes envies ne comptent pas et ne sont même d’aucune sorte d’importance : les Manthas avant tout. J’esperais simplement qu’il abandonne et change de sujet pour finalement mieux sombrer entre les bras de Morphée mais il est têtu, pour un enfant utopique. « Et du côté de ta mère ? Qu’est-ce qu’elle fait, dans tout ça ? » A entendre parler d’elle mon coeur se serre et ma mâchoire avec et si jusque là mes yeux divaguaient partout et nulle part à la fois, cette fois-ci ils s’ancrent dans les siens. Est ce qu’il est une taupe ? Est ce qu’il la connaît ? Est ce qu’il va la menacer ? “Elle est morte.” Et si je dis ça, il va savoir à quel point c’est un mensonge éhonté que je sors pour tenter de la protéger ? J’aurais dû savoir que la mère de Bambi ne fait pas long feu, pourtant.

L’entendre parler de ses soirées passées dans la rue est plus facile pour moi, même si mon coeur se serre lorsque j’apprends qu’il mène cette vie depuis cinq années déjà. Il est pourtant la preuve que mon monde à moi n’est pas si pire, qu’il n’est simplement pas parfait. J’ai un toit et de quoi manger alors ce devrait me suffire et je jure ne pas me plaindre plus que de raison. Je ne le fais jamais devant papa, encore moins devant maman. Rhea n’entend pas parler de ça et aucun de mes amis à la RAN non plus. Nul besoin de dire qu’aucun des Manthas ne m’entend dire ce genre de choses non plus, ce qui serait considéré comme du blasphème. Personne ne m’entend me plaindre et c’est bien mieux ainsi, parce que je dois avoir une ardoise vierge pour le moment où je succéderai à papa et je dois leur montrer que je suis capable de diriger et faire face aux aléas de la vie du gang. « Ce n’est pas aussi bien que tu peux le penser. Mais ma liberté n’était pas la même que tu pourrais avoir. Je ne saurais dire. » Pour la simple et bonne raison que je ne connaîtrai jamais la liberté, à jamais enchaîné aux Manthas aussi longtemps qu’ils existeront. Je ne ferai rien non plus pour leur nuire, héritage familiale oblige, loyauté qui coule dans mes veines tout autant. Je ferai tout pour ce gang que je déteste et ses membres que je méprise tout autant ; eux qui me le rendent bien. « Ma liberté aurait probablement été plus agréable si je possédais ce que toi tu possèdes. J’imagine qu’il y avait du bien à ne plus pouvoir décevoir personne. » On aura ce débat un autre jour j’imagine, tout comme je pense tout autant que nous n’arriverons jamais à nous mettre d’accord. Si seulement je pouvais tout lui donner pour qu’il ait un avant goût de cette liberté partielle qui garde mes pieds et poings liés et ma bouche cousue. Ce n’est pas dans cette situation que l’argent ne me sera d’aucune utilité ni même n’importe quel effet procuré par les drogues en tout genre qui circulent dans le QG tels de vulgaires objets du quotidien.

Le cheminement de mes pensées se perd lorsqu’il se relève rapidement, sa gorge contractée et son estomac qui doit l’être tout autant. Il a des yeux paniqués alors que je tends le bras pour attraper la poubelle à mes côtés et la lui tendre, déjà à même de savoir que son corps tente d’éliminer les toxines de la soirée. Tous passent par là le premier soir ; la plupart d’entre eux se contentent pourtant de vomir sur place sans bouger. Alors qu’il vide tout le contenu de son estomac dans la poubelle qui manque de céder à tout moment, j’en profite pour finalement me relever et laisser ma main se poser contre son dos, le temps d’une maigre tape. Elle signifie bon courage et bonne chance, elle veut dire à demain l’ami. Tout ce que j’aurais voulu lui dire, c’est de fuir aussi vite que ses jambes le lui permettent.
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