| t'as toujours l'diable, si t'as peur d'finir seul (raphael) |
| | (#)Jeu 6 Aoû - 7:49 | |
| Raphael fait soudainement preuve d’un peu plus de relâchement. Jusqu’à maintenant, il tenter de se la jouer gentil pote dans le but de manipuler Rudy pour qu’il sorte de chez lui, depuis qu’il sait qu’il a perdu et que son canapé a un nouveau propriétaire, il laisse sa colère se déverser. Heureusement pour l’ex taulard, il n’est témoin que de regards noirs et de quelques vulgarités parce que, au fond, quand Raphael est en colère, il ressemble à un petit suricate qui couine. Jamais il ne pourrait lever les poings et user de sa force – et dieu sait qu’il lui suffirait d’une bonne poussée d’adrénaline pour casser les noisettes de Rudy en deux. Il ne se rend pas compte de la force qu’il peut avoir même s’il n’a pas les muscles les plus développés. « T’as eu une poussée de couilles durant la nuit ou c’est comment ? » Non. Il ne supporte simplement pas de se faire envahir de la sorte. Son petit nid est sacré. Il ne se souvient pas la dernière fois que quelqu’un y a posé les pieds. Ce n’est pas pour rien que les lieux ressemblent à une déchetterie : personne ne lui fait savoir que ce n’est pas un environnement sain dans lequel vivre. Mais, la seule chose qu’il y a d’important pour Raphael, c’est d’avoir son petit coin à lui pour danser. Et, à cet endroit, il n’y a pas une miette sur le sol parce que la moindre erreur pourrait être fatale pour sa cheville.
C’est une première victoire pour le garçon de pouvoir admirer le dégoût de Rudy qui crache tout le contenu de sa bouche dans l’évier. S’il ne peut pas l’atteindre avec les mots, il le fera avec les champignons. « T’es vraiment qu’un p’tit con, Raph. T’sais que l’immolation et la noyade à côté, ça vaut rien ? La pire chose au monde ce serait de crever avec ce truc-là au fond d’la gorge, j’suis sûr que si un bout reste coincé, il peut muter et t’égorger dans ton sommeil. Ça m’fait flipper. » Il lève les yeux au ciel, ayant soudainement l’impression de discuter avec un enfant qui élabore toutes les théories du monde au sujet de la fée des dents ou des lutins du père Noël. « Tu as beaucoup d’imagination, tu as déjà pensé à vendre ce scénario à un producteur de films ? » Qu’il demande, l’air tout à fait sérieux en mâchant goulûment un tortellini pour bien profiter du succès que ces derniers ont eu. Il est bien obligé de se résoudre à faire bouillir de l’eau, maintenant. Le sifflement de la bouilloire sera une mélodie à ses oreilles.
Pendant un moment, Raphael peut profiter d’un silence qui lui manquera dans les prochains jours. Mais, sans surprise, Rudy reprend la parole parce que c’est évidemment le but ultime de sa vie de déranger celui qui ne le considère plus comme un ami depuis qu’il a dépassé la limite. Il n’a pas l’intention de lui donner de vraies réponses parce qu’il ne mérite pas de savoir ce qui se passe dans la vie de son ancien protégé. « T’es sérieux ? Moi j’te dis tout et toi tu m’dis rien, franchement t’es une tête de con, ce soir. » Haussement d’épaules. Si Rudy a décidé de lui offrir une partie de sa vie privée, c’est son problème. Il n’avait qu’à rien attendre en retour pour ne pas être déçu. « Toutes mes excuses, princesse. » Il lâche après avoir avalé sa dernière bouchée de pâtes, désirant attaquer les nerfs de Rudy pour qu’il aille lui-même envie de partir de chez lui pour trouver un endroit plus agréable où se loger. « Bah.. ouais, un peu, ‘fin j’vais travailler bientôt j’pense, j’suis encore en recherche mais ça va v’nir. » qu’il répond sous le regard perplexe de Raphael qui demande sans attendre : « Et quand tu auras un boulot, tu te trouveras un appartement à toi, pas vrai ? » Son regard est incitant, pesant. Il n’est pas certain qu’il prolonge la colocation si le mexicain arrive à toucher un salaire. Il sait cependant qu’il n’est pas aisé pour un ancien criminel de se trouver un emploi. Mais, ce détail, il n’en touche pas mot. Rudy a une bonne gueule, il n’a qu’à nouer une cravate à son cou pour cacher tous les indices sur sa personnalité bouillante. « Si tu te clash toi-même juste pour pas que j’le fasse c’est pas cool, où est mon bonheur après ? » Second haussement d’épaules + regard faussement désolé, un combo gagnant. Malgré tout, il ne fait pas durer les plaisanteries et préviens tout de suite Rudy : il ne veut pas retrouver des objets illégaux dans son armoire, ni même une clope. Il lui suffit de voir l’un de ces bâtonnets de poison pour sentir ses poumons se contracter sous la douleur. « Je m’en fiche que ça soit légal, je ne veux pas en voir chez moi. SI j’en trouve, ils retrouveront la toilette. Et je doute que tu n’as pas envie de dépenser les quelques dollars que tu as pour rien. » S’il ne peut pas l’empêcher de squatter chez lui, il se permet quand même d’établir les règlements. « Mais j’vais pas le remplir de merdes, que d’la bouffe, tu verras c’que ça fait de manger de bons p’tits plats. » L’idée de manger de la bonne nourriture l’aurait tenté si cela n’impliquait pas de laisser Rudy utiliser sa cuisine. Il est une petite nature, Raphael. Il a l’impression que tout ce que touche son ancien ami devient dangereux. S’il se sentait en sécurité avec lui quand ils étaient jeunes, aujourd’hui c’est tout le contraire. « Biens meilleurs que ta merde, là… sérieux Raph comment tu survis dans une porcherie à bouffer ça toute ta vie ? T’es un genre d’alien où j’sais pas ? » Il ricane. Ça lui inspire de la jolie poésie de manger de la soupe instantanée. « Et tu te poses la question maintenant ? Je te rappelle qu’on ne s’est jamais ressemblé, toi et moi. » Il marmonne en quittant sa place pour aller rincer son assiette dans le lavabo, frottant sa fourchette contre sa surface pour la débarrasser de la sauce tomate. « J’ai faim, ça m’nourrira pas, ça. » Calmement, Raphael se dirige vers sa chambre après avoir récupérer son portable sur la table. « Va pleurer chez le voisin, ils auront peut-être pitié de toi. » il conclue en fermant la porte derrière lui pour avoir un peu de tranquillité.
|
| | | | (#)Lun 10 Aoû - 6:03 | |
| Autrefois, Raphael était le poulain de Rudy. Ce dernier faisait de son mieux pour faire sortir les crocs de son ami, pour qu’il se défende lui-même face aux agressions, voire qu’il contre-attaque s’il s’en sentait capable. Malheureusement pour le Gutiérrez, le jeune Elly était quelqu’un de trop droit dans ses pompes, il n’aimait pas la violence et voulait la proscrire : aujourd’hui encore, au grand regret de son camarade. Il voit bien qu’il cherche à se défendre, que ses répliques sont plus acerbes qu’à l’époque, mais ce ne sera jamais suffisant. Pas avec lui, pas avec les autres, il se fera toujours autant bouffer. Avant, ça ne gênait pas tant Rudy de ne pas réussir à le formater à la société dans laquelle ils vivaient, parce qu’il savait qu’il l’avait sous sa protection et qu’il ne pourrait rien lui arriver. Aujourd’hui, il n’a plus cette certitude-là, Raphael ne lui appartient plus – d’une certaine manière – et il ne peut plus rien pour lui. Alors même s’il lui dit qu’il n’est pas sympathique pour sa soupe, c’est la seule critique qu’il peut lui faire : un vrai homme l’aurait expulsé de chez lui à coups de pieds au cul, lui, il s’est laissé marcher dessus en le laissant dormir de son canapé. Et non, les miettes ne seront jamais un assez cruel châtiment, peu importe combien de cookies ont été impliqués dans cette histoire-là. Alors, Rudy s’applique à oublier. Il doit agir comme s’il n’en avait rien à faire pour, justement, ne pas s’inquiéter. Parce que Raphael est l’une des seules personnes au monde qui occupe réellement les esprits du Mexicain, l’une des seules personnes à le faire se mordre les doigts quand il ne sait pas dans quelle posture il se trouve. Parce qu’il tient à lui, tout simplement ; même s’il ne le montre jamais, pourquoi faire ? Il lui raconte sa peur des champignons, à quel point il aurait pu mourir en mangeant ses pâtes, et c’est bien la meilleure chose qu’il pouvait faire à ce moment-là. Tu as beaucoup d’imagination, tu as déjà pensé à vendre ce scénario à un producteur de films ? Il hausse ses épaules. Nan, p’t’être que j’ai raté ma vocation. Et cette réplique le fait sourire car, évidemment qu’il l’a raté, puisqu’il n’en avait aucune. Raphael ne semble pas enclin à poursuivre cette discussion, alors il le lance sur le sujet des amours, des amis, des emmerdes. Il veut qu’il lui raconte sa vie, et il commence par ses fringues défendus un peu plus tôt avec trop d’ardeur pour qu’ils ne soient pas choisis pour quelqu’un. Il pense d’abord à Diana, mais il lui dit que ce n’est pas elle, donc il creuse un peu plus : qui est-ce que ça peut bien être ? Raphael n’a d’yeux que pour elle, depuis toujours, aurait-il posé son regard sur quelqu’un d’autre ? Incroyable. Mais il refuse, et Rudy râle, parce qu’il aimerait que ça se passe mieux entre eux. Et pour ça, il faut qu’ils discutent, qu’ils échangent, mais il ne peut pas le faire tout seul. Toutes mes excuses, princesse. Il ouvre grand la bouche, comme s’il allait riposter encore, mais à quoi bon ? Il la referme et soupire bruyamment, en se répétant que c’est bien une tête de con, ce soir, qu’il abuse. Il n’est pas méchant, il n’a pas la force mentale nécessaire pour l’être, mais il reste un sale gosse. Je m’en fiche que ça soit légal, je ne veux pas en voir chez moi. SI j’en trouve, ils retrouveront la toilette. Et je doute que tu n’as pas envie de dépenser les quelques dollars que tu as pour rien. Il se racle la gorge. T’as pas intérêt à faire ça. Parce que des cigarettes, il en traîne toujours des tas dans les affaires de Rudy, et s’il ne va effectivement pas en ranger dans ce placard, il se peut qu’il en laisse traîner un paquet ou deux sur la table, quelque part dans le bordel si bien organisé de Raphael. C’est une menace perdue parmi les autres, qui n’aboutira finalement à rien – les deux hommes le savent, mais les deux hommes font comme si de rien n’était. Il lui demande comment il fait pour survivre en se nourrissant de tels repas, pour toute réponse, il a d’abord un ricanement du bouclé. Et tu te poses la question maintenant ? Je te rappelle qu’on ne s’est jamais ressemblé, toi et moi. Et alors ? Qu’il demande, en le fixant de nouveau. Il m’semble pas que notre différence te gênait, avant, tu devrais arrêter de pointer du doigt tout ce qui était une qualité avant pour le transformer en défaut. C’est nul d’faire ça. Raphael se lève et va nettoyer son assiette, sans lancer le moindre regard au Mexicain. Va pleurer chez le voisin, ils auront peut-être pitié de toi. Et la porte de la chambre de Raphael se referme sur lui, sans un mot de plus. Non mais, je rêve ? Rudy pose son bol de soupe sur la table et s’approche de la porte, prêt à l’ouvrir, il se ravise pourtant une fois sa main sur la poignée, en se disant qu’il doit peut-être le laisser tranquille. Raph… C’est un murmure, presque, alors qu’il retourne vers la table et s’assoit sur la place encore chaude de son hôte pour manger ce plat qu’il déteste tant. Il finira par accepter sa présence ici, pour ce soir, il n’insistera pas plus.
@Raphael Elly |
| | | | t'as toujours l'diable, si t'as peur d'finir seul (raphael) |
|
| |