Le Deal du moment :
SSD interne Crucial BX500 2,5″ SATA – 500 ...
Voir le deal
29.99 €

 un air de déjà-vu (birdie)

Anonymous
Invité
Invité
  

un air de déjà-vu (birdie) Empty
Message(#)un air de déjà-vu (birdie) EmptyDim 19 Juil - 14:53

Depuis son premier jour dans l’agence de Soren, Jacob voit le monde défiler sous ses yeux. Il a très vite assimilé que son métier était fait pour les autres, qu’il allait connaître tous les habitants de cette ville mieux que lui-même, mieux que ses propres proches, mieux que n’importe qui. Qu’il allait s’immiscer dans leurs vies privées le temps de quelques semaines, qu’il allait apprendre les goûts de chacun, qu’il allait devoir composer avec ceux-ci et leur faire plaisir. Vingt ans à voir de futurs retraités hésiter pour le quartier le plus tranquille et celui le plus proche de leurs enfants, vingt ans à voir lesdits enfants s’éloigner du mieux qu’ils le peuvent des parents, vingt ans à voir les plus jeunes chercher les endroits bonnards pour s’amuser sans être trop loin de l’université. Vingt ans qu’il rencontre, qu’il oublie et qu’il se rappelle en les recroisant au coin d’une rue, dans un café ou dans une supérette. Vingt ans qu’il apprend des noms, des âges, qu’il mémorise des voix et les incruste sur des visages. Vingt ans que les gens entrent et repartent, mais qu’il arrive à remettre dès qu’il les revoit, dès que l’occasion se présente. Vingt ans et pas un jour de plus, parce qu’il y a cette fille. Il la connaît, il en est persuadé, impossible d’oublier ces vêtements et cette dégaine, impossible d’oublier ce visage, ces grands yeux. Il la connaît mais il n’arrive pas à entendre sa voix quand il cherche d’où, il n’arrive pas à visualiser un lieu, il n’arrive pas à se rappeler d’une discussion. Elle était là, sur son écran. Elle lui annonçait fièrement qu’il n’allait pas faire beau durant la semaine à venir et qu’il faudrait se couvrir. Il ne regarde pas souvent la météo et généralement, quand il le fait, ce n’est pas sur cette chaîne-là, et il ne prend pas vraiment le temps de regarder l’écran. Il l’a fait, pour une fois. Il l’a fait et il connaît cette fille. Il sait faire la différence entre une personne croisée dans la rue à qui il n’a jamais parlé et une personne qu’il a pris le temps de regarder, d’analyser, qu’il ne peut pas oublier. Cette femme appartient à la seconde catégorie, et il sait qu’il n’arrivera pas à l’ôter de son esprit tant qu’il ne saura pas. Bouleverser vingt années d’habitudes pour une seule personne, il en est incapable.

C’est pour ça qu’il a fait le chemin. C’est pour ça qu’il est à l’accueil, en train de parler à une dame qui ne semble pas comprendre sa requête. Je ne sais pas comment elle s’appelle mais je vous dis que je la connais, elle disait qu’il allait faire moche, tout à l’heure. La miss météo, là. Elle fronce les sourcils et regarde son écran d’ordinateur tout en tapotant nerveusement ses doigts sur le bois de son bureau. Bon, merci de votre coopération… vous pouvez simplement me dire si elle est encore là et, auquel cas, je l’attendrai à la sortie. La réceptionniste ne semble pas ravie de cette alternative, mais elle comprend qu’il n’abandonnera pas de sitôt. Elle sort dans une demi-heure, il y a une machine à café sur le côté si vous voulez… L’agent immobilier lui fait un léger sourire – évidemment qu’il veut d’un café mais ça, il ne va pas lui dire. Il se rend vers la fameuse machine et compte les minutes dans sa tête, un gobelet rapidement dans le creux de sa main. Elle est en avance sur ses heures, visiblement, puisqu’elle arrive exactement vingt-sept minutes après l’annonce de la réceptionniste. Vous partez en avance ? Il pose cette question pour l’aborder en la voyant passer devant lui, alors qu’il se rapproche d’elle. Elle dégage une énergie qu’il ne comprend pas, quelque chose l’attire vers elle sans savoir ce que c’est. Il la connaît, c’est certain. Je vous ai vu à la télé, tout à l’heure. Vous travaillez ici depuis longtemps ? Peut-être qu’il ne la connaît qu’à travers son écran et qu’il vient de faire le rapprochement, mais il en doute. C’est tout de même la première piste qu’il cherche à exploiter. Je suis malpoli, pardon, je m’appelle Jacob, enchanté ! Il en oublierait presque les bonnes manières.

@Birdie Cadburry :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

un air de déjà-vu (birdie) Empty
Message(#)un air de déjà-vu (birdie) EmptyMar 28 Juil - 18:30


« Vous partez en avance ? » Birdie marchait sans vraiment savoir où elle allait, ayant confiance aveugle à l'automatisme de ses pas qui connaissent le trajet de la sortie comme si c'était chez elle. Et les studios sont presque comme chez elle, à ce stade, puisqu'elle y passe énormément de temps, peut-être plus que chez elle-même. Enfin, à la colocation. Pour une fois qu'elle a réussi à trouver un travail stable, c'est assez intéressant de pouvoir griffonner dans son carnet sans avoir à regarder devant elle. Perdue dans ses propres délires, sur ces mots qui défilent sur le papier parce que ça lui a pris alors qu'elle était aux toilettes – l'inspiration arrive toujours quand il ne faut pas, c'est bien connu. Alors quand on l'interpelle, évidemment que Birdie ne fait pas gaffe, obnubilée par son monde de tsunamis de guimauve et d'attaques d'oursons géants – son dernier repas a été plutôt sucré, ça se ressent. Mais la Cadburn sent une présence à côté d'elle, comme un sixième sens développé suite à une malheureuse épopée qu'elle a décrété ne pas se rappeler – même si elle n'oublie jamais, surtout pas ça. Alors ses yeux azur se lèvent et se posent sur l'intrus de son espace vital – parce qu'elle a le droit de décimer et de perturber les autres mais l'inverse n'est pas autorisé. A part si la personne à le goût du risque.

Ou qu'elle réussit à faire clouer sur place Birdie Cadburry.

« Je vous ai vu à la télé, tout à l’heure. Vous travaillez ici depuis longtemps ? » Mon dieu. Help. SOS. Elle aurait besoin de sa sœur ou de son frère pour réparer l'error 404 et le court-circuit de la carte mère qui se propagent dans sa tête. « Je suis malpoli, pardon, je m’appelle Jacob, enchanté ! »

Elle le sait.
Elle est au courant de ce détail.
Comme elle est au courant de pas mal de choses de sa vie alors que pour lui, elle n'est qu'une inconnue. Un visage parmi tant d'autres. Des traits que l'on reconnaît parfois de la télévision, de ce job absurde mais qu'elle apprécié malgré tout. Birdie n'est pas du genre à paniquer. (en vrai, si, mais elle n'a jamais le temps de le faire qu'elle s'enfuit déjà.) Son stylo glisse des mots, il roule dans un claquement sonore qu’elle seule doit entendre comme assourdissant tellement que le brouhaha extérieur semble être un autre monde.

Pourquoi il est là ? Qu’est–ce qu’il fait ici ? Est–ce qu’il sait quelque chose ?
Trop de questions et un manque cruel de réponses alors que jusqu’à maintenant, la Cadburn se satisfaisait d’avoir la main du dessus. Celle qui sait tout, qu’eux sont plongés dans l’ignorance la plus totale et que c’est elle qui dicte les règles. Et dans ses règles, la jolie blonde n’a vu nulle part écrit qu’elle allait se retrouver devant lui. Jacob, l’enchanté. S’il savait, il le serait beaucoup moins.

« Qu’est–ce qu’y a, vous êtes un fan un peu lourdeau qui zieute le moindre de faits et gestes ? » Son ton est clairement mauvais et Birdie en profite pour se plonger un peu plus derrière son masque pour ne pas montrer son trouble. « Nan, ça fonctionne pas, sinon, vous sauriez que je travaille ici depuis un moment maintenant. » L’oiseau troublé s’accroupit pour récupérer le stylo – en plein contre le pied de Jacob, bien sûr, évidemment, sinon, où est le fun ? – avant de se relever et de le plaquer derrière son oreille, son carnet clos sous le bras. « Vous savez que c’est louche comme façon d’aborder quelqu’un ? Pas malpoli mais louche. Vous m’attendiez moi ? Qu’est–ce que vous voulez ? Vous attendez depuis longtemps ? » Qu’elle demande en regardant le gobelet dans la main. « Vous savez que plus vous buvez de café, plus vos spermatozoïdes se déplacent facilement ? J’espère que vous êtes pas un accro sinon, vlà les pensions alimentaires à payer ! »

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

un air de déjà-vu (birdie) Empty
Message(#)un air de déjà-vu (birdie) EmptyMer 26 Aoû - 19:56

Ce n’est pas normal d’agir ainsi. Il le sait. Ce n’est pas normal de suivre une pulsion, une idée vaste et vague. Il le sait. Mais il ne peut pas s’en empêcher, pas aujourd’hui, pas alors que tout semble l’attirer vers elle : sa curiosité est trop forte, son besoin de savoir est insatiable. Alors qu’il l’attend, il creuse au fond de sa mémoire pour trouver d’où il la connaît. Où est-ce qu’il a déjà vu ces traits se mouver sous ses yeux. Où est-ce qu’il a déjà croisé ce regard. Les minutes passent et il n’arrive pas à s’en souvenir. Les minutes passent et elle arrive enfin, prête à s’en aller d’ici : pas tout de suite, il a quelques questions. Il aurait répondu à une norme s’il avait un uniforme et une plaque, s’il travaillait dans le même milieu que son épouse, s’il enquêtait sur cette jeune femme pour une raison quelconque. Ce n’est pas le cas, et pourtant, il s’approche vers elle en se disant à lui-même qu’il a quelques questions à lui poser. Il n’a pas besoin de réfléchir à ses mots pour qu’ils sortent de sa gorge, se déploient dans l’air. Il lui demande si elle s’en va en avance, si elle travaille ici depuis longtemps. Il cherche une justification à tous ces questionnements, il cherche tout un tas de réponses mais ignore qu’il en mourrait d’entendre celle qu’il est réellement venu chercher. Qu’est-ce qu’y a, vous êtes un fan un peu lourdeau qui zieute le moindre de faits et gestes ? Il reste muet, assez surpris de cette réponse-là, elle dégage une certaine agressivité à laquelle il ne s’attendait pas. Nan, ça fonctionne pas, sinon, vous sauriez que je travaille ici depuis un moment maintenant. Elle se baisse pour ramasser le stylo qu’elle a lâché précédemment et Jacob ne la quitte pas des yeux. Il se dit que s’il la voit sous un autre angle, des images lui reviendront, il se rappellera : si seulement c’était aussi facile, ça se saurait. Vous savez que c’est louche comme façon d’aborder quelqu’un ? Pas malpoli mais louche. Vous m’attendiez moi ? Qu’est-ce que vous voulez ? Vous attendez depuis longtemps ? Les rôles se sont inversés et c’est à la questionnée de faire son petit interrogatoire. Il est trop naïf pour voir qu’elle cherche seulement à gagner du temps, à noyer le poisson : il n’arrive pas à trouver cette attitude suspecte, il se dit même que c’est normal. Ça ne l’est pas, rien dans toute cette conversation n’est logique ou approprié, il n’y a que des défauts, des trous à combler. Vous savez que plus vous buvez de café, plus vos spermatozoïdes se déplacent facilement ? J’espère que vous êtes pas un accro sinon, vlà les pensions alimentaires à payer ! Il fronce les sourcils, il ne s’attendait pas à cette remarque-là. Si elle dit vrai, il doit avoir de sacrés champions. Eh bien… Jacob hausse ses épaules, il ne sait pas vraiment à quoi il doit répondre en premier. Je ne suis pas accro. C’était peut-être le dernier sujet à aborder, celui auquel il aurait même pu se permettre de ne pas répondre. Et pourtant, ce sont les premiers mots qu’il a réussi à sortir, ceux qui lui brûlaient la langue. Enfin bon. Je vous attendais vous, oui, ça ne fait que quelques minutes… Il jette un coup d’œil à la secrétaire qui ne semble pas vouloir intervenir dans l’échange et le contredire en affirmant qu’il est là depuis une demi-heure. J’ai l’impression de vous connaître. Il marque une pause, il cherche ses mots. Je sais que ça peut paraître étrange de venir vous voir ainsi, parce qu’on a toujours l’impression de connaître les gens que l’on voit à la télé mais… avec vous, c’est vraiment persistant. Il plisse les yeux. Peut-être que vous saurez m’éclairer, est-ce que vous vous rappelez mon visage ou pas du tout ? Elle va dire pas du tout, il en est presque sûr. Elle va lui mentir, il en est presque sûr.

@Birdie Cadburry :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

un air de déjà-vu (birdie) Empty
Message(#)un air de déjà-vu (birdie) EmptyVen 18 Sep - 12:23


« Je ne suis pas accro. » Il n’y a que les accros pour dire qu’ils ne sont pas accros, pas vrai ? Mais après tout, Birdie est juste au courant de son état marital, du prénom de sa fille, de sa date et cause de décès, pas de ses habitudes de breuvage. Birdie qui aurait envie de disparaitre six pieds sous terre – voire même dans le noyau du globe terrestre que ça ne suffirait certainement pas. Elle doit sûrement transpirer du crâne, ses doigts moites ne pouvant déjà pas garder son crayon qu’elle place derrière son oreille pour ne pas risquer de le casser encore plus de l’intérieur. Comme elle. Choquée, perturbée, brisée par un simple bonjour, par un homme qui se dit ‘enchanté’ – mais pourquoi ? Foutue politesse, Birdie ne veut pas entendre qu’il est enchanté, elle veut savoir ce qu’il lui veut. Garder la tête froide malgré le bouillonnement intérieur. Ne pas commencer à perdre pieds maintenant, reprendre sa contenance, gérer son attitude. Quelque chose qu’elle ne fait pas vraiment mais qui se met automatiquement quand elle en a besoin.

Et là, l’alerte est assez élevée où ce n’est plus un besoin mais une nécessité vitale.

Il est sur son territoire. Certes, il l’a prise au dépourvu mais quand même. Tant qu’il ne sait rien, il ne peut rien lui faire. N’est–ce pas ? Mais comment savoir si Jacob est au courant de quelque chose ? Est–ce qu’Olivia lui a parlé d’elle ? Commencerait–elle à avoir des soupçons ? Qu’est–ce qui pourrait la faire douter ? Birdie réfléchit, elle essaie de passer en mode rapide les derniers moments qu’elle a eu avec Olivia et elle est certaine, pratiquement sûre, que rien, absolument rien, n’aurait pu la faire douter. Cadburry se soigne, elle contrôle, elle gère avec Marshall. Alors pourquoi diable son mari se pointe sur son lieu de travail ? « Je vous attendais vous, oui, ça ne fait que quelques minutes… » ‘Vous’, comme pour bien indiquer qu’il ne s’est pas trompé de personne. Birdie regarde la tasse de café ; quelques minutes, elle veut bien le croire. « J’ai l’impression de vous connaître. » A ce point, elle déglutit. « On me dit souvent ça. » Dit-elle avant de mettre sa langue contre la paroi de ses dents. Pour s’empêcher de dire autre chose. Pour canaliser son désarroi. Finalement, peut–être qu’Olivia n’y est pour rien. « Je sais que ça peut paraître étrange de venir vous voir ainsi, parce qu’on a toujours l’impression de connaître les gens que l’on voit à la télé mais… avec vous, c’est vraiment persistant. Peut-être que vous saurez m’éclairer, est-ce que vous vous rappelez mon visage ou pas du tout ? »

Bien sûr qu’elle se rappelle de ton visage, Jacob. Les souvenirs de l’accident restent trop flous mais celui où elle t’a vu avec Olivia, où elle a compris que c’est toi son époux, son mari, celui qui a été accidenté, qui a été témoin et victime de l’accident de sa propre gamine, tu ne l’as jamais quitté. Mais elle aurait préféré ne jamais te rencontrer, c’est bien pour ça qu’elle a toujours pris soin de ne pas franchir la ligne que tu représentes. Parce que ton contact, c’est jouer encore plus avec le feu, c’est de prendre le risque de se briser les ailes. Et les questions que tu enchaines, clairement, elle aurait préféré ne jamais les entendre.

Mais Birdie ne perd pas de sa superbe. La surprise va passer, le choc aussi et elle reprendra les rênes. Elle détend ses épaules, elle gonfle la poitrine et elle sourit légèrement. « Vous êtes pas un creep, c’est déjà une bonne chose. » Non, il est sûrement pire qu’un creep. C’est une menace. Qu’est–ce qu’Olivia lui a dit qui pourrait lui servir ? Elle pince ses lèvres tout en passant un doigt dans une mèche. « J’avoue que moi et les visages, c’est pas trop ça. » Ce n’est pas vraiment un mensonge. Pour le commun des mortels en tout cas. Mais pas pour Jacob. Détail qu’il ignore et continuera à ignorer si elle gère cette situation de crise. « A part à la télé, je ne vois pas vraiment où vous auriez pu me voir. Vous avez rien de très particulier pour que je puisse me rappeler de vous – sans offense. » Elle s’en fiche de l’offenser à vrai dire. Il vient la perturber dans sa journée, il chamboule absolument tout ce qu’elle avait imprévu, donc elle s’en fout. Lui vient une illumination soudaine et elle écarquille les yeux tout en protégeant un peu plus son carnet contre elle. « Vous êtes pas agent immobilier ? Je crois vous avoir aperçu quand je recherchais un toit. » Voilà un petit mensonge qui peut la sortir de ce mauvais pas en toute subtilité, n’est–ce pas ? Heureusement qu’elle a retenu certaines choses qu’a pu lui dire Olivia. Ce petit détail qui peut la sortir de beaux et majestueux sales draps.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

un air de déjà-vu (birdie) Empty
Message(#)un air de déjà-vu (birdie) EmptyDim 18 Oct - 16:39

Peut-on agir impulsivement après s’être répété la question un milliard de fois dans ses pensées ? Peut-on agir sur un coup de tête quand on a envisagé tous les scénarios, imaginé toutes les fins possibles ? Est-ce réellement un coup de sang ou est-ce une descente préparée de A à Z, comportant quelques coquilles pas biens graves ? Il ne sait pas. Il ne sait pas mais il est là, devant elle. On me dit souvent ça. On lui dit souvent qu’on pense la connaître. Mais lui dit-on qu’on se souvient d’elle jusqu’à l’obsession, qu’il est impossible de la sortir de ses pensées ? Lui dit-on, sans se le dire à soi-même, que c’est très perturbant, angoissant ? Non, on ne doit pas le lui dire, ça. Et Jacob ne le fera pas, lui non plus. Vous êtes pas un creep, c’est déjà une bonne chose. Il ne sait même pas de quoi il s’agit, il n’a jamais entendu ce mot-là. Elle est plus jeune que lui, dans un monde totalement différent du sien : ça s’explique aisément. Peu importe, il ne lui pose pas la question, il ne se détourne pas de son intérêt principal. Il la connaît. J’avoue que moi et les visages, c’est pas trop ça. Il grimace à cette remarque. Elle ne va donc pas pouvoir lui indiquer d’où ils se connaissent car elle ne s’en rappelle pas. C’est ce qu’il comprend. Pourquoi diable fait-il aussi confiance aux autres ? Pourquoi ne se méfie-t-il jamais suffisamment ? Pourquoi est-ce qu’il ne prend pas les réflexes que sa femme applique constamment à son travail ? L’être humain n’est pas toujours bon, Jacob, il faut te réveiller. Il ne se réveillera pas aujourd’hui. À part à la télé, je ne vois pas vraiment où vous auriez pu me voir. Vous avez rien de très particulier pour que je puisse me rappeler de vous – sans offense. Il le prend bien. Il n’est qu’un blond – foncé, désormais – qui porte constamment un costard avec une tasse à la main. Des hommes comme lui, il y en a des centaines. Des femmes comme Birdie, il n’y en a qu’une. Et celle-ci, il la connaît. Vous êtes pas agent immobilier ? Je crois vous avoir aperçu quand je recherchais un toit. Il hoche sa tête de haut en bas, tout en fouillant au plus profond de sa mémoire. Je suis effectivement agent immobilier. Dit-il. Mais je ne suis pas qu’un agent, je suis le patron. Et je me souviens de mes clients… de tous mes clients. Il précise. Il imprime les visages et même s’ils se noient au fond de ses pensées, quand il revoit une personne à qui il a vendu quelque chose, il s’en rappelle automatiquement. Parce que si un jour un de ses clients devient un tueur en série, il veut être capable de donner l’adresse exacte aux policiers – oui, c’est la seule raison. Ok, il est peut-être un peu bizarre. Et vous, je ne pense pas vous connaître de là-bas… Il ne le lâche pas du regard, les sourcils légèrement froncés. Il aimerait avoir une révélation, que ça se déclenche dans sa mémoire, que ça lui explose au visage : il ne sait pas, mais il la connaît. Je suis désolé de vous avoir dérangé, alors… Mais ça finira par me revenir. Ça revient toujours. On va mettre ça sur le compte de l’âge. Il rigole. Il n’est pas si vieux mais apparemment, ses capacités sont affaiblies. S’il savait. S’il savait que s’il n’arrive pas à se souvenir parfaitement d’elle, de son visage et de son style, c’est parce qu’il souffrait d’une commotion cérébrale au moment de leur « rencontre ». Et les heures suivant ce moment-là, on lui a posé une multitude de questions concernant Birdie mais rien ne venait : il était trop attristé de la mort de sa fille. À cause d’elle. S’il savait, oui. Il soupire et boit une gorgée de son café. Ma femme, peut-être ? La question sort, elle n’était pas réfléchie. Peut-être que vous connaissez ma femme et que je vous ai aperçue une fois avec elle ? Je ne fais pas attention à toutes ses connaissances. Olivia Marshall, ça vous dit quelque chose ? C’est sa dernière carte, il espère que le tirage sera enfin le bon.

@Birdie Cadburry :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

un air de déjà-vu (birdie) Empty
Message(#)un air de déjà-vu (birdie) EmptyMar 24 Nov - 21:19


« Je suis effectivement agent immobilier. Mais je ne suis pas qu’un agent, je suis le patron. Et je me souviens de mes clients… de tous mes clients. » Il cherche, il trifouille, il essaie de remettre une cohérence dans sa confusion. Birdie pourrait lui faciliter la tâche mais sérieusement, il faudrait être la première des idiotes. C’est moi qui ai tué votre fille, vous ne vous rappelez pas ? En faites, il faudrait être carrément suicidaire pour laisser ses mots sans s’étouffer sortir de sa bouche. La blonde peut au moins se féliciter d’avoir eu l’approche assez brutale dès le départ, ce qui justifie ses sourcils un peu froncés et son attitude défensive. « Et vous, je ne pense pas vous connaître de là-bas… » Parce qu’elle n’a jamais foutu un orteil pas plus qu’un centime dans une quelconque agence. Encore moins pour être en contact avec le patron lui–même. « Je suis désolé de vous avoir dérangé, alors… Mais ça finira par me revenir. Ça revient toujours. On va mettre ça sur le compte de l’âge. » Si Jacob fronce ses sourcils, ceux de Birdie se détendent – ses muscles se relâchent et elle fait tout retomber dans ses doigts de pieds, qui se crispent dans des chaussures – une des rares fois où elle est bien heureuse d’en porter. Le décès de sa gamine était un accident mais Birdie reste humaine ; elle a tout de même commis un délit de fuite. Et foutu en l’air la vie d’une enfant sans se retourner. Ce n’était pas voulu – heureusement – ce n’était pas volontaire, elle a paniqué. Si elle n’avait pas rencontré Olivia de façon totalement innocente (ahaha, non), jamais elle ne se serait rappelée que le type devant elle était le même dans la carcasse de sa voiture il y a des années. Birdie n’a que des visions floues mais il y a juste la panique, cette mauvaise adrénaline qui l’envahit de nouveau. Avec Olivia, elle a le contrôle. Tout devient plus facile. Mais avec Jacob ? Qui la prend au dépourvu ? Qui vient sur son lieu de travail en prétendant qu’il la reconnait ? Birdie apprécie les surprises mais de ce goût–là, elle s’en passerait bien. « Ma femme, peut-être ? Peut-être que vous connaissez ma femme et que je vous ai aperçue une fois avec elle ? Je ne fais pas attention à toutes ses connaissances. Olivia Marshall, ça vous dit quelque chose ? »

Nous y voilà.
Qu’est–ce qu’elle doit dire ?
Oui, non, peut–être, probablement, absolument pas ?

Il n’y a pas de bonne réponse et pourtant, c’est aussi son bouclier. Sa défense, sa protection. « Oh, vous êtes le mari d’Olivia ? » Brillant, épatant, étincelant qu’est le jeu de la miss météo qui découvre une information inédite. Le regard qui gagne en intérêt, les sourcils qui se soulèvent et il y a même un petit sourire qui vient s’accrocher au coin de ses lèvres. Essayer de paraitre enjouée, que cette révélation place ses doutes et ses appréhensions d’être abordée par un parfait étranger dans les précipices du néant. Birdie a toujours dit qu’elle était une bonne actrice – personne n’a jamais voulu la croire. Et pourtant. « Je connais Olivia, en effet. On… » fait une thérapie de groupe ? Est–ce que Jacob est au courant ? Est–ce qu’il en fait une lui-même ? Pourquoi il n’accompagne pas sa femme, d’ailleurs ? Birdie chasse ces pensées ; ce n’est pas sa place ni son rôle. Elle ne veut pas non plus risquer de faire une erreur qui puisse impacter sa relation avec Olivia. « …Elle m’a arrêté une fois. Ou deux, je sais plus trop. Pour atteinte à la pudeur dans la rue ou quelque chose comme ça. Les gens avaient des balais dans le cul ne savent vraiment pas s’amuser. » Un demi mensonge. Elle a bien été arrêté pour ce genre de faits mais certainement pas Liv. Mais ça, Jacob n’est pas censé le savoir. Birdie penche la tête sur le côté en le regardant avec plus d’insistance. « Vous avez fait tout ce trajet juste pour ça ? Vous faites ça avec toutes les personnes que vous pensez connaitre ? Cela doit faire cher en essence. En tant que patron, vous devez avoir du temps à casser, je suppose. »
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

un air de déjà-vu (birdie) Empty
Message(#)un air de déjà-vu (birdie) EmptyDim 24 Jan - 17:21

Oh, vous êtes le mari d’Olivia ? Et malheureusement pour lui, tous ses doutes se dissipent face à cette question. Elle connaît Olivia, pourquoi mentirait-elle à ce sujet ? Elle la connaît et forcément, Jacob doit connaître son visage grâce à son épouse. Il lui arrive parfois de tomber sur des dossiers ouverts où traînent une photo ou deux, si la jeune femme a eu affaire à la justice et qu’Olivia était dans les parages, tout est justifié, tout est excusé. Je connais Olivia, en effet, on… Elle m’a arrêté une fois. Ou deux, je sais plus trop. Pour atteinte à la pudeur dans la rue ou quelque chose comme ça. Les gens avaient des balais dans le cul ne savent vraiment plus s’amuser. Il hoche sa tête de haut en bas, c’est cohérent. Ça n’est pas la première fois qu’il croise quelqu’un en étant persuadé de la connaître alors que non, il ne sait d’elle que les exploits entendus par Liv. Je dois vous connaître de là, alors. Il accepte de ne pas creuser plus, de s’enfoncer dans le mensonge de Birdie. Il n’est pas policier, lui, il n’est pas mentaliste non plus : lire dans les yeux des gens qu’ils mentent, comprendre par les mimiques que ce qui est dit n’est pas la vérité, il ne sait pas faire. Il aimerait énormément puisque c’est quelque chose qui l’énerve, mais c’est évidemment plus facile à dire qu’à faire. Parfois, elle laisse traîner un dossier ou deux sur la table basse et je ne peux pas m’empêcher de regarder. J’ai pas le droit, normalement, mais je le fais quand même. Il ne sait pas pourquoi il lui avoue ça, comme si c’était un secret d’état. Et à bien y réfléchir, ça fait longtemps qu’elle n’a pas ramené de travail à la maison, Olivia. Non, elle préfère rester au travail, c’est visiblement bien mieux de passer ses soirées loin de lui à travailler que de travailler à côté de lui. Elle lui disait souvent de baisser le son de la télé, il veut bien dissimuler la vérité en se disant que si elle le fait, c’est pour être dans le calme et non pas parce qu’elle préfère le fuir. Vous avez fait tout ce trajet juste pour ça ? Vous faites ça avec toutes les personnes que vous pensez connaître ? Cela doit faire cher en essence. En tant que patron, vous devez avoir du temps à casser, je suppose. La remarque le fait sourire, même si ce n’est vraiment pas le cas. Il se rend quand même compte de sa bêtise, d’être venu jusqu’ici, d’avoir insisté pour l’attendre et de lui être tombé dessus alors qu’elle n’est pas celle qui croyait. Le hic est là : elle l’est bien, si. Mais comment pourrait-il savoir que la personne sous ses yeux est responsable de son accident, de la nuit où sa fille est morte ? Jacob n’est définitivement pas un devin et préfère se confondre en excuses. Je suis désolé, du coup. C’est vrai que je me sens un peu bête d’avoir fait la route et d’être venu vous déranger pour pas grand-chose. Il hausse ses épaules. Cela dit, vous avez une mauvaise image des patrons. Je pense que je travaille dix fois plus que mes employés, sachez-le. Il préfère rectifier ce point-là avant de tirer sa révérence. Mais bon ! Je ne peux que vous souhaiter de ne pas vous faire arrêter par ma femme une troisième fois. Il sourit à cette remarque, même si ça semble sonner faux au fond de lui. Tout son corps est en alerte et lui dit de continuer, de poursuivre, de ne pas s’arrêter là. Je vous souhaite une bonne continuation. Mais il s’agit de Jacob, et il n’est pas capable d’ainsi se méfier de tout et de tout le monde pour si peu. Alors, il s’en va, en laissant derrière elle la femme qu’il déteste plus que tout au monde – en espérant qu’un jour, il finisse par savoir qu’il s’agit bien d’elle.

@Birdie Cadburry :l:
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

un air de déjà-vu (birdie) Empty
Message(#)un air de déjà-vu (birdie) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

un air de déjà-vu (birdie)